ARTICLE11
 
 

vendredi 14 mars 2014

Entretiens

posté à 17h52, par Damien Almar
10 commentaires

« Jusqu’à ce qu’on nous foute la paix ! » - Un récit des luttes autonomes au Pays basque dans les années 1980

« Votre paix pue de la gueule, c’est la paix des cimetières. Nous serons toujours en guerre contre l’État ! », vociféraient les punks basques de La Polla Records dans les années 1980. La parfaite bande-son des luttes alors menées au Pays basque, entre insurrection et vent de liberté post-dictature. Pierre-Jean Cournet, traducteur de Guerre à l’État. Luttes autonomes et expériences alternatives au Pays basque (1982-1992), en parle ici.

Cet entretien a originellement été publié dans le numéro 14 de la version papier d’Article11. Le titre de l’entretien, « Jusqu’à ce qu’on nous foute la paix ! », renvoie à « Pakean utzi arte », morceau du groupe punk Hertzainak, datant de 1983.
Par ailleurs, Guerre à l’État. Luttes autonomes et expériences alternatives au Pays basque (1982-1992) a été publié aux éditions Libertalia en 2011 - la version originale, espagnole, était œuvre de Jtxo Estebaranz, ancien du groupe autonome Zirikatu de Bilbao et de la revue politique Resiste.

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Franco meurt en novembre 1975. Le changement politique est-il immédiat ?

« En fait, ce qu’on appelle la ’’transition démocratique’’ en Espagne s’amorce avant même la fin de règne du dictateur. L’assassinat de l’amiral Carrero Blanco en 1973 par l’organisation indépendantiste basque ETA1 règle la question de la succession. Celui-ci était en effet le seul à pouvoir maintenir en place les éléments disparates du régime dictatorial post-franquiste. L’Opus Dei (structure cléricale fascisante, dont certains membres sont ministres) et le patronat espagnol finissent donc par entériner l’engagement sur la voie démocratique. En octobre 1977, la signature du Pacte de Moncloa par Carlos Arias Navarro (dernier président du gouvernement de Franco) et le roi Juan Carlos permet une réintégration des partis et syndicats d’opposition. À condition que ceux-ci acceptent que le drapeau reprenne les symboles monarchiques. La transition est alors durablement installée.

On considère que cette période se termine en 1992, avec l’Exposition universelle de Séville et les Jeux olympiques de Barcelone. Entre-temps, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui accède au pouvoir en 1982, mène tout un cortège de réformes dans le pays. Dans les faits, il ’’modernise’’ et ’’restructure’’ l’industrie à la demande du patronat.

Cette longue ’’transaction démocratique’’ et les transformations structurelles entamées par les sociaux-démocrates n’ont pas lieu sans heurts. Au contraire, la période est agitée, avec des luttes sociales et des résistances anticapitalistes omniprésentes. Et une répression très violente. »

Quelle forme prend cette répression ?

« Les socialistes ne se contentent pas de restructurer l’industrie : ils modernisent aussi les escadrons de la mort qui assassinent les opposants. Leurs dirigeants en font un véritable appareil d’État, à la pointe de la répression contre-révolutionnaire, particulièrement en Hegoalde2.
Comme en Italie, le gouvernement adopte la stratégie de la tension. Les groupes d’extrême-droite, composés en bonne part de nervis téléguidés par l’État, se montrent très actifs, particulièrement au Pays basque. L’action de ces factions para-militaires (la Triple-A3, le Bataillon basque-espagnol, les Guérilleros du Christ-roi, puis le GAL4) évoque celle que les groupes d’extrême-droite mènent en Italie, dans le cadre de l’opération secrète italienne Gladio soutenue par l’OTAN.

En mars 1976, la répression d’une grève générale à Vitoria annonce la couleur : cinq morts et 150 blessés par balles après l’assaut de la police contre des grévistes réfugiés dans une église. Manuel Fraga Iribarne, ministre de l’Intérieur en 1975-76 et ancien pilier du régime franquiste, se félicite alors d’avoir évité qu’une ’’République des Soviets’’ se mette en place.

Parmi les événements les plus tristement célèbres, évoquons aussi le massacre par le groupe Triple-A de cinq avocats proches du Parti communiste près de la gare Atocha à Madrid, en janvier 1977. Ou encore, en juillet 1978, des débordements dans les arènes de Pampelune lors des Sanferminak5, au cours desquels un spectateur est assassiné par la police.
L’agitation d’extrême-droite culmine le 23 février 1981, lors du coup d’État orchestré par Antonio Tejero. Des officiers militaires et de la Guardia Civil prennent alors d’assaut le Congrès des députés, mais l’intervention télévisée du roi calme le jeu, lui permettant au passage de blanchir définitivement son image6. »

La fin du régime fasciste avait pourtant ouvert les horizons politiques...

« Après quarante ans de dictature, l’Espagne semble, entre 1973 et 1982, au bord de l’insurrection révolutionnaire. La résurrection de la CNT suscite ainsi de nombreux espoirs. En 1976, elle organise d’ailleurs un meeting à Barcelone qui réunit près de 600 000 personnes. Mais les tensions internes provoquent une scission en 1977, et les attentes se trouvent vite étouffées.

Surtout, des luttes ouvrières et de quartier se développent à partir d’assemblées autonomes anticapitalistes dès la fin des années 1960. Les ouvriers revendiquent l’amélioration des conditions de travail et les habitants un minimum de services publics. Ces formes d’organisation sont loin des plates ritournelles partisanes et syndicales. D’autant que les autonomes y participent en nombre. Déçus par l’anarcho-syndicalisme, une partie de ces francs-tireurs font même le choix de la propagande par le fait au sein des Commandos autonomes anticapitalistes (CAA). »

Comment ces luttes s’organisent-elles ?

« Autour de comités de lutte très divers. Il n’y a pas que les comités ouvriers de base dans les usines ou les comités de quartier ; jusqu’en 1978, il existe par exemple des comités pour l’amnistie, des milliers de personnes croupissant encore en prison. Les amnisties politiques ont beau se succéder, la lutte ne cesse pas. Mieux, elle s’intensifie quand les prisonniers de droit commun entrent dans la danse, réclamant d’être considérés comme des prisonniers politiques en tant que victimes du système capitaliste. Depuis l’extérieur, certains groupes de soutien aux prisonniers creusent carrément des tunnels pour favoriser les évasions massives, comme à Barcelone ou à Valence. Et d’autres investissent la lutte armée, tout en prenant soin de se démarquer d’ETA et des groupes du même type. »

La lutte armée avance de pair avec les combats sociaux ?

« Les CAA voient initialement le jour pour soutenir les assemblées populaires, quelles qu’elles soient. Et celles-ci sont nombreuses. Lors de la restructuration du pôle industriel basque par le gouvernement socialiste, les assemblées ouvrières des usines s’ouvrent ainsi aux gens de l’extérieur7. À Bilbao, en 1987, les dockers des chantiers navals d’Euskalduna résistent, avec le soutien de la population, au siège mené par les policiers anti-émeutes. Et la même année, à Reinosa, ville de moins de 10 000 habitants, la fermeture de l’entreprise publique Forjas y Aceros suscite l’organisation d’une marche de protestation qui réunit 1 700 ouvriers, 8 000 habitants et de nombreux étudiants. Elle se conclut par des affrontements très violents avec la Guardia Civil.

En 1984, une scission se produit au sein de la coordination des CAA. Certains pensent qu’il faut arrêter la lutte armée, et revenir aux assemblées dans toutes les luttes pour reconsolider la base sociale. D’autres veulent au contraire la renforcer. Dans la pratique, on constate que plus les groupes sont dans la lutte armée, plus ils s’éloignent des conflits sociaux. »

La fin de la dictature n’est-elle marquée que par de violentes tensions politiques ?

« Non, la soupape culturelle saute également. Sous Franco, les Espagnols faisaient la queue devant les cinémas pornos de Perpignan et Biarritz, parce qu’il était impossible de voir de tels films dans leur pays. Et voilà que, du jour au lendemain, on peut parler de cul, réaliser des BD ou jouer du rock’n roll ! Une vague punk émerge ainsi tardivement, en 1981-1982. Des groupes teigneux et revendicatifs se forment dans les villes industrielles : Saragosse, Barcelone, Madrid, mais aussi dans le Pays basque. Les radios pirates, les fanzines et les groupes de punk pullulent dans les grands centres urbains tels que Bilbao et Vitoria, voire dans les villes moyennes. Désertés par les propriétaires et l’État, les centres-villes se révèlent riches de possibilités pour qui veut vivre en squats ou dans des appartements peu onéreux, sachant qu’il n’existe pas encore de minima sociaux en Espagne.

Lors de la modernisation industrielle menée à marche forcée par les socialistes, nombre de patrons ont construit des logements pour ouvriers en périphérie, à proximité de leurs usines. Des bars ouvrent dans ces quartiers. Ils permettent de se regrouper, d’écouter de la musique qui ne passe pas à la radio, d’organiser des concerts et de vendre du shit pour survivre. Le marché de la drogue explose, avec une arrivée massive de l’héroïne. Dans les bars de Barcelone, Pampelune ou Vitoria, il n’est pas rare qu’une image de seringue surplombée du tricorne de la Guardia Civil trône à l’entrée – une façon de rappeler que l’appareil policier voit d’un très bon œil l’expansion de l’héroïne.

La contre-culture remet également en question, de façon ludique, la religion et la morale. Par exemple, les processions athées détournant vulgairement les symboles religieux se multiplient. Et en 1981, le 30 avril est décrété ’’jour du sabotage’’ : il s’agit de se moquer de la grande messe des travailleurs du 1er mai et du fait que les centrales syndicales, qui ne représentent plus qu’elles-mêmes, essayent de récupérer les commissions ouvrières constituées en coordination d’assemblées. À l’époque, la gauche abertzale8 véhicule plutôt une idéologie bourgeoise liée à l’ordre et la famille, contrairement à la nébuleuse autonome. »

Dans ce nouveau contexte culturel, quel rôle joue l’euskara – la langue basque ?

« La revitalisation de l’euskara accompagne celle d’une culture méprisée et interdite pendant quarante ans. La création d’une langue basque unifiée, le batua, apprise dans les écoles, permet de passer de 10 à 40 % de locuteurs9. C’est essentiel : on sort d’une époque où quasiment plus personne ne parlait basque et où même les revendications des tracts étaient rédigées en castillan ou dans un basque approximatif. En plus des structures indépendantistes basques, les nombreux squats ruraux jouent alors un rôle essentiel dans la réappropriation de la culture.

Auparavant, les indépendantistes hurlaient à la Guardia Civil : ’’Dehors, l’armée d’occupation !’’ Qu’à cela ne tienne : une police basque, l’Ertzaintza, est créée en 1982. Le progrès est contestable, c’est surtout l’occasion d’être torturé dans sa propre langue... À ce petit jeu, le Parti nationaliste basque (PNV), bourgeois, catholique et raciste, parvient à tirer ses marrons du feu : une partie des effectifs de l’Ertzaintza est recrutée parmi son service d’ordre. Ce qui n’empêchera pas sa section anti-émeute de connaître quelques déboires. Au printemps 1987, lors du cinquantenaire du bombardement de Guernica, tout le milieu du rock basque se retrouve ainsi sur la place centrale de la ville. Lorsque les punks de Kortatu montent sur scène, l’Ertzaintza tire des balles en caoutchouc sur le public. Mais ce dernier se défend, avant de poursuivre les uniformes sur plusieurs kilomètres. »

Les luttes se développent également à la campagne ?

« Bien sûr. Avec des épisodes très intéressants, à l’image de la lutte victorieuse contre un projet de centrale nucléaire à Lemoiz, près de Guernica. Le mouvement est fédérateur, puisqu’une manifestation de masse réunit plus de 200 000 personnes en 1984. Surtout, c’est une lutte exemplaire dans la coordination des différentes composantes armées. Alors qu’ETA (m) flingue (après avertissement) les ingénieurs ou pose des bombes sur les chantiers de l’usine, les dockers d’Euskalduna refusent de décharger le matériel. Les sous-traitants sont quant à eux la cible d’ETA (p-m) et des CAA. La mobilisation massive et les actions de sabotage provoquent finalement l’abandon du projet, en octobre 1984.

De nombreuses autres batailles écologistes du même acabit ont lieu à l’époque, dont celle menée contre un projet d’autoroute dans la vallée du Leizaran entre 1985 et 1989. Mais elles conservent un goût d’inachevé. En effet, ces victoires à la Pyrrhus provoquent la création de mouvements écologistes officiels, avec des plate-formes et un fonctionnement centralisé. À partir de 1982, la multiplication des échelons bureaucratiques permet la récupération de nombreux mouvements de contestation et de leurs leaders, préfigurant le modèle des ONG. »

Quels liens y a-t-il entre les Pays basque espagnol et français ?

« À cette période, un proverbe caractérise ainsi les habitants d’Iparralde10 : ’’Ils votent à droite la journée ; ils planquent les réfugiés la nuit.’’ Le Pays basque nord est à l’époque la base arrière des organisations armées basques.
Les villes côtières, à l’exception de Saint-Jean-de-Luz, ne sont pas aussi bourgeoises qu’aujourd’hui. Biarritz est alors une agglomération pleine de contradictions, où riches et prolétaires se côtoient, tandis que Bayonne est vraiment une ville de pauvres. En campagne, la paysannerie locale connaît des difficultés, mais il reste possible d’y vivre de peu, à condition d’être accepté par les habitants. Ce n’était pas encore Etorki et le vin d’Irulegi11 !

La naissance de groupes autonomes, dans le sillage de ceux du Sud, naît de ce contexte social difficile et de la forte présence des réfugiés sur la côte, à Hendaye, Anglet, Bayonne et Bidart. Le collectif Laguntza, centré autour d’un squat de Bayonne, fait par exemple vivre la revue Kalimotxo. Lors des fêtes de soutien aux prisonniers et aux réfugiés qu’il organise, des cars entiers se déplacent depuis Hegoalde. Un autre groupe de jeunes, nommé Patxa, ouvre de nombreux squats et gaxtetxe12.

Les luttes internes d’Hegoalde se délocalisent aussi : en exil, les tensions persistent. Dans le quartier du Petit Bayonne, les membres d’ETA (m) se bastonnent régulièrement avec ceux d’ETA (p-m) ou avec les autonomes, bien qu’il y ait des lieux neutres comme le bar Biltxoco.
Les militants du Pays basque français ne se contentent pas d’importer les luttes et tensions espagnoles. Le groupe Iparratarak (IK)13 mène alors des actions de sabotage contre les syndicats d’initiatives ou les centres des impôts. Les membres d’un autre groupe très actif, Ordago14, sont arrêtés sous Giscard d’Estaing ; ils sont finalement amnistiés par Mitterrand en 1981. »

L’extrême-droite est-elle également active en Iparralde ?

« À cette période, l’État français refuse encore de livrer les réfugiés. Au début des années 1980, l’Espagne décide donc de lui forcer la main en ayant recours à la stratégie de la terreur sous l’égide du GAL. Pendant trois ou quatre ans, le Nord connaît ainsi une série d’attentats perpétrés par cette organisation. Celle-ci émane de l’appareil d’État : le GAL vert recrute dans la Guardia Civil et le GAL marron dans la police nationale. Si les assassinats que ses membres commettent sont parfois présentés comme des bavures, il s’agit en réalité de forcer la France à extrader les réfugiés. Après chaque attentat, la frontière reste ainsi ouverte pendant trois quarts d’heure : juste le temps, pour ceux qui l’ont commis, de passer de Biarritz à San Sebastian.

En France, ETA a les mains liées ; il y a peu de représailles contre le GAL. En Hegoalde, ce sont les CAA qui réalisent l’attentat le plus spectaculaire en éliminant en février 1984 le sénateur socialiste Enrique Casas, pièce maîtresse de la coordination du GAL. La gauche aberzale abandonne alors les CAA pour des raisons électorales. Et le commando auteur de l’attentat et réfugié en France est victime d’une embuscade à Pasajes : quatre de ses membres sont tués. C’est la débandade pour les autonomes armés.

L’autre affaire qui défraye tristement la chronique est celle de Portugalete en avril 1987. Lors d’une manifestation, des membres du groupe autonome Mendeku15 jettent des cocktails Molotov sur la Casa del Pueblo du parti socialiste. Résultat involontaire : deux morts, plusieurs blessés. Des membres de Mendeku sont alors arrêtés, avec la bénédiction des indépendantistes d’Herri Batasuna. Cela marque la fin des collaborations entre les groupes. Par la suite, les indépendantistes basques feront tout pour effacer l’histoire des luttes autonomes. »

Qu’est-ce qui marque le coup d’arrêt de ces luttes ?

« La normalisation est le fruit de plusieurs facteurs : la professionnalisation des organisations politiques indépendantistes, le nettoyage des villes et la gentrification, la fin des luttes anti-militaristes avec la disparition du service militaire, la formation d’un parti écologiste, la structuration d’associations para-institutionnelles féministes et homosexuelles, ou encore la signature de conventions par les squatteurs avec les municipalités. Un ensemble de bouleversements marquant un changement d’époque et que le gouvernement socialiste s’est empressé d’accélérer via sa propagande moderniste. L’objectif ? En finir avec la tension et donner une image festive et branchée de l’Espagne. »



1 Euskadi ta Askatasuna – « Pays basque et liberté ». À l’époque, deux branches cohabitent : ETA politico-militaire (p-m) et ETA militaire (m).

2 Sud du Pays basque, partie espagnole.

3 Alliance apostolique anti-communiste.

4 Groupes antiterroristes de libération.

5 Du 6 au 14 juillet, fêtes de San Firmín.

6 Rappelons que Juan Carlos a été élevé par Franco lui-même.

7 Cf. le documentaire Autonomia obrebra, disponible sur Internet.

8 Il s’agit de « patriotes » basques à tendance marxiste.

9 Langue orale, l’euskara se déclinait en de très nombreux dialectes.

10 Nord du Pays basque, partie française.

11 Produits labellisés que le Pays basque français exporte aujourd’hui massivement.

12 Littéralement « maisons de jeunes ».

13 « Ceux de l’ETA du Nord ».

14 « Je ne lâche pas ».

15 « Vengeance ».


COMMENTAIRES

 


  • Salut
    Je ne suis pas du tout un ancien de Zirikatu, c’est bien de l’auteur du livre Jtxo Estebarranz dont il s’agit.
    Merci de modifier.
    Amitiés
    Pj



  • lundi 17 mars 2014 à 13h43, par Sein Poil de Chartre & Beaucuvoir

    Luttes autonomes au Pays Basque 1982/1992
    Entretien avec le traducteur du livre Guerre à l’Etat (Libertalia)

    Bruitsdetoles ⋅ mardi 22 novembre 2011

    http://www.sonsenluttes.net/spip.ph...



  • Bravo pour l’interview (et à l’interviewé), qui synthétise avec clarté et rigueur ce qui se vivait à cette époque.

    Peut-être peut-on davantage, comme certains, établir un lien entre l’apparition des CAA et le recul des assemblées ouvrières (avec la répression de Vitoria) ?
    L’interviewé fait bien de préciser que bien des choses séparaient leur différentes conceptions de l’action.

    Je garde un assez mauvais souvenir du livre édité par Libertalia, qui constitue davantage une présentation « en gros » de la galaxie autonome de cette époque qu’une analyse un tant soit peu détaillée des positionnements des collectifs, de leurs pratiques, de leurs problématiques internes, etc. Le livre, par exemple, n’évoque pas (ou évite) la question épineuse du nationalisme basque, et on sait qu’elle a donné lieu à nombre de tentatives de regroupements, de séparations, etc. dans les courants libertaires ou autonomes. Et qu’elle continue de soulever les débats dans la région (pour faire très simple...).
    Bref, je l’avais même trouvé assez démagogique. Le sujet mériterait une analyse beaucoup plus en détails, tant la période dont il s’agit est riche. Mais on trouve heureusement de plus en plus d’ouvrages sur le sujet en Espagne.
    Jtxo Estebaranz avait fait un travail d’analyse nettement plus dense dans « Los pulsos de la intransigencia » par exemple, sur les luttes antidesarrolistas postérieures.

    PS : Il semble qu’une petite erreur se soit glissée dans le texte concernant le premier meeting de la CNT à Barcelone : le premier meeting de cette organisation a eu lieu à Mataró (province de Barcelone). Y assistaient 4000 personnes. On est loin des 600.000 évoqués.
    Il y eut beaucoup plus de monde au grand meeting, resté dans les mémoires (plutôt pour le côté symbolique, d’ailleurs) de 1977 à San Sebastián de los Reyes...mais là encore, on est très, très loin du chiffre donné.

    Amitiés



  • Un livre intéressant sur le nationalisme abertzale : Contre le racket abertzale ou les Insolences anti-patriotiques d’un métèque de Gaizki-Ikasi Maketo (1981). Critique « post-situ » du nationalisme. On peut le trouver d’occas (mais assez cher)ou en .pdf ici : http://vosstanie.blogspot.fr/2012/0... ou là directement : https://docs.google.com/file/d/0Bx2...
    Bien sûr il sera très utile par analogie, de transposer cette critique à toutes les formes de nationalismes, ethnismes, luttes de libérations nationale portées par la droite ou la gauche et l’extrême gauche du capital ainsi que l’anarchisme patriotard.



  • Faut surtout remettre « Contre le racket abertzale » dans son contexte et son époque sinon on risque de faire de beaux anachronismes.
    Ecrit par un ex-GARI et sorti en 1981, à l’époque où on ne pouvait qu’avoir plus de sympathies pour les CAA que pour Eta-mili (ce qui est l’objet de la fin du bouquin)ce pamphlet, à la fois réjouissant et gavé de mauvaise foi (assumée)fut souvent assez mal pris par les camarades Basques qui avaient l’impression (assez juste) que les anars ou situs en chambre s’en servaient ENCORE pour leur rappeler quelques banalités de base qu’ils connaissaient déjà.
    Ainsi, je me souviens de la réplique d’un copain à un des éditeurs : « De quel droit te crois-tu plus anarchiste que moi ? »
    Je crois que tout est dit là et je plains vraiment ceux qui n’ont jamais eu à vivre des contradictions. Comme disait ma grand-mère « Un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure ».
    Quant au commentaire précédent : de mauvaise foi, Jtxo ?
    Je ne peux maisser écrire ça. Maladroit, ça oui, gêné par des catégorisations qui sont artificielles à l’usage vu que même les gens qui se combattaient étaient par ailleurs obligés de se fréquenter dans cet espace réduit qu’était Euskal Herria. Oui. Mais de mauvaise foi...

    Un dernier mot : mon but était de sortir un livre sur les CAA (il en existe à ma connaissance au moins trois écrits en castillan)
    Mais l’ignorance des francophones en général sur la question m’a fait préférer proposer à Libertalia, ce « tour d’horizon ».
    Et puis, on voit suffisament d’ex de la luttes armées rescuciter des mythes (en oubliant systématiquement certains groupes dont les CAA, comme par hasard) sans avoir envie d’être mal interprété : c’est à dire de mythifier une histoire bordélique, confuse et pleine de contradictions elle aussi ( je répéte : "que ceux qui n’ont jamais mis les mains dans le cambouis...)
    Je me permets de vous renvoyer au film « Autonomia obrera » (sous-titré par nos soins et trouvable sur le net entre autre sur le site http://iaata.info/) ou deux ex des CAA ont bien des choses à dire sur le sujet.
    Hasta la proxima.
    Le traducteur



  • Compagnon, j’ai écrit « Le livre, par exemple, n’évoque pas (ou évite) la question épineuse du nationalisme basque » et « je l’ai trouvé assez démagogique »...la démagogie et les sujets un peu survolés sont assez fréquents dans la galaxie libertaire, j’en suis tout à fait convaincu...de là à accuser l’auteur de « mauvaise foi », je ne me le permettrais pas, et il me semble que ce sont des choses différentes.

    Le film « Autonomía Obrera », que j’essaie d’ailleurs de faire un peu tourner au Mexique, est passionnant, et transmet une belle rage, chose qui m’a plu en particulier (à mille lieues de bon nombre de documentaires sur des sujets proches). Je trouve qu’il manque aussi un peu de clarté, notamment sur les CAA, mais bon...il donne envie de discuter, de débattre, de se renseigner, ce qui est déjà assez fort.

    • Camarade
      Effectivement, j’ai écris « mauvaise foi » trop vite (mes excuses, donc) car pour moi le livre ne fait pas l’impasse sur les conflits récurrents avec la mouvance dite « patriote de gauche ».
      Et tout à fait d’accord avec toi sur l’usage de la démagogie assez fréquente dans certains milieux pas pire que d’autres mais pas meilleurs non plus.
      Malgré ses limites, les interventions de « Txema » et d’« El Cabra » dans le film ont au moins l’avantage d’être un retour critique sur leur expérience. Une tentative de bilan dépourvue de masochisme ou d’autosatisfaction. Ce qui est assez rare pour être apprécié.
      Salut.



  • On retrouve encore malheureusement dans quelques commentaires une certaine haine transpirer vis à vis de la gauche indépendantiste.. Il est bien plus simple d’être « pur » derrière son ordinateur... Et c’est un libertaire (basque) qui dit ça. Ceci dit, très bonne interview, et très bon canard que cet Article 11 que j’oblige à mon vendeur de presse de Biarritz de garder en bonne place.

    ps : Pour le traducteur, nous nous étions échangés quelques mails suite à mon article dans le Journal du Pays Basque. Salutations libertaires et chaleureuses donc.



  • UN TERRORISTE CA FAIT CROIRE QUE C EST COURAGEUX .
    PAR CONTRE Y FONT RIEN POUR DELOGER LES MOHAMEDS .ON A LES PETOCHES FACE AUX ISLAMISTES ?
    TOUT D UN COUP Y A PLUS DE BOMBES POUR LES MOSQUEES .

    BIENTOT ILS ENVAHIRONT TOUT LE PAYS BASQUE ET EN FAIRE QU UNE BASQUETTE QUI PUE .

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