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lundi 5 octobre 2009

Médias

posté à 13h06, par JBB
21 commentaires

Trois journalistes — Mermet, Halimi et Ruffin — et un message : que les médias mènent à l’action !
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Un vrai politburo médiatique ! Samedi soir à Amiens, Daniel Mermet, Serge Halimi et François Ruffin tenaient la tribune. Présents pour célébrer les dix ans du journal d’enquêtes sociales Fakir, les trois journalistes sont revenus - chacun à leur façon - sur le paysage médiatique, évoquant la cruciale question de l’indépendance. Et ont dit leur foi dans les médias de lutte.

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Dix ans, ça se fête. Avec du rhum. De la musique. Des pièces de théâtre. Des dessins classes. Plein de gens sympas et souriants. C’est tout ? Même pas : toujours soucieux de construire et de réfléchir, François Ruffin s’est senti obligé de prévoir une conférence-débat. Entre deux verres de rhum… Dur…

Je te la fais courte : ce week-end donc, c’était les dix ans de Fakir (journal d’enquête sociale lancé à Amiens par François Ruffin et récemment passé en national, je suis sûr que tu le savais déjà). Au programme des festivités, notamment, une prise de parole de Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, et de Daniel Mermet, animateur de Là-Bas Si j’y Suis, avec des illustrations en temps réel par Mathieu Colloghan, talentueux pilier de la presse alternative. Une conférence tournant autour du thème de l’indépendance des médias. Fort instructive, tu t’en doutes.
Comme j’ai pris quelques notes, je te propose un petit compte-rendu. Tu mettras - bien évidemment - les éventuelles approximations sur mon compte et les malencontreux raccourcis sur celui du rhum.


Serge Halimi : « Tout concourt à affaiblir la presse militante. »
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« La notion d’information est un terme générique, mais il faut d’emblée souligner que nous ne faisons pas tous le même métier. Pour synthétiser, disons qu’il existe trois types de presse : la presse gratuite, ou plutôt prépayée (par la publicité), la presse payante et la presse payante et militante. Fakir, Le Plan B, CQFD ou La Décroissance - entre autres - appartiennent bien entendu à cette dernière catégorie, qui a ceci de particulier qu’il faut s’engager pour elle, qu’il faut la faire connaître. »

La presse gratuite : « L’information y est produite par et pour les publicitaires. Je n’aime pas cette formulation de « presse gratuite » et lui préfère le terme de « presse prépayée ». Ces journaux ne sont en effet pas gratuits : ils ont été payés, par la publicité, et vous les financez quand vous achetez des produits de consommation.
Le journalisme n’intéresse pas ces publications, seulement la pub. À preuve, ils cessent de paraître en été. Non pas parce que l’actualité cesse, mais parce que l’activité publicitaire reflue. »

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Dessin de Mathieu Colloghan3

« Cette information prépayée par la publicité ne concerne pas seulement la presse dite gratuite, mais aussi l’information vendue à très bas prix aux lecteurs, bien en-dessous des coûts de production. C’est le cas des news magazines, L’Express, Le Point et Le Nouvel Observateur - entre autres - s’écoulant pour bonne part grâce à des abonnements presque gratuits. Ainsi de cette offre d’abonnement au Point proposant, en 2009, douze numéros pour 15 €, avec en prime une calculatrice ou une montre ; le news magazines coûte alors moins cher au lecteur qu’un quotidien, ce qui est rendu possible par la publicité.
Ce n’est évidemment pas sans incidence sur le contenu des ces publications. Directeur et administrateur du Nouvel Observateur, Claude Perdriel expliquait récemment vouloir « se débarrasser des lecteurs inutiles pour la publicité ». Soit une volonté que sa publication monte en gamme et attire davantage de lecteurs aux revenus confortables, afin de faire grimper le coût de la page de publicité. »

« Il faut aussi souligner que les abonnements ne sont pas tous payés. Les compagnies aériennes, certaines épiceries de luxe et grandes écoles, des salles de sport - entre autres - bénéficient d’abonnements gratuits, pourtant comptabilisés dans le chiffre total des abonnements. Pour La Tribune, ces faux abonnements représentent 30 % de la diffusion, tandis qu’ils correspondent à plus de 20 % pour Libération. Libé revendique ainsi 110 000 exemplaires, mais n’en vend réellement que 80 000. »

« Ce système privilégiant en permanence les annonceurs et les sujets les plus futiles a bien évidemment de lourdes conséquences sur le contenu. Sans que personne - ou presque - ne proteste. Et pourtant… « Imaginez, propose l’universitaire américain Robert McChesney, que le gouvernement prenne un décret exigeant une réduction brutale de la place accordée aux affaires internationales dans la presse, qu’il impose la fermeture des bureaux de correspondants locaux, ou la réduction sévère de leurs effectifs et de leurs budgets. Imaginez que le chef de l’État donne l’ordre aux médias de concentrer leur attention sur les célébrités et les broutilles plutôt que d’enquêter sur les scandales associés au pouvoir exécutif. Dans une telle hypothèse, les professeurs de journalisme auraient déclenché des grèves de la faim, des universités entières auraient fermé à cause des protestations. Pourtant, quand ce sont des intérêts privés en position de quasi-monopole qui décident à peu près la même chose, on n’enregistre pas de réaction notable. » »

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Dessin de Mathieu Colloghan

L’information payante : « Plus une information est payée, plus elle est susceptible d’être indépendante. Cela nous renvoie logiquement à internet : oui, le net est magnifique, notamment parce qu’il permet aux voix discordantes de s’exprimer, ce qu’on a par exemple constaté lors du référendum de 2005. Mais il y a un hic : il n’y a pas de raison que l’information soit gratuite tant qu’on paye les biens de consommation. Il faut d’ailleurs se poser la question : trouve t-on beaucoup d’enquêtes, de reportages sur internet ? Non, bien sûr4.
Les titres de presse doivent composer - difficilement - avec ce modèle de la gratuité sur internet. Et c’est encore plus vrai pour la presse critique de l’ordre social, qui ne bénéficie que du soutien de ses lecteurs. »

La presse payante et militante : « Elle est fragile, très fragile. Elle ne repose pas sur ses avantages économiques, par exemple un bon salaire offert aux journalistes, mais sur des affinités politiques et personnelles. En clair : elle repose très largement sur l’auto-exploitation de ceux qui la font, parfois sans rémunération, toujours sans RTT ni vacances.
En ce moment, tout concourt à affaiblir cette presse militante, et notamment le net où se constituent de petites communautés de plus en plus étroites et fermées. Noam Chomsky constatait ainsi récemment : « J’ai remarqué que de nombreux militants ont mis fin à leur abonnement à des journaux de gauche. Si j’étais la CIA, j’encouragerais ce mouvement (…), car il contribue à fragiliser ceux qui critiquent l’ordre social ». Un exemple parfait est la situation de ZNet, site alternatif historique aux États-Unis : en très mauvais situation financière, il a lancé un appel au secours à ses très nombreux lecteurs ; et n’a pas récolté grand chose, si ce n’est des réactions indignées et des protestations centrées sur l’idée que l’information se devait d’être gratuite. »

« Le type de réunion qui nous rassemble aujourd’hui a beaucoup d’avantages. Mais elle ne doit pas constituer une consommation de plus, une consommation de la contestation. Pour cela, je vous laisse avec ce qui terminait l’éditorial de la dernière livraison du Plan B : « Ce journal est un marteau, ses colonnes identifient les clous. À vous la main. » »


Daniel Mermet : « Les médias devraient conduire à la lutte et à l’action. »
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« Ce que vient d’exposer Serge Halimi ne nous concerne évidemment pas, à Radio France et à France Inter. Nous avons un modèle économique. Et quel que soit le chauffard placé à notre tête (y compris l’actuel), nous ne pouvons que constater que les auditeurs reviennent toujours vers nous, à raison de cinq millions par jour. Même après l’épisode du « non » au référendum de 2005, c’est dire…
Derrière cela, il y a une histoire qui remonte à la Deuxième Guerre mondiale et est liée à celle du Conseil national de la résistance. Lui avait réfléchi à ce que seraient les médias de l’après-guerre, et avait notamment fixé dans le Petit cahier bleu les orientations que devraient suivre la radio. Je pense que c’est ce souffle, cet héritage de la résistance, qui subsiste aujourd’hui, même s’il est parfois très très tenu, notamment dans la tranche du matin… »

« Une évidence, d’abord : je suis payé par vous. Radio France, c’est un budget de 500 millions d’euros pour 4 500 collaborateurs, avec une portion congrue accordée dans le financement à la publicité. À mon avis, d’ailleurs, on pourrait se passer de cette dernière, qui ne représente que 5 à 8 % du budget de Radio France (soit un peu plus que Le Monde Diplomatique, où la publicité représente 4 % du budget). »

« Voilà pour l’indépendance économique. Pour l’indépendance politique, c’est un peu différent… On a eu, il y a longtemps, un ministère de l’Information qui dictait aux journalistes ce qu’ils devaient dire. Aujourd’hui, il n’y a même plus besoin de dicter : le dressage a si bien réussi que les journalistes ont totalement intégré ce qu’on attendait d’eux… Ils savent très bien ce qui doit les guider, quelles gratifications attendre de leur travail. Il ne s’agit plus d’un grand et fier horizon, d’une belle idée du journalisme, mais seulement des résultats de Médiamétrie. Aucun autre critère ne compte réellement. »

« Enfin… Cette montée de l’insignifiance, ce formidable gâchis, s’est prolongé jusqu’au 1er septembre dernier. Depuis cette date, nous avons un nouveau directeur à France Inter : tout va changer… Je vous laisse rigoler… »

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Dessin de Mathieu Colloghan

Bonus-track 1 : « Je ne pense pas que l’information soit si importante que ça. Il y a d’autres moyens de comprendre comment fonctionne le monde. Les Français ont dit « non » en 2005, et ce n’est pas parce qu’ils lisaient tous Le Monde Diplomatique et écoutaient tous Là-Bas si J’y suis
En clair, l’info n’est pas aussi importante que ce pensent les journalistes. D’ailleurs, « être informé » se réduit souvent à « être au courant », ce que propose France Info. Soit une information déshumanisée, déconceptualisée, qui joue contre nous, contre nos chances de réfléchir et d’agir. »

Bonus-track 2 : « Ce qu’a fait Ruffin avec Fakir est tout bête. Il a juste produit des enquêtes sur ce qui se déroulait à Amiens. c’est un travail d’enquête tout à fait classique, avec ce marteau et ce clou qu’évoque Serge Halimi. Il est allé interroger les pouvoirs, a joué son rôle de fouille-merde.
Ce n’est pas difficile à faire. Faites-le, si vous voulez. Faites ce journalisme-là, et cela fonctionnera. Et puis, surtout, lisez-le, utilisez-le. »

Bonus-track 3 : « Il se tient toujours une bataille des idées. Mais cette bataille, les gens que nous sommes l’avons perdue à la fin des années 1970.
Dans les années 60, il y avait une collection chez Maspéro qui s’appelait Textes à l’appui ; elle avait une ambition claire : donner du grain à moudre pour la lutte, être « à l’appui » du combat à mener. C’est cela qui nous manque, un argumentaire de lutte, une volonté de ré-imaginer l’horizon, de se poser des questions. C’est souvent ce que rappelle Noam Chomsky quand il débute ses conférences, déclarant : « Je vais vous dire quelques trucs, mais en tout cas vous en apprendrez moins que si vous vous engagez dans les luttes. »
À quoi bon s’informer si ça ne conduit pas à la réflexion et à quoi bon la réflexion si elle ne conduit pas à l’action ? C’est à cela que devraient servir les médias, à conduire à la lutte et à l’action. »


François Ruffin : « Imaginez ce qu’on pourrait faire à 500… »
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Dessin de Mathieu Colloghan

« Je vais me concentrer sur cette question : à quoi bon ? C’est une question de militant et de journaliste, qui rejoint celle de bien d’autres acteurs de la presse alternative comme de bien d’autres militants.
C’est une question qui se pose d’abord parce que je ne suis pas payé quand je travaille pour Fakir, alors que je le suis quand je bosse pour Le Monde Diplomatique ou pour Là-Bas si J’y suis. Et c’est une question qui se pose d’autant plus que la diffusion de Fakir, 10 000 exemplaires, est très loin de l’audience de Là-Bas si J’y suis, 400 000 auditeurs quotidiens. Ce sentiment d’inutilité est accentué par l’absence de relais, qui peut donner l’impression que la production d’information réalisée n’est reçue que par des individus dispersés.
Surtout, il y a pour moi une question-clé : à quoi bon livrer de l’information alternative et différente s’il n’y a aucune perspective d’action derrière, si l’atonie des forces syndicales et politiques obère toute action collective. »

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Dessin de Mathieu Colloghan

« Fakir s’inscrit - au fond - dans une décennie qui n’a pas été transcendantale, avec des initiatives d’information alternative dispersées et une absence totale d’organisation de la force collective. Il y a eu des exceptions, bien sûr : à l’occasion de la campagne de 2005, l’information alternative s’est transformée en arme utile, une perspective d’action s’était clairement dessinée. Au niveau local aussi, quand Fakir a trouvé une vraie réponse dans la population d’Amiens, à l’occasion de l’anti-campagne lancée pour faire échec à la réélection de De Robiens5 C’est cela que je voudrais retenir, finalement, cette idée que, même à trois ou quatre pour tenir la baraque, on peut s’organiser, qu’on peut peser dans le champ politique. On était très peu pour mener la campagne contre De Robien, imaginez ce qu’on pourrait faire à 500… renverser Sarko, minimum ! »


Tant qu’on y est, tu ne manqueras pas - puisque je te l’ai déjà répété 300 fois - de noter que le numéro trois de Fakir est sorti.

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1 Toutes les photos publiées sur cette page sont œuvres de Pierre M. Qu’il en soit chaleureusement remercié.

2 Sur ce thème, tu noteras que Serge Halimi vient de signer deux excellents papiers dans l’édition du Monde Diplomatique d’octobre, Recomposition brutale, racolages à tous les rayons et Notre combat.

3 Note que tu peux notamment retrouver les illustrations de Mathieu Colloghan dans Fakir et Le Plan B, et que tu peux admirer ses magnifiques peintures sur son blog.

4 Il manque ici un petit passage de l’exposé de Serge Halimi. Comme je n’étais pas totalement d’accord avec ce qu’il expliquait, je fulminais un brin et mon stylo en a fait les frais.

5 Si le sujet t’intéresse, François Ruffin en parle ICI.


COMMENTAIRES

 


  • je suis absolument convaincu qu’organisés nous sommes économiquement viables - que nous pourrions avoir des télés des radios des éditions des revues des plombiers des épiciers....puisque nous représentons des millions de personnes qui ne se retrouvent pas dans les autres médias - cette alternative économique plutôt que de nous indigner stérilement pourrait être réellement révolutionnaire et en plus nous donner de quoi bouffer - sinon merci pour le contact Fakir - et longue vie aux pestiférés.

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • Par réticence naturelle et politique, je ne goûte guère l’organisation… :-)

      Mais difficile de te donner tort : il y a là des forces éparses qui auraient pu se combiner, et un grand vide politique (vide que je ne souhaite pas remplacer par un parti, hein, mais par une force collective). Et c’est évident qu’il y a là un gâchis de forces, d’alternatives, de contre-proposition à ce monde merdique.
      En attendant, je te rejoins : longue vie à tous les pestiférés !

      (Vraiment pas de quoi, c’est cool)

    • Ce que tu décris là ressemble beaucoup à l’anarchie, non ?
      Le meilleur système à mon avis mais qui ne peut être ’mis en place’ par quelques-uns,
      il se ’met en place’ seul... Poussons-le donc au cul ! ;)



  • Tu mettras - bien évidemment - les éventuelles approximations sur mon compte et les malencontreux raccourcis sur celui du rhum.

    et inversement ?

    Merci du compte-rendu en tout cas et qui comme toujours est, sinon lumineux, tout au moins éclairant.



  • Si on prend médias au sens le plus large, cela va des médias de grande diffusion à ceux de diffusion très limitée. Tout ça fait « les médias » et si quelqu’un veut comprendre un évènement quelques années après il aura intérêt à lire et à regarder tous les médias.

    Les médias de grande diffusion sont hostiles aux marges, et aux militants, alors que ceux de petite diffusion sont amicaux avec ces marges, c’est leur raison d’être.

    C’est le militantisme ou l’engagement qui font les médias dans ce sens là : le point faible c’est le goût du spectacle, qui fait qu’un évènement (par exemple le 11/9) peut transformer les grands médias en agent de propagande et de publicité du camp opposé. Pour les évènements moins spectaculaires, c’est aux militants de réserver les informations et les exclusivités aux médias qui sont amicaux, et d’en couper l’accès au PPA qui n’est autre que de la propagande.



  • « Plus une information est payée, plus elle est susceptible d’être indépendante. »

    arf, gloups, c’est quoi cette nouvelle attraction ?!
    Combien de journalistes professionnels ont ouvert un blog parce qu’ils souhaitaient faire leur boulot de façon indépendante justement ?
    Ce qui n’apparait pas ici est une toute petite remise en question du modèle économique de la presse historique. Pourquoi le modèle de developpement Linux et l’OpenSource en général fonctionne t-il ? Savent-ils seulement que 90% du système d’information qu’ils utilisent pour publier en ligne fonctionnent à l’OpenSource, donc gratos pour eux en coût de prod. ?

    Coopération, partage, diversification, Joint venture ça leur dit qque chose ? Pourquoi la presse historique ne vient pas en aide d’un site comme Article 11 ? une heure par semaine, un petit article, une info, une petit espace dans le data-storage, un petit billet de 100, c’est trop pour eux ?

    Le copier/coller des annonces afp, le diktat de l’information continue pour capter le lecteur, mais quel lecteur ? Savent-ils seulement qu’une partie de leurs « vrais » lecteurs papiers se retrouvent ici justement ?
    Par ailleurs, d’où viennent leurs journalistes ? Milieu social, écoles, tout cela a formaté une information qui ont fait fuir les plus fidèles d’entre nous. Le journalisme d’investigation s’est barré avec l’eau du bain, la contre-info également. Libération ne ressemble plus à ses lecteurs depuis belle lurette.
    On ne parlera pas non plus du milieu intello branchouille qui ne contredira certainement pas les propos nauséeux d’un Finquellecrotte sur cet internet décharge à poubelle, parce que l’internet, ils n’y ont jamais crus. L’information, c’était eux, point barre. Vous me croyez subjectif ? allez discuter dans les pince-fesses littéraires, ... je balance pas, désolé.

    L’indépendance de la presse aujourd’hui passe par l’indépendance de l’internet, ça s’imprime ou il faut l’enfoncer à grand coup de « colonnes cloutées » ?!
    Là encore ils n’ont toujours rien compris. C’est affligeant.

    Finalement, ce sont les lecteurs qui sont les plus militants dans cette histoire. Ils ont choisis d’aller voir ailleurs s’ils n’y sont pas, et ils ont trouvé autre chose, ils s’en contentent, ils s’y retrouvent. Et ils s’engageront aux côtés de cet ailleurs.
    Et puis bon sang, on n’a plus rien en poche, entre 1 et 2 euros par jour, bah non, c’est pas possible, désolé. Qu’ils quittent leur tour d’ivoire, 80 000 exemplaires pour Libé, 5 étages en plein Paris, du pur délire.

    Bref, encore de la « branlette » de mouchoirs, ah ma brave dame, c’est plus comme avant. Franchement, Libé peut disparaitre demain, perso, ça ne me fera ni chaud ni froid. Par contre, Internet sous contrôle (état, centralisation googlesque, tout ce qu’on veut) là, oui, je suis prêt à en découdre - et je le fais - et même à payer s’il le faut.

    « Les médias devraient conduire à la lutte et à l’action. », D. Mermet.
    On doit pas lire les même canards ...

    Leur lectorat perdu, les 40 ou 50000 lecteurs qui manquent à Libé, il est là, dans ces colonnes et autres sites du même type, et malheureusement pas toujours discret .. :o)

    Merci,
    v/

    PS
    « Un quotidien, un magazine est un objet intime qu’on emmène partout avec soi. L’acheter, c’est un acte d’engagement, ça a une signification » - Axel Ganz.
    Faudra qu’on nous dise quel est la signification du Libé d’aujourd’hui, perso, je sèche.

    • Voilà qui est clair, net et precis !
      Entierement d’accord avec ce qui est énnoncé par v/...

      • mardi 6 octobre 2009 à 11h45, par un-e anonyme

        Entièrement d’accord itou avec v/... concernant cette « branlette », qui me parait datée d’un autre âge...

        Merci à vous.

        Le Sot

        Voir en ligne : http://www.lesot.net

        • @ v/ : je ne peux qu’approuver à tout ce que tu dis (et notamment aux gentillesses sur A11, c’est cool).

          « Savent-ils seulement que 90% du système d’information qu’ils utilisent pour publier en ligne fonctionnent à l’OpenSource, donc gratos pour eux en coût de prod. ? »

          Il y a ce vrai hiatus, pas prêt de se résorber, entre ceux qui croient à un nouveau modèle, né du net, et ceux qui s’attachent au modèle économique. Je pense que c’est en bonne part une question de génération. Mais que c’est aussi lié à un époque de transition, où un modèle disparaît, un autre est appelé à naître, entre les deux c’est le grand flou. Je comprends d’ailleurs les inquiétudes de Serge Halimi : la presse de qualité, à l’image (rare) d’un Monde Diplomatique, se trouve dans l’entre-deux. Et l’exemple du site ZNet, pilier de la contestation intelligente aux Etats-Unis mais qui rame comme un fou pour trouver un peu de soutien parmi ses lecteurs, n’est pas pour le rassurer.

          « un petit billet de 100 »

          Pourquoi un seul ? :-)

          « Le copier/coller des annonces afp, le diktat de l’information continue pour capter le lecteur, mais quel lecteur ? »

          Encore une fois tout d’accord. Mais tu évoques ici une réalité à laquelle Serge Halimi, Daniel Mermet et François Ruffin ne peuvent guère être liés. Eux, justement, pratiquent un journalisme différent, offensif, fouillé, opiniâtre et éclairant. Et ne peuvent - à l’évidence - être assimilé au vide, sans saveur et sans intérêt Libé.

          « Libé peut disparaitre demain, perso, ça ne me fera ni chaud ni froid. Par contre, Internet sous contrôle (état, centralisation googlesque, tout ce qu’on veut) là, oui, je suis prêt à en découdre - et je le fais - et même à payer s’il le faut. »

          Je te rejoins à 2 000 %. Plus même, si c’est possible.

          @ Remugle : aussi.

          @ Le Sot : eheh… je t’attendais sur la question de la gratuité. :-)

          • Tout cela c’est un peu la question de la poule et de l’oeuf. Il serait naïf de croire qu’une presse « indépendante » pourrait susciter un mouvement révolutionnaire. En revanche, on peut espérer que le mouvement révolutionnaire suscite le besoin d’une presse du même nom. Et donc que les « journalistes » (le terme est dévalué, je sais, et à juste titre, mais conservons-le provisoirement) soient payés. Aux dernières nouvelles, ceux qui écrivent mangent également, payent un loyer, leurs déplacements, les vêtements de leurs enfants...
            Je ne doute pas (enfin, un peu, quand même) que le jour où le mouvement enflera comme un tsunami, portant le flot généreux des prolétaires vers l’avenir radieux, eh bien je ne doute pas que ce jour-là, notre ami JBB sera royalement payé de ses efforts... en attendant l’abolition de l’argent.

            • « notre ami JBB sera royalement payé de ses efforts »

              Oh, je n’en demande pas tant. Si le comité central de la révolution consent à m’accorder quelques packs de bières mensuels, à me fournir un PC en état de marche et à me refiler quelques bouquins par semaine, mon bonheur sera complet.
              Et si ce n’est pas le cas, autant être franc : ce site - ainsi que les gens qui y participent comme ceux qui le visitent - est en lui-même une très bonne rétribution à mes modestes efforts. Bref : je nage dans le bonheur.

        • @ le sot :

          « dedicated to you but you weren’t listening »...

          quelqu’un qui cite Robert Wyatt, Soft Machine...ne peut pas etre mauvais....

          Bien à vous

          • mardi 6 octobre 2009 à 16h46, par un-e anonyme

            @ JBB et Remugle :

            Pourquoi la gratuité, Le Sot aime l’argent même si ses faibles capacités l’ handicape quelque peu sur ce terrain là. Et il peut même être un peu mauvais, malgré la Douce Machine, quand il voit ressurgir du passé les toujours redoutables « bandes des trois » (en option, et au hasard, B.Langlois pour le quatrième), il imagine déjà les hordes rouges, venues d’Amiens ou d’Ailleurs, s’emparer des (luxueux ?) locaux de la rédaction d’A11 !
            Et ce pauvre JBB, si gentil, contraint à une vigoureuse et nécessaire autocritique, et sans rhum ! :-)

            Non merci et bien à vous,

            Le Sot

            • « les hordes rouges, venues d’Amiens ou d’Ailleurs, s’emparer des (luxueux ?) locaux de la rédaction d’A11 ! »

              Ne t’inquiète pas, on saura défendre comme il se doit la réserve de rosé. En ce genre de cas, la garde meurt mais ne se rend pas.

              Quant à l’autocritique, je suis paré. Je me suis fadé, par excès de conscience, la lecture du Petit Lire Rouge quand j’avais 18 ans. Depuis, ce genre de trucs ne me fait plus vraiment peur.



  • bonjour article XI

    Depuis quelques temps, j’attends impatiemment de rentrer chez moi...et de pouvoir lire vos différents articles sur le net.
    Ça me fait le même effet qu’il y a quelques années(25...) quand je passais la porte du disquaire alternatif « Check Point Charlie » à Stras...pour aller feuilleter les fanzines et reluquer les vinyls...

    Je ne pensais pas que les choses écrites allais me plaire autant, car je ne suis vraiment pas très « bouquins », mais je découvre tellement de chose. De plus, ce qui est intéressant, c’est que vous avez des gens qui vous amènent de réels compléments sur vos articles.

    Pour parler du sujet, ce qui est génial avec le net, c’est que je ne suis plus uniquement un « consommateur ». Quand quelque chose m’intéresse ou pose question, je fais des recherches. Je ne suis plus passivement devant un écran à zapper ou à tourner des pages en essayant de me concentrer pour lire un article dans une colonne entre deux paires de miches et un pâté pour chien.
    Et quand on se prend au jeu de l’info, on va discuter sur les forums, on fait son blog etc...c’est super dynamique...c’est « Do it yourself »...y’a de l’école Freinet là-dedans (c’est ma manière d’apprendre, ça tombe bien)...

    De plus, l’info vient directement à travers le simple citoyen (comme avec No border à Calais, le squat à Montreuil ou les manifs anti-otan) et donne un côté « vrai-vécu », en cela aussi les médias classiques « embbeded-la voix de son maître » vont être complètement largués, étant obligés de coller leur infos avec ce qui est « dicté »...les gens sont de moins en moins dupes.
    Beaucoup de choses se mettent en place sur le net, plus ou moins efficace, mais bon, au prix où je paye ma pauvre connexion soit-disant « haut-débit » (un pauvre 512k...) qui coupe par mauvais temps, j’estime ne plus à avoir encore à payer l’info qui y est donnée. Par contre je soutiens par don via le net quand « la cause » me plaît...

    • Bonjour à toi :-)

      Je ne vais pas prétendre le contraire : ton message fait très plaisir. Et même plus que ça. Donc : merci.

      Je te rejoins totalement sur ce point : il y a plein de « gens qui (…) amènent de réels compléments sur (nos) articles ». C’est finalement ça le plus motivant, voir que des gens aussi sympas qu’intéressants mettent leur grain de sel, précisent, corrigent ou modèrent nos billets. A11 n’attire pas les trolls (ou en très petit nombre) et tant qu’il en sera ainsi nous serons heureux.

      Pour ton constat d’utilisation du net, je plussoie avec force. Nous sommes des centaines de milliers, peut-être des millions, à penser ainsi, et cela ne va aller qu’en augmentant. À nous de prendre la main, pour que ceux qui prétendent mettre au pas cette vision d’un net indépendant et alternatif ne l’emportent pas.



  • Très bon article encore une fois.

    Pour ce qui est de la « peur » que le net fasse mourir à petit feu la (bonne) presse papier, je n’en suis vraiment pas sûr.
    Nombre de lecteurs ici me semblent également mettre leur nez dans des canards, et si je prends mon exemple personnel, le net m’a permis d’élargir le champ des publications qui me « correspondent » : c’est là que j’y ai découvert l’existence de CQFD et du Plan B entre autres, que je me fais un plaisir et un devoir d’acheter lorsque je suis en France (je vis en Turquie).

    C’est un peu à rapprocher de la question du téléchargement : je télécharge, et grâce à cela fais des découvertes, écoute beaucoup plus de choses et peux ensuite faire des achats plus « pertinents ».

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