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mercredi 22 octobre 2008

Médias

posté à 00h39, par PT
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Le vieux loup haineux Gérard Carreyrou et le dégoût des autres : refrain connu…
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La vieillesse est un naufrage ? Tu parles, Charles ! Gérard Carreyrou, l’ancien sorcier de l’info putassière made in TF1, n’a pas attendu le poids des ans pour déverser sa bile fielleuse. Editorialisée par ses soins, l’affaire des sifflets du Stade de France vient rappeler combien papy Gégé manie avec délectation l’art de la haine, accommodée à toutes les sauces. Du moment que les recettes fonctionnent…

C’est le matin, ciel ensommeillé, nuages paresseux, traits las, bouche pâteuse ; bref, tu n’es pas dans ton assiette. Et là, le couac. Inexplicable. Cependant qu’au kiosque ton regard balaie les manchettes du jour, ta main droite (hasard ?) échappe à toute surveillance et s’empare, la saligaude, de l’exemplaire du jour de « France-Soir ». Tu avises longuement la une, t’étonnes durablement de l’incident en cours, tandis que la faille spatio-temporelle s’éternise et te conduis illico à la caisse, où tu déposes un euro. L’émotion est telle que tu en oublies d’autres acquisitions. D’ailleurs, tu ne récupères même pas la monnaie.

De retour dans la rue, le choc est intense : pour un peu, tes jambes ne te portent plus.

Mais le plus dur commence. A présent que tu as commis l’acte d’achat, il faut aller au bout. Lire, donc. Caractères gras, cradingues. Bandeau rouge. Agression. Nous sommes le jeudi 16 octobre, lendemain du match France-Tunisie, lendemain de sifflets, et « France-Soir » titre : « Polémique sur La Marseillaise : la France s’indigne. L’hymne à la honte. »

Tu relis. « L’hymne à la honte. » Ça t’évoque un truc, bien sûr. Tu n’es pas con. L’hymne à l’amour ? L’hymne à la joie ? Oui, c’est ça. L’hymne à la joie. Tant il est vrai qu’à France-Soir, ce genre de tempêtes médiatico-démago, ça doit les mettre en joie. C’est ce que tu te dis. Mais tu n’as pas tout lu. Tu es même loin du compte.

Tu te poses. Déplies le journal – appellation générique – avec prudence. Tu n’es pas accoutumé. Tu trembles un peu, vaguement nauséeux. Un visage connu, là, page 2, sous la mention « Editorial ». Le type se tient de profil, les joues pleines de certitudes, sourire millimétré, œil plissé. C’est Gérard Carreyrou. Ce bon vieux Gérard. Ancien ponte de TF1, journaliste-roi de l’investigation : tiens, pour te situer, Gégé fit un temps équipe avec Charles Villeneuve aux commandes de l’inoubliable magazine fleuron de la première chaîne, « Le Droit de savoir ».1 Ça situe l’oiseau.

Le pire n’est jamais sûr ?

Au contraire : dès lors, tu t’attends à tout. Tandis que tu attaques l’édito…

Titre : « La honte ».

Ça part fort.

Au reste, Carreyrou ne déçoit pas. Prêtant, tout angélique2, au football quelques vertus de pacotille, prononçant, la bouche en cœur, mais la bave déjà coincée au coin des lèvres, de tendres phrases au prétexte que France-Tunisie symbolisait « la fête de l’amitié entre deux peuples qui ont tellement en commun, ne serait-ce que parce que des centaines de milliers de Tunisiens vivent en France et que leurs enfants sont des citoyens à part entière3 », le gars Carreyrou amorce mollement la pompe. Rusé, Gégé. Un vieux de la vieille. Un vieux de la vielle même, tant sa petite musique n’a vocation qu’à endormir le chaland pour mieux lui coller ensuite l’instrument dans les gencives. Pile où ça fait mal.

Du travail de pro.

D’ailleurs, lis-tu, « la fête de l’amitié s’est transformée en festival de la honte lorsque notre hymne national, La Marseillaise4, a été sifflé ».

« Festival de la honte »… Dans le même journal, page 3, l’ancien ministre de l’Intérieur5 François Barouin, mêmement indigné par cette « insulte à la nation », préconise que l’on recourt à « un travail méthodique de fourmi, avec des caméras de vidéosurveillance, pour identifier les auteurs des sifflets et les interdire de stade. » D’une bêtise confondante, mais au moins cette verte saillie t’a-t-elle renseigné sur un point : François Barouin est toujours de ce monde.

Carreyrou aussi, qui peut désormais cracher sa morgue.

Et te murmure au creux du tympan, dans un souffle rauque prêt à te raidir la nuque : « Ce qui est grave et inacceptable dans la France de 2008, c’est que des gens qui vivent chez nous, qui ont notre nationalité, qui profitent comme tout un chacun d’un des systèmes sociaux les plus protecteurs du monde, osent siffler La Marseillaise et cracher sur le drapeau. »6

Moralité signée Gégé : « C’est grave et inacceptable7 que dans notre pays, certains se comportent ainsi, et il y a une solution rapide et efficace : s’ils n’aiment pas la France, qu’ils s’en aillent, s’ils ne se sentent pas bien en France, qu’ils s’en aillent ».

Ça ne vous rappelle rien ?

Que de bons souvenirs, pas vrai ?

Souvenir d’une campagne reculée, au temps où tout était possible.

Souvenir de fières croisades menées, batte au vent, avec l’énergie des plus nobles convictions.

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Quant à l’expression « solution rapide et efficace » savamment infiltrée… Non, là : nulle illustration. Ce serait indécent.

N’est-ce pas ?

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Bonus-track : la vieillesse est un naufrage, acte 2

Dans un registre différent…

Tandis qu’un impétueux pousse-micro de France 2 le sondait sur les sifflets du Stade de France, le toujours vert Jean-Claude Hamel, ci-devant président du club d’Auxerre, ne s’en est pas laissé conter, jouant de la cravate pour asséner son émotion.

Ça donne ça.

Qu’il soit pardonné à Jean-Claude Hamel pour cette montée de testostérone : de même que pour Carreyrou, cette histoire de sifflets lui avait sérieusement échauffé les oreilles. Rien que de très normal.



1 Pour un pedigree plus complet, se reporter à l’article publié par Pierre Carles.

2 Mais c’est bien connu, la marquise dérange.

3 Combien il a dû lui en coûter, notez.

4 Notez, encore, le souci didactique du propos.

5 Si, si, vous pouvez vérifier.

6 Relevons au passage la force d’un scoop dont « France-Soir » a l’entière propriété ; en vérité, l’affaire des sifflets en camouflait une autre : l’affaire des crachats.

7 Figure de style impeccable : le doublon-enfonçage de clou, enseigné dans toutes les écoles de journalistes. C’est un métier, coco.


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