ARTICLE11
 
 

lundi 22 novembre 2010

Entretiens

posté à 15h57, par Viviane et ZeroS
18 commentaires

De la nécessité du Livre... et des Libraires - Escale à Sarrant
JPEG - 35.3 ko

Il en est des librairies comme des maisons d’édition : si certaines ont pris le pli de l’uniformisation et du désengagement culturel, d’autres résistent en refusant la dictature du livre-marchandise. La librairie-tartinerie de Sarrant, village du Gers, a clairement choisi cette deuxième voie. Rencontre avec Didier Bardy, co-créateur (avec sa compagne) du lieu et libraire engagé.

Pour une fois, TF1, France 3 Sud et France Inter nous ont précédés. Une librairie ouverte à la campagne, dans un village amène, bastide hantée par quelques trois cents âmes, suscite la curiosité1 ; malheureusement l’intérêt porte davantage sur la dimension exotique d’une ruralité fantasmée plutôt que sur les engagements éditoriaux et politiques des libraires. Qu’importe, la tyrannie du format court et la dépolitisation de toutes les formes de résistance ne feront pas oublier que – par exemple - la meilleure vente de l’été 2006 fut le n° 34 de la revue Agone, intitulé sobrement « Domestiquer les masses »2. Peut-être est-ce la preuve que les choix des libraires sont parfois décisifs ? Et que le succès de Marc Lévy, Dan Brown et autre Ken Follett n’est pas la récompense d’un quelconque talent d’écriture, mais bien d’une stratégie marketing agressive des grandes maisons d’édition et de leurs distributeurs envers les libraires, afin d’exposer aux yeux de tous les mêmes gâteries sucrées en vitrine. Jusqu’à l’overdose.

JPEG - 131.1 ko
3

En milieu rural, dans le Gers, la librairie de Sarrant, comme d’autres ailleurs, résiste à la morosité ambiante depuis plus de dix ans. Elle est même dans une forme étincelante qui pourrait rendre jaloux certains libraires - parfois plus complaisants - des grandes métropoles. Les ingrédients de la réussite se situent peut-être dans la capacité à s’ouvrir à une multitude d’animations menant aux livres, et de penser la rencontre et le partage avant la consommation. Évidemment, essayer de réaliser une « utopie concrète  »4 et de sortir du Ciel des Idées5 ramène à la vie terrestre, aux impératifs économiques, aux nécessités de gestion – bassement matérielles – et même à la situation politique locale.

Fervents lecteurs du pédagogue et philosophe militant brésilien Paolo Freire, le couple de libraires de Sarrant, fort d’un fonds d’une dizaine de milliers d’ouvrages, collabore régulièrement avec de nombreux éditeurs indépendants6. Par soucis de taxinomie curieuse7, permettez-nous de citer au moins ceux qui ont déjà participé au Mois de l’éditeur : Agone, Les Allusifs, Anarchasis, Archange Minotaure, Atelier IN8, La Bibliothèque, Cairn, Chronique Sociale, Jacqueline Chambon, Chandeigne, Cheyne, érès, l’Escampette, Finitude, La Fosse aux ours, Léopold Mayer, Passage du Nord-Ouest, Plume de Carotte et Zulma. D’autres maisons sont souvent à l’honneur sur les étagères telles que Allia, La Fabrique, Les prairies ordinaires, Le Temps des Cerises, Tristram, etc. Alors, si les chances sont ténues de trouver les quatre tomes de Novembre 1918, une révolution allemande d’Alfred Döblin chez Gibert Jeune à Paris, sachez qu’ils sont à Sarrant...

En ces temps de contestation de l’Ancien Régime, la fatalité n’existe pas. Seule la lutte paie. En plein orage estival, lors d’une coupure d’électricité matinale, la parole est à Didier Bardy pour un éloge de la pluri-activité.

JPEG - 68.1 ko

Création d’une librairie

Auparavant, Catherine faisait de l’accompagnement de projet et je travaillais dans le développement local. Au départ, l’aventure devait être collective, puis nous nous sommes retrouvés assez rapidement à deux... Mon rêve était d’ouvrir une librairie et le sien de créer un lieu de rencontres : nous avons croisé les deux. La tartinerie8 est le lieu de rencontre qui permet aux gens de se poser et de prendre du temps pour aller vers les livres.

Pour se lancer, il faut trouver un lieu, mais il est aussi nécessaire de connaître le milieu du livre. Nous l’avons découvert en nous documentant, en rencontrant des gens (libraires, représentants, etc.) et en lisant. Dans nos métiers précédents, nous avions déjà accompagné la création de projets : d’une fromagerie dans le Larzac à des projets de zones d’activités dans des communes, en passant par la mise en place de festivals et la création de lieux de groupements d’employeurs. Pour initier un projet, il faut analyser le contexte ; par conséquent, ici, le territoire et le milieu du livre (les diffuseurs importants, les livres qu’on veut vendre, etc.). Il faut se poser la question : «  Comment travailler avec ces gens-là ?  »

Le choix du lieu

Nous habitions à un quart d’heure de Sarrant, et nous ne pouvions pas lancer cette librairie chez nous. Nous avons alors fait le tour des villages potentiels, puis nous sommes tombés sur Sarrant, un petit village nous permettant de n’ouvrir que le week-end et les vacances scolaires. Les bourgs-centres étaient exclus.

JPEG - 111.6 ko
9

Projet territorial & subventions

Nous avons investi avec nos propres deniers, et nous avons aussi reçu, à l’époque, une subvention du Conseil régional de Midi-Pyrénées de 100 000 francs pour la rénovation du bâtiment. Nous avons emprunté à titre personnel pour l’acheter et faire les travaux. Ce n’était pas lié à la rentabilité du projet, parce qu’il n’y en avait pas. La DRAC ne nous a pas aidé, mais le Conseil général du Gers l’a fait un tout petit peu, une année après le lancement.
Au final, l’aide de la Région était liée à la dimension territoriale du projet, et elle représentait un peu moins de 30% du coût total.

Statut(s)

Après cinq ans sous le statut associatif, la librairie est devenue une SARL10. Nous avons conservé l’association pour les animations.
En cas de problème, le statut de SARL nous protège mieux. Si nous étions restés sous forme associative et que celle-ci s’arrêtait, le capital investi partait dans des associations au même objet, alors qu’avec la SARL nous pourrons toujours récupérer le capital initial.
Nous portons l’association avec une trentaine de bénévoles11 mais - physiquement et intellectuellement - Catherine et moi sommes les plus impliqués.

JPEG - 87.2 ko
12

Librairie indépendante

Un libraire indépendant est quelqu’un qui fait des choix éditoriaux. C’est ce que je disais encore à la personne qui est venue avant vous13. Ici, l’économique est au service du projet - et non l’inverse. Nous choisissons donc minutieusement les livres. Et nous essayons d’être les plus cohérents possibles ; ce n’est pas parce que les derniers bouquins de Marc Lévy marchent que nous les vendons !

Livres d’office et métier de libraire

Les offices, ça veut dire que vous avez un contrat avec un diffuseur-distributeur et que vous recevez d’office, toutes les semaines ou tous les quinze jours, des livres qu’on a choisi pour vous. Nous les refusons toujours ; en conséquence, la remise14 est plus faible et les conditions plus difficiles.
De toute façon, les offices entraînent un trop-plein d’arrivée de livres ; et les livres on les paie avant de pouvoir les rendre... Le libraire a d’ailleurs l’obligation de garder un office : on ne peut pas le rendre avant deux mois.
Deux à trois fois par an, il nous arrive aussi des « offices sauvages », c’est-à-dire des offices que nous n’avons pas souhaité.

Un libraire n’a pas beaucoup de relations avec les autres libraires, c’est un milieu assez fermé. Mais je sais que de plus en plus de libraires sortent du système des offices, ou alors ils reçoivent des offices par des distributeurs regroupant plusieurs éditeurs comme le Comptoir du Livre15 en Midi-Pyrénées – par lequel passent de nombreux éditeurs indépendants toulousains.

Il existe un syndicat du livre, le Syndicat de la librairie française, mais nous n’en sommes pas membres. Aujourd’hui, il y a de gros débats, qui nous dépassent, sur le livre numérique16 et sur les conventions collectives.

JPEG - 100 ko
17

Coût du livre en zone rurale

Les livres nous parviennent moins vite qu’à Toulouse. Et ça nous coûte aussi plus cher : il y a les distributeurs puis le transporteur, l’acheminement est plus long. De ce côté, ça nous revient finalement trois ou quatre fois plus cher que pour une librairie toulousaine, soit environ 700 euros par mois.

On paie les livres trente à soixante jours après les avoir reçus - et parfois plus tard pour des opérations commerciales spéciales. Au début, nous avons commencé avec des remises de merde, de 20 %... c’est-à-dire que nous devions rendre 80 % du prix du livre. La remise a ensuite grimpé avec l’augmentation des volumes de livres vendus.
En fait, la faible remise du début sert à parer au risque. Mais il y a pire : nous accompagnons actuellement un projet dans l’Ardèche18 : ils leur ont demandé un paiement avant l’achat !

Par exemple, avec Hachette, on commence souvent avec des remises à 25 % payables en 30 jours ; pour pouvoir bénéficier d’un délai de paiement de 60 jours, il faut réaliser un chiffre d’affaire de 60 000 euros...
Avec de telles contraintes, nous avons dû, les deux premières années, continuer à travailler à temps plein ; puis Catherine a commencé à diminuer son temps de travail et moi à sa suite, progressivement. Pendant deux ans, nous n’avons pas tiré de revenus de la librairie. Si nous avions voulu des salaires immédiatement, la librairie n’existerait plus.

Malgré tout, l’engagement et le travail de terrain paient. En 2000-2001, la vente des livres à la librairie représentait 65 % du chiffre d’affaires et la tartinerie 35 %. Aujourd’hui, les livres représentent 80 % de notre chiffre d’affaires, soit une hausse en valeur absolue et relative.
Nous sortons des livres de la librairie une fois par semaine en moyenne pour nous rendre à des colloques, à des rencontres associatives et alternatives, etc. C’est avant tout un engagement et une occasion de rencontrer du monde, même si cela a a aussi souvent un effet boule-de-neige.

Auteurs, éditeurs & Co.

Nous organisons des animations pratiquement toutes les semaines : en dix ans, il s’en est tenu environ 350. Nous recevons des auteurs, des éditeurs et organisons des soirées thématiques. Récemment, par exemple, nous avons animé une soirée sur la réforme des collectivités territoriales ; voici quinze jours, une autre sur le nucléaire et la démocratie, avec un film sur la manière dont les gens appréhendent la question ; ou encore, lors de la célébration de nos dix ans d’existence, un atelier sur la circulaire « Fillon » du 18 janvier 201019.

Nous organisons aussi le mois de l’éditeur, durant lequel nous mettons en avant une maison précise ; la première avec qui nous l’avons fait a été Agone, en 2004. Lors de cette période, les livres de cet éditeur sont en bonne position dans la librairie, et l’un des membres de la maison nous rend visite, en compagnie d’un ou plusieurs auteurs.
L’idée est de mettre en valeur le fond éditorial ; cela débouche parfois aussi sur des collaborations régulières. De cette façon, l’éditeur est connu à la librairie, les gens se réfèrent ensuite à lui.

Public(s)

Le public vient de partout, dans un périmètre de 50 kilomètres. Pas plus, puisqu’il faut rentrer le soir... Les gens sont inscrits à notre newsletter régulière et la presse locale fait parfois écho aux événements.

« Il s’agit d’éduquer/de s’éduquer 20 »

Nous sommes en outre partenaires de projets menés au niveau de l’école, et de nombreuses autres initiatives, notamment des colloques un peu partout en France sur le développement local - nous intervenons alors avec un choix de livres adaptés aux thèmes.
Nous collaborons aussi au prix littéraire Tatoulu ; c’est à partir de celui-ci qu’on travaille avec les écoles de Midi-Pyrénées. Le principe est d’ouvrir un débat sur le thème d’un livre lu, ce qui permet de se poser des questions sur des éléments de la vie, sur le racisme, etc. Les romans et les albums jeunesses sont ainsi un support éducatif, et l’élève se retrouve dans une situation de débat et de confrontation d’idées.

JPEG - 111.8 ko
21

Le développement local, cadre de pensée et d’action

Ce n’est pas facile, mais nous essayons d’inscrire la librairie dans une démarche de développement local. À mon sens, ça signifie créer du lien entre les différents secteurs : économie, social et culturel. En somme, avoir une approche systémique d’un territoire.
Quand cette approche n’est pas présente au départ, il faut trouver des liens, via différentes entrées, et générer des relations au sein du territoire pour qu’une commune soit intégrée à échelle intercommunale. Je suis président du Conseil de développement du Pays22. Nous ne sommes pas nombreux à y participer, parce que celui-ci n’a pas d’argent et que nous ne sommes pas là pour porter des projets nous-mêmes. Nous sommes là pour avoir des idées, après il faut trouver le porteur.

Initialement, la librairie n’a pas été portée par le Contrat de terroir23. Ce dernier ou la commune n’ont jamais dit : « On va développer la culture autour du livre en favorisant l’installation de librairies. » C’est une initiative privée, ensuite intégrée. Nous sommes partis de l’initiative pour aller vers le projet de développement.

Au prisme d’un exemple concret

Il faut faire le lien entre les initiatives, mais un développement local idéal voudrait qu’à partir d’analyses territoriales et de l’analyse des compétences, on dise : « Nous, on opte pour des circuits courts24 ! » Il existe deux approches sur ce point.
La première – celle en vigueur dans notre Pays –, n’est pas celle qui a ma préférence : on a rédigé une Charte proclamant qu’on souhaite des circuits courts. Cela veut dire qu’on peut ensuite dégager des lignes budgétaires qui vont remonter sur les circuits courts, comme on déclarerait : « On pourrait développer des librairies. »
La seconde solution consiste à affirmer : « Les circuits courts sont indispensables à l’économie locale, aux cantines du coin, pour recréer du lien, etc. Par conséquent, on met en place une politique de création de circuits courts en installant des agriculteurs, en dégageant du foncier, etc.  » Il s’agit là de mettre en place une politique publique locale. Dans l’absolu, le développement local devrait traiter le territoire dans sa globalité et ne pas être une compilation de projets de communes. Mais a contrario, le Pays et le « marketing territorial » peuvent devenir des pompes à fric, de l’ingénierie financière, de territoire et de projet.

En théorie, le développement local n’est pas libéral ; mais dans la pratique, oui. Pour revenir aux circuits courts, au Pays d’Aubagne où a été mise en place une vraie politique publique, c’est le Pays qui a porté le projet et a créé vingt-deux Amap. Ici, nous mettons en place un cadre général où on peut faire tout et son contraire, et nous attendons ensuite que les projets remontent pour « faire plaisir » au territoire. C’est dommage.

JPEG - 176.4 ko
25

Contrition et articulation des projets

L’État, la Région et le Département ont des exigences : par exemple, il existe aujourd’hui des bonus si on prend en compte les handicapés, l’environnement, etc. Financer des projets est ainsi une façon pour la Région de les influencer en ayant des exigences spécifiques ; les projets peuvent donc être instrumentalisés par les institutions publiques.
Lors du projet de rencontre pour les dix ans de la librairie, le colloque26 était gratuit, le livre édité pour l’occasion l’a été jusqu’au jour-anniversaire. Cela a induit notre façon de monter le projet ; c’est une façon d’instrumentaliser, mais il en existe d’autres.

Récemment, une « Ferme de la culture » a été inaugurée dans un village voisin. À l’origine, le maire voulait seulement une salle des fêtes pour le village, cependant Région et Département ne finançaient pas de salles des fêtes... contrairement à un centre culturel. C’est d’autant plus incohérent que ladite ferme n’a pas été pensée pour s’articuler avec le reste des équipements du territoire.

Continuer à changer le cadre

Avec la librairie, nous sommes engagés au niveau du territoire pour le transformer. En Bretagne ou au Pays Basque, les Pays fonctionnent mieux car des politiques publiques ont été mises en place. Ce sont des territoires où ils ont été obligés d’agir voici vingt ou trente ans ; ici, nous avons commencé à nous remuer sur le sujet il y a dix ans, lors de la mise en place des politiques territoriales. Là-bas, le mouvement est ascendant ; dans des territoires comme le nôtre, il est descendant : la politique mise en place a fait que les territoires ont pensé «  si on ne se met pas en Pays, on n’aura pas de fric ».

Nous pouvons changer le sens du vent en mobilisant la population, en faisant travailler les gens différemment, et en faisant comprendre aux élus que le Pays27 se construit avec et pour les gens !

JPEG - 82.4 ko
28


1 Particulièrement celle de Jean-Pierre Pernaut...

2 Sorti en octobre 2005, aussi disponible en lyber par ici. Personnellement, conservateur, je préfère le contact du papier.

3 Bastide & librairie par Thierry Dedieu, illustrateur.

4 Formule empruntée à l’ouvrage auto-édité à l’occasion des dix ans de la librairie : Sylvain Allemand, Didier Bardy, Catherine Mijana, De la nécessité du livre... et des libraires, 2010, et préfacé entre autres par Thierry Discepolo des éditions Agone.

5 Peut-être ce qu’essaie de faire Article 11 en se matérialisant.

6 Ceux qui ne s’intéressent qu’au Ciel des Idées rétorqueront : «  Oui, mais La Découverte sort aussi d’excellents ouvrages.  » Je suis d’accord, et ils sont présents à Sarrant. Mais rappelons-nous les réflexions de Slavoj Zizec : l’idéologie se traduit aussi en actes. Il ne faut pas oublier les conditions de production matérielle des idées !

7 Très honnêtement, je n’en connais pas le quart.

8 Techniquement, la tartinerie permet de faire de la « préparation » et non de la « cuisine », ce qui facilite la gestion de la partie restauration. La préparation n’est que de l’assemblage de produits finis. Pour les libraires de Sarrant, tout réside dans le choix des produits : issus de l’agriculture biologique locale.

9 Extérieur de la librairie.

10 Société à responsabilités limitées.

11 Fêté au début du mois de juillet 2010, avec l’implication d’un collectif de 38 personnes pour 250 à 300 participants à la manifestation (non négligeable à l’échelle locale).

12 Livre des 10 ans.

13 L’entretien a été réalisé suite au passage d’un représentant d’une boîte organisée en système pyramidal, a priori interdit en France. Didier Bardy était particulièrement remonté.

14 a remise est la part du prix du livre qui revient au libraire.

15 Distributeur « indépendant » en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

16 La librairie de Sarrant avait à disposition l’excellent canard du collectif Livres de papier - journal des réfractaires à l’ordre numérique – dont il sera question lors d’un entretien à venir sur A11.

17 Littérature anglo-saxonne.

18 Création d’une librairie dans une coopérative de production de laine, située dans un village de 500 habitants. Cette coopérative a refusé des marchés en Europe et au Japon considérant que pour qu’une « entreprise » conserve une dimension humaine, il faut savoir ne pas dépasser la taille critique.

19 Application de la directive européenne « Services » qui entérine une marchandisation accrue du secteur associatif.

20 p. 23, De la nécessité du livre et des libraires.

21 Sarrant kézako ? Bulles de Davide Cali, illustrateur-enfant génois.

22 Les Pays sont des regroupements de communautés de communes. Les premiers ont été expérimentés en Bretagne de manière autonome, et sont nés dans un terreau local militant. Avec les lois Pasqua (1995) et Voynet (1997) sur la décentralisation, les tentatives de généralisation par le haut à l’ensemble du territoire national ont connu un succès tout relatif en fonction des territoires. Les fonctionnements des Pays sont différents selon les territoires ; en fonction des thèmes, les commissions sont censées regrouper, à titre consultatif, de multiples acteurs : associations, entreprises, élus, voire citoyens lambda.

23 Cadre d’aménagement du territoire en zone rurale qui existait avant la création des Pays.

24 Il s’agit évidemment des circuits courts agricoles. Il faut savoir que des entreprises comme Sodexo, peuvent invoquer le principe de « concurrence libre et non faussée », lorsque des municipalités souhaitent passer par des producteurs locaux. Distorsion de concurrence s’il n’y a pas d’appels d’offre...

25 Im Gegenteil, collage de Dominique Piveteau, artiste/prix Tatoulu

26 Colloque « Culture, tourisme et territoire » qui s’est tenu à Sarrant les 1er et 2 juillet 2010.

27 Le rapport « Balladur » (mars 2009) sur la réforme des collectivités territoriales remet en cause l’existence des Pays.

28 Livre Tout est politique de Claude Baillargeon.


COMMENTAIRES

 


  • lundi 22 novembre 2010 à 18h41, par HUBERT

    C’est bien gentil tout celà,mais quand je vais dans une librairie c’est pour acheter des livres et dans votre article vous n’abordez pas le mot qui fâche,tabou le PRIX...

    Je viens,justement d’acheter chez AGONE 2 livres 18€ et 24€ à quel prix je les aurais eu à Sarran ?

    Il y a aussi le village des livres à MONTOLIEU prés de Toulouse.

    A TOULOUSE,il y avait Terra-Nova(librairie) pour un coup de fourchette,mais malheureusement depuis avril c’est fini.

    Je ne connaissais pas cette librairie à Sarran et j’irai faire une balade,décidement le Gers réserve de belles surprises(Jazz in MARCIAC,pinard,magret etc...)

    • lundi 22 novembre 2010 à 19h47, par Cortez

      Heuuuu le prix unique du Livre ça existe (encore) en France....

      Super article, j’ai moi même fait un DUT pour bosser en librairie, mais la situation du marché fait que je suis depuis 5 ans larbin dans une grande chaine qui vend des bouquins comme des kilos de choucroute. Et oser se lancer.......

      • lundi 22 novembre 2010 à 20h13, par HUBERT

        « Heuuuu le prix unique du Livre ça existe (encore) en France.... »

        Oui et non,j’ai 5% et l’envoi gratuit dans certaines librairies(FNAC,moutons électriques etc...je sais la FNAC ça tue les petites librairies),pourquoi j’irai faire 50 bornes en voiture pour acheter 1 livre.
        Il y a aussi la bibliothèque de mon village:1€ le livre.

        • mardi 23 novembre 2010 à 01h59, par Cantonese

          @Hubert,
          SVP ne mélangez pas l’acquisition et le prêt de livre.

          Un petit rappel à caractère informatif :
           × Le prix du livre est unique et ce partout en France quelque soit le distributeur (librairie indépendante, grande surface culturelle, super/hyper marché) puisque c’est l’éditeur, ou l’importateur, qui le fixe (Loi de 1981).
           × Une fois le prix public fixé, l’éditeur consent ensuite une remise à ses distributeurs (les libraires) et bien entendu, le taux de remise variera fortement selon que vous vous appelez M. PetitPion (autour de 30%) ou Mme GrandeSurface (autour de 40%)...
           × Le rabais unique qui peut être consenti par le libraire à son client est de 5%. Pas plus, pas moins. C’est ce que font la plupart des libraires (sauf parfois les petits libraires qui, ne bénéficiant pas des mêmes taux de remises éditeur que les gros, ont du mal à amputer leur marge de 5% supplémentaire)
           × A ce jour, en proposant des frais d’envoi gratuits, les plus gros (Amazon, Fnac,...) ajoutent un « rabais » que les petites librairies ne peuvent pas supporter économiquement. Ne le dites pas trop fort mais c’est le cas aussi pour les plus gros à terme (Seulement, Amazon a lancé le mouvement pour gagner des parts de marché et les moutons de panurge qui ont suivi sont bien embêtés).

          En résumé, OUI, vous payez votre livre le même prix chez vous ou à 50km.
          Si vous le recevez gratuitement dans votre boîte aux lettres, c’est parce qu’un agent économique a décidé de subventionner son accès au marché et de vous « acquérir », vous client, à ce prix, pas parce qu’on veut que vous le payiez moins cher. Attendez un peu que le dit agent économique soit en position de force et vous verrez si les frais de port seront encore gratuits.

          Enfin, si vous faites 50km c’est parce que vous êtes un animal social, qui ne restez pas derrière votre écran et qui avez besoin de rencontrer des gens (dans ce cas les libraires) qui vont vous parler de leurs livres, vous faire découvrir des auteurs, des maisons d’éditions et au final vous ressortirez heureux d’avoir échangé, discuté, appris... bref d’avoir été en « humanité ».

          Croyez-bien que c’est le dernier bien précieux que vous ne voulez pas perdre...

          • mardi 23 novembre 2010 à 06h26, par HUBERT

            Vous prêchez un con verti...

          • mardi 23 novembre 2010 à 09h25, par ZeroS

            Sur la question de la hausse des volumes de production et de vente, la quantité au détriment de la qualité, vous pouvez lire les trois ouvrages d’André Schiffrin publié à La Fabrique, notamment lorsqu’il parle du panorama américain où le prix des livres est dérégulé (en conséquence, régulé par les plus gros). Sinon, l’ouvrage de Lindsay Waters, L’éclipse du savoir, publié chez Allia aborde la question de la hausse de la production en quantité et de la dérive gestionnaire des presses universitaires américaines, phénomène qui nuit à la qualité des livres en terme de contenu et multiplie les revues jamais lues.

    • mardi 23 novembre 2010 à 11h08, par un-e anonyme

      Vous êtes sûr que Terra Nova c’est fini ? À ma connaissance, le lieu existe toujours.



  • lundi 22 novembre 2010 à 20h10, par Agnès Maillard

    La prochaine que vous venez sur mon territoire, les gars, pensez à me passer un petit coup de fil qu’on se fasse une bouffe ;-=

    Voir en ligne : Le Monolecte

    • lundi 22 novembre 2010 à 20h22, par HUBERT

      Avec du Saint-Mont(32400) rouge ?

    • lundi 22 novembre 2010 à 21h14, par ZeroS

      J’y suis le 1er décembre mais en coup de vent. On va essayer de monter le A11 bookshops & more wine tour au printemps prochain. C’est dit, c’est fait.

      • mercredi 24 novembre 2010 à 12h00, par un-e anonyme

        voilà un article bien emballé comme de la mousse de canard.

        mais ce que je vois, c’est surtout que les maires des petites communes sont ravis des structures intercommunales, où leur interlocuteur direct n’est pas le peuple de la commune ;
        le huis-clos rêvé.

        les maires des petites communes préfèrent en général se limiter à une autre image du peuple à l’échelle communale :
         × le peuple pisse dans les rues quand c’est pas ses crottes de chien
         × le peuple arrache les fleurs des pots de fleurs

        ceci dit, je ne vous prends tout à fait pour de doux rêveurs pour autant.



  • jeudi 25 novembre 2010 à 12h17, par mathieu.k

    Article qui ouvre sur pas mal de perspectives dans d’autres domaines... Il y aurait tant à dire sur l’ancrage du cinéma dans les « territoires », du tournage à la diffusion. Et sur la quantité d’argent en jeu dans l’octroi des subventions d’aides au tournage en région. Peut-être un article un jour. En tout cas merci zeroS pour ce joli moment de ruralité pas que rurale.

  • Répondre à cet article