ARTICLE11
 
 

mardi 3 novembre 2009

Le Cri du Gonze

posté à 11h54, par Lémi
8 commentaires

« Mujeres Creando » : ce féminisme qui dynamite
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Je suis un crétin : alors que j’ai passé deux mois en Bolivie, je n’ai découvert l’existence de Mujeres Creando, collectif anarcha-féministe rentre-dedans, qu’à mon retour. Circonstance aggravante : je n’ai jamais trouvé le temps d’assister à la projection parisienne d’un de leurs films. Un crétin, te dis-je… Ceci dit, ça ne m’empêche pas de te parler de leur travail. La preuve...

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« Je ne suis pas une mariée plantée sur l’autel. Je suis une enfant au cœur mutilé. On m’a brûlé les sentiments avec de l’acide, avec de l’eau bouillante, avec du venin. Je ne suis une fiancée plantée sur aucun autel. Je hais les hommes, peut-être qu’à cause de cette haine, les jolies choses qui sont en moi ne se réveillent jamais, peut-être. Mais écoutez-moi, je dois les haïr pour survivre dans la rue. Je dois me méfier d’eux. Leur mentir du regard, leur démontrer qu’ils ne peuvent s’approcher. Je hais les hommes et la haine que je ressens me protège, pour qu’aucun ne m’exploite, pour qu’aucun ne me touche. J’ai mes raisons que je ne vais pas vous expliquer. J’ai mes raisons que personne ne comprendra. Je ne suis pas heureuse, c’est sûr, parce que la haine ne me laisse pas être heureuse. Je ne suis pas libre non plus parce que la haine ne me laisse pas libre. Mais je ne rencontre pas d’autres façons de les arrêter, je ne trouve pas d’autres formes pour me lier à eux, et qu’ils ne m’embêtent pas. Je ne trouve pas d’autres formes pour répondre à la vie. »

Image et texte extraits de « Mama no me lo dijo », documentaire du collectif Mujeres Creando1.

Ça remonte à un moment, pas loin d’un an, et pourtant je me rappelle encore très bien de cette discussion, presque mot pour mot. C’était une femme d’une quarantaine d’années, rencontrée par hasard lors d’un bal de campagne bolivien. Elle était en habits traditionnels, sur son trente-et-un folklorique, et se montrait d’une patience angélique vis-à-vis de mes piètres capacités en espingouin. Faut dire que ça l’intéressait bigrement de comprendre ce qu’un Français aviné pouvait bien fiche dans la cambrousse des environs de Tajira, au Sud-Est de la Bolivie, à s’ingénier (en pure perte) à reproduire une danse folklorique tarabiscotée. On a parlé un moment, en se partageant une bouteille de vin.

J’étais un peu bourré ce soir-là, comme tout le monde. C’était pendant le carnaval et, dans cette région comme dans toute la Bolivie, le carnaval est l’occasion d’ un mois de fête éminemment éthylisée2. Chaque soir ou presque, il y avait un nouveau bal dans les environs, animé par un orchestre du coin et par des troupes de danse folklorique. Des armées de danseurs bourrés envahissaient chaque bal de campagne, souvent Indigènes mais pas que. Ce soir-là, ils étaient venus en force, anticipant le clou des festivités : le lendemain devait se tenir dans le centre-ville de Tajira la fête des Comadres, célébration censément réservée aux femmes et à leurs élus (Compadres) mais qui ne tarderait pas - comme à chaque fois - à s’étendre à toute la ville et à ses habitants. J’en parlais à cette femme, me réjouissant d’avance de la chose, mais elle semblait un peu blasée. Et puis, sans prévenir, elle m’a rétorqué :

Tu sais, il y a quelque chose qu’il faut savoir. Ici, les jeunes n’ont aucune éducation sexuelle, c’est un peu tabou d’en parler sérieusement, à part entre mecs mais là ils paradent dans le vide. Alors, pendant le carnaval, et spécialement demain pour la fête des comadres, les femmes et les filles vont se lâcher, boire comme des trous, les mecs vont en profiter pour draguer, il y a plein de couples qui vont faire la chose dans les fourrés ou contre un arbre, la plupart du temps sans capotes. Et dans neuf mois, il va y avoir l’habituel pic des naissances. Ça ne rate jamais. Et personne n’avorte ici, c’est interdit. Pour la plupart de ces filles ce sera dramatique, car le mec avec qui ça s’est passé refusera généralement de reconnaître le gosse. Être fille mère ici, c’est très difficile à assumer.

Sur sa lancée, elle avait continué à me parler de la situation des femmes boliviennes, s’attardant sur les caractéristiques d’une société éminemment macho et patriarcale, me fournissant des chiffres hallucinants en matière de violence conjugale. Mon enthousiasme d’occidental ravi de la crèche bolivienne avait légèrement flanché. Et puis, plus tard, toujours à Tajira, on3 avait rencontré Anna, mère d’une famille de trois gosses. Son mari était plutôt sympa, ses gosses étaient des merveilles. Ils (sur)vivaient avec une paie chétive pour tout le monde, accueillant également les enfants de la sœur d’Anna dans leur maison en tôle, mais ils ne se plaignaient pas, nous invitaient presque tous les jours. On amenait du poulet et du vin, les enfants piaillaient en se moquant de mon accent de gringo et on faisait la fête toute la nuit. Un soir, au détour d’une conversation, alors qu’il n’était pas là, Anna nous avait confié que son compagnon, qui semblait si sympathique, la battait parfois quand il rentrait bourré d’une soirée avec ses potes. Elle le disait presque d’un ton anodin, résigné. Devant nos airs consternés, elle avait ajouté que, de toute manière, son ancien compagnon la battait aussi, c’était banal par ici. Blam.

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J’ai par la suite souvent entendu ce genre de discours, dans la bouche de Boliviens et de Boliviennes. Évidemment, je ne me propose pas ici d’entrer dans le pourquoi de cette situation. La société bolivienne5, si elle en train de se transformer, reste une société profondément machiste et salement intolérante quand aux formes de sexualité non hétérosexuelles. C’est un fait. Les femmes indigènes, les prostituées, les gays, les lesbiennes, les filles mères, les femmes mariées, etc. sont tous confrontés aux pesanteurs d’une société bourrelée de tabous. La télé, les journaux, les discours ambiants, dans l’attitude des jeunes boliviens, reflètent tous ça. L’arrivée au pouvoir de Morales, si elle a été signe d’espoir à ce niveau (après tout, la nomination de femmes à quelques postes clés, comme Silvia Lazarte à la tête de l’Assemblée Constituante, était facteur d’espoir), n’a pas fondamentalement changé la situation. Il n’a pas dépénalisé l’avortement ni pris de mesures en faveur des minorités sexuelles (à ma connaissance, en tout cas). Dans ces conditions, l’existence de Mujeres Creando, collectif activiste basé à La Paz qui se qualifie lui même d’anarcha-féministe n’en est que plus salutaire.

« Il est temps de passer de la nausée au vomissement. »

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Graffiti signé Mujeres Creando. Traduction : « Si Evo avait un utérus, l’avortement serait dépénalisé et nationalisé. »

Mujeres Creando (littéralement : «  femmes qui créent ») a été fondé en 1992 par Julieta Paredes, María Galindo et Mónica Mendoza, ainsi que par une poignée d’autres femmes déterminées. Dès ses début, l’association a accueilli dans ses rangs les rares femmes ouvertement lesbiennes du pays et a cherché à lier les revendications féministes et minoritaires à celles, moins marginales, des inégalités sociales6. Là où d’autres collectifs se focalisent sur la seule question du féminisme, ou des droits des minorités sexuelles, Mujeres Creando a une approche globale de la question, considérant qu’on ne peut lutter sur un front sans prendre les autres en question. Aux activités artistiques (graffitis, théâtre de rue, réalisation de films expérimentaux ou documentaires) ont donc rapidement répondu d’autres formes d’engagements.

Le collectif s’est fait connaître à l’étranger suite à sa participation en 2001 à l’occupation mouvementée de l’Agence de Supervision des Banques de Bolivie, en solidarité avec la Deudora, une organisation qui lutte pour désembourber les endettés. L’idée était de faire effacer des dettes illégitimes et les insurgés avaient mis les petits plats dans les grands question détermination, puisqu’ils étaient armés de dynamite et de coktails molotovs (dans cet article, Hns-info décrit ainsi comment certains hauts fonctionnaires de la banque étaient ficelés à des charges de dynamite). À cette occasion, Julieta Ojeda, membre de Mujeres Creando, expliqua pourquoi le collectif soutenait cette action7 : «  En réalité les institutions financières commettent usure et extorsion, escroquant les gens et exploitant leur ignorance, en leur faisant signer des contrats qu’ils ne comprennent pas. »

Dans cette action comme dans nombre de leurs réalisations - Mujeres Creando publie aujourd’hui une revue, Mujer Pública (Femme Publique, depuis 1995), produit une émission de radio hebdomadaire, et gère un lieu d’accueil appelé Virgen de los Deseos (Vierge des Désirs) situé à La Paz, qui offre logement, nourriture, éducation et ateliers artisanaux aux femmes de la rue - , les femmes de Mujeres Creando luttent aux côtés de plus pauvres et démunis. Comme l’explique sur cette vidéo (en espagnol) une de ces activistes, l’idée est de faire reculer les pesanteurs sociales de la société bolivienne : « Nous ne sommes pas du tout intéressées par un projet de pouvoir. Ce qui nous intéresse, c’est un projet de transformation sociale. »

Rentre-dedans, elles se sont d’abord fait connaître des habitants de La Paz par leurs graffitis provocateurs. Entre autres : « Je ne veux pas être la femme de ta vie, je veux être la femme de ma vie », « Ni dieu, ni maître, ni mari », « Notre féminisme ne recycle ni ne colmate, il supprime, il déplace, il émeut », ainsi que mon préféré, le très beau « Si Evo avait un utérus, l’avortement serait dépénalisé et nationalisé », déjà cité plus haut et qui marque leurs profondes désillusions après l’arrivée au pouvoir de Morales.

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Faisant écho à cette discussion que je citais plus haut, les activistes de Mujeres Creando militent également pour que l’éducation sexuelle se généralise en Bolivie et pour que l’avortement soit légalement reconnu8. Un de leurs livres, Sexo, placer y sexualidad, a récemment été adapté à la télévision sous le titre Creando Mujeres (en créant des femmes). Filmés directement dans la rue et traitant de thèmes largement absents des médias (homophobie, sexualités alternatives, prostitution…), ces huit épisodes ont suscité un intense débat en Bolivie. En passant, inutile de dire que la plupart de ces militantes, détestées par la police et les milieux réactionnaires, ont déjà eu l’occasion de tâter de la prison.

Ce féminisme qui dynamite

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Pour les Mujeres Creando, il n’est rien à attendre des féministes officielles (qu’elles qualifient d’ailleurs de «  technocrates du genre »), auxiliaires d’une domination qui se contente de lentement changer d’apparence. Inclassables, elles professent un radicalisme féministe à la sauce anarchiste qui se construit au jour le jour, avec l’apport de chacune des participantes, des femmes de la rue ou des foyers, comme l’explique Maria Galindo (extrait pioché, ici, sur le portail de la Fédération Anarchiste. Tu y trouveras d’autres textes intéressants) :

Notre proposition n’est pas née d’un courant féministe... nous ne sommes pas un courant de pensée… Lorsque les femmes rejoignent le mouvement, elles apportent leur vie propre, leur corps, et surtout leur biographie personnelle qui nous paraît être la base pour que chacune d’elle construise sa position idéologique. C’est à partir de l’exploration des rebellions de femmes que je parle d’un féminisme intuitif c’est-à-dire qui ne dispose d’aucun concept, d’aucun mot, ni même d’aucun référent symbolique dans une culture patriarcale.

Le refus d’adopter les postures attendues, la volonté de rester en dehors des institutions et de continuer à dynamiter à leur manière se traduit par un recours constant à une forme de provocation qui ressemble presque à du happening. Dans Acciones de Mujeres creando, documentaire diffusé par Le Peuple qui Manque, elles définissent ainsi leur action :

Nous sommes loin du geste militant, héroïque, messianique, nous, nous convoquons, à des fêtes de rue, qui sont mutineries et des mutineries qui sont fêtes de rue. Elles sont mutineries car nous ne demandons pas la permission et parce que nous ne concevons pas notre présence dans la rue comme un spectacle avec public mais un engagement, une façon de tisser des complicités insolites et interdites.

Plus proche d’Emma Goldman («  If I can’t dance I don’t want to be in your revolution ») que d’Isabelle Alonzo, les dynamiteuses de Mujeres Creando, qui ne se définissent jamais de la même manière (la dernière que j’ai lue : «  Nous sommes un mouvement d’indiennes, de putes et de lesbiennes ensemble, mélangées et fraternellement liées. ») continuent à revendiquer une approche transversale de l’action féministe. Contre le machisme, la violence et l’intolérance, mais aussi contre le néo-libéralisme, le racisme, les inégalités sociales, la stagnation culturelle… Une dernière citation, pour finir, parce que les mots utilisés par Mujeres Creando touchent terriblement justes :

Nous ne sommes pas des intellectuelles, ni des artistes. Réfléchir, sentir et s’exprimer sur le corps n’est pas l’affaire d’artistes ni d’intellectuels. L’affaire des artistes et des intellectuels c’est la dissimulation et les bonnes manières, c’est la mode et les apparences. Tant que l’art sera aussi blanc, convenable, masculin, décoratif, inoffensif, égocentrique et si loin d’une bonne soupe ou d’un beau pavage, nous ne serons pas des intellectuelles ni des artistes. Nous ne sommes pas des artistes, nous sommes des agitatrices de la rue, des cuisinières, des débitrices, des féministes, et des graffiteuses.

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1 Les vidéos de Mujeres Creando sont diffusées par le Peuple qui Manque, structure de distribution et de programmation montée par Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros qu’Article 11 interviewait ici. Je ne peux que t’inciter à surveiller d’un œil attentif leur programmation sur leur site.

2 La région de Tajira est productrice de vin et, de manière générale, les Boliviens ne sont pas de petits joueurs questions picole, oh que non.

3 Bibi et une amie.

4 Ielena, fille d’Anna, lors d’un bal de campagne bolivien. Photo bibi.

5 A l’image d’une Amérique Latine profondément imprégnée de culture machiste.

6 De quoi ajouter du grain à moudre au débat qui a suivi le billet de JBB sur Walter Ben Michaels

7 Même s’il nia en être à l’origine, comme l’affirmèrent certains membres du gouvernement.

8 Il y a peu, le collectif s’est adressé au ministère de la Santé pour qu’il mène une enquête sur la multiplication logique (puisque l’avortement est toujours interdit) des mortifères laboratoires clandestins, requête restée bizarrement sans réponse…


COMMENTAIRES

 


  • mardi 3 novembre 2009 à 14h17, par Tristan

    Bon, sur le thème de l’avortement, j’avais entendu dire que dans le nouvelle constitution qui a été aprouvée par une nette majorité populaire au début de l’année, il n’y a aucune article qui l’inderdit, mais aucun article qui l’autorise. Ca n’a pas enpêcher l’église catholique de dire que la nouvelle constitution autorisait l’avortement. Je dois dire que je trouve la position de l’assemblée constituante d’une grande sagesse. Les lois qui interdisent l’avortement sont donc, actuellement, 100% constitutionnel, mais si le parlement décidait de proposer une dépennalisation et/ou un cadre juridique qui autoriserait l’avortement, la chose pourrait, de même, être 100% constitutionnel. Mais je tiens à vous informer que la grêle, pour les peuples aymaras, serait directement liée à la pratique des avortements. Bon, dans les communantés aymaras, après ce genre de fête, si il va y avoir la naissance d’un gamin, les deux parents sont, normalement, marié de force. J’ai une amie aymara, de el Alto, qui travaillait à filmer les mariages, elle m’a souvent dit que lors de mariage, les deux mariés tiraient souvant la gueule. Un peu comme si à el Alto (et dans une mondre mesure à la Paz), villes à majorité aymara, les mariages forcés existent aussi. Mais même où j’habite, dans les environs de Quillacollo, quand ma belle-soeur avait disparu toute une nuit ; le lendemain, la famille du type avec qui elle avait disparu est allé chez mes beaux-parents pour savoir si il fallait parler de mariage. Bon, ma femme et moi, on a soutenu sa frangine, parce qu’on lui avait payé une école privée et on voulait savoir si elle voulait finir son école ou se retrouver fille-mère à 18ans. Mais même si elle nous avait répondu qu’elle voulait finir l’école (et pouvoir devenir infirmière), la suite nous a montré autre chose. Mais c’est dûre, on voulait qu’elle aie voir un gynécologue, mais elle avait trop la honte. Et c’est une année plus tard qu’on a appris qu’elle n’avait pas vraiment la tête aux études (les capacités, elle l’avait, mais son amoureux devait prendre beaucoup de place dans sa tête). Alors on s’est retrouvé comme parrain du marriage, avec une belle-soeur qui n’avait pas fini son bac et le nouveau beau-frère qui lui, avait juste fini son bac et son armée, mais n’a toujours pas de véritable profession. Il y a eu, aussi, un peu plus tard, mais assez vite, une petite nièce, mais bon, les trois ont l’air d’assez bien s’entendre. A Cochabamba, je dirais que c’est plutôt matriarcale, comme système. Ma femme et ma belle-soeur peuvent avoir des sales carractères. Je crois que les environs de Cochabamba, c’est le seul lieu de Bolivie où les femmes (et les filles) vendent, seules, de l’alcool dans leur maison (la chicha, l’alcool de maïs). Elles savent remettre à leur place les vieux perverts bourrés, et on voit, aussi, facillement les femmes qui vont rechercher leurs maris, là-bas (ca rigole pas). Bon Tarija, c’est comme Santa-Cruz, le Béni et le Pando. Ils appellent ca la media-luna et veulent être indépendant. Mais bon, il me semble que les filles, là-bas, deviennent très facilement putes. Enfin, je vous parle de mon expérience des bordels de Bolivie : les filles aymaras et quechuas auraient trop honte de travailler comme pute. A Cochabamba et à l’Alto, dans les bordels, il y a principalement, des cambas, et quelques étrangères (brésilienne, par exemple). Bon, entre ces quatres départements fouteur de merde, je connais surtout le Béni. Elles me font rire, les filles, là-bas : leur philosophie, c’est : si un garcon te plait, agresse-le avant qu’une autre l’agresse. Mais bon, c’est dommage que cette très grande liberté dans les actes repose sur une énorme hypocrisie. On raconte que pour les pères, leurs filles sont toutes des saintes, et les autres filles toutes des putes. Alors aucunes filles, même dans ces régions très libérales, sont soutenue par leurs parents et s’informent sur les moyens de contraception. En plus, avec leurs musiques qui dit que l’amour, c’est pour toujours, nombres de filles deviennent folles. L’histoire de nombreuses putes cambas est vraiment très triste. Elles sont souvant follement amoureuse du type qui est le père de leur gamin. C’est souvant la grand-mêre du père qui s’occupe du gamin et elles deviennent souvant putes juste pour emmerder le père de l’enfant, mais elles ne peuvent pas l’oublier. Les filles, en plus, elles peuvent être terrible : plutôt que de s’attaquer au salop qui les ont trahit, elles s’attaquent à l’autre fille qui est avec celui qu’elles disent lui appartenir. Et elles vont volontier voir même des sorciers pour faire du mal à celle qu’elles voient comme leur rivale. Enfin, voila, le femminisme, en Bolivie, c’est un truc assez spécial. C’est les mères, avant tout, qui apprennent le machisme à leur fils (et à leurs filles). Parlez de l’avortement avec des filles boliviennes, vous verrez que vous n’aurez pas un soutien assuré.



  • mercredi 4 novembre 2009 à 15h21, par Paul Laurendeau

    Il est de plus en plus observable qu’il existe un féminisme de droite. Nier cette sorte de « consécration » sociale du féminisme, c’est quand même un peu se mentir…

    Paul Laurendeau

    Voir en ligne : il existe un féminisme de droite

    • mercredi 4 novembre 2009 à 18h53, par Tristan

      Aie, en fait, j’ai un petit problème : ca veux dire quoi, exactement, être de droite ou être de gauche ? (je ne poserais même pas la question sur la signification de féminisme). Moi, j’aime beaucoup la Bolivie et les gens qui la peuple. Bon, j’ai de la peine avec ceux qu’on nomme communément l’extrême droite raciste, même quand ces gens sont prêt à s’incliner devant moi, simplement à cause de la couleur de ma peau. Bon, les même, quand ils savent mes positions plutôt indigénistes, sont les premiers à utiliser la couleur de ma peau et à me traîter d’étranger, quand ils veulent me faire taire. Mais bon, quand certain veulent parler des valeurs de la France. Moi, là, en Suisse, je ne pose la même question : quels sont nos valeurs. On a un parti nommé l’UDC qui me semble intégrer exactement l’opposé des valeurs de la Suisse (même si eux disent incarner justement les valeurs suisses). Mais bon, j’ai quand même un certain orgueil d’être suisse, le pays le plus à droite du monde (enfin, je crois, mais il reste encore à définir ce que veux dire être de droite). he he, et c’est quand même cette « droite » qui a permit à la Suisse d’avoir comme présidente, une socialiste juive (Ruth Dreyfuss) et qui a réussi à interdire au tenor de cette UDC, Blocher, de devenir président de mon pays. Enfin, UDC, ca devrait vouloir dire union démocratique du centre, mais on les décrit de plus en plus comme une extrême droite populiste. Et comme union, en voulant interdire aux musulmans de construire des minaraits sur le territoire de la Suisse, ils ont bien réussi à unir les différantes religions de Suisse (catholiques, protestants, juifs, et les autres) pour soutenir leurs frères musulmans et rejetter fermement cette discrimination que l’UDC voudrait justement placer dans notre constitution. Bon, j’ai bonne espoir de penser que les autres suisses partagent les même valeurs que moi et qu’ils vont rejeter clairement cette initiative. Et, peut-être même qu’un jour, après avoir eu une juive comme présidente de la confédération, on aura aussi une jolie musulman voilée comme présidente. Bon, si cette initiative contre les musulmans passent, j’aurais trop la honte de mon pays. Mais la question des valeurs et de se définir, ca me semble important. Et sur la Bolive, depuit le temps que j’y vis et que j’essaye de comprendre ce qui se passe, je trouve aussi qu’on colle facilement des étiquettes, par exemple sur Evo Morales et Hugo Chaves ; ils sont facilement montrer comme étant d’extrême gauche, mais là, j’ai de la peine à les voir aussi à gauche que ca, même si je partage la plupart de leurs valeurs. Mais avant de pouvoir placer Evo Morales, soit à gauche, soit à droite, c’est, peut-être, bien de savoir vraiment ce que ca veut dire.

      • jeudi 5 novembre 2009 à 21h40, par lémi

        @ Paul Laurandeau

        Dans ma vision des choses, il est inconcevable d’être féministe et de droite. Après, il est certain qu’il y a tout un courant du féminisme qui, de s’être institutionnalisé, a perdu toute la force contestataire de l’idée féministe et clapote dans des rivages réactionnaires. Mais peut-on encore parler de féminisme à leur sujet ?

        @ Tristan

        D’abord la Bolivie, maintenant la Suisse, tu es intarissable ! (Smiley Evo) Après, je serais pas forcément d’accord avec toi. Certes, on place facilement et parfois à tort l’étiquette « droite » ou « gauche » sur des hommes politiques ou des mouvements. Et définir ce qu’on met derrière n’est pas toujours très facile. Mais, vois-tu, pour l’UDC par exemple, je n’hésiterais jamais sur l’étiquette, je collerais extrême droite et ça se discute pas. Pareil pour notre bel UMP hexagonal. Concernant Evo et Chavez, j’hésite pas trop non plus, ils sont de gauche, ils se rattachent quand même à une histoire de lutte, à un imaginaire, à des valeurs etc., ils s’en revendiquent. Que cette Gauche là ne soit pas toujours réglo avec ce qu’elle professe, c’est une autre question qui mériterait surement de plus amples développements, maybe un autre jour...

        • samedi 7 novembre 2009 à 14h10, par Tristan

          @lémi

          On est assez d’accord. Je me sens assez proche des valeurs partagées, en Suisse, par la plus part des partis qui se définissent de gauche, du centre et du centre-droite, sur l’échiquier politique suisse. Mais les valeurs de l’UDC actuel (appelée l’aile blochérienne) me font vomir. C’est vrai que ca pue le fachisme et c’est parfaitement pertinant de les placer à côté d’autres partis groupusculaires qui eux, se sont toujours revendiqué d’extrème-droite. Bon, ma vision suivante, n’est, peut-être pas partagée par tout le monde. Peut-être que certains pensent que tout le centre-droite, comme ?en France ?, se rapprocherait beaucoup d’une extrême droite populiste. Mais c’est bien la droite, en Suisse, aidée par la gauche, qui a interdit à Blocher de devenir président. Peut-être que je rêve, en imaginant que certaines droites, en Suisse, vont défendre les même valeurs que moi : Il me semble que la principal valeur suisse, c’est qu’on arrive à intégré de nombreuses valeurs, dans un seul projet de patrie et que, plutôt que de rechercher la confrontation, avec le concensus, on a toujours réussi cette intégration. Sur Evo Morales et Chavez, je suis 100% d’accord qu’ils partagent cette histoire de lutte, un imaginaire et des valeurs de gauche, mais je trouve que des fois, ils les revendiquent un peu trop pour être honnêtes. Mais Evo Morales m’a beaucoup surpris, j’ai le sentiment qu’il partage la valeur du concensus. Je me souviens avoir discuter avec un indigéniste péruvien qui m’avait dit que la suisse est le seul pays du monde à avoir mis en place un système politique proche de la cosmovision andine. Mais je pense Evo Morales et Garcia Linera capablent d’en mettre aussi un en place, basé sur la réalité de la Bolivie, et peut-être, même, intégrer l’entier du continant et de mettre en place le projet bolivarien (poursuivre et finir ce qu’a commencé notre clown préféré : Chavez). Mais si vous avez été en Bolivie, vous avez dû vous rendre compte que le rêve de la plus part des gens, c’est d’avoir un bon travail, voir même, travailler comme des esclaves, mais gagner beaucoup d’argent, pour pouvoir consommer. Il me semble que les bases du féminisme, en Europe, qui est le droit, pour les femmes, de travailler, et la liberté sexuelle, en Bolivie, la situation est très différante. La solidarité entre femmes, en Bolivie, me semble assez limitée, la confrontation, par contre, est un phénomène bien plus courant. Par exemple, les rapports des belle-filles avec leur belle-mère, ca ressemble à l’Europe d’avant le féminisme (bon, peut-être que les choses changeront). Il me semble qu’un certain type de machisme fait rêver : l’homme qui travail la semaine, soutenu par son épouse et qui arrive à gagner assez (la fin de semaine, réservée pour être en famille). Tient, en parlant de la fête des comadres, elle n’était pas triste, cette année, c’était les compadres qui étaient tristes (c’est ce qui se dit quand il pleut le jour de la fête des compadres). Bon, il existe une grande solidarité, en Bolivie, pour ca, il faudrait comprendre vraiment ce qu’est un compadre et une comadre. Il y avait même un parti politique qui avaient utiliser ces termes : le CONDEPA. Entre eux, ils s’appelaient compadre et comadre, si il n’était pas mort, le compadre Palenque aurait pu devenir le premier président indigène, avant Evo Morales. La solidarité entre femmes (entre comadre), ca oui, ca existe. Mais je ne sais pas si compadre et comadre, c’est une truc qui vient d’Espagne, ou si ca montre une réalité d’avant la venue des espagnols. Bon, c’est un truc assez contre la lutte de classe. L’idée, c’est que le pauvre demande au riche de devenir parain. Le riche gagne un grand honneur à être parain. Le filleur lui doit le respect. Et une relation lie les parents avec les parains : ils deviennent compadres et comadres, un peut comme si ils avaient une responsabilité partagée sur le futur du fils/filleul. Et dans la vie, les gens n’ont pas qu’un seul parrain, à chaque occasion importante (et prétexte de fête), il y a toujours un ou plusieurs parains. Lors d’un marriage, par exemple, le couple demande à un aute couple qui a, normalement, de nombreuses années de vie commune (une sorte de modèle) d’être les parains du marriage, mais pour faire face aux frais très élever de la fête du marriage, il y a des parrains pour les fleurs, pour les anneaux, pour le repas, pour la boisson, pour l’amplification, bref, toutes les personnes connues du couple qui aurait un peu plus d’argent sont approchée pour être parrain de quelque chose. Souvant, il faut approcher les parrains plusieurs années à l’avance pour qu’ils puissent avoir le temps de mettre de l’argent de côté. Le mariage à l’église, avec la grande fête, ne peut pas toujours être organisé juste après le marriage civil. Il arrive même, des fois, que le couple éconnomise plusieurs années de travail, après le mariage civil (de même pour les parrains), pour organiser le véritable marriage. Là, à Oruro, j’ai mes parains de marriage, ca me fait un pied à terre de plus, en Bolivie. Bon, ma femme et moi, on a aussi attendu deux ans après le marriage civil pour faire le marriage à l’église, et on avait assez de francs suisses pour organiser le genre de fête que ma femme avait toujours révé. On a pas demandé de parains et d’aide financière à d’autres personnes. Juste que ma mère et ma femme, en Suisse, travaillent à faire de jolis bouquets de fleurs mélangés que j’ai la chance de vendre sur les marchés. Alors, bien sûre, ma mère a été nommée maraine de fleurs (c’est elle qui nous a décoré l’église avec les fleurs qu’on trouve dans les marchés de la région). Il faut dire que plusieurs personnes de ma famille ont pu organiser le voyage jusqu’a Cochabamba. C’est que quand on avait fait le mariage civil en Suisse, on a pas pu inviter la famille de ma femme. Mais pour ma belle-mère, je ne crois pas qu’on pouvait lui faire un plus beau cadeau que de pouvoir ammener sa fille ainée, vétue de blanc, à l’église, alors qu’elle même, n’avait pas eu cette chance. Bon, on avait triché, mais je ne sais pas si ca existe encore, les filles vierges qui se marrient vétues de blanc ; peut-être si on réinstaure le marriage des filles à 12ans (mais même là, il n’y a aucune garantie). Enfin, ma femme pourrait faire un livre avec tout ce qui lui est arrivé depuis sa naissance. C’est sûre que la vie de sa mère m’a pas été facile, enfin, je crois que j’ai entendu déjà une bonne partie de l’histoire, mais peut-être qu’il me manque encore certains passages.

          Bon, je suis désolé, ce que je raconte est, peut-être, affreusement réac. Mais je défends la confrontation des valeurs. J’aimerais bien pouvoir vous dire où est le bien et où est le mal, quelles sont les valeurs des gentils et quelles sont les valeurs des méchants, mais il me semble qu’on dit volontier que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Bon, moi aussi, j’ai plein de bonnes intentions, mais j’aimerais éviter un max d’envoyer trop de gens en enfer.



  • jeudi 5 novembre 2009 à 01h12, par Zoé

    Merci pour cet article.
    Le mouvement féministe autonome latino-américain est l’un des plus « inspiring » qui soit.
    Bien loin des petites pratiques institutionnalisées qu’on peut trouver en France (qu’elles soient féministes de droite ou de gauche...).

    • jeudi 5 novembre 2009 à 21h42, par lémi

      C’est bien l’impression que ça donne. Si tu as d’autres pistes que Mujeres Creando à ce niveau, des penseurs/penseuses ou des mouvements/collectifs/activistes autonomes latino-américains, je suis preneur.

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