ARTICLE11
 
 

dimanche 14 septembre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 11h38, par JBB
9 commentaires

Propagande, auto-glorification et réglements de compte : BHL peut tout faire. Bravo l’artiste !
JPEG - 17.4 ko

Que voulez-vous ? BHL est comme ça, il ne peut s’empêcher d’en faire des tonnes, d’en rajouter encore et encore. Pourtant, qu’il s’agisse de pointer ces « purs salauds » de talibans ou de prendre la défense de la photographe qui a publié leurs trombines, l’auguste de Saint-Germain ne fait en creux que ce qu’il a toujours fait : parler de lui. « Moi, moi, moi », crie le pseudo-philosophe.

Je ne sais pas pour vous.

Mais chez moi, le dimanche c’est relâche.

Et j’aime à me détendre en lisant des choses inconséquentes et amusantes.

En un mot : repos !

Comme d’habitude, donc, je me suis ce matin confortablement calé devant mon ordinateur, café et cigarettes à portée de main.

Tout frétillant de joie anticipée à l’idée de ce programme de détente que je m’octroies généreusement.

Soit la consultation de quelques-uns des sites les plus poilants du moment.

En vrac :

 × Le site de l’UMP, pour lire les communiqués du parti et prendre connaissance des dernières saillies ineptes du porte-parole Frédéric Lefèbvre.

Courez consulter les deux derniers communiqués de cet éructant personnage, ce sont d’excellents exemples de ce que l’alliance de la bêtise la plus crasse et de la vulgarité la plus totale, conjuguées à un mépris évidents pour les plus élémentaires règles de syntaxe de la langue française, peut produire de meilleur. Ou de pire, c’est selon…

 × Le blog du seul imprécateur à s’être lancé fatwa contre lui-même pour donner plus de corps à ses fantasmes d’invasion, le jamais fatigué Ivan Rioufol.

Dans son dernier billet, le bougre est tout frétillant de lire dans les tensions internationales une supposée confirmation de sa grille de lecture basée sur le seul critère de la détestation du monde musulman.
« C’est cette même réalité conflictuelle qui, de la Russie revancharde aux djihadistes rêvant d’humilier l’Occident, commence à s’imposer à une Europe qui croyait que son pacifisme ne lui vaudrait jamais d’ennemis. Le souffle de la guerre réveille les consciences », écrit ainsi l’incontinent, tout jouasse d’entendre le bruit des canons et de sentir le vent de la haine. Le reste est du même tonneau désespérant de connerie…

 × Et le bloc-notes de l’unique intellectuel français capables d’en remontrer à Sartre, Pulitzer et Barbelivien réunis, vivante preuve que les monuments de la pensée peuvent aussi prendre soin de leur coiffure (même sous les balles et face à la mort…), le salutaire et inégalable Bernard-Henri Levy.

On en vient là où je voulais vous amener. Ce billet va donc reprendre son cours normal. Hop !

__3__

C’est que si Rioufol et Lefèbvre m’ont tout juste amusé, me laissant cette immuable impression de ridicule et de bêtise qui à force finit par devenir plus lassante qu’amusante, la dernière livraison de Bernard-Henri Lévy au Point a dépassé toutes mes espérances.

Tant le penseur de Saint-Germain a su, en quelques paragraphes, donner le meilleur de lui-même.

Intitulé L’honneur d’un photographe, le billet revient sur les photos de talibans publiées par Paris Match, thème-prétexte sur lequel BHL rebondit tellement tous azimuts qu’on dirait un marsupilami pris de folie furieuse.

JPEG - 48.9 ko

« Il nous raconte quoi, ce reportage ? », s’interroge t-il d’abord benoîtement.

(Hein ? Je vous le demande…)

Réponse : « L’état d’esprit des talibans, d’abord. Le fait qu’ils nous haïssent, nous, les Français, à peine moins que les Américains et que les malins qui s’imaginent qu’en se faisant petits, discrets, éventuellement un peu collabos, on entrera dans leurs bonnes grâces, se fichent le doigt dans l’oeil. »

(Petit message en passant à tous ceux qui pourraient douter de la justesse de l’engagement français en Afghanistan : vous ne valez pas beaucoup mieux que ces salopards qui copinaient en d’autres temps avec l’occupant. Compris ?)

Réponse (bis) : « Le fait que ce ne sont ni des « résistants », ni des « étudiants en religion », ni quoi que ce soit du même genre, mais des salauds, de purs salauds, animés d’un cynisme à toute épreuve et retrouvant, pour célébrer une victoire militaire, les gestes archaïques de la parade et du trophée. »

(Petit message en passant à tous les talibans : vous ne valez pas beaucoup mieux que ces occupants qui instaurèrent en d’autres temps leurs lois scélérates. Face à de purs salauds à votre image, tout honnête homme n’a d’autre solution que le recours aux bombardements massifs. Compris ?)

Réponse (ter) : « Il nous apprend, et c’est loin d’être sans importance, que ce sont aussi ce qu’on appelle, en jargon moderne, des bons « communicants » capables de se mettre eux-mêmes en scène et de poser devant l’objectif. »

(Petit message en passant à l’Etat-major des armées : faites gaffe, les amis, l’ennemi est foutrement plus rusé qu’on ne pouvait s’y attendre. Ces barbares ont beau être moyenâgeux, ils ont quand même saisi qu’une guerre se gagnait aussi dans les médias. Alors, achtung, compris ? )

Fin du premier round.

__3__

Et ensuite ?

Ben… ensuite… BHL a presque raison.

Si, si, je vous assure : il défend, au nom du droit à l’information, la publication des photos dans Paris Match.

Et brocarde si adroitement les absurdes critiques qui furent faites à la photographe qui en est l’auteur que j’ai dû, en le lisant, prendre plusieurs fois ma tension, craignant de succomber d’un coup au coeur à la simple idée d’être d’accord avec lui.

L’angoisse…

Et puis, alors que continuait cette longue et haletante exaltation des photos-journalistes, là pour « informer », pour « montrer, toujours montrer », « au risque de choquer », « au risque d’embarrasser », au risque de « donner la parole à l’ennemi », j’ai compris.

J’ai compris que ce n’était pas de la photographe de Paris Match que BHL parlait en rappelant que si « les médias avaient existé du temps des Grecs, il aurait été lapidé » Hérodote.

Que ce n’était pas à elle qu’il songeait en évoquant la trame dramatique de Peintres des batailles, un « grand roman sur le photo-journalisme ».

Non : en prenant ainsi la défense de la photographe de Match, BHL faisait en fait la seule chose qu’il n’a jamais cessé de faire depuis le début de sa carrière. ,

Oui : il parlait de lui.

JPEG - 44.7 ko

Il dressait en creux son portrait, celui d’un agitateur médiatique et d’un affabulateur de talent renvoyé à ses mensonges et à ses approximations, celui de l’auteur d’un prétendu article, Choses vues en Géorgie, sacrifié sur l’autel de la vérité par une contre-enquête épatante de Rue89.

Il se décrivait en martyr du droit à l’information.

Et il tentait péniblement de régler ses comptes.

Une hypothèse devenue évidence à la lecture des deux dernières phrases du billet : « Et, en face, les donneurs de leçons qui n’ont jamais quitté leur bureau ou leur clavier de blogueurs. Quelle honte ! »

Ben alors, Henri : on l’a mauvaise ?


COMMENTAIRES

 


  • « j’ai dû, en le lisant, prendre plusieurs fois ma tension, craignant de succomber d’un coup au cœur à la simple idée d’être d’accord avec lui »

    Ben oui, comme les pendules arrêtées deux fois par jour, il arrive que BHL donne l’heure exacte.

    Bon, là, c’est plutôt l’heure du crime d’autosatisfaction.

    Comme d’hab’ chez BHL !

    Et sinon, comment va ta tension ?

    Arf !

    Zgur

    Voir en ligne : http://http://zgur.20minutes-blogs.fr

    • dimanche 14 septembre 2008 à 19h20, par JBB

      Elle est un peu retombée. Enfin… tout juste.

      Quelques bières, une bonne nuit de sommeil et je devrais me sentir mieux.



  • dimanche 14 septembre 2008 à 13h24, par Dominique

    On appelle « talibans » des gens qui ne sont pas forcément des extrémistes islamistes, mais des partisans locaux défendant juste leurs vallées et n’ayant aucun rapport avec les fameux idéologues musulmans venus de l’étranger. Les différents combattants afghans se trouvent englobés dans l’étiquette taliban qui permet de les dénigrer, alors que cela peut être beaucoup de situations différentes : seigneur de la guerre défendant son champ de pavot, bande de pillards et de racketteurs, communauté linguistique et ethnique ne voulant pas être soumise aux autres, Afghans refusant une occupation étrangère comme au temps de l’URSS. Baptiser tous les rebelles afghans de talibans, c’est un peu rude. A ce compte, si Massoud (l’ami de trente ans de BHL) était encore en vie, il serait devenu lui aussi un taliban dans la presse à ce compte. Cela devient un peu inquiétant, cette simplification du vocabulaire.

    Ensuite, en voyant les images, j’ai été d’abord choqué par l’indécence. Puis j’ai appris par @rrêt sur images qu’il s’agissait d’un simple hasard de rencontre et que la seule dépouille réelle est un Famas, parfaitement reconnaissable et au premier plan de la photo. Mais ce Famas peut venir d’ailleurs et d’un autre combat ou pillage, comme les treillis dont la journaliste nous dit qu’ils ont été achetés au bazar. Quant au visage des prétendus talibans, on ne le voit pas et pour cause. C’est une mise en scène, sur le modèle des drapeaux ennemis qui étaient exhibés dans les églises ou des trophées qui paradaient lors des défilés. Les pseudo talibans mènent une campagne de propagande assez foutraque, pas très professionnelle de la com, mais Pourri-Moche leur invente des intentions qui correspondent pense-t-on aux désirs et aux attentes du lectorat : voir du taliban sanguinaire.

    • dimanche 14 septembre 2008 à 19h27, par JBB

      Pour la déviation du sens accordé à taliban, on est bien d’accord. Faut les comprendre, aussi : c’est tellement plus facile de justifier la guerre et les bombes quand on présente ces gens comme un unique tenant de saloperie, un seul blog d’extrêmistes.

      Sinon, bien sûr, les mecs savent ce qu’ils font en matière d’image et de poids des photos. Ça me fait penser à cette opération en Somalie, quand les militaires américains avaient découvert, au prix de 18 morts, que ceux qu’ils prenaient comme des abrutis étaient aussi capables de penser en terme de communication. Comme si c’était si étonnant…

    • « seigneur de guerre défendant son champ de pavot »

      Défendant son champ de pavot contre qui ? Contre les militaires de l’OTAN ? Au contraire ! Ce sont le talibans qui ont porté un coup sévère au trafic de drogue peu avant d’etre chasses du pouvoir.
      L’éviction des talibans a eu pour effet le rétablissement du trafic du drogue, qui ne s’est jamais porté aussi bien.

      Aujourd’hui, il n’y a AUCUNE volonté politique de s’attaquer au problème de la drogue.

      Voir en ligne : http://souk-fares.blogspot.com



  • dimanche 14 septembre 2008 à 17h11, par Françoise

    Moi j’aime les communiqués de l’UMP, ça me donne la pêche pour toute la journée. Mr Roufiol, ça c’est du grand style ! J’aime aussi vraiment. mais comme tu dis, ils n’arrivent pas à la cheville de BHL. Ah ! Ça ! C’est qu’il a bien raison BHL ! Tous de salauds, sauf lui.

    D’ailleurs il suffit de regarder la vidéo sur ce billet de Sébastien Fontenelle :

    http://www.bakchich.info/article497...

    Quel homme ! Quelle poigne ! Quelle prestance ! Courageux comme il est, je suis sûre qu’il va s’engager pour aider en Afghanistan à nous débarrasser de tous ces méchants de partout qui nous aiment pas du tout.

    Voir en ligne : http://repvblicae.wordpress.com/

    • dimanche 14 septembre 2008 à 19h30, par JBB

      C’est clair que BHL en première ligne, même armé de ses seuls poings, il ferait un massacre. Du moment que les Afghans se tiennent gentiment couchés par terre le temps que son intervention, histoire qu’il puisse s’exciter à sa guise comme sur la vidéo…

       :-)
      .



  • dimanche 14 septembre 2008 à 20h25, par DJM de Cambrai

    BHL n’est pas extrémiste, il est plutôt (et Dingo) limite…



  • pour bien saisir la dimension « marsupilami » de BHL lisez les articles qu’il ecrivait dans la revue « les temps modernes » D.E.S.O.P.I.L.A.N.T . que voulez vous ce type fait le boulot qui lui revient !
    l’idée que les jeunes qui sont morts, en afghanistan, etaient en terre etrangere, occupée ne peut meme pas lui traverser le cerveau. lui dire que les talibans obscurantistes et moyen-ageux sont chez eux et pas en france ne sert a rien ! il excerce le meme metier que les employes de la ste « blackwaters » en irak : MERCENAIRE !

  • Répondre à cet article