ARTICLE11
 
 

vendredi 19 décembre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 11h29, par JBB
39 commentaires

Dénoncer la chienlit parlementaire pour museler les députés : bientôt les pleins pouvoirs !
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Rien d’innocent dans les déclarations de Nicolas Sarkozy. Jamais ! Quand il dénonce « la pagaille » parlementaire, regrettant le « spectacle » donné par les députés de gauche autant que l’indépendance des élus de sa majorité, c’est qu’il prépare un nouveau coup bas. Soit la modification du droit d’amendement, une véritable mise à bas du contre-pouvoir des députés.

Je ne sais pas vous.

Mais je n’aime rien tant que voir le présidentiel meneur de revue prendre des accents gaullistes.

Appeler au calme et à la dignité.

Et s’indigner d’une supposée chienlit : « Les injures, le blocage systématique, empêcher de voter des textes, empêcher des réformes pour le seul plaisir d’empêcher des réformes, inquiéter des jeunes pour le seul plaisir d’inquiéter des jeunes, c’est pas la démocratie ça, c’est la pagaille », a ainsi regretté Nicolas Sarkozy en visite dans les Vosges.

Oui : ça en rappelle un autre…

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Mais si De Gaulle a dénoncé la chienlit.

Il n’aurait jamais eu l’outrecuidance d’invoquer « les souffrances des Français » pour légitimer ses attaques contre les prérogatives des élus du peuple.

Chose qui - à l’évidence - ne fait pas peur à Nicolas Sarkozy.

Lequel a pris son plus joli ton paternaliste pour critiquer la conduite des parlementaires : « Je voyais qu’à l’Assemblée nationale, on s’est un peu énervés. C’est pas toujours un spectacle que peuvent comprendre les Français qui souffrent de la crise, de voir les gens s’insulter, s’invectiver. (…) Je comprends parfaitement qu’il y ait une opposition qui n’est pas d’accord avec la majorité, mais enfin, il y a manière et manière de s’exprimer, de faire valoir ses idées. »

Et n’a pas hésité à en remettre une couche dans le plus pur style donneur de leçons : « Je ne pense pas qu’en s’agitant avec des pancartes et avec des badges sur les bancs de l’Assemblée nationale, on rende particulièrement fiers les électeurs qui ont voté pour vous. Les gens n’ont pas voté pour nous pour avoir un combat de boxe, pour donner un spectacle un peu ridicule, un peu caricatural. »

Une saillie bienvenue.

Tant Nicolas Sarkozy est le mieux placé pour pointer la caricature chez les autres…

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On pourrait n’attacher qu’une bien maigre importance à ces quelques paroles lâchées au vent froid des Vosges.

Emportement d’un président aussi excédé de l’opposition des députés de gauche que des manifestations d’indépendance de ceux de sa majorité.

« Rien ne va plus entre Nicolas Sarkozy et les députés de sa majorité, constate ainsi Libération. Toujours plus frondeurs, toujours plus turbulents, ils lui ont infligé hier un camouflet en refusant de siéger à l’Assemblée pour conclure ’avant Noël’, comme il l’avait exigé, la discussion de la proposition de loi sur le travail dominical. »

Oui : ça rue dans les brancards…

Ce qui explique à l’évidence la dernière idée présidentielle, celle d’une fumeuse vidéo - mise en musique par Jean-François Copé - qui compilerait les « pires moments » de l’obstruction parlementaire, pour bien faire comprendre à tous combien est néfaste le pouvoir des députés :

« Dans l’entourage de Jean-François Copé, on explique que l’objectif de ce montage n’est pas de faire un bêtisier, mais plutôt de »dénoncer l’obstruction« de l’opposition sur les lois examinées à l’Assemblée nationale. ’Nous allons illustrer par l’exemple la bêtise de ce genre de comportement’, souligne-t-on. Le projet est actuellement en ’phase de documentation’, entre archives de l’INA et vidéos disponibles sur le Web.’ »

Copé qui dénonce « la bêtise » : on pourrait juste en rire.

Mais ce serait faire l’impasse sur l’un des plus dangereux projets du président.

Lequel est bien décidé à mettre les parlementaires au pas.

En rognant leurs ailes et rabaissant leurs prérogatives.

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J’exagère ?

Même pas.

Puisque les très discrètes dispositions relatives au droit d’amendement que contient le projet de loi organique d’application de la révision constitutionnelle, adopté en conseil des ministres voici quelques jours et qui devrait être débattu en janvier dans l’hémicycle, permettront de museler les parlementaires.

Littéralement.

Ce que commente très bien (ou tout au moins : beaucoup mieux que je ne pourrais le faire…) le député socialiste Jean-Jacques Urvoas sur son blog Mes journées à l’Assemblée :

"Le gouvernement et l’UMP sont tellement agacés que la gauche s’oppose à l’Assemblée, en ralentissant l’adoption de leurs projets, qu’ils viennent de mettre au point un véritable arsenal destiné à museler l’opposition et, au-delà, le parlement dans son essence même.

L’objet porte le doux nom de ’projet de loi organique visant à l’application des articles 34-1, 39 et 44 de la Constitution’. Il a été adopté en conseil des ministres mercredi dernier et il est programmé pour le 16 janvier dans l’hémicycle, après un passage au canon en commission des lois le 7 janvier à 9 h 30.

Dans un jargon bien hermétique, trois articles de ce texte prévoient de retirer presque complètement le droit d’amendement aux députés et de limiter leur temps de parole. C’est tout simple, il suffisait d’y penser…"

En cause, l’article 11 de ce texte, qui stipule que sont « seuls recevables les amendements déposés par le gouvernement ou par la commission saisie au fond » et qui transforme l’hémicycle en une chambre d’enregistrement, sans aucun pouvoir de modification des textes de loi.

Tandis que le gouvernement, explique Jean-Jacques Urvoas, restera « totalement libre » :

"S’il a été battu en commission ou s’il n’accepte pas le travail de cette dernière, il pourra avant le passage dans l’hémicycle proposer une nouvelle écriture qui contredira le vote de la commission. Il pourra même déposer des amendements vidant de leur sens les enrichissements acceptés par les députés. Tout cela devant des parlementaires impuissants puisqu’il leur sera interdit de contre-attaquer en déposant de nouveaux amendements !

Un gouvernement tout-puissant n’acceptant aucune entrave, une majorité réduite au rang de faire-valoir et une opposition muselée, voilà concrètement la revalorisation du parlement façon Sarkozy !"

Et hop !

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A l’aune de ce projet de loi, la saillie sarkozyste contre « la pagaille » parlementaire prend tout son sens.

Tant la dénonciation présidentielle de ce « combat de boxe » et de ce « spectacle un peu ridicule, un peu caricatural », tout autant que la vidéo imbécile et poujadiste que mitonne Jean-François Copé, ne vise qu’à préparer l’opinion à la disparition d’un contre-pouvoir essentiel.

Et à légitimer ces pleins pouvoirs que s’arroge peu à peu Nicolas Sarkozy.

Vous savez quoi ?

La chienlit, c’est lui !

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1 Affiche de Pakito Bolino, piquée ICI.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 19 décembre 2008 à 12h29, par Françoise

    Mais enfin, quelle idée aussi que de s’opposer ? Notre Bien Aimé à toujours raison, alors ? J’en suis même à me demander s’il est bien nécessaire d’avoir une Assemblée nationale. _ 

    Allez hop ! On efface tout et on recommence tout comme au bon vieux temps. Plus de députés, plus de sénateurs, seul « L’Êlu Suprême » nous guidera.

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • vendredi 19 décembre 2008 à 12h42, par Françoise

      « On » peut tout faire sans le Parlement, c’est bien la preuve qu’on en n’a pas besoin, pas vrai ? Un exemple en passant :

      Une rallonge obtenue sans le vote du parlement

      Cette rallonge devait être votée lors d’un collectif budgétaire en décembre. Nous y sommes. L’Elysée vient d’obtenir une rallonge de 9,2 millions d’euros pour terminer l’année 2008. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé il y a quelques semaines, il n’y a pas eu de vote. « Cela s’est fait par un décret de transfert de crédits et publié au Journal officiel électronique du 14 décembre (...) Contrairement à l’an passé, l’Elysée n’a pas utilisé la procédure transparente de la loi de finances rectificative qui est actuellement en cours de discussion au Parlement » dénonce René Dosière, le député socialiste spécialiste des comptes de l’Elysée.

      http://www.politique.net/2008121801...

      • vendredi 19 décembre 2008 à 17h20, par JBB

        Bien vu !

        Même pas besoin des députés pour s’auto-augmenter, on se demande bien à quoi ils servent… Pas les seuls d’ailleurs : les juges, élus locaux, sénateurs ou membres des instances de contrôle auraient tout intérêt à se faire remplacer directement par le présidentiel meneur de revue, les choses auraient au moins le mérite d’être claires.



  • Lui et son gang n’ont de cesse de vouloir en finir avec la république. Malheureusement, étant donné la déliquescence de ce que l’on nomme l’opposition et pour éviter qu’une véritable dictature s’installe, je ne vois pas d’autre solution que le peuple reprenne la main. Comment ?

    • vendredi 19 décembre 2008 à 17h21, par JBB

      « Comment ? »

      J’ai bien l’impression que tu as une petite idée sur la réponse, non ? :-)

      • vendredi 19 décembre 2008 à 18h22, par wuwei

        Oui, mais je ne veux pas le dire trop fort parce que chez moi j’ai des écrits de Proudhon, Kropotkine, Blanqui,...et même , ce qui risque de me faire cataloguer comme terroriste potentiel ,« l’insurrection qui vient ». Donc un peu de discrétion est bien venue.



  • Très bien vu tout ça comme d’hab. mais un petit hors sujet de temps en temps..

    L’affaire du sac et du sac d’os qui l’orne, façon de parler ! Je suis sans doute trop ringarde pour ne pas comprendre que Mme de Maintenon - façon 21e siècle - s’offusque du fait puisque avant de prendre des airs de rosière, elle a fait commerce dans tous les sens du terme de ses « rondeurs ». Là il faut m’expliquer !

    A part ça JB et les autres je vous les souhaites bonnes ces fêtes sur commande si vous avez encore le cœur à les apprécier. Personnellement j’ai la chance d’avoir deux petits enfants et leur joie devant le sapin me réjouit mais ça s’arrête là !

    • vendredi 19 décembre 2008 à 17h25, par JBB

      Coucou Gitana

      Pour le sac, je suis (pour une fois) pas tellement d’accord avec toi : cette marque de prêt à porter branchouille ne l’a fait que pour le coup de pub. Je pense qu’ils savaient qu’ils auraient forcément un procès et qu’ils pensaient que le bruit fait autour de leur marque les rembourserait largement de l’amende. C’est pour ça qu’il n’y a eu que guère de bruit fait sur le net autour de cette condamnation, à la différence par exemple des figurines : Pardon voulait être condamnée, ça servait sa stratégie de communication.

      Pour le reste, tout pareil : très bonnes fêtes à toi. :-)

      • vendredi 19 décembre 2008 à 18h01, par Gitana

        Mouais tu as sans doute raison mais le passé finit toujours par nous rattraper même et surtout quand on est la première DAME de France..........en gros c’est ce que je voulais dire.

        • vendredi 19 décembre 2008 à 22h36, par JBB

          Sur ce point, c’est toi qui a raison : dame Bruni s’est beaucoup trop montrée partout pour se plaindre aujourd’hui de voir resurgir son image. Un partout (balle au centre…) :-)



  • Sarkozy dissertant sur la pagaille et la démocratie, Copé préparant un bêtisier de fin d’année ; les « fêtes » s’annoncent bien : il y aura des clounes et sans doute des paillettes.

    Manquent plus que les danseuses nues...

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • vendredi 19 décembre 2008 à 17h31, par JBB

      Hein ? Quoi ?

      Attention : s’il y a des danseuses nues, je me rallie à l’UMP. Ma fidélité à certains idéaux ne résisterait guère face à un défilé de danseuses à poil…



  • Bon, en même temps, l edéputé PS Urvoas ferait mieux de ne pas trop la ramener...

    M. Urvoas s’est en effet ABSTENU lors du vote du congrès du 4 février dernier sur le projet de loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution.

    Et que lit-on dans cette nouvelle mouture, à l’article 44 ?

    Allez, je vous le cite :

    " Article 44. [Entrée en vigueur dans les conditions fixées par les lois et lois organiques nécessaires à leur application (article 46-I de la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008)] Les membres du Parlement et le Gouvernement ont le droit d’amendement. Ce droit s’exerce en séance ou en commission selon les conditions fixées par les règlements des assemblées, dans le cadre déterminé par une loi organique.

    Après l’ouverture du débat, le Gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout amendement qui n’a pas été antérieurement soumis à la commission

    Si le Gouvernement le demande, l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement. "

    On le voit, les dispositions de la loi organique actuelle ne sont que la suite logique de ce qui se trouvait dans la modification constitutionnelle. A laquelle il aurait donc fallu s’opposer, M. Urvoas !

    • En ce qui concerne l’abstention, je suis dubitatif : elle peut avoir deux sens : suis pas contre ou de toute façon rien n’y changera, car ils sont majoritaires : je ne participe donc pas à cette mascarade ...

      Cela dit l’abstention est un mauvais exemple... ;

      • vendredi 19 décembre 2008 à 20h26, par littlehorn

        L’abstention c’est la lâcheté. On ne peut être que pour ou contre une proposition. Si on est contre le système lui-même, alors on démissionne et on s’organise en dehors de l’Etat.

        Voir en ligne : Connection

        • vendredi 19 décembre 2008 à 22h43, par JBB

          @ YR : diantre, tu as mieux fouillé que moi. Il fallait la trouver, cette abstention : bravo !

          Bon, s’abstenir ne signifie pas approuver (comme l’écrit Gloups juste en-dessous), mais c’est vrai que ça décrédibilise un peu l’attention du bonhomme. Sauf que… sur le fond, ça ne change pas grand chose.

          @ Gloups : des deux (mon colonel), je retiens la seconde alternative

          (Mazette, quel pseudo !)

          @ Littlehorn : je vous reconnais bien là, pas de demi-mesure !



  • Bon... les dénonciations d’obstruction, cela ne date pas de la veille. C’est un grand classique de la Ve et dès qu’une réforme importante est impopulaire, le gouvernement ou la majorité s’empresse de citer le nombre délirant d’amendements ou leur contenu parfois sans rapport avec le sujet ou totalement farfelu. Que l’on se souvienne du Pacs, par exemple. On l’a entendu ou lu au moins une cinquantaine de fois durant sa vie d’électeur. Cela fait partie du folklore de l’étrange tribu des parlementaires, comme les pupitres qui claquent.

    Le problème n’est pas là. Lorsqu’il y avait blocage, le gouvernement sortait l’article 49.2 et la motion de censure de l’opposition échouait, la majorité était bridée, car voter la défiance au gouvernement impliquait de ne plus avoir l’investiture (le gouvernement de Michel Rocard a été le champion de cet article, parce qu’il était minoritaire mais les centristes n’ont jamais osé se positionner clairement à droite malgré tout et les communistes n’ont jamais voulu mélanger leurs voix à celles de la droite). Le 49.2 devenait de plus en plus un épouvantail, la preuve d’une impuissance du pouvoir (comme lorsqu’un enseignant est obligé d’exclure un élève de cours). Cela donnait une fort mauvaise image. Or la réforme constitutionnelle adoptée cet été restreint considérablement l’usage du 49.2 (sans le supprimer) qui était pourtant bien utile. Comment faire du 49.2 sans le 49.2 ? Par la méthode que tu expliques. Pourquoi fallait-il restreindre le 49.2 ? Parce que c’est un thème constant de dénonciation par la gauche ou quelques gens de droite issus d’une droite non autoritaire ou les analystes politiques. La mesure est donc symbolique, mais il faut quand même faire comment avant afin d’obtenir une majorité de godillots. L’opposition ne pourra plus dénoncer le 49.2, on lui coupe l’herbe sous le pied et elle aura du mal à expliquer à l’électeur lambda le fonctionnement de ce qui appartient maintenant au règlement interne de l’Assemblée nationale (totalement inconnu de 99 % des Français). Bref, on fait comme avant, mais en se donnant une allure de modernité ; on se pose comme anti-autoritaire, tout en conservant exactement les mêmes pouvoirs avec d’autres relais ; on fait pièce à la gauche qui n’a pas osé supprimer le 49.2, car il était utile au moment où elle était aux responsabilités, et on pourra lui reprocher de ne pas l’avoir fait. C’est juste une opération de prestidigitation ou de bonneteau. Le résultat de la réforme présidentiel est nul : le régime n’est pas devenu plus de type présidentiel à l’américaine, le rôle du parlement n’a pas été revalorisé, mais on lui fait endosser ce qui était avant pris par le gouvernement à la suite d’une question de confiance, les relations sont toujours aussi inégales, comme lorsqu’un employeur demande à son salarié de lui faire des propositions pour faire évoluer son poste au lieu de lui assigner une mission (en général, c’est le piège avant licenciement). Cela porte un nom : coercition. C’est une forme de démocratie de façade, plus perverse que la démocratie formelle à laquelle nous étions habitués. On feint la participation et l’équilibre du débat pour mieux neutraliser toute opposition même et surtout interne. Or, cela se heurtera parfois à des votes par les pieds, toutes les lois ne passent pas parce que les députés UMP ne se précipitent pas vers leur écran de vote et un certain nombre a compris qu’il y avait un jeu de dupes dans la prétendue revalorisation du parlement. Est-ce que cela durera ? Yo no sé !

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • 49 alinea 3, plutôt.

      • vendredi 19 décembre 2008 à 23h01, par JBB

        49-2 ? 49-3 ?

        Selon Wikipedia :

        "L’article 49 comprend 4 alinéas et constitue un des éléments forts pour permettre d’éviter les crises ministérielles, telles que la France les a connues sous la IVe République. Il organise :

        - l’engagement de responsabilité sur un programme (dite aussi question de confiance) à l’initiative du gouvernement ;

        - la motion de censure à l’initiative de l’Assemblée nationale ;

        - l’engagement de responsabilité sur un texte, le point le plus original, qui permet au gouvernement de forcer l’adoption d’un texte, sauf si l’Assemblée est prête à le renverser ;

        - la possibilité enfin pour le gouvernement de demander l’approbation de sa politique par le Sénat, cette dernière ou son refus éventuel étant dépourvue d’effets juridiques.

        L’article 49.2, dit de censure spontanée (par opposition à l’alinéa suivant, où la censure est en quelque sorte provoquée par le gouvernement), en imposant l’adoption de la motion par la majorité absolue des membres, change la charge de la preuve, force l’Assemblée à démontrer qu’il y a un rejet effectif du gouvernement. Le gouvernement ne peut être renversé avec le concours d’indécis qui se contenteraient de s’abstenir. L’article 49.2 n’a abouti qu’une seule fois, en octobre 1962 contre Georges Pompidou qui dut démissionner, pour être aussitôt reconduit, et soutenu par une nouvelle majorité issue des élections.

        L’article 49.3, dit d’ engagement de responsabilité, permet au gouvernement de faire passer le texte qu’il présente, sans vote, sous couvert du rejet de la motion de censure que l’opposition se doit de déposer pour la forme, avec peu d’espoir de réussite.« Je ne vous cache pas que, à ma grande honte et après avoir relu l’ensemble trois fois, j’ai un peu de mal à saisir la différence entre les deux. Mais il me semble bien que Dominique est dans le vrai en évoquant le 49.2, puisqu’il écrit : »Lorsqu’il y avait blocage, le gouvernement sortait l’article 49.2 et la motion de censure de l’opposition échouait."

        D’ailleurs, je ne peux qu’applaudir des deux mains, Dominique, à cette démonstration qui invalide un brin mon billet : au fond, rien ne change, sinon que la forme y a perdu. Encore une fois : merci pour cette longue et très fouillée intervention.

        • samedi 20 décembre 2008 à 00h13, par Dominique

          Je me suis quand même lourdement trompé quand j’ai évoqué Michel Tocard : il a été le champion du 49.3 en effet et pas du 49.2. J’ai confondu la question de confiance et puis l’engagement de la responsabilité.
          Ce tableau de l’historique est éloquent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Articl...
          Mais la question de confiance du gouvernement n’est plus du tout engagée depuis belle lurette et il n’y a même plus de demande de confiance du parlement au début d’un gouvernement depuis... Tocard. Tocard n’a pas demandé le 49.2 au début de son mandat contrairement à ses prédécesseur, puis n’a jamais cessé de réclamer le 49.3 afin de se maintenir à tout prix.

          On n’est aujourd’hui pas plus dans un système présidentiel à l’américaine, quoi qu’en dise l’hyper-président, parce que tous les conseillers étatsuniens doivent être approuvés eux par le congrès sauf s’ils ont été déjà été approuvés avant comme l’ancien et futur conseiller à la Défense. Ce qui existe dans un régime présidentiel, c’est la possibilité de défaire le président ou le gouvernement par le parlement, or cela reste encore possible aux USA, mais non en France. Vendre ce nouveau système comme à l’américaine est un mensonge et une imposture.

          Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

        • samedi 20 décembre 2008 à 00h18, par ibaluanda

          Je ne suis pas spécialiste. A la seule lecture de votre article et des différentes réactions, j’ai l’impression qu’ il y a tout de même une différence (formelle) entre l’article 49 et la nouvelle proposition. L’exception (formelle) devient la règle.
          Ne faut-il pas faire également un rapprochement avec le fonctionnement du parlement européen ?

          • samedi 20 décembre 2008 à 12h30, par JBB

            @ Dominique : oui, il n’a aucun risque d’être réellement mis en danger. La vie est belle…

            @ Ibaluanda : « Ne faut-il pas faire également un rapprochement avec le fonctionnement du parlement européen ? »

            Euh… je n’en suis pas capable. :-)



  • Les parlementaires sont des guignols car il faut être guignol pour admettre que l’on peut faire passer un loi s’imposant à l’ensemble de la population au nom de 50%+1 voix... des représentants de cette population.

    (Et que dire... quand un découpage électoral permet à un clan de toujours l’emporter sur l’autre ou les autres... ! C’est quoi la Représentation dans ces cas-là ?)

    D’ailleurs, moi, je refuse de voter. Ouais... car je refuse d’être un guignol, tant qu’on ne conviendra pas, pour la Bonne harmonie de tous, d’une majorité claire qui forme consensus et non une majorité qui utilise le dictat d’une moitié de pays contre une moitié de pays. 50/50, c’est la fracture. Ne pas comprendre cela, c’est être débile...

    Alors tant mieux si on découvre enfin que le parlementarisme, dans ces conditions, ça ne sert à rien. Peut-être que ça permettrait de mieux réfléchir au comment déboulonner Sarkozy ! Car, ne l’oubliez pas, c’est ce 50/50 qui l’a amené, alors que par décence, il aurait dû prendre Ségolène comme premier ministre.

    En tous cas, on n’y arrivera pas si on compte sur le parlementarisme.
    La preuve est là, c’est que les parlementaires n’ont aucune valeur, on ne les respecte pas parce que ceux d’en-haut savent mieux que personne qu’ils ne représentent rien.

    Je ne veux pas inciter à l’anticivisme, mais tout de même, il ne faut pas être idiot et au moins savoir compter 1+1=2... avant de vouloir être civique... au point de se décharger de sa propre souveraineté sur des inconnus étiquetés qui ne rendront jamais, jamais, jamais des comptes à personne quand bien même ils vous chieraient dans le nez... au nom de ce que vous avez voté.

    • samedi 20 décembre 2008 à 12h33, par JBB

      Plutôt tout d’accord sur votre constat. Quant à savoir ce qu’il faudrait mettre à la place…



  • Ce n’est meme pas la chienlit mais la DICTATURE du nabot capitaliste.
    Vite ressortons la guillotine !



  • samedi 20 décembre 2008 à 11h33, par Christine

    ...des articles 11 !



  • samedi 20 décembre 2008 à 11h35, par gauchedecombat

    Après avoir fini la rédaction de mon article (qui m’a pris une grande partie de la journée hier car j’aime écrire de manière documentée en enrichissant par là même mes connaissances sur les sujets évoqués) vers 4heures du mat, un peu ensuqué, je suis allé voir distraitement quelques blogs et adresses dont celle ici présente, et quelle ne fut pas ma surprise, affublé ensuite d’un certain sourire de contentement, de constater que des points de convergence aussi forts existaient entre nous (Libération, Plume de presse, diverses voix au ps en un peu plus light, Article XI, et tant d’autres encore, que les partis sont manifestement hélas impropres à réunir...), notamment à propos de cette fameuse « pagaille » dénoncée par les tenants de l’ordre établi, et de son rapport à l’histoire.... Effectivement, oui, la chienlit, c’est lui ! Il est interdit d’interdire ! Police partout, justice nulle part ! Le roi est nu ! et si petit... et bedonnant. Plus grave : irresponsable !

    Mais à présent, des voix s’élèvent pour oser dire, écrire, et crier : « ôte-toi de mon soleil » !!! ça suffit comme ça ! No passaran !

    citoyens de tous les pays, unissons nous !

    Voir en ligne : un spectacle ridicule : Copé en short ! (et maintenant, le big boss en personne !)

    • samedi 20 décembre 2008 à 12h37, par JBB

      Quatre heures du matin ? Diantre… vous en voulez. :-)

      « un certain sourire de contentement »

      Il est doux, en effet, de savoir qu’une véritable communauté existe. Même si elle reste très très marginale à l’échelle de la société française.

    • Ensuqué ? Un bon renseignement pour les services de police ! L’auteur est originaire du Midi.

      Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

      • dimanche 21 décembre 2008 à 15h06, par pièce détachée

        Sauf si l’auteur, sciemment, ou non, brouille les services d’écoute.

        Ma famille biologique étend ses tentacules de Beaugency au Creusot en passant par Vézelay. J’ai vécu longtemps dans des pays lointains, et même en Alsace — c’est dire. J’habite au nord du Centre.

        J’ai dit, je dis, je dirai toujours « ensuqué », même devant les pandores !

    • Juste, comme ça, en passant : « No pasaràn ! » ? Pas bon comme slogan. Ils sont passés, les franquistes et pas qu’un peu.
      Et puis encore, en tant que Chinasky, je tiens peu de griefs contre Diogène mais comparer le petit cycliste jogger de l’Elysée au grand Alexandre ! C’est faire trop d’honneur à celui-là ou bien insulter celui-ci.

      Des points de convergences existent aussi entre les pires ennemis.

      On en trouvera même entre les Thénardier du journal Le Monde et les Cosette de Libé, entre les Ménard et les Thénard de je ne sais quel Agoravox ou Médiapart où les Citoyens Fifi, Riri et Loulou, Césars des temps machiniques, lèvent ou baissent le pouce, d’un vote étoilé, star-académisant par là même leur lecture d’un populisme digne de la « démocrassie » qu’un Hugo déjà épinglait.

      Joyeux Noël.

      Exemple de convergence, en recherchant une vieille affaire de fonds sur Cathédrale d’Evry, PS, Julien Dray, à la lecture de l’article consacré à ce dernier sur ce site voilà ce que je trouve, distraitement, (sur un blog qui cite à première vue, tant Chruchill que Soljenitsyne) :

      "(...) le socialiste Julien Dray est depuis hier au cœur d’une enquête judiciaire. Il n’est pas le ministre pédophile que la France indignée attend de voir derrière les barreaux (et elle peut attendre, la France indignée). D’abord parce qu’il n’a jamais été ministre, ensuite parce que Julien Dray serait mouillé dans une vaste affaire de corruption.

      Le gros éléphant rose pourrait être l’un des bénéficiaires de mouvements suspects de fonds (près de 800 000 francs) depuis de longs mois entre les associations les Parrains de SOS-Racisme et de la Fédération indépendante démocratique et lycéenne et les comptes de l’attachée de presse (Nathalie Fortis) et du directeur administratif et financier (Thomas Persuy) de SOS Racisme. Le domicile de Julien Dray a été perquisitionné : les enquêteurs aimeraient comprendre pourquoi un chèque de plus de 660 000 francs a été émis en faveur de Juju par ces dirigeants.
      Fortis et Persuy auraient encaissé des chèques des associations, émis par leurs soins, et immédiatement transféré la majeure partie des fonds au fondateur de SOS Racisme. L’affaire se complique quand on apprend que l’enquête s’oriente également sur des chèques émis par des particuliers « actifs dans les sphères socio-économiques », notamment d’un entrepreneur qui a obtenu un marché public en Essonne, chèques toujours au bénéfice de Julien Dray, dont l’Essonne est le fief, où il est vice-président du Conseil général et député. Au total, Dray est suspecté pour un total de 2,3 millions de francs

      Si son avocat rejette les accusations de corruption, il reconnaît à demi-mot qu’en réalité tout est possible tant l’opacité règne dans les comptes des associations de Julien Dray

      « Que sur les règles de la comptabilité, SOS Racisme, la Fidl et l’association des Parrains de SOS Racisme soient nullissimes, ça je suis tout prêt à le croire »

      Le problème, c’est que Julien Dray n’en est pas à son coup d’essai : cet amateur de montre de grand luxe - il est amateur des montres de marque Patek Philippe, cette même marque dont sa coreligionnaire Carla Bruni offrit un exemplaire à leur coreligionnaire Sarközy pour Noël l’année passée -. Une enquête - classée sans suite lors du gouvernement Jospin - avait d’ailleurs été ouverte concernant l’achat de l’une de ces montres de luxe. Classement sans suite, mais Dray avait bien violé la loi : il avait payé en liquide pour plus de 150 000 francs cette montre qui en coûtait 250 000, sans que l’origine des fonds ne soit jamais éclaircie... Il avait été mis en cause également dans l’affaire de la MNEF."

      Etc.

      Sauf que voilà, quelques tournures ou orientations que je n’ai pas relayées ici, quelques liens du site quelque peu germanophile pour ainsi dire, la focale sur une certaine communauté, sur les origines de tel ou tel, mettent en garde. Et puis sous le lien Soljénitsyne un autre que je n’avais pas vu : Drieu par Brasillach... et là « Edelweiss », un chant !, en lettres gothiques. Ah ben tiens ! Je cherche un peu... il s’agit d’un site nationaliste chrétien.

      Alors les points de convergences... voyez !, pour ma part je m’en passe.

      Avec l’expression de mes dommages collatéraux,
      Hank

      • C’est toujours aussi bien écrit, mais il me semble que ce n’est pas à sa juste place : vous ne vouliez pas plutôt réagir au billet sur Julien Dray ?

        Dans tous les cas, je m’insurge avec vigueur contre ce que je saisis de la fin de votre commentaire : ce n’est pas parce que Julien Dray est attaqué par des fachos que je me priverai de le faire. Et il n’y a là aucun point de convergence, plutôt une coïncidence. Le Pen s’en prend tous les jours à Sarko, ce n’est pas pour autant que je me sens un quelconque point commun - aussi infime soit-il - avec cet âne bâté.

        • Oui, désolé JB, au départ je ne faisais que passer et puis... Mais ce post rebondit tout de même sur un comm’ de ce fil.
          Oui, il ne faut pas s’empêcher de critiquer ces pseudos socialistes qui d’un président vichyste à un premier ministre trotsko-libéral (on croit rêver ou cauchemarder) en passant par un ancien premier secrétaire nommé par ses propres co-religionnaires le « pitbull », ont nié ou renié ce pour quoi ils avaient été élus.
          Et bien sûr ce n’est pas parce que le FN... (je vais prendre un autre exemple : prônait la rémunération de la personne au foyer qu’il faut oublier que la paternité de cette idée revient au front populaire.)
          Mais il y a bien convergence, pas connivence évidemment, c’était juste une question de vocabulaire.
          Et tout réside dans ces petites précisions.
          Crdlt
          Hank



  • Allez un espoir !

     trop de sarkozy></br></p>

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    Mais ça bien un an et demi que je le publie, sans succès ;-(

    bon week-end !

    Voir en ligne : mon blog : Kprodukt, blog actif et militant(?)

    • samedi 20 décembre 2008 à 12h39, par JBB

      « un an et demi que je le publie, sans succès »

      Ça finira bien par marcher. Moi, j’y crois.

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