ARTICLE11
 
 

mercredi 4 février 2009

Le Charançon Libéré

posté à 15h17, par JBB
42 commentaires

S’habituer à l’ultra-présence policière. Ou bien… se battre.
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C’est désormais banal. A chaque déplacement présidentiel, les citoyens - qu’ils manifestent ou non - sont refoulés et repoussés, parfaite illustration de la conception sarkozyste de la démocratie. Après les mutations de Saint-Lô, message cinglant adressé à tous les échelons de la sécurité publique, les choses ne peuvent qu’empirer encore. Qu’importe : nous sommes déjà dans un régime autoritaire.

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Je ne vous apprends rien : il ne souffre pas la contestation.

Ne la comprend pas.

Ne la supporte pas.

Et le royal omniprésent qui nous tient lieu de président avait déjà clairement affiché la couleur quand il avait invité celui qui se refusait à lui serrer la main à « se casser ».

Loin.

Tant il ne veut voir qu’une seule tête souriante quand il se penche à la fenêtre de son carrosse et scrute la foule, incapable d’admettre que la France puisse être moins docile et plus diverse qu’une réunion d’adhérents énamourés de l’UMP.

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La chose pouvait prêter à rire quand elle ne concernait qu’un audacieux passant, assez courageux pour envoyer paître le petit despote à talonnette.

Mais fait déjà beaucoup moins rigoler depuis qu’elle touche tous les mouvements de contestation susceptibles de se manifester à l’occasion des déplacements présidentiels.

Que ce soit à Nice, à Saint-Lô, à Nîmes, à Châteauroux ou à Vesoul, en cette France de province d’ordinaire calme et où l’arrivée du barnum élyséen s’accompagne désormais de cortèges désapprobateurs, de slogans hostiles et de sifflets moqueurs.

Lesquels sont tenus sous étroit contrôle des forces de l’ordre.

Et repoussés sans cesse plus loin en périphérie, là où le monarque ne risque ni de les voir ni de les entendre.

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Plus de flics que de manifestants ? Des moyens disproportionnés pour contrôler toute velléité de contestation ? C’est désormais l’ordinaire de chaque déplacement présidentiel, comme là à Châteauroux le 27 janvier dernier (photo La Nouvelle République).

C’était encore le cas hier, à L’Isle-Adam, ainsi que le mentionne rapidement Le Parisien :

"Ils sont venus pour protester contre la politique menée par Nicolas Sarkozy. Hier midi, une cinquantaine de manifestants se sont fait entendre devant la petite gare de Mériel à défaut de pouvoir approcher le président de la République. L’important déploiement de gendarmes n’a pas permis au cortège de quitter la place de la Gare.
(…) A L’Isle-Adam, au coeur de la visite officielle du président de la République arrivé en hélicoptère, c’est une tout autre ambiance qui règne. Ici aussi, le dispositif policier est impressionnant. ’Complètement démesuré’, condamne même une lycéenne. ’Pour aller en cours de sport, au gymnase, après avoir montré son carnet de liaison à trois reprises, nous avons dû présenter notre carte d’identité avant de pouvoir enfin passer’, rapporte-t-elle
."

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C’est ainsi, dorénavant : à chaque déplacement du monarque, des quartiers entiers, quand ce ne sont pas des villes, sont bloqués.

Des cordons de CRS barrent les rues, des pelotons de policiers vérifient les allées et venues, des quarterons de membres de la DCRI scrutent les cartes d’identité et fouillent les sacs, seulement rassurés quand ils tombent sur une carte de membre de l’UMP.

Et les commerçants sont tenus de baisser le rideau dans un périmètre grandissant, vie économique littéralement stoppée sans qu’on ne s’interroge une seconde sur le coût d’une telle paralysie, pourtant sans doute comparable à celui d’une petite grève.

La visite présidentielle à Nîmes, décrite notamment sur le blog de Jean-Louis Bianco, restant l’illustration parfaite de cette démesure :

"Plus de 1 000 CRS et gardes mobiles (sans compter l’importante garde rapprochée du président de la République) ont bouclé l’ensemble du centre-ville (interdiction aux voitures, vélos, etc. et même de marcher à pied) de 6h à 14h15 (pour à peine plus d’une heure de venue de Nicolas Sarkozy dans un secteur très restreint du centre-ville).

Toutes les rues (même piétonnes et celles à l’opposé du ’parcours présidentiel’) ont été bouclées par des véhicules anti-émeutes et des policiers qui ressemblaient plutôt à des ’Robocops’.

Les infirmières et autres professionnels à domicile ont été interdits de se rendre chez leurs patients (parfois sérieusement malades) ou clients.

Les commerces ont eu l’obligation de fermer et les professions libérales n’ont pas eu l’autorisation d’accéder à leur bureaux.

Les rares ayant pu accéder à leurs bureaux en centre-ville ne pouvaient plus en sortir, ce jusqu’à une heure après le départ du chef de l’État.

Les riverains ont été cantonnés chez eux et ceux qui voulaient y rentrer n’ont pas pu."

Une constance dans l’ultra-sécurisation qui n’interroge pas seulement le rapport des citoyens avec celui qu’ils ont élu, censé les représenter mais s’avèrant incapable de jouer son rôle tant il ne supporte ni les critiques ni la contestation.

Mais qui questionne surtout les libertés à venir.

Champ des choses autorisées aux protestataires - déjà habitués à ce que l’on empêche de tracter ou de sortir des banderoles et tout autant à être fichés parce qu’ils osent faire connaître leur hostilité au régime - qui ne peut que se réduire comme peau de chagrin.

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Saisie de tracts par la police avant un déplacement présidentiel, en mai 2008 à Lyon (photo : LibéLyon).

Tant ces rouages de l’Etat sur lesquels Nicolas Sarkozy fait peser chaque jour la hantise de sa sainte colère et de son ire présidentielle n’ont d’autres choix que de devancer ses désirs, s’ils veulent conserver leur place.

La chose n’est pas nouvelle, qui voit les serviteurs des puissants se plier en quatre pour satisfaire les princes, mais elle est poussée à l’extrême avec le très petit père du peuple.

En une pression hiérarchique qui ne peut qu’être lourde de conséquences.

Ainsi que le soulignait Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat général de la police Force Ouvrière, au micro de RMC :

« A partir du moment où un directeur départemental de sécurité publique et un préfet se font virer de leur département, on a tendance à renforcer les mesures de sécurité. Souvent, on va mettre le dispositif en place beaucoup plus tôt. Parfois, on ira frapper chez les gens à 6h30 du matin, pour faire déplacer un véhicule. Et puis, on va quelques fois surdimensionner le dispositif, parce que chaque responsable à tous les niveaux de la hiérarchie va vouloir faire du zèle, en se disant ’je vais mobiliser le maximum d’effectif pour être sûr qu’il ne se passe rien’. Et là où on aurait pu faire le travail avec 200 policiers, on en mobilisera 400 ou 600. Or, si ces effectifs sont là, ils ne sont pas ailleurs. »

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C’est là ce qui est finalement le plus inquiétant dans les mutations de Saint-Lô, celles du préfet et du directeur départemental de la sécurité publique.

Cette valeur d’exemple, comme une leçon adressée à tous les autres préfets, directeurs, commissaires et autres échelons du système sécuritaire.

Ce message qu’il s’agit de faire passer : « Débrouillez-vous, je ne veux plus entendre de sifflets, peu m’importe votre manière d’y arriverer. »

Et la façon dont certains, zélés serviteurs du régime, s’entendront à le faire appliquer.

Fossoyeurs de nos libertés, pour mieux conserver leur poste et leurs responsabilités.

Et exécutants empressés, parce qu’ils ne pensent avoir d’autres choix.

En cela, Saint-Lô, Nîmes, Vesoul ou L’Isles-Adam ne sont que les prémices de l’ultra-policiarisation à venir.

Glissement vers un régime résolument autoritaire, tous les rouages du maintien de l’ordre obnubilé par un seul objectif, celui de bien s’acquitter de la mise au pas de la contestation.

Et évolution presque irrémédiable.

Sauf à voir se soulever la colère populaire.

Alors ?


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 4 février 2009 à 16h03, par Dominique

    Notons le choix stratégique des villes prises comme cibles des interventions élyséennes : Saint-Lô dans le département de la Manche qui est réputé le plus à droite de la Basse-Normandie (seul Cherbourg est de gauche), Vesoul seule ville de droite de la Haute-Patate dans une région traditionnellement de gauche et non Belfort ou Montbéliard qui aurait été attendues vu la teneur du discours sur le pouvoir d’achat, mais Vesoul est aussi la ville d’un ministre, Nimes ville passée récemment à droite dans un département emblématique de la gauche du Midi, L’Isle-Adam ville depuis toujours ancrée à droite et fief d’Axel Poniatowski dont on connaît les hautes fonctions à l’UMP.

    Non seulement il déploie un effectif policier disproportionné (j’en avais un avant-goût déjà quand il était ministre de l’Intérieur et qu’il était venu dans ma ville), mais en outre il choisit de préférence des petites villes de province, bien à droite, afin d’avoir son public de notables locaux et peu de contestataires déjà dans la place. Pour une intervention au sujet de l’agriculture, il s’était déplacé dans un village bien à droite des Vosges et il avait fait le tour de l’exploitation sept minutes tout compris ! On est bien loin d’un Chirac alors... C’était juste pour les caméras. Et il n’était rien sorti de son discours. Or le problème, c’est bien qu’il délocalise presque tous ses discours afin de fournir des images et de ne pas rencontrer les gens. Une stratégie de fuite qui devient de plus en plus visible.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • mercredi 4 février 2009 à 18h17, par JBB

      Merci pour l’éclairage :-)

      Clair que les sifflets n’en doivent que résonner plus fort, quand il choisit une ville pour sa docilité politique et réussit encore à s’y faire mal voir. Au fond, il faudra peut-être un jour se demander si Sarkozy, en réussissant à se mettre tout le monde à dos et en provoquant une colère générale, n’est pas le meilleur « allié » de ceux qui veulent tout changer.

      « Pour une intervention au sujet de l’agriculture, il s’était déplacé dans un village bien à droite des Vosges »

      C’était Charmes, non ?

      « Or le problème, c’est bien qu’il délocalise presque tous ses discours afin de fournir des images et de ne pas rencontrer les gens. Une stratégie de fuite qui devient de plus en plus visible. »

      Et d’autant plus que le sujet qui revient le plus souvent à l’occasion de ses déplacements (au moins sur internet) est cette incroyable démonstration de force. La forme a depuis longtemps mius au rencard un fond de toute façon inexistant.



  • mercredi 4 février 2009 à 16h39, par dogbreath

    Tant mieux !

    A l’instar de l’IFOP, je me permet une analyse caricaturale : les français sont divisés en deux ensembles. Le premier s’intéresse à la politique pour son contenu. Le deuxième se contente d’intuitions prémachées pour se forger une opinion.

    Le premier ensemble a pris conscience depuis belle lurette du mépris de notre roi pour la populasse. Les réformes gouvernementales, toutes, sont si lisibles à cet égard que ça pique les yeux.

    Le deuxième ensemble, moins regardant sur la réalité des programmes, réalise grâce à l’image le dégoût de notre empereur pour la plèbe. Cette prise de conscience, il faut l’attribuer au dictateur lui-même. Même les moins attentifs ne supportent pas le mépris.

    Merci mon sire, le peuple reconnaitra bientôt en vous le Louis XVI que vous aimez tant incarner.

    • mercredi 4 février 2009 à 18h07, par JBB

      « A l’instar de l’IFOP, je me permet une analyse caricaturale : les français sont divisés en deux ensembles. Le premier s’intéresse à la politique pour son contenu. Le deuxième se contente d’intuitions prémachées pour se forger une opinion. »

      Rien de caricatural là-dedans : pour moi, ça me semble très bien vu et conforme à la réalité. Quand le deuxième ensemble se sera encore réduit davantage, le temps de Varennes sera venu.



  • mercredi 4 février 2009 à 16h58, par Françoise

    Déclaration universelle des Droits de l’Homme

    Article 19

    Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. _  _ 

    À voir :

    http://video.google.com/videoplay?d...

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com/

    • mercredi 4 février 2009 à 17h56, par JBB

      Pour le rappel de la Déclaration, clair que ça ne fait jamais de mal. Même si ça paraît bien loin de nous, maintenant…

      (Dommage que la vidéo soit d’aussi mauvaise qualité. Pour ceux qui voudraient la consulter, il suffit de recopier le lien tout en virant l’espace vide entre « videoplay » et «  ? » )



  • mercredi 4 février 2009 à 17h07, par tgb

    Bah après tout que cet individu ultra- louche ne puisse plus mettre un pied en France sans être entouré d’une légion matraqueuse est plutôt bon signe. Pendant que les flics sont occupés à ça au moins ils ne font pas de conneries et on peut bricoler des émeutes ailleurs peinard - ça finira bien par fatiguer le CRS lambda tout ce circus et intriguer le petit commerçant umpiste qui doit fermer sa boutique à chacun de ses raids héliportés.

    Le petit roitelet du royaume d’Autistie si populaire que plus personne ne peut ou ne veut lui serrer la pince....

    la France est plus grande que les français, elle finira bien par virer le petit malotru médiatiquement encensé réellement impopulaire.

    il ne nous aime pas on ne l’aime pas non plus on finira bien par divorcer malgré les enfants...

    c’était ma minute optimiste

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • mercredi 4 février 2009 à 18h12, par JBB

      « c’était ma minute optimiste »

      Je veux y croire aussi. Il ne fait tellement pas les choses à moitié qu’il finira bien par déclencher cette révolte qu’il craint tant.

      « Le petit roitelet du royaume d’Autistie si populaire que plus personne ne peut ou ne veut lui serrer la pince.... »

       :-)



  • mercredi 4 février 2009 à 17h31, par miles v

    Le pire c’est que certains parmi les 53% vont dire « on ne savait pas ».
    Pourtant c’était annoncé par sa politique au ministère de l’intérieur et cet aveu certainement involontaire :

    Voir en ligne : http://evariste.hautetfort.com/arch...

    • mercredi 4 février 2009 à 17h58, par JBB

      « Le pire c’est que certains parmi les 53% vont dire ’on ne savait pas’ »

      Oui. Mais en même temps, souhaitons qu’ils soient le plus nombreux possible. Plus ils seront à ouvrir les yeux, plus nous avons de chance de voir les choses changer.



  • mercredi 4 février 2009 à 20h13, par raman

    ça montre bien à quel point il est populaire dans la vraie vie le nabot ! N’a-t-il pas la conscience tranquille pour qu’il se protège à ce point-là ? ça n’empêchera pas le peuple de le renverser, TOT ou TARD !



  • mercredi 4 février 2009 à 21h34, par skalpa’s back
    • mercredi 4 février 2009 à 22h43, par JBB

      Diantre…

      Ça finit mal, n’est-ce pas, les westerns mettant aux prises indiens et cow-boys ? Les premiers se font toujours méchamment ratatiner la gueule par les seconds, non ? Il serait peut-être temps d’inverser ce désagréable déterminisme historique.

    • samedi 18 avril 2009 à 20h09, par un-e anonyme

      je dirai même plus : « fasciste fanfaron ».
      Car dans quels pays imposent-on le couvre-feu lors des apparitions du chef d’Etat ? Les dictatures solidement installées.
      Il ne manque plus que des écoliers figurants lui déposant des bouquets comme ce fut le cas des Franco and C°, des bonnes femmes à fichu et robe fleuris agitant des mouchoirs sur son passage et des crétins à béret applaudissant formant sa claque provinciale. Chiche ! Les medias n’ont donc rien d’autre à foutre au 21e siècle que de montrer ces images ridiculissimes de Son Infinie Bassesse visitant Camembert-city karchérisé de ses citoyens et contestataires ?

      Voir en ligne : موقع



  • mercredi 4 février 2009 à 21h39, par wuwei

    Un qualificatif que l’on peut lui accoler sans aucun risque de se tromper tant il lui va bien, c’est « fanfaron ». Son obsession pour sa propre sécurité tant physique que psychique, en plus d’être puérile, montre à quel point le fossé qui se creuse entre lui et le peuple ne peut être combler. Signes de temps plus sombres pour lui, il me semble depuis quelques temps entendre dans son propre camp certaines voix dissonantes et même discordantes. Le roi sera-t-il bientôt nu ?

    • mercredi 4 février 2009 à 22h46, par JBB

      « c’est ’fanfaron’ »

      Clair. Ça rappelle cet épisode, il y a un an ou peu s’en faut, où il était prêt à se tartiner la tronche avec le pêcheur qui l’avait traité d’enculé. Le style de fier-à-bras qui ne l’est que parce qu’il est entouré de potes aux gros biscottos…

    • jeudi 5 février 2009 à 14h43, par troglodix

      je dirai même plus : « fasciste fanfaron ».

      Car dans quels pays imposent-on le couvre-feu lors des apparitions du chef d’Etat ? Les dictatures solidement installées.

      Il ne manque plus que des écoliers figurants lui déposant des bouquets comme ce fut le cas des Franco and C°, des bonnes femmes à fichu et robe fleuris agitant des mouchoirs sur son passage et des crétins à béret applaudissant formant sa claque provinciale. Chiche !
      Les medias n’ont donc rien d’autre à foutre au 21e siècle que de montrer ces images ridiculissimes de Son Infinie Bassesse visitant Camembert-city karchérisé de ses citoyens et contestataires ?

      • « Il ne manque plus que des écoliers figurants lui déposant des bouquets comme ce fut le cas des Franco and C°, des bonnes femmes à fichu et robe fleuris agitant des mouchoirs sur son passage et des crétins à béret applaudissant formant sa claque provinciale. »

        Je t’arrête, ça existe déjà. A l’UMP…



  • mercredi 4 février 2009 à 21h45, par Moh

    Depuis quelques semaines, une désagréable sensation me titille l’esprit. Et la lecture de l’essai d’Emmanuel Todd n’a fait que la renforcer.

    Cette atmosphère de servilité de la part d’une partie de la haute fonction publique, de la justice et des forces de l’ordre me rappelle le chapitre que consacre Ian Kershaw, dans sa biographie de Hitler, au fonctionnement de l’administration allemande dès 1933 : « Travailler en direction du Führer ».

    Hitler n’avait pas à donner d’ordres, juste à faire part de ses souhaits, à punir ou à récompenser, et toute une machinerie se mettait à l’œuvre pour aller au devant de ses souhaits et anticiper les vœux présumés. Un tel processus entraîna une « radicalisation cumulative ».

    Il semblerait que nous soyons dans un processus comparable et que la conséquence sera l’instauration d’un régime autoritaire, loin toutefois de la folie nazie.

    Naboléon IV perce déjà sous le Président.

    • mercredi 4 février 2009 à 22h55, par JBB

      « Cette atmosphère de servilité de la part d’une partie de la haute fonction publique, de la justice et des forces de l’ordre me rappelle le chapitre que consacre Ian Kershaw, dans sa biographie de Hitler, au fonctionnement de l’administration allemande dès 1933 »

      C’est à ça que j’ai pensé aussi. C’est d’ailleurs un trait de tous les régimes totalitaires que de diluer les responsabilités des exécutants tout en les poussant à devancer les désirs du prince. Bien entendu, comme tu l’écris, on ne risque pas de tomber dans « la folie nazie ». Mais cette façon d’instrumentaliser l’administration de l’Etat ne peut pas être innocente.

      • jeudi 5 février 2009 à 11h06, par L’aut’ ruche

        « [...] on ne risque pas de tomber dans “la folie nazie” [...] »

        Ah bon ?

        Et pourquoi, rationnellement, pourquoi ?
        Affirmation purement gratuite et visant à ne pas se faire peur.
        Et pourtant.
        Criminalisation de toute opposition (fantasmée — Les ultra-épiciers — & non parlementaire (c’est le même club)) ; pleins pouvoirs aux « forces de l’ordre » ; chasse à l’étranger ; camps...

        Il faut bien que ça commence par un bout.

        • Non, ce n’est sûrement pas une affirmation « gratuite ».

          Je suis le premier à critiquer sans concession le sarkozysme. Mais ça n’a pas de sens de le comparer au nazisme, état totalitaire et idéologie racialiste d’extermination. Mettre les deux sur le même plan revient à disqualifier la critique (justifiée) que tu fais d’un régime autoritaire, démagogique et méprisable, je trouve ça dommage.

        • Parce que l’hystérie allemande a mené à une guerre mondiale et à des génocides. Et que la régime sarkozyste, tout méprisable qu’il soit, ne mènera qu’à un 4e Empire aussi ridicule et cuistre, mais plus sécuritaire, que le 3e tant vanté par Marseille, Guaino et autres Seguin.

          Reste à trouver notre Victor Hugo. Patrick Rambaud me parait bien placé.



  • mercredi 4 février 2009 à 22h26, par JLG

    OK OK, il est insupportable.

    Mais ne soyons pas obsédéEs par le champion de France 2007 de course présidentielle. Il n’est que le produit caricatural d’un système. Le combat fondamental est le combat contre ce système, sur lequel à l’insu de son plein gré il braque le projecteur.

    Voir en ligne : http://www.combatenligne.fr

    • mercredi 4 février 2009 à 22h38, par JBB

      « Mais ne soyons pas obsédéEs par le champion de France 2007 de course présidentielle. »

      Je sais… mais c’est plus fort que moi : je ne peux pas m’en empêcher.

      (Je suis d’accord, ce qui compte c’est ce dont Sarkozy est le nom. Mais il faut avouer que, souvent, il s’y entend bien pour cacher la forêt systémique par l’arbuste de sa détestable personne…)

      • mercredi 4 février 2009 à 23h17, par Erictus Pithécanthropus

        Ou pire... L’arbrisseau qui grandit dans son ombre et qui prendra sa place ?

        Parfois, l’Histoire est mal faite et puis... Les serpents pondent des œufs !

        _ E.P

        • jeudi 5 février 2009 à 07h33, par yelrah

          Je pense qu’au début, tous ces flics c’était pour la frime, il poulais le faire alors il l’a fait, un peu comme son « air force one », mimetisme bushien, pilules de vi@gra en quelque sorte.

          Puis à force se persuader de la necessité de la chose et se faire depasser par la dynamique enclanchée .

          C’est un type extrèmement dangereux je croie.

          • @ E.P. : oui, il faut se méfier de ce Jean, né une cuillère dorée dans la bouche et que son père entend propulser direct aux plus hautes fonctions. On va se réveiller dans une monarchie autoritaire qu’on aura pas compris comment…

            @ Yelrah : oui, il se prend peu à peu au jeu. Et d’autant plus que personne, dans son entourage, ne lui ouvrira les yeux sur cette lente mais réelle dérive.



  • jeudi 5 février 2009 à 10h24, par jfbobi

    un piquet de grève peut être inculpé d’entrave au travail. Qu’en est-il d’un cordon de police ?
    une infirmière peut-elle porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui pour avoir été empêchée de soigner un patient ?
    un commerçant peut-il demander un dédommagement pour entrave à son commerce ? (bon, ok, il risque un contrôle fiscal !)
    quand un « terroriste » allumera un incendie dans la zone « protégée », les pompiers pourront-il intervenir ?
    il est important d’étaler le ridicule de ce mauvais spectacle du pouvoir...

    • Ce sont en effet de vraies questions, qui méritent d’être posées. Nul doute que si ce barnum ridicule se poursuit (et nulle raison pour qu’il arrête, suffit de voir ce qui vient encore de se passer à Strasbourg aujourd’hui), la société civile va s’en emparer ; mais est-ce que ça fera avancer les choses ? Je suis plus sceptique.



  • jeudi 5 février 2009 à 11h09, par Guillermo

    Très bonne synthèse, qui aborde tous les aspects du problème au delà de la médiatique affaire du prefet limogé. Je vais faire circuler ça. Merci.

    Voir en ligne : radical chic



  • et alors ?
    Se battre, comment ?

    et si au contraire, à sa prochaine visite, personne n’y allait ? Il aurait l’air un peu ridicule, non ?

    • « si au contraire, à sa prochaine visite, personne n’y allait ? »

      C’est pas bête comme idée. Sauf qu’il s’en fiche, je pense : il lui restera toujours sa claque d’adhérents UMP et d’exécutants zélés. Il n’a besoin de rien d’autre pour être heureux, lui.



  • jeudi 5 février 2009 à 19h13, par Ulrich

    Changement de propriétaire,...

    Voir en ligne : Nous étions pourtant prévenus !



  • mercredi 11 février 2009 à 08h01, par b.poiraud

    Dans votre liste, n’oubliez pas Châteaubriant le 29 janvier 2009. Une petite ville bien tranquille transformée en ville en état de siège, une réunion « publique » avec service d’ordre UMP. Des gens, avec carte d’invitation, refoulés, « indésirables », sortis de la salle , uniquement en raison de leur faciès ...

    http://www.journal-la-mee-2.info/sp...

    Voir en ligne : La Mée

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