dimanche 3 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 12h02, par
10 commentaires
Déjà bien flétrie, la rose socialiste ne cesse de perdre ses couleurs au fur et à mesure que les dirigeants du PS multiplient petites compromissions et grosses trahisons. Dernier exemple en date, le recours du maire d’Asnières aux forces de l’ordre pour évacuer une manifestation de sans-papiers. Bien loin des principes revendiqués à cors et à cris par ce socialiste bon teint…
Je ne sais pas pour vous.
Mais il me vient parfois, à l’heure où blanchit la campagne et alors que je m’attèle à mon ordinateur, des soupirs de lassitude.
Tant j’ai l’impression de voir revenir toujours les mêmes protagonistes.
Ces têtes devenues si familières et qui inspirent les mêmes sujets.
Tenez…
Au hasard…
Si je considère le Parti Socialiste.
Et qu’il me prend l’envie de me pencher (c’est une image, hein…) sur Jack Lang.
Paf !
Recta !
Mes doigts courent d’eux-mêmes sur le clavier, écrivant en boucle les mêmes mots : pathétique versatilité, ridicules ambitions, médiatiques trahisons, pathétique versatilité, ridicules ambitions, médiatiques…
(J’arrête là, vous avez compris le principe.)
Supposons (maintenant) que je souhaiter aborder le cas Manuel Valls.
Paf !
Direct !
Mes doigts courent d’eux-mêmes sur le clavier, écrivant en boucle les mêmes mots : sarkozysme de gauche, ridicules ambitions, médiatiques trahisons, sarkozysme de…
Imaginons (enfin) que j’ambitionne d’évoquer l’exemple de Ségolène Royal.
Paf !
Aussi sec !
Mes doigts courent d’eux-mêmes sur le clavier, écrivant en boucle les mêmes mots : inanité du discours, ridicules ambitions, médiatiques trahisons, inanité du…
Bref, vous voyez où je veux en venir : ce jeu de grosses entourloupes et de petites ambitions qui a cours au Parti Socialiste n’a qu’un défaut, celui de toujours voir revenir les mêmes personnages.
Sauf que…
Les choses changent.
De nouvelles figures émergent.
Et des talents encore méconnus se font jour.
Il est ainsi une jeune pousse du PS qui ne devrait pas le rester longtemps.
Tant ses prédispositions pour le double discours et pour la trahison des valeurs socialistes sont éclatantes.
J’ai nommé Sébastien Pietrasanta, 30 ans aux prunes et nouvel édile d’Asnières, ce qui fait de lui le plus jeune maire des Hauts-de-Seine.
Une jolie performance, signe que la valeur n’attend pas le nombre des années.
Non plus que la capacité de reniement.
La preuve ?
J’ viens.
Mercredi se tenait devant la mairie d’Asnière, rapporte Le Parisien, une manifestation de « mal-logées en situation irrégulière ». Soit « huit femmes immigrées qui s’étaient installées » avec leurs enfants sur le parvis de l’hôtel de ville « pour réclamer un logement ».
Elles ont été interpellées jeudi soir, avant d’être placées en garde à vue au commissariat d’Asnière, où quatre d’entre elles se trouvaient toujours vendredi, histoire que la préfecture ait le temps de « regarder les procédures pour voir si elles peuvent être éloignées du territoire français ».
Dégueulasse.
Mais tristement classique…
Ce qui est déjà un peu moins habituel, par contre, c’est que Le Parisien précise que « l’opération policière a eu lieu à la demande du maire socialiste d’Asnières, Sébastien Pietrasanta ». Lequel sent bien qu’il n’y a pas là de quoi être fier. Et tente de se dédouaner en expliquant qu’il a « demandé le concours de la force publique pour faire évacuer ces familles, parce qu’il n’y avait aucune solution de relogement, mais en aucun cas je n’ai demandé leur arrestation et leur éloignement du territoire ».
Comme s’il ne s’était pas douté que les policiers allaient remplir le triste labeur qui est leur quotidien depuis l’élection de Sarkozy.
Des fois qu’ils se soient juste contentés de faire la circulation et d’offrir des cafés chauds aux sans-papiers…
Sans déconner…
Le jeune Sébastien Pietrasanta pourra difficilement faire croire qu’il n’imaginait pas une telle issue.
Ce qui la fout mal pour un supposé socialiste.
Et encore davantage pour un homme qui, en pleine campagne, en mars 2007, se scandalisait sur son blog du traitement réservé aux sans-papiers.
Prenant sa plus jolie plume pour dire son « parfait écoeurement, (sa) honte même face à de tels agissements ».
(Si, si…)
S’interrogeant avec vigueur : « Est-cela la France d’après de Nicolas Sarkozy ? Une république qui bafoue ces principes. Je refuse que les enfants sans-papiers soient expulsés de notre territoire. En tant qu’élu et en tant que professeur en lycée professionnel, je refuse de faire le tri entre les enfants. Mon engagement politique est né de mon combat antiraciste. Je ne peux ici qu’exprimer toute ma solidarité avec les enfants de sans papiers, leurs familles, tout le personnel éducatif et les parents d’élèves qui se battent pour construire une société plus fraternelle. »
(Si, si…)
Avant de conclure avec emphase : « J’appelle de mes voeux une République métissée ! »
(Si, si…)
Je vous laisse juge de la valeur des combats de Sébastien Pietrasanta.
Socialiste bon teint et bien de son temps.
Moi, je me contenterai de paraphraser la fin d’une chronique qui a fait couler beaucoup d’encre.
Et de prédire : « Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »