ARTICLE11
 
 

mardi 21 avril 2009

Le Charançon Libéré

posté à 13h25, par JBB
35 commentaires

Encore Nicolène et Ségola ? Arggghhh… faites les taire ! Ou je fous ma cagoule.
JPEG - 16.7 ko

Je sais bien que ça devrait me faire rigoler. Que ce vaste spectacle de fausses excuses, d’excuses des excuses et d’excuses des excuses des excuses ne mérite même pas un haussement de sourcils indigné. Mais c’est plus fort que moi, je n’y arrive pas. Et ce grand ballet sarko-ségolénien, redite pathétique de la campagne de 2007, me donne surtout envie de refiler des coups de boule à tout va.

« Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n’exprime finalement que son désir de dormir. »
Guy Debord.
JPEG - 49.7 ko

Euh…

Dites…

Je ne suis pas le seul ?

Hein ?

Quand même pas…

Vous aussi, ça vous file des boutons et l’envie de gerber, faisant remonter, là, quelque part, aux tréfonds de votre bide, de violentes pulsions homicides ?

Ça vous enrage - littéralement - de voir le grand barnum à deux francs six sous reprendre son programme comique-troupier de guignolade politique, pièce déjà produite en 2007 et jouée jusqu’à la nausée, aréopage de mauvais acteurs qui se refilent les mêmes dialogues recuits et monopolisent la scène, Ségo vient de Mars et Nico de Vénus ?

Ça vous horripile itou de constater que tout pareil, rien n’a changé, Ségolène et Nicolas main dans la main pour se lire leurs répliques, textes débiles et sans aucun intérêt, soupe copieusement servie par des médias se donnant une crédibilité de tic et de toc1 et sauce complaisamment montée par tout un aréopage de seconds rôles, tous plus ridicules les uns les autres2 ?

Rassurez-moi…


Je sais, je suis un brin naïf.

Trop candide.

Voir : complètement con.

Tant les capacités de reconduction, voire d’inflation, du spectacle ne devraient plus m’étonner une seule seconde, encore moins me scandaliser.

Et il n’est pas de raison pour que Nicolène et Ségola, duettistes d’élites experts à créer du bruit médiatique sur la petite musique du rien et de l’insignifiant, changent leur fusil d’épaule.

Non plus qu’ils vont se gêner pour reprendre là où ils avaient arrêté leur petit numéro en 2007, elle jugée sur les barricades de la vacuité et enchaînant des poses plus débiles les unes que les autres, lui éternel candidat ubuesque ne goutant rien tant que les débats faussés et l’agitation stérile.

Mais… merdre !

C’est plus fort que moi : ça me fout les nerfs.

Et je ne rêve plus que d’une chose, dégommer tout ce beau monde à grand coups de pavés dans la tronche avant d’aller mettre le feu à l’Ibis du coin.


J’exagère ?

Mettons que je me laisse un brin emporter.

Que le sketch des excuses de Segola - saynète idiote qu’elle va sans doute rejouer à chaque occasion - ne mérite rien d’autre qu’une indifférence blasée.

Que les réactions faussement indignées des partisans de Nicolène - toute une cohorte de roquet prenant la parole comme à la parade jusqu’à l’intervention du caniche en chef, lequel sait de quoi il parle quand il remarque : « C’est monstrueux de se comporter de cette façon-là, de mentir » - ne devrait même pas provoquer chez moi un haussement de sourcils.

Et que l’empressement des médias à mettre en scène le spectacle, festival de petites phrases et de grandes indignations magnifiquement conclu par un Joffrin en grande forme - « J’attends les excuses de l’Elysée », a osé le ridicule parvenu - , devrait me laisser totalement froid.

Sauf que…

Non.

Je n’arrive pas à prendre tout ça avec décontraction.

Voire : je bous littéralement, petite boule de nerfs en instance d’implosion meurtrière.

Et je voudrais le dire avec toute la force de conviction qu’il me reste : je ne vivrai pas un deuxième printemps 2007, PS et UMP main dans la main pour nous enfumer grave et nous promener dans les grandes largeurs.

Ou je (re)fous ma cagoule !

Et ça va chier des bulles…



1 J’ai lu quelque part, même pas le courage de rechercher la référence, que Libération s’était redonnée, grâce à ce que certains s’entêtent à appeler l’affaire Zapatero, une crédibilité de journal d’opposition. Sérieux, c’est une blague ?

2 A cette minute, Hortefeux, Lefèbvre, Moscovici, Lang, Bayrou, Morano, Chatel, Bertrand, Jego, Hamon et Ayrault - liste non exhaustive - ont pris position sur les excuses de Royal, sur les excuses des excuses ou sur les excuses des excuses des excuses. Derniers développements en date, Moscovici exigeait un signe de contrition de Bertrand, et Morano réclamait la même chose de Libération. C’est pas bientôt fini ?


COMMENTAIRES

 


  • Je n’attendrais pas d’excuse pour ton papier JBB, car article XI est un des rares espaces sur le net où je puisse encore trouver refuge. Malgré tout, quitte à se ruer sur les fausses polémiques, j’aurais plus vu quelque chose sur Durban II, et la mascarade que représente cette compétition : De qui sera le plus raciste et qui va s’indigner avec le plus de fracas, je m’en contrefiche, et j’aimerais entendre quelqu’un pour médiatiser en quoi ce sommet est une autre mascarade, un cache misère des problèmes sociaux et économiques. Là pour moi, il y a de la fausse polémique à dénoncer. Mais par pitié, laisse ce pauvre Joffrin s’étouffer avec son journal indigeste ET superficiel (un exploit dont peu de journaux peuvent se targuer). Et S.R et toute la clique au passage.
    Un peu de pub qui mange pas de pain :
    Ne sauvons pas le système qui nous broie ! Par le Sous-Comité décentralisé des gardes-barrières en alternance.
    Un bouquin à se procurer d’urgence. Un parmi la longue liste de ceux que le gouvernement préférerait voir moisir dans les cartons. C’est loupé, on dirait...

    • je t’accorde que le billet aurait pu être mieux troussé et mené, et qu’il a à l’évidence un côté facile. Mais par contre, je ne trouve pas que ce soit une « fausse polémique » : il me semble que la façon qu’a Royal de mener son affaire est symptomatique, d’une déliquescence de la chose politique autant que de l’effondrement doctrinal du Parti socialiste.

      Pour Durban II, c’est clair que le sujet aurait été intéressant. Mais là, je manque pas mal de connaissances sur la question. Et sinon pointer l’incroyable blanc-seing accordé à des salopards autocratiques et la « fausse polémique » (là, tout d’accord avec toi) entretenue autour des propos d’Ahmadinejad (le mec est un bouffon, mais il n’a rien dit d’honteux sur ce coup), j’aurais été bien en peine de dire quelque chose d’intéressant.

      « Un peu de pub qui mange pas de pain : Ne sauvons pas le système qui nous broie ! Par le Sous-Comité décentralisé des gardes-barrières en alternance. »

      J’aime bien le titre. :-)
      A 1 € le bouquin, ça aurait été dommage de s’en priver. Acheté.



  • Ce qui est sur, c’est que Royal aurait fait une politique aussi nulle, inepte et débile que Sarko. Moins à droite (peut être...), mais d’un niveau comparable.

    Saint Karl *, ai pitié de nous, fait un miracle pour 2012 !!!

    * pas Lagardfeld, hein, l’autre...

    Voir en ligne : http://jide.romandie.com



  • La société du spectacle : « le règne autocratique de l’économie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l’ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce règne »

    Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle (1988), Paris, Gallimard, 1992, p.14

    C’est on ne peut plus précis, concis et exact ! A accrocher au-dessus de son lit, avant de méditer à la question qui s’impose : qu’est-ce qu’on fait, dans ces conditions ?

    • Une fois toutes les grandes utopies passées à la lessiveuse, il ne reste en effet qu’une grille d’analyse vraiment crédible. Les situs avaient raison sur tout, ou peu s’en faut. Seul truc, je les rangerais à côté de ma réserve de bouteilles de rosé plutôt que les afficherais au-dessus de mon lit : faut un bon degré (d’alcool) pour en préserver toute la primeur.

      « qu’est-ce qu’on fait, dans ces conditions »

      Eheh… bonne question. Je dirais : on descend des godets en attendant la chute. Cela viendra bien.



  • « Je sais bien que ça devrait me faire rigoler. »

    Moi non plus cela ne me fait pas rire du tout, car tous les deux et leurs affidés n’ont même pas en eux le soupçon d’intelligence qui donne la vis comica. De plus pendant que les médias (d’accord avec toi pour la tentative du « barbichu » de redorer sa carte de presse à bon compte) nous gave avec ces altercations dignes d’une récré de corps préparatoire, les vrais infos passent à la trappe. Au fait c’est dans moins de deux mois que nous sommes censés aller voter !

    • « les médias (…) nous gave avec ces altercations dignes d’une récré de corps préparatoire, les vrais infos passent à la trappe »

      Tout d’accord, c’est le spectacle au lieu de la vraie vie. Sans surprise, en même temps.

      « c’est dans moins de deux mois que nous sommes censés aller voter »

      Ou pas… :-)
      (Abstention powa !)



  • « ...........où ils avaient arrêté leur petit numéro en 2007, elle jugée sur les barricades .................. »

    D’acc ! Dès qu’on a fait les barricades, on la juge, et hop, à la trappe la pimprenelle avec son pote nicolas :-)) mais faudrait-il encore qu’il y ait des barricades, pfffffffffff .............. l’insurrection, elle doit être écolo, elle arrive à vélo, c’est pas rapide.

    Sur la page d’accueil de http://www.politis.fr/ il y a des hors-la-loi en cagoule et personne dit rien !

    • A vélo, à trotinette ou à reculons : du moment qu’elle finit par venir…

      « Sur la page d’accueil de http://www.politis.fr/ il y a des hors-la-loi en cagoule »

      Oui, et en plus ils sont pas beaux du tout, ceux-là. Dommage que ce soit sur abonnement (et que je sois pas abonné), j’aurais bien lu le papier de Fontenelle sur le sujet.

      • A reculon ? oh noooooooon......................................

        Commets-je une grosse bévue en postant l’article de Fontenelle ? C’est le numéro de jeudi dernier alors je me suis dis que je pouvais.................. Sinon, y a qu’à effacer ;-)

        « Coupat : l’affaire dans l’affaire
        Jeudi 16 Avril 2009, Par Sébastien Fontenelle
        Julien Coupat, mis en examen au mois de novembre 2008 pour avoir prétendument dirigé à Tarnac (Corrèze), 356 habitants, une association de malfaiteurs à visées terroristes composée de huit de ses ami(e)s, incarcéré depuis cent cinquante jours à la Santé, doit sortir de prison. Maintenant. Il suffit de l’écrire, et tout devient plus simple. Julien Coupat doit sortir de prison, parce qu’au terme de longs mois d’une investigation que l’on présume rigoureuse, fondée sur des centaines d’heures de surveillance étroite, rien, dans le dossier constitué par le juge Thierry Fragnoli, chargé de l’affaire, ne justifie son maintien en détention : on n’y trouve aucune preuve d’une quelconque implication du jeune homme dans le sabotage, au mois de novembre dernier, d’une ligne de TGV.
        Un seul exemple : le providentiel témoin sous X venu l’accabler in extremis au tout dernier jour de sa garde à vue en jurant l’avoir entendu dire que « la vie humaine a une valeur inférieure au pouvoir politique », et dont la déposition passe pour être la pièce maîtresse de l’accusation, serait « un mythomane », comme l’a révélé Mediapart. Coupat, lors d’une audition, a d’ailleurs relevé le « caractère délirant » de ses accusations anonymes, qui visent à le faire passer « pour une espèce de Charles Manson de la politique » [1] – et qui ont, de fait, été catégoriquement contredites par d’autres témoins.
        Mais ces dénégations intéressent-elles seulement le juge Fragnoli ? C’est ce dont semble désormais douter Irène Terrel, l’avocate de Julien Coupat, qui dénonce « une instruction à charge ». Le dossier, il est vrai, réserve quelques surprises.
        Flashback : en 2005, déjà, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances, Tracfin, enquête sur Julien Coupat et Benjamin Rosoux, qui viennent d’acquérir, à Tarnac, la ferme du Goutailloux – au motif, déjà, qu’ils « seraient membres de mouvances anarcho-libertaires et auraient participé, à ce titre, à de nombreuses actions contestataires » (sic). Naturellement, les fins limiers du fisc remontent bredouilles de cette immersion dans l’hypergauche corrézienne : ni Coupat ni Rosoux (qui sera lui aussi arrêté et incarcéré en 2008) n’ont de comptes offshore à Saint Kitts and Nevis. Mais rien ne se perd, et cette vaine investigation nourrit trois ans plus tard le dossier d’instruction de Thierry Fragnoli : à défaut d’éléments neufs, elle a du moins l’avantage de lui donner du volume. De même : ce magistrat curieux de tout a coté un livre publié en 2007, L’insurrection qui vient [2], dont les auteurs considèrent que « saboter avec quelque conséquence la machine sociale implique aujourd’hui de […] réinventer les moyens d’interrompre ses réseaux » en se demandant, par exemple, « comment rendre inutilisable une ligne de TGV », et qui par conséquent doit en réalité être l’œuvre de Julien Coupat, puisque, CQFD, ce même sauvageon est soupçonné – sans preuve – d’avoir précisément saboté une ligne de TGV. Le raisonnement a le mérite de la rondeur, mais se heurte à un minuscule détail : rien ne permet d’attribuer à Coupat la paternité d’un ouvrage dont l’éditeur, Éric Hazan, entendu comme témoin jeudi 9 avril, a déclaré aux enquêteurs de la sous-direction de l’antiterrorisme « qu’ils avaient frappé à la mauvaise porte s’ils attendaient de [lui] qu’il leur facilite l’amalgame entre Julien Coupat, les caténaires et L’insurrection qui vient ». Et vlan.
        Plus original encore : le juge Fragnoli vient également d’épaissir son dossier, comme d’une pièce essentielle à la manifestation de la vérité, de la retranscription d’une émission de télévision où le fameux détective Thierry Ardisson a soumis à la question, le 17 janvier dernier, deux mois après l’incarcération de son fils, le père de Julien, Gérard Coupat… En résumé : à défaut de preuves concrètes de la culpabilité du captif, toujours présenté comme le chef d’une association de terroristes dont tous les autres membres ont été remis en liberté (en gage, probablement, de leur extrême dangerosité), la justice retient contre lui une enquête fiscale qui n’a donné lieu à aucune poursuite, un livre paru il y a deux ans, et l’enregistrement d’une émission de Canal +. C’est à la fois beaucoup, et fort peu.
        Pour le dire de façon plus concise encore : le dossier donne l’impression, quelque peu dérangeante, d’avoir été meublé de bric et de broc par un décorateur soucieux d’atténuer une forte impression de vide. C’est probablement ce qui a incité un juge des libertés et de la détention (JLD), peu suspect de nourrir des sympathies secrètes pour le terrorisme rural, à considérer que la détention de Julien Coupat n’était « pas indispensable à la manifestation de la vérité », et à ordonner, le 19 décembre dernier, sa remise en liberté. Le parquet a fait appel ; l’ordonnance a été cassée ; l’audacieux magistrat n’a plus été sollicité ; d’autres JLD, mieux élevés, se chargent désormais de rejeter les demandes de remise en liberté que dépose Irène Terrel : l’honneur de la magistrature est sauf, et rien ne vient déjuger Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, qui a très fort battu des mains, après l’arrestation, minutieusement médiatisée, des « neuf de Tarnac ».
        Oui, mais : en fondant des poursuites sur des supputations plutôt que sur des faits avérés, sur des intentions alléguées plutôt que sur des preuves tangibles, on n’invente pas seulement de nouveaux illégalismes. On n’indique pas seulement que « le fait de lire des livres subversifs ou de manifester contre la politique de l’immigration », comme Coupat et ses camarades, constitue désormais « un indice de dangerosité justifiant la mise en détention provisoire » [3]. On entérine aussi, comme l’a souligné le Syndicat de la magistrature, « l’instrumentalisation consentie de la justice » – et la désignation de commodes boucs émissaires. En cela, comme le pointe son avocate : Julien Coupat est l’otage de la raison d’État. Pour cela, aussi, il doit sortir de prison. Maintenant.
        Notes
        [1] « Ce que contient le dossier d’instruction de l’affaire Tarnac », par Isabelle Mandraud, Le Monde, 26 mars 2009.
        [2] La Fabrique, 2007.
        [3] Une société de surveillance ? L’état des droits de l’homme en France, édition 2009, La Découverte.

        Coupat : l’affaire dans l’affaire
        Jeudi 16 Avril 2009, Par Sébastien Fontenelle
        Julien Coupat, mis en examen au mois de novembre 2008 pour avoir prétendument dirigé à Tarnac (Corrèze), 356 habitants, une association de malfaiteurs à visées terroristes composée de huit de ses ami(e)s, incarcéré depuis cent cinquante jours à la Santé, doit sortir de prison. Maintenant. Il suffit de l’écrire, et tout devient plus simple. Julien Coupat doit sortir de prison, parce qu’au terme de longs mois d’une investigation que l’on présume rigoureuse, fondée sur des centaines d’heures de surveillance étroite, rien, dans le dossier constitué par le juge Thierry Fragnoli, chargé de l’affaire, ne justifie son maintien en détention : on n’y trouve aucune preuve d’une quelconque implication du jeune homme dans le sabotage, au mois de novembre dernier, d’une ligne de TGV.
        Un seul exemple : le providentiel témoin sous X venu l’accabler in extremis au tout dernier jour de sa garde à vue en jurant l’avoir entendu dire que « la vie humaine a une valeur inférieure au pouvoir politique », et dont la déposition passe pour être la pièce maîtresse de l’accusation, serait « un mythomane », comme l’a révélé Mediapart. Coupat, lors d’une audition, a d’ailleurs relevé le « caractère délirant » de ses accusations anonymes, qui visent à le faire passer « pour une espèce de Charles Manson de la politique » [1] – et qui ont, de fait, été catégoriquement contredites par d’autres témoins.
        Mais ces dénégations intéressent-elles seulement le juge Fragnoli ? C’est ce dont semble désormais douter Irène Terrel, l’avocate de Julien Coupat, qui dénonce « une instruction à charge ». Le dossier, il est vrai, réserve quelques surprises.
        Flashback : en 2005, déjà, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances, Tracfin, enquête sur Julien Coupat et Benjamin Rosoux, qui viennent d’acquérir, à Tarnac, la ferme du Goutailloux – au motif, déjà, qu’ils « seraient membres de mouvances anarcho-libertaires et auraient participé, à ce titre, à de nombreuses actions contestataires » (sic). Naturellement, les fins limiers du fisc remontent bredouilles de cette immersion dans l’hypergauche corrézienne : ni Coupat ni Rosoux (qui sera lui aussi arrêté et incarcéré en 2008) n’ont de comptes offshore à Saint Kitts and Nevis. Mais rien ne se perd, et cette vaine investigation nourrit trois ans plus tard le dossier d’instruction de Thierry Fragnoli : à défaut d’éléments neufs, elle a du moins l’avantage de lui donner du volume. De même : ce magistrat curieux de tout a coté un livre publié en 2007, L’insurrection qui vient [2], dont les auteurs considèrent que « saboter avec quelque conséquence la machine sociale implique aujourd’hui de […] réinventer les moyens d’interrompre ses réseaux » en se demandant, par exemple, « comment rendre inutilisable une ligne de TGV », et qui par conséquent doit en réalité être l’œuvre de Julien Coupat, puisque, CQFD, ce même sauvageon est soupçonné – sans preuve – d’avoir précisément saboté une ligne de TGV. Le raisonnement a le mérite de la rondeur, mais se heurte à un minuscule détail : rien ne permet d’attribuer à Coupat la paternité d’un ouvrage dont l’éditeur, Éric Hazan, entendu comme témoin jeudi 9 avril, a déclaré aux enquêteurs de la sous-direction de l’antiterrorisme « qu’ils avaient frappé à la mauvaise porte s’ils attendaient de [lui] qu’il leur facilite l’amalgame entre Julien Coupat, les caténaires et L’insurrection qui vient ». Et vlan.
        Plus original encore : le juge Fragnoli vient également d’épaissir son dossier, comme d’une pièce essentielle à la manifestation de la vérité, de la retranscription d’une émission de télévision où le fameux détective Thierry Ardisson a soumis à la question, le 17 janvier dernier, deux mois après l’incarcération de son fils, le père de Julien, Gérard Coupat… En résumé : à défaut de preuves concrètes de la culpabilité du captif, toujours présenté comme le chef d’une association de terroristes dont tous les autres membres ont été remis en liberté (en gage, probablement, de leur extrême dangerosité), la justice retient contre lui une enquête fiscale qui n’a donné lieu à aucune poursuite, un livre paru il y a deux ans, et l’enregistrement d’une émission de Canal +. C’est à la fois beaucoup, et fort peu.
        Pour le dire de façon plus concise encore : le dossier donne l’impression, quelque peu dérangeante, d’avoir été meublé de bric et de broc par un décorateur soucieux d’atténuer une forte impression de vide. C’est probablement ce qui a incité un juge des libertés et de la détention (JLD), peu suspect de nourrir des sympathies secrètes pour le terrorisme rural, à considérer que la détention de Julien Coupat n’était « pas indispensable à la manifestation de la vérité », et à ordonner, le 19 décembre dernier, sa remise en liberté. Le parquet a fait appel ; l’ordonnance a été cassée ; l’audacieux magistrat n’a plus été sollicité ; d’autres JLD, mieux élevés, se chargent désormais de rejeter les demandes de remise en liberté que dépose Irène Terrel : l’honneur de la magistrature est sauf, et rien ne vient déjuger Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, qui a très fort battu des mains, après l’arrestation, minutieusement médiatisée, des « neuf de Tarnac ».
        Oui, mais : en fondant des poursuites sur des supputations plutôt que sur des faits avérés, sur des intentions alléguées plutôt que sur des preuves tangibles, on n’invente pas seulement de nouveaux illégalismes. On n’indique pas seulement que « le fait de lire des livres subversifs ou de manifester contre la politique de l’immigration », comme Coupat et ses camarades, constitue désormais « un indice de dangerosité justifiant la mise en détention provisoire » [3]. On entérine aussi, comme l’a souligné le Syndicat de la magistrature, « l’instrumentalisation consentie de la justice » – et la désignation de commodes boucs émissaires. En cela, comme le pointe son avocate : Julien Coupat est l’otage de la raison d’État. Pour cela, aussi, il doit sortir de prison. Maintenant.
        Notes
        [1] « Ce que contient le dossier d’instruction de l’affaire Tarnac », par Isabelle Mandraud, Le Monde, 26 mars 2009.
        [2] La Fabrique, 2007.
        [3] Une société de surveillance ? L’état des droits de l’homme en France, édition 2009, La Découverte.

         »



  • c’est quand même ballot jbb que tu aies oublié de retirer ton nom sur la cagoule (souvenir de classe de neige j’imagine) les cameras vidéo ont fait un gros zoom dessus t’es maintenant juste dans la cellule à côté de la bande à tarnac hihihi

    boah vaut mieux en rire ça fait comme un bruit de fond ou comme la télé avec le feuilleton qui passe sans le son ça n’empêche pas de faire autre chose et puis ça permet à joffrin de se refaire un hymen d’opposant tout neuf -

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/



  • Bon... Cela dit, notre admirable président vient de déclarer dans le fief du motodidacte que jusque là les victimes (il aime vraiment beaucoup les victimes) n’avaient pas droit à un avocat dès « la minute de l’agression » (j’ai eu comme l’impression qu’il confond minute de notaire et minute horaire, car ses notions de droit sont particulièrement obscures) alors que les accusés y auraient droit dans la première heure (c’est un droit plus que formel). Savoir consulter un annuaire et trouver un nom et un numéro d’avocat, ce n’est pourtant pas difficile quand on dispose de sa liberté puisque le bottin ne sert pas à faire avouer un crime imaginaire en cours de garde à vue ! C’est ce qui est déjà à la possibilité de tout plaignant, même contre le voisin a versé de la mort aux rats dans son jardin pour tuer votre chat ou qui a scié la branche du cerisier qui dépassait la clôture. Réinventer la procédure civile comme si elle n’avait jamais existé de tout temps, voilà une noble tâche pour le quinquennat : Bientôt l’invention de l’eau tiède, du fil à couper le beurre, de la roue, du feu et pourquoi pas de la marche debout ou du pouce préhensile.

    Voir en ligne : ien

    • A force d’en faire des tonnes dans la victimisation, on finit par devenir encore plus crétin que crétin. Comme tu le remarques ici et sur ton blog, la phrase de Sarko est une aberration juridique totale autant qu’une preuve supplémentaire de son manque de logique. Encore une fois, ça devrait nous faire rigoler si ce n’était pas aussi pathétique.



  • C’est un joli sketch, Nico fait là où il veut pour se faire remarquer, et Sego enfourche sa moto-crotte pour ne pas etre en reste.

    En realité ils repétent car en 2012 ils doivent faire un remake de ce couple d’humoriste avec un genre rockabilly dont je ne me souviens plus le nom sorry.



  • Le dialogue, relation des personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue. L’abstraction, propre au monde des forces et du calcul, a remplacé les vraies passions qui sont du domaine de la chair et de l’irrationnel. Le ticket substitué au pain, l’amour et l’amitié soumis à la doctrine, le destin au plan, le châtiment appelé norme, et la production substituée à la création vivante, décrivent assez bien cette Europe décharnée, peuplée des fantômes, victorieux ou asservis, de la puissance.

    Albert CAMUS (L’homme révolté, p.300, Folio n° 15, 1951)

    2009 : France : ça colle ?



  • Tu deviens très exigeant sur la qualité du spectacle. Ils sont quand même mignons tous les deux...

    C’est vrai qu’il y a des redites, et des longueurs, mais j’ai bien aimé l’intervention de Jack Lang dans le rôle du cheveu sur la soupe.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com



  • Comme (maigre) consolation, ça inspire Guillon :

    Guillon s’excuse des propos de Sarkozy

    Always look on the bright side of life...



  • Ne serait-ce pas eux que j’ai croisé dans ma campagne ?

    A voir....

    Voir en ligne : Mon blog actif et militant(?) enfin quand j’ai le temps ! : Kprodukt



  • jeudi 23 avril 2009 à 14h11, par Hopfrog

    Nicolène et Ségola sont les deux faces de la même pièce de monnaie. Chacun a besoin de l’autre pour exister et se développer. Cul et chemise : il la réchauffe, elle lui procure un camouflage efficace et pas cher.

    Magnifique exemple de symbiose, à la limite de la fusion perverse.

    Au fond, c’est un système à l’américaine : démocrates contre républicains. Que les « meilleurs » gagnent, de toute façon, au bout du compte, l’électeur moyen (« Main Street ») sera baisé. Cette empoignade de clowns, habilement déguisée en « débat démocratique » (mais purement formel) , est un simulacre destiné à nous faire oublier que le régime actuel n’a de démocratie que le nom.

    Donc, un billet pour le moins inutile. Fallait-il apporter de l’eau à ce moulin (à prières, ou à incantations) ?

  • Répondre à cet article