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mercredi 1er avril 2009

Littérature

posté à 00h16, par Lémi
20 commentaires

Naomi Klein : « La Stratégie du Choc » ; Vampirisme et Néolibéralisme
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Quoi de commun entre le renversement d’Allende au Chili en 1973 et l’invasion de l’Irak trente ans plus tard ? Entre le Tsunami asiatique et les chars de la place Tiananmen ? Pas grand chose, à première vue, et pourtant... En replaçant l’histoire récente dans une perspective économique, Naomi Klein montre comment les « Jihadistes » néolibéraux ont su profiter du « Choc et de l’Effroi » pour imposer leurs vues destructrices. Un livre essentiel, voire plus.

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« Les théories de Milton Friedman lui ont valu le prix Nobel ; pour les Chiliens ça a été Pinochet. »

Edouardo Galeano.1
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« Seule une crise – réelle ou perçue comme telle – produit un vrai changement. Quand cette crise survient, les actions qui sont prises dépendent des idées qui traînent. C’est, je crois, notre fonction de base : développer des alternatives aux politiques existantes, les maintenir en vie et disponibles jusqu’à ce que ce qui était politiquement impossible devienne politiquement inévitable. »

Milton Friedman.

A la question « quel livre emporteriez-vous dans un bunker anti atomique après que l’humanité se soit entre-déchirée férocement et qu’il ne reste plus que des hommes zombies sur terre, afin de comprendre ce qui s’est passé ? », j’ai enfin trouvé la réponse définitive. « La Stratégie du Choc », ouvrage de la journaliste canadienne Naomi Klein. Et ce n’est pas négociable.

Naomi Klein est sans conteste la journaliste majeure de cette époque chaotique. Elle creuse là où les autres ne vont pas. Elle l’avait fait avec « No Logo », enquête impressionnante sur les nouveaux visages du capitalisme made in 21th century, elle replonge avec « La Stratégie du Choc ». Et elle ne se contente pas de petits trous en surface, non, elle approfondit jusqu’à toucher le cœur du problème, le mettre à nu froidement. Elle n’avance pas des théories, elle les rend indiscutables. Avec ceci de remarquable qu’elle reste généralement en retrait de son travail. Elle avance des faits, documente, et laisse le lecteur seul juge.

Dans « La Stratégie du Choc », fruit d’un très long travail de recherche (avec toute une équipe pour la seconder) et d’enquêtes qui la menèrent de l’Irak envahi aux plages d’Indonésie dévastées par le Tsunami, elle développe une idée terrible : le néolibéralisme globalisé tel qu’il s’est construit à partir des années 1970 sous l’impulsion de Milton Friedman et de l’École de Chicago, tel qu’il domine désormais la quasi-totalité de la planète, est indissociable des périodes de crises violentes. Pire, il a tout fait, du Chili de Pinochet à la Nouvelle-Orléans sous les eaux, pour profiter de chaque parcelle de catastrophe, naturelle ou économique, guerrière ou financière. Le but ? Imposer ses modalités économiques destructrices à des pays affaiblis. « Le choc et l’effroi » sont les meilleurs alliés du libéralisme mondial.

Naomi Klein commence par se pencher sur la torture telle qu’elle fut expérimentée par la CIA dans les années 1960, puis telle qu’elle se généralisa jusqu’à nos jours. L’agence américaine finança les travaux d’un certain Ewen Cameron, un psychiatre morbide qui a élevé la torture au rang de véritable science. Et qui a prouvé, via force expériences sur des patients non consentants que si on parvient à détruire la personnalité d’un patient (par électrochocs à hautes doses, mixtures pharmacologiques monstrueuses, privations sensorielles en tous genres…), on peut le remodeler de la manière souhaitée. Infiniment utile dans les guerres modernes pour faire parler les opposants (le tristement célèbre manuel Kubark de la CIA, un genre de « La Torture pour les nuls », s’inspire largement de ces expériences). Mais également instructif à un niveau global : ce qui marche avec une personne marche avec des sociétés. Par le choc, l’effroi, l’horreur, on peut remodeler des populations entières. Les néolibéraux s’y attelèrent. Notre monde contemporain en est le fruit.

Premières banderilles

Cette alliance monstrueuse entre rationalisation du recours à la torture et théorie économique fut le fer de lance des théories d’un certain Milton Friedman, gourou économique des puissants qui remplaça Keynes au centre des politiques économiques après que la croissance de l’après Seconde Guerre mondiale se fut brutalement enrayée. Projeté au premier rang, Friedman ne tarda pas à avoir une influence aussi considérable que néfaste, non seulement aux États-Unis, mais également dans le monde entier. Avec cette idée simple : l’économie parfaite est celle qui congédie l’État, dérèglemente à tout va et laisse le marché prendre ses aises. Un capitalisme sauvage à mille lieues des théories keynésiennes en vogue jusque là.

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Pour imposer ce point de vue, lui et ses acolytes (l’École de Chicago) se transformèrent en vampires, sautant sur la moindre faiblesse d’un pays pour le forcer à bouleverser son système économique.

Cameron utilisait l’électricité pour provoquer des chocs ; constate Klein, Friedman, lui, préconisait la stratégie politique – le traitement de choc qu’il prescrivait aux politiciens audacieux pour remettre sur pied des pays mal en point.

Le premier pays à subir le parachutage du néo-libéralisme sauce Friedman fut le Chili. En 1973, avec l’aide de la CIA, Pinochet renverse Allende, dont les visions trop sociales ne convenaient pas aux États-Unis. Immédiatement, l’École de Chicago est sur les rangs, moult envoyés spéciaux se transformant en conseillers présidentiels. Et Pinochet fait ce qu’on lui conseille : plonger la population dans l’état de choc susceptible de briser toute opposition (torture, rafles…). Il s’agit de faire du Chili une page blanche sur laquelle les économistes néolibéraux réécriront l’histoire.

Le coup d’État chilien s’assortit de trois types de chocs distincts, recette qui allait être suivie dans les pays suivants avant de ressurgir trois décennies plus tard en Irak, explique Klein. La secousse imprimée par le coup d’État lui-même fut immédiatement suivie de deux types de choc différents. Le premier fut le « traitement de choc » capitaliste de Milton Friedman, méthode à laquelle des centaines d’économistes avaient été initiés à l’université de Chicago et dans ses diverses franchises. L’autre fut la recherche d’Ewen Cameron sur les électrochocs, les drogues et la privation sensorielle, source des techniques de torture codifiées dans le manuel Kubark et, par le truchement des programmes de formation de la CIA, enseignées aux policiers et aux militaires d’Amérique latine. Ces trois formes de choc convergèrent sur les corps des Latino-américains et sur le « corps » politique de la région. […] Le choc provoqué par le coup d’Etat pava la voie à la thérapie de choc économique. De ce laboratoire du réel émergea le premier État administré par la l’école de Chicago.

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Le résultat ? 3 200 personnes exécutées, 80 000 emprisonnées (souvent torturées), 200 000 exilées, la mise en place du plan Condor (concertation entre dictature sud-américaines pour traquer les opposants en dehors de leur frontières)...
Une paille. Pour Friedman, tout ceci est nécessaire (il n’approuve pas ouvertement la répression, mais bon, il faut bien en passer par là…) à la mise en place de son modèle économique. Et quand Pinochet semble moins convaincu du besoin de tout privatiser et dérèglementer, il s’envole en 1975 pour une tournée triomphale au Chili. Il explique ainsi à la télévision chilienne que l’essor économique nécessite un « traitement de choc ». Pinochet est convaincu, il restera sur la même voie.

Si l’on abrasait des tablettes de l’histoire l’ignominie absolue de la répression de Pinochet, la politique économique menée ne suffirait pas à convaincre, loin s’en faut, de son bien-fondé. Que l’ on continue à parler du « miracle chilien » au niveau économique en dit assez long sur les erreurs de perception sur la question. A titre d’exemple :

En 2007, le Chili demeurait une des nations les moins égalitaires du monde. Sur 123 pays où les NU mesurent les inégalités, il se plaçait au 116e rang, rappelle Klein. […] Si de l’avis des économistes de l’École de Chicago, un tel rendement fait du Chili un miracle, c’est peut être que le traitement de choc ne visait pas le redressement économique. Peut être avait-il pour but de faire exactement ce qu’il a accompli – aspirer la richesse vers le haut, et, à force de chocs, refouler la classe moyenne dans le néant.

Ce schéma atterrant, on le retrouve dans quasiment toute l’Amérique du Sud de l’époque : la sanglante junte militaire arrivée au pouvoir en 1976 en Argentine et responsable d’au moins 30 000 morts fut soutenue par la communauté internationale, et surtout par les États-Unis. Au Brésil et en Uruguay, des formateurs américains expliquaient les joies du manuel Kubark aux futurs bourreaux amenés à torturer les opposants. Au final :

Il est impossible d’établir le nombre exact de personnes qui passèrent par les salles torture du cône Sud, mais il se situe vraisemblablement entre 100 et 150 000. Des dizaines de milliers d’entre elles sont mortes.

Difficile de mettre ça uniquement sur le dos de l’École de Chicago et des adeptes du libéralisme à tout crin. Par contre, ils jouèrent un rôle de tout premier plan dans la mise en place des régimes et encouragèrent ouvertement des situations visant à plonger le peuple dans l’effroi. L’extase économique – qui jamais ne vint – était à ce prix…

Perfectionnement des techniques : les Institutions mondiales mettent leur grain de sable

La litanie des pays concernés par le processus que décrit Naomi Klein est atterrante. Pas une catastrophe, pas une répression, pas une crise dans laquelle les théoriciens de l’École de Chicago, ou leurs apparentés, ne jouent un rôle de tout premier plan. Un pays s’écroule ? Ils rappliquent, le font crouler une deuxième fois, avec l’appui des grandes institutions financières. Car le FMI et la Banque Mondiale sont également infestés de friedmaniens convaincus. Les politiques conseillées sont toujours les mêmes : rigueur, licenciements massifs, privatisations, ouverture aux capitaux étrangers... Avec toujours le même résultat : quelques-uns se goinfrent, l’immense majorité pleure.
L’ensemble rappelant furieusement l’injonction de Nixon au directeur de la CIA Richard Helms lorsqu’il apprend l’élection d’Allende (1970) : « Faites crier l’économie ! »

Très vite, une multitude d’économies se mirent donc à « crier » :

 × La Russie post-Gorbatchev, à qui l’on imposa un régime économique la mettant implacablement à genou, Eltsine envoyant de surcroit les chars bombarder le parlement avec l’appui des puissances occidentales. Résumé, ça donne : quelques oligarques s’engraissent, la population crève.

 × L’Afrique du Sud post-apartheid dans laquelle les dirigeants de l’ANC (formation de Mandela qui remporta les élections) étaient tellement occupés à parler politique que leur programme économique à forte connotation sociale leur fila sous le nez. Avec pour résultat un programme néolibéral rigide qu’on pourrait ramener à une forme d’« apartheid économique ».

 × La Bolivie d’Hugo Banzer, président abruti conseillé par l’élève le plus prometteur de Friedman, Jeffrey Sachs, qui imposa des réformes néolibérales d’une ampleur rarement atteintes et réprima avec violence les grèves qui en résultèrent.

 × La Pologne de Walesa et Solidarnosc, à qui il arriva à peu près la même chose qu’à l’Afrique du Sud : l’euphorie de la victoire et puis la redescente sur terre, le programme économique adopté ne ressemblant en rien à ce qui était prévu. Là aussi, le petit Jeffrey Sachs, à la persuasion démoniaque, avait mis son grain de sable.

 × La côté asiatique (Indonésie, Sri Lanka, Malaisie...) après le passage du Tsunami. Six mois après la catastrophe, Naomi Klein parcourut les côtes du Sri Lanka et de l’Indonésie. Elle y croisa partout la même situation : des populations de pêcheurs qui auparavant avaient su défendre leurs terres des ardeurs des promoteurs immobiliers, et désormais parqués dans d’immondes camps, crevant de faim pendant que leurs anciens villages reconfigurés en Club-Med clinquants accueillaient désormais des touristes huppés. A la faveur de la colère de l’océan, les gouvernements de ces pays en profitèrent (chopant au passage l’aide humanitaire) pour exproprier les anciens et gênants habitants des lieux.

 × ...

Tous, à des degrés divers, sont des exemples probants de la démonstration de Naomi Klein. Un choc s’abat sur le pays, et le temps qu’il s’en remette, contre l’avis de sa population (les politiques néolibérales préconisées par Friedman ne purent jamais supporter l’épreuve de la démocratie, pour une raison simple : l’immense majorité des gens n’y a aucun intérêt), le système économique a été changé, les règles modifiées, et il n’y a plus rien à faire.

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En cas de rébellion, les institutions financières disposent de leviers d’une puissance absolue pour punir les récalcitrants. Souvent d’ailleurs, le FMI et la Banque Mondiale jouèrent de leurs politiques pour mettre un pays à genoux, condition propice à l’instauration de nouvelles règles : la crise asiatique de 1998 en est un très bon exemple, les aides n’étant débloquées qu’à la seule condition d’un changement draconien des règles économiques (le célèbre « Package », lui même apparenté à la doctrine de « l’ajustement structurel » (on taille tout ce qui dépasse, on ne laisse que le marché)).

A qui profite le crime ?

L’ouvrage de Naomi Klein montre très bien une chose : dans des conditions normales, aucun peuple ne votera jamais pour l’application de théories néolibérales radicales. Les exemples des États-Unis de Reagan et de l’Angleterre de Thatcher s’expliquent par des raisons externes. Reagan bénéficia d’un contexte de guerre froide qui faisait passer l’économie au second plan. Et Thatcher, une fois qu’elle mit en place ses politiques, atteint de tels pics d’impopularité qu’il fallut le recours à la guerre (le conflit des Malouines, monté de toutes pièces – tout le monde se battait l’œil de ce rocher, mais Thatcher, comme la junte argentine, voyait bien l’avantage politique d’un tel conflit) pour qu’elle regagne une partie de son électorat.
Dans les autres cas, ces politiques ont toujours été appliquées contre l’avis de la population, à la faveur d’une crise profonde. La liste est longue, j’en ai déjà tracé les contours.

Quelques exemples plus contemporains montrent que les décideurs et profiteurs ont pleinement conscience de leurs démarches. Il s’agit d’imposer à des populations récalcitrantes des politiques impopulaires en profitant d’une crise.
Ça a été le cas avec Katrina à la Nouvelle-Orléans (Déclaration très représentative d’un certain Joseph Canizaro, l’un des promoteurs immobiliers les plus riches de la ville : «  Nous disposons maintenant d’une page blanche pour tout recommencer depuis le début. De superbes occasions se présentent à nous. ») où l’absence criante de l’État dans les secours, la détresse de populations jetées à la rue, se solda par des décisions encore plus libérales (trop d’argent avait été investi dans des conneries tout juste bonnes à plomber les budgets de la ville…).
Et surtout, cela s’est passé en Irak, l’exemple parfait de la théorie du choc poussée à son maximum : recours à la torture, déni de la démocratie (Paul Bremmer mit un terme à toute idée de démocratie irakienne, les basanés ne sachant pas voter pour les bons candidats), population considérée comme secondaire…

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Pour beaucoup de gens, l’Irak fut un échec de l’administration Bush. Naomi Klein montre le contraire : pour les entreprises proches du gouvernement telles qu’Halliburton, Lehmann Brothers ou Blackwater, ça a été une source de revenus énorme, inimaginable. Et pour l’armée américaine, transformée selon les souhaits de Rumsfeld en entreprise quasi-privée, ce fut l’occasion d’un relooking d’importance.
Désormais, quelques géants de la sécurité se sont emparés d’un marché à faire glapir d’envie le baron Seillères : la logistique d’une armée en guerre. La « reconstruction » de l’Irak, dans le même temps, fut une vaste plaisanterie. Quelques écoles branlantes, une poignée d’hôpitaux, et des marchés de milliardaires décrochés par des entreprises ricaines qui s’enfuient avec les thunes (c’est résumé)…

Théorie du complot ?

Je m’étais promis de limiter les exemples pour ne pas alourdir mon billet, c’est un peu raté… Ce qui importe, finalement, dans cette profusion, c’est de comprendre à quel point la stratégie du choc a été utilisée de manière systématique. Ce ne fut jamais un accident de parcours, mais toujours quelque chose de planifié, de prévu. Le luxe de détails et la multitude de documents cités par la journaliste canadienne permet (outre qu’elle ne laisse aucun doute sur la fiabilité de la théorie avancée) de mieux comprendre l’enchainement des circonstances. Comment l’ANC sud-africain perdit-il une bataille gagnée d’avance, plongeant le pays dans une mare d’inégalités sociales en lieu et place de son programme résolument social ? Comment les néolibéraux profitèrent-ils pleinement du massacre de la place Tiananmen pour configurer la Chine à leur convenance (Friedman, toujours dans les bons coups, rendant plusieurs visites à Deng Xiaoping pour le conseiller après le massacre) ?
Les situations historiques s’enchaînent, avec toujours les mêmes schémas, toujours les mêmes profiteurs, et toujours le même résultat : le peuple trinque.

Si bien qu’une lecture en diagonale pourrait laisser penser que Naomi Klein verse dans la théorie du complot. Ce qui est totalement faux. Pour prendre l’exemple du 11 septembre, la journaliste ne verse absolument pas dans les théories conspirationnistes, se bornant à démontrer méthodiquement comment de la catastrophe est née un énorme marché de la sécurité intérieure qu’il faut désormais alimenter par tous les moyens, un « capitalisme du désastre » glouton qui frappe également Israël.
Elle revient sur cette notion de complot (devinant sans doute qu’on l’attend au tournant) dans un passage convaincant titré « Pas besoin de complot ». Montrant comment cette tentation de voir des complots partout, phénomène mondial exponentiel, peut s’expliquer par la multiplication des catastrophes de toutes formes, elle explique ensuite :

La vérité est à la fois moins sinistre et plus dangereuse. Car un système économique qui exige une croissance constante tout en refusant presque toutes les tentatives de réglementation environnementale génère de lui-même un flot ininterrompu de désastres militaires, écologiques ou financiers.

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Interrogée par Daniel Mermet sur France Inter en octobre 2008 (Pour écouter l’émission, c’est ici), elle explique ainsi sa position : « Je ne vois pas ça comme un complot, car ce que je décris se fait au vu et au su de tous. […] Dans les documents que j’utilise, les technocrates néolibéraux eux-mêmes montrent le lien entre l’application de ces théories et les moments de crise rencontrés. »
C’est bien là l’horrible ironie de la chose : les théoriciens néolibéraux ne se cachent même pas de leurs objectifs. Plus de trente ans de désastres divers n’ont rien changé à leurs convictions. Pour Friedman, tel qu’il l’écrivit en 2005, Katrina ne devait pas être vu comme une catastrophe mais plutôt comme une « occasion ». Désespérant. Comme le dit Naomi Klein : « Lorsque les mêmes erreurs sont répétées systématiquement, le moment est venu de se dire qu’il ne s’agit peut-être pas d’erreurs du tout. »

Et maintenant ?

Étrangement, Naomi Klein termine son ouvrage sur une note positive. Après avoir décrit en long et en large, avec une acuité terrible, la mise à sac de la planète par une idéologie toute-puissante, la généralisation des inégalités face au désastre (reprenant la répartition de bagdad entre « zone verte » – QG américain hyper confort – et « zone rouge » – le reste, hyper craignos – elle applique cette division à d’autres régions frappées par des désastres, la Nouvelle Orléans post-Katrina par exemple), la tentation de « guerre mondiale à perpétuité » qui s’est emparée de Washington ou Tel Aviv, elle décrit les années à venir comme potentiellement différentes.

Ce n’est pas parce que Friedman est mort (champagne !) en 2006 qu’elle parvient à cette conclusion. Cela a plutôt trait à certaines formes de refus par la population des politiques néolibérales. C’est d’ailleurs surtout en Amérique du Sud qu’elle voit le prélude à un renversement de valeurs planétaires : les manifestations de 2001 à Buenos-Aires qui, en quelques semaines, poussèrent à la démission cinq présidents successifs, l’élection de Chavez, de Morales, de Bachelet, de Correa ou de Lula, marquent pour elle la fin de l’État de choc. Le poison de la terreur ne coule plus dans les veines de ces populations, il existe donc un contre-poison.
Mieux, ces pays développent progressivement des institutions financières continentales pour ne plus dépendre du FMI, suprêmement discrédité, en Argentine (que le FMI ruina) mais aussi ailleurs. Dans ces pays qui ont servi de laboratoires au néolibéralisme sauvage, le symbole est frappant. A nous de suivre le mouvement…

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1 Dans « Jours et nuits d’amour et de guerre. »

2 Dernière photo connue du président chilien Salvador Allende.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 1er avril 2009 à 07h08, par Naunaunawak

    L’argumentaire est vraiment impressionnant, la preuve, pour démonter les thèse de Naomi Klein, l’autre bord a été obligé de dépêcher l’un des meilleurs ennemis dans une de ces émission où l’on présente son champion pour qu’il combatte sans adversaire. Cette fois, le champion était Johan Norberg, que j’aimerai mieux connaître à mes risques et périls... Ma méconnaissance de la langue suédoise m’en empêche mais c’est peut-être salutaire.

    En tout cas merci pour cet article, ça donne vraiment envie de le lire. Espérons seulement que la crise actuelle administre un électro-choc aux néo-libéraux. Nous pourrons alors agir avant qu’ils ne s’en remettent. Oui, une note d’optimiste ne fait jamais de mal.

    • En effet c’est un livre très important pour qui veut comprendre le « comment du pourquoi » de l’histoire mondiale de ces dernières décennies. Je ferai juste un petit ajout à ton texte très complet, car il serait particulièrement injuste d’oublier la place importante qu’un Français joua dans la formation à la torture des forces spéciales US et accessoirement brésiliennes, dont la junte au pouvoir contribua à l’arrivée au pouvoir de Pinochet. Donc, pour l’ensemble de son oeuvre et son dévouement sans faille à la cause de la barbarie il est normal de citer sur Article 11 : le Général Aussaresse.

      • mercredi 1er avril 2009 à 17h02, par Crapaud Rouge

        Attention à ce que vous dites jeune homme, vous êtes en train d’accuser Monsieur Aussaresse d’avoir fortement participé à « la formation à la torture des forces spéciales US ». Ca sent le procès en diffamation. (Je ne dis pas ça pour le défendre, bien entendu, je sais seulement qu’il a avec Le Pen un drôle de point commun : celui d’avoir perdu un œil.)

        • @ Naunaunawak
          Ce Johan Norberg a effectivement l’air particulièrement acéré et glacial. J’aimerais bien connaître le résultat des débats, je vois mal comment il aurait pu triompher face à la stricte observation historique et l’empilement des exemples boueux.
          « Espérons seulement que la crise actuelle administre un électro-choc aux néo-libéraux. » : ouaip, espèrons, mais ce n’est pas gagné... (reste que si Naomi Klein est optimiste, moi aussi je peux...)

          @ wuwei
          je reconnais bien là ton proverbial souci d’équité et de justice. Aussares lui aussi mérite sa part de gloire, je te l’accorde. Et puis, simple patriotisme, les rares fois ou le Cocorico frappe, il faut prendre garde à ne pas le laisser de côté. Car sinon, où se ira nicher notre amour-propre hexagonal ?

          @ Crapaud rouge :
          Aussares lui-même l’a revendiqué. Cf cet article de Rue 89. Du coup la diffamation semble difficilement prouvable... Et puis, si Wuwei va en prison, qui commentera mes articles ? Il doit donc être innocent...

          • sur la crise, le passage de ce livre concernant Sachs et parlant de la nécessité de « créer » une crise afin de profiter du choc et de l’abattement pour imposer l’ultra liberalisme devrait mettre la puce à l’oreille de pas mal de monde sur la réalité économique de la crise... Rapellons que ce livre a été écrit en 2007 et que les théories misent sur page et repprenant le choc de la crise se vérifient depuis quelques mois quotidiennement...

            Comme le disait mon grand-père, « à qui profite le crime ? »...

            Enfin, tout ça pour dire que la crise ne risque pas de mettre grand chose en jeu, d’un point de vue économique... Sinon, livre INDISPENSABLE, même si on pourrait en citer d’autres reprennant le même thème (dont « le profit avant l’homme » de Chomsky - 2004), toutefois, la documentation apportée par Klein est énorme et surtout complète et permet, si vous avez le temps, de pouvoir construire un argumentaire suffisament costaud, y compris face à certains persuadés, encore, qu’on peut « aménager » le capitalisme...

            Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

            • « la crise ne risque pas de mettre grand chose en jeu, d’un point de vue économique... » : je partage plutôt ton point de vue, à court terme, en tout cas. Il suffit de voir la manière dont les choses tournent. La crise n’a pour l’instant été qu’un grand festin pour requins avisés. Après, à trop jouer avec le feu, il y a des limites qui ne se dépassent pas sans réaction populaire. Alors oui, on voit le répressif se mettre en place avec de plus en plus de moyens, mais je ne crois pas qu’il soit suffisant face à une grogne populaire de grande ampleur... En clair, comme l’annonce Klein, il y a toujours un moment où la masse sort la tête de son aveuglement. Peut être pas demain, c’est sûr, mais un jour (mon prince viendra, sur un cheval rouge)...

          • dimanche 5 avril 2009 à 09h14, par Naunaunawak

            A propos de la réponse argumenté de notre cher Johan Norberg :

            C’est au cours d’une émission de reason.tv, branche télévisuelle du magazine Reason, que Norberg est invité pour contrer les thèses de Naomi Klein, il semble qu’il en profite surtout pour se mettre en valeur en étant le seul à se permettre de la contrer... Il est invité pour avoir écrit un article dans la revue Reason en octobre 2008, dans lequel il écrivait :

            Il commence par énoncer la thèse de Naomi Klein, « Klein’s basic argument is that economic liberalization is so unpopular that it can only win through deception or coercion ». Il explique ensuite que Naomi Klein prend complètement Friedman à partie, en le citant notamment dans sa vidéo. Selon lui, la phrase est très mal remise dans son contexte. Surtout, il affirme que Friedman était opposé à la guerre en Irak et qu’il n’a jamais collaboré avec Pinochet comme l’affirme Naomi Klein, bien au contraire. « Friedman’s view was the opposite of what Klein claims ».

            Après ces passages sur Friedman, il explique que la libéralisation de l’économie est un processus continu depuis les années 1980, partout dans le monde, sauf dans quatre pays (on devinera assez facilement lesquels). Et que des politiques de libéralisations ont été très bien soutenues par des renouvellements électoraux massifs. Il cite ici l’Islande, l’Irlande, l’Estonie et l’Australie.

            Je vous passe les détails, vous lirez vous-même parce que l’anglais ce n’est pas toujours ma tasse de thé (sans jouer sur les mots)... mais je vous laisse tout de même en version originale la conclusion de l’article,

            In the absence of serious arguments against free markets, we are left with Klein’s reasonable critiques of torture, dictatorships, corruption, and corporate welfare. In essence, her book says that Milton Friedman’s limitedgovernment ideals are bad because governments are incompetent, corrupt, and cruel. If there is a disaster here, it is not one of Friedman’s making.

            Puisque je suis lancé, disons que Johan a mis le ton pour continuer à célébrer Milton même après sa mort, bel exemple de fidélité au maître...



  • mercredi 1er avril 2009 à 15h15, par un-e anonyme

    L’Amérique du Sud post-apartheid

     × > l’afrique du sud



  • mercredi 1er avril 2009 à 16h42, par Crapaud Rouge

    Ce serait dommage de laisser dans cet article les quelques erreurs ou imprécisions que j’ai cru y trouver. Les voici :
     × 2e citation : « avant de ressurgir trois siècles plus tard en Irak » : ce serait pas plutôt 3 décennies ?
     × 3e citation : « En 2007, le Chili demeurait une des nations les moins égalitaires du monde. Sur 123 pays où les NU mesurent les inégalités [quand ?], il se plaçait au 116e rang, rappelle Klein. […] » : merci de vérifier les dates, car on imagine mal que ce genre d’évolution survienne de 2007 à début 2009.
     × La litanie des pays concernés par le processus que décrit Naomi Klein est aberrante. : atterrante, plutôt.
     × qui s’enfuirent avec les thunes : « qui s’enfuient », le générique, conviendrait mieux après plusieurs propositions nominales.

    Merci de ne point en tirer ombrage, c’est peut-être moi qui me plante. :)

    • mercredi 1er avril 2009 à 17h34, par Lémi

      Triple argh...
      Je ne prends pas ombrage, je remercie platement (Ca m’apprendra à relire en diagonale...).
      Par contre, une seule de tes remarques me semble injustifiée, la deuxième. Je vois pas ce qui cloche. L’étude a été faite en 2007, ce qu’annonce la phrase précédente.

      • mercredi 1er avril 2009 à 19h17, par Crapaud Rouge

        C’est moi qui me gourais ! Je comprenais : « En 2007, le Chili demeurait une des nations les moins INégalitaires du monde. » de sorte que ça ne collait pas avec la suite, et 2007 paraissait pour le moins bizarre. Merci de mettre cette petite erreur sur le compte de mon grand âge...

      • mercredi 1er avril 2009 à 19h26, par Crapaud Rouge

        Cela dit, ton texte est vraiment balaise, et donne envie de lire le bouquin. J’en connaissais l’existence, mais je n’avais pas jugé important de le lire car je pensais n’y trouver qu’une énième dénonciation du libéralisme. Le lien entre situations de crise et implantations du libéralisme est une grande nouveauté : il fait du libéralisme une économie de charognards.

        • jeudi 2 avril 2009 à 00h22, par Lémi

          Pas d’excuses qui tiennent. Si on fait le décompte de tes interventions, tu conserves le score très honorable de 3 à 1. Victoire haut la main, donc.
          Pour le reste, content de te donner envie de parcourir ce livre. Perso, n’étant pas soluble dans la théorie économique (ou alors à petites doses), l’approche de Naomi Klein est celle qui me convient le plus. Ce n’est pas une « énième dénonciation du libéralisme », c’est plutôt une recension historique sans appel (et, je crois, sans précédent) qui apporte beaucoup, par son exhaustivité et sa force de frappe. Je le recommande chaleureusement.
          « Charognards » ? J’avais traduit ça par « vampires », mais je crois que tu as raison. Les vampires sont beaucoup trop classieux. Et puis, ils ne mangent pas de viande morte...
          Salutations



  • mercredi 1er avril 2009 à 19h52, par pièce détachée

    1 — « Aussaresse »...? « Aussares »....? Aussaresses, foutriquets ! Gégènéral Aussaresses !

    2 — Le même constat, une optique légèrement différente, le scalpel exquis du style : « Dans les discours du catastrophisme scientifique, on perçoit distinctement une même délectation à nous détailler les contraintes implacables qui pèsent désormais sur notre survie. Les techniciens de l’administration des choses se bousculent pour annoncer triomphalement la mauvaise nouvelle, celle qui rend enfin oiseuse toute dispute sur le gouvernement des hommes. Le catastrophisme d’État n’est très ouvertement qu’une inlassable propagande pour la survie planifiée — c’est-à-dire pour une version plus autoritairement administrée de ce qui existe. Ses experts n’ont au fond, après tant de bilans chiffrés et de calculs d’échéance, qu’une seule chose à dire : c’est que l’immensité des enjeux (des « défis ») et l’urgence des mesures à prendre frappent d’inanité l’idée qu’on pourrait ne serait-ce qu’alléger le poids des contraintes sociales, devenues si naturelles. »

    — René Riesel & Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable. Paris, L’Encyclopédie des Nuisances, 2008.

    • Sorry sorry. J’aurais dû me rappeler : Un SS ne suffit pas, il en faut deux. C’est à ça qu’on reconnait les vrais monstres.

      Pour ce texte, c’est vrai qu’il a l’air ébouriffant (ces gens de l’Encyclopédie des Nuisances, ce n’est pas la première fois que je me le dis, ont l’air de faire un travail remarquable. Allez, promis, je les mets bientôt en valeur sur le site). Je ne suis pas sûr que ce soit exactement la même idée qui est avancée (ici, cela semble plus la simple idée de la catastrophe, pas sa réalisation, qui joue le rôle de paravent à toute avancée sociale), mais le résultat est le même. La crise, réelle ou claironnée, c’est le meilleur moyen de fouler aux pieds les intérêts du plus grand nombre. (heureusement, il semble bien que ce coup ci, la crise actuelle obéisse à des mécanismes inverses - bip bip, ironie !)



  • mercredi 1er avril 2009 à 21h23, par chasseauxrequins

    Il y a aussi le film mémoire d’un saccage qui montre ce que dit Naomi Klein dans le cas de l’Argentine : à voir.

    Ensuite, le néolibéralisme a besoin de 2 types d’état : des états ratés, ou corrompus dans lesquels il peut piller et prospérer et des états forts capables de renflouer les grandes entreprises et les banques lorsque les affaires vont mal, comme on le voit en ce moment. Et il semblerait que les US comptent beaucoup sur le nain pour faire passer définitivement ce pays de la deuxième à la première catégorie.
    Comme cela a été fait avec l’Argentine.

    Voir en ligne : trailer de mémoire d’un saccage

    • Beaucoup de gens m’ont recommandé ce film, j’attends de le voir pour en parler, mais je fais plutôt confiance à Naomi Klein pour traiter le sujet avec sa force de percussion habituelle. Donc, promis, je le verrais bientôt (et le présenterais peut-être en ces pages).

      Pour ton analyse du rôle du nain, j’ai bien peur que cela ne soit que trop vrai. Le processus actuellement en cours concernant l’OTAN me semble très révélateur de ce que tu décris : on rejoint en galopant l’OTAN, ce n’est pas pour des prunes (et ne parlons même pas du G 20 et des gesticulations enthousiastes de Sarkozy). En clair, on se positionne plus que jamais dans ce rôle de participant enthousiaste au processus global décrit par Naomi Klein. Triste constat.



  • Héhé, c’est seulement maintenant qu’Article XI découvre la Stratégie du Choc ?
    Enfin, ça me confirme dans mon idée que j’ai bien fait de lui consacrer une modeste portion de mon précédent été.

    Brephe. Au delà du contenu extrêmement instructif du livre et très documenté, ne faisant pas appel à la théorie du complot (même si parfois, Naomi Klein cède à quelques procédés rhétoriques relevant de la méthode hypercritique), il faut souligner que le néolibéralisme est probablement plutôt un moment historique qu’autre chose.

    Un moment historique pendant lequel une classe dominante, concentrée à la tête de certains Etats particulièrement puissants et disposant d’une force de frappe idéologique (l’anti-communisme), a utilisé toute sa capacité de feu pour défendre tant ses intérêts que « faire des expériences ». On a donc ici comprimé, ici privatisé, là démantelé & écrabouillé... C’était un peu dans l’esprit du temps.

    Précisément, je parlerai de matérialisme historique appliqué à la classe dominante, et donc d’une certaine perception selon laquelle « tout doit aller comme ça » (vers ce qui a été concentré dans le Consensus de Washington, à savoir privatisation - dérégulation - libéralisation), qu’importe les moyens.
    Qu’importe la justice des moyens, si la fin est juste, n’est-ce pas ?
    D’autant qu’il ne faut pas nier, vous comprenez, ça rapporte...

    Alors oui, ces régimes ont créé un espèce d’effet de capillarité du centre vers les parois du bas et du haut : plus de pauvres et de riches, moins de classes moyennes.
    Une conséquence à long terme : on dit en général que les classes moyennes sont le pilier de la démocratie ; celles-ci ont été détruites. De plus, les dictatures et autres méthodes à la Jeffrey Sachs (enfin, gardons-nous de la facilité du bouc émissaire) ont démonté leur forte capacité à destructurer les tissus sociaux : il est clair que toute situation dans laquelle pouvait se constituer du lien social, pendant laquelle les hommes pouvaient se faire confiance entre eux, croire les uns dans les autres en quelque sorte, a toujours révulsé tant les apôtres du marché que les thuriféraires du traitement chimiquoballistique du chômage.

    Bref, moment historique néanmoins, parce que l’évolution des conditions matérielles, le changement de climat économique, social, politique au niveau international va faire que la domination va trouver d’autres moyens de s’exporter.

    D’autant qu’il ne faut pas se leurrer, hein : des gouvernements ont généré de l’anomie sociale bien avant le 11-Septembre chilien, même si Pinochet (« Pinoshit » :D) a innové radicalement en matière de spectaculaire. Ces gouvernements le font tous à leur façon, un peu partout, plus ou moins radicalemement, plus ou moins volontairement...

    Ah, et une chose : si les Chiliens se sont fait niquer par Pinochet, c’est parce que le mouvement social était centralisé autour d’une figure qu’il suffisait de démoiler pour faire tomber le reste. La solution, c’est le réseau.
    (c’est Internet)

    • « Héhé, c’est seulement maintenant qu’Article XI découvre la Stratégie du Choc ? » : Mea Culpa, c’est vrai que ça retarde un peu. C’est toujours comme ça : on pose des bouquins sur une pile en griffonnant « à lire d’urgence », et puis ils sont recouverts d’autres, et puis on les oublie,... (à ma décharge, quand même : le bestiau est imposant)

      « le néolibéralisme est probablement plutôt un moment historique qu’autre chose. » : Je le pense aussi. Il n’est pas viable sur le long terme. Il suffit de voir l’étendue de ses ravages en seulement une quarantaine d’années. Après, nul doute qu’il va rebondir.

      « la domination va trouver d’autres moyens de s’exporter. » : C’est sûr, ce modèle commence à prendre l’eau de toutes parts, ils vont tenter de bifurquer en emportant la caisse. C’est là qu’il faudra être vigilant, tendre la jambe pour les stopper dans leur fuite. Et stopper la logique à l’œuvre.

      « La solution, c’est le réseau. (c’est Internet) » : D’accord sur la première assertion, moins sur celle entre parenthèses. Internet me fascine, est un formidable outil, mais il ne suffira jamais à constituer une solution. Un simple appoint (de poids, c’est vrai) qu’il va falloir défendre becs et ongles.

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