ARTICLE11
 
 

vendredi 15 janvier 2010

Sur le terrain

posté à 14h38, par JBB
19 commentaires

Procès des « six de Continental » : loin des centrales syndicales, au coeur des luttes sociales
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Qu’importe la neige ! Les 1 500 personnes venues mercredi à Amiens soutenir les six ouvriers de Continental - accusés d’avoir participé aux dégradations commises dans la sous-préfecture de Compiègne - n’avaient pas si froid, tant la solidarité échauffe le cœur et enflamme l’âme. Lyrique ? A peine… La manif avait de la gueule, même si le procès un peu moins. Compte-rendu.

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Dans la gare d’Amiens, mercredi matin, roulements de tambour et cornes de brume. Les Continental débarquent pour le procès en appel des six d’entre eux, poursuivis pour ce qu’il est convenu d’appeler « la mise à sac » de la sous-préfecture de Compiègne. Et ils sont bien décidés à se faire entendre. Derrière sa caisse, la vendeuse de tabac, vieille bique ayant l’air de se soucier comme d’une guigne des 1 100 licenciements décidés par la direction de Continental au début de l’année dernière, peste : « On n’entend qu’eux, ça commence à bien faire… »

Dans les rues : malgré le froid, la chaleur…

Sur le parvis, 1 500 manifestants, pas si bruyants que ça. S’ils tapent des pieds, c’est d’abord pour se réchauffer : ça caille, la ville est blanche de neige et quelques flocons tombent encore. Tout le monde patiente, et seules les têtes d’affiche de la gauche, venues faire leur pub autant que soutenir les six inculpés, arpentent le parvis, suivies de nuées plus ou moins importantes de photographes et caméramans. Au petit palmarès de la notoriété médiatique, Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon l’emportent de loin sur Nathalie Arthaud ou sur un Robert Hue esseulé. Mais pas un n’arrive, en la matière, à la cheville de Xavier Mathieu : le leader des Conti fera toute la manif avec une véritable grappe d’appareils photo suspendue à ses basques.

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Quelque part, au milieu des caméras et des appareils photos, se cache un Xavier Mathieu. Sauras-tu le retrouver ?

Les médias sont là, certains partis politiques (NPA, LO, PCF, Parti de Gauche…) aussi, les syndicats beaucoup moins. Si la CNT et Solidaires ont fait le déplacement, les drapeaux de la CGT font (pour une fois) pâle figure, à l’exception de ceux de la Fédération chimie. En-dessous de tout - comme à l’ordinaire - la Confédération générale du travail s’est contentée de publier un vague communiqué appelant à la relaxe des inculpés. Bernard Thibault n’est pas là1 - une triste habitude… -, ça lui évite de se faire conspuer. Une grande banderole de la CNT donne le ton du ressentiment : « À bas les directions syndicales qui collaborent avec le capital ». Pas mieux.
En fait, c’est la partie la plus respectable de la gauche qui s’est donnée rendez-vous à Amiens. Les anar, quelques totos et tous ceux qui pensent que la lutte des classes et le combat social ne se résument pas aux organigrammes des partis politiques et aux appareils syndicaux. À tel point que je me suis (presque) senti comme en famille…

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Chaud au coeur malgré le froid, donc. La solidarité n’est pas un vain mot, non plus que la motivation à dire son refus de la criminalisation du mouvement social et de la justice de classe. J-M, militant de l’OCL, est venu de Reims, « parce que c’est vraiment important d’être là ». Son pote, adhérent de toujours à la CGT, a même réussi à se faire payer le voyage par son syndicat : « Ils ont d’abord refusé, avant d’accepter « parce que c’était moi ». » Toujours ça de pris… On discute, le cortège s’étire tranquillement, bon enfant.

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Un petit kilomètre de marche, et déjà l’arrivée devant le palais de justice d’Amiens, soigneusement gardé par des CRS venus en nombre. L’heure de quelques discours, avant le début du procès. Je passerai sur ceux des politiques2, pour me contenter de te rapporter la prise de parole de Xavier Mathieu. « Si on s’acharne sur nous, c’est bien par vengeance sociale, et pour envoyer un message à toute la classe ouvrière. Le procès contre nous, c’est une façon de menacer tous les travailleurs qui ne voudraient pas se laisser faire face aux attaques patronales et gouvernementales », lit-il, visiblement ému, avant de relever le nez de son papier après avoir bégayé : « Excusez-moi… Mon problème, c’est que ma tête durcit depuis quarante ans parce qu’on lui tape dessus, mais mon coeur est toujours aussi tendre… » Clameurs. Lui reprend : « Votre présence aujourd’hui, la présence de tous les témoins qui vont se succéder à la barre pour défendre notre cause, est bien la preuve de l’importance de ce qui se joue au travers de ce procès et montre bien que nous ne sommes pas seuls. » Pas mieux, derechef.

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À la barre : un procès politique, même si…

Je ne vais pas te raconter le procès. De un, il s’est méchamment étiré en longueur, se révélant plutôt chiant. De deux, il n’a que peu différé de celui s’étant tenu en première instance : la défense des inculpés n’a pas bougé d’un iota, même si le prononcé des peines (mise en délibéré au 5 février) devrait être revu à la baisse3. Surtout, il faut que je t’avoue une petite déception à propos de la ligne de défense adoptée par les prévenus : moins combatifs qu’à l’extérieur, ils faisaient un peu figure de gamins pris en faute, se refusant à revendiquer leurs actes. Pinaillant sur la casse qui leur est reprochée - « On ne m’a pas apporté la preuve que l’objet a bien été détruit, argumente ainsi Xavier Mathieu à la barre, contestant le bris d’un écran d’ordinateur. Chez moi, j’ai déjà fait tomber l’écran de l’ordinateur sans le casser » ; « Ce n’était pas volontaire », avance un autre prévenu, accusé d’avoir brisé une fenêtre ; « Je n’ai jeté que des feuilles blanches par la fenêtre, pas des dossiers », se défend une autre - , les inculpés ont surtout tenté de contester les charges.

Il ne s’agit pas de prétendre que les six ouvriers de Continental devraient se montrer bravache à la barre, quitte à endurer des peines plus lourdes (ce serait malvenu). Il ne s’agit pas non plus de donner des leçons à des gens ayant payé très cher leur engagement et leur combat (ce serait indécent). Mais voilà : les dégradations commises dans la sous-préfecture ont été filmées, et le juge ne s’est pas privé de multiplier les arrêts sur image, exploitant avec gourmandise le reportage que TF1 a diffusé sans flouter les protagonistes4. « La mise à sac de la sous-préfecture s’est faite en présence des moyens de communication », a t-il remarqué, avant de le souligner à nouveau un peu plus tard : « Cet incident s’est fait sous le contrôle de la télévision. » Et l’avocat général d’enchaîner, quand l’un des prévenus conteste avoir cassé quoi que ce soit : « Ça se voit pourtant à l’écran. Pour une fois qu’on a des images aussi nettes… merci TF1 ! » Grimaces gênées sur les bancs de la presse, rires ironiques parmi les soutiens des prévenus.

Adoncques, je reprends : il y avait un évident hiatus entre les arrêts sur image opérés sur les visages des prévenus s’énervant dans la sous-préfecture et leurs dénégations maladroites à la barre. À l’écran, les bureaux sont renversés, l’ordinateur jeté par terre d’un coup de poing, les dossiers clairement jetés par la fenêtre… quel intérêt de le nier ? Contre-productive5, une telle ligne de défense donne le fâcheux sentiment que force restera toujours à la loi, que les Continental sont bien coupables d’avoir résisté au mépris et au désordre social. D’autant plus regrettable que les témoins de moralité s’étant succédés à la barre - un véritable who’s who de la gauche, depuis Marie-Georges Buffet à Olivier Besancenot, en passant par Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon et Christian Mahieux… - ont eux insisté sur la légitimité de la colère des salariés et l’indécence à poursuivre ceux qui sont d’abord des victimes. Bref : une occasion ratée… Et une évidente victoire pour ceux qui ambitionnent de maintenir la « paix sociale ».
Un point que soulignait déjà François Ruffin, en un excellent article6 publié après le procès en première instance :

Le président les questionne avec douceur, en gentil proviseur. Face à lui, des collégiens maintenant, honteux, qui s’excusent, qui y vont de leur « j’ai rien fait », « c’est pas moi », « j’ai pas voulu ». C’est l’essentiel.
Que ces hommes qui, un soir au moins, ont incarné la révolte, jacquerie d’ouvriers, leur colère contre l’injustice économique, que eux rentrent la tête dans les épaules. Qu’ils parlent à mi-voix, accablés. Qu’ils ne servent pas de modèle, surtout, à ces Français dont l’avenir est balayé par la crise.
Bref, qu’ils se soumettent pour l’exemple.
De l’AFP à Europe 1, ces « dérapages » et ces « regrets » recevront leur publicité…

Au final, les six de Continental écoperont sans doute de peines plus légères qu’en première instance. Cette simili-clémence, le procureur se payant le luxe de demander à la cour de « ne pas faire d’exemple » et de « ne pas pénaliser à travers eux un mouvement social qui a entraîné une forte solidarité », ne doit pas faire oublier qu’ils n’auraient jamais dû se retrouver accusés si le mot de « justice » avait un sens : ce sont les actionnaires et dirigeants de Continental qu’il fallait juger - et avec la plus grande des sévérités, cette fois. Le pal, je ne vois que ça…



1 Comme les autres dirigeants des centrales syndicales, à la notable exception de Christian Mahieux, de Solidaires.

2 Faut pas déconner non plus…

3 Les six inculpés avaient en première instance écopé de peines d’emprisonnement avec sursis, de trois à cinq mois ; ils ne devraient cette fois avoir droit « qu’à » des peines de travaux d’intérêt général, le procureur ayant précisé dans son réquisitoire qu’il ne s’y opposerait pas.

4 Ce que n’ont pas fait les autres chaînes, à l’exemple de France3.

5 Je peux évidemment me tromper, mais je suis convaincu que les prévenus n’auraient pas écopé de peines plus lourdes s’ils avaient revendiqué leurs actes.

6 Non, je ne dis pas ça parce que je participe à Fakir…


COMMENTAIRES

 


  • merci pour ce reportage comme si j’y étais ce qui m’évite carrément, contrairement à toi, de me geler les miches - comme toi je déplore qu’ils ne revendiquent pas leurs actes et comme toi je pense qu’ils n’auraient pas pris plus mais c’est plus facile à dire qu’à faire quand on risque 63 000 euros d’amende et six mois de sursis et qu’on est de fait au chomdu avec des crédits sur le râble et tout et tout - cela dit ça permet à l’état de faire preuve d’une certaine mansuétude puisque les « méchants » un peu penauds font enfin profil bas.

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • Pour le « gelage de miches », c’était finalement très supportable. Depuis que je n’ai plus la grippe A, je souffre moins du froid… (et puis, j’avais pris mes tongs fourrés triple épaisseur)

      « c’est plus facile à dire qu’à faire quand on risque 63 000 euros d’amende et six mois de sursis et qu’on est de fait au chomdu avec des crédits sur le râble et tout et tout »

      Ça, c’est clair. Ça me gênait d’ailleurs de l’écrire, ça a un petit côté connard-donneur-de-leçons assez déplaisant. Et puis finalement, si.
      « faire preuve d’une certaine mansuétude » : c’est exactement ça. On bastonne, et ensuite on se la joue grand prince.

      • Putain, moi c’est la 2e fois que je me tape la grippe A en trois mois... je commence à en avoir marre de cette foutue grippe, nom d’un tamiflu ! Elle s’acharne sur moi !

        Tout ça à cause du complot inter-planétaire que Donald Rumsfeld a monté avec quelques Avatariens transfuges !! fait chier, les gens !

        Le pire c’est que j’ai reçu mon coupon de vaccin hier matin !! Trop tard, Mme Bachelot, moi, j’ai déjà failli crever 2 fois la gueule ouverte à cause de votre « grippette » et aucun journaliste de France 2 n’est venu m’interviewer !! (Normal en même temps, ils sont très préoccupés, les journalistes, par les Haïtiens, qui crevaient déjà de faim par milliers chaque année sans qu’on y pense plus que ça, mais qui désormais crèvent en faisant du bruit, les saligauds !!! dans quelques semaines, ils recommenceront à crever de faim silencieusement, et tout rentrera dans l’ordre : je pourrais enfin me faire interviewer par des journalistes et passer à la télé comme multirécidiviste de la Grippe. Ils diront : ah ce mec, quand même, il a survécu 2 fois de suite à la grippe porcine, quand même, c’est pas rien... J’entends déjà Poujadas commencer son JT par : Nous commençons ce journal par un fait de la plus haute importance, un homme a survécu 2 fois à la grippe A... ah !! vivement que les Haïtiens finissent de crever bruyamment...)

        Si au moins un des « Contis » avait été hospitalisé à cause de la grippe A... je crois que toute la France se serait mobilisée, à son chevet...

        Mieux : si un des « Contis » avait été à Haïti cette semaine, je crois que même Carla Bruni-Sarko aurait dépêché un convoi humanitaire pour le sauver...

    • je n’y étais pas ... merci à tous ceux qui y était



  • [6] Non, je ne dis pas ça parce que je participe à Fakir…

    Ben voyons..... héhé......... j’espère qu’il y aura des pages sur le sujet dans le prochain.........

    Il ne faut pas oublier le caractère écrasant d’un tribunal ; je ne connais pas celui où s’est passée l’audience mais, en principe, ce sont de vieux établissements tout en lambris savants, hautes chaires pour les justiciers et un tréfond pour les justiciables. Il y a dans certaines salles d’audience des statues haut placé qui écrasent de leur regard mort le gars qui gigote à la barre comme un gobbi refait par l’hameçon.

    Faut pas leur reprocher d’avoir été penauds devant la justice, elle est aussi glaçante que la foule qui soutient est chaleureuse.

    Il parait que le çi devant Sarkozy va aller à la télé pour répondre aux questions des gens de la rue ; faudrait qu’un quidam veuille bien se dévouer pour lui demander si c’est normal que la chaîne de télé privée sur laquelle il pérore soit aussi celle qui fournit le matériel audiovisuel pour que les flics et la justice se repaissent de victimes.

    Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, deux évenements filmés par la même chaîne en béton :

    C’était à Fougères, des bouseux de la FNSEA détruisent un max. de matériel et des entrepôts frigo pour un coût de dégats considérable, le tout devant les caméras et les CRS dont c’était l’heure de se faire les ongles.

    C’était le bureau de Voynet au ministère qui était saccagé et enfariné, exactement le même casting des deux côtés.
    La télé n’a pas donné les images à la police qui ne demandait rien puisque la justice était en vacances dans un gîte rural, fallait pas énerver le proprio.

    Palsambleu, on est mal barré.

    • « Ben voyons.... »

       :-)

      (Pour les pages sur le sujet, c’est loin d’être sûr. Et notamment parce que, comme il ne s’est rien passé de plus qu’en première audience, cela reviendrait à répéter (en moins bien, parce que l’article était plus que complet) ce papier-ci.

      « Il ne faut pas oublier le caractère écrasant d’un tribunal »

      Oh que oui. D’abord - comme tu le soulignes - par le caractère plus ou moins impressionnant-froid-majestueux des lieux. Et aussi parce que la peur de la justice et la crainte de l’autorité sont sentiments bien trop ancrés en chacun de nous, au cours de l’enfance et dès l’école, pour qu’on s’en débarrasse en un tournemain. C’est finalement parlant : Xavier Mathieu semble plus intimidé par la justice que quand il s’agit de tenir (avec classe) la dragée haute à Frédéric Lefèbvre sur un plateau télé.

      « faudrait qu’un quidam veuille bien se dévouer pour lui demander si c’est normal que la chaîne de télé privée sur laquelle il pérore soit aussi celle qui fournit le matériel audiovisuel pour que les flics et la justice se repaissent de victimes. »

      Oui.
      J’aimerais bien.
      Mais faut être honnête : j’aurais pas les roubignolles nécessaires…

      Pour les deux exemples que tu donnes, ils sont en effet très révélateurs : le bras séculier de la justice ne s’abat pas de la même façon quand il s’agit des agriculteurs-chasseurs et des ouvriers.



  • Ben sûr que les pouvoirs ne vont pas leur faire des bisous ! Mais l’important dans cette lutte c’est qu’ils ont choisi la thune, c’est-à-dire le temps, plutôt que le travail, ou des promesses de travail. A vrai dire c’est pas si simple, ils n’étaient pas vraiment en situation de chosir, mais ils ont pris cette option résolument et repris l’initiative à partir d’une position initiale on ne pouvait plus défensive. Derrière la casse, c’est cette option que les pouvoirs veulent brouiller. Si les ovériers se mettent à buller, où va-t-on ma bonne dame. Vive Lafargue !



  • salut JBB
    (pas en rapport avec l’article, pardon...)
    j’ai un petit soucis...un message de refus d’accès à article XI m’a été envoyé lors d’un post sur un article précédent et je n’ai plus accès à Consanguin...il y a un soucis avec mon adresse mail ?



  • « Le président les questionne avec douceur, en gentil proviseur. Face à lui, des collégiens maintenant, honteux, qui s’excusent, qui y vont de leur « j’ai rien fait », « c’est pas moi », « j’ai pas voulu » »

    Oui, quand un collégien fait ça, c’est qu’il est en train d’essayer de tromper le prof ou le proviseur... En ce sens, il use d’une arme, le mensonge, pour parvenir à ses fins. Si ça marche, qu’on le relaxe suite à sa fourberie, il aura gagné et aura eu raison de le faire.

    Le problème avec les « Contis », c’est qu’il y avait la vidéo.

    Mais pourquoi auraient-ils clamer avec passion leur cause ou revendiquer via des discours tranchés leur combat devant la « cour » ? Ils seraient de toute façon passés à la trappe médiatique en même pas 2 semaines. Qui se souvient des discours fleuves de J. M. Rouillan devant le tribunal ? Ceux-ci ont même été utilisés 20 ans plus tard par Faites entrer l’accusé pour discréditer totalement le personnage et le faire passer pour un fou, un illuminé...

    En plus, ce qui devait être dit a été dit, semble-t-il, par X. M. avant le procès : « Si on s’acharne sur nous, c’est bien par vengeance sociale, et pour envoyer un message à toute la classe ouvrière. Le procès contre nous, c’est une façon de menacer tous les travailleurs qui ne voudraient pas se laisser faire face aux attaques patronales et gouvernementales » Ca, c’est fait. Après, si on peut tromper l’ennemi pour sauver sa peau, pourquoi pas ?

    • « si on peut tromper l’ennemi pour sauver sa peau, pourquoi pas ? »

      On est d’accord. Mais tu soulignes toi-même le problème, peu avant dans ton commentaire :

      « Le problème avec les »Contis« , c’est qu’il y avait la vidéo. »

      Ces images font qu’il n’est plus possible de « tromper l’ennemi ». Au mieux, l’apitoyer ; mais le tromper, non. C’est seulement pour ça que je me permets de regretter cette ligne de défense. Sans les enregistrements vidéos, qui jouent le rôle d’une évidente dénégation à leurs éventuels démentis, je ne me serais pas permis de déplorer ce choix.

      Pour Rouillan, t’as pas tort. Mais on trouve aussi l’inverse ; par exemple, les flamboyantes défenses des anar français de la fin du 19e siècle, sous les lois scélérates. Là (le contexte n’a rien à voir avec Conti, on est d’accord), les inculpés ont revendiqué leurs actes avec panache ; et on s’en souvient encore aujourd’hui.



  • lundi 18 janvier 2010 à 16h03, par cultive ton jardin

    « Je peux évidemment me tromper, mais je suis convaincu que les prévenus n’auraient pas écopé de peines plus lourdes s’ils avaient revendiqué leurs actes. » :

    En effet. Par ailleurs, les gens prêts à les soutenir activement ont été, je le crains, un peu désarçonnés par cette défense à minima. En tous cas, c’est mon cas. Je reste persuadée que leur action était légitime, et les dégâts dérisoires par rapport aux désastres humains provoqués depuis des années par la destruction systématique des emplois, mais la défense choisie a un triste effet d’éteignoir. Par qui ont-ils été conseillés ?

    • On est totalement d’accord. Ce qui n’enlève rien, me semble t-il, à la chouette mobilisation : l’important est d’abord là, dans le fait que des gens se sentent encore concernés.

      « Par qui ont-ils été conseillés ? »

      Les six avaient la même avocate, une certaine Me Marie-Laure Dufresne.

      • Il est très difficile de trouver un avocat (ou une) digne de ce nom lorsqu’il s’agit de défendre le rapport « de classe ».
        Nous le voyons lors des procès anti-otan à Strasbourg.
        Malgré leur bonne volonté, les avocatEs restent quand même dans leur « pré carré » et n’osent pas toujours aller « trop » de l’avant.
        On a bien senti que le terrain était franchement glissant lors des différents procès au Tribunal d’instance de Strasbourg et en Appel à Colmar.
        Les militants politiques défendus par l’antirép ont plus été aidés par leurs familles, soutien, amis que par la justice.
        Faire le jeu de la justice, c’est déjà mettre un pied dans le système.
        Sur le « prisonnierisme »...

        Voir en ligne : Sur le prisonnierisme



  • C’est connu que des militants ont le choix entre les procès de connivence et les procès de rupture.
    Ceux qui choisissent les procès de connivence prennent leurs responsabilités, mais qu’ils n’attendent pas le beurre-le respect- et l’argent du beurre-les indems et des peines « de complaisance », parce qu’ils n’assument rien.
    Ils ont fait ça parce qu’ils n’avaient plus toute leurs têtes ? Bon, circulons alors, il n’y a rien à voir : la connivence ça porte bien son nom.

    • « entre les procès de connivence et les procès de rupture »

      Ça résume bien le truc, je trouve. Evidemment, il y a des nuances, mais ça revient plutôt à ça.

      « la connivence ça porte bien son nom. »

      En même temps, c’est Xavier Mathieu qui a cet aspect très militant. Les autres sont d’abord des licenciés tentant de sauver leur emploi, et je comprends facilement qu’ils aient pu penser jouer la sécurité et ne pas risquer d’alourdir la facture.

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