ARTICLE11
 
 

jeudi 15 avril 2010

Le Charançon Libéré

posté à 16h51, par JBB
24 commentaires

Violences policières : eh bien, dansez maintenant !
JPEG - 19.7 ko

On le tait, on le cache mais… les policiers savent s’amuser. Particulièrement dans le 18e arrondissement de Paris, où ils ne goûtent rien tant que de faire danser (sous les coups) ceux qui visitent leurs locaux, qu’il s’agisse de victimes venant déposer plainte ou de très petits délinquants. L’expression d’un sens de la fête original. Après tout, qu’importe : du moment qu’on rigole…

JPEG - 25.4 ko

Je fais chaque jeudi une petite chronique sur la radio libre FPP, à 12 h 15. Comme d’habitude, je te la copie-colle ici. Et comme c’est jour de fête, tu peux même l’écouter en version audio, juste ci-dessous.

-

Je suis sûr que tu es comme moi, Amie : tu aimes faire la fête, danser jusqu’au bout de la nuit, trémousser tes petites fesses et agiter ton corps.

Et je voudrais, puisque nous sommes entre nous, te recommander l’une de ces soirées qui ont fait de la région parisienne ce qu’elle est, un haut-lieu de la fête reconnu dans le monde entier - et même au-delà.

Ce soir, donc, et pour peu que tu sois une fille - il faut que tu aies une paire de seins, sinon ça ne marchera pas… - je te recommande très fortement de gagner Brétigny-sur-Orge, dans l’Essone, et de rejoindre l’Eden’s Club.

Une discothèque qui se trouve être à la fois, selon son site internet, « unique en son genre » et la plus belle des « alternative pour des soirées inoubliables ».

Je te l’assure, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.

JPEG - 37.7 ko

Que je t’explique : l’Eden’s Club organise ce soir une « Police-pompiers party » - je te jure que c’est authentique…

L’entrée sera gratuite pour les filles - ça, c’est plutôt classique - tandis qu’elle sera réservée côté mâles aux policiers et pompiers munis d’une carte professionnelle.

Une ségrégation sur l’uniforme que le site internet de la discothèque résume ainsi : « Venez faire la fête avec les policiers et les pompiers les plus sexy ! »

Waouh !

L’ambiance va être chaude, chaude, chaude…

.

Tout opportunisme commercial mis à part - la soirée, explique Le Parisien, est en fait pour les propriétaires des lieux l’occasion de caresser la police dans le sens du poil, après plusieurs plaintes pour tapage nocturne - , tout opportunisme commercial mis à part, disais-je, l’Eden’s Club a raison : il n’est que temps de combattre cette absurde idée reçue selon laquelle les policiers ne seraient que de désagréables et détestables rabats-joie.

Ils sont comme tout le monde : ils aiment s’amuser et ils adorent danser.

Même s’il est vrai qu’ils ont toujours préféré faire danser les autres.

Et que rien ne les réjouit autant que de voir leurs concitoyens s’agiter, se trémousser et se remuer en tous sens.

Tu en doutes ?

Tu as tort.

Et je voudrais t’en donner pour exemple cette joyeuse fiesta organisée il y a deux jours dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris.

Soirée si endiablée que sur les coups (l’expression est peut-être mal choisie…) de 21 h, un homme - venu pour déposer plainte mais si pris par la chaude ambiance du lieu qu’il a oublié de le faire - s’est tant et tant trémoussé avec les occupants du commissariat qu’il n’a pas vu l’escalier, plongeant bêtement sur les marches avant de tomber dans le coma (ou l’inverse).

Oui : c’est ballot.

.

La victime aurait ainsi un peu trop dansé - sous les coups des policiers du commissariat.

Et se serait un peu trop agitée - pogo vigoureux avec les uniformes présents.

Bref, ce n’est rien d’autre qu’une danse des canards… pardon : des poulets qui s’est mal terminée.

Et ceux qui parlent de violences policières ont vraiment l’esprit mal tourné, ne voyant que le mauvais côté des choses, ne sachant s’amuser, confondant finalement biture dansante et bavure sanglante.

De tristes rabats-joie, donc, ne valant pas mieux que ceux qui pointent l’étrange répétition des accidents dans les commissariats du 18e arrondissement.

Une litanie en apparence répétitive qui n’est en réalité due à rien d’autre qu’au sens de la fête des policiers.

Prends l’exemple de ce jeune Colombien, venu porter plainte au commissariat de la Goutte d’Or en juin 2009 et qui a été placé en garde à vue, insulté et frappé.

C’est simple : s’il est ressorti du commissariat affligé de lésions à l’oreille interne et victime d’une perte d’audition de 40%, c’est tout bêtement parce que la musique était un peu trop forte…

Prends l’exemple - encore - de ce contrôle policier en novembre 2009 au bar Le Nouveau Carillon, dans le quartier des Abbesses, qui a vu les uniformes multiplier les remarques racistes et les tentatives d’intimidations

C’est tout aussi simple : les policiers du XVIIIe n’ont pas apprécié qu’on puisse s’amuser ailleurs que chez eux, voilà tout.

Un cas de figure qui s’est à l’évidence répété le 12 février dernier, quand un jeune habitant de Barbès s’est fait tabasser par des policiers lui reprochant un tapage nocturne.

Je n’ai - par contre - pas trouvé d’explication festive au cas de ce jeune homme qui, en janvier dernier, a été placé en garde-à-vue à la Goutte d’Or après une remarque moqueuse adressée à des policiers en civils, avant d’être insulté et frappé.

Je n’ai pas trouvé d’explication festive, mais je suis sûr qu’il doit y en avoir une.

Comme je suis certain que les multiples plaintes déposées depuis six mois contre des policiers du 18e arrondissement, ainsi que les nombreux témoignages d’habitants du même quartier déplorant le comportement violent des uniformes, j’en suis certain, n’ont d’autre fondement que l’envie de s’amuser.

C’est que, je te le répète…

On sait rire dans la police.

On aime danser.

Et on adore faire danser les autres.

.

Tout ça pour dire, histoire de revenir à l’accroche de cette chronique : je serais toi, Amie, Ami, j’irais ce soir à l’Edens Club de Brettigny-sur-Orge.

Et je m’apprêterais à passer la plus plus belle des nuits de folie.

Juste… juste… je ferais bien gaffe aux escaliers.

Un accident est si vite arrivé…


COMMENTAIRES

 


  • jeudi 15 avril 2010 à 17h08, par Yoms

    « Dansons la carmagnole vive le son vive le son, dansons la carmagnole vive le son du canon ! »

    « Mort aux vaches, mort aux condés, vive les enfants de Cayenne à bas ceux de la sureté ! »

    Puisqu’ils aiment danser chantons leur des chansons populaires !

    Blague à part, il ne fait pas bon croiser les poulets par les temps qui courent, ils ont la plume hérissée...

    • vendredi 16 avril 2010 à 14h02, par JBB

      La plume hérissée, oh que oui.

      Et le jabot gonflé à bloc et le bec très agressif. Ils défendent davantage leur tas de fumier que n’importe quel chefaillon de basse-cours....



  • jeudi 15 avril 2010 à 19h35, par un-e anonyme

    une bonne occase pour rappeler ce que fait la police :
    http://quefaitlapolice.samizdat.net/
    Ils auraient tord de se gêner puisqu’ils ont totale impunité depuis des lustres

    Voir en ligne : http://http://quefaitlapolice.samiz...



  • Je vois que le tonfa show t’as donné des idées... ;-)

    En fait, ce sont des exhibitions de tonfa qui tournent mal dans les commissariat... hop une petite démo pour attendrir le client et crack... comme pour les flashball, 8 x sur 10, ils touchent quelqu’un...

    Niveau chanson, Body Count en avait fait une pas mal aussi mais vite interdite... je suis étonné de la retrouver sur le net car l’album avait été censuré durant l’été 1992 mais il l’on joué en concert à chaque fois (Emmendingen et Karlsruhe ) que j’y étais...

    I got my black shirt on.
    I got my black gloves on.
    I got my ski mask on.
    This shit’s been too long....

    Paradoxalement Ice T joue dans une série policière neuneu et continue son rap en(r)gagé.

    So for them from the Rhyme Syndicate and Ice-T Id like to send this special shout out...Fuck the police, Fuck the FBI, Fuck the DEA, Fuck the CIA, Fuck Tipper Gore, Bush and his cripple bitch this is Ice-T im out of here, told ya you shoulda killed me last year...



  • vendredi 16 avril 2010 à 09h45, par Quadru

    Paraitrait que dans cette boîte, on va danser la Java des Bons-Enfants

    Pour les jeunots ignorants : La « Java des Bons-Enfants » est une chanson anarchiste parfois attribuée à Raymond Callemin, dit Raymond la Science, 1912, alors qu’elle fut écrite par Guy Debord en 1973. La musique est de Francis Lemonnier. (voir le disque historique « Pour en finir avec le travail ») Le 8 novembre 1892, d l’anarchiste Émile Henry, 19 ans, dépose une bombe dite « à renversement » au siège des mines de Carmaux à Paris. Après sa découverte, on l’emmène au commissariat de police de la rue des Bons-Enfants où il explose faisant 5 morts.

    Dans la rue des Bons-Enfants,

    On vend tout au plus offrant.

    Y avait un commissariat,

    Et maintenant il n’est plus là.

    Une explosion fantastique,

    N’en a pas laissé une brique,

    On crut qu’c’était Fantômas,

    Mais c’était la lutte des classes !

    Un poulet zélé vint vite,

    Qui portait une marmite,

    Qu’était à renversement,

    Il la retourne imprudemment.

    Le brigadier, l’commissaire,

    Mêlés au poulet vulgaire,

    Partent en morceaux épars,

    Qu’on ramasse sur un buvard.

    Contrairement à ce qu’on croyait,

    Y’en avait qui en avait,

    L’étonnement est profond :

    On peut les voir jusqu’au plafond.

    Voilà bien ce qu’il fallait,

    Pour faire la guerre au palais,

    Sache que ta meilleure amie,

    Prolétaire, c’est la chimie.

    Les socialos n’ont rien fait,

    Pour abréger les méfaits,

    De l’infamie capitaliste,

    Heureusement vient l’anarchiste.

    Il n’a pas de préjugés,

    Les curés seront mangés,

    Plus de patrie, plus de colonie,

    Et tout le pouvoir il le nie.

    Encore quelques beaux efforts,

    Et disons qu’on se fait fort,

    De régler radicalement,

    Le problème social en suspend.

    Dans la rue des Bons-Enfants,

    Viande à vendre au plus offrant,

    L’avenir radieux prend place,

    Et le vieux monde est à la casse.

    Voir en ligne : http://quadruppani.blogspot.com/ ht...

    • vendredi 16 avril 2010 à 10h12, par Karib

      Et de Boris Vian, cette chanson toujours d’actualité, la Java des chaussettes à clous :

      Très mutines, toujours accortes
      Elles donnent à qui les portent
      Une grâce virile et forte
      Et toujours de très bon aloi
      Dépouillées de toute équivoque
      D’un noir d’encre, sans rien qui choque
      Cuir de vache ou bien façon phoque
      Elles prennent force de loi.

      Ce sont les chaussettes à clous
      Compagnes chéries des chastes gendarmes
      Oyez le plaisant vacarme
      C’est là tout le charme
      Des chaussettes à clous.

       × Gendarme Combaluzier
      Avez-vous ciré vos godasses ?
       × Oui brigadier
       × Alors veillez à ne pas les gâter dans quelque colombin

      Depuis l’aube au crépuscule
      Ignorantes du ridicule
      Elles portent à qui circule
      Les conseils du simple bon sens
      Pour régler les tristes querelles
      Des voyous et de leurs donzelles
      Elles dansent la tarentelle
      Sur les pieds de tous les feignants

      Ce sont les chaussettes à clous
      Compagnes chéries des brillants gendarmes
      Remède à toutes les larmes
      C’est là tout le charme
      Des chaussettes à clous.

       × Gendarme Edoux-Samain
      Combien de contredanses avez-vous exécutées ce matin ?
       × Cent treize, brigadier
       × Gendarme, ce n’est guère !
      Attention, on vous surveille

      Ustensiles fort sociables
      Elles prennent un contact aimable
      Avce l’œil ou avec le râble
      Du badaud qui ne sert à rien
      Réformant la jeunesse oisive
      Elles font propagande active
      Dans le ventre ou dans les gencives
      Des crétins du Quartier latin.

      Ce sont les chaussettes à clous
      Compagnes chéries des humbles gendarmes
      Parure en même temps qu’arme
      C’est là tout le charme
      Des chaussettes à clous.

       × Gendarme Otis Pifre, vous avez de la cervelle sur votre chaussure gauche
       × Excusez, brigadier...
       × La prochaine fois, essuyez-vous aux cheveux du prévenu

      Très discrètes, c’est sans histoires
      Pendant les interrogatoires
      Qu’elles aident ceux du prétoire
      De leur poids et de leur sagesse
      Respectant toujours la cadence
      Elles brisent joyeuse danse
      Les tibias et la résistance
      Des malfrats vaincus qu’on confesse.

      Ce sont les chaussettes à clous
      Des juges si doux, zélés auxiliaires
      Calmez toutes vos alarmes
      Vivons sous le charme
      Des chaussettes à clous.
      Calmez toutes vos alarmes
      Vivons sous le charme
      Des chaussettes à clous.

    • samedi 17 avril 2010 à 17h32, par George Weaver

      Juste parce que la fin de ta présentation est assez confuse : Émile Henry n’était pas un kamikaze ; ce n’est pas lui qui a explosé, mais sa marmite.

      On peut aussi rappeler qu’à l’occasion du centenaire de cet événement, le 8 novembre 1992, une plaque commémorative à la gloire d’Émile Henry a été apposée sur le mur du commissariat de la rue des Bons-Enfants.

      Elle n’y est pas restée longtemps, mais quelques heures, quand même.



  • vendredi 16 avril 2010 à 10h45, par A.S. Kerbadou

    « L’ambiance va être chaude, chaude, chaude… »

    Elle pourrait même être explosive avec l’entrée gratuite de quelques sex bombs A(nal) A(rt) dernier cri.

    Pas bêtes, les tauliers de l’Eden. Les pompiers au cas où...



  • vendredi 16 avril 2010 à 12h19, par Guy M.

    Monsieur le rédacteur en chef,

    Il est tout à fait désolant de voir des médias comme la radio libre FPP et ArtXI relayer la campagne de stigmatisation ultragauchiste actuellement menée contre notre admirable police.

    Non, monsieur, on ne s’amuse pas dans les commissariats : allez-y et vous verrez si vous trouverez ça drôle...

    Votre ironie au sujet de l’agréable soirée organisée par le courageux gérant de l’Eden’s Club est tout à fait déplacée. On ne peut que saluer, et encourager, ce type d’initiative citoyenne qui permet à nos braves policiers de se rapprocher, autant que faire se peut, de la population dont elle assure la sécurité, et notamment de cette part la plus consommable de la population qui pouvait bénéficier d’une opportune entrée gratuite.

    Je ne vous salue pas, Monsieur.

    PS : Merci cependant de m’avoir éclairé : une lecture trop rapide de l’affiche annonçant cette belle soirée m’avait conduit à croire que le mot « pompier » désignait cette pratique que l’on dit, sans doute à tort, mais il n’y a pas de fumée sans feu, occasionnellement utilisée avec certaines présumées contrevenantes.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • vendredi 16 avril 2010 à 17h14, par JBB

      Brigadier-chef de mon coeur,

      Sachez que je vous présente (au nom d’une rédaction dont je ne suis pas le chef) nos plus plates excuses. Froisser les dignes représentants de l’ordre serait bien la dernière chose que nous autres, vils propagateurs du désordre, désirons faire.

      En gage de bonne volonté, je vous prie de m’indiquer à quelle adresse je pourrais vous faire parvenir deux invitations gratuites pour la prochaine soirée qu’organise l’Eden’s Club, sur le thème des choses militaires et de l’amour de l’uniforme ; le général Germanos nous a promis sa présence, ça s’annonce très chaud…

      Des bisous partout

      PS : :-)



  • lundi 19 avril 2010 à 09h31, par un-e anonyme

    En fait les flics s’amusent en « travaillant » Et nous on est des rabats joie

    Voir en ligne : http://http://paris.indymedia.org/s...

  • Répondre à cet article