ARTICLE11
 
 

mercredi 10 décembre 2008

Entretiens

posté à 12h20, par JBB
32 commentaires

Eric Hazan : « Regardez ce qui se passe en Grèce : c’est de ça dont ils ont peur. »
JPEG - 20 ko

Une pensée vive, profonde et radicale. Et un salutaire bol d’air dans la médiocrité ambiante, loin des emballements imbéciles du régime et des désastreux errements médiatiques. Bref : le discours d’Eric Hazan fait beaucoup de bien. Dans un entretien à Article11, l’éditeur de La Fabrique, maison honnie d’Alliot-Marie pour avoir publié « L’insurrection qui vient », revient sur le sens à donner à l’affaire dite de Tarnac, avant d’évoquer une Palestine dont il rentre tout juste. Entretien.

Est-il vraiment nécessaire de le présenter ? Un chouia ? Soit, mais rapidement alors…

JPEG - 23 ko

Eric Hazan est éditeur. Pas n’importe quel éditeur : la maison qu’il a lancée avec d’autres esprits libres en 1998, La Fabrique, est un modèle d’indépendance et d’engagement, jolie preuve qu’on peut aller contre le médiocre esprit du temps et publier des textes de très grande qualité. Lui l’explique - mieux que je le saurais faire - sur le site de la maison d’édition :

« Nous avons fondé la fabrique en 1998. ’Nous’, c’est un groupe d’amis, les uns philosophes, les autres historiens, d’autres encore éditeurs, qui ont envie de travailler ensemble à publier des livres de théorie et d’action. Ces livres, nous les voulons ancrés politiquement, à gauche de la gauche, mais sans céder à aucun esprit de chapelle, sans être inféodés à aucun groupe ni parti. Ce sont des textes de philosophie, d’histoire, d’analyse de notre temps. Français ou étrangers, contemporains ou classiques, célèbres ou très jeunes, les auteurs sont de ceux qui remettent en cause l’idéologie de la domination. La Fabrique est encore une petite voix. Nous avons bon espoir qu’elle sera entendue. »

Eric Hazan est aussi un intellectuel, auteur d’ouvrages indispensables. Avec Chronique de la Guerre civile, publié en 2004, il décortiquait l’offensive mondialisée des possédants et gouvernants contre le peuple et les classes jugées dangereuses. Précieux. Avec LQR : la propagande du quotidien, paru en 2006, il analysait « la domestication contemporaine des cerveaux par l’omniprésence du langage libéral et de ses avatars »1. Essentiel. Avec Notes sur l’occupation : Naplouse, Kalkilyia, Hébron, publié aussi en 2006, il décrivait, après un séjour d’un mois en Palestine et de nombreux entretiens, l’abominable étau israélien enserrant les territoires occupés, asphyxie d’un peuple abandonné et lente agonie de ses derniers espoirs. Implacable. Avec Changement de propriétaire, la guerre civile continue, paru en 2007, il contait d’une plume acerbe les cent premiers jours de présidence de Nicolas Sarkozy, listant ses coups de butoir successifs contre la liberté et la cohésion nationale. Salvateur.

Eric Hazan est enfin un homme sous le feu des projecteurs depuis que L’insurrection qui vient, ouvrage publié en 2007 par La Fabrique, s’est vu promu au rang imbécile de pièce à conviction par le ministère de l’Intérieur et de petit bréviaire du sabotage de catenaires par les médias. Face à la tempête d’approximations et d’incongruités déversées depuis deux semaines sur les neuf inculpés de Tarnac, l’éditeur a pleinement joué son rôle, appelant à la modération et à la réflexion. Affable et disponible, il a accepté d’en parler à Article11.


Que vous inspire l’attitude des médias dans l’affaire dite de Tarnac ?

Elle est très éclairante, parce qu’elle illustre précisément la relation qu’il existe entre le journaliste spécialisé des affaires judiciaires et la police. Dans un premier temps, les journalistes de tous les quotidiens ont repris sans aucun recul les communiqués de la police. C’est humain, d’une certaine manière : ils sont comme des journalistes embedded dans des unités combattantes, ils ne peuvent mettre en doute les déclarations de la police sans perdre leur source.
Cette tendance à reprendre telles quelles les déclarations de la police a duré une semaine. Puis, au bout d’un moment, les journalistes ont quand même commencé à se poser des questions sur ce qui leur était présenté comme des preuves, soit un horaire des chemins de fer, une lampe frontale, une échelle et L’insurrection qui vient. Là, ils se sont mis à trouver le dossier assez foireux et à se demander s’il ne s’agissait pas d’un montage.

Vous comprenez qu’ils aient mis tant de temps à questionner la version officielle ?

Encore une fois, c’est humain. Les gens ne sont pas forcément très courageux ni indépendants d’esprit. Le sous-ensemble des journalistes est juste représentatif : prenez n’importe quel échantillon de population, il n’y aura pas parmi eux un nombre extravagant de gens à la fois courageux et capables de discriminations.

C’est pourtant justement ce qu’on demande aux journalistes…

Il faut prendre en compte l’énorme changement qui s’est produit en une vingtaine d’années dans leur recrutement. Il y a 20 ans, les journalistes étaient issus de tous les milieux, origines, formations : c’était un agglomérat de gens très hétéroclites. Aujourd’hui, ils sont formatés par les écoles de journalisme à l’esprit sciences-po et au moule républicain laïc et libéral… Et il n’y a même plus besoin de censure tant ceux qui sont aux postes de responsabilité, quadragénaires en bonne partie, sont formatés2. Il s’agit là de l’une de ces grandes tendances lourdes, si progressive que les gens n’en prennent pas conscience.

Cela renvoie d’ailleurs à un autre phénomène, qui sort un brin de notre sujet : on entend souvent dire qu’il n’y aurait plus de grande pensée française, comparable à la génération des Deleuze et Foucault. Et qu’après Badiou ou Rancière, il n’y aura plus de relève. Mais il y a une raison à cela : ce n’est pas que les Français soient devenus des crétins, mais simplement que le mode de recrutement des universités a évolué. Au premier filtre du mandarinat traditionnel - qui a toujours existé - est venu se superposer le filtre politique : si tu as une étiquette « marxiste », « bourdieusien » ou « trotskiste », tu n’auras jamais de poste universitaire important. Tous les gens qui sont catalogués comme des enseignants potentiellement dangereux pour leurs étudiants sont exclus des universités de sciences humaines. Les esprits féconds, fertiles, curieux et travailleurs - qui ne peuvent néanmoins vivre de leurs écrits - deviennent ainsi souvent professeurs de lycée, profession qui ne leur laisse que peu de temps libre. Et ils n’ont plus la possibilité de maturer, de ciseler leur pensée.

Cet univers de conformisme laisse quand même quelques marges de liberté…

Heureusement ! Sur l’affaire de Tarnac, il y a quelques journaux qui ont senti le truc et ont réagi dans le bon sens : L’humanité, le Canard Enchaîné et Politis, plus les gens du Monde et de l’AFP qui ont assez rapidement émis quelques doutes. A part ça… Libération, il leur aura fallu un temps fou pour se montrer un peu critique ; c’est d’ailleurs frappant de voir que c’est le même journaliste qui a écrit un article infâme sur L’insurrection qui vient et qui signe le long entretien d’aujourd’hui…3
Tout n’est pas toujours tranché, pourtant : après la manchette « L’ultra-gauche déraille » de Joffrin, il y a eu une émeute à Libé, une vague de protestation des journalistes qui ne partageaient pas ce point de vue.
Quant au Figaro… C’est un vrai flic qui a écrit les articles. Lui, c’est vraiment une erreur de casting, il aurait dû faire l’école de la police… Mais même dans ce quotidien, il y a des gens qui ne sont pas convaincus, qui n’en pensent pas moins.

Quels leçons tirez-vous de cette histoire ?

Elle montre plusieurs choses. C’est d’abord la preuve qu’avec la législation antiterroriste, on peut arrêter n’importe qui pour n’importe quoi, puisqu’on inculpe les gens sur des intentions ; c’était d’ailleurs le but de cette législation.
Ensuite se pose une question : pourquoi maintenant ? En fait, je crois que le pouvoir pète de trouille… Regardez ce qui se passe en Grèce : c’est de ça dont ils ont peur. Il se trouve que ça a explosé en Grèce, mais la police aurait aussi bien pu tuer un adolescent ici. Ce ne serait pas si exceptionnel…
Enfin : pourquoi eux ? Je pense que les gens de Tarnac sont dangereux aux yeux de l’appareil d’Etat parce qu’ils peuvent représenter un lien entre la jeunesse étudiante et la jeunesse populaire. Ils sont un peu l’un et un peu l’autre, et cette liaison-là est quelque chose que le pouvoir craint terriblement. Sarkozy l’avait dit quand il était ministre de l’Intérieur : « Si la jeunesse étudiante et la jeunesse des quartiers font la jonction, la fin du quinquennat4sera épouvantable. »

Vous pensez qu’on est dans une situation pré-insurrectionnelle ?

Le pouvoir le craint. Et il n’a pas tort…

JPEG - 37.9 ko

C’est une idée qu’on retrouve à la fois dans votre dernier livre, Changement de propriétaire, la guerre civile continue, et dans L’insurrection qui vient

L’insurrection qui vient est un livre avec lequel je suis en parfait accord. Je l’assume en tant qu’éditeur, mais je partage aussi totalement son point de vue.

Quant à Changement de propriétaire5… C’est vrai que la situation actuelle semble confirmer l’épilogue de mon livre. Je ne souhaite pas la guerre civile, mais j’en dresse le constat : elle se déroule sous nos yeux. S’il pouvait y avoir la paix loin des flashballs et des paniers à salade, dans l’égalité et l’harmonie, je serais le premier ravi. Je ne suis pas un violent de tempérament, mais la violence est là.
Quand on parle de violence aujourd’hui, on pense aux mecs en fin de manifestations qui cassent des vitrines. Mais la violence qui s’exerce contre la population, contre les SDF, contre les sans-papiers et contre les exclus est incomparablement pire que celle qui touche trois vitrines et deux bagnoles… Quand on évoque la violence, il faut savoir de quoi on parle.

C’est une violence qui ne cesse de monter…

Je crois que le sarkozysme a fait péter quelques digues et a fait grandement progresser la guerre civile. C’est un phénomène qui est très bien analysé dans le livre d’Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ? : il montre parfaitement cette fin du système parlementaire avec alternance gauche-droite qui nous a bercé depuis la Libération. Le sarkozysme a fait voler en éclat cette prétendue alternance, tirant au fond toujours à droite. Cette illusion n’est plus. Et l’actuelle déréliction socialiste en est une des conséquences.

Vous avez évoqué récemment la construction d’un ennemi intérieur6, celui du pseudo danger autonomiste. A quoi sert-il ?

Un ennemi intérieur est nécessaire pour légitimer les lois antiterroristes : s’il n’y a pas d’ennemi intérieur, faire voter et appliquer des lois qui n’ont plus rien à voir avec le droit est beaucoup plus délicat. Ces lois ont été votées il y a un moment, mais elles n’étaient jusqu’alors appliquées qu’à des imams barbus et tout le monde s’en fichait. Les gens vont maintenant se poser davantage de questions…

La construction de cet ennemi intérieur permet aussi de légitimer la constitution d’un énorme appareil guerrier, très sophistiqués. Une véritable armée ! On ne peut pas dire à quoi elle va vraiment servir, on ne peut pas annoncer qu’elle est destinée à mater le plus vite possible toute révolte des quartiers populaires, à l’étouffer dans l’œuf et à l’empêcher de s’étendre. C’est pourtant l’objectif : accumuler hommes et matériels de manière à ce que n’importe quel coin de banlieue de n’importe quelle ville de France puisse être écrasé dans l’heure.

Cet ennemi intérieur, il renvoie à l’ennemi extérieur que constitue l’Afghanistan ?

Je ne sais pas… Je dirais que ça ressemble plus à la Palestine qu’à l’Afghanistan. En mettant les choses au pire, on pourrait très bien imaginer des checkpoints pour passer de la banlieue à Paris, ça ne serait pas très compliqué à mettre en place. D’ailleurs, ça existe déjà autour de certains quartiers.

Vous évoquiez la Palestine. Vous en revenez tout juste…

Oui, j’ai même dû écourter mon séjour quand j’ai appris que les neuf de Tarnac étaient en tôle. Je n’y ai passé que huit jours : je suis juste allé à Ramallah et à Jénine et je ne peux tirer de ce bref passage de vraies conclusions.

JPEG - 23.8 ko

Vous connaissez pourtant très bien la question, puisque vous avez publié le très percutant Notes sur l’occupation7 il y a deux ans. Avez-vous constaté des changements ?

La seule chose que je puisse dire, c’est que les gens rencontrés pour le livre d’entretien8 que je prépare avec Eyal Sivan9 sont tous persuadés du naufrage de l’Autorité Palestinienne. Ce qui apparaît clairement, c’est que l’Autorité Palestinienne ne représente plus rien en Palestine… Tout le monde - même le dernier petit gamin qui pousse des cageots de tomates sur son diable - sait que ces gens sont des supplétifs des Israéliens et des Américains. Ils sont complètement coupés de la population, ils n’ont plus aucune légitimité.

L’autre point qui apparaît évident est le progrès considérable de l’idée de « one state », d’Etat unique, parmi les Palestiniens.

C’est quelque chose que vous avez toujours mis en avant…

Oui. A cet égard, j’ai été très influencé par Edward Saïd, que j’ai connu quand j’ai édité son livre, Israël, Palestine : l’égalité ou rien10. Il s’agit de se battre pour que les deux peuples coexistent pacifiquement dans le même Etat.

JPEG - 22.7 ko

Ce n’est pas un peu utopique ?

Je crois que l’utopie est plutôt dans l’Etat Palestinien. L’idée de séparation a pour la première fois été formalisée par les Anglais en 1936, avec le plan Peel. C’était il y a 72 ans… Ça fait trois quarts de siècle que l’idée de séparation piétine et n’aboutit qu’à la ruine et à la désolation, sur fond de poignée de main historique blabla-blablabla…

Au fond, c’est la solution des deux Etats qui est une utopie : ça ne marchera jamais. Il n’y a qu’une issue, celle du constat qu’entre le Jourdain et la Méditerranée vivent 10 millions de personnes, toutes citoyennes de ce territoire. L’Etat unique existe déjà, mais c’est un Etat raciste d’apartheid : il faut en faire un Etat où règne l’égalité de tous avec tous.

Et les extrémistes, les colons jusqu’au boutistes ?

On ne peut pas dire que les gens refusent quelque chose qu’on ne leur a jamais proposé. Une des tares chroniques de la direction palestinienne est de ne jamais parler aux Israéliens. Il n’y a pas longtemps, Abou Mazen, le président de l’Autorité Palestinienne, a pris une page de pub dans un grand journal, Haaretz je crois. Mais ce n’est pas comme ça qu’on parle aux gens, sauf si on s’appelle Gaz de France… Un vrai homme palestinien devrait s’adresser aux Israéliens de la même façon que Mandela s’adressait aux blancs.

Il y a aussi un autre point qui m’a sauté à la figure : avec les accords d’Oslo, les Palestiniens sont devenus les gens qui habitent en Cisjordanie et à Gaza. Mais en mettant les choses au mieux, ils ne représentent qu’un tiers du peuple palestinien, les deux autres tiers étant les Palestiniens d’Israël et ceux des camps de réfugiés et de la diaspora. C’est dire à quel point le droit au retour est central, essentiel.



1 La citation est de Lémi, collaborateur émérite de ce site qui avait publié en 2007, sur le blog Zapa, un passionnant entretien avec Eric Hazan. A lire ICI.

2 Ce dont fait état le très bon livre de François Ruffin, Les petits soldats du journalisme, édifiante description du fonctionnement de la machine à décérébrer les apprentis journalistes.

3 Il s’agit d’une longue interview, publiée en date du 9 décembre, de Benjamin Rosoux, l’un des cinq mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les sabotages des lignes SNCF.

4 Il s’agit du quinquennat de Chirac, donc.

5 Publié au Seuil, ce livre dresse le bilan, sous forme de chroniques, des cent premiers jours de règne de Nicolas Sarkozy.

6 Eric Hazan a développé ce thème dans une interview vidéo donnée à Médiapart. Le visionnage de cet entretien en trois parties est fortement conseillé : à voir ICI, puis ICI et enfin ICI.

7 Editions La Fabrique.

8 Ce livre s’intitulera Reprendre l’initiative.

9 Eyal Sivan est notamment l’un des deux réalisateurs du documentaire Route 181.

10 Editions La Fabrique.


COMMENTAIRES

 


  • « Une pensée vive, profonde et radicale. Et un salutaire bol d’air dans la médiocrité ambiante, loin des emballements imbéciles du régime et des désastreux errements médiatiques. »

    Cela vaut bien un grand merci à vous deux et un énergique serrement de paluches !

    • « Si la jeunesse étudiante et la jeunesse des quartiers font la jonction, la fin du quinquennat [4]sera épouvantable. » C’est l’enjeu des enjeux ! Le malheur c’est qu’en France, la question sociale, racisme postcoloniale oblige, a été ethnicisée... La jeunesse « indigène », à son corps défendant, sert de contrefeu et d’épouvantail à tous mouvements sociaux... Le discours, particulièrement ambigu et malsain, de la « gauche », concernant les émeutes de banlieue est emblématique à ce sujet !

      • @ Wuwei : « un énergique serrement de paluches ! »

        Je dirais même plus : serrons-nous la pince. :-)

        @ Nobo : « La jeunesse « indigène », à son corps défendant, sert de contrefeu et d’épouvantail à tous mouvements sociaux... »

        Pas mieux : c’est exactement ça.

        Le jour où les militants des luttes sociales et les habitants des quartiers sauront se parler et se comprendre, le régime sera mis bas.

    • Bonjour,
      Merci de me donner la parole,
      J’apprécie la vision et les propos de M. HAZAN
      Néanmoins, je reste sur ma faim car
      Je constate que la « justesse » des analyses proposées ne permet pas (semble-t-il) la mise en action
      Je suis enclin à penser que la prise de conscience est devenue déconnectée
      De la nécessité d’agir afin de remédier à la problématique.
      Et alors ?

      geabel

    • Entièrement d’accord avec ce commentaire, cette phrase résumé bien ma pensée !

      Voir en ligne : Citation



  • En fait, je crois que le pouvoir pète de trouille…

    Mais la violence qui s’exerce contre la population, contre les SDF, contre les sans-papiers et contre les exclus est incomparablement pire que celle qui touche trois vitrines et deux bagnoles… Quand on parle de violence, il faut savoir de quoi on parle.

    En peu de phrases tout est dit. Merci à Éric Hazan et à toi Charançon.

    Quant aux Palestiniens... Tant qu’Israël aura le soutien quasi-inconditionnel de tout « l’Occident » je crains fort qu’il n’y ait aucun progrès.

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com



  • C’est quoi « des journalistes embedded » ? ( = engagés ?)



  • mercredi 10 décembre 2008 à 23h13, par koui

    Je trouve que le terme de guerre civile est trés exagéré pour decrire les affrontemments en banlieue ou en grèce. Certes il s’agit d’évenements que l’on peut considerer comme une expression de la lutte des classes. Mais ce n’est pas la guerre et la plupart des protagonistes evitent, heureusement, de tuer et donc de créer une situation de guerre civile.

    Je crois qu’il s’agit plutot d’une forme de rèvolte spectaculaire face à leur impossibilité de consommer dans un systéme où on n’existe qu’a travers la consommation. Cette révolte semble très bien codifiée dans son déroulement comme dans sa reception politico-mediatique.

    Les émeutiers francais ne semblent pour l’instant avoir qu’une conscience de classe très limitée, puisqu’ils rejetent autant la classe supérieure que la classe moyenne inférieure (enseignants, flics...). Ils s’en prennent même souvent aux biens personnels (voiture, racket) des smicards qui sont à peine plus favorisés qu’eux même. Ils n’aspirent pas vraimment à une transformation des rapports de force entre les classes. D’ailleurs, ceux qui réussissent (footballeurs, rappeurs...) ne semblent pas remmettre en cause le systéme et font plutot appel à nos bons sentiments.

    Il y a effectivemment un risque pour le systéme dans le rapprochement entre cette mutinerie des banlieues et des militants politiques partisans de la lutte des classes. C’est pourquoi, le pouvoir pourrait être tenté de réprimer de tels militants. On n’en est pas encore là.

    On peut avoir de la sympathie pour tout mouvement qui pourrait renverser le rapport de force en faveur des classes populaires. Mais le basculement dans la violence armée n’apportera que souffrance et démobilisation. Appeller la guerre civile de ses voeux me parait naïf et irresponsable.

    • jeudi 11 décembre 2008 à 09h42, par JBB

      Je vous arrête : il n’appelle pas la guerre civile de ses voeux. Je vous copie-colle le passage en question :

      "Je ne souhaite pas la guerre civile, mais j’en dresse le constat : elle se déroule sous nos yeux. S’il pouvait y avoir la paix loin des flashballs et des paniers à salade, dans l’égalité et l’harmonie, je serais le premier ravi. Je ne suis pas un violent de tempérament, mais la violence est là.
      Quand on parle de violence aujourd’hui, on pense aux mecs en fin de manifestations qui cassent des vitrines. Mais la violence qui s’exerce contre la population, contre les SDF, contre les sans-papiers et contre les exclus est incomparablement pire que celle qui touche trois vitrines et deux bagnoles… Quand on évoque la violence, il faut savoir de quoi on parle."

      La guerre civile ne doit pas se comprendre en son sens premier, celui d’un peuple qui s’affronte les armes à la main dans des batailles rangées. Mais dans son symbole, celui d’une implacable violence face aux faibles de la part d’un Etat qui n’a de cesse de les mater. Sans doute - aussi - la notion de guerre civile est-elle une volonté de réaction contre la LQR qu’il définit dans un de ses ouvrages, cette façon dont des mots vides de sens sont utilisés pour dire la souffrance des êtres. Au moins, guerre civile, ça évoque la colère et la souffrance…

      Pour le reste, je vous renvoie à cette chronique de Mona Chollet sur la question, nul doute qu’elle devrait vous intéresser.

      • jeudi 11 décembre 2008 à 22h43, par Delcuse

        Mais, nous sommes déjà en guerre. Et cette guerre est, évidemment, civile. A moins de penser que la guerre de classes n’est qu’une vue de l’esprit, que les chômeurs, les rmistes, les sdf... Toute sorte de gens qui crèvent d’une manière ou d’une autre, de froid, de solitude, de maladies, de travail, de misère... Et en face, des policiers, des magistrats, des prisons, des hp, des reconduites hors de la frontière, tout un arsenal répréssif... bref, que tout ceci ne serait pas le terrain de la guerre... Nous sommes en guerre, et cette guerre est bien une guerre civile.

        Voir en ligne : http://destroublesdecetemps.free.fr



  • jeudi 11 décembre 2008 à 06h16, par Chinasky

    Ben calice ! Un lien entre deux jeunesses là ! Populaire et estudiantine. Ah ouais ? Mes fesses ! Faudra nous faire un Desproges d’outre-tombe… un qui après avoir moquer de son vivant l’inconscience feinte du scientifique, nous épinglera « mort », celle de l’idéologue. Faites marrer… alors comme ça on écrit jamais un manifeste révolutionnaire pour passer à l’acte… « Si j’avais pensé… vous vous doutez bien, jamais je n’aurais écrit cela… », vas-y Léon Trotskcause toujours.
    L’analyse de Hazan, selon votre terme, ie la théorie d’un complot interne comme assise policière d’un état n’est ni nouvelle ni si anciennement pratiquée (donc de même récemment décrite, encore) que nous ne puissions avoir quelque avis qui nécessite les lumières de l’auteur.
    (C’est le talent mis dans vos plumes ou claviers qui me fait passé par chez vous… mais faut que j’vous dise, un goût amer me reste sur les papilles neuronales et cellules grises, plutôt que rouges, que votre combat critique excite.)
    Drôle de personnage cet auteur dont l’idéologie « one state » soit ignore le « Dâr al-Harb » et la dhimmitude, ou bien qui sait ?, feint de l’ignorer ?!… un fan de Genêt peut-être ?... pour en finir carrément avec l’espèce alors… je dis ça… en pensant à Genêt… c’est pas que… - ah ! faut reconnaitre !, c’est bien pratique la dénégation... c’est devenu presque une politesse de nos jours… je crois que je vais finir par en user et donc : ce n’est pas que l’association ou l’image produite avec Gaz de France ne puisse être que fortuite, voulais-je dire, on s’en persuadera comme on peut, ou qu’elle puisse paraître tirer du chapeau même de l’extrémisme que le locuteur entendrait combattre, qui m’interroge, non, bien que la maladresse de l’image soit évidente, elle a le mérite d’en introduire une autre sur ce… point de détail, à savoir qui est un homme, un vrai et qui n’en est pas un. La violence des propos… ouais faut savoir de quoi l’on parle et comment.
    Là, je dois dire faut en être un, mais alors un vrai de vrai, un de chez Veritas avec un grand nu bordé de couilles, faut en être un grand, un véritable enfoiré d’imbécile pour cumuler de la sorte ! Un premier pif !et toc ! Paf ! Direct à la suite. Comme retoque ! On ne fait pas mieux dans le style ! Effet Kiss cool genre baiser qui tue, haleine létale. Et chuis tendre.
    On attend la distrib’ de point G… faut bien jouir, avec ce qu’on a… pas grand-chose car à la vérité, quand bien même il y a manipulation, stratégie, le coup d’essai est un flop, le monde s’en tape total des p’tits anarchaos ! Ils veulent être martyrs ?, eux aussi ? Mais le monde s’en tape royal ! Dans quelle chaumière on s’est inquiété je voudrais le savoir ? Trois rombières de Neuilly en émoi ? Vous m’en voyez fort aise. Sans déconner !, comme vous dites… nan mais sans blague… tiens « embedded » maintenant ?! Ah ! With Madonna je suppose, like a virgin qui étaient les reporters ou quoi ? Et les journalistes qu’allaient perdre leur pucelage à Bagdad…, y sortaient pas de l’hôtel si n’étaient pas couvert, ça mouillait dans l’falzar, touchés pour la toute première fois… allons !… même le trublion Ménard s’est plein de pas avoir de protection quand en fin de compte il l’a réclama ! Et à qui ? Aux yankees !… à se tordre le type... y’avait pas d’Espagnols, de Polonais, d’Italiens ou d’Anglais là bas ?

    Bon, il est où leur fight-club là, aux activos ? Il est où le réseau qui va permettre de foutre profond le système bancaire ? C’est peut-être pas sur ce site que j’ai lu la critique d’une tendance à l’amalgame dans les bouquins de ces activistes en herbe ? Je crois que si.
    Ce sont des mickey et l’Etat policier vient de se planter, le sondage est pas bon, la comm’ c’est tellement plus facile, un p’tit tour de manège avec Kouchner, 500000 voix, un de bicycle avec Drucker, 3 millions, un footing à l’Elysée, tout les cons… ; l’état des lieux.

    Le bouquin « l’occupation blabla », on parle de laquelle là, de celle de jordaniens en Palestine ?, (enfin anciennement), remarquez démographiquement parlant les jordaniens savent qu’on est plus en 67, en Septembre, un Septembre noir… non hein ?
    Et l’autre là, en gros : les journalistes sont médiocres et/ou ne font pas leur boulot. Quelle info ! Mais tout ça c’est humain. Fine analyse. Ensuite quoi ?, des « gosips », le problème n’est pas une absence ou non de pensée française mais l’absence d’une mystique française ou européenne.
    Et comment peut-on déclarer que le pouvoir pète de trouille tout en entérinant la manipulation d’un gouvernement dont le sécuritaire est non seulement l’outil de campagne mais aussi l’idéologie ? Faut être logique. Le bourgeois-de-Neuilly, la casalinga di Treviso, s’en tapent le coquillard complet. Et que pourrait demander de mieux un état sécuritaire qu’une émeute que l’on réussi à endiguer… ? Précisément !
    Guerre civil ? Du flan ! Le consommateur est majoritaire, partout. Les réfugiés du bois de Vincennes, les travailleurs pauvres en caravane, qqs militants de la LCR et syndiqués de chez Danone ? C’est ça la future armée populaire qui va renverser le système établi de la classe dominante et du libéralisme déshumanisant ? Le pouvoir tremblerait ? Les laissés pour compte n’ont jamais fait trembler qui que se soit. Au contraire il y aura tellement de gens pour s’apitoyer, donnant aux bonnes œuvres, créant associations caritatives, à but humanitaire, qui jugeront glaive plus que balance en main, la violence de la révolte (si on parle de guerre civile), violente à leur indignation avant même qu’à leurs possessions.
    La jonction entre la jeunesse des quartiers et les étudiants ? Faudrait savoir si c’est le discours d’un futur président sécuritaire ou si, comme par magie, ça devient parole d’évangile. Ce que Sarko craint est vrai ? C’est ça la preuve ? A tout le moins l’indice ? C’est un peu court.
    On se souvient des manifs ! Comme jonction !... faudra repasser.

     × Mais nan, justement y’a la caille qui va s’en mêler, plus fort queul GIGN chte nike ta cera la caillera dans la rue !
     × Ouais c’est ça Nike ta cera mon gars, faut pas stigmatiser les queumar c’est d’la balle, yo mon frère, don’t give up zeu fight.

    La racaille qui s’emmêle ? Ou la trentaine de couillons fondamentalistes Kémites ? Quelques suppos de Bloc Identitaire armés de 22 ? Mouaahhh hahaha.
    De quoi faire flipper au moins tout un régiment, que dis-je, tout un régime !
    La Chine et l’Inde qui commercent avec l’Afrique, ça oui !, ça leur fout la trouille. Deux géants millénaires qui s’occupent dans « leur » pré !
    Et la Russie qui rêve à nouveau de gloire…
    Toutes ces cultures endogames qui se maintiennent tandis que l’idéal universel, disons républicain, fond comme le sucre des Lumières dans la tasse communautariste des quotas.

    Est-ce que nous pouvons changer le monde ? Oh Yesss we can !

    Allez, ciao.

    • jeudi 11 décembre 2008 à 08h14, par Bobo

      Chinasky, le bouffon, veut faire une alliance avec la Chine et l’Inde à lui tout seul ! Pour prendre Sarko en revers... La Grèce c’est loin d’ici, c’est sur !

      • jeudi 11 décembre 2008 à 10h06, par JBB

        @ Chinasky : rien à dire, le pseudo n’est pas usurpé. De lui, vous avez le style percutant et la mauvaise foi, avec une bonne grosse touche de Destouches en sus. Si tant est que je sois autorisé à distribuer bons et mauvais points (ce que je ne veux pas faire une seconde) : bravo !

        Mais… si j’adore votre façon d’écrire, je suis loin de partager ce que vous mettez derrière les mots.

        Et même, suis absolument et très profondément en désaccord avec ça :

        « je crois que je vais finir par en user et donc : ce n’est pas que l’association ou l’image produite avec Gaz de France ne puisse être que fortuite, voulais-je dire, on s’en persuadera comme on peut, ou qu’elle puisse paraître tirer du chapeau même de l’extrémisme que le locuteur entendrait combattre, qui m’interroge, non, bien que la maladresse de l’image soit évidente, elle a le mérite d’en introduire une autre sur ce… point de détail »

        Oser ce parallèle est inconvenant, malvenu et hors de propos. Je ne dois pas avoir l’esprit assez mal tournée, mais je n’y avais pas pensé quand je l’ai entendu, assis face à Eric Hazan, non plus que quand j’ai retranscris l’interview au propre et quand je l’ai relu deux-trois fois avant de la mettre en ligne.

        Pour le reste, je suis banalement pas toujours d’accord. Ni quand vous écrivez qu’Eric Hazan se ponce-pilaterait les mains si son analyse se vérifiait dans les faits ; d’ailleurs, il ne le fait pas une seconde à propos de l’Insurrection qui vient. Ni quand vous notez (mais là, c’est beaucoup plus subjectif) qu’il n’y a aucun sursaut à attendre et que l’humanité n’est rien d’autre qu’amas célinien de consommateurs sans âmes.

        « Guerre civil ? Du flan ! Le consommateur est majoritaire, partout. Les réfugiés du bois de Vincennes, les travailleurs pauvres en caravane, qqs militants de la LCR et syndiqués de chez Danone ? C’est ça la future armée populaire qui va renverser le système établi de la classe dominante et du libéralisme déshumanisant ? Le pouvoir tremblerait ? Les laissés pour compte n’ont jamais fait trembler qui que se soit. »

        Il me semble que c’est justement ce qui va advenir. On me murmure d’ailleurs dans l’oreillette que les émeutes grecques s’étendent à l’Espagne et à l’Italie. Et qu’il n’y a guère de meilleur moment pour une révolte de masse dans toute l’Europe, quand se conjugue ressentiment populaire et revendications générationnelles.

        @ Bobo : en même temps, ça aurait de la gueule…

    • jeudi 11 décembre 2008 à 10h58, par le blog de Pim

      @Chinasky

      Bien que la maladresse du propos soit évidente, elle a le mérite d’en introduire une autre sur ce… point de détail, à savoir qui est un critique, un vrai et qui n’en est pas un. La violence des propos… ouais faut savoir de quoi l’on parle et comment.

      Vous avez tout pour plaire, votre style, populiste au possible, usant d’une tentative de parler banlieue. Ça fait chicos certes. En l’occurrence cela permet de mieux faire passer des platitudes qui, en fait de critique, véhiculent les clichés les plus facho genre Parisien libéré par la CIA, selon lesquels, entre autres, les banlieues ne seraient peuplées que d’un ramassis de comment dites-vous déjà ? “la trentaine de couillons fondamentalistes Kémites”. En un mot, celui que l’on trouve dans la bouche d’un certain candidat en mal de provocations.Si c’est là toute votre analyse de la “lutte des classes”, fondée sur les mots de quelques gosses tannant leurs parents pour se doter des signes d’une protection minimum dans des quartiers soumis à la violence de l’apartheid, je ne saurais trop vous conseiller de vous replonger un peu dans quelques auteurs qui ont su écrire à ce propos.

      Le dire n’importe quoi, un vrai talent, certes, dans cette époque qui n’instrumentalise pas même la confusion intéressée tant elle a oublié le sens même des mots dont elle use et abuse. Abuser d’un mot, faut le faire, c’est vraiment que l’on n’a plus rien d’autre à se mettre.

      Que “Les laissés pour compte n’ont jamais fait trembler qui que se soit. Au contraire”, j’en suis d’accord avec vous, mais que vous préfériez à leur ressentiment, terreau sur lequel fleurissent les révolutions, la géostratégie comme tourment des puissants montre assez de quel coté, au final, vous vous placez. Tant mieux ! Leur aveuglement est une de nos armes.



  • A mon avis, si Hazan a un propos argumenté et intéressant, il est, en ce qui concerne les figures de l’intellectuel, très passéiste. Il n’existe pas de Foucault, pas de Bourdieu etc. Certes, il n’existera plus non plus d’Aristote, ni de Marx... A force de chercher l’ancien dans le nouveau et de placer ses propres images et attentes sur de nouvelle figure, on en oublie que la force des penseurs d’hier et d’ajourd’hui c’est leur idyosyncrasie, et que le contexte dans lequel ils ont vécu n’est pas reproductible. Or, ces intellectuels existent aujourd’hui. Ils existent en France, aux USA et même ailleurs. Ils ont des critiques extrêment puissantes. Celui qui veut et qui cherche trouve, Hazan ne veut pas, c’est de la fénéantise ou de la lutte de pouvoir. Et je ne parle pas des chercheurs ignorés de l’époque de Foucault et de Bourdieu, finalement il y a aussi du vedetisme dans tout cela.

    • @angelo

      Relisez, je crois que vous avez mal compris :

      « Cela renvoie d’ailleurs à un autre phénomène, qui sort un brin de notre sujet : on entend souvent dire qu’il n’y aurait plus de grande pensée française, comparable à la génération des Deleuze et Foucault. Et qu’après Badiou ou Rancière, il n’y aura plus de relève. Mais il y a une raison à cela : ce n’est pas que les Français soient devenus des crétins, mais simplement que le mode de recrutement des universités a évolué. Au premier filtre du mandarinat traditionnel - qui a toujours existé - est venu se superposer le filtre politique : si tu as une étiquette « marxiste », « bourdieusien » ou « trotskiste », tu n’auras jamais de poste universitaire important. Tous les gens qui sont catalogués comme des enseignants potentiellement dangereux pour leurs étudiants sont exclus des universités de sciences humaines. Les esprits féconds, fertiles, curieux et travailleurs - qui ne peuvent néanmoins vivre de leurs écrits - deviennent ainsi souvent professeurs de lycée, profession qui ne leur laisse que peu de temps libre. Et ils n’ont plus la possibilité de maturer, de ciseler leur pensée. »

      • Non, non, je n’ai pas mésinterprété. Mais, en revanche, je me suis exprimé très maladroitement (c’est un euphémisme).

        Son interprétation est fausse sur ce point, c’est un point - seulement. Ce qui veut dire que je ne remets pas en cause le reste. Les bourdieusiens ? Presque tout le monde est bourdieusien aujourd’hui, plus ou moins. Pensons par exemple à Boltansky qui est directeur à l’EHESS. Alors on me rétorquera, oui mais il ne suit pas totalement Bourdieu. Certes, c’est ce qu’il dit et fait dans une certaine mesure, mais le canevas est largement similaire. Et il n’est pas obligé d’être un pastiche de Bourdieu. C’est même très bien ainsi. On peut penser également à Bernard Lahire. On ne fait pas plus Bourdieusien, pourtant il n’a pas été formé par Bourdieu. Aux USA, il y a Wacquant qui gagne les prix de fondation très orientée à droite politiquement alors qu’il a un discours très critique. Et puis chez les bourdieusiens il n’y a pas que de anges. Les moins brillants sont en général les plus bureaucrates et les plus mauvais d’entre eux. Et ceux-là sont nombreux, parce que Bourdieu a eu un nombre incroyable de doctorants sous sa direction, et ils sont destructeurs pour les autres. Etre trotskyste ou libéral je trouve ça assez ridicule en première instance lorsqu’il s’agit d’université, à l’inverse sur le plan personnel je m’en fous, mais bon. D’autre part, lorsqu’il évoque la grande pensée en France, il la limite à ses vedettes. Il y a quelques penseurs de la même époque qui, dans la perspective des mouvements de révoltes, ont été bien plus importants que Bourdieu ou Foucault ou Rancière. Ses trois derniers auteurs sont essentiellement occidentalistes (d’où une ignorance et des limites qu’il faut dévoiler). Les penseurs de la décolonisation d’ailleurs étaient volontairement ignorés par Bourdieu et ses affidés. On peut dire la même chose aujourd’hui, dans les universités il y a des gens très critiques, avec des appareils analytiques très fins. Il est vrai parfois que certains se font virer. C’est le cas, aux USA, de David Graeber (texte en anglais en lecture libre sur internet à voir0), l’anthropologue anarchiste à Yale. Mais Yale l’a payé cher au niveau de sa réputation, et Graeber travaille aujourd’hui dans une fac anglaise.
        Si on rejettre l’hypothèse de Hazan, qui est carricaturale - je suis obligé de le dire, alors on part du point inverse : le champ universitaire est victime de ses luttes intestinales et seul un état de délabrement avancé de ce même champ peut expliquer sa paralysie face aux injonctions politiques. A cela, il faut ajouter le fait que ces injonctions (réformes et autres) sont des opportunités inédites dans les universités pour certaines catégories d’acteurs (administrateurs et autres) pour modifier la structure de pouvoir du champ (je parle très grossièrement à la Bourdieu). Ce n’est que dans la mesure où ces interventions extérieures peuvent devenir des enjeux dans le champ universitaire qu’elles ont un effet. Mais encore une fois, c’est en première analyse l’état de délabrement du champ universitaire qui est en question, c’est un milieu pourri jusqu’à la moëlle qui est en position réactive.

        Alors bien sûr il y a tout un ensemble d’autres facteurs, mais ça prendrait trop de temps de les expliquer, et je pense que les causes évoquées ici sont les plus importantes.
        A+ et désolé pour le premier message, inattention et VFTMF (vite fait très mal fait) conjuguées.

        • Ouh… c’est beaucoup trop pointu comme débat pour que je puisse y participer.

          Juste :

          « D’autre part, lorsqu’il évoque la grande pensée en France, il la limite à ses vedettes. Il y a quelques penseurs de la même époque qui, dans la perspective des mouvements de révoltes, ont été bien plus importants que Bourdieu ou Foucault ou Rancière. »

          Je voudrais souligner que cette question de l’université n’est qu’un point abordé par la bande, soit en à peu près une minute, dans une discussion qui en a duré 50. Ce n’était pas le sujet de l’entretien et je pense que, si ça avait été le cas, Eric Hazan ne l’aurait pas expédié ainsi, avec deux-trois noms balancés à la volée. C’était juste une brève digression, à mon avis trop brève pour signifier grand chose.

          • D’où mon insistance à dire que ce n’est qu’un point secondaire de l’entretien en introduction. D’ailleurs il dit lui-même que ça sort quasiment du sujet de l’entretien. On est bien d’accord. Ceci étant, c’est une perche que j’ai saisie pour approfondir un peu la question et la remettre en perspective correctement. L’interprétation n’est pas bonne sur ce point précis, cela n’empêche toutefois pas le reste - l’essentiel, le corps de la réflexion - d’être pertinent. Je ne me serai pas privé de le critiquer autrement.
            Le débat est trop pointu ? Il l’est un peu moins maintenant. Enfin j’espère. D’ailleurs, c’est une critique en forme d’invitation à participer au débat. Pour aller plus loin sur la question du champ, il suffit de penser aux rapports qu’entretiennent les présidents d’université et les chercheurs, et l’effet que peut avoir sur ce rapport de force la dernière réforme des universités.
            Enfin, je crois qu’il est important d’indiquer qu’ils existent une histoire des penseurs en France qui est enfouie, et je crois même que l’enjeu pour le pouvoir est de les faire oublier. Alors cette dernière remarque n’est pas liée à l’entretien avec Hazan. Je me doute qu’il n’est pas en reste de ce côté. Elle est générale.

            • On est bien d’accord. :-)

              Et pas d’erreur : quand je disais le débat « très pointu », c’était pour justifier mon absence de réaction sur la question : je ne suis pas assez calé pour en parler. Et pas du tout pour regretter ces précisions : bien au contraire, elles sont plus que bienvenues.

              • Il est bien vrai qu’au sein de cette incise sur les universités l’analyse de monsieur Hazan est un peu courte...

                Toujours du même au même, c’est le piège de l’aporie platonicienne française, l’idée se suffisant à elle-même ; on bat des ailes dans le vide : si les universités sont sclérosées, puisque ce sont des métiers de l’intellect, c’est forcément un problème de conflit idéologique !

                Je crois qu’on ne vit pas sur la même planète, les chapelles dédiées à Foucault, Bourdieu, Deleuze voir même, coquin de sort les situ, sont fort nombreuses en sciences humaines, et les prébendes allouées aux verbeux scolaticiens embaumeurs de la pensée de ces vénérés et vénérables ancêtres sont loin d’être négligeable. Mais l’on ne fait plus qu’officier dans ces petits milieux et réciter le stemma des ancêtres et le génie des généalogies d’école en veillant bien à n’omettre personne en note de bas de page pour l’« impact factory », tout en s’asseyant sur le message et en étouffant le propos par des nappes successives de gloses et commentaires.

                Parcontre, bien que l’on ait jamais eu autant de sociologue qu’aujourd’hui, ce que l’on ne dit jamais quant à l’« Homo academicus »c’est que pour être recruté en Lettres ou Sciences Humaines dans une université, il faut passer devant une commission de spécialistes composée exclusivement d’agrégatifs qui toujours dans une sereine entente de corps, vous font comprendre à demi-mots que l’indispensable viatique est d’avoir obtenu ce concours de l’éducation nationale, alors que le critère exclusivement déterminant dans les textes (mais non suffisant dans la coutume) au sein de l’université est d’avoir à l’issue de sa thèse était habilité par le CNU à briguer les créations de postes.

                C’est là que les sociologues auraient du nous être de quelque utilité, car c’est quoi avoir l’agreg aujourd’hui en France ? C’est fort simple à comprendre, c’est dans la majorité des cas avoir été dans la bonne classe prépa., dans le bon lycée parisien, dans le bon arrondissement ou nos chers parents ont su dégoter une adresse ou hériter d’un bien de leurs propres parents, dans la bonne famille quoi, pour avoir, à a peine 20 ans, un espoir de décrocher le concours d’entrée en ENS, ce qui déterminera tout la suite de votre carrière jusqu’à l’Institut si vous n’êtes pas trop mauvais et trop remuant, je le concède.

                Et la réalité humaine derrière les escarmouches de doctes ! Plus de 60% des promos d’agrégatifs, qui seront 90% des recrutés en université sont sortie du cloître, que dis-je du ghetto normalien ! Que fait-on là-bas, salarié et en coutant le prix d’une centaine d’étudiant ? On ingère docilement la vulgate d’anciens agrégés qui firent de même auparavant et qui vous évalueront à la sortie, en vous souhaitant d’avoir un jour la consécration de faire pareil à votre tour. On sort de la préparation de ce concours, il est vrai, avec une méthode béton, mais aussi avec un tel systématisme synthétique et un si religieux des respects des délais que plus rien ne nous autorise à l’errance qui préside souvent à la découverte. Je ne parle pas des moyens nécessaires pour allez passer le concours en Sorbonne après l’admissibilité, quand la nuitée rue Monge tourne autour des 100 euros, plus le train, plus la bouffe etc...là encore la question ne se pose pas pour ceux dont papa et maman sont à Paris ou bien munis ici et là-bas. Tout est bon pour rester entre soi !

                Comment ne pas dire, et surtout ne pas entendre plus souvent, que c’est avant tout ce déterminisme socio-éco-géographique qui pose le plus de problème ! On bourre ainsi les universités de province des médiocres qui ne trouvèrent poste à Paris et font toujours tout à défaut pour pouvoir plus vite reprendre le TGV. C’est la cohorte de la vague ploutocratie parisienne qui, avec des privilèges qui avancent dissimulés mais qui pourrait pourtant rendre subversive la collation des preuves de noblesses d’Ancien Régime, pèse sur la santé intellectuelle de nos universités.
                Rendez-vous compte pour avoir bien fréquenter les normaliens, hors de quelques époustouflantes individualités, il n’est pas rare d’entendre de la bouche de nos futures élites méritantes des inepties que seule la suffisance narcissique peut soutenir dans ces temples du savoir, du genre : « tu sais Mon grand-père et mon père ont fait normale-sup. à Saint-Cloud, on y était attaché par tradition familliale » ou des non moins caricaturaux « je suis allez à l’université, j’ai trouvé les étudiants...sales ». Au mieux dans ces églises les « bourdieusiens » ont-ils la pudeur puritaine de dissimuler ces héritages. Est-ce bien pour redresser les tords...Coquin de « Souci de soi », j’en doute !
                Et que se passe-t-il au bout du compte, après maintes atermoiements entre « tomates hors-sol » à se pavoiser sur ses bonnes lectures ? En allant toujours plus loin dans le raffinement conceptuel, on finit de faire de la révolution une conviviale flatulence de salon et du débat idéologique le premier théâtre des opérations (et faire des posts trop longs sic).

                Voilà donc les Cyberneticiens de Raoul Vaneigem, qui, comme le commande l’air du temps, allaités depuis le berceau ou presque par la persécution discrètes des faibles, se convainquent sans cesse avec une jubilation malsaine d’être les victimes en renforçant leur emprise exclusive au monde, sycophantes fourbissant leurs diatribes pour les purges de demain, prêts à faire passer comme on le fit naguère une OPA bourgeoise sur les biens du clergé pour la déclaration des Droits de l’Homme.

                Bien à vous camarades et que vive la Sociale pour que l’on aille tous se faire voir chez les grecs !

                PS : Sinon, pour tout le reste, mes respects remuants, monsieur Hazan, pour votre belle œuvre éditoriale ! Que de respiration !



  • samedi 13 décembre 2008 à 08h11, par Chinasky

    Salut,

    Une alliance ? Avec la Chine et l’Inde ? Ah ça oui ça aurait de la gueule mais ce n’est pas de moi. J’prétends juste que les conflits géo économiques sont plus enclins à inquiéter nos dirigeants que des insurrections qui me semblent être passagères. Du moins je le souhaite car l’Histoire ne montre pas qu’après la révolte souffle un vent pacifique (de la terreur révolutionnaire en y passant par l’empire jusqu’à à Cuba, rien que ça.)

    Je le souhaite, disais-je, ou la souhaite, la voie pacifique (bien que je n’y crois guère, ce n’est pas la moindre de mes contradictions) comme j’ai cru cher JBB que vous la souhaitiez, par exemple dans votre réponse/post à Omar sur un autre fil.
    Une révolution orange peut-être, une insurrection sans aucun doute pas, pourrait me séduire, bien qu’encore la contradiction qui est la mienne s’oppose en cela à mon caractère.

    Car tel que vous ne me voyez pas, vous pouvez ou devez, devriez disons, m’imaginer tomahawk à la main, couteau entre les dents car je n’ai pas l’avantage d’être un bouffon mais au contraire l’insigne déshonneur de faire un damné bon sang d’apache, comme aurait dit le « titi parigot » ou le « métèque », mieux renseigné sur l’espèce humaine que le Bo-Bo contemporain.

    En passant, l’association oxymoreuse, si j’ose ce néologisme, de la bourgeoisie et de la bohème ne trompe que l’imbécile. (Ce que n’est pas Hazan, tenez, chuis sûr qu’on pourrait s’entendre très bien ou même très bien se détester aussi, pourquoi pas. Sûr qu’on l’a lui fait pas, comme on dit, à ce vieux grigou, foi de vieux dégueulasse. ;-))

    Bon. Comment vous dire… l’esprit mal tourné ? Non, une habitude prise à fréquentation rapprochée de diverses communautés, (puisqu’il nous faut bien les nommer ainsi, même en république laïque.) C’est tellement énorme, comme le nez au milieu du visage.

    La mauvaise foi ? Mon ironie tarabiscotée ? Bon.

    Un sursaut de l’humanité ? Oui c’est beaucoup plus subjectif… (nan mais sans ironie hein ? vous avez raison, c’était même pire, juste un pêcher de style… c’est pas bien vu je sais, faut être nâââture…. Mais disons qu’ici… enfin voyez… à vous… pour vous… gratuite comme dirait l’autre… enfin j’essaie, parce que non faut dire, vous êtes rien bat, un type dans mes cordes… -ah ben justement… c’était pour ça aussi, l’arrogance du texte, pas d’allégeance non plus… indice pseudo… vous aviez compris en un sens… par touche précisément… Louis Ferdinand mais Queneau à sa suite, pas uniquement suiveur m’est avis… par touche… petit Cyrano, même pas de Bergerac, du Périgord à peine, de loin en loin, en somme, par atavisme grottesque avec deux T s’il vous plait… ni plus ni moins.... (ça là, le ni plus ni moins c’était un peu un genre de mauvaise foi je crois, une posture).

    Non, bien sûr subjectivisation total, on est d’accord… tout n’est que littérature comme disait Lapalisse… ah nan c’était pas lui.

    Bien sûr que je le souhaite, bordel, un « bouleversement ». Je pense moi que la configuration n’est pas celle là finalement, que les français sont dévots et des bigots comme on n’imaginerait même pas qu’un pays laïque puissent en produire. En prenant l’âge, j’ai fait le choix de la raison, l’émotion je me la garde intacte, à l’intime autant que faire se peut, l’art et l’amour c’est bien suffisant, le politique et l’émotion font pas bon ménage sauf dans le totalitarisme. Alors là vous me direz cher JBB : Le style n’est-il pas l’émotion ? Vous voilà contredit ! ;-)
    Et je vous répondrai : Bien sûr, en somme on subjectivise…
    La seule mauvaise foi que je piffe quoi… qui caractérise un peu le propos, comme le Coulant, ça pue parfois, notre instinct nous dirait fuir, notre goût nous assure du contraire. On est bien peu de chose, sec peut-être hier, coulant à souhait aujourd’hui, croulant demain à coup sûr.

    Voilà ce que je dis, l’Etat des lieux si terrible qu’il soit socialement, l’est précisément plus encore subjectivement -on va se le tordre à mort ce mot hein ? on va l’adverbialiser, le nominer, le subjectiviser en un mot le conceptualiser, on va se le cannibaliser… on l’a tant galvaudé d’un « Tout est subjectif » éculé. On y est donc. Dans le tout subjectif, l’hyper-criticisme, une sorte de nihilisme narcissique… vous me verrez toujours plus souriant au sud de ce nulle part là.

    Pour Pim Pam et Poum.

    Le populisme ? Faudra m’en faire la démonstration plus habile. La banlieue, c’est là que j’ai fait mes armes, façon cité ; pas de leçon à recevoir de ce point de vue là.
    « Chicos » ! Pffffouafff Où ça ? Dans les médias ?!… chuis pas journaliste, je vis avec souvent moins qu’un RMI si tu veux tout savoir et j’men félicite ; j’peux prétendre à vivre comme je l’entends, aussi libre qu’on puisse faire avec le système sans être devenu ni criminel, ni même profiteur (y’en a qu’écrive des livres… nan j’veux dire vraiment, dont c’est le sujet, comment j’ai profité des AS, CAF & Cie, j’ai bonne conscience après tout yen a qui fraude en bande organisée balablabla)

    Une tentative de parler banlieue ? C’est pire, je me moque. Mais mon pauv’ vieux si je te jacte ascom t’entrave queud’ tu t’prétends d’la classe ? Sort tes fafiots ! Tu m’dis farci mé j’t’engrenne ton spad sans chlass là tout cru oussléyeuz mézig, laisse quimper suittou va j’men tape le steack de ta poire… de toute façon, le cas échéant tu t’griffes un sapin mes couilles !... normalement là je devrais rajouter un énculé de ta mère, T con à la race, fils de teup, barra nayek… c’est très fréquent même entre potes eh enculé ! zi-av aboule le cola ma race, ch’te nique ta face à Tekken, man !… et je vous en passe. Et voilà, vite fait là tu vois ch’te dis qu’ça m’a soulé grave tu vois, j’avais envie d’voir ailleur s’qui passe tu vois en dehors de la butte tu vois mais sérieux quoi l’archouma !, franchement quoi ! mais… jamais vu un truc comme as, la guigne ! voi-là ! C’est la guigne mon pote… t’as pas la maille tu vois d’gen-ar quoi, ben t’es mort man… exemple.
    Tu veux savoir comment on pense, vazy voir mon pote et t’sais quoi ? La banlieue que j’ai vécu c’était même pas ça mais on a vu le truc arriver mes potes et moi, tous mélangés, on n’était, même pas encore un ghetto économique vraiment et surement pas ethnique on venait de partout et d’ailleurs, et puis le gangsta s’est pointé et le rap est devenu prétentieux et ignorant, bien que le slam le sauve depuis quelques années qu’on braque là les projos, ah mon pote !, sommes nombreux à l’avoir connu le lien dont aurait peur les politiques ! Farid terrassier, s’est barrer au Portugal, un JB fait l’tour du monde ds le cirque de son padre, quelques potes ont réussis, ils font le tour du globe au frais de leur boîte, bof, en Guyane un pote zycos c’est l’or pas la musique pourtant excellente et commercialisable qui fait sa réussite, tu veux un Vladan retourné au pays j’en ai un aussi, un Paolo ? Un Mourad ?... tiens l’autre dont ch’te dis pas l’nom est mort du sida, un collègue des beaux-arts, un autre thésard en physique, devenu pauv’ web master à gros salaire, merde, le plus brillant d’entre nous niveau études, en plus c’est lui qu’à choisi son job ce con ; un autre qu’est mort d’overdose, et le dernier qui m’a pourri ma piaule a finit en cabane. A Panam du nord au sud kif-kif. Mais tu vois garçon, comme dirait un aut’ pote sans papier, lui-même d’ailleurs et ma pomme, on se faisait aussi invités, parfois, place Vendôme, entre autre, pour un vernissage ! Là ouais c’est chicos ! J’m’en tape j’étais plus du genre Butte aux cailles que Rue de Lappe, voyez.*
    Mais quand on se faisait refouler à l’entrée ça nous fait toujours marrer de voir la tronche du videur, enfin du réceptionniste quoi quand on lui sortait les cartons, le nom sur la liste tu vôas, on s’est même permis le « allez m’chercher » + le nom qui tue, l’hôte, ou l’hôtesse elle-même ! Tapis rouge mon pote ! Trop fendart. J’ai rencontré des cons chics et des cons chocs, et puis des gens bats, partout, un ferrailleur espagnol à l’aise avec Lacan, un réalisateur américain qui avait filmé les camps, un trompettiste de be-bop et son dealer qui se dope, une vielle folle des nuits parisiennes, prête à me faire un strip’ derrière les persiennes, un maçon charentais qui citait Colbert, un électricien passionné d’Egyptologie, une fille de ministre insupportable, une prostituée accueillante, si vous saviez ! Des femmes de toutes conditions, de toutes les couleurs ! Elles m’en ont ai fait voir les chipies et du pays ! Vous mettez vraiment à côté.

    * A l’époque la Flèche d’or était un squat et le café m’as-tu-vu d’aujourd’hui à Oberkampf faisait le Muscadet à 2 balles, le billard à 5, sans videur. Pour situer.

    Facho ? Vous repasserez. C’est pas mes lettres banlieusardes qui le disent ni mes fréquentations. On ne s’est pas compris du tout, c’est ça. Mais savez-vous vraiment ce qu’est le fascisme ? Je vais encore vous sortir un poncif, que vous serez donc en mesure de comprendre, c’est un virus… je dis ça surtout pour vous faire rire, ça va vous décoincer un peu ; en même temps il semblerait, à vous lire entre les lignes, que vous soyez tout à fait capable de sonder le théâtre de opé (comme disent les Bo-bos et journalistes très férus de vocabulaire militaire et juridique).
    Des livres ?! Vous tombez mal, j’ai non seulement du vécu, comme on dit, plus quelques lectures à mon actif. (Tenez, pour le fascisme je vous renvoie à Macciocchi, Reich ou Sibony pour compléter sur le nazisme, à Klemperer. Mais si vous avez lu un peu de SF… on en apprend là aussi un rayon sur le totalitarisme… cependant que la description théorique sert toujours l’émotion… on y revient. )

    Je suis d’accord avec votre ultime paragraphe, un semblant de dialogue… bon ben moi aussi du coup…
    Je tiens à vous préciser par contre que la démonstration ne vaut rien… où je me place ?… les projections que vous faîtes vous empêchent de l’imaginer et ce qui est certain c’est que vous ne le savez nullement. Vous pensez déduire, vous ne savez pas lire. Ce n’est pas une prise de position (que je faisais ou que j’avais) c’est un malheureux constat. Dans la criminalisation actuelle de la langue ce n’est pas difficile de faire scandale. La finesse pourrait être de mettre en question plutôt qu’en accusation, pour les insultes, j’ai mon CAP d’agressivitude en poche, je me sens paré.

    Si l’oppression et la répression violente s’exerce sur le peuple, il… beaucoup en tout cas se redresse, de peuples… qu’en est-il d’une société, même en crise, dominée (en nombre) par les classes moyennes ? Peu de révolution, on la vue… de la collaboration surtout et de la résistance, encore heureux. Les « laissées pour compte » vous l’aviez compris si je vous lis bien, désignent ceux là même que la plupart, en gros la majorité des gens ne veulent pas voir. J’invente rien. La preuve, vous le comprenez comme je le comprends ou presque ;-). Rien d’extraordinaire, un constat. Désastreux… je le précisais pas… quand même… nos comm’ hébergés par Article11… « laissés pour compte » constat brutal, c’est tout, y’a pas de jugement de valeur… vous prétendez deviner que j’en mets un ? Vous vous trompez. Vous n’êtes pas obligé de me croire. Non plus sur mon interprétation du monde ou de la situation ou encore de ce que je crois qui effraie le plus nos monétaristes de gouvernements.
    « Laissés pour compte » ça dit pile ce qu’ils sont devenus, ce qu’on fait d’eux, comment ils sont vu ou pas vu, traités, qu’ils soient sdf, « travailleurs pauvres », discriminés en tout genre, sacrifiés (pour être plus sévère) sur l’autel du confort sonnant de quelques uns qui n’ont que faire de ceux là, précisément trébuchants sur le houleux chemin de la vie. Putain on se croirait dans Arlequin série là ! Pardonnez, je ne vous ferai plus cette insulte.

    Enfin ! « On se comprend » ! C’est presque une figure de rhétorique mais à coup sûr bancale. Qu’est ce je préfère à leur ressentiment déjà ? Que dalle ! « Leur aveuglement » ? Le mépris « des puissants » n’est pas l’aveuglement. Je vois les classes moyennes s’aveugler, enfin se pâmer, dit comme ça si l’on veut faire du style disons s’émouvoir devant leur poste et pour les plus assidus dans la rue parfois (je parle pas du militant qui ramène tout le paquet à la maison, du syndiqué au boulot, non, je cause du quidam, la fameuse classe moyenne émotive qui se rendort et se lève et se rendort et se lève et se rendort.
    Et puis Marx me fait chier, autant vous le dire tout de suite. Lafargiste que chuis, voilà ! A tendance utopiste pessimiste pour vous déplaire.

    Mais j’y repense… « populisme »… il est parfois pompeux mon style, alambiqué certainement, presque ampoulé ou carrément, mais popu… orale plutôt, parfois, tout simplement. Chicos de rien ou alors ruminant, mâchant genre : -Mon coco gare tes chiquos ça m’débecte de te reluquer les ruines quand chuis à la jaffe.

    Enfin je bafouille, c’est le premier post d’Angelo ds la file qui résume le mieux. Synthétique, précis, tout pour plaire, me plaire, ce post ; tout le contraire de ma petite diatribe et quand je dis p’tite, vu comme je m’étale… c’est de la mauvaise foi encore, façon fausse modestie de bac à sable. Et puis grain de sable, l’épisode, d’accord mais à disputer tout de même.

    Alors justement vu l’extrait cité par notre cousin bipède dans son post il se trouve qu’Hazan, même s’il a parfaitement raison de penser en gros que l’engagement éthique/politique puissent être une barrière et de l’autre versant en fait que la machine profite aujourd’hui à l’apparatchik, il a une vision très médiatisé du prof de lycée.
    D’autre part : des profs catalogués dangereux ? On aimerait savoir… mais qui sont-ils ? Il aurait peut-être fallu éclairer le propos.
    Et aussi : ce constat d’échec de l’éducation nationale républicaine qui découle de sa dénonciation… totalement Bourdieusien ça. Il fut même vilipender pour ça, le sociologue, par ceux là même qui lui avaient servi l’éloge dans leurs colonnes papier.

    Angelo ! Chapeau bas ! Fouillé, précis, pointu sur l’objet autant que sur ses pratiques, si j’ose dire (que je connais un peu mais par ouï-dire informé en quelque sorte, peu importe).

    Une anecdote de source universitaire sur cette volonté d’escamotage de la pensée française, pas des moindres, bien que sans doute en vérité peu polémique, la garde aux enfers (les archives de la BN) de textes oniriques de… Descartes. - Faudrait pas faire désordre. (?!!) C’est, vite fait, la réponse qu’à pu glaner la source en question.
    On se doute que ces textes vont pas révolutionner la planète, alors… ? Faudrait pas toucher à l’icône ? Je vois que ça. Genre Descartes n’est plus un homme qui a été. C’est devenu une chose, une chose française. A ne pas toucher.

    Allez, salut les aminches. J’vais m’bequeter un sandwich et m’pieuter comme disait Jésus.
    Et perdez pas vot’ sang froid les gars, ou ça risque de finir en Sancho derrière les Don Quichotte… eh le mec !!! nan mais eh ! L’abbé pierre le gars quoi ! ;-)) réincarné !, eh plus… plus haha, plus grand… par la taille… plus petit par l’esprit ! ça c’t un truc d’apache nan ?
    Eh ! le gars là c’est un vrai !!! ^^ ;) Un vrai de vrai, j’veux dire un battant, le mec qui y croit tu vois, jusqu’aux engelures hein, y nous les a montrées !, un vrai, un pure, un Juste quoi, le type qu’a souffert mais à un point tu vois mais cruciale, cruciale de chez crucifix tu vois le truc, nan mais eh  du pain béni pour les médias, nan mais ch’sais pas si tu vois… enfin… écoute flûte !... nan franchement ? Tu disais ?

    PS

    Et là pour comble ironie après vous avoir redonner du grain à moudre, si vous avez tenu le coup jusque là chapeau !, pour comble d’ironie je vous fais la bise à l’internaute style : Bisous !

    PSII… (ça console mouarrffff !!!! scuzez, n’importe nawac ! J’ai la fatigue rieuse aux pâquerettes c’est tout. 2 bonnes plombes que je tiens l’ crachoir.
    Nan juste un truc encore, vous aimez l’absurde ? Sans doute parce que là la bafouille ça devient ou c’est devenu… presque un peu Monthy, parce que parfois précieux ou snob j’imagine, python à mort tellement on étouffe sous le volume popu, et puis c’est le cirque quoi ! A fucking stage man, t’as pricom,
    A la bonne vôtre m’sieur dames. Y fait faim là non ? Ouais. Ciao.
    Hank

    • lundi 22 décembre 2008 à 14h12, par le blog de Pim

      À propos du bouffon dont le nom de scène est Chinasky.

      Il se prend pour une étoile, cet histrion, en tous points copie conforme de l’autre agité du manche, au point de se permettre d’injurier ceux sur qui il fait l’honneur de déverser sa logorrhée.

      Qu’est-ce qui t’autorises, balai de chiottes, à traiter ma mère ? En verlan, bien sûr, une garantie supplémentaire outre celle du tonneau qui t’abrite, écran protecteur, abreuvoir et salle de lecture.

      Tu dis que je ne sais pas lire. D’une part, faudrait-il que tu saches écrire, ce qui n’est évidemment pas le cas, en dépit de tes efforts pompiers d’imiter ton guide à nous entraîner au bout de ta nuit ; d’autre part, si toi-même savais lire, tu aurais compris que mon commentaire était une fin de non-recevoir.

      Au lieu de cela te voici à insister au point de me (nous ?) faire parvenir ton curriculum vitæ, à nous faire part, en long en large et en reveux-tu, de tes insignifiantes fréquentations de boîte de nuit.
      Désolé pour toi, p’tite tête, je n’embauche pas. J’ai pu considérer ton thème astrologique. Les dindons ascendant matouvu ne s’intéressent qu’à leur notable quantité d’importance nulle, qu’ils font reluire à tours de poignets, étalant leurs talents, s’en garantissant comme d’un droit d’exiger du quidam ses faffiots, comme tout bon flic qu’en dernier ressort ils sont, à moins que ce ne soit commissaire politique, comme nous y ont habitués tous ces tribuns qui, maniant le verbe, croient pouvoir nous bluffer, comme si le fait de parler une langue était en soi un gage de présence au monde.

      Mais ces petits techniciens de surface, qui se prennent, au passage, pour des donneurs de leçons (“Mais savez-vous vraiment ce qu’est le fascisme ? Je vais encore vous sortir un poncif, que vous serez donc en mesure de comprendre” “plaisante” l’amusant boute-en-train) ne peuvent guère dissimuler les crottes qu’ils ont vomi sur la nappe, chargeant les convives de trier le tout.
      Marx fait chier, dit le guignol. Pour sûr, ça le fait bosser, mais il use de ses concepts, celui de classe, qu’il ne comprend évidemment pas, allant jusqu’à valider cette énorme étron d’”une société, même en crise, dominée (en nombre) par les classes moyennes”. Ben ! voyons, prenons le symptôme pour la cause, joyeusement, sous la férule du généralissime, qui voyant ici la soumission s’accumuler la prend pour l’accumulation du capital.

      Et le voici à ratisser large, le petit balai. Pris d’une danse finale, le curé pointe son museau, puisque, il faut le dire, il n’y vraiment qu’eux que ce genre de clown divertit, au point qu’ils sont prêts à lui faire la charité d’une commisération. comme pour mieux le lasser du conte. Il le leur rend bien, dans ses élucubrations vinasseuses.

      Je le reconnais, je me suis légèrement trompé sur votre compte :vous n’êtes populiste qu’à la mesure de ce que vous êtes bêtement snob !

    • mercredi 7 janvier 2009 à 01h18, par marko

      Comment ne pas dire, et surtout ne pas entendre plus souvent, que c’est avant tout ce déterminisme socio-éco-géographique qui pose le plus de problème ! On bourre ainsi les universités de province des médiocres qui ne trouvèrent poste à Paris et font toujours tout à défaut pour pouvoir plus vite reprendre le TGV. C’est la cohorte de la vague ploutocratie parisienne qui, avec des privilèges qui avancent dissimulés mais qui pourrait pourtant rendre subversive la collation des preuves de noblesses d’Ancien Régime, pèse sur la santé intellectuelle de nos universités.

      Voir en ligne : nokia ringtones



  • Bon, j’ai vachement hésité mais tant pis.............Je me lance ! Je ne suis pas d’accord avec Monsieur Hazan qui pense que Talonetto a la trouille que les « événements » grecs arrivent en France. Je suis persuadée du contraire. Il n’attend que ça pour faire danser les chaussettes à clou contre les gueules qui ont l’outrecuidance de dépasser du lot moutonnier.

    Me gourre-je ?............. Ben franchement, je le souhaite !



  • Répondre à cet article