ARTICLE11
 
 

jeudi 25 juin 2009

Le Charançon Libéré

posté à 13h52, par JBB
54 commentaires

Très dur avec les faibles, si doux avec les puissants : honte à toi, camarade cégétiste !
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Des syndicalistes armés comme des nervis de bas-étage ? Ce devait être pour affronter les chiens de garde - en uniforme - du capital. Non ? Pour s’attaquer à des patrons indignes et peu respectueux du droit du travail, alors. Non plus ? Ben… je ne vois pas… Il ne s’agissait pas d’aller défoncer le crâne de quelques sans-papiers, quand même ? Rhôôôô, la CGT ne ferait jamais ça…

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La radio libre FPP m’a gentiment proposé de faire une petite chronique hebdomadaire, le jeudi à 12 h 30. Comme je ne recule devant rien, je vous la copie-colle ici.


Ce matin, je frétillais

Au réveil, je m’émulsionnais comme un cabri de l’année.

Je pataugeais dans la joie.

Je resplendissais de bonne humeur.

Bref et pour faire simple : j’étais heureux.

E -R - E !1

Tout simplement…

*

Pourquoi ?

Ce n’était pas seulement à cause du plaisir anticipé à venir à FPP, histoire de voir de visu - la voir physiquement je veux dire, avec ses seins, son sourire et ses cheveux - celle qui m’accueille dans son agenda et vous réchauffe, vous auditeurs, de sa tendre voix à faire fondre les slips, Jezabel forever2, princesse du désert de mon cœur.

Ce n’était pas seulement - non plus - à cause du bonheur que je ressentais à l’avance à côtoyer pour de vrai - le côtoyer physiquement je veux dire, avec ses seins, son sourire et son absence de cheveux - celui qui pousse les potards dans sa cabine technique et vous illumine, vous auditeurs, de ses interventions variées et toujours bien léchées, Ness forever, roi des ténèbres et âme de ces lieux.

Ce n’était pas - non plus, encore une fois - parce qu’il allait faire grand soleil, que je n’avais pas encore contracté la grippe porcine ou que j’avais juste envie de sourire comme un crétin, de rire aux étoiles et de chanter la vie, youp-là-là-boum.

*

Non.

Si j’étais si heureux (E-R-E, vous dis-je) c’est parce que je venais de recevoir une lettre que j’attendais depuis fort longtemps.

Une enveloppe tout ce qu’il y a de plus classique, avec mon adresse dessus.

Et à l’intérieur la carte de la centrale syndicale à laquelle j’avais décidé d’adhérer.

Donc : ce matin, je venais d’apprendre que j’étais désormais un membre de la Confédération Générale du Travail.

Moi !

Membre de la CGT !

L’un de ces syndicats qui ont fait la glorieuse histoire des luttes sociales à la française !

Vous pensez si je ne me sentais plus pisser…

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Vous allez me dire : il n’y a pas là de quoi monter au plafond.

Et je vais vous rétorquer : erreur.

Grossière erreur.

Énorme erreur !

Le syndicalisme est un combat.

Et je devenais ce matin l’un de ces fiers guerriers des luttes sociales, de ceux qui perpétuent le souvenir de Jaurès, entretiennent la mémoire des luttes et font si peur au patronat et au pouvoir réunis qu’ils en tremblent comme des petits chiots abandonnés un jour de départ en vacances sur l’aire de repos de Bornaron-La Galaure, autoroute du soleil, c’est les vacances, on emmène Mémé, on ne va pas non plus se faire chier avec ce foutu clébard, bordel.

Un guerrier, donc.

Un vrai.

Un dur.

Qui montre ses muscles.

Affiche ses convictions.

Et se bat sans relâche contre l’injustice.

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Si j’insiste tant sur cet aspect guerrier, ce n’est pas tout à fait par hasard.

Mais parce qu’il y avait un petit colis qui accompagnait ma carte d’adhésion.

Un cadeau de bienvenue de la CGT, que j’ai ouvert le cœur tremblant, les larmes aux yeux et l’âme en fête.

Avant de découvrir qu’il contenait tout l’attirail du combattant syndical d’élite.

Soit une batte de base-ball, une cagoule noire, un pack de bière, trois bombonnes lacrymos, un bouquet de fleur et une barre de fer.

Comme ça, par La Poste.

J’avais beau être enthousiaste, ça m’a un brin surpris…

Mais c’est devenu un peu plus clair quand j’ai déchiffré le petit message qui avait été scotché à la batte de base-ball.

Et que je vous reproduis ici :

"Cher camarade

Tu trouveras ci-joint quelques ustensiles indispensables au combat syndical moderne. Je ne doute guère que tu sauras en faire bon usage et que tu n’hésiteras pas à les utiliser contre nos ennemis de classe de toujours. Le bouquet de fleur, tu l’offriras au premier membre du patronat que tu croiseras sur ta route, en signe de bonne volonté. Le pack de bière, tu le remettras à un CRS, lors de l’une de nos prochaines manifestations. Enfin, tu te serviras de la batte de base-ball, de la cagoule, des trois bombonnes lacrymos et de la barre de fer pour démonter la face de tous ces salopards de sans-papiers et clandestins que tu auras l’occasion de rencontrer au gré de tes engagements syndicaux. N’hésite pas à frapper fort, surtout, parce que c’est ainsi que le combat syndical est grand et que la Confédération Générale du Travail est belle.« En-dessous, il y avait la traditionnelle formule de politesse : »Avec toutes mes amitiés, bisous partout.« Puis la signature : »Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT."

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Soyons francs, j’étais un peu étonné.

Voire carrément sur le cul.

Mais les choses se sont ensuite éclairées quand j’ai ouvert mon journal.

Que j’y ai découvert que la CGT avait envoyé hier une cinquantaine d’hommes masqués, matraque à la main, à la Bourse du Travail, lieu occupé depuis 14 mois par des sans-papiers.

Et que j’ai lu que ces nervis indignes et autres bas-du-front débiles - il n’y a pas d’autre mot - s’y sont livrés à une véritable chasse à l’homme, commanditée par les instances du syndicat.

Qu’ils ont gazé les clandestins.

Qu’ils les ont frappés sans pitié.

Qu’ils les ont pourchassés avant de les expulser de la Bourse du travail.

Bref, qu’ils ont leur littéralement explosé la tête, avant de les laisser aux mains de la police.

*

A cette lecture, mon sang n’a fait qu’un tour.

Et j’ai posément déchiré ma si neuve et récente carte d’adhérent cégétiste.

Je ne peux que vous inciter à faire de même, pour peu que certains d’entre vous soient membres de ce groupement qui se prétend centrale syndicale au service des travailleurs mais n’est rien d’autre qu’un club sans envergure pour amateurs de coups de boule et partisans de chaleureuses discussions avec le pouvoir.

C’est cela : très dure avec les faibles et si douce avec les puissants, la CGT n’est qu’un ramassis de salopards.

Honte à eux.



1 Les moins incultes d’entre vous n’auront pas manqué de saisir la référence au plus classe de tous les lapins, l’immense Roger Rabbit.

2 Jezabel et Ness sont deux des très sympathiques permanents de FPP. Combien de fois faudra t-il vous le répéter ?


COMMENTAIRES

 


  • Thibault ou les croisades, avec Bernard Medef...



  • bonjour,

    la CGT n’est qu’un ramassis de salopards.

    Honte à eux.

    Comme vous l’avez dit parfois « pas mieux ».
    J’ai vraiment depuis le reportage de france inter, ce matin ,la rage au coeur.



  • Grâce au Nain Jaune, les masques tombent, et il est plus facile d’y voir clair : qui sont nos amis, sur lesquels on peut compter, et qui sont nos ennemis, sur lesquels frapper sans relâche...

    Voir en ligne : http://jide.romandie.com



  • Avant, il y avait la lutte des classes. Avec la CGT c’est la lutte dégueulasse ! À gerber.



  • A 57 balais je ne pensais pas voir çà ! Voilà le résultat de l’évolution « positive » (dixit le Figaro, TF1, Minc, Parisot, Kosy...) de la CGT depuis que « Ba-Moin-Un-Ti-Bo » en a pris les commandes. Une évolution à la Notat, Chéréque. Triste sires pour une triste époque.



  • Il ne manquait plus que ça pour montrer que la haute hiérarchie bureaucratique de la CGT appartient aujourd’hui à l’oligarchie qui gouverne ce pays, et qu’elle a décidé d’utiliser une partie de ses militants comme nervis auxiliaire de la police pour faire le sale boulot.

    Cela confirme tous les soupçons que l’on pouvait avoir sur la CGT lors des JDM qu’elle refusait toujours de transformer en grève générale même limitée et dans sa tactique qui a consisté à contrôler les conflits locaux pour qu’ils ne s’étendent pas. C’est de la collaboration avec contrepartie, notamment les grotesques conditions de « statut de syndicat représentatif » mais pas seulement...

    Il y a la place dans l’oligarchie en jeu, et ce qui va avec, et aussi que le PCF ne disparaitra pas sans avoir totalement coulé la gauche avec lui. C’est ce qui fait que c’en est arrivé là.

    • Tout à fait d’accord.

      Ce qui a toujours été une évidence - le rôle de catalyseur social des syndicats et leur recherche permanente du compromis au lieu de l’action - est apparu encore plus flagrant à l’occasion des grandes journées de mobilisations. Un seul but : enterrer la colère. Et ne surtout pas laisser le bride sur le cou à la base, souvent prête à y aller plus franco.

      C’est toute la gauche syndicale (avec quelques exceptions) et réformiste socialo-communiste qu’il faudrait voir balayée pour que naisse une réelle alternative. Mais ça, ça risque bien de demander des dizaines d’années.

      • Enterrer la colère qui gronde contre les blattes qui nous gouvernent... pour mieux la réorienter contre les plus démunis parmi ceux qui n’ont rien.

        J’ai lu les commentaires affligeants des lecteurs de Libé, comme celui-ci : « Ce sont les mêmes « gros bras » qui tiennent les bureaux de vote dans les villes communistes ».
        Oui bon, je sais, « affligeant » et « lecteur de Libé », c’est un pléonasme, mais je ne peux pas m’empêcher d’être affligé.

        Ces pitbulls du MEDEF ne sont pas des communistes, ce sont juste des fachos ordinaires. S’il y avait un syndicat fasciste, ils ne se seraient pas affiliés à la CGT.
        De là à penser que ce syndicat fasciste existe déjà, il n’y a qu’un pas que je m’abstiendrai de franchir jusqu’à nouvel ordre. Mais bon, Centrale Générale des Travailleurs, ça ne nous renseigne pas nécessairement sur les sympathies politiques de ses dirigeants ni de ses affiliés.

        • « Ces pitbulls du MEDEF ne sont pas des communistes, ce sont juste des fachos ordinaires. »

          Tout d’accord. C’est d’ailleurs tout le problème des services d’ordre, de syndicats ou de partis, qui se comportent bien souvent comme des clubs de nervis de bas-étage. Mais ceux de la CGT m’ont toujours donné la plus mauvaise impression, façon je -débarque-sur-la-manif-et-je-fais-ma-loi-et-si-t’es-pas-content-je-t’en-colle-deux-dans-la-tronche. Là, ils ont juste poussé le concept encore un peu plus loin…



  • bien vu JBB ne te reste plus qu’à adhérer maintenant à une CFDT autrement plus radicale hihihi

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr



  • "C’est cela : très dure avec les faibles et si douce avec les puissants, la CGT n’est qu’un ramassis de salopards.

    Honte à eux."

    Ouais JBB. Pas mieux.

    Et le camarade Fontenelle n’en pense pas moins (comme c’est étonnant ;-) ). À lire ici. Même ceux qui ne savent pas lire comprendront. C’est si bien illustré.



  • jeudi 25 juin 2009 à 20h10, par Stef de Lyon

    COMMUNIQUE DE PRESSE

    OCCUPATION DE LA BOURSE DU TRAVAIL :
    LA VOIE ETAIT SANS ISSUE

    Les syndicats CGT de Paris ont contribué à mettre un terme à l’occupation de l’annexe Eugène Varlin, rue Charlot, de la Bourse du travail de Paris investie depuis le 2 mai 2008 par des travailleurs sans-papiers, sur l’initiative de la Coordination 75 des collectifs de sans-papiers.

    Dès le début de cette occupation, les délégués de la Coordination des sans-papiers 75 ont interdit tout contact entre ces travailleurs sans-papiers et la CGT, ses militants et les autres syndicats.
    Ces délégués ont cultivé l’idée que cette occupation de la Bourse du travail permettrait la régularisation des travailleurs sans-papiers isolés.
    C’est volontairement qu’ils ont conduit dans une impasse ces travailleuses et ces travailleurs qui, comme d’autres, auraient pu faire le choix de s’organiser dans les syndicats pour mener des luttes collectives à l’entreprise.

    C’est parce que nous ne pouvions laisser perdurer cette occupation stérile que le mouvement syndical parisien a décidé de sortir ces femmes et ces hommes de cette impasse, et ce, sans faire appel aux forces de l’ordre.

    L’intransigeance des responsables de la Coordination 75 a été constatée à plusieurs reprises à l’occasion des nombreuses réunions qui, sur l’initiative de la CGT, ont rassemblé les Unions départementales CGT, CFDT, FO, FSU et Solidaires, les associations de soutien aux travailleurs immigrés (Ligue des droits de l’homme, Autre monde, GISTI, RESF, CIMADE …) et la coordination 75 des sans-papiers.

    Les syndicats et les associations ont réalisé des actes concrets :

     ×  participation de la coordination 75 à la délégation qui a été reçue par le représentant du Préfet à l’occasion de la manifestation du 11 juin 2008 organisée par la CGT devant la Préfecture de police de Paris,
     ×  par courrier en date du 23 juin 2008, à la demande de la coordination, les syndicats et les associations ont saisi le ministre de l’Immigration d’une demande de rencontre au sujet des travailleurs isolés en difficultés pour obtenir des contrats de travail de leurs employeurs (1300 dossiers ont été recensés),
     ×  le 3 juillet 2008, à l’occasion d’une nouvelle manifestation à l’initiative de l’UD CGT de Paris, la Coordination a fait partie de notre délégation et date a été prise avec les représentants du Préfet de police de Paris pour la remise de leurs dossiers. Deux réunions à la Préfecture ont suivi, en présence et avec l’appui du secrétaire général de l’Union départementale CGT de Paris.

    Ils ont formulé des propositions

     ×  parrainage par les syndicats des dossiers relevant de la régularisation par le travail, y compris ceux des travailleurs individuels qui ne peuvent pas se mettre en grève,
     ×  appui par les associations des dossiers des travailleurs non déclarés, sans contrat de travail ni bulletin de salaire,
     ×  appui par le réseau RESF des dossiers des familles ayant des enfants scolarisés,
     ×  étude de tous les dossiers par les associations et les syndicats, dans le cadre d’un travail en commun avec la Coordination des sans-papiers afin d’évaluer pour chacune des personnes concernées les chances objectives de régularisation afin de réduire au maximum les risques encourus et procéder à la construction collective des dossiers.

    Toutes ces propositions, pourtant très constructives et d’ordre pratique, ont été refusées par la Coordination au motif qu’il s’agissait de « leurs dossiers ».
    Qui peut comprendre une occupation motivée par un besoin d’aide et le refus de toute proposition ?
    Plus fondamentalement, comment comprendre que la coordination 75 des sans-papiers porte préjudice au mouvement syndical, et en particulier à la CGT, tout en faisant soi-disant appel à son soutien ?

    Ces derniers mois, nous avons même entretenu des contacts réguliers avec le Haut Conseil des maliens de France avec lequel plusieurs réunions de médiation ont eu lieu. A plusieurs reprises nous avons pensé que nous arriverions à trouver une issue positive par la signature d’un engagement pour des luttes communes et la construction d’un rapport de force unitaire, mais en vain !

    Que signifiait donc cette occupation qui, au fil des jours, était devenue un « squatt » dont nous ne voyions pas la fin ? Qui avait intérêt à cette occupation mise en œuvre deux semaines après la grande grève des salariés sans-papiers déclenchée, le 15 avril 2008, dans plusieurs dizaines d’entreprises d’Ile de France ? Qui gênons-nous et à qui faisons-nous de l’ombre ?

    En tout état de cause, s’avérant sans effet sur les pouvoirs publics et le patronat, s’avérant surtout sans issue et paralysant l’activité des syndicats par la spoliation de la majeure partie de leurs locaux (sept salles de réunions, deux imprimeries, entrave à l’accès normal du site aux salariés et syndicats parisiens…), cette pression insensée sur le mouvement syndical, et la CGT en particulier, ne pouvait durer. C’est pourquoi, les syndicats CGT de Paris ont décidé d’y mettre fin avec la certitude d’avoir tout tenté par le dialogue.

    La lutte se poursuit
    La CGT, qui se bat quotidiennement aux côtés des travailleurs sans-papiers, comme aux côtés de tous ceux qui luttent dans ce pays, ne pouvait continuer à être prise pour cible.
    Elle devait retrouver la plénitude de ses moyens et faire cesser cette pression inadmissible parce que totalement injuste.
    Les responsables du désespoir des sans-papiers sont, eux, les véritables adversaires, mais ils sont ailleurs !
    Il s’agit de ceux qui ont la culture du résultat et appellent à faire du chiffre en remplissant centres de rétention et charters et de ceux qui, trop souvent, profitent de l’existence d’une « armée » de travailleurs sans-papiers et sans droits, donc exploitables à merci : gouvernement et patronat !

    La lutte commencée à Paris, en février 2008, avec les salariés sans-papiers du restaurant « La grande Armée » a permis la régularisation de plus de 2000 salariés.

    La CGT poursuivra son combat pour la régularisation de tous les autres.

    Paris le 24 juin 2009 à 15h40

    • jeudi 25 juin 2009 à 20h26, par Harry Cover

      Une autre version... MON CUL !!!
      Vous pouvez ne pas être d’accord avec l’une ou l’autre de vos sections locales. Mais rentrer violemment dans le chou de travailleurs(euses) sans papiers avec leurs gosses est tout simplement une action de MERDE. Et particulièrement puante encore. Vous êtes des SALAUDS ! Rien ne pourra jamais justifier une telle action à l’encontre d’HUMAINS en situation de total désespoir. Je vous HAIS !!

      • @ Steph de Lyon : salut mec

        Content de voir que tu passes encore par ici (même si j’eusse préféré que le contact soit renoué en d’autres circonstances…). Sache que si l’action de ton syndicat m’horripile littéralement (et plus que ça même, tellement ça me scandalise et me dégoûte…), je ne mets pas sur la même plan les basses œuvres des dirigeants et le travail de militants honnêtes et convaincus. Bref : pas tous dans le même sac, toi et ceux qui ont décidé l’évacuation à la matraque.

        Maintenant : faut en tirer certaines conséquences, ça fait trop longtemps que les instances cégétistes se foutent de la gueule du monde. On n’a qu’à dire que je descends à Lyon pour une grande célébration avinée de déchirage de carte : je te soutiendrai et te prêterai main-forte pour ce moment difficile, on descendra des bouteilles et on finira bras-dessus bras-dessous en vouant les syndicats aux gémonies et en brûlant une poupée à l’effigie de Bernard Thibault. :-)

        @ Harry Cover : tout d’accord avec toi. Sauf que… Steph est un ami. Bref : tous des salauds, sauf lui.
        (Je sais, ce n’est pas cohérent. Mais le coeur a ses raisons etc, etc…)

    • vendredi 26 juin 2009 à 10h04, par Alain Grizzly

      Mais moi ce n’est pas de savoir s’ils étaient 20, 50 ou 100 du SO de la CGT, mais surtout pourquoi il y avait la police à l’extérieur : s’ils étaient vraiment là (à vérifier aussi) comment ont-ils été conviés à la « soirée » et pourquoi faire ??????????

    • dimanche 28 juin 2009 à 08h12, par joshuadu34

      ben voyons ! Ou comment réinterpreter l’histoire dans la droite ligne des vieux Stals qui agitent encore certaines UD...

      T’as pas honte de sortir de telles excuses ici ? Au cas ou tu l’aurais pas remarqué, « camarade », il se trouve suffisament de personnes douées de réflexion ici pour relever la connerie de tes propos !

      Quand un syndicat joue le rôle du pouvoir et remplace sciemment les CRS dans le rôle de garde chiourne d’un ripoublique bananière, ce syndicat ne mérite qu’un seul terme : celui de salopard !

      Quand aux SO, va falloir qu’il se méfie, maintenant, dans les manifs... moins armé et moins protégé que les vrais CRS, ça pourrait chauffer pour lui...

      Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/



  • L’Organisateur de Gentilles Manifestations, Thibault, tombe le masque. Il appartient ainsi à l’hyper bourgeoisie qui défend ses privilèges.
    Attendons qu’il entre au gouvernement lors du prochain remaniement. Secrétaire d’Etat au Traitement par le Gourdin des Indigènes auprès du Ministre de l’Identité Nationale, de la Terre qui ne Ment pas et de la Trahison, Eric Besson.

    Il sera tondu à la libération, et ses cheveux permettront de bourrer 65 oreillers qui seront offerts à des familles pauvres.

    • « Il sera tondu à la libération, et ses cheveux permettront de bourrer 65 oreillers qui seront offerts à des familles pauvres. »

      Respect.

      Pour le reste, tout d’accord. On en est à un tel point que je ne serais même pas surpris, en effet, que Thibault entre au gouvernement. Ou mieux : qu’il y entre ou pas, ça reviendra de toute façon au même.



  • Le communiqué de presse est particulièrement à dégueuler, et il a été précédé de tracts du même tonneau.

    Comme ça ne passait pas, je me suis laissé aller à faire un ptibillet sur le même sujet.

    C’est pas si rare, après tout, qu’on ait envie de cracher ensemble dans la même direction...

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • Ton billet est parfait, comme d’habitude, tout en mots retenus et parfaitement choisis.

      « C’est pas si rare, après tout, qu’on ait envie de cracher ensemble dans la même direction... »

       :-)

      Pas rare, à l’évidence. Plus que ça, même.
      Par contre, il est tout aussi sûr que tu as fourni un travail cent mille fois plus constant et quotidien - remarquable, pour tout dire - sur la question des sans-papiers. Et je n’ose imaginer combien tu dois avoir les nerfs. Le prochain cortège de la CGT qu’on croise, on l’attaquera ensemble.



  • comme un petit air des déjà vu.. en d’autres temps, d’autres noms, d’autres tristes personnages.

    Toujours autant pareil, de mal en pire ... Restons « Juste » et n’oublions pas.



  • Voilà un endroit où envoyer les CGTistes ... !

    Ca se passe ici, dans un camping-car en vadrouille.

    Il y a d’autres vidéos de ce monsieur sur ce site, dont un grand reportage plutôt road-trip sur le logement en Sarkozie de nos jours. La vidéo date un peu (plusieurs mois) mais est toujours d’actualité, les gens de la CGT l’ont montrés lors cette intervention cagoulée ...

    Merci beaucoup aux écrivains d’Article XI pour ce « journalisme chirurgical ». Comme l’a dit un ami « il y a quand même des choses interressantes, sur internet ! »
    Je vous souhaite que ça continue le temps qu’il faudra ... !

    A bientôt, pour de prochaines lectures.

    Sinequanon



  • BOURSE DU TRAVAIL : EN SORTIR PAR LE HAUT
    La situation engendrée par l’affaire de la Bourse du travail depuis 14 mois est une bombe propre à faire exploser le mouvement des sans papiers et celui de leurs soutiens qui, pourtant, n’ont pas besoin de ça.

    A en croire une partie de la presse, les sans papiers ne seraient plus en lutte contre le gouvernement pour leur régularisation mais contre la CGT. Et la CGT serait le pire ennemi des sans papiers. Il faut arrêter ces délires !

    Nous croyons fermement que, dans la situation de conflit passionnel actuelle, la seule position tenable consiste à dire, à répéter, que des erreurs (et peut-être plus) ont sans doute été commises, probablement de part et d’autres. Mais cela ne peut pas être la question de l’heure. Il faudra faire un bilan, quand nous serons sortis de la crise actuelle. Il faudra voir, comprendre ce qui s’est passé, quelles fautes ont été commises, par qui et quand. Mais cela ne peut pas être la question d’aujourd’hui.

    La question qu’il faut résoudre d’urgence est de savoir comment sortir de l’impasse. On a des dizaines, des centaines de sans papiers à la rue, menacés à tout moment d’une possible intervention policière. Nous proposons donc de geler toutes les discussions sur les responsabilités de uns et des autres jusqu’à la résolution de la crise actuelle. Tout autre attitude qui aboutirait inévitablement à de nouveaux déchirements serait irresponsable et risquerait de conduire les ex-occupants de la Bourse à la catastrophe.

    La boussole, c’est que c’est le gouvernement qui est responsable de cette situation. Elle n’existe que parce qu’il refuse la régularisation. Que les ex-occupants de la Bourse obtiennent des papiers et tous les problèmes disparaissent. C’est ainsi, nous semble-t-il, que la question doit être posée. On demande des papiers au gouvernement. Point barre. Pour le reste, on verra après.

    Sur la base de ces deux points (refus de tirer un bilan tant que l’affaire n’est pas réglée, et rendre le gouvernement responsable de la situation), nous proposons que se rassemblent le maximum d’associations, de syndicats et de partis pour permettre une issue favorable pour les ex-de la Bourse.

    Il est important que ce rassemblement soit large pour des raisons d’efficacité, mais aussi pour ne pas laisser en tête à tête ceux que les événements de ces derniers mois ont dressé les uns contre les autres. Les ex-occupants de la Bourse y trouveront un appui et des relais véritables. Et, peut-être une chance de voir leurs revendications aboutir. La CGT qui est montrée du doigt dans les médias témoignerait ainsi de se capacité à s’engager de façon efficace et spécialement désintéressée.

    Nous proposons qu’une réunion se tienne samedi 27 juin à 10 heures précises à l’EDMP, 8 impasse Crozatier 75012 Paris (M° Gare de Lyon, Faidherbe-Chaligny ou Reuilly-Diderot). Cette réunion est ouverte à toutes les associations, syndicats, partis qui mesurent la gravité de ce qui se joue autour de la Bourse du Travail et désireux de peser pour qu’on en sorte par le haut.

    Réseau Education sans frontières



  • C’est que l’on aurait plus besoin des gros bras de la CGT : les vingt et une ouvrières d’une entreprise de confection licenciées pour « faute grave » alors que leurs employeurs ont disparu dans la nature et ne les payent plus !

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • Salut,

      La lutte des sans papiers qu’elle soit le fait de la cégète, de SUD, de la CNT ou de tout autre groupement ne mène pas à grand chose si ce n’est à aménager l’ordre établi. Je ne dis pas qu’elle ne s’impose pas humainement - ce qui est déjà pas mal m’objectera-t-on peut-être - mais la conquête de droits pour les étrangers n’est qu’une forme de libéralisme politique et culturel qui va au fond dans le sens du libéralisme économique. Le marché afin de s’administrer a intérêt à ce que les étrangers puissent jouir de droits. L’État toujours couvre et assure les intérêts du marché. Sur ce sujet des sans-papiers, il se trouve pour l’instant que la tête de l’État français feint de ne pas comprendre cela afin de satisfaire une partie de l’électorat qui l’a mis au pouvoir.

      Mais avec ou sans cette lutte, les immigrés auront un jour le droit de se faire exploiter comme leurs petits camarades français. Comment ne pas comprendre que ce combat est foncièrement libéral ? Quel est le pays européen le plus ouvert en terme de politique migratoire ? La Grande-Bretagne, chantre du libéralisme s’il en est. Le libéralisme ne demande pas autre chose que la libre circulation des travailleurs comme celle des marchandises et du capital. Le capitalisme est aujourd’hui une affaire de flux. Déjà on entendait, il y a quelques temps, certains patrons réclamer que leurs employés soient régularisés. Quitte à exploiter autant le faire avec le soutien de l’État et dans les règles… Et qu’est-ce que ça changera ? Globalement le capitalisme n’en fonctionnera que mieux, puisque travailleurs étrangers et non étrangers pourront enfin être exploités sur un pied d’égalité.

      En conséquence de l’influence du FN sur la vie politique pendant vingt ans, les gouvernements français sont restés très frileux sur le sujet. D’où la montée d’une contestation gauchisante sur la question. Pendant les années 80, le gouvernement socialiste a oublié de renverser le capitalisme par le haut une fois arrivé au pouvoir. La thématique de l’anti-racisme constitua un excellent substitut à l’exaltation d’un prolétariat messianique qui avait eut lieu dans la phase précédente. Abandonnée la défense de l’ouvrier et de la classe moyenne (tous des beaufs, au fond) au profit de la figure plus exotique et glamour de l’exclu et du « sans ». Ce faisant ce sont les termes mêmes de la lutte des classes qui ont été laissé de côté et donc la recherche d’une alternative au capitalisme. Il ne subsiste qu’un accompagnement humanitaire consensuel - du centre à l’extrême gauche - teinté de charité et de culpabilisation. L’émiettement des luttes consécutif à l’échec de mai 1968 a placé chaque organisation sur un segment de marché de la militance où chacune s’efforce de doubler la concurrence. À qui fera-t-on croire que lutter pour les sans-papiers est une lutte éminemment subversive contribuant à saper les bases mêmes du système ?

      Cordialement.

      • À Black acres :

        Je suis on ne peut plus d’accord.

        Bien sûr, les images-choc de telles expulsions nous révulsent humainement, et plus encore quand elles sont dues à des instances telles que la CGT, qui gardent encore, pour faire bref, un pouvoir symbolique énorme — le choix même de JBB pour sa chronique / billet en témoigne.

        À lire votre commentaire, il m’est venu l’image des conteneurs de « tri sélectif » : à chacun de nous un bac spécial, un petit segment de culpabilité, idéalement soumise en compassion, pour la dévastation plus ou moins consciente des biotopes qui aboutit à la Bourse du Travail.

        Pour déblayer, on peut lire, pour 10 euros, René Riesel & Jaime Semprun : Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Paris, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2008.

        Black acres. On ne saurait mieux (se) nommer.

        • @ Dominique : clair, il y aurait de quoi jouer de la matraque sans se poser de questions. Mais là, nulle mention de syndicats…

          (Dans l’article, j’aime bien : « il s’agirait peut-être d’un… curé du XVIe arrondissement de Paris. » Ils sont vraiment dans tous les mauvais coups…)

          @ Black acres : il est évident que tu poses - clairement et de façon intéressante - une vraie question. Et je partage quelques-unes de tes conclusions. Sauf que… Trois points, quand même :

           × Oui, l’ouverture des frontières peut être perçue comme l’absolu du libéralisme (suffit de voir la construction européenne). Mais je pense plutôt qu’État et patronat ont encore davantage intérêt à maintenir les sans-papiers tels quels, sans droits ni une quelconque possibilité de faire respecter leurs droits. Si certains patrons ont - il y a quelques mois et pour des raisons diverses, de l’intérêt économique à la prise en compte la souffrance - demandé la régularisation de leurs employés, cette demande est néanmoins restée cantonnée à un secteur d’activité (la restauration), ne représentant - au final - pas grand monde. Il ne me semble pas que le Medef soit monté au créneau pour exiger une vague de régularisation. Et il ne me semble pas non plus que les chefs d’entreprise du BTP et de la confection, grands utilisateurs d’une main d’œuvre clandestine taillable et corvéable à merci, aient poussé des grands cris en exigeant de pouvoir payer leurs salariés clandestins au juste prix.
          Bref, tout d’accord avec l’analyse des flux. Sauf que le libéralisme s’adapte très bien aux freins qui peuvent être mis à ces flux, pour peu qu’il s’agisse de créer un lumpenprolétariat exploitable à l’envi.

           × Itou, ta façon de pointer l’émiettement des luttes et de dénoncer des organisations qui se tirent la bourre pour faire main-basse sur ce « marché » de la contestation est convaincante. Moins ceci : « À qui fera-t-on croire que lutter pour les sans-papiers est une lutte éminemment subversive contribuant à saper les bases mêmes du système ? »
          Je n’ai guère entendu de monde prétendre cela, l’exception de quelques-uns, dont Alain Badiou et - sans doute - les participants au camp No Border qui se tient en ce moment (je ne suis pas loin de partager leur point de vue, d’ailleurs, et regrette de ne pas y être). La plupart des organisations actives sur le front des sans-papiers sont des assos d’aide et d’accompagnement, qui prétendent alléger la souffrance plutôt que changer le monde. Ni la Cimade, ni RESF - pour évoquer les deux principales - revendiquent de saper les bases du système, mais simplement de le rendre un peu moins inhumain.

           × Enfin, je ne suis pas du tout convaincu qu’on aille, d’ici quelques années, vers une grande ouverture des frontières, une fois que les politiques - qui ne peuvent pas ne pas savoir combien la chasse aux clandestins est contre-productive - auront décidé de cesser de flatter les bas instincts de leur électorat. Je vais prendre l’exemple de l’Union européenne, laquelle ne cesse de se montrer plus dure et inhumaine avec les sans-papiers : quand elle constitue - dans la plus grande opacité - une force d’intervention militarisée pour faire échec aux sans-papiers (Frontex), quand elle délègue - dans le plus grand secret - à des régimes bien peu démocratiques (dont la Lybie ou la Mauritanie) la charge de parquer les clandestins dans des camps indignes et barbares, elle ne fait pas pour flatter l’électeur réac et égoïste, lequel n’est la plupart du temps même pas au courant. Mais elle le fait parce que ses dirigeants pensent réellement que le plus grand enjeu des années à venir sera de contrer cet afflux massif de migrants, dont ils sont convaincus qu’il va advenir (bouleversement climatique aidant) et qui leur donne des cauchemars la nuit, à l’heure de s’endormir.

          @ Pièce détachée : je vais encore étaler mon inculture, mais : à quoi renvoie black acres ?

          (Pour le livre, t’es la troisième personne dont j’en entends dire que sa lecture est essentielle. Va falloir que je m’y colle)

          • À Charançon,

            Ton inculture n’est pas plus en cause que la mienne.

            Black acres — où il y a peut-être une référence, littéraire ou autre, que j’ignore autant que toi — peut se traduire par arpents noirs, qui fait « simplement » foisonner mon imaginaire : Le petit arpent du bon Dieu d’Erskine Caldwell, les Ravins Noirs d’Albanie qu’on laboure quand rien ne va plus, la terre épuisée qu’on quitte pour l’exil, les terrils, les crassiers d’ordures de Calcutta, les tombes creusées, le beau terreau sombre, les déserts stériles qu’on arpente, ignorant qu’on finira à la Bourse du Travail...

            • « Ton inculture n’est pas plus en cause que la mienne. »

              Me voilà rassuré :-)

              Ton imaginaire a carrément de la gueule. Mais c’est vrai : « arpents noirs » évoque beaucoup de choses. Le drapeau de la même couleur qu’on agite au vent, l’œuvre de Steinbeck sur ces arpents qui ne donnent plus rien d’autre que des raisins de la colère, une voiture chargée d’explosifs et fonçant sur une rangée de militaires espagnols dans la deuxième moitié des années 30, un cagoule black(block) et un poing itou.

          • dimanche 28 juin 2009 à 12h53, par Black acres

            Si les États et le capital ne libéralisent pas encore totalement la circulation de la main d’œuvre, c’est que les sociétés européennes ne sont pas encore prêtes pour cela. La destruction des acquis sociaux conquis au travers d’un rapport de force qui fut parfois autrefois en faveur du travail n’est pas encore achevée, les valeurs morales auxquelles sont attachées les peuples n’ont pas encore été toutes détruites par la consommation, la technique et le spectacle. Bref il existe encore un grand nombre de résistances plus ou moins passives. La libéralisation du droit de migrer vers un espace de marché donné - en Europe, par exemple - décuplera l’offre de main d’œuvre. Le capital sera alors d’autant plus libre d’imposer ses conditions d’exploitation à tout les salariés. Mais cette réduction a minima des droits sociaux pour tous, étrangers ou non, à l’image du marché du travail au Royaume-Uni, beaucoup ne sont pas encore en mesure de l’accepter. Cette libéralisation, par les troubles sociaux qu’elle engendrerait, ne serait donc pour l’instant pas rentable pour le marché.

            Je ne pense pas que les pouvoirs aient pour seule obsession de contrer un éventuel afflux migratoire - que tu sembles, si j’ai bien compris, souhaiter. Ce qu’ils veulent c’est pouvoir le filtrer, le gérer et le contrôler de manière coercitive afin de l’ajuster en fonction de la demande économique. Les institutions européennes qui ont été fondées sur l’idée d’un marché commun sans frontière pratiquent une politique migratoire qui est basée sur des impératifs économiques. Cela fut toujours le cas à travers l’histoire de l’immigration. À telle période, le système a besoin de main d’œuvre donc il assouplit les conditions de venue des immigrés, à d’autres moments de crise, les règles se durcissent car le marché n’a plus besoin de main d’œuvre.

            Ce que tu sembles revendiquer, à savoir la liberté de circulation de la main d’œuvre par delà les frontières, n’est qu’une facette du lobbying qui s’exerce sur la question. L’illusion est de penser que la conquête d’une liberté de circulation des individus serait de nature à détruire le capitalisme, en utilisant sa propre logique libérale, par la catastrophe sociale ainsi provoquée. Mais le capitalisme se satisfera très bien d’une telle libéralité et cela a toujours été son objectif. Des individus déracinés, interchangeables, atomisés, isolés, sans aucune attache morale, capables de faire des milliers de km pour rejoindre une zone économiquement rentable afin d’effectuer à moindre coût une tâche profitable. La logique utilitariste du capitalisme implique dans l’absolu des individus totalement mobiles, susceptibles de rester un temps à un endroit par ce que le marché a besoin d’eux puis, lorsque ce n’est plus le cas, de bouger ailleurs vers une autre zone géographique où ils seront à nouveau utiles pour un temps.

            Liberté totale de circulation pour les travailleurs ? Très bien. Les gens qui se font licenciés en France seront libres de suivre leur usine qui est délocalisée en Inde. Mobilité, nomadisme, fluidité sont aujourd’hui les maîtres mots du management. La seule chose qui est sans frontière aujourd’hui c’est le capitalisme. Le libéralisme ne connaît pas de limite. Abolition des frontières ? On ferait mieux de s’intéresser, par exemple, à la vieille idée de fédéralisme libertaire. Une idée puissante sur laquelle fut construit le mouvement syndicaliste révolutionnaire. C’est à la suprématie du marché et du droit qu’il faut s’attaquer. C’est en construisant des situations à même de dépasser cette aliénation que des alternatives émergeront.

            • dimanche 28 juin 2009 à 19h17, par JBB

              Comme précédemment, tes arguments sont plus que recevables et très bien amenés. Juste - et avant d’en venir au cœur de la discussion - , je précise que je ne souhaite pas spécialement un afflux migratoire, mais seulement que ceux qui ont passé des mois et des mois à tailler la route en rêvant d’une vie meilleure soient traités comme ils le méritent.
              Ma position est assez simple (basique diras-tu peut-être) : l’idéal serait que les facteurs d’émigration ne soient jamais économiques, parce que cela signifierait que nous vivrions tous plus ou moins sur un même pied de confort à l’échelle de la planète ; tant que ce ne sera pas le cas, je souhaite simplement que l’on traite le plus humainement possible ceux qui ont décidé de tenter leur chance très loin de chez eux. Ne serait-ce que pour une bonne raison : si les hasards de la naissance ne m’avaient pas fait naître ici, je pourrais très bien être ce jeune migrant afghan ou irakien rêvant d’une vie plus confortable.
              Bref, plus que toutes les bonnes raisons que tu donnes, il y a pour moi un impératif humanitaire, quelque chose relevant du « ô toi frère humain ». Celui-ci dépasse tous les autres.

              Pour le reste :

              « Le capital sera alors d’autant plus libre d’imposer ses conditions d’exploitation à tout les salariés. Mais cette réduction a minima des droits sociaux pour tous, étrangers ou non, à l’image du marché du travail au Royaume-Uni, beaucoup ne sont pas encore en mesure de l’accepter. »

              Tout d’accord. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé en Angleterre, où on traité de nationalistes rancis ces ouvriers anglais qui se sont mis en grève, au début de l’année, pour protester contre le dumping salarial permis par l’Union européenne. En les traitant presque de fachos, on a tenté de disqualifier un mouvement tout à fait légitime. Et de faire taire un mouvement qui dénonçait le moins-disant social permis par les eurocrates.
              Ce combat-là, qui s’en prend à tous les chevaux de Troie de l’ultra-libéralisme, qu’ils soient nationaux, européens ou mondiaux, est essentiel. Et bien davantage, à mon sens, que l’inquiétude qu’il faudrait nourrir face à la façon dont l’immigration pourrait nourrir la perte de ceux des acquis sociaux qu’il nous reste. Je pense que même en admettant que le patronat et le gouvernement s’en servent comme variable d’ajustement, ce ne sera toujours que de peu de poids face aux offensives frontales déclenchées ailleurs.

              « Les institutions européennes qui ont été fondées sur l’idée d’un marché commun sans frontière pratiquent une politique migratoire qui est basée sur des impératifs économiques. Cela fut toujours le cas à travers l’histoire de l’immigration. »
              On est bien d’accord (comme pour l’ensemble de ce paragraphe). Les frontières s’ouvrent et se ferment au gré des besoins de main d’œuvre de nos pays européens ; ou plutôt : au gré de la façon dont ce besoin est perçu par nos dirigeants.

              Sur la suite, je te rejoins aussi. Mais seulement en partie. En effet, le capitalisme n’est rien d’autre - dans l’absolu - que ce fantasme d’une main d’œuvre mobile à l’échelle du globe et disposée à travailler dans des conditions très difficiles.
              Seulement…
              Ce qui nous distingue - j’ai l’impression et en mettant de côté la primauté que je souhaite donner à l’aspect humanitaire - est ce qui a toujours opposé réformisme et utopie. Tu dénonces le capitalisme de manière très pertinente, mais semble dire qu’il faut rentrer dans sa logique pour en corriger les excès : pointer la façon dont l’immigration peut être instrumentalisée, c’est - au moins d’une certaine façon - justifier la fermeture des frontières pour que le sort de quelques-uns, ici, ne pâtisse pas trop de l’ultra-libéralisme triomphant. Je n’y crois pas. Je pense qu’une réelle ouverture de ces frontières (je veux dire : pas une alternance d’ouverture-fermeture, de décennie en décennie, et pas non plus une ouverture choisie, celle qui donnerait la primauté à ceux qui ont les plus jolis diplômes) ne peut qu’aller de pair avec la mise en place d’un monde différent. Meilleur, pour faire simple.

              En gros, c’est ça : aujourd’hui, il faut se battre pour que les migrants soient traités le mieux possible ; demain, si le monde change, il sera possible de mettre à bas les frontières. Mais cette revendication n’a réellement de sens que dans un autre système que le nôtre. Parce que tu as raison : dans le nôtre, elle sert aussi le capitalisme.

              « On ferait mieux de s’intéresser, par exemple, à la vieille idée de fédéralisme libertaire. »

              On s’éloigne du sujet. Mais c’est en effet - pour moi aussi - la seule alternative crédible au système actuel. Seulement, cette idée-là n’est en rien contradictoire avec l’idée d’ouverture des frontières. Pour la bonne raison que si elle est un jour mise en application, c’est que le libéralisme sera mort et enterré.

              • dimanche 28 juin 2009 à 23h42, par Black acres

                En ce qui concerne le côté humanitaire, je n’ai rien contre - peut-on d’ailleurs être aujourd’hui contre l’humanitaire ? Je l’ai dit dans mon premier commentaire, la situation des clandestins pose un problème humainement. On est donc dans un combat de droits de l’homme ce qui est en soi très honorable. Mais les droits de l’homme se basent sur une philosophie strictement libérale, neutre idéologiquement. C’est-à-dire que pour moi le respect des droits de l’homme est une condition nécessaire mais pas suffisante pour l’édification d’une société libre et égalitaire. Le soucis est qu’aujourd’hui la plupart des luttes se situent à ce niveau, c’est-à-dire sur le plan d’une neutralité morale et idéologique où - l’urgence aidant - on refuse de choisir dans quelle direction on veut vraiment aller. Cela s’explique peut-être par la suprématie d’une société technicienne où l’homme deviendrait superflu au regard du système qu’il a lui même crée. Comme si on cherchait en vain l’humanité derrière tout ça. Dès lors, tout n’est plus qu’accompagnement thérapeutique et causes humanitaires, tout se fait au nom du bien-être. Mais lorsqu’il s’agit de choisir réellement idéologiquement, je constate que l’on va toujours dans le sens de l’idéologie libérale y compris à gauche et à l’extrême gauche.

                Aussi je ne me retrouve pas dans ta grille réformisme / utopie. Pour ce qui est du réformisme, je pense que nous avons besoin de solutions radicales, c’est-à-dire s’attaquant à la racine du problème. Le système actuel n’est pas réformable et ce n’est qu’une révolution faite par le peuple - et non pas par quelques minorités agissantes - qui sera à même de bâtir une société juste, libre et décente. Mais je ne tiens pas non plus à rentrer dans le jeu - assez puéril - de qui est le plus révolutionnaire ou le plus extrémiste. Difficile de se définir comme révolutionnaire sans révolution…

                Le fédéralisme libertaire n’était pas si éloigné du sujet. Une fédération libre n’implique pas un refus de toute limitation. L’homme a besoin aussi de limite - je ne parle pas de contrainte - pour se définir. Le fédéralisme prend en compte l’identité, le local, le quartier, le territoire, le métier, la commune (etc.) qui sont en eux-mêmes des limites. Mais celles-ci sont transcendées collectivement par la libre association, c’est-à-dire qu’on part du particulier et surtout de la réalité pour y trouver l’universel. Dans une fédération, il y a des « frontières » ; une personne habite telle commune, elle exerce tel métier, appartenant à la fédération de telle branche etc. Mais celles-ci ne sont là que pour permettre à chacun de savoir qui il est et non pas pour empêcher les gens de se rencontrer, d’agir, de s’associer, de se déplacer, de se retrouver etc.

                Ce n’est pas à proprement parlé de l’utopie. La société à construire existe déjà en germe à chaque instant dans le quotidien mais les conditions, les situations sont telles que rien n’encourage au développement de cet existant. Tout un chacun peut détester le pouvoir à un moment donné aussi bien celui qu’il subit que celui qu’il exerce. Mais rien n’incite personne, à partir de cette réalité, à construire un contexte favorisant l’émergence d’une société réellement libertaire ou anti-autoritaire. Le syndicalisme révolutionnaire possédait un idéal de société à construire mais cela ne l’empêchait pas de se coltiner une réalité bien éloignée de cet objectif par ce que ce n’est qu’à partir du réel qu’on change les choses. Je me méfie de l’utopie par refus de l’abstraction et de la représentation, par ce que les idées et les pratiques se nourrissent de la réalité et du monde tel qu’il est.

                • lundi 29 juin 2009 à 11h51, par pièce détachée

                  « Je me méfie de l’utopie par refus de l’abstraction et de la représentation, par ce que les idées et les pratiques se nourrissent de la réalité et du monde tel qu’il est. »

                  Moi aussi. Mais le « monde tel qu’il est », il est comment ? Il nous faut bien le décrire, donc le re-présenter, avec des mots, c’est-à-dire des concepts, qui sont des outils aussi nécessaires que la fourche et le tournevis. L’ennui (euphémisme), c’est que même ces mots-pour-dire sont immédiatement confisqués. Et en face, LA représentation du réel imposée va bon train, et ce train nous écrase.

                  « [...] rien n’incite personne, à partir de cette réalité, à construire un contexte favorisant l’émergence d’une société réellement libertaire ou anti-autoritaire. »

                  C’est le moins qu’on puisse dire. Au-delà de ces « bulles » sans réelles conséquences que sont l’ascèse solitaire ou les zones d’autonomie temporaire et leurs variantes, où sont les moyens de construire un tel contexte et de l’investir ? Ces moyens, est-ce qu’on peut encore envisager de les (re)prendre ?



  • Bé !! c’est à mon tour de sautiller, gambader et rigoler bêtement après avoir lu vos échanges. Tout d’accord avec tout le monde sauf Stef de Lyon qu’il a plus qu’à aller se faire peindre çui-là, nom de nom d’une pipe en bois d’arbre !!! S’il veut défendre l’indéfendable............... Sinon, il pourrait tout aussi bien mener une révolte pour virer ses chef ? Non ?.............. Ah, ça se fait pas............. bon, ben, qu’il aille se faire peindre alors !

    Sans rire, comment peut-on être ou rester militant après un coup pareil ? C’est la cerise sur l’amer gâteau des compromissions qui s’accumulent. Pas un syndicat n’y échappe. A la trappe les réformistes conformes et bien repassés :-)

    • « c’est à mon tour de sautiller, gambader et rigoler bêtement »

      Cool, on va gambader ensemble. :-)

      « C’est la cerise sur l’amer gâteau des compromissions qui s’accumulent. Pas un syndicat n’y échappe. »

      Tout d’accord. Ça n’enlève rien à la sincérité de plein de militants (j’en ai rencontré un max, de très respectables et convaincus. Steph en fait partie), mais en je suis tout aussi convaincu qu’il ne peut plus rien sortir de bon du syndicalisme des grandes centrales. Trop grosses et calculatrices pour que les objectifs qu’elles seraient censées atteindre aient une quelconque chance de l’être. Bref : c’est mort.



  • Ah les syndicats toujours au service des autres !


    trouvée là

    see ya !

    Voir en ligne : kprodukt, mon blog actif et militant enfin quand j’ ai le temps(?)



  • samedi 27 juin 2009 à 21h44, par krop

    qu’il allait faire grand soleil supreberbe et le big de razage du soleil ....

    mon crie mons hemmoie et le reste statique...



  • Bonjour JBB

    La situation et grave, peut-être désespérée, en tout cas désespérante mais tu arrives quand même à me faire rire.
    Quand je vois le comportement de certains, comme Bernard Thibault (je ne parle pas de ses « bisous partout »), je me demande souvent s’ils ne sont pas tenus en laisse par un dossier que détiendrait le toujours premier flic de France.
    Quant aux sans-papiers, leur régularisation fait peut-être le jeu du libéralisme, mais humainement parlant on ne peut que les soutenir, pour qu’ils ne vivent pas constamment dans la crainte.

    Sur ce, je vais essayer de combler mon retard en lectures. Merci d’être là !

    • mercredi 15 juillet 2009 à 13h18, par un-e anonyme

      Je suis à la bourre pour répondre : je rentre de vacances :)

      J’ai rendu ma carte en 1974...

      Les piquets de grève foutaient des baffes à ceux qui voulaient aller travailler.

      On m’avait passé un coup de fil :
       × débraye, c’est la grève.
       × pourquoi ?
       × t’occupe ! tu suis, c’est tout.

      Avant, j’étais un peu crédule. Après, j’ai vu les promotions réservées aux « responsables syndicaux » et autres ententes. Je n’ai jamais resigné. J’ai fait les grèves si la revendication me semblait légitime.

      Pat

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