ARTICLE11
 
 

dimanche 21 juin 2009

Sur le terrain

posté à 13h46, par JBB
13 commentaires

Face à la plus grosse saisie de son histoire, le mouvement des free-parties s’organise
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Ils ont frappé fort ! Lors des festivités tekno du 1er mai - organisées cette année dans l’illégalité - , les forces de l’ordre sont intervenues, saisissant une trentaine de systèmes de sonorisation. Inacceptable pour les teufeurs, qui ont protesté - hier à Paris - contre cette saisie sans précédent, laquelle s’inscrit dans un contexte de re-politisation des free-parties. Compte-rendu et entretien.

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Les flics s’en sont donnés à cœur joie. A tel point que, pour peu qu’ils aiment ce type de chose, ils ont désormais à leur disposition de quoi organiser la plus immense et délirante de toute les fiestas. Une teuf d’enfer, avec un mur de son qui s’étendrait sur des centaines de mètres, des baffles et encore des baffles, des amplis en veux-tu en-voilà, des dizaines de kilomètres de câbles, des platines et des ordis à profusion, pas mal de loupiotes et plein de prises jack dont ils ne sauraient que faire. Ça aurait une putain de gueule, des flics à la donation, des flics derrière les platines, des flics en train de remuer du popotin devant le plus immense mur de son que le monde ait jamais porté depuis que Jéhovah s’est piqué, un jour lointain d’avant la crucifixion, de choper un porte-voix pour dicter aux terriens effarés tout un tas de bonnes résolutions à respecter.

Mais voilà : ça ne se passe jamais comme ça1. Et si les membres des forces ont réalisé, le premier mai dernier, une gigantesque saisie de matériel de sonorisation de free-parties, s’ils ont effectué le plus gros hold-up légal de l’histoire de la tekno libre, ce n’est - certes - pas pour organiser des fiestas d’anthologie. Non : ils vont juste laisser le matériel prendre la poussière, pendant des mois et des mois. Ils vont le maintenir sous bonne garde, entreposé quelque part. Et ils ne vont surtout pas le restituer à leurs propriétaires, à moins d’une bonne surprise juridique qui coûtera beaucoup d’argent à des gens qui n’en possèdent guère. Confisqué, raus, circulez, y’a rien à voir ! Quoi, vous avez tout perdu ? Mais il ne fallait pas s’entêter à danser ainsi, mes bons amis…

Retour en arrière, en deux beats trois mouvements de danse. Alors que le mouvement des free-parties - ces fêtes tekno libres rejetant le système marchand - se cherchait, en perte de vitesse et de valeurs, confronté à une trop forte médiatisation et pris dans les rets de négociations sans fin avec les autorités, les choses ont commencé à changer il y a deux ans. Finies, les longues discussions avec l’État. Terminés, les marchandages à n’en plus finir pour obtenir du pouvoir le droit d’organiser telle ou telle fête. Fertig ! Il fallait que la fête redevienne libre, pour qu’elle ne perde pas définitivement son âme.
Ainsi, en 2007 et 2008, la traditionnelle grande kermesse du mouvement, le teknival du premier mai, rendez-vous qui avait attiré jusqu’à plus de 100 000 personnes en 2005 dans une course au gigantisme laissant un goût amer à tous ceux qui croyaient aux valeurs d’autonomie et d’autogestion, en 2007 et 2008, disais-je, le teknival était revenu à l’illégalité. Oh, pas grand chose : ces deux années-là, en marge du rassemblement légal, organisé en concertation avec l’État (comme il en était de coutume depuis 2002), un rassemblement non autorisé s’était tenu, nommé teknival des Insoumis. Histoire de rappeler à tous combien la free-party se devait aussi d’être revendicative et sauvage.

Et puis, en 2009, coup de théâtre : personne n’a tenté de négocier avec les autorités, c’en était fini du teknival légal. A la place, un grand rassemblement dans l’Eure, qui a vu plus de 20 000 danseurs tricoter des gambettes dans la bonne humeur. Et deux autres - plus petits - dans le Nord-Est et le Sud-Ouest, qui se sont aussi tenus dans l’illégalité. Inadmissible et inacceptable, pour l’État. Lequel a chargé les forces de l’ordre de faire main basse sur le matériel de sonorisation, ce qui s’appelle une « saisie administrative suite à un événement non autorisé ».
Il est là, le hold-up légal : ce week-end-ci, les uniformes ont saisi plus de 30 sound-systems. Soit l’équivalent de plusieurs centaines de milliers d’euros d’enceintes, d’amplis, de platines, d’ordinateurs. Un coup de pression d’anthologie. Une rafle matérielle gigantesque, comme il ne s’en était jamais produit dans le monde de la tekno. Une volonté évidente de mettre bas un mouvement souhaitant reprendre la clé des champs et de la liberté. Et une catastrophe pour les sound-systems concernés, qui ont perdu le fruit de plusieurs années d’effort, ainsi que pour les prestataires privés, auxquels certains sons avaient fait appel pour louer le matériel de sonorisation utilisé.

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Bien évidemment, il n’était pas question d’en rester là. Des collectes ont été organisées, pour soutenir les sons saisis. Les 30 sound-systems concernés ont décidé d’unir leurs efforts, faisant front commun judiciaire. Et des manifestations de protestation ont été organisées, à Evreux et à Toulouse il y a quelques jours, à Paris hier. Article 11 était présent à cette dernière, qui a rassemblé près de 1 500 personnes autour d’un dizaine de chars sonorisés. Vous aurez donc droit à quelques photos, ci-dessous. Ainsi qu’à un entretien - plus bas - avec Ben Lagren, activiste des free-parties et militant politique. Hop !


La manifestive, en quelques clichés

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Place de la République, la manifestive se prépare.
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Sur l’un des chars, la liste des trente sons saisis.
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Le mot d’ordre ? Protester contre une répression sans précédent. « Les fascistes brûlaient les livres, Sarkozy saisit nos sonos », rappelle ce graffiti.
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Défiler au son de la tekno 1/
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Défiler au son de la tekno 2/
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Défiler au son de la tekno 3/

Au final, un joyeux cortège, qui a pris tout son temps pour rallier Nation, avant d’y stationner jusqu’à 22 h. Juste le début d’une nuit s’annonçant longue2. Le régime pourra toujours saisir encore et encore, il n’empêchera jamais les gens de danser.


Entretien avec Ben Lagren : « Les free doivent redevenir politiques ! »

Membre du sound-system parisien La Horde Pershitude, Ben Lagren est un activiste tekno, un vrai. Un temps, il a fait partie de ceux qui se rendaient régulièrement au ministère de l’Intérieur et s’est retrouvé plongé dans ce cycle sans fin de négociations entre représentants du mouvement des free-parties et ceux des autorités. Il en a ensuite fait son deuil, finalement convaincu que ces discussions ne déboucheraient sur rien, sinon la mort du mouvement.
Sans cesse sur la brèche, Ben Lagren fait surtout partie de ceux qui estiment que les free-parties sont aussi (ou d’abord) politiques. Pas seulement limitées à la danse et à la musique, les racines de ces rassemblements plongent dans l’autonomie, le refus du système marchand, la foi dans le partage, la contestation et l’autogestion. Entretien3.

Comment les négociations avec les autorités ont-elles commencé ?

Tout débute en août 2002, avec le teknival illégal du col de l’Arche, dans les Alpes. Celui-ci rassemble 20 000 personnes et ridiculise un État qui avait tout fait pour empêcher sa tenue. Ça a été un joli coup de pression. Lequel a donné le coup d’envoi des négociations, après le vote du très liberticide amendement Mariani-Vaillant de 2001 soumettant notamment à autorisation préalable l’organisation de free-parties4. Ont suivi les premières réceptions au ministère et la constitution d’une première équipe - dont je ne faisais pas partie - chargée de négocier au nom des sons avec les autorités. À la base, le deal était simple, marqué de la volonté du pouvoir que cessent les teknivals illégaux, rassemblements si gigantesques qu’il ne pouvait les contrôler : les sound-systems acceptaient d’organiser leurs quelques teknivals annuels en concertation avec l’État et ce dernier, en échange, s’engageait à faciliter, le reste du temps, l’organisation de petites free-parties.

Nous - je dis « nous », car j’ai participé aux négociations de 2004 à 2007 - avons donc joué le jeu et tenté d’organiser des teknivals légaux. On y croyait, on pensait vraiment qu’il fallait négocier avec sérieux, montrer notre bonne volonté. Ça a été une très grave erreur, même si nous étions sans doute obligés d’en passer par là. Au final, nous nous sommes fait promener dans les grandes largeurs. Logique : les négociateurs du ministère connaissent très bien ce petit jeu, tirent parfaitement les ficelles et s’y entendent à te faire croire qu’ils vont t’écouter, que les choses peuvent changer grâce à toi. Alors que non.

Vous perdiez des deux côtés, c’est ça ? Face, les teknivals organisés en partenariat avec l’État devenaient ingérables, parce que trop gigantesques et encadrés ; pile, les petites free-parties n’étaient pas pour autant autorisées par les autorités le reste de l’année…

Exactement. Et on s’est aussi rendu compte qu’on rentrait dans l’institutionnel et que les sons s’accommodaient très bien de l’État. Surtout, il n’y avait plus de place pour l’autogestion. Pour une bonne raison : l’autonomie à 50 000, ce n’est pas possible, c’est tout. Pense qu’on était 120 000 à Chambley le 1er mai 2004. Répartis sur cinq jours, mais 120 000 quand même ! C’était beaucoup trop gros, ça ne signifiait plus rien…
Et puis, on prenait l’habitude d’être assistés. On finissait par oublier que l’autonomie, ce n’est pas juste donner des gilets jaunes et des talkies-walkies aux gens pour qu’ils organisent la donation.

C’est ainsi qu’un divorce s’est fait jour dans le mouvement ?

Oui. En 2006, la division entre les légalistes, surtout soucieux de poser en toute tranquillité, et les tenants d’une ligne plus dure s’est faite jour. Pour moi, cette date marque la fin de l’unité de la tekno française.
Ce divorce est apparu clairement en 2007, avec la tenue d’un teknival illégal, celui des Insoumis, en même temps qu’un autre organisé en collaboration avec les autorités. La chose s’est répétée en 2008, deux teknivals, l’un légal l’autre non, se tenant aux mêmes dates. Ça a été essentiel : les gens se sont rendus compte qu’en restant en petit nombre, l’organisation pouvait couler toute seule, grâce aux discussions et à la concertation. Surtout, ils ont pris conscience d’un point essentiel : rien ne nous obligeait à accepter les conditions de l’État. D’où la tenue d’un teknival exclusivement illégal en 2009.

Pour toi, ce divorce est salutaire ?

Bien sûr, il fallait accepter la division, ne plus rechercher l’unité et le consens mou. Ça nous a relancé, finalement. Et ça a redonné confiance à beaucoup, en prouvant que tout était encore possible.

Ça signifie aussi un retour à la clandestinité ?

Oui, notre tactique est désormais de ne plus faire de bruit, de ne plus faire de politique publique : on se concentre sur l’interne, avec la volonté de ne plus toucher qu’un public restreint et avec lequel nous avons de réelles affinités.

Cela rejoint la question du « open to all »5. La plupart des acteurs du mouvement sont désormais contre cette idées, parce qu’ils estiment que ça mène à n’importe quoi, au gigantisme ingérable, à la participation d’un public peu concerné et se fichant de nos valeurs. Nous nous sommes rendus compte que plus tu t’élargis en permettant à M. tout le monde de venir faire la fête avec toi, plus tu donnes du poids à l’institutionnel et au non-revendicatif. De mon côté, je continue à y croire encore un peu, par idéal politique, mais sous une forme aménagée ; il a bien fallu que je me résolve à prendre acte du fait que l’horizontalité absolue était impossible.
En pratique, ont désormais accès aux infos6 les gens qui se connaissent déjà et qui sont un minimum investis dans le mouvement.

Tu penses que ça correspond à une réelle évolution politique ?

Il faut d’abord rappeler que les free-parties sont aussi une façon de canaliser les énergies. Il s’agit d’une soupape permettant aux gens de se calmer, un exutoire. On peut d’ailleurs se demander si le mouvement tekno n’a pas, à un moment, davantage canalisé les énergies qu’il ne les a exacerbées. Les free-parties ont pu arranger ceux qui tirent les ficelles… C’est pour cela que nous n’avons pas le choix : les free doivent redevenir politiques.

Je constate aussi que beaucoup de sons cultivent désormais des principes d’autonomie. C’est une évolution positive, mais qui résulte plus d’un état de fait que d’une réelle volonté : à force de se retrouver isolés et confrontés à la police, les sons ont résolument appris à se débrouiller tous seuls.

C’est le cas du sound-system auquel j’appartiens, La Horde Pershitude. A force d’organiser des fêtes illégales, on a acquis une réelle expérience. Et on sait désormais très bien gérer les policiers qui débarquent pour essayer de stopper la fête, on sait très bien jouer du rapport de forces.
Après, ça dépend aussi d’aspects plus conjoncturels. Par exemple, notre sound-system est habituée à poser une grosse teuf pour le nouvel an, parce qu’on s’est rendu compte que les policiers avaient bien autre chose à faire que nous empêcher de faire la fête ce soir-là. C’est comme le hacking, il faut trouver les failles du système.

Mais le prix à payer est très lourd, non ? Trente saisies pour le 1er mai, ça fait mal…

Notre sound-system n’avait pas participé à ce teknival, puisque nous pensons de longue date que ce type d’événement est trop important pour avoir encore du sens. Mais ceux qui y étaient ont pris très cher, oui. Avec cette énorme action de répression, le message est clair : il s’agit de frapper un grand coup et de montrer qu’ils nous contrôlent, même si ce n’est pas le cas.

Tu crois que ça correspond quand même à une renaissance du mouvement ?

Il ne faut rien exagérer : ce n’est pas non plus un renouveau complet. Mais il s’est au moins produit une scission salutaire au niveau politique.
Au fond, je ne sais pas si c’est un dernier sursaut ou une renaissance. Mais en ce moment, et pour la première fois depuis longtemps, on est content de ce qu’on fait.



1 Rhhôôôô… quelle surprise, n’est-ce pas ?

2 Je n’y étais plus, mais les choses ont ensuite dérapé, quand une petite partie des manifestants se sont retrouvés pour une free-party organisée au Bois de Boulogne. Selon le communiqué rédigé par Ben Lagren :

À la fin de cette Free Parade les manifestant-es ont décidé de prolonger la « teuf » au bois de Boulogne, en célébrant dès minuit une Fête de « leur » Musique, conçue comme une légitime mise en accusation de la réduction croissante du droit d’expression des artistes et musiciens amateurs lors des festivités officielles du 21 juin.

Quelques centaines de personnes se trouvaient déjà sur le site lorsqu’une cinquantaine d’agents de la B.A.C et de policiers en tenues anti-émeute, bientôt rejoint par de nombreux renforts, ont violemment chargé la foule à coups de matraques. Les gens se sont alors regroupés pour éviter les coups et protéger le matériel sonore. En dépit de cette réaction manifestement pacifique, la police a poursuivi les charges au moyen de grenades lacrymogènes et de pistolets flash-balls, parfois de façon particulièrement dangereuse (tirs tendus ou même à bout portant, en direction du buste ou du visage, etc.). Des individus à terre ont été roués de coups de pieds et aspergés de gaz ; un handicapé, membre de Médecins Du Monde, fut même jeté hors de son fauteuil roulant avant d’être molesté au sol. Au passage, les forces de police ont volontairement détérioré des véhicules et du matériel appartenant aux fêtards.

Empêchant l’accès aux véhicules, la police a pendant plusieurs heures conduit une véritable « chasse aux Ravers », n’hésitant pas à lâcher des chiens à leur poursuite… Une attitude d’autant plus paradoxale que les Sound Systems avaient commencé à partir dès l’intervention policière.

3 Si le cœur vous en dit, vous pouvez retrouver dans le deuxième numéro de Fakir - qui vient de sortir, hop, on se précipite chez son vendeur de presse - un reportage de deux pages consacré à la renaissance politique des free-parties et à l’évolution du mouvement. La signature de l’article a été oubliée, mais c’est bien votre serviteur qui s’en est chargé.

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4 Cet amendement soumet à autorisation préalable l’organisation de free-parties et prévoit la saisie du matériel de sonorisation quand ce n’est pas le cas. Il s’est révélé d’autant plus liberticide que les autorités n’ont pas joué le jeu, n’autorisant qu’au compte-goutte la tenue d’événements festifs, même quand toutes les draconiennes conditions fixées étaient respectées par les organisateurs.

5 Soit la volonté de s’ouvrir au grand public, en lui permettant de se joindre facilement aux fiestas organisées.

6 Les infolines, consistant en un numéro de téléphone audiotel et à un code à chiffres, donnent accès à un message enregistré sur boîte vocal et listant l’itinéraire à suivre pour rejoindre la free-party. Elles ont longtemps été disponibles très facilement sur internet, mais sont désormais plus difficiles à dégotter.


COMMENTAIRES

 


  • Un (petit) peu HS par rapport à l’article, mais article 11 était-il présent à l’autre manif aujourd’hui (à la fontaine des innocents) ? si oui, peut etre un article dessus, si ce n’est trop espérer (surtout face au silence généralisé dans lémédias) ?

    • Eheh…

      Oui, on y était. Si le coeur t’en dit, on a fait un petit billet photos, ICI.

      • au final ce que j’ai trouvé pas mal c’est qu’il n’y avait pas tous ces syndicats le cul sur deux chaises et leurs services d’ordre a faire la morale sur la meilleure façon de lutter contre le pouvoir.. c’était plus libre et uni d’une certaine manière, même si ca n’a malheureusement pas duré assez longtemps. la faute au trop petit nombre peut etre.

        Espérons que ca ne soit qu’un début !

        • Je pense que tu parles de la manif de dimanche, place des Innocents, plutôt que de celle des sons, samedi ? Qu’importe, dans les deux cas, tu as raison : pas de SO, pas de bons sentiments et en avant !

          « la faute au trop petit nombre peut etre. »

          Dimanche, donc. Il me semble qu’on était assez pour qu’il se passe quelque chose. C’est plutôt le manque de cohésion et d’organisation face aux CRS que je pointerais.



  • Lamentable !
    Puissent ils récupérer leur matos ...

    En même temps, des raves « officielles » avec méga organisation, ça fait un peu bizarre. Un peu comme des tags exposés au Grand Palais sur des formats standards. Dans l’un ou l’autre cas on ne retrouve pas le côté précaire, éphémère, essentiels aux deux trips.

    Une vidéo assez violente trouvée par hasard sur le « nettoyage » par la police du Free Festival de Stonehenge en UK en 1985. Le Moins que l’on puisse dire c’est que les bobbies de Thatcher n’y vont pas de main morte !

    Voir en ligne : http://fr.youtube.com/watch?v=N3Ytm...

    • « Dans l’un ou l’autre cas on ne retrouve pas le côté précaire, éphémère, essentiels aux deux trips. »

      On est bien d’accord. C’est tout les problèmes de teknivals, devenus si immenses que les valeurs du monde tekno s’y sont noyées. Au final, ce type d’événements ne faisait qu’encourager la consommation et la déresponsabilisation et c’est dans tous les cas une très bonne nouvelle qu’ils ne soient plus organisés en concertation avec l’État.

      « Le Moins que l’on puisse dire c’est que les bobbies de Thatcher n’y vont pas de main morte ! »

      Waouh, c’est clair. On se plaint de la violence de la police aujourd’hui, mais là… J’aurais pas aimé avoir à descendre de l’un de ces bus avec une cohorte de flics excités m’attendant devant le marchepied… Et sans parler de la dernière image du doc, quand un flic se promène avec une machette… En tout cas, merci pour le lien.



  • 2 poids, 2 mesures...

    D’un côté, un gouvernement qui affirme, face aux entreprises qui détournent les aides, qui camoufflent les profits avant de jeter à la rue des milliers de personnes dans un meppris de la vie, face à celles qui n’hésitent pas à favoriser les dictatures, portant même celles-ci au pouvoir et armant ces bras qui vont massacrer des populations, face aux riches qui détournent et cachent leur fortune, que le respect de la « propriété privée » est inalienable...

    D’un autre, la saisie du matériel de sono ici, de la maison du type qui n’arrive plus, faute d’emploi, à rembourser son crédit, de la voiture, du mobilier et du peu de bien du pauvre, le discours d’un nécessaire « équilibre » : « FAUT BIEN REMBOURSER »...

    Rétablissons l’équilibre : faisons payer à ces salops leur fumisterie !

    Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/



  • Bien loin du milieu Free-parties depuis plusieurs années, je suis content d’apprendre que le mouvement retrouvent ses fondamentaux.

    Un mouvement politique, assurément.
    Les infolines, les galères pour trouver le site, la recherche des « convois » (une file de bagnole et de camions avec des gueules cramées : ça sent la bonne piste), les rencontres sur des petites routes paumées « vous avez trouvée la teuf ? »... tous ces trucs font parties du trip free-parties :
    tu cherches un havre de liberté, d’autonomie, de partage et de bonnes vibes ?
    ça se mérite ma couille, ça ne t’arrive pas comme ça, servi sur un plateau (des Glières), faut faire quelques efforts.

    Zone d’Autonomie Temporaire.
    Il y a du sens là-dedans.
    En plus de demander du travail, la liberté est éphémère, précaire.
    C’est un combat quasi permanent, quelque chose que l’on se doit de construire, d’entretenir et de reconstruire avec assiduité et vigilance.

    Pour ce qui est des saisies... à quoi peut-on s’attendre d’autre de la part de l’Etat sarkozyste et de sa police ? Ces gars là ne bossent pas franchement dans le sens d’un épanouissement et d’une émancipation du peuple, on le savait.

    Une nouvelle poche de résistance se gonfle.
    Une bien bonne nouvelle que ce billet finalement.

    • « les galères pour trouver le site »

      Exactement. Pour moi, certains des meilleurs souvenirs de teuf sont d’abord ces galères-là, quand tu passes des heures perdus au milieu de nulle part, dans une bagnole enfumée, à chercher ce putain de foutu coin où ils ont bien pu poser leurs putains d’enceinte. :-)

      Comme dirait l’autre, le but est dans le chemin…

      « ça se mérite ma couille »

      Oh que oui.

      « Une nouvelle poche de résistance se gonfle. »

      Il me semble aussi. Mais tous ceux qui se sont fait saisir doivent avoir les nerfs. Sacrément les nerfs, même.

      • tu parle d’une poche de résistance elle gonfle ou se dégonfle

        1200 a la teuf du 1er avec mes potes systek and co 50 à la manif pour récup le son
        y’avait 1000 personnes de trops ou quoi ??? sacré prise de conscience

        3000 a stras pour la manif contre les violences policière et 82000 au sarkoval 2 semaines après ect

        et ouai « faite leur du bien ils vous chirons dans les mains »

        a+ toto
        au passage salut ben
        on les aurat



  • Chasse aux Ravers à Paris : des dizaines de blessé-es lors d’une Fête de la Musique Libre

    Communiqué de presse du dimanche 21 juin 2009

    Ce samedi 20 avril, une quinzaine de chars sonorisés et plusieurs milliers de Ravers ont défilé dans une ambiance festive à l’occasion d’une « Free Parade », manifestation en faveur des valeurs d’autonomie, de partage, de gratuité et de liberté (http://www.freeparadeparis.org/). En cette veille de fête de la musique, cet événement était aussi porteur d’un message d’alerte et d’inquiétude des acteurs et des actrices de cette scène musicale. Cette mobilisation visait à dénoncer la répression que subit la Tekno Libre (musique techno non-marchande), faisant ainsi écho aux manifestations de la semaine passée, qui avaient rassemblé plus de 1000 teufeurs et teufeuses dans les rues d’Évreux et de Mulhouse. C’est en effet toute une mouvance musicale et culturelle qui est en proie à une répression drastiquement durcie depuis quelques mois, dont le « traditionnel » Teknival du 1er mai 2009 (festival autogéré rassemblant plusieurs milliers de Ravers et dont Nicolas Sarkozy s’était engagé à faciliter la tenue chaque année) a constitué le point d’orgue : plus de 30 « Sounds Systems » français ont été arbitrairement saisis par les autorités de l’État (http://www.systematek.org/gargouilles/), qui ont réquisitionné tout le matériel de sonorisation de ces collectifs musicaux, artistiques et culturels (matériel dont la valeur peut être estimée à deux ou trois millions d’euros !). Des centaines de personnes se retrouvent ainsi dépossédées (voire ruinées) pour avoir voulu offrir des fêtes autonomes et non-commerciales. Une répression sans précédent en près de 20 ans de Zones d’Autonomie Temporaire festives...

    À l’ère du numérique, saisir le matériel sonore n’est il pas une nouvelle forme d’autodafé ?

    À la fin de cette Free Parade les manifestant-es ont décidé de prolonger la « teuf » au bois de Boulogne, en célébrant dès minuit une Fête de « leur » Musique, conçue comme une légitime mise en accusation de la réduction croissante du droit d’expression des artistes et musiciens amateurs lors des festivités officielles du 21 juin.

    Quelques centaines de personnes se trouvaient déjà sur le site lorsqu’une cinquantaine d’agents de la B.A.C et de policiers en tenues anti-émeute, bientôt rejoints par de nombreux renforts, ont violemment chargé la foule à coups de matraques. Les gens se sont alors regroupés pour éviter les coups et protéger le matériel sonore. En dépit de cette réaction manifestement pacifique, la police a poursuivi les charges au moyen de grenades lacrymogènes et de pistolets flash-balls, parfois de façon particulièrement dangereuse (tirs tendus ou même à bout portant, en direction du buste ou du visage, etc.). Des individus à terre ont été roués de coups de pieds et aspergés de gaz ; un handicapé, membre de Médecins du Monde (MDM), fut même jeté hors de son fauteuil roulant avant d’être molesté au sol. Au passage, les forces de police ont volontairement détérioré des véhicules et du matériel appartenant aux fêtards.

    Empêchant l’accès aux véhicules, la police a pendant plusieurs heures conduit une véritable « chasse aux Ravers », n’hésitant pas à lâcher des chiens à leur poursuite… Une attitude d’autant plus paradoxale que les Sound Systems avaient commencé à partir dès l’intervention policière.

    Tandis que les membres de Médecins Du Monde tentaient d’effectuer des premiers soins, les policiers ont interdit l’accès aux pompiers venus secourir les blessé-es. En plus des dizaines de blessé-es à déplorer, nombre de personnes se trouvent en état de choc suite à cette longue nuit où les forces de l’ordre ont fait preuve d’une violence inconcevable face à des jeunes qui dansaient paisiblement au bord d’un lac attendant l’aube d’un 21 juin normalement placé sous les auspices de la musique...

    Nous demandons donc la libération immédiate des quatre interpelé-es et la restitution de tous les Sound Systems saisis, ainsi que l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre des acteurs et des actrices de la mouvance Tekno !



  • A Propos de la Tekno Libre et des Free Party....

    Ceux qui parlent de révolution et de lutte sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans notre culture, de positif dans le refus des contraintes, ceux-là ont dans la bouche un cadavre !

    Notre but est la participation immédiate à une abondance passionnelle de la vie, à travers le changement de moments périssables délibérément aménagés. La réussite de ces moments ne peut être que leur effet passager. Nous envisageons l’activité culturelle, du point de vue de la totalité, comme construction expérimentale de la vie quotidienne. Il s’agit de produire nous-mêmes, et non des choses qui nous asservissent. Notre identité est l’autogestion, la mobilisation infinie notre force, la danse et la musique l’expression de notre indéfectible liberté.

    Or, la liberté absolue offense, déconcerte. On préfère alors invoquer la maladie, la démoralisation, la déviance… pour légitimer son oppression. Qui nous juge n’est pas né à l’esprit, à cet esprit de liberté que nous voulons dire, et qui est pour nous bien au-delà de ce que vous appelez la liberté.
    Gare à vos logiques, Mes-sieurs-dames, gare à vos logiques, vous ne savez pas jusqu’où notre haine de la logique peut nous mener.

    Il faut lutter sans plus attendre, dans notre culture, pour l’apparition concrète de l’ordre mouvant de l’avenir. Les forces réactionnaires à l’œuvre dans notre pays ne laisseront à aucun prix, tout en affirmant le contraire, une véritable contestation culturelle se développer en dehors de celle qu’elles ont pris soin d’organiser elles-mêmes. Des lois injustes existent : nous satisferons-nous de leur obéir ou tacherons-nous de les amender, de leur obéir jusqu’à ce que nous y ayons réussi, ou les transgresserons-nous sur le champ ? On estime en général devoir attendre d’avoir persuadé la majorité de les altérer. On pense que si l’on résistait, le remède serait pire que le mal. Or c’est de la responsabilité du gouvernement lui-même que le remède soit pire que le mal. C’est lui qui rend pire.

    Alors jetez votre vote, pas un simple bout de papier, mais toute votre influence. Une minorité est impuissante tant qu’elle se conforme à la majorité. Ce n’est du reste plus une minorité, mais elle devient irrésistible quand elle la bloque de tout son poids. La victoire sera pour ceux qui auront su faire le désordre sans l’aimer.

    Il nous reste, dans les limites où il nous appartient d’agir avec efficacité, à témoigner en toutes circonstances de notre attachement absolu à l’existence de notre culture, non pas seulement en assurant individuellement la sauvegarde de ce principe, non pas seulement en élevant une faible protestation contre chaque violation qui en est faite, mais encore en recourant, le cas échéant, aux moyens d’agitation générale les plus propices.

    « Au vent qui sème la tempête, se récolte les jours de fête »

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