ARTICLE11
 
 

samedi 15 mai 2010

Sur le terrain

posté à 19h52, par Lémi & JBB
43 commentaires

Manif No Border : leurs fantasmes, notre faiblesse
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Irréel. Le déploiement policier qui a entouré la manifestation organisée aujourd’hui par No Border à Paris relevait de la folie pure. Sur l’eau, dans le métro, à chaque coin de rue, les Robocops étaient partout, sur les dents ; il ne manquait que les hélicos. Tout ça pour une manifestation plutôt bon enfant ne regroupant qu’une centaine de militants. Compte-rendu effaré.

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À Berlin, au même moment, ils étaient 300, manifestation impromptue (comprendre : non déclarée) d’Allemands souhaitant clamer leur solidarité avec le défilé français ; dans l’affaire, le consulat français a perdu quelques-unes de ses vitres, descendues à coups de pierres. À Paris, nous étions tout juste 100, très maigre cortège de ceux qui avaient répondu à l’appel de No Border pour exiger la liberté de circulation et dénoncer la répression tous azimuts qui s’abat sur l’ensemble du territoire européen. Oui : pas brillant…

Une faible mobilisation qui dit sans doute beaucoup. Léthargie et inaction : cela sonne un brin comme acceptation, non ? Mais si cette très petite mobilisation est révélatrice, elle ne l’est pas autant - et de loin - que l’incroyable déploiement policier auquel elle a donné lieu. Pour être simple : il y avait sans doute (et c’est une estimation basse) dix CRS pour un manifestant (d’où le slogan récurrent dans le cortège, « Ils sont mille, nous sommes cent »). Minimum. Les flics étaient partout, barrant chaque rue croisée sur le parcours (mais aussi toutes celles avoisinant le passage de la dangereuse troupe), occupant chaque station de métro, sur l’eau (!!!), devant chaque banque ou McDonald, disposés en quinconce ou répartis par petits groupes, camouflés en civils ou s’exhibant casqués et par groupe de cinquante, se déplaçant à pieds ou sautant et descendant sans cesse de dizaines de véhicules, contrôlant tout, sans relâche, marée bleue qui tenait la rue, l’inondait, la paralysait. Nous paralysait. Une tenace impression (certitude ?) d’État policier.

Au bout d’une heure, les CRS n’ont même plus tenté de sauver les apparences et ont littéralement encadré la manifestation, marchant au même pas qu’elle, l’entourant de toutes parts. Cinquante devant. Autant sur chaque bord, arpentant le bitume à nos côtés. Et cinquante derrière, avec leurs estafettes roulant au pas à l’arrière (les autres sécurisant les proches environs par escouades entières). Pour te dire : la manifestation aurait voulu dévier d’un mètre qu’elle n’aurait pu. Sans doute que l’itinéraire - Jaurès, Gare du Nord, Barbès, Stalingrad - a joué, le pouvoir ne craignant rien tant que de voir les militants faire jonction avec les quartiers populaires. Ce ne sera pas pour cette fois…

Un tel déploiement de forces - aussi incroyable que ridicule - dit bien sûr beaucoup. Sur les moyens que l’État est disposé à mobiliser pour annihiler toute velléité de mobilisation de ces militants qu’il assimile à la « mouvance anarcho-autonome » (le coût du dispositif policier a sans doute de quoi filer le vertige). Sur le contrôle des mouvements sociaux que le pouvoir entend instaurer, pour éviter tout scénario à la grecque. Et - surtout - sur les peurs et fantasmes du même pouvoir.

Les photos qui suivent n’ont qu’un intérêt limité. Mais elles disent l’omniprésence des forces de l’ordre et donc, en filigrane, l’affolement du pouvoir (on se rassure comme on peut…).

Ils sont mille, nous sommes cent

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COMMENTAIRES

 


  • samedi 15 mai 2010 à 23h08, par un-e anonyme

    J’aime bien la dernière photo :).

    Quand tous les médias paniquent d’avance pour un apéro facebook et s’inquiètent du manque d’encadrement - et se préparent à légiférer et sévir, l’air de rien -, je ne sais plus si parler « d’affolement » du pouvoir est bien rationnel...

    • dimanche 16 mai 2010 à 10h45, par Big Brother

      de mon point de vue, ce qu’il faut voir, c’est que , sur les photographies présentées,aucun des CRS ne regarde sa montre.
      c’est un signe que la manif est bonne.
      qu’est-ce qu’ils iraient s’emmerder à un apéro facebook, franchement ?

    • dimanche 16 mai 2010 à 18h31, par un-e anonyme

      Le Pouvoir ne s’affole pas. Il s’amuse plutôt ...

    • lundi 17 mai 2010 à 12h33, par un-e anonyme

      Au contraire , un tel dispositif , pour une manif aussi ridicule est la preuve par neuf de la trouille du pouvoir.

      Les militants peuvent être manipulés , isolés , neutralisés...Voire(on y arrive tout doucement) , être éliminés physiquement.

      Ce pouvoir a perdu la bataille idéologique : le délire sur la Burqua , l’affaire Soumaré et autres calambredaines n’ont pas (c’est le moins qu’on puisse dire) eu l’effet escompté.

      La véritable chtouille de ceux qui nous gèrent comme un troupeau de moutons , est l’apparition d’une population moins prévisible , moins résignée et moins facilement manipulable.

      Le résultat de la campagne médiatique concernant la grippe A a été une très désagréable surprise en haut lieu...

      Pour le moment , festival de Cannes et coupe du monde de foot maintiennent le calme dans la population...

      Par ce que le pouvoir , et les petits lobbys sécuritaires associés sont parfaitement conscients que dans le cas contraire , la situation deviendra incontrôlable.

      Mais , j’ai confiance : les services de renseignement se sont préparés à cette éventualité...

      • lundi 17 mai 2010 à 14h36, par lémi

        @ Anonyme : oui, ce n’est qu’un avant-goût, c’est certain, ils se rôdent. En parlant d’« affolement », on cherche à se rassurer, c’est certain. Ceci dit, je pense qu’il y a une part de vérité là-dedans : derrière l’aspect purement répressif se cache une peur du pouvoir. Mais j’ai bien peur que cette peur soit infondée, se base sur ce « fantasme » dont on parle.

        @ Big Brother : Et même, aucun d’eux ne baille. La victoire est à nous !

        @ Anonyme 2 : Autant je ne crois pas totalement à la théorie de l« ’affolement », autant « l’amusement » m’apparaît exagéré. Une telle débauche de moyens implique (rien que par son coût financier) qu’ils prennent la chose très au sérieux.

        @ Anonyme 3 : tu es très (trop ?) optimiste.

        La véritable chtouille de ceux qui nous gèrent comme un troupeau de moutons , est l’apparition d’une population moins prévisible , moins résignée et moins facilement manipulable. : là, je te suis.

        Pour le moment , festival de Cannes et coupe du monde de foot maintiennent le calme dans la population... S’ils n’avaient que ça comme moyens à disposition pour encourager l’apathie, ce serait magnifique. L’apathie, ils la gagnent au jour le jour, dans le quotidien de chacun, sur tous les supports et sur tous les fronts, pas seulement par quelques grand-messes consuméristes.



  • dimanche 16 mai 2010 à 09h24, par Fred., de L.

    Anarchistes, et pas content quand la mobilisation (entendre, l’organisation de la manifestation) est mauvaise. (je viens de lire l’interview avec Ruffin).

    Ceci dit, oui, c’est effarant ce surnombre...

    • dimanche 16 mai 2010 à 10h32, par Ian

      Ce serait cool d’argumenter et d’expliquer en quoi l’organisation était mauvaise. Il est facile d’attaquer ceux qui tentent de s’organiser lorsque beaucoup ne veulent pas s’organiser du tout. J’attends l’argumentaire béton qui va avec, ça permettra - au moins - d’engager un débat.

      • dimanche 16 mai 2010 à 13h06, par Fred., de L.

         :-)

        Je disais que je lisais l’interview de Ruffin, là où il est écrit qu’à l’Article XI, vous n’êtes pas pour les organisations de type partis ou syndicats ou tout ce qui a émaillé les 200 dernières années de lutte des classes. J’en ai conclus, bêtement-naivement-atortprobablement, que « noorg », ça se rapprochait de « anar ». Mais dans le dédale de tout ce qui se dit et se fait, je ne prétends pas tout connaître, et j’avoue que tout cela me laisse perplexe. D’où ma réaction précédente. J’imagine que la pédagogie défaillante et l’argumentaire mal ficelé ne sont pas que de mon côté.

        Avec le sourire. :-)

        • lundi 17 mai 2010 à 14h50, par lémi

          @ Fred de L’.

          On crache pas sur l’organisation de la manif, on regrette le peu de personnes présentes, c’est différent (et je ne suis pas d’accord pour dire que mobilisation rime avec organisation. En l’occurrence, si personne ne s’est bougé, c’est plutôt parce que No Border ne plaît pas à toutes les chapelles parisiennes, je le déplore). Par ailleurs, je ne crois pas que se poser en Anar implique de refuser toute forme d’organisation (long débat), tout dépend de la manière dont la manif est pensée et organisée.

          là où il est écrit qu’à l’Article XI : en passant, ArticleXI ne peut se résumer à une seule vision. Entre les différents participants, tu trouveras pas mal de divergences, encore heureux. Ce billet n’impliquait que Lémi/Jbb/Ben.

          @ Ian

          Rien à reprocher à l’organisation. Il me semble que la manif était annoncée partout. D’ailleurs, l’article s’attaque à deux éléments : la surprésence policière, le manque de mobilisation. L’orga n’y est pour rien, en tout cas d’après les éléments que j’ai en main.



  • dimanche 16 mai 2010 à 09h32, par conseils

    C’est clair que pour surveiller 1000 CRS en furie, et tout de cuir vêtus -genre happening SM- 100 personnes à peine ça fait un peu juste.

    La prochaine fois il faudra faire en même temps un appel à se piquer la ruche par fessebouc, ça aurait fait venir beaucoup plus de monde.

    Ou alors les gens ont lu « no bordel » au lieu de « no border » et ils ont été déçus car, justement, ce qu’ils veulent en ce moment, les gens, c’est le gros bordel.



  • dimanche 16 mai 2010 à 14h12, par Cobab

    Dès le vendredi soir ils étaient déployés, interdisant notamment le stationnement sur tout le parcours. Pendant la manif, ils ont fermés les squares, occupé la gare du Nord… Alors que l’itinéraire choisi, l’appel aux migrants, ainsi que tout ce qu’ont fait les no border depuis qu’ils existent disait assez ce que devait être la manif.

    Le matin ils étaient passés avertir les réfugiés qui squattent un peu partout dans le coinstot qu’ils avaient pas intérêt à nous rejoindre ni même à nous parler, ni à traîner ensuite à la rotonde…

    • lundi 17 mai 2010 à 14h54, par lémi

      Oui, comme à Calais pour le sommet No Border, les grands moyens étaient prévus depuis belle lurette.

      Le matin ils étaient passés avertir les réfugiés qui squattent un peu partout dans le coinstot qu’ils avaient pas intérêt à nous rejoindre ni même à nous parler, ni à traîner ensuite à la Rotonde : on a oublié de le mentionner, merci de le rappeler, c’est pas anodin.



  • dimanche 16 mai 2010 à 15h05, par Maximus

    Ça me fait penser à Strasbourg... Une belle démonstration de force, sans doute. Mais cela donne à la manifestation l’importance que les mass médias nous refusent. Je trouve cela très bien, plus y’a de flics, plus certaines personnes vont finir par comprendre qu’on s’éloigne chaque jour de la liberté. Bien sûr ça oblige les manifestations a s’assagir, tant que l’on reste 100, a bon entendeur.

    • dimanche 16 mai 2010 à 15h55, par Deor

      D’après Wikipedia et avec un grossier calcul : il y aurait environ 150.000 flics en France (disons 100.000 en enlevant les scientifiques, ceux qui gardent des bâtiments administratifs, religieux, historiques, ceux vissés aux bureaux, bref, ceux qu’on ne devrait pas voir dans la rue).

      Ajoutons environ 80.000 gendarmes, puisque de nos jours l’armée est aussi de la partie pour mater les honnêtes gens.

      Ca nous donne, avec le ratio de 10 pour 1 manifestants engendré par ce genre de mot d’ordre, qu’il faudrait bouger environ 18.000 personnes réparties un peu partout pour tous les mobiliser... pas si énorme, finalement.

      • dimanche 16 mai 2010 à 16h26, par un-e anonyme

        il reste toujours l’armée si jamais les forces viennent à manquer. Et les aspirants policiers se ramassent à la pelle.

        • lundi 17 mai 2010 à 14h58, par lémi

          @ Maximus : toujours le même dilemme : doit-on se réjouir ou s’effrayer du déploiement policier ? J’aurais tendance à être plutôt pessimiste, quand même.

          @ Deor : j’aime bien le calcul. 18 000 seulement ? A raison de 180 personnes motivées faisant jouer leurs cercles d’amis et leurs familles (100 personnes, c’est pas la mer à boire), on les trouve fastoche. Mhh. Tremblez, gouvernants !

          @ Anonyme : il faut toujours que quelqu’un vienne casse nos doux rêves...



  • dimanche 16 mai 2010 à 16h36, par De Guello

    Ce n’était pas le bon jour pour manifester,il fallait défiler le dimanche 9 mai avec de gentils fachos(600 à 700) qui criaient« La France aux Français »,ils étaient même cagoulés et les gentils poulets n’ont rien dit,pas de cordon de CRS,pas de casques.

    La mode ce printemps est au « salut nazi »La France aime le brun caca,elle est à 53% crade.

    • lundi 17 mai 2010 à 15h00, par lémi

      Bizarre, hein ? Il semblerait que certains aient droit à un traitement de faveur. Comme si ils avaient une proximité idéologique avec le pouvoir en place. Étrange...

      La France aime le brun caca : on ne saurait mieux dire



  • dimanche 16 mai 2010 à 19h13, par Quadru

    Une nouvelle démonstration que le Sarkoland nourrit des peurs irraisonnées sur ce que nous représentons : un syndicat de policier veut faire interdire le concert du 19 à Rouen, prévu dans le cadre des manifestations de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel (voir le site www.soutien-villierslebel.com/, ou celui du Jura Libertaire). Si on veut sortir de la nasse, il nous faudra bien être bien pires que ce qu’ils redoutent, et en particulier recourir à cette arme dont ils ne disposeront jamais : l’imagination.
    Mais bon, avant d’en arriver là, y’a du boulot.

    Voir en ligne : http://quadruppani.samizdat.net/ ht...

    • lundi 17 mai 2010 à 15h04, par lémi

      Hey l’ami.

      Il semble en effet que Villiers-Le-Bel constitue un autre jalon de poids dans leur calendrier de la répression disproportionnée. D’autant que les 4 malheureux chopés sur dénonciation anonyme et rémunérée (!!!) vont surement écoper d’un maximum (il faut faire un exemple).

      Je te rejoins à 100 % sur l’imagination. Sûr qu’il y a quelque chose à réinventer si on veut vraiment peser dans la balance et être pire que ce qu’ils redoutent. Ce sera long. Mais, comme on ne dispose pas du nombre pour l’instant (et de loin), il n’y a pas d’autre échappatoire. Messieurs, à vos cerveaux !



  • dimanche 16 mai 2010 à 21h21, par fred

    A ben on s’amuse bien à Paris ... en tout cas bien plus qu’aux Glières ...

    À Paris, nous étions tout juste 100

    Un seul suffit ...

    Et encore combien « en civil » ? La moitié ?

    En tout cas il ne vous ai rien arrivé ! Imagine une voiture pilotée par une conductrice en burqua qui vous fonce dessus !

    Perso je trouve que c’est une bonne manif .. pas de bris de glace, pas d’interpel et ça décrédibilise le déploiement sécuritaire... faut viser le long terme ... c’est une guerre d’usure. Tu imagines si ça se passe dans un grand nombre de villes - mobiliser entre 50-100 personnes c’est pas un prob ... bon j’arrête je vais encore me faire remarquer ...

    On va voir si ça fait un encart dans la presse à papa demain ...

    et à Bangkok par contre ils tirent à balles réelles ...

    • lundi 17 mai 2010 à 09h26, par Karib

      Il ne faut pas être jaloux de Bangkok. Pour l’instant, ils rodent la machine, expérimentent « en temps réel » (comme ils disent), mais si d’aventure nous étions aussi nombreux que les chemises rouges, nul doute qu’ils tireraient à balles réelles. D’ailleurs, la balle de flashball n’a rien de virtuel et elle a déjà crevé quelques yeux, fracturé pommettes, mâchoires ou clavicules. Patience, « nous à France aussi on aura, de beaux assassinats..... »

      • lundi 17 mai 2010 à 15h12, par lémi

        @ Fred Perso je trouve que c’est une bonne manif : c’est vrai que, d’un certain point de vue, la manif était tout à fait sympathique. Et puis, le soleil était de la partie, alors, on aurait tort de se plaindre...

        C’était bien, les Glières ?

        @ Karib : oui, c’est certains que si on représentait la même menace que les Chemises Rouges, ils feraient parler la poudre. D’ailleurs, les rares moments où la tension montait, ça se sentait que le tonfa les démangeait. Frustrés, qu’ils étaient, nos pauvres agents de l’ordre. Bien tenté d’en réconforter certains en leur disant que ce n’était que partie remise, mais z’étaient inconsolables, les pauvres...

        • lundi 17 mai 2010 à 22h23, par fred

          à Karib

          Je ne voulais pas du tout faire de mauvais esprit (cette fois) ... bien au contraire ... mais que fait Kouchner « héla mille fois hélas » !!!

          à lémi

          heu ... honnêtement, c’est gentil comme rassemblement ... trop même et de la à parler de résistance (c’est plutôt vous qui avez résisté dimanche) ... mais le coin est très beau ... en fait il faut y aller hors commémoration. Cette montagne qui s’ouvre est impressionnante



  • lundi 17 mai 2010 à 09h34, par Tartanpono

    Je ne pense pas que le faible nombre de manifestants soit dû à un manque d’info. Ça faisait assez longtemps que l’appel à manifester courait sur internet ou ailleurs. Donc, c’est clairement pas là que s’est joué la question de la faible participation.
    J’ai pour ma part tenté de rallier la manif, avec deux ou trois copains-copines. On étaient un peu en retard et devant le déferlement de flicaille, on est allé tranquillement s’abriter dans un café, le temps que la merde bleue cesse de pleuvoir... c’est-à-dire longtemps !

    Je pense que le problème majeur de ce type d’action, c’est que de moins en moins de gens veulent terminer leur balade au comico du XVIIIe ou du XIe, même au prix d’une déambulation plutôt festive...
    Parce que ce qui est aussi flagrant aujourd’hui, c’es que l’on est pas foutu d’organiser un truc bien tranquille ou n’importe qui pourrait venir sans crainde de se prendre un coup de trique dans la gueule et sans voir son nom enrichir les listes des ex-RG...

    Par contre, je pense qu’il faudrait clairement s’inspirer des allemands pour nos sorties. Et je parle pas forcément de s’habiller en noir et tout le folklore qui va avec. Je parle plutôt des banderoles sur les côtés, du fait de se tenir en chaine pour éviter de se faire tronçonnner la manif, de quelques fumis contre les caméras, de demander au gens de venir systématique en groupe, de faire attention aux dispersion, et surtout d’accepter le fait que actuellement, le contrôle de la rue nous échappe pour une raison ou une autre et qu’il faut pour le moment en tenir compte...

    En tout cas, big up et gros bisoux pour les organisateurs. On fera mieux la prochaine fois...

    • lundi 17 mai 2010 à 09h47, par Tartanpono

      A ce propos, je tiens à préciser que lors de la manif antifa du 9 mai, les civils, flics ou ex-RG collaient systématiquement le cortège. Et on a eu un mal fou à les faire dégager. La banderole latérale serait donc un bon moyen de les empêcher de voir et de pénétrer le cortège

    • lundi 17 mai 2010 à 12h23, par un-e anonyme

      Pas d’accord sur la diffusion de l’info. L’information a surement circulé, mais dans un réseau restreint d’habitués, de connaissances, de groupes plus ou moins organisés...

      N’étant pas un fervent pratiquant de ces milieux, je n’ai pas été mis au courant. J’ai pourtant l’habitude de suivre les mouvements et de me déplacer autant que possible. Résultat : dimanche j’étais affalé dans l’herbe à bouffer des saucisses.

      Je crois qu’il ne faut pas nier un certain manque d’ouverture des réseaux alternatifs, notamment envers les classes populaires. Il y a certainement des progrès à faire sur ce point, sans pour autant renier les principes.

      • lundi 17 mai 2010 à 14h24, par Tartanpono

        Rien que sur internet, c’étais sur Indy Paris, sur demosphère, annoncé sur un tas de blogs...
        Et moi qui ne suit pas vraiment du milieu qui a organisé cette manif et pas non plus de celui qui s’y est très certainement rendu, je connais même des gens en dehors de Paris et de France qui en avait entendu parler...

        • lundi 17 mai 2010 à 15h20, par lémi

          @ Tartanpono

          Je ne pense pas que le faible nombre de manifestants soit dû à un manque d’info. Tout d’accord. Il était facile de se tenir au courant. Par contre, le fait que ce soit No Border a surement joué, certains s’en méfient. Et c’est vrai que ça sentait son « comico pour tous » à plein nez. Ce n’est pas une raison...

          je pense qu’il faudrait clairement s’inspirer des allemands pour nos sorties. eheh, Article11 étant toujours en avance d’une guerre, on mettra en ligne d’ici bientôt (demain ou mercredi, à priori) un entretien avec l’ami Alain Charlemoine, militant No Border de Berlin qui n’est pas forcément tendre avec l’orga à la française.

          Le coup de la banderole latérale implique de s’enfermer de tous côtés (devant, derrières, côtés), sinon ça ne sert à rien. Et puis, ça ne peut marcher qu’avec un petit nombre de personnes. Mais c’est une piste.

          @ Anonyme : Je suis plutôt d’accord avec Tartanpono, l’info était facile à trouver sur les sites habituels et plutôt bien foutus (démosphère et indymédia Paris). Evidemment, il faut connaître, mais pas moyen de faire autrement. Comment les annoncer dans des lieux plus grand public ?

          Dimanche j’étais affalé dans l’herbe à bouffer des saucisses. : c’est très bien aussi, comme programme...

          • lundi 17 mai 2010 à 20h24, par un-e anonyme

            @ lémi

            Et c’est vrai que ça sentait son « comico pour tous » à plein nez. Ce n’est pas une raison...

            C’est vrai que ce n’est pas une raison. Mais bon, on peut de toute façon pas reprocher à des gens qui veulent pas tater de la maréchaussée et de la vérification d’identité de ne pas être venu. De plus, je les comprend, car techniquement, je n’étais point à la manifestation ;)

            Le coup de la banderole latérale implique de s’enfermer de tous côtés (devant, derrières, côtés), sinon ça ne sert à rien. Et puis, ça ne peut marcher qu’avec un petit nombre de personnes.

            Je ne suis pas tout à fait d’accord. En Allemagne certaines manifs n’ont que les vingt ou trente premiers rangs avec des banderoles latérales. Pour d’autres manifs, la répartition est plutôt inégale, avec quelques fois des alternances tas de banderoles latérale, gros vide, etc...
            Et pour l’avoir vu et pratiqué, ça marche très bien pour les grands cortèges qui ne sont alors que des additions de petites masses qui font bloc en cas d’intervention de la flicaille. A Berlin et Hamburg, les cortèges rassemblent quelques fois près de 10 000 personnes, ce qui représente tout de même une grosse masse, et très souvent les trois-quarts ou la moitié de la manif sont avec des banderoles latérales.

            Mais c’est une piste.

            Je suis d’accord, c’est une piste. Qui doit être creusée et légèrement adaptée au stratégies policières françaises...

            un entretien avec l’ami Alain Charlemoine, militant No Border de Berlin

            Charlemoine, c’était le mec de l’Otan, barbe de quelques jours, avec un kawai blanc, et une tignasse de lion... ?

            SI c’est lui, je comprend, après Strasbourg et le sommet de l’OTAN qu’il trouve que les français sont des nazes dans l’auto-organisation. Le décalage était tout simplement hallucinant entre les allemands, les autres groupes d’étrangers et quelques groupes français et le gros tas de frenchies de l’autre côté, complètement à la ramasse à tout les niveaux...

            • lundi 17 mai 2010 à 20h41, par Tartanpono

              Oups...

              J’ai oublié de signé, mais c’est moi le post juste au-dessus

            • lundi 17 mai 2010 à 22h40, par fred

              SI c’est lui, je comprend, après Strasbourg et le sommet de l’OTAN qu’il trouve que les français sont des nazes dans l’auto-organisation. Le décalage était tout simplement hallucinant entre les allemands, les autres groupes d’étrangers et quelques groupes français et le gros tas de frenchies de l’autre côté, complètement à la ramasse à tout les niveaux...

              à Tartanpono

              Tu as raison sur toute la ligne ... niveau désorga dans l’orga, on est gratiné ...

              • mardi 18 mai 2010 à 09h08, par JBB

                Juste :

                « Charlemoine, c’était le mec de l’Otan, barbe de quelques jours, avec un kawai blanc, et une tignasse de lion... ? »

                Oui, c’est lui.

                « SI c’est lui, je comprend, après Strasbourg et le sommet de l’OTAN qu’il trouve que les français sont des nazes dans l’auto-organisation. »

                Il est méchamment cool, alors il le dit pas comme ça. Mais y a de ça, oui… :-)

                • mardi 18 mai 2010 à 15h26, par Tartanpono

                  Il est méchamment cool, alors il le dit pas comme ça. Mais y a de ça, oui… :-)

                  J’attends cet entretien avec impatience...



  • mardi 18 mai 2010 à 12h12, par Adrien Du Katanga

    100 manifestants, ça situe l’impact de No Border dans le milieu contestataire : ultra-faible. Cela étant, la surprésence policière en cas de petite manif, pas seulement de manif No border, relève à mon avis d’une tactique. Les forces de l’ordre cherchent à phagocyter des manifestants dont l’engagement est trop pointu que pour mobiliser les masses amorphes. Un peu comme une couverture qu’on met sur une flammèche. C’est une hypothèse, mais j’ai vu beaucoup de policiers, presque à chaque mobilisation de petits groupes de contestataires à Bruxelles ces derniers mois. Sauf à une manif de Congolais. Je pense que c’est psychologique.
    Les Congolais ne sont pas bien « vus ». En cas d’arrestation, certains risquent de se faire expulser. Surtout, les Congolais ne peuvent vivre sans le soutien de leur communauté. Or celle-ci risque de se braquer s’il y a des affrontements. Et puis, surtout, les forces de l’ordre étaient assez favorables au point de vue des manifestants. Les Belges ne tiennent pas tellement à apporter leur caution au régime de Kabila. Il y a les bons Congolais et les autres.
    Beaucoup de policiers en civil cependant. Mais c’est une constante lors des manifestations de Congolais qui s’enflamment vite, imprévisibles. Il s’agit de repérer les meneurs.

    Mais j’en reviens à No Border. L’avantage d’une présence accrue de policiers, c’est qu’il n’y a pas d’affrontement. La police reste très calme. Il y en a certains que ça déçoit chez les policiers, inutile de le dire. Le seul problème, ce sont les pressions. Difficile de dire aux policiers : « Et si on faisait un sitting, juste ici »... Ou : « Bon, on voudrait que les gens voient nos calicots. Sinon à quoi ça sert ! » Réponse possible des flics : « Essayez d’inventer de meilleurs slogans » ! Et pan dans les gencives. Un double sens. Il y a même un fond de vrai. C’est un fait, ça, le manque de clarté des slogans, des explications fournies par certaines organisations contestataires. Quand il n’y a pas d’affrontements, on dirait qu’on n’a plus rien à dire. Pour moi, c’est ça la vraie faiblesse du mouvement. Il y a plusieurs raisons à cela bien sûr. Il y a le fait que le pouvoir tape systématiquement sur le clou. Il y a la loi du silence qui concerne certains agissements de l’état, le noyautage des organisations, le sabotage des débats. Mais la contestation aussi commet des erreurs. On dirait que No Border accorde moins d’importance à l’imagination, à l’autonomie des groupes, mais surtout à l’organisation, qu’au début. Il ne faut pas confondre organisation et autoritarité. Pour moi, il y a un phénomène autoritaire qui se produit quand l’auto-organisation fait défaut. Pourtant, au départ, No Border avait pour véritable leitmotiv la construction d’un arsenal de tactiques, de moyens de contestation, leurs développements et leur mobilisation dans des workshops. Qu’en est-il actuellement ? Ne dirait-on pas un groupe de politicards style Besancenot, ou autres.

    Plein d’autres mouvements de contestation sont confrontés au même problème. Il y a un intellectuel, M. Benasayag, qui a parlé d’une boite à outils qui servirait à une nouvelle radicalité à promouvoir son point de vue, mais cela reste surtout à l’état de projet.
    Merci, cependant pour l’article, et l’info, très utile.

    Voir en ligne : La boite à outils de la contestation

    • mardi 18 mai 2010 à 15h23, par Tartanpono

      Je ne connais pas très bien No Border... mais tes critiques sur son évolution sont à peu près les mêmes que deux potes allemands qui m’avait dressé un portrait effrayant de certains débats et positions au sein de No Border en soulignant toutefois que les français n’étaient pas forcément les pires, mais qu’ils avaient la capacité de foutre systématiquement la merde sur tout un tas de trucs (Certains ! pas tous. je mets pas tout le monde dans le même sac et vu l’organisation interne de No Border cette nuance est importante, je pense). D’ailleurs, les français ont une réputation horrible dans toute l’Europe.

      Quand il n’y a pas d’affrontements, on dirait qu’on n’a plus rien à dire. Pour moi, c’est ça la vraie faiblesse du mouvement.

      Je suis à fond d’accord avec toi. Il y a clairement un problème de ce côté là.

      Mais la contestation aussi commet des erreurs.

      Je ne sais pas si on peut parler d’erreurs. Après tout, si la contestation se déroule ainsi c’est qu’on est un peu tous responsable de la laisser aller dans ce sens. Au final, il y aurai eu 10 000 personnes à la manif No Border, la situation aurait été sensiblement différente. Et puis parler d’erreurs, c’est quelques part évoquer les « erreurs » des organisateurs, de ceux qui acceptent de participer à l’auto-organisation. Au final, ils ont fait ce qui pouvaient avec ceux qui sont venus... et c’est déjà pas mal.

      On dirait que No Border accorde moins d’importance à l’imagination, à l’autonomie des groupes, mais surtout à l’organisation, qu’au début

      Alors là, jte crois sur parole, je n’étais pas là au début et je n’ai pas vraiment suivit le mouvement No Border, à part quelques actions au Danemark et en Hollande qui étaient gigantissimes.

      Il ne faut pas confondre organisation et autoritarité

      Alors là, je plussoie... je dirais même plus, il ne faut pas confondre auto-organisation et autoritarité...

      Pour moi, il y a un phénomène autoritaire qui se produit quand l’auto-organisation fait défaut.

      Encore d’accord...

      Plein d’autres mouvements de contestation sont confrontés au même problème.

      Cela à un côté autant angoissant que rassurant...

      • mardi 18 mai 2010 à 20h55, par fred

        une solution en-hors des postures militantes radicales ?

        Les quelques centaines d’infirmiers anesthésistes qui bloquaient la circulation des TGV à la gare Montparnasse mardi après-midi ont évacué les voies en fin de journée. Les personnels hospitaliers, qui manifestaient dans la matinée à Paris, avaient fait irruption dans la gare vers 13h, sortant de l’itinéraire prévu pour leur manifestation, et empêchant toute circulation des trains à destination de l’ouest de la France et de la région parisienne. Selon un porte-parole de la SNCF, plus de 10.000 personnes sont restées bloquées dans des trains aux abords de la gare.

        La plupart des manifestants installés sur les rails - 500 selon la police - ont quitté les voies à la demande des organisateurs, mais une centaine d’entre eux ont refusé de bouger, provoquant l’intervention des gendarmes mobiles. Sans incident et dans le calme, ces derniers ont évacué un par un les derniers manifestants.

      • mercredi 19 mai 2010 à 02h58, par un-e anonyme

        Connait les No Border qui a discuté avec eux plus de cinq minutes sur un camp (qui est là pour ça, tant qu’à préciser au passage...).

        De tous ceux qui critiquent ce courant d’idées je ne lis quasiment que des « ah, je connais les NB parce que untel a entendu dire que les NB c’étaient des gros vilains, alors c’est que ça doit pas être faux », et ça me navre, car si ce n’est pas derrière les caméras, ou par moyen de communication interposé on ne rechigne pas à débattre et à donner nos positionnements.

        La proteste n’a certes pas regroupé grand monde, mais c’était une vraie « manifestation », il ne s’agissait enfin plus d’une balade avec un gros cam’tar et trois slogans que l’on chante tous en dansant... On était en colère. Pas en nombre, et pas en mesure de tenter d’imposer un rapport de force là où on se serait fait exploser la gueule par du keuf suintant de haine et puant l’envie d’abattre la matraque sur du manifestant... Mais tous convaincus par nos idées à défendre, et prêts à le gueuler, merde, qu’est-ce que tu proposes de concret toi, contre les frontières ? Pour la liberté de circulation ? Vas-y mobilise et parle des modes d’action que tu envisages ! J’accepte même d’en être taxée de suiviste, tiens !

        Tout le long du parcours on faisait des pauses et on expliquait aux passants (ahuris par notre nombre (risible, donc, puisque tout le monde semble y tenir) mais surtout par le dispositif de répression) ce qu’on foutait là, pourquoi nous avions choisis ce parcours en particulier pour cette manifestation pour la liberté de circuler, et même si ça n’a pas fait descendre une foule (ça n’en a jamais été le but, d’ailleurs) , cela a eu son utilité : la palme du ridicule revient à l’Etat.
        Et peut-être que c’est de ça « qu’ils » ont peur, ceux qui envoient l’artillerie lourde : que les émotions sortent, et que la colère se déverse, qu’elle déborde, qu’elle ne soit plus vendue maquillée dans les médias, comme unique fruit d’une sensibilité politique extrémiste : la violence (!)... mais qu’elle explose comme en Grèce, comme espérons-le bientôt en Espagne et en France.

        A un moment pour avancer, il faut se dire les choses, c’est certain, mais peut être pas par le biais de messages foireux sur la Toile, mais lorsqu’on se croise physiquement, et pas forcément toujours « sur le terrain », il faut prendre parfois le temps de discuter à tête reposée. Pas arriver avec ses gros sabots et les oreilles fermées... C’est très français ça, par contre, j’ai l’impression.

        Et faut pas croire que partout les français sont tournés en ridicule : en Italie, beaucoup de banderoles françaises sont accrochées dans les centres sociaux anars et totos, et elles n’ont pas une place ridicule, et souvent y a moyen de discuter un peu des différentes méthodes chez les uns ou chez les autres... En buvant un coup avant d’aller à l’AG du centre, et d’échanger.

        Et, je viens d’écrire ça mais : quand bien même, qu’est-ce qu’on s’en tape de qui pense quoi de nous ? Si d’aucun s’en préoccupe, c’est peut-être que c’est d’abord chez lui que doit se faire la remise en cause, non ?

        Et si ça arrêtait d’attendre le Grand Soir ?

        • mercredi 19 mai 2010 à 07h34, par fred

          MIB - No Border à Stras 2002 - Anti Otan - Calais ... encore et toujours les mêmes symptômes...

          mais lorsqu’on se croise physiquement, et pas forcément toujours « sur le terrain », il faut prendre parfois le temps de discuter à tête reposée

          oui !

        • mercredi 19 mai 2010 à 10h29, par Tartanpono

          Connait les No Border qui a discuté avec eux plus de cinq minutes sur un camp (qui est là pour ça, tant qu’à préciser au passage...).

          Bien sur, mais comment fait-on lorsqu’on ne peut se rendre au camp. Et lorsqu’on a pas le temps parce qu’on a un taf qui nous vole 35 heures ou plus de notre vie chaque semaine... Surtout que les No Border n’ont pas un tampon au milieu du front signifiant au quidam leur appartenance au réseau, donc au final, tu peux autant discuter avec un touriste, un mec peu au fait du No BOrder et venu pour se renseigner qu’avec un No Border. D’autant que je suppose que ceux qui en majorité viennent participer à ce genre de camp ont autre chose à faire que de venir écouter, non ? Ils veullent en premier lieu agir...

          De tous ceux qui critiquent ce courant d’idées je ne lis quasiment que des « ah, je connais les NB parce que untel a entendu dire que les NB c’étaient des gros vilains, alors c’est que ça doit pas être faux »,

          J’ai précisé que je ne mettais pas tout le monde à la même enseigne. On m’a parlé de certaines personnes qui foutait systématiquement ou de temps en temps le bordel, sans mettre tout le monde dans le même sac. De plus, on est des grands, capable de recouper nos infos tout seul et de choisir, tout seul aussi, les personnes à qui l’on accorde notre confiance. Donc t’es bien gentil, mais quand des personnes avec lesquelles j’ai des rapports affinitaires depuis plus de cinq ans, qui sont donc ma famille, mes amis, mes amants, me dise quelque chose, m’informe de ce qui se passe quelque part, je les crois.
          Et comme le souligne quelqu’un plus haut, il m’avait semblé que le No BOrder était censé être un réservoir de pratique et non un courant d’idée comme tu as l’air de le dire dans la première partie de ta phrase...

          et ça me navre,

          Ben désolé, mais il faut bien que ça apparaisse quelque part. En particuliers, lorsqu’on a pas trop le temps parce que tout un tas de contraintes sociales et économiques nous obligent à nous prostituer tout les jours pour un salaire dérisoire.

          car si ce n’est pas derrière les caméras, ou par moyen de communication interposé on ne rechigne pas à débattre et à donner nos positionnements.

          Tu remarqueras tout de même que personne n’a dit que les No BOrder était des gens sectaires complètement fous qui refusaient bec et ongles de discutés. L’essentiel du propos est de dire que le No Border d’aujourd’hui ne semble pas ressemblé au projet initial (sur le mode de l’interrogation, pourquoi cela à changer/évoluer) mais aussi de faire remarquer que les problèmes rencontrer par le No Border pour mobiliser semble être les mêmes que d’autres groupes/réseaux/individus, d’où un discussion sur les tactiques et les pratiques...

          La proteste n’a certes pas regroupé grand monde, mais c’était une vraie « manifestation »,

          Personne n’a dit le contraire.

          On était en colère. Pas en nombre, et pas en mesure de tenter d’imposer un rapport de force là où on se serait fait exploser la gueule par du keuf suintant de haine et puant l’envie d’abattre la matraque sur du manifestant...

          Le truc, c’est que c’est tout le temps comme ça. Donc faut reconnaître que il y a quelque chose qui cloche. IL y a un problème quelque part. En dehors des moments où l’on est capable d’imposer un rapport de force, on est comme paralysé. Et le problème majeur, c’est que les moments où on peut imposer le rapport de force ne sont pas nombreux.

          Mais tous convaincus par nos idées à défendre, et prêts à le gueuler, merde, qu’est-ce que tu proposes de concret toi, contre les frontières ? Pour la liberté de circulation ? Vas-y mobilise et parle des modes d’action que tu envisages ! J’accepte même d’en être taxée de suiviste, tiens !

          Personne ne taxe personne de quoi que ce soit. On part de la manifestation No Border pour émettre tout un tas de remarques, plus ou moins critiques, mais toutes respectueuses des différents courants du réseau No Border, afin d’inclure cette manifestation, avec ses points forts et ses défauts, dans une réflexion où nous estimons avoir autant le droit de dire ce que nous pensons qu’un mec de No Border.

          on expliquait aux passants

          Moi, c’est là que je suis pas d’accord. Expliquer au gens, ça sert à rien. Ça fait des siècles que y en a qui explique au gens ce qu’il faut faire, penser, dire, etc... Vu le résultat, cela ne sert à rien. Ça, c’est un autre truc qu’est chiant avec les français, c’est qu’ils veulent toujours expliquer au gens.

          Et peut-être que c’est de ça « qu’ils » ont peur, ceux qui envoient l’artillerie lourde

          Là aussi, je trouve ça douteux d’avancer ça. Qu’est-ce que tu en sais, qu’ils ont peur ? Et puis, peur de quoi ? Des gens de No Border, des anarcho-autonomes, des anarchistes ? Et quelque part, à quoi ça nous servirait de faire peur, pourquoi ?

          Remarque, c’est intéressant ce que tu dis, parce que ça fait émerger un autre problème, qui n’est pas propre aux français, celui-ci non plus, qui est la question de la confrontation. On nous dit tout le temps qu’il faut se confronter à l’état, à tout les niveaux. Celui des émotions, des sentiments (la peur), celui militaire et militant (le fameux et fumeux rapport de force)... Alors que la première chose qu’on voudrait faire, c’est s’enfuir le plus loin possible de toute cette merde... Ce qu’on voudrait c’est déserter notre vie d’esclave...

          que les émotions sortent, et que la colère se déverse, qu’elle déborde, qu’elle ne soit plus vendue maquillée dans les médias, comme unique fruit d’une sensibilité politique extrémiste : la violence ( !)

          Oui mais justement. Notre problème à nous, c’est de mettre en évidence, que nombre de nos actions, de nos slogans sont marqués par cette question de la violence. Et qu’on a décidement du mal à en sortir. Il ne s’agit pas de dire ici, qu’il faut entamé la même marche de moutons pacifiés des autres chapelles prétendument révolutionnaire mais bien de faire remarquer que la question de la violence est aujourd’hui quelque chose de beaucoup trop central dans le mouvement, une sorte de passage obligatoire qui nous amène à nous enfermer dans des postures et des discours qui ne reflètent pas forcément ce que l’on veut faire et dire.

          A un moment pour avancer, il faut se dire les choses, c’est certain,

          C’est ce qu’on est en train de faire. Ou tout du moins, qu’on essaye de faire... Et c’est pas facile...

          mais peut être pas par le biais de messages foireux sur la Toile, mais lorsqu’on se croise physiquement, et pas forcément toujours « sur le terrain », il faut prendre parfois le temps de discuter à tête reposée.

          On fait ça où on peut et quand on peut. Comme je l’ai déjà dit : vouloir imposer un seul lieu d’échange et de débat c’est exclure systématiquement ceux qui ne peuvent s’y rendre. Surtout que nous ce qu’on dit (enfin, si j’ai bien compris) c’est que les problèmes du No BOrder ne sont pas spécifiques au No BOrder et qu’il convient d’en parler à un niveau plus large.

          Pas arriver avec ses gros sabots et les oreilles fermées...

          Jouer les vierges effarouchées parce qu’on égratine l’évolution du No Border au passage n’est pas tip top non plus.

          Et faut pas croire que partout les français sont tournés en ridicule : en Italie, beaucoup de banderoles françaises sont accrochées dans les centres sociaux anars et totos, et elles n’ont pas une place ridicule, et souvent y a moyen de discuter un peu des différentes méthodes chez les uns ou chez les autres... En buvant un coup avant d’aller à l’AG du centre, et d’échanger.

          Je n’ai jamais dit que les français sont tournés en ridicule. Simplement, je remarque, que à plusieurs reprises, les français se sont distingués par leur manque flagrant d’auto-organisation et leur capacité à foutre la merde là où tout va bien... Le Sommet de l’OTAN tant certainement l’exemple le plus éclairant.
          Ça me fait penser à la banderole que de italiens avaient fait pour une manif, je me souviens plus trop quand, sur laquelle il y avait écrit : Nous sommes tous des recailles (la faute est authentique)... Bon, tu vois, au final, une banderole dans telle ou telle langue, cela ne veut pas dire grand chose...

          quand bien même, qu’est-ce qu’on s’en tape de qui pense quoi de nous ? Si d’aucun s’en préoccupe, c’est peut-être que c’est d’abord chez lui que doit se faire la remise en cause, non ?

          Le problème c’est que tu fais le contraire de ce que tu dis. Tu viens ici défendre le No Border alors que tu dis que tu t’en tape. De plus, on a rien remis en cause. On a juste fait remarquer qu’il y a actuellement un certain nombre de problèmes et de questionnement qui sont présents, ici là maintenant, et pas seulement chez les No BOrder, et qu’il serait temps de s’y intéresser.

          Le No Border, il a pas besoin de se défendre. Il vit sa vie. Indépendament de tout les gens qui font courir des rumeurs sur sont dos ou qui mettent en évidence ses défauts ou ses qualités.

          Au final, on ne fait ici que partager nos interrogations... Que cela participe d’une remise en cause personnelle, ça ne te regarde pas. Mais comme tu semble avoir toi aussi une relation affective à ta vie politique, tu peux comprendre à quel point ces questions nous semblent importantes et nécessaires d’être partagés. Parce que, on est tous un peu des gens de No Border, et que on a tous un peu notre mot à dire.

          Et si ça arrêtait d’attendre le Grand Soir ?

          Plus la peine de l’attendre, c’était hier...

          • mercredi 19 mai 2010 à 16h19, par un-e anonyme

            Ne faisons pas preuve de mauvaise foi, c’est vrai qu’en majorité on échange lors des camps (les touristes souvent ils sont autours du camp en tenue de combat bleu marine, tu peux pas les rater), mais il y a aussi les réunions des collectifs : à Paris il y avait un débat dimanche en fin d’après midi, c’était annoncé, ça, par exemple ! Et les réunions de préparation étaient relativement ouvertes (avec un minimum de distance au début n’est-ce pas, comme dans plein de milieux militants) et plein d’autres occasions encore de rencontrer du monde, puisqu’il ne s’agit pas que de NB comme tu le soulignais : les chômeurs et précaires filent des rdv quasi quotidiennement, les agendas indymedias sont souvent plein à craquer...Difficulté ou manque de volonté ? Ou manque de temps ? Si tu manques de temps, alors je suis désoléE (oui parce que je suis une femme, comme le soulignaient déjà quelques accords grammaticaux dans le précédent post, m’enfin c’est vraiment pas grave), mais si tu manques de temps pour venir discuter, organiser, participer... Euh ?! Je ne vois pas de solution... (rapproche toi des chômeurs et précaires, t’as l’air préoccupé par tes « obligations », y a énormément de réflexions sur le travail en ce moment, dans Offensive, la revue Z aussi...voilà une idée...)

            Dernière chose concernant NoBorder : ce n’est pas un mode d’action préconisé en particulier, mais – oui - un courant d’idées, finalement assez large et potentiellement fédérateur selon moi, qui n’exclue aucun mode d’action (d’où le « réservoir de pratiques ») : du militant « modéré » au militant « radical », mais qui ont les mêmes objectifs (et donc une solidarité qui n’est pas juste « potentielle »), axé en premier lieu contre les frontières qui empêchent la liberté de circulation et la liberté d’installation (va sur les blogs noborder et envoie des mails si tu veux connaître mieux, on te répondra avec enthousiasme je pense !)

            Tes potes et toi c’est cool si vous êtes en harmonie depuis 5 ans, tant mieux si tous les jours vous vous battez contre le système et ses diverses représentations, mais avant de critiquer frontalement d’autres militants, il serait moins indélicat de les rencontrer (en personne, ouais ouais) auparavant. Les « on m’a parlé » et les « on m’a dit que » c’est d’la gnognotte et tu constates bien que tu mets de l’huile sur le feu plutôt que de lancer des débats qui pourraient être intéressants si le ton était moins agressif (le coup des sabots, tu sais, là...).

            Et, pardon, mais juste je suis choquée par ta réflexion du « faut rien expliquer »... Mais tu sors d’où exactement ? Tu es né avec tes idéaux ? Personne ne t’as jamais aidé à aller de l’avant ? Sans honte aucune, il y a pour ma part encore tout un tas de choses que je ne connais pas, et je suis ravie quand quelqu’un se donne la peine de me l’expliquer, et à défaut je pose les questions, je me prends en main. Et les réactions étaient intéressantes en plus, les gens n’étaient pas du tout hostiles au no border (moins que beaucoup de militants absents ce jour-là il me semble...), tout en considérant bien que parmi les revendications il y a « abolition des frontières ».

            Que l’Etat s’effraie de notre présence dans la rue ? Je ne sais pas, c’est une piste de réflexion, et je pense qu’en dégainant les gros moyens systématiquement OUI, du coup ça fait comme si on était particulièrement dangereux et donc OUI, on fait peur aux gens. (y a plusieurs personnes qui disaient précédemment que la présence des keufs rebutaient les gens, et je pense qu’au bout d’un moment l’excuse de la peur du fichage ne tient plus... Qui est passé à travers les mailles des RG ? Qui peut y prétendre ? On n’en sais rien). D’où l’intérêt de dire qui on est. Quoi c’est un secret ce qu’on pense ? Je veux pas du tout fuir ni déserter une vie d’esclave (sans pour autant me surafficher) ! Jamais je me positionnerai en victime ! Je me battrai ce que je peux, aux côtés des 149 autres personnes présentes (humour, hein), et tant pis si on fait rien d’autre que gueuler. Où vois-tu la violence ? Dans les slogans ? Flics porcs assassins ? Un flic une balle justice sociale ? Soit, mais ils se réfèrent à la violence de l’Etat non ? Y en a assez d’cette société qui frappe les migrants expulse les enfants ? Ben ouais, en même temps y en a assez quoi, et ça fait du bien de le dire. D’où l’intérêt d’expliquer notre présence tout le long des manifestations quand l’occasion se présente (CQFD).

            Il serait temps aussi de débattre de la violence : c’est quoi, la violence ? Elle n’est centrale que pour qui regarde le JT de 20h sur TF1 ou sur Fr2... La seule violence que j’ai pu constater en manifestation venait des flics... On doit avoir le même sentiment n’est-ce pas ? On confond bien trop facilement colère et violence... Qu’entendais-tu par là alors ?

            Une alternative aux manifs ? Nous sommes sans doute beaucoup à être preneur-se-s, seulement pour ça, à un moment, il faut se rencontrer, non ? Il ne s’agit pas d’imposer des lieux de rencontre, il faut simplement s’accorder du temps et déjà aller aux rencontres proposées... Il y en a tant !

            Je ne critique pas tant que ça les débats qui ont lieu sur Internet, c’est juste loin d’être suffisant je pense..
            Quant à fuir... Où donc ? L’étau se resserre de partout !

            Et pour te répondre finalement, je ne fais pas la vierge effarouchée, et je ne prends pas particulièrement la défense de No Border, il me semble simplement que c’est facile de flinguer ceux qui essaient tant que possible de s’organiser quand on a pas levé le petit doigt au préalable pour essayer de construire quelque chose avec – ou sans expliquer clairement et au préalable où sont les problèmes qui rebutent d’autres à se joindre aux différents groupes militants et activistes...

            • mercredi 19 mai 2010 à 19h07, par Tartanpono

              Désolé pour le ton, ce n’est pas la première fois qu’on me le fait remarquer et donc je vais essayer de faire de gros efforts...

              Ne faisons pas preuve de mauvaise foi, c’est vrai qu’en majorité on échange lors des camps (les touristes souvent ils sont autours du camp en tenue de combat bleu marine, tu peux pas les rater),

              Je n’ai jamais dis qu’on échangeait pas lors des camps. Simplement, je doute qu’il y ai eu des débats de fonds sur les idées du « courant d’idées » No Border à Calais, par exemple. D’abord parce qu’il est difficile de parler sereinement avec une bande de mecs en bleu-marine à proximité. Aussi parce qu’il s’agit de réaliser un certain nombre d’actions que l’on ne peut pas faire d’habitude, faute de temps, en particuliers.
              Je vais prendre Strasbourg et l’OTAN (ce qui n’est pas forcément un bon exemple, mais bon). Quasiment aucun débat. Oui j’y est rencontré plein de gens sympa, j’ai eu des discussions sur pleins de trucs, je me suis fait des amis turcs, grecs, italiens et allemands. Mais au final, aucune discussion de fond sur l’anti-militarisme, sur la question de l’auto-organisation d’un campement, etc... Je parle pas forcément d’un truc organisé, mais bon, au final, ce qu’on remarque c’est que la question de l’anti-militarisme est passé à la trappe. Et ce pour plein de raisons : répression, présence policière, problèmes d’organisation, gros cons qui foutent la merde, etc... Donc je dis pas qu’il y a des responsables, des erreurs, mais bien un problème (je ne sais pas lequel) et qu’il faut le régler (je ne sais pas comment)...

              mais il y a aussi les réunions des collectifs : à Paris il y avait un débat dimanche en fin d’après midi, c’était annoncé, ça, par exemple ! Et les réunions de préparation étaient relativement ouvertes (avec un minimum de distance au début n’est-ce pas, comme dans plein de milieux militants)

              Y a-t-il un compte-rendu qui circule ? Ou une retranscription ? une vidéo ? du son ?

              mais si tu manques de temps pour venir discuter, organiser, participer... Euh ?! Je ne vois pas de solution... (rapproche toi des chômeurs et précaires, t’as l’air préoccupé par tes « obligations », y a énormément de réflexions sur le travail en ce moment, dans Offensive, la revue Z aussi...voilà une idée...)

              Je n’ai pas de solution non plus. Donc je fait quoi ? Je me tais parce que mettre un post sur internet c’est considéré comme un acte de lâcheté, l’équivalent d’un couteau dans le dos... Ou je dis les choses, comme je peux, un peu maladroitement, un peu agressivement... en espérant que les personnes qui vont me lire sont capable de faire la part des choses entre une tournure de phrase et ce que je pense et ce que je veux transmettre...

              (va sur les blogs noborder et envoie des mails si tu veux connaître mieux, on te répondra avec enthousiasme je pense !)

              Donc on est pas obligé de se rencontrer en vrai ? C’est finalement possible d’échanger comme on le fait ici, non ?

              mais avant de critiquer frontalement d’autres militants, il serait moins indélicat de les rencontrer

              Je répète ce que je dis depuis le début : La manif No Border a rassemblé 100 personnes. Il y avait près de 1000 policiers pour isoler la manifestation de la populace. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Pour No Border comme pour d’autres. Certaines manifs se sont terminés avec un grand nombre d’arrestation et même des chasses au manifestants dans certains quartiers de Paris ou d’ailleurs. On peut donc remarquer que le problème rencontrer par les manifestants No Border (organisateur ou non) est le même que de nombreux autres groupes/réseaux/individus. Par conséquent, que peut on faire tant au niveau des idées ou des actes pour éviter au minimum de se faire embarquer (et pour certains garder à vue et déferer) et pour que plus de gens viennent aux manifestations/actions/débats. On peut remarquer que ce débat n’est pas nouveau. Je ne prétend pas amener de solution particulière. Et c’est tout.

              Les « on m’a parlé » et les « on m’a dit que » c’est d’la gnognotte et tu constates bien que tu mets de l’huile sur le feu plutôt que de lancer des débats qui pourraient être intéressants si le ton était moins agressif (le coup des sabots, tu sais, là...).

              Ben si, on m’a « expliqué » que c’était comme ça, donc tu vois...

              Et, pardon, mais juste je suis choquée par ta réflexion du « faut rien expliquer »...

              « Expliquer » c’est une position de subordination, c’est introduire un rapport maître/élève, de celui qui sait, qui détient le savoir, la connaissance nécessaire au pauvre con qu’il faut sortir de sa condition d’ignorant. C’est établir un rapport hiérarchique entre le militant qui sait tout et le pauvre populo qu’est un gros con et auxquel il faut apporter la connaissance. Pour moi, c’est ce que tu dis, quand tu dis qu’il faut expliquer. JE NE DIS PAS QUE C’EST CE QUE TU PENSE QUAND TU LE DIS. Mais c’est comme cela que JE le comprend. Pour moi, vous avez informer les gens. Vous avez transmis une information qui existait et qu’ils pouvaient trouver par eux-même. Mais je ne dis pas que c’est pas bien. Qu’il ne faut pas le faire. Je considère qu’il n’y a rien à redire sur la manifestation No Border. De mon point de vue, je n’ai aucune critique à formuler sur cette manif, ni sur ses organisateurs, ni sur ses manifestants... Je me demande comment faire pour faire mieux avec tout le monde...

              Mais tu sors d’où exactement ? Tu es né avec tes idéaux ? Personne ne t’as jamais aidé à aller de l’avant ? Sans honte aucune, il y a pour ma part encore tout un tas de choses que je ne connais pas, et je suis ravie quand quelqu’un se donne la peine de me l’expliquer, et à défaut je pose les questions, je me prends en main.

              M’aider à aller de l’avant ne veut pas dire qu’à un moment ou un autre on m’a expliquer, qu’un militant est gentiment descendu de son piedestal pour m’apporter le savoir. Au final, ce que tu lis, ce que tu entends, t’en fait ce que tu veux. On peux t’expliquer mille fois qu’il faut un état, pour autant, tu peux, par toi même en déduire que l’état ne sert à rien, indépendamment du fait qu’on t’ai expliquer qu’il faut un état. Lorsque quelqu’un évoque quelque chose que tu ne connais pas, il ne t’explique pas, il te transmet une information sur l’existence de quelque chose ainsi que son point de vue. Pour autant, c’est à toi de pousser au delà de cette information et de son point de vue.

              Et les réactions étaient intéressantes en plus, les gens n’étaient pas du tout hostiles au no border (moins que beaucoup de militants absents ce jour-là il me semble...), tout en considérant bien que parmi les revendications il y a « abolition des frontières ».

              Je n’étais pas absent, j’étais en retard, et j’ai juste craint de me faire embarquer avec les copains-copines avec qui j’était, comme cela s’est déjà passé lors de manifs précédentes. Nous avons préféré allez nous abriter dans un café après quelques tentatives pour rejoindre le cortège et traverser le dispositif des bleus.

              Que l’Etat s’effraie de notre présence dans la rue ? Je ne sais pas, c’est une piste de réflexion, et je pense qu’en dégainant les gros moyens systématiquement OUI, du coup ça fait comme si on était particulièrement dangereux et donc OUI, on fait peur aux gens. (y a plusieurs personnes qui disaient précédemment que la présence des keufs rebutaient les gens, et je pense qu’au bout d’un moment l’excuse de la peur du fichage ne tient plus... Qui est passé à travers les mailles des RG ? Qui peut y prétendre ? On n’en sais rien). D’où l’intérêt de dire qui on est. Quoi c’est un secret ce qu’on pense ? Je veux pas du tout fuir ni déserter une vie d’esclave (sans pour autant me surafficher) ! Jamais je me positionnerai en victime ! Je me battrai ce que je peux, aux côtés des 149 autres personnes présentes (humour, hein), et tant pis si on fait rien d’autre que gueuler. Où vois-tu la violence ? Dans les slogans ? Flics porcs assassins ? Un flic une balle justice sociale ? Soit, mais ils se réfèrent à la violence de l’Etat non ? Y en a assez d’cette société qui frappe les migrants expulse les enfants ? Ben ouais, en même temps y en a assez quoi, et ça fait du bien de le dire.

              Que la peur du fichage ne tienne plus, ce n’est pas un point de vue partager par tous. Et même ceux qui au final, ont pris actes du fait qu’ils étaient fichés, cela ne veut pas dire qu’ils n’en ont rien à faire. Je pense que tu seras d’accord avec ça.
              Quand je dis déserter et fuir, je veux parler des rapport qu’on nous impose. D’un certain côté, on peut remarquer que la manif No Border a su ne pas tomber dans le panneau de la confrontation malgré la présence policière insupportable. Pour autant, tu ne peux pas nier, qu’aujourd’hui, une partie du mouvement (et je sais qu’il y en a chez les No Border aussi, et pas parce qu’on me l’a dit) est clairement dans la position de se confronter avec l’état. (Cela ne les rend pas infréquentable, au contraire) Dire qu’il en y a assez est une chose, faire de la confrontation la méthode obliger pour dire qu’il y en a assez en est une autre. Dire « Flics porcs assassins » ou « Un flic une balle justice sociale » c’est faire référence à la violence de l’état, certes, mais au final, c’est aussi montrer que quelque part, on est dans un système de confrontation. Qu’il y a un ennemi, et qu’il faut l’abattre, le détruire. En disant ce slogan, on se positionne publiquement en tant qu’adversaire, qu’ennemi de l’état, chère Lilly (je peux t’appeler Lilly ?)

              Il serait temps aussi de débattre de la violence : c’est quoi, la violence ? Elle n’est centrale que pour qui regarde le JT de 20h sur TF1 ou sur Fr2... La seule violence que j’ai pu constater en manifestation venait des flics... On doit avoir le même sentiment n’est-ce pas ? On confond bien trop facilement colère et violence... Qu’entendais-tu par là alors ?

              Là tu es de mauvaise foi, chère Lilly. Combien de fois les manifestations se terminent en affrontement parce qu’un groupe, plus ou moins nombreux, reste sur le lieu de dispersion pour s’affronter aux flics. Dire que la violence des flics n’est oas la même que celle des manifestants, que l’état est beaucoup plus violent, je suis d’accord. Dire que la violence des flics en manifestation est des millions de fois plus forte que celle des pires casseurs, je suis d’accord. Mais tu ne peux pas dire que les manifestants ne sont jamais violents. Comme tu ne peux pas nier, que certains recherchent l’affrontement et sont donc violents. Que la colère soit l’élément déclencheur, cela reste à prouver. Je pense que nombre d’affrontements de fin de manifs, auxquels j’ai quelque fois participé n’ont rien à voir avec la colère mais plutôt avec des questions de postures pseudo-révolutionnaire, du genre, on est radical donc on est violent ou parce que l’affrontement peut prendre une dimension plutôt ludique et plaisante...

              Une alternative aux manifs ?

              Je n’ai pas dit qu’il FAUT des alternatives aux manifs. Je pense au contraire qu’il faut que les manifs comme celle de No Border se multiplient, simplement je pense qu’on peut y apporter des petits plus qui permettraient d’éviter quelques embrouilles avec la maréchaussée par exemple. Des banderoles latérales permettent de dissimuler les visages sans avoir besoin de se masquer ce qui permet d’éviter de s’exposer, surtout si l’on est pas nombreux, à un embarquement précipité dans des fourgons et cars à bestiaux pour port de la cagoule...

              Nous sommes sans doute beaucoup à être preneur-se-s, seulement pour ça, à un moment, il faut se rencontrer, non ? Il ne s’agit pas d’imposer des lieux de rencontre, il faut simplement s’accorder du temps et déjà aller aux rencontres proposées... Il y en a tant !

              Ben oui, mais quant on peu pas, on peu pas. Et comme tu dis, il y en a tant.

              Je ne critique pas tant que ça les débats qui ont lieu sur Internet, c’est juste loin d’être suffisant je pense...

              On n’a jamais dit qu’on allait régler tout les problèmes. Mais après tout, on peux discuter ici aussi... non ? On pose notre petite pierre sur l’édifice...

              Quant à fuir... Où donc ? L’étau se resserre de partout !

              Fuir ne veux pas forcément dire aller se cacher sur une île, mais plutôt de réfléchir à partir du fait qu’un certain nombre de problèmes se pose actuellement, dans pas mal de milieu militants et qu’il faut réfléchir au moyen de les dépasser sans faire de la confrontation avec l’état la condition obligée pour régler ces problèmes.
              De mon point de vue, la manif No Border était une sorte de fuite, un peu comme la manif anti-carcérale qui s’était fait embarquée dans sa presque totalité. L’état, ou du moins sa police, à défaut d’avoir peur, s’attendait à l’expression d’une radicalité exclusivement violente. En quelque sorte, les manifestants ont eu la bonne idée de fuir cette posture systématique de l’ennemi, de l’adversaire pour être autre chose.

              Et pour te répondre finalement, je ne fais pas la vierge effarouchée, et je ne prends pas particulièrement la défense de No Border, il me semble simplement que c’est facile de flinguer ceux qui essaient tant que possible de s’organiser quand on a pas levé le petit doigt au préalable pour essayer de construire quelque chose avec – ou sans expliquer clairement et au préalable où sont les problèmes qui rebutent d’autres à se joindre aux différents groupes militants et activistes...

              Comme je l’ai déjà dit, je ne répugne à rien du tout. Et comme je le dit plus haut, j’estime être aussi quelque part un membre de No Border, sans avoir participer à aucune réunion, aucun camp. Je ne cherche pas à expliquer. Je pose une question : on peut remarquer que le mouvement se heurte à un certain nombre de problèmes (capacité à mobiliser, répression, difficulté à diffuser ce qu’il pense, etc...) qui sont partagés par tous les individus/groupes/réseaux qui le compose, que fait-on pour les dépasser ?

              Je remaquer enfin, chère Lilly, que si tu as pris ton clavier pour me répondre, ton ton (ahahah) est aussi cassant et agressif que j’ai pu l’être. Faute avouée, à demi pardonnée non ?

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