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vendredi 21 novembre 2008

Le Charançon Libéré

posté à 12h27, par JBB
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L’acteur, les rats et la piscine : les fables modernes sont les pires…
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Ah ça… Il les aurait affronté un à un, histoire de montrer à ces manants sans éducation comment se tient un homme du monde. Et il en aurait fait de la chair à pâtée. C’est que le meilleur ami du président, acteur médiocre mais gentleman de classe, n’est pas du genre à laisser passer des écarts de langage, ni à tolérer qu’on insulte sa piscine. Quant à se comporter comme un rat…

Couillu, le mec.

Vraiment.

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En un savoureux procès-verbal d’audition, providentiellement dégoté par Le Figaro, Christian Clavier, homme jamais aussi dangereux que quand son honneur est bafoué, sa propriété violée et ses domestiques injuriés, énonce en quelques phrases bien senties ce qu’il eut pu advenir s’il avait été présent quand une cinquantaine de manifestants corses ont cru bon de s’incruster en son domaine.

Et ?

Pas de demi-mesure : ça aurait été violent.

Explosif.

Voire même complètement sanglant.

« Que serait-il arrivé si Christian Clavier avait été présent lorsqu’une cinquantaine de militants nationalistes ont occupé sa propriété corse de Punta d’Oro, le 30 août dernier en milieu de journée ? », questionne ainsi benoîtement Le Figaro. « Interrogé à ce sujet le 2 septembre par les gendarmes, le comédien a simplement indiqué, martial : ’Je pense que les choses ne se seraient pas passées sans heurt’ ».

En clair : Christian Clavier, capable de faire limoger le patron des forces de sécurité intérieure corses sur un simple coup de fil, leur aurait montré, à ces salauds.

Illustrant combien un homme seul, vaillant et courageux peut tenir tête à cinquante vils manifestants.

Et leur rabattre le caquet.

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Il faut comprendre la vaillante indignation de Christian Clavier.

Gentleman avant que d’être comédien, lui qui considère naturellement qu’il est certaines choses qui ne se font pas.

Et que rien ne peut justifier le manque de respect.

« Ils étaient installés sur ma terrasse, allongés dans des canapés. Certains avaient les pieds dans la piscine et certaines femmes ont même dit que c’était une piscine de merde », explique t-il encore, avant d’ajouter un peu plus loin, légitimement scandalisé : « D’après mes employés, ils auraient dit que j’étais un ’rat’. »

Oui : « Une piscine de merde » !

Oui : « Un rat » !

Sans déconner…

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Plutôt que de longuement s’appesantir sur ces comportements outranciers, manants qui osent atteinter aux biens et à l’honneur d’une vivante incarnation du génie français, il convient de revenir sur cette curieuse association de l’eau et des rongeurs.

Laquelle évoque une très intéressante expérience menée par des scientifiques lorrains.

Soit :

« Les rats sont d’excellents nageurs. Pour vérifier cette capacité, des scientifiques du département d’étude du comportement de l’Université de Nancy ont disposé une cage avec une seule sortie, un tunnel menant sous l’eau d’une petite piscine. Pas de possibilité de remonter à la surface, le haut est bouché par une plaque. Les rats doivent donc nager en apnée pour traverser la piscine et aller chercher de la nourriture à un distributeur de graines placé à l’autre bout. Au début, tous les rats ont essayé de nager. Mais peu à peu il se sont répartis des rôles. Sur des cages comprenant six rats, sont spontanément apparus deux rats exploiteurs, deux rats exploités, un rat autonome et un rat souffre-douleur. Les exploités nagent pour aller chercher les graines et les exploiteurs raflent leur pactole. Une fois les exploiteurs repus, les exploités sont autorisés à repartir se nourrir eux-mêmes. L’autonome est un rat qui nage pour obtenir ses graines et se bat férocement au retour pour les manger seul. Quant au souffre-douleur, n’étant capable ni de nager ni de terroriser les autres, il n’a pas d’autre choix que de se contenter des miettes. »

Une jolie preuve que les rats sont décidément bien humains ?

Oui.

Mais ce n’est pas tout :

« Les scientifiques de Nancy sont allés plus loin encore dans leurs recherches. Ils ont ouvert les crânes de leurs sujets et disséqué leurs cerveaux. Ils ont découvert que ceux qui avaient le plus de molécules de stress n’étaient pas les souffre-douleur ou les exploités, mais bel et bien les exploiteurs qui tremblaient de perdre leur statut de privilégiés et d’être obligés de devoir nager à leur tour pour se nourrir. »

Pas mal, n’est-ce pas ?

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De ce billet sans queue ni tête et amené clairement à se terminer en tête à queue, on peut tirer quelques conclusions rapides :

 × Christian Clavier est un rat : cette condition de rongeur privilégié l’oblige à quelquefois exhiber des muscles qu’il ne possède pas, histoire de donner corps à son statut de dominant et de meilleur ami du président.

 × La vie est une chienne : rien ne sert de croire à un utopique changement, les hommes resteront toujours ces rats qui se divisent naturellement en exploiteurs et en exploités.

 × En ces heures animalières, le règne de « l’homme aux rats », surnom donné par le clairvoyant Alain Badiou au présidentiel meneur de revue, coule de source. Lui en tête, les rats privilégiés à sa suite, et nous pauvres hères menés par le bout du nez et contraints à écouter sa sale petite musique jusqu’au gouffre.

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Autant en rester là.


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