ARTICLE11
 
 

jeudi 23 avril 2009

Le Charançon Libéré

posté à 17h04, par JBB
35 commentaires

Séquestrations et mise à sac : la classe dangereuse renaît de ses cendres
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La colère, la violence, le désespoir… Mais les nombreuses séquestrations et - surtout - « la mise à sac » de la sous-préfecture de Compiègne par les futurs chômeurs de Continental disent aussi autre chose : par-delà les coups de pression, il s’agit d’une amorce de renversement du rapport de force. Ceux qui ont subi, longtemps et en ordre dispersé, la matraque sécuritaire et le bâton social retournent la peur à leur profit.

« J’avais le pouvoir de retenir les gens, je les ai laissés faire. Les moutons se sont transformés en lions et à l’abattoir ils n’iront pas. »
Xavier Mathieu, représentant CGT chez Continental.
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Il y a quelque chose. Un point de rupture. Un basculement. Un changement essentiel de perspectives. Un truc qui donne au saccage de la sous-préfecture de Compiègne par des salariés de Continental une dimension particulière.

Cela reste très vague, pourtant. Pas de quoi agiter le drapeau rouge ou noir de l’insurrection générale, sortir de chez soi pour édifier une barricade ou exhumer du grenier le vieux Lebel que tonton Marcel a caché en 1940. Pas encore.

Alors ? Ce n’est pas seulement une question de degré supplémentaire dans la violence et la colère, des grèves aux séquestrations, des séquestrations à la mise à sac d’une sous-préfecture ; chasseurs, pêcheurs et indépendantistes ont déjà, par le passé, commis de semblables destructions sans que leur portée ne dépasse la simple exaspération ponctuelle. Ce n’est pas seulement - non plus - ce choix instinctif des infrastructures de l’État comme cible : la sous-préfecture a beau symboliser parfaitement l’autorité d’un régime impuissant à protéger les salariés de Continental de la crise autant qu’il l’avait été à atténuer l’étau du néo-libéralisme (depuis la fin des années 1990, mise en concurrence mondiale des usines du groupe, pression constante sur les salariés, retour sur les acquis sociaux au prétexte de la compétitivité…), il est probable que la colère et le désarroi des futurs chômeurs se seraient exprimés de façon aussi violente en quelques lieux qu’ils aient appris la mauvaise nouvelle du jugement du tribunal de Sarreguemines.

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Non, il faut d’abord voir dans le « coup de sang » des salariés de Continental l’affirmation d’un phénomène sociologique discrètement à l’œuvre depuis la fin des années 1980 : le grand retour de la classe dangereuse. Celle-là même qui effarouchait tant les bourgeois et les puissants à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Et qui les a tellement effrayé qu’ils ont fini par lui concéder des acquis et des droits - de 1936 à 1981, en passant par le programme du Conseil national de la résistance et les accords de Grenelle de 1968 - , progrès sociaux pour garantir une certaine paix civile.

« Cette double dimension d’amélioration des conditions de vie et de maintien de l’ordre social explique le succès des politiques sociales, renforcé après la Seconde Guerre mondiale par la montée du dirigisme d’Etat, par l’existence d’un mouvement ouvrier fort et structuré, et par la croissance économique encadrée par les gouvernements », remarque ainsi le chercheur Laurent Bonelli, dans un article paru dans Le Monde Diplomatique.

Mais voilà : engoncés dans le confort et la quiétude, confortés par une idéologie libérale si puissante qu’elle a balayé toute crainte des prolétaires et des pauvres, rassurés de constater que l’époque ne cessait de consacrer leur tout-puissance et de légitimer leur position, les privilégiés ont oublié que les moins bien lotis pouvaient être un danger. Ont arrêté de leur refiler quelques miettes, histoire de les apaiser. Ont cru qu’ils avaient désormais toute latitude pour leur ôter le peu de droits et de sécurité qu’ils possédaient. Et ont pensé - enfin - que la peur avait définitivement changé de camp, la hantise du chômage chez les opprimés se substituant ad vitam eternam à la crainte d’un mouvement de révolte chez les possédants.

Les classes supérieures ont ainsi remplacé la carotte par le bâton social (le chômage) et par la matraque sécuritaire, assez idiots pour imaginer qu’ils pourraient refonder sur ces bases biaisées un ersatz de pacte social :

« La crise économique, les mutations du capitalisme postfordiste adossées aux programmes de réforme libérale de l’Etat ont largement redéfini, sans doute sans le vouloir, les conditions de cette discipline, poursuit Laurent Bonelli. Et, de la même manière que les réformateurs sociaux du XIXe siècle essayaient d’asseoir un nouvel ordre social, les réformateurs sécuritaires du début du XXIe siècle recherchent dans l’extension de l’intervention policière, judiciaire et du contrôle, les moyens de contrarier les effets des dérégulations multiples qui affectent les classes populaires. Théorie de la ’vitre brisée’, couvre-feux pour les mineurs, vidéosurveillance, arrêtés antimendicité, mais aussi responsabilisation des parents, ne sont rien d’autre que des exemples de ces nouvelles technologies de gouvernement dont on attend qu’elles garantissent une paix sociale. »

Opprimés : combien de divisions ?

Dans un tel système, il ne saurait être question de laisser les asservis découvrir qu’il partagent un même destin. Au contraire : tout doit être fait pour les diviser, les sectoriser, les pousser à l’affrontement et nier leur communauté d’intérêts. Ceux que Marx réunissait sous le terme « prolétaires » sont devenus des immigrés, des travailleurs pauvres, des jeunes, des habitants de cités, des chômeurs, des fonctionnaires grévistes, des marginaux, des précaires, des licenciés, de « la racaille », des clandestins, etc… Autant de mots pour dire une même exclusion tout en déniant son évidente proximité.
C’est ainsi qu’il faut appréhender la déshérence du terme « ouvrier », lui qui a presque complètement disparu de la circulation, prétendue adaptation à des temps modernes où nous serions tous fournisseurs de services ou entrepreneurs indépendants. On nous serine sur tous les tons que l’industrie n’est plus, quand elle représente encore quatre millions d’emplois en France. Nulle autre ambition, ici, que de nier toute appartenance de classe, tout sentiment de collectif ouvrier.

« C’est certain qu’il y a une très forte conscience de classe chez les plus riches et qu’elle a été totalement détruite chez les plus pauvres. Il y a un énorme déséquilibre, expliquait récemment Mona Chollet en un entretien accordé à Article11. Dans le miroir, les riches ont droit à un reflet ultra valorisant ; par contre, dans ce même miroir, les classes populaires ou moyennes ne voient plus rien, ou alors une sorte de reflet brouillé. On leur agite des modèles de réussite trompeurs qui débouchent sur la culpabilisation et l’oubli de leur identité. L’enjeu serait de retrouver des images plus valorisantes. »

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Mieux : pour bien faire comprendre à la caste des opprimés qu’elle ne saurait se réunir sous un même drapeau, on a érigé ses membres les plus désespérés en repoussoirs. Les chômeurs ? Des profiteurs, gens qui ne veulent pas travailler. Les jeunes exclus des cités ? Des casseurs sans foi ni loi, de « la racaille ». Les grévistes du secteur public ? Des « preneurs d’otage » ne se souciant que d’eux-mêmes et de leurs intérêts catégoriels. Les activistes ? Des « terroristes », qu’il faut traiter comme tels, avec pour dernier avatar les « anarcho-autonomes ». Autant de sous-genres qui ont eu pour fonction, médiatique et politique, de discréditer toute idée de combat commun.

C’est cette illusion-là qui est aujourd’hui en train de se dissiper. La multiplication des séquestrations et de rudes moyens d’action ne dit pas seulement la colère, elle démontre aussi que la radicalité n’est pas œuvre de marginaux, qu’elle n’est pas le fait de quelques excités peu représentatifs. Que des travailleurs de longue date, gens souvent parfaitement intégrés et consciencieux, aient recours à ces moyens de pression montre qu’il ne faudrait pas grand chose pour que Pierre-Paul-Jacques et Madame Michu se donnent la main et édifient des barricades en bas de chez eux. En s’attaquant à la sous-préfecture de Compiègne, c’est le mythe du casseur idiot et asocial, figure patiemment construite par le régime, que mettent à bas les ouvriers de Continental. Et le Premier ministre, François Fillon, a beau pointer des « violences inacceptables », s’en prendre à « cette petite minorité qui rend les choses très difficiles » - ce que conteste un article de Rue89 - et annoncer des poursuites judiciaires, il sait bien qu’il a déjà perdu la partie. La fiction d’une frange radicale a vécu, monsieur-et-madame-tout-le-monde sont désormais susceptibles de basculer du côté obscur de l’insurrection. C’est cela le grand retour de « la classe dangereuse ».

Répression ? Ils vont en chier…

Dès lors, les choses s’annoncent coton pour un régime qui ne peut plus se permettre de réprimer à tout-va et d’embastiller en masse. Pas question de faire intervenir l’armée et d’instaurer l’état de siège, ainsi que ça avait été la cas lors des émeutes des banlieues de 2005. Pas question - non plus - d’emprisonner au mépris du respect des règles de droit quelques individus, comme ça été fait contre les prétendus meneurs de « la mouvance anarcho-autonome ». Pas question - même - de rameuter les forces de l’ordre en masse et de lâcher les CRS en leur donnant quartier libre, à l’image de ce qui s’est produit récemment à Strasbourg. Logique : les agressions contre des ouvriers licenciés et désespérés ne seront plus perçues comme des opérations de basse-police dont la majorité du pays se fiche, mais comme une façon de faire taire ceux qui souffrent et sont victimes, cette vaste classe des opprimés qui est en passe de s’affirmer comme telle.

Le pouvoir l’a bien saisi, lui qui ne veut surtout pas mettre le feu aux poudres. Et si Sarkozy s’indigne faussement - « Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça ! » - , tout le monde a compris que, pour l’instant, il s’en tiendra à ces rodomontades.

Il faut ici exhumer Georges Sorel et ses Réflexions sur la violence :

Une des choses qui me paraissent avoir le plus étonné les travailleurs, au cours de ces dernières années, a été la timidité de la force publique en présence de l’émeute : les magistrats qui ont le droit de requérir l’emploi de la troupe n’osent pas se servir de leur pouvoir jusqu’au bout et les officiers acceptent d’être injuriés et frappés avec une patience qu’on ne leur connaissait pas jadis. Il est devenu évident, par une expérience qui ne cesse de s’affirmer, que la violence ouvrière possède une efficacité extraordinaire dans les grèves : les préfets, redoutant d’être amenés à faire agir la force légale contre la violence insurrectionnelle, pèsent sur les patrons pour les forcer à céder ; la sécurité des usines est, maintenant, considérée comme une faveur dont le préfet peut disposer à son gré ; en conséquence, il dose l’emploi de sa police pour intimider les deux parties et les amener adroitement à un accord.

(…)

Que l’on approuve ou que l’on condamne ce qu’on appelle la « méthode directe et révolutionnaire », il est évident qu’elle n’est pas près de disparaître ; dans un pays aussi belliqueux que la France, il y a des raisons profondes qui assureraient à cette méthode une sérieuse popularité, alors même que tant d’exemples ne montreraient pas sa prodigieuse efficacité. C’est le grand fait social de l’heure actuelle et il faut chercher à en comprendre la portée.

D’un siècle à l’autre, les choses ne changent guère (Réflexions sur la violence a été publié en 1908). Pis : tout est à recommencer. Reconstruire un rapport de force. Susciter à nouveau la peur et la crainte chez les privilégiés. Redevenir une classe dangereuse, une vraie, homogène et combative. Se faire lion, enfin. Mordre.

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1 Image piquée sur l’excellent blog du peintre et dessinateur Mathieu Colloghan. Je ne lui ai rien demandé, mais j’escompte bien qu’il me pardonnera.


COMMENTAIRES

 


  • « Reconstruire un rapport de force. Susciter à nouveau la peur et la crainte chez les privilégiés. Redevenir une classe dangereuse, une vraie, homogène et combative. Se faire lion, enfin. Mordre. »

    Putain ça fait du bien ! Allez encore un petit effort de la part du pantin élyséen et d’un patronat plus réac que jamais et l’aïoli (je préfère à la mayo) devrait prendre.
    Encore un bien beau texte comme on aimerait en lire plus souvent.

    • Oui, on pourra dire qu’ils n’auront pas ménagé leurs efforts pour faire revivre la lutte des classes, au Medef comme à l’UMP. Même pas sûr qu’ils s’en rendent compte, d’ailleurs : ces gens-là sont tellement à côté de la plaque qu’ils ne se rendent même plus compte combien leur attitude est choquante et malvenue.



  • JBB en pleine forme à ce que je vois...

    Merci pour le lien du blog de colloghan qui déchire bien...

    Ps : je suis sur Paname lundi et mercredi soir....

    Voir en ligne : kprodukt, blog actif et militant enfin quand j’ ai le temps(?)



  • jeudi 23 avril 2009 à 19h25, par Crapaud Rouge

    Article parfait sur toute la ligne hormis ce détail dans l’introduction : « il s’agit d’un renversement du rapport de force » : n’est-ce pas un peu exagéré ? Je parlerais plutôt d’un réveil, comme pour les volcans, car la lutte des classes relève, pour ce qui est des forces de pression, de « la lutte des plaques ». A force d’exercer la sienne sans vergogne, la plaque dominante ne pouvait que provoquer tôt ou tard un mouvement de la plaque prolétarienne. Sans garantie de succès pour celle-ci. En Chine, les travailleurs n’en finissent pas de se révolter contre les potentats locaux, mais il ne semble pas que le pouvoir central s’en trouve ébranlé. Ca bouge, certes, on est entré dans une période sismique, mais c’est à mon avis sans espoir. D’ailleurs, quand ça bouge, c’est toujours par désespoir. Quant à la « très forte conscience de classe chez les plus riches » dont parle Mona Chollet, j’espère qu’elle commence à se fendiller.

    • jeudi 23 avril 2009 à 21h40, par JBB

      « n’est-ce pas un peu exagéré ? »

      Si, tu as raison, c’est un brin trop enthousiaste. J’ai corrigé et remplacé par « il s’agit d’une amorce de renversement du… ».

      Pour le reste, j’approuve : c’est bien entendu un mouvement qui ne peut s’opérer sur la longueur, lentement. Mais : il a pour lui d’avoir débuté depuis un moment, peut-être davantage qu’on ne l’imagine ; et les choses semblent désormais se précipiter à grande vitesse.

      Comme d’habitude, je suis sans doute trop optimiste, mais je ne qualifierais pas les choses de « sans espoir ». Au regard de la situation d’il y a quelques années, les possibilités qu’il advienne un bouleversement majeur ont grandement évolué. Elles restent très faibles, bien entendu.

    • vendredi 24 avril 2009 à 13h33, par Crapaud Rouge

      On peut aussi comparer à la météo, j’aime bien. C’est toujours dépressionnaire sur le continent salarial, avec un anticyclone d’une remarquable stabilité sur les « mandataires sociaux » des sociétés du CAC40. D’où formation de cumulus pompes à fric, qui se transforment de plus en plus souvent en cyclones tropicaux, les « bulles spéculatives », lesquels se déplacent et arrivent tôt ou tard sur le continent salarial où leurs vents violents commettent les dégâts que l’on sait.



  • jeudi 23 avril 2009 à 19h59, par jediraismêmeplus

    Sur l’analyse, complètement d’accord, c’est juste pour dire qu’il y a eu une évolution sur « les classes dangereuses ».

    Les classes dangereuses ont toujours été là : la surpopulation dans les prisons le prouve. La définition des classes dangereuses a connu une évolution : au XIX eme c’est le prolétariat et le lumpenprolétariat, puis cela évolue et pour les situationnistes, cela concerne surtout ,des bohèmes déclassés (le lumpenproletariat selon Marx) aux délinquants, tous ceux qui rejettent le travail salarié. « J’ai donc connu surtout les rebelles et les pauvres. J’ai vu autour de moi en grande quantité des individus qui mouraient jeunes, et pas toujours par le suicide d’ailleurs fréquent ».

    C’est le néo libéralisme, en abandonnant la politique sociale et en criminalisant pour terroriser la population, qui est en train de remettre dans les classes dangereuses, en gros, le prolétariat, et des groupes sociaux entiers. Donc le fait de jouer le jeu ne protège de rien et le rang social maintenant fait que l’on appartient de fait aux classes dangereuses.

    C’est le retour du prolétariat dans les classes dangereuses, comme au XIX eme.

    • C’est aussi comme ça que je vois le truc : le prolétariat revient au goût du jour (au sens où : resignifie quelque chose pour ceux qui pourraient en faire partie ou en font partie) par la force des choses, de la crise et du comportement indécent des grands patrons, groupes et politiques. Et pas du tout parce qu’il y aurait une identification politique de ceux qu’on pourrait ranger dans cette case.

      C’est justement ça que je trouve intéressant : le terme reprend du sens en lui-même.



  • excellent comme toujours JBB mais je crains ne pas partager ton enthousiasme

    c’est pas parce qu’une poignée d’anciens sarkozistes (60% dans leur bled) casse un ordi qu’on peut appeler ça une insurrection ou un changement de rapport de force - ils réagissent depuis que ça leur est tombé sur le râble et ils défendent là leur gueule quand il s’agissait de défendre la gueule des autres ils étaient probablement devant TF1 à cracher sur les chômeurs feignasses et les racailles égorgeurs de mouton

    je ne vois là pour l’instant que de la rage catégorielle mais j’espère vraiment me tromper

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/

    • Non, non, on est d’accord : ce n’est que de la « rage catégorielle ». Mais justement : cette rage-ci s’étend et concerne une part croissante d’une population qui, comme tu le soulignes, ne raisonne à la base pas du tout en terme de luttes des classes ou de contestation. C’est ça que je trouve intéressant, la façon dont ces gens finissent par retrouver une conscience de classe (ça fait grand mot, mais ça correspond un peu à ça) et par prendre conscience de ce que néo-libéralisme et sarkozysme signifient. En ce sens, il me semble qu’ils sont les propagandistes idéaux, justement parce qu’ils ne l’étaient pas à l’origine.

      • jeudi 23 avril 2009 à 22h38, par M’ENFIN !

        Justement, rien n’est plus imprévisible et potentiellement dangereux qu’un amoureux trompé et méprisé. Si les électeurs du nain se mettent à saccager une préfecture, ça prend une signification toute particulière.
        Ledit nain adore lâcher ses pitbulls sur des franges de la population qui n’ont aucune chance de faire un jour partie des électeurs de l’Union pour un Mouvement Pétainiste. Mais là, c’est autre chose.

        C’est très explosif. Ce n’est pas pour rien qu’ils marchent sur des œufs. Si la colère se propage, ça risque de finir en omelette géante.

        Excellent article, en tout cas.



  • jeudi 23 avril 2009 à 21h15, par DJM de Cambrai

    Laurence Ferrari : c’est quand qu’elle casse le prompteur ?

    Merci JBB, excellent JBB.



  • Bon.... d’accord ! faut tempérer l’enthousiasme mais à force de tempérer on va louper le train, nom d’une pipe !

    Warren Buffet grand milliardaire s’il en est a doctement expliqué en regard de la « crise mondiale » (c’est comme ça qu’ils disent les milliardaires, j’suis pas d’accord) qu’il s’agit d’une lutte des classes et que la sienne est en train de gagner. Pas si sûr pépé ! On gagne jusqu’au jour ou on perd, héhé.... Faut bien que ça commence un jour et quelque part.

    Si on additionne toutes les actions au grand jour ou en loucedé des gens qui perdent pied sans y pouvoir rien, ça commence à faire beaucoup, non ? Et ça gigote aussi dans d’autres pays que notre petite France.

    Tiens ! Au fait ..... Question subsidiaire ! Où qu’ils sont les syndicats ?

    • vendredi 24 avril 2009 à 15h43, par JBB

      Content de voir que je ne suis pas le seul à voir les choses en rose… enfin : en rouge vif. Oui, il y a pas mal de signes très encourageants. Oui aussi, il y a un vrai bouillonnement contestataire. Oui enfin, il n’est pas eu d’époque plus propice au changement. Mais quand même : rien ne dit - de très loin - que la sauce va prendre. Ellle peut, tout simplement.

      « Où qu’ils sont les syndicats ? »

      J’ai bien une réponse, dictée par un certain goût des blagues vulgaires et des réparties à deux francs six sous. Mais j’ose pas trop…



  • vendredi 24 avril 2009 à 09h35, par Crapaud Rouge

    En rapport direct avec l’article et les commentaires, je recommande la lecture de ce petit article sur Sociologias. On y trouve la réponse à ma question titre : « Au début de la phase d’industrialisation, le prolétaire est celui qui a vu son savoir-faire passer dans la machine. En conséquence de quoi on ne l’a plus payé pour son savoir faire mais pour sa simple force de travail qui ne le distinguait dès lors plus d’un autre travailleur, et donc pouvait être mis en concurrence permanente. ». Le prolétaire n’est pas forcément pauvre. Aujourd’hui, c’est au tour des informaticiens de se faire « prolétariser ».

    • vendredi 24 avril 2009 à 09h45, par Crapaud Rouge

      Réflexion faite, l’article cité n’est pas terrible, et la définition qu’il donne du prolétaire me semble un peu douteuse. J’aurais plutôt tendance à penser que, sans la notion de rapport de force, celle de prolétaire n’existe pas.

      • vendredi 24 avril 2009 à 10h48, par Crapaud Rouge

        Bien plus intéressant, cet article de Bernard Stiegler qui explique que nous « externalisons » notre mémoire depuis le paléolithique ! Article difficile à saisir, pour ne pas dire un peu touffu, d’où il ressort cependant ceci : « Tout comme le producteur dont le geste est reproduit, et dont le savoir-faire passe dans la machine, le dépossédant de sa valeur-savoir, et ne lui laissant que sa force de travail quasi-animale, ce qui fait de lui ce que l’on appelle un prolétaire, le consommateur est dépouillé de ses savoir-vivre, et il s’en trouve du même coup désindividué : il n’est plus qu’un pouvoir d’achat, c’est à dire de consommation aveugle – et qui détruit le monde aveuglément. »

        • vendredi 24 avril 2009 à 15h54, par JBB

          En effet, le premier lien me paraît un brin trop fixé sur la question informatique. Même si ce qu’il décrit correspond à l’évidence à une réalité, la généralisation me paraît bancale. Notamment parce qu’il n’est pas fait rapport - ce que tu soulignes - à la notion de classe, de collectif, qui se définit d’abord contre un autre ensemble.

          Le deuxième est en effet plus percutant. Faut un effort pour se mettre dedans, mais après ça roule tout seul. Surtout que ce qu’il explique avec de grands mots et termes ronflants est finalement très simple et logique : on se fait déposséder la gueule par ces machines à qui nous confions tout et concédons trop. Ça fait plutôt mal au cul de le reconnaître, mais ça me semble très convaincant.

          • vendredi 24 avril 2009 à 17h37, par damien

            « Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. »
            Gustave Flaubert

             :-)

            • samedi 25 avril 2009 à 13h33, par JBB

              Celle de Flaubert est pas mal.

              Pour revenir à la notion de prolétaire, je retiendrais bien la définition qu’en donne l’Internationale situationniste : les prolétaires sont « tous ceux qui n’ont aucun pouvoir sur leur vie et qui le savent ». Impuissance et conscience de l’être, tout est dit.



  • vendredi 24 avril 2009 à 17h27, par Erictus Pithécanthropus

    j’aime bien ce genre d’actualité...
    Mais, c’était vraiment utile d’ouvrir les fenêtres ? Les objets passe très bien sans ça.

    E.P

    * Et chez Mathieu Colloghan, là c’est du tout bonheur !
    Grand merci pour le lien.



  • Je suis d’accord, ça commence à sentir moins mauvais et on dirait bien qu’on relève la tête et respire un peu mieux. Je repère depuis quelque temps des « faisceaux convergents » d’indices : des thèmes, préoccupations, vocabulaires, idées... qui reviennent ici et là en sortant de leurs zones habituelles d’expression, ou qui en tout cas, même reformulés, se croisent et recroisent dans divers milieux (contestataires, plus ou moins, forcément, mais pas que). C’est aussi bien dans la production théorique / critique que dans les pratiques, qu’on repère ces évolutions.

    Je pense notamment à la volonté d’autogestion et à la prise de conscience du nécessaire changement de paradigme : l’être contre l’avoir (ne plus être consommateur, mais mangeur ; ne plus être touriste, mais voyageur ; ne plus être spectateur, mais participant...). La redécouverte de la possibilité de s’auto-organiser entre-soi, de réinvestir le local, pas comme un repli, mais pour retrouver des bases solides et la valeur des relations interpersonnelles (la puissance des pauvres, chouette bouquin chez Actes Sud).

    Bon, des possibles sont là. Mais qu’est-ce que ça va donner ?

    • On partage le même constat (c’est marrant, en en parlant hier soir autour d’une bouteille, j’ai aussi utilisé l’expression « faisceau convergents d’indice »). Rien de sûr, mais pas mal de trucs pouvant laisser croire que…

      « Mais qu’est-ce que ça va donner ? »

      C’est toute la question. Mais le fait même qu’on se la pose - ainsi que le mystère entourant la réponse - prouve qu’il se passe bien quelque chose.



  • lundi 27 avril 2009 à 13h26, par un-e anonyme

    ...en 1948, année de la Naqba (l’expulsion de 800000 Palestiniens de leur propre pays) et de la création de l’État d’Israël, Menahem Begin décide de visiter les États-Unis, les plus grands intellectuels juifs américains avec à leur tête Hannah Arendt et Albert Einstein écrivent au président Truman en lui disant : Begin arrive, c’est un terroriste, arrêtez-le ou expulsez-le, à l’époque, aux yeux du monde, le judaïsme, c’est Arendt, Einstein, mais aussi Rosa Luxembourg, Freud, Kafka, Benjamin
    par quel retournement de l’histoire a-t-on aujourd’hui comme figures dominantes des Begin, Sharon, Barak, Livni, Olmert, Lieberman ou des pseudo intellectuels communautaristes français qui sont l’exact inverse ce que fut la figure de l’intellectuel juif ?

    ces lignes sont issues de Pierre Stambul - Bureau National de l’UJFP - Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu tuer le Juif - 2009

    remplacer des figures marquantes, importantes car elles apportent quelque chose à la pensée, et opposer à l’importance l’insignifiance, l’insignifiance est là parce que le libéralisme est là présent à tous les échelons de la société, de la pensée aux décisions politiques économiques
    et c’est aussi pour ça que l’homme se débarrasse actuellement du libéralisme, parce que tout homme, tout occidental ne désire pas être considéré comme insignifiant

    enfin c’est ce que je pense de l’occidental comme machine à égocentrismes



  • Voilà pour moi une complète remise en question concernant les lecteurs du Figaro ! Alors, il y en a donc qui se dévouent à décrypter les ignominies rédigées pour en ressortir... du positif ! Qui l’eut cru ? Ah ! que cela fait du bien... Merci, merci et continuez à le lire si c’est pour en faire une pareille exégèse !!!

    • Il y a beaucoup de bon à tirer de la lecture du Figaro, on se sent tout remonté et on se rappelle mieux pourquoi on veut changer les choses à la lecture. Quand j’ai un petit coup de mou, hop, je me précipite sur Le Point ou Le Figaro, ça va tout de suite mieux après… :-)

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