ARTICLE11
 
 

mardi 20 janvier 2009

Entretiens

posté à 00h43, par JBB
17 commentaires

Armand Mattelart : face à la globalisation de la surveillance, « la résistance est le devoir de tout citoyen. »
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L’homme libre perd chaque jour du terrain face aux progrès des techniques de surveillance, aux dynamiques de mondialisation et aux manipulations étatiques. Nulle résistance en vue, ou si peu… En analysant méthodiquement cette globalisation de la surveillance, en retraçant sa genèse et son développement, le chercheur Armand Mattelart laisse pourtant une chance à la révolte : comprendre, c’est déjà protester, non ? Entretien.

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On pourrait en rajouter. Parler du parcours étonnant d’un homme qui a enseigné 11 ans au Chili, prêtant notamment main-forte aux réformes initiées par Salvador Allende avant d’être expulsé par les sbires de Pinochet. Evoquer son rôle d’expert auprès des Nations-Unis en 1981 ou cette mission commanditée par le ministère de la Culture, réalisée sous le patronage du mythique écrivain Gabriel Garcia Marquez. Mentionner sa participation, en tant que président de l’Observatoire français des médias, à la salubre entreprise de critique des médias que certains esprits libres s’entêtent à mener. Citer l’engagement aux côtés des altermondialistes du signataire du manifeste de Porto Alegre. Bref, baratiner sur le rôle de vigie éclairée et d’intellectuel engagé d’un universitaire qui a signé des dizaines d’ouvrages sur les médias, la communication et la sécurité. Mais ce serait mentir : d’Armand Mattelart, on ne connaît que le très fouillé et passionnant ouvrage La globalisation de la surveillance, aux origines de l’ordre sécuritaire1, livre dans lequel il décortique méthodiquement la généalogie des systèmes de contrôle des citoyens et pose les enjeux immenses attendant ceux qui ne sont pas résolus à faire fi de leurs libertés.

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Au fond, nul besoin d’en rajouter : la longue interview qu’Armand Mattelart a accordé à Article11 se suffit très largement à elle-même2. Bonne lecture !

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Vous montrez notamment dans La globalisation de la surveillance que le contrôle et le fichage des citoyens est une tendance lourde, fille du progrès technologique, de la rationalisalisation industrielle et du développement des techniques policières…

Oui, je retrace la généalogie d’un mode de surveillance indissociable de la formation d’un art de gouverner. Pas dans n’importe quelle société : il s’agit de celle qui relève de la démocratie dans sa modalité libérale, celle qu’a commencé à théoriser l’économie politique classique dès la fin du XVIIIe siècle. Dans cette société-là, l’impératif de sécurité s’avère la contrepartie du droit à la libre circulation des personnes, des biens et des messages. Pas de fluidification des flux sans endiguement, sans normalisation. Pas de libre communication sans les gardes-fous de la raison d’Etat et de la raison marchande. Cette tension récurrente entre liberté et sécurité est entrée dans la nature des choses au point de se confondre avec la modernité politique. Adam Smith ne disait-il pas que l’exercice du principe du libre échange s’arrête là où commencent les exigences de la sécurité nationale, notion historiquement des plus malléable ?

Le cheminement des techniques de contrôle et de surveillance des individus et des foules dans la société libérale a depuis ses débuts partie liée avec l’idéologie organisationnelle de la technocratie et sa mystique du chiffre. La raison statistique est à l’origine de l’invention de « l’homme moyen », de « l’homme normal », par l’anthropométrie, cette science pionnière des mesures individuelles et des biotypes qui se met en place théoriquement et pratiquement dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette valeur dite pivotale par rapport à laquelle se jauge et se juge la normalité fournit un outil de gestion des grands nombres et de classement des déviances. De l’anthropométrie aux tests génétiques en passant par la puce RFID, le traitement probabiliste, à base de fréquences statistiques et des données collectées sur les personnes, doit permettre de construire des catégories de comportement à des fins de gouvernement. La logique de fond est au progrès des techniques de traçabilité et à leur convergence. Connaître par la trace pour anticiper, tel est le mot d’ordre de cette perspective actuarielle de gestion de l’ordre aussi bien dans l’espace économique que socio-politique. D’où la multiplication des agents publics et privés ayant pour fonction d’observer, de renseigner, de ficher et d’exploiter les données. Ce que les anglo-saxons dénomment la « dataveillance », la surveillance par les données et leur stockage.

Dans cette généalogie, vous mettez l’accent sur les moments de crise. Sous cet angle, quel a été l’impact des évènements de Mai 68 ?

Les moments de crise sont un analyseur extraordinaire de la face d’ombre des sociétés démocratiques. Je les privilégie parce que je pense que l’exception, comme dérogation à l’état de droit, éclaire la normalité et la tension récurrente entre liberté et sécurité, transparence et secret. C’est à ce moment-là que la question de la sécurité bascule dans l’obsession sécuritaire aux dépens des exigences de la liberté et de l’égalité. Ces moments qui, historiquement, scandent les avancées de la pensée sécuritaire, ce sont les guerres totales, les expéditions coloniales et néo-coloniales, la réplique des pouvoirs aux multiples formes de rébellion, de désobéissance civile, d’insurrection, bref, la réplique aux « forces perturbatrices », pour reprendre la langue des concepteurs de l’anthropométrie. Dans les moments de crise se donne à voir plus clairement l’élasticité de la définition du déviant ou du contestataire comme de celle du trouble à l’ordre public.

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© Claude Dityvon / Chambre noire

La réaction post-Mai 1968 des pouvoirs publics illustre bien le rôle des périodes de déstabilisation institutionnelle dans la construction des doctrines et pratiques sécuritaires et la redéfinition des missions des agences chargées de les opérer. Une nouvelle architecture du recueil du renseignement s’amorce. Les missions des agents du service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDCE ), dont les attributions traditionnelles étaient de travailler hors des frontières, ont évolué vers le travail d’intelligence intérieure. C’est ainsi qu’a été créé au sein de la division « contre-espionnage » un nouveau secteur spécialisé dans la « recherche anti-subversive ». Laquelle a signifié un saut dans le fichage autour de cette notion floue qu’est l’ennemi intérieur. Au niveau militaire, le changement s’est traduit par le rapatriement vers l’intérieur du pays des troupes qui, pour l’essentiel, étaient toutes stationnées en Allemagne et aux frontières. Cela avait été voulu par le général de Gaulle pour mettre le pays à l’abri d’un putsch. Cette redistribution de l’armée de terre sur le territoire national indique que les autorités se voient forcées à repenser le lien organique des militaires avec le territoire, le réseau civil d’administration de l’intérieur. C’est le début d’une longue évolution de l’articulation entre Défense et Sécurité intérieure.

La politique sécuritaire des années 1970 se veut une réponse à un environnement de crise économique (illustrée par les deux crises dites du pétrole), doublée d’une crise des modes de production de la volonté générale. Crise bien mise en lumière par le Rapport officiel sur l’informatisation de la société, publié en 1978 et devenu depuis lors un classique international, qui a été rédigé à la demande du président Giscard d’Estaing par deux grands commis de l’Etat, Simon Nora et Alain Minc. Parallèlement à la formulation d’une stratégie de sortie de crise par les nouvelles technologies de l’information et de la communication apparaissent les projets de fichiers type SAFARI, basés sur l’interconnexion de non moins de 400 fichiers. Cette focalisation gouvernementale sur l’(in)sécurité déclenche la première alerte sur les pièges liberticides de l’informatique donnée par les parlementaires, la presse et les citoyens. C’est l’annulation du projet du méga-fichier interconnecté, la loi « Informatique, fichiers et libertés » et la création d’une instance indépendante de régulation, la CNIL.

En quoi le 11 septembre 2001 a t-il accéléré ce mouvement de contrôle à l’œuvre dans tous les pays dits développés ?

Les attentats de septembre 2001 ont plutôt constitué un accélérateur de tendances. Des évolutions qui auparavant cheminaient séparément ont montré leurs articulations, leurs convergences. On a assisté à une mise en cohérence, à une intégration des normes sécuritaires autour de l’idée de “sécurité nationale”, au plan local comme global. Ce concept théorisé et mis en pratique par le gouvernement des Etats-Unis au seuil de la guerre froide pour affronter le premier ennemi dit global, le communisme, s’est retrouvé mobilisé dans la guerre contre le nouvel ennemi global, le terrorisme.

Aux Etats-Unis, il y a eu la création d’un ministère ad hoc, le ministère de la sécurité de la patrie (Homeland Security Dept). On en mesure l’importance quand on sait que la dernière création d’un ministère, le Pentagone, remontait à 1947, date du décret-cadre sur la “National Security”. Un des projets majeurs est la mise en chantier d’un système intégré de réseaux de banques de données et de fichiers afin de centraliser et de croiser l’ensemble des informations personnelles sur les citoyens. En toile de fond il y a des décrets comme le Patriot Act qui légitime les écoutes et les perquisitions d’ordinateurs ainsi que la coopération des opérateurs. On a même vu en 2008, avec le soutien d’Obama, une loi qui a élargi les possibilités d’écoutes téléphoniques des particuliers et a octroyé l’immunité aux compagnies contribuant aux écoutes sur instruction du gouvernement. Côté “communauté du renseignement”, on a assisté au remodelage des architectures et des fonctions des agences d’intelligence civiles et militaires, et à l’intensification des coopérations transnationales. L’interopérabilité entre les divers services, qui avait fait défaut dans la prévention des attentats, est devenue le maître-mot. Des agences dont la mission officielle était jusqu’alors strictement confinée au territoire national, tel le FBI, installent des antennes ou des relais à l’étranger et celles qui ne pouvaient agir qu’à l’extérieur élargissent leur aire de compétence au territoire national. C’est le cas de la CIA. Même chose du côté des militaires et de la définition de la fonction “Défense”, qui désormais comporte un versant intérieur.

Cette dynamique américaine a irradié vers l’extérieur. Car les Etats-Unis sont dans ce domaine dispensateur de normes. On peut parler en ce sens d’une standardisation mondiale des dispositifs de sécurité : passeport biométrique, fichiers sur les passagers transatlantiques, resserrement de la politique en matière de visas, directives et législations sur les écoutes, etc… Toutes mesures auxquelles s’est soumise l’Union européenne, après parfois quelques velléités de résistance quand elle n’a pas fait de zèle en allant plus loin que les exigences des autorités américaines. Par exemple, en matière de carte d’identité numérique. Ce qui est certain, c’est que partout, depuis le 11-septembre 2001, les diagnostics et les narratifs sur la menace et la vulnérabilité cautionnent la chasse aux informations pour les stocker et les mettre en équation opérationnelle, sans toujours pour cela atteindre leur cible. Parallèlement à la sécurisation de la circulation des flux de personnes, il y a eu celle qui a touché les autres segments du mode de communication, les flux des marchandises. En matière de chaîne logistique des transports maritimes internationaux, par exemple, se sont imposées les normes de “fiabilisation” des opérateurs définies par les Coast Guards.

Les révélations par le New York Times en 2006 de l’existence d’un dispositif secret de surveillance des transactions financières géré par la CIA, concernant aussi bien les citoyens des Etats-unis que les étrangers à travers le monde entier, ont fait scandale. Elles ont montré que la traçabilité des flux d’argent a bénéficié de la complicité étroite du système mondial de transaction électronique Swift, une coopérative interbancaire de droit belge, située dans les environs de Bruxelles. Par ce réseau transitent les fonds de quelque 8 000 établissements financiers. C’est dire que des biens aux personnes en passant par les messages, l’ensemble du mode de communication et de circulation qui définit la démocratie et l’économie libérale se voit concerné par le resserrement du contrôle.

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N’assiste-t-on pas à une extension quasi-illimitée de la notion de lutte anti-terroriste ?

L’argument anti-terroriste est en effet à géométrie variable. Il peut alimenter l’amalgame entre contestation politique –voire d’anti-conformisme- et terrorisme. On peut donc l’appliquer à un peu n’importe quoi. Et sa malléabilité fait qu’il permet d’allumer des peurs de façon inconsidérée. Il sert à légitimer l’élargissement des pouvoirs des forces de l’ordre, ainsi que de la palette des suspects et des peines. C’est ce qu’atteste la multiplication des modifications du code pénal et du code de procédure pénale, et donc des personnes susceptibles d’être l’objet de fichages.
Ce qui est sûr, c’est qu’il a déteint sur le traitement que les forces de l’ordre et leur ministère de tutelle réservent aux actions des mouvements de contestation citoyens, et sur le type de narratifs et de scénarios que ces administrations construisent autour des “troubles de l’ordre public”. C’’est notamment le cas du sort réservé aux manifestations de soutien à des prisonniers ou à des étrangers en situation irrégulière. De là, les dérives au niveau de l’extension de la notion de “complicité”, de contact et de sympathisant, que l’on peut constater aussi bien dans la lutte anti-terroriste que dans la lutte contre l’immigration clandestine, et qui justifie le fichage de “ceux qui sont en relation avec les étrangers suspects”.

L’onde de choc de ces mesures sécuritaires a-t-elle atteint les démocraties non-occidentales ?

L’onde de choc des attentats et de la “guerre globale au terrorisme” n’a pas seulement touché les démocraties occidentales. Elle a atteint des pays qui sont loin d’être le point de mire des menaces et actions d’Al-Qaeda. C’est une logique devenue globale, chacun acclimatant en fonction de sa réalité nationale la “menace”, le “risque”, la “vulnérabilité”. La nouvelle conjoncture géopolitique a été l’occasion pour de nombreux gouvernements d’un saut dans leur législation et leur stratégie de “sécurité nationale”, érigée en trait-d’union transnational. Il en va ainsi de pays comme le Mexique, confronté à la lutte contre le narco-trafic et le crime organisé, mais aussi à des mouvements de guerrillas de diverses tendances qui ne datent pas d’aujourd’hui. Là aussi, la tendance est d’aller au-delà de ces luttes ponctuelles contre des ennemis extrêmes, et de prendre leurs actions comme prétexte pour criminaliser les contestations sociales qui sont l’expression d’un droit démocratique à se faire entendre. A preuve, dans ce même Mexique, la répression brutale des mobilisations sociales contre la gestion corrompue du gouverneur de l’Etat d’Oaxaca. Les radios communautaires de la région ont d’ailleurs été des cibles privilégiées de cette stigmatisation.

A l’occasion de ces situations de répression intérieure se dessine un élément récurrent à l’œuvre dans les sociétés démocratiques : l’appel aux forces spéciales rattachées à l’armée pour remplir des tâches policières ; ou, quand ce n’est pas le cas, l’opportunité de repenser l’articulation entre le militaire et le civil face aux menaces pour la sécurité nationale. Même si, par sa brutalité, il heurte la sensibilité du spectateur et si le réalisateur fait montre de complaisance, le film du Brésilien José Padilha, Tropa de elite, sorti sur les écrans français en septembre 2008 et qui traite de la formation et de l’intervention particulièrement brutale du bataillon d’élite (BOPE) dans les favelas brésiliennes contre les trafiquants de drogue, illustre bien le phénomène et ses dérives.

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Dans votre livre, vous citez ce cas d’un militant très recherché de la Rote Armee Fraktion, interpellé justement parce qu’il essayait de ne pas laisser de trace et qu’il avait payé sa facture d’électricité en liquide. Ou quand, même en se dissimulant, on est pris au piège… Est-il encore possible d’échapper à la surveillance globale ?

Cela se passait dans les années 70. Depuis, les techniques de la trace se sont drôlement sophistiquées. Mais le cas était prémonitoire. Trente ans plus tard, dans une société, qui se vit comme nomade, celui qui n’est pas fiché devient « anormal ». La normalité est d’être fiché, repérable. Lorsqu’on consomme, lorsqu’on se soigne, se déplace ou communique. Tous ces actes quotidiens donnent lieu à des prélèvements d’informations qui permettent de dresser des profils à des fins multiples. Celui qui n’utilise pas de technologies susceptibles de le géolocaliser est déjà un coupable en puissance. Que ce soit en plein ou en creux, chacun doit entrer dans le champ de vision des techniques de la surveillance.

Vous citez l’essai Die Diktatur de Carl Schmitt, qui définit « la souveraineté de l’Etat comme la capacité à décider de faire des exceptions, de suspendre les normes de conduite habituelles en terme de liberté publique pour mettre en branle les forces et instruments de sortie de crise de manière à assurer sa survie même ». On pense à Vigipirate, activé depuis 2001 sans que personne ne s’en étonne plus, aux fichiers Edvige, Cristina, Ardoise… Si on y ajoute la future carte d’identité biométrique, le fichier génétique et les technologies intrusives (téléphone portable, pass de métro ou vidéo-surveillance), on a l’impression d’être cernés de toute part. C’est le cas ?

Vigipirate est un bon exemple de la montée en puissance d’un dispositif de surveillance et de l’évolution de ses missions dans le sens du “renforcement” sous la pression des situations de crises. La façon dont il s’est naturalisé dans le paysage sécuritaire national à la suite du 11 septembre 2001 révèle effectivement comment des dispositifs décidés à des périodes exceptionnelles, avec alternance de mise en place et de levée, se transforment au fil des situations de crise en mécanismes permanents. Créé en 1978, ce dispositif de vigilance et de prévention associant l’armée aux tâches de Défense civile a été déclenché la première fois en 1986, à la suite des attentats attribués à la filière iranienne. Il sera par la suite remis en place et renforcé après chaque menace d’attentat : première guerre du Golfe, attentats dans le RER, Coupe du monde, frappes au Kosovo et en Serbie.

Le vocabulaire mobilisé par la présentation en mars 2003 du “nouveau plan gouvernemental de vigilance, prévention et protection face aux menaces des actions terroristes” est symptomatique de ce passage d’un “Vigipirate renforcé” à la nature des choses . “Rénovation”, “modernisation” “souplesse”, “culture de sécurité”… Des “contraintes proportionnées aux menaces”, graduées grâce à la caractérisation de quatre niveaux croissants d’alerte définis et matérialisés par des couleurs, à l’instar du “Homeland Security Advisory System » et de son code couleurs que le gouvernement des Etats-unis a inauguré dès 2002.

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Revenons à Carl Schmitt : il s’agit encore du temps où tout se passait dans l’enceinte des frontières de l’Etat-nation. Nous vivons aujourd’hui dans un monde interconnecté et traversé par les rapports de force, où l’effet « dominos » joue à plein. C’est pourquoi j’insiste sur le transfert des schémas et stratégies de la sécurité nationale, les standards techniques américains se transformant en normes internationales. Le global, c’est la recherche de synergie. L’exception est-elle devenue la règle ? Il me semble qu’il y a moyen d’y répondre de deux façons. A partir du constat de la prolifération des dispositifs techniques, vidéo-surveillance, ADN, puces, biométrie, vigipirate, etc…, prolifération qui incite à percevoir le monde comme une réplique de la société orwellienne. Et les narratifs sur ce type de société ont forcément une charge anxiogène qui rencontre, à leur insu, le discours (in)sécurisant des gouvernements. Mais ces indicateurs d’une tension entre les libertés et la sécurité au quotidien ne sont que la pointe de l’iceberg de l’avancée du déréglement de l’état de droit. L’exception s’institue en règle, mieux, en une nouvelle normalité, à partir d’une multitude de modifications à répétitions, par exemple du code pénal et du code de procédures pénales, ainsi que par une restructuration de l’architecture des services de renseignement, des missions des forces armées à l’intérieur comme à l’extérieur. Et surtout par les glissements vers le pouvoir exécutif des fonctions des autres pouvoirs. En un mot, par les atteintes au principe qui fonde la démocratie libérale : la séparation des pouvoirs. Le fait que ces changements se distillent en ordre dispersé explique sans doute la réelle difficulté pour les citoyens de déceler sous ce nouvel ordre juridique la dynamique d’ensemble qui lui donne cohérence comme projet de société enchâssé dans un ordre mondial.

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Ce qui est en effet frappant, c’est l’évolution de la tolérance des citoyens à ces intrusions croissantes de l’Etat dans leurs sphères individuelles. Ce qui faisait scandale dans les années 1970, par exemple le fichier Safari, n’indigne pratiquement plus. Ne sommes-nous que des moutons ?

Il est vrai que la « servitude volontaire » est un fait et que, par rapport aux années 1970, il y a une tolérance à ces intrusions. Les modifications des compétences de la CNIL n’ont guère suscité de grandes actions collectives. Et le Comité d’éthique pour les sciences de la vie surenchérissait en parlant du peu de résistance aux marqueurs biométriques : « Chacun accepte finalement et même avec quelque indifférence d’être fiché, observé, repéré, tracé. » Disons pour le moins que la prise de conscience et le passage à l’acte ne sont pas le fait d’une masse critique. La déréglementation de la pensée critique qu’a signifié l’emprise de la doxa néo-libérale sur les esprits depuis les années 1980 y est pour beaucoup. Ceux qui se mobilisent, ce sont surtout ceux qui ont eu l’expérience des retombées de ce contexte sécuritaire dans leur domaine de pratiques : des organisations de défense des droits humains, des syndicats de magistrats, des réseaux d’internautes militants, des réseaux critiques à l’égard de l’informatisation et de la biométrisation, certaines composantes du mouvement social… Mais aussi des associations de professionnels travaillant dans des domaines tels que la santé ou l’éducation, où s’exercent les méfaits de la perspective sécuritaire dans l’appréhension du couple normalité/ déviance. Sans compter le malaise qui s’exprime chez certains policiers.

Les débats auxquels j’ai participé depuis la sortie de mon ouvrage m’ont convaincu que le désir de savoir et d’agir travaille nombre de milieux et de réseaux très divers. On a même assisté à la naissance de réseaux internationaux d’études et de contestation autour des politiques sécuritaires. Je pense par exemple à Statewatch, à Liberty/ Security ou International Campaign Against Mass Surveillance. Ce qui fait défaut, c’est la médiation des agencements sociaux qui permettraient une mise en commun. C’est un problème qui déborde le strict questionnement de la gestation de la société sécuritaire. Il concerne le débat sur la plupart des questions vives qui requièrent l’échange entre ceux qui en connaissent la complexité et ceux qui en ont l’intuition à travers leur vécu. Ce qui nous renvoie à la nécessité de redéfinir le contrat social entre la science et la société, entre ceux qui savent et ceux qui sont présumés ne pas savoir. La question est de savoir si des crises, comme celle qui agite la planète aujourd’hui, qui donnent à voir en direct les forfaitures d’un modèle particulier de société promu en vérité naturelle et universelle, peuvent fonctionner comme analyseur des zones les plus obscures de la démocratie et provoquer un sursaut de conscience salutaire.

Justement : que vous a inspiré la mobilisation autour du fichier Edvige ? Est-elle anecdotique ou essentielle ?

Elle est importante. Tout comme l’a été la mobilisation fin 2007 contre la loi sur l’immigration prévoyant l’analyse des empreintes génétiques pour vérifier les liens des enfants avec leur mère dans le cadre du regroupement familial. A ces occasions, des constats, des analyses, des concepts sont mis en circulation qui donnent une possible grille de lecture à laquelle le public n’a généralement pas accès pour juger des logiques sécuritaires. L’intervention croisée des anthropologues et historiens de l’immigration et des spécialistes des sciences de la vie dans ce dernier cas a été, sans le vouloir, une véritable leçon de pédagogie citoyenne. Pour essentiels qu’ils soient, ces moments d’appel à la révolte contre ces pratiques discriminatoires restent toutefois trop ponctuels.

Des formes de contestation embryonnaires dans certains pays apparaissent qui, comme en Allemagne ou la Suède, ont réussi il y a peu à infléchir la dynamique des projets de législation agressifs aux fins de surveillance du trafic électronique. Outre-Rhin, je pense aux descentes dans la rue de plus de quarante villes d’associations regroupées au sein du « Cercle de travail sur la sauvegarde des données ».

Vous démontrez de quelle façon l’idéologie du marché total, soit le capitalisme débridé, va de pair avec la société de surveillance. Pour lui faire échec, il n’y a d’autre solution que de refonder complètement notre système économique ?

L’idéologie du marché total se conjugue avec la gestion musclée des inégalités sociales que suscite ou approfondit le projet de société et d’ordre mondial qu’elle inspire. L’hystérie sécuritaire du pouvoir exécutif se nourrit du refus de déclarer la guerre aux machines à produire et reproduire ces inégalités, le refus de repenser les systèmes de solidarité mis à mal. Il y a à peine quelques mois, j’aurais dû faire de longs développements pour convaincre de la nécessité imparable de refonder les règles du jeu qui, depuis les déréglementations de la fin des années 1970, président au projet, présenté comme unique et fatal, de globalisation néolibérale d’un capitalisme spéculatif arrimé aux seules logiques du marché.
Le lundi noir de l’automne 2008 a remis sur le devant de la scène l’idée de régulation et de politiques publiques, tant au niveau national que global. Il ne s’agît pas seulement d’une crise du système financier, mais d’une crise du modèle global de société duquel il est partie prenante. Ce qui veut dire que nous n’en viendrons pas à bout à coup de plans de sauvetage par injection sur le dos des contribuables de sommes astronomiques dans les économies en manque de liquidités. La convergence de la crise financière, de la crise énergétique, de la crise alimentaire, de la crise climatique, toutes génératrices de foyers de crise sociale, indique que de crise de civilisation il est question. Cette crise de sens, c’est ce que tentent d’enrayer les réflexions et propositions visant à considérer l’argent comme “bien public commun”, afin d’empêcher qu’une poignée de traders ne jouent avec la circulation des flux et provoquent l’appauvrissement et le mal-être de sociétés entières. Cette idée de bien public commun qui renvoie à celle de service public, va bien au-delà de cette la denrée monétaire. Elle touche à tout ce qui est aujourd’hui l’enjeu des stratégies d’appropriation privée, de patrimonialisation, de biens comme le vivant, le savoir, la culture, la communication, l’eau, le spectre des fréquences.

Evidemment, résoudre cette crise de sens ne se fera pas sans s’interroger sur la nécessité de revoir la place des organisations citoyennes dans la détermination des finalités sociales du régime économique. Comme je l’écris : « Ou bien va s’accomplir un saut qualitatif dans la participation des citoyens à la gestion de la société, ou bien on va vers un exercice chaque fois plus autoritaire du pouvoir et vers une régression des droits ». Ce qui suppose de retrouver le primat du politique et de la souveraineté populaire, mais aussi de repenser la triade Etat-Marché-société des citoyens. Ce qui implique aussi (et surtout) de changer l’ordre des priorités prescrit par la raison intrumentale et la croyance dans les vertus rédemptrices des techniques. Car c’est le déterminisme technique, et plus précisément celui qui a trait au pouvoir déposé dans les nouvelles technologies de l’information et de communication, qui a soutenu la fuite en avant des stratégies de dérégulation néolibérales de sortie de crise depuis les deux dernières décennies du XXe siècle.

Face aux intrusions croissantes, vous appelez à la révolte, à la résistance ?

C’est le devoir de tout citoyen. Je le fais à partir de la place qui est la mienne dans la société, celle d’un enseignant-chercheur qui n’a cessé depuis plus de quarante ans de refuser le monde tel qu’il est.



1 Aux éditions La Découverte

2 Cette interview a été réalisée par mail.


COMMENTAIRES

 


  • mardi 20 janvier 2009 à 13h27, par Françoise

    Merci JBB pour cet entretien et un grand merci à Armand Mattelart pour ses réflexions et ses explications.

    Ce qui est à craindre c’est que, malheureusement, trop de gens ne savent pas le quart de la moitié des outils qu’utilise « Big Brother » et n’en mesurent pas la portée. Tant qu’une majorité de citoyens dira « Moi je n’ai rien à me reprocher, — c’est pour tout le monde pareil — ça ne me tracasse pas d’être fiché, filmé etc. — c’est pour notre sécurité. » (et ce sont des remarques que j’entends souvent), je crains que les politiques sécuritaires aient encore de belles années devant elles.

    Voir en ligne : http://carnetsfg.wordpress.com

    • mardi 20 janvier 2009 à 19h42, par JBB

      « un grand merci à Armand Mattelart pour ses réflexions et ses explications. »

      Je suis tout d’accord avec toi.

      « Je crains que les politiques sécuritaires aient encore de belles années devant elles. »

      C’est marrant : de la lecture de l’ouvrage d’Armand Mattelart ou de quelques autres, je retiens notamment l’idée que tout est fichu, à moins qu’advienne un grand bouleversement qui secoue tellement notre société que le règne des états et multinationales s’en trouve ruiné. Sans ça… Le développement sécuritaire paraît si bien engagé, l’opinion publique si amorphe (hormis exception), que je ne vois pas comment il serait possible de lui faire obstacle autrement.



  • Bravo, tu as évité de nous marronner grave avec l’interview d’Obama que ppda voulait te refiler...

    Bonne occasion de saluer un « enseignant-chercheur qui n’a cessé depuis plus de quarante ans de refuser le monde tel qu’il est », et qui, par voie de conséquence, n’a pas dû s’ennuyer, tant il y a à faire.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • mardi 20 janvier 2009 à 19h35, par JBB

      « avec l’interview d’Obama que ppda voulait te refiler... »

      Ça s’est pas fait pour des raisons d’argent. PPDA mettait pas assez sur la table, j’ai dit crotte. Tandis qu’Armand Mattelart n’a pas hésité à sortir les billets, lui. :-)

      « Un ’enseignant-chercheur qui n’a cessé depuis plus de quarante ans de refuser le monde tel qu’il est’. »

      Tout d’accord avec toi. Cet homme a la classe, aussi disponible et gentil que convaincant et passionnant.



  • 314 lignes (si, si j’ai compté !) sans citer Obama et surtout pour nous donner à lire du lourd, voilà qui mérite un grand merci à Armand Mattelard et à toi.

    • mardi 20 janvier 2009 à 19h30, par JBB

      « 314 lignes (si, si j’ai compté !) »

       :-)

      Je n’aurais pas pensé à compter. Mais c’est clair que c’est le plus long entretien qui ait été publié sur ce site. Avec d’autres, ça m’aurait dérangé ; mais le discours d’Armand Mattelart est si fouillé et argumenté que je trouve juste cela parfait.



  • « C’est le devoir de tout citoyen. Je le fais à partir de la place qui est la mienne dans la société, celle d’un enseignant-chercheur qui n’a cessé depuis plus de quarante ans de refuser le monde tel qu’il est. »

    Demain, j’achète 5 litre d’essence, je vais me placer sur le parking d’Intermarché, je m’arrose et je m’allume !!!
    Et après ?

    JBB, toi-même tu ne relateras pas cet acte parce que tu ne le connaîtras jamais. Toute vie humaine, de partout a été au préalablement dévaluée pour permettre le déferlement ensuite... du sécuritaire. Toutes les solidarités ont été démantelées... auparavant...

    Un tel acte ne serait donc, dans la Sacrée Normalité du moment..., que l’acte d’un déséquilibré, rien qu’un fait divers bien homologué par les pompiers. Et ce serait ainsi, même si je le faisais avec des pancartes et des tracts.. éparpillés tout autour du bûcher. Tout cela..., vite mis à la poubelle ! Tout le monde se fout des velléités existentielles d’un quidam... même si toi, tu prends le temps de répondre à presque tous les commentaires... de ton blog.

    Combien de sites fort honorables et de blogs chaleureux... où le commentateur est effacé vite fait bien fait... quand il sort trop de ce que tout le monde sur « ce » site attend...
    Vois à cette adresse notamment, et ce n’est qu’un exemple : http://www.amaranthes.fr/salauds.html

    L’être vivant a perdu toute son épaisseur, (Et c’est nous qui en avons été le moteur !)...Mais le vivant humain n’a pas le plus petit chouya de plus que le reste du vivant... dans cette épaisseur... Le mépris et l’irrespect de l’autre, c’est l’état actuel de la réalité sociale aujourd’hui. N’importe qui devient une cible pour tout autre !

    L’effondrement de la valeur humaine crée automatiquement un maelström en forme de trou noir dans lequel nous allons tous être Broyés. Effondrement économique, effondrement financier, Ghaza, Congo... On avance irrésistiblement... car cette crise dite systémique est en fait une crise d’esprit de l’humain.

    Voici une citation de Bonafi Gilles :

    « Se révolter donc, mais quoi faire, aller dans la rue, tout casser ? Nous savons où cela conduit. Toutes les révolutions se sont terminées en dictatures car, au final, l’ordre l’emporte sur le chaos (Ordo ab Chaos pour les initiés). 1789 a eu pour résultat Napoléon, la révolution Russe, Staline, la révolution Spartakiste (de novembre 1918 à Berlin), Hitler, l’expérience anarchiste de Barcelone, Franco, la révolution chinoise, Mao. Je viens de résumer, la révolte nous pousse dans les bras de monstres. Alors que faire ? » (http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7870)

    Ceux qui se dresseront au milieu du champ de bataille seront réduits en un tas de charbon par un des mille missiles qui pointent sur chacun ou un des mille et un autres monstres.... tapis... sous les branches... Evidemment, ce n’est qu’une image, mais vois ce qui s’est passé pour ceux de Tarnac. Ils étaient simplement debouts à regarder..., absolument innocents, et la machine ne les a pas loupés. Ils sont tous écrabouillés... d’une façon ou d’une autre...

    Les êtres humains ne s’aiment plus. Ils n’ont plus que le sursaut face à des enfants martyrisés car, regarde pour Ghaza, le sursaut ne s’est fait que sur les enfants, alors que depuis quarante ans il y a eu un équivalent de 10 000 fois plus... de morts... Mais c’étaient alors de simples dénommés « palestiniens », des sans valeur ! Des gueux qui avaient le tort irréparable devant toute conscience livrée au goût du gain, à la course à la Richesse, tort irréparable d’avoir été complètement détroussés ! D’ignobles perdants !

    Et ce sera toujours la Technique, la technologie, le Progrès qui, lui, n’est jamais que celui des outils ou d’un environnement matériel... toujours au détriment de celui, complètement délaissé, des Cœurs..., qui nous concassera irrémédiablement dans ses engrenages !

    Demain, nous serons tous des perdants.

    Salut à toi, GBB ! Nous ne sommes pas très éloignés quant à l’optimisme pour demain !

    • mercredi 21 janvier 2009 à 16h57, par JBB

      La résistance ? Je ne souhaite pas parler à la place d’Armand Mattelart, mais il me semble évident qu’il ne s’agit pas dans son esprit de descendre dans la rue avec un bidon d’essence, mais de prendre conscience, de s’informer, de refuser une orientation du monde. Faire connaître pour entraîner une prise de conscience collective plutôt que se focaliser sur une action individuelle qui n’apporterait rien à la cause. Bref, le seul espoir que demain nous ne soyons pas tous perdant reposerait sur l’information de tous, la connaissance de chacun, la conviction que l’être humain peut encore apprendre et comprendre. C’est en tout cas ainsi que je vois le travail d’Armand Mattelart.

      Par contre, pour Gaza et l’histoire des commentaires, je ne te cache pas que je ne vois pas trop ce que ça vient faire ici. Rien ne sert de tout mélanger.

      • mercredi 21 janvier 2009 à 21h57, par Onoée

        Oui, je comprends, mais l’histoire des commentaires ne voulait que donner un exemple parmi d’innombrables... du mépris des personnes, pour montrer que toute personne peut aisément être effacée. C’était un exemple intéressant car on y pourchasse assidûment un commentaire qui a été immédiatement effacé !!! Ce qui multiplie l’aspect !

        Pour ce qui est de Gaza, c’était un moyen de faire de Gaza, un archétype, un mythe vivant de cette négation des personnes. Après tout, d’autres, ont bien fait de l’holocauste un mythe et un archétype... auquel ils se réfèrent sans cesse, avec raisons.

        Et à l’époque où l’on nous serine qu’il ne faut pas communariser en France ce qui se passe à Gaza alors que l’immense majorité des Français est solidaire des Palestiniens, j’ai trouvé qu’il fallait le faire...

        Bon, on peut apprécier ou pas..., mais, pour moi, ce n’était pas comme un cheveu sur la soupe.



  • Bravo pour l’interview. Mais lisez le livre de Mattelart , cela en vaut vraiment la peine. Il y a aussi des articles dans le monde diplomatique. Vraiment passionnants.

    • mercredi 21 janvier 2009 à 16h59, par JBB

      Merci :-)

      Par contre, j’ai bien lu le bouquin d’Armand Mattelart (je ne me permettrais pas de lui demander une interview, sinon). Et je suis tout d’accord vous : c’est passionnant.



  • mercredi 21 janvier 2009 à 20h54, par M’ENFIN !

    Bonjour,

    Puisque vous abordez ce sujet, je voudrais demander si quelqu’un sait comment bousiller la puce électronique des nouvelles cartes d’identité européennes, sans que ça se voie trop et sans que ça aie l’air d’être fait exprès.

    Je ne sais pas où vous en êtes en France, mais ici en Belgique, je suis un des derniers citoyens à ne pas encore avoir Big Brother dans mon portefeuille.
    J’ai perdu mes papiers en septembre, et je n’ai toujours pas fait de déclaration parce que je ne veux pas être pucé.

    Cette petite règle de trois est effrayante :
    1. La Loi nous oblige à avoir nos papiers sur nous
    2. Les nouveaux papiers ont une puce électronique intégrée
    — > 3. Nous sommes légalement obligés d’être munis en permanence d’une puce...

    Ce n’est désormais plus de la science fiction.
    Réagissons !!!!

    • mercredi 21 janvier 2009 à 21h15, par JBB

      Je suis (presque) comme toi : je devrai renouveler mon passeport dans deux ans et je suis censé être obligé d’en passer par le passeport biométrique (pour la carte d’identité, la question ne se pose pas : je m’en passe). Et je trouve cette idée aussi désagréable qu’inquiétante.

      Je n’ai pas plus de solution que toi. Si ce n’est te renvoyer sur cette vidéo d’un documentaire d’Arte (reprise ICI, dans un billet fort instructif du blog Les mots ont un sens) expliquant comment falsifier un passeport biométrique : vu comme ça, ça a l’air plutôt simple…

    • comment bousiller la puce électronique des nouvelles cartes d’identité européennes, sans que ça se voie trop et sans que ça aie l’air d’être fait exprès.

      Rien de plus simple, il suffit de la broyer en tapant dessus avec un marteau. Pas besoin d’ouvrir la carte et elle garde son aspect original.



  • jeudi 5 février 2009 à 10h50, par Section Cannes-Grasse de la LDH

    La section Cannes-Grasse de la LDH organise le 2 Avril 2009 une soirée débat dont le titre sera « fichés, filmés, surveillés... » Nous souhaiterions avoir la participation de M. Armand Mattelard en vedette pour cette soirée.
    Si quelqu’un a un moyen de le contacter et de lui faire part de notre demande qu’il le fasse en lui communiquant l’adresse de notre site ( http://cannes.ldh-france.org/spip.p... ), à partir duquel il pourra nous contacter.
    Merci d’avance



  • Avant de résister, il faut observer et comprendre (ce que fait bien sûr Armand Mattelart), et débattre, c’est à dire faire en sorte que les choses se trouvent sur la place publique, que rien n’advienne sans qu’on l’ait vu venir. Je pense notamment à la surveillance invisible (navigo, cb, téléphone portable, fichiers commerciaux, etc.).
    Pour ce qui est des caméras de surveillance, elles sont irrationnelles (leur efficacité n’est même pas évaluée) mais elles sont là pour répondre à une peur irrationnelle... Il y a une logique.

    Voir en ligne : Sous des yeux attentifs

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