ARTICLE11
 
 

vendredi 22 octobre 2010

Le Charançon Libéré

posté à 17h00, par JBB
33 commentaires

Bleu comme l’enfer
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Il est permanent et omniprésent. Depuis quelques jours, le déploiement des forces de l’ordre sur la capitale a de quoi laisser pantois : chaque manifestation, même la plus calme ou petite, a droit à ses dizaines de fourgons d’hommes en bleu et en civil. Une impressionnante saturation. Qui en dit finalement beaucoup sur l’état de fébrilité du pouvoir : la peur a déjà changé de camp.

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Paris s’est teintée de bleu. Ballet incessant des véhicules de transport des forces de l’ordre, sirènes remontant les rues, valse des pelotons casqués et armés. CRS déplacés ici, repositionnés là, alignés ici - mouvements aussi massifs qu’incohérents2. Les forces de l’ordre vont par vagues, flux et reflux permanent contre-disant toute tactique ou intelligence stratégique, réaction pavolvienne à la plus petite des manifestations, voire attroupement. La police est partout, littéralement. D’autant que le bleu ne se donne pas toujours à voir du premier coup d’œil : sur chaque manifestation, les flics en civils se pressent par dizaine, rôdant par groupes, prêts à se jeter sur le premier qui bouge ou - au contraire - à casser pour mettre de l’huile sur le feu3.

En un entretien accordé ici, fin septembre, le journaliste David Dufresne évoquait « ce pli, amorcé sous l’ère Sarkozy, de placer énormément de policiers aux alentours d’une manifestation : c’est ce que le ministère de l’Intérieur appelle un effet de saturation — saturation de l’espace et sidération des participants ». C’est cela, mais en pire. Parcourir hier la place Denfert-Rochereau - alors qu’un pan d’une (pourtant calme) manifestation de lycéens-étudiants était encerclée par des centaines de CRS dans une avenue proche4 et qu’un autre, repoussé dans la gare voisine, n’avait d’autre choix que de partir en RER - procurait un profond sentiment de malaise. L’impression de se noyer dans le bleu, tant l’endroit était inondé d’uniformes. Glouglou.

À force, raser les murs. Garder un œil sur les mouvements de CRS, un autre sur le régiment de civils. Ce sont eux, surtout, qui inquiètent. Le 16 octobre, quand une manif sauvage a parcouru au pas de course le trajet Nation-Bastille (pour finir par se jeter, en partie, dans la gueule du loup en rentrant dans l’opéra), ils étaient présents en grand nombre - devant, derrière et même dans la manif. Après l’arrestation d’une quarantaine de personnes, ils sont restés sur place, en apparence pour garder un œil sur la centaine de manifestants éparpillés aux environs, en réalité pour provoquer et se jeter, façon meute, sur le premier osant bouger le petit doigt. Un comportement de petite bande de voyous adolescents, la force, l’autorité et l’armement en prime. Eux - têtes de fachos et agressivité de roquets - font peur. Vraiment.

Ils font peur ? Soit. Mais c’est en fait l’inverse qu’il faut lire dans l’incroyable déploiement policier se donnant à voir sur Paris ces derniers jours, chaque fois qu’une petite banderole pointe le bout de son nez. Uniformes et civils peuvent effrayer, mais leur omniprésence et leur agressivité sont mesure de l’angoisse du pouvoir. Ils valent parfait thermomètre politique, plus que n’importe quelle déclaration gouvernementale, mieux que n’importe quelle analyse médiatique : le régime tremble. Il exhibe ses muscles, affiche sa force en permanence, parce qu’il ne sait d’où le coup redouté va partir, l’étincelle jaillir. Il lui faut donc traiter chaque manif, chaque rassemblement, comme s’il s’agissait de l’insurrection finale. Un œil sur les lycéens, un autre sur les étudiants, un troisième sur les radicaux, un quatrième sur les grévistes, un cinquième sur les bloqueurs... s’inquiéter de tous, vouloir contrôler chacun. Difficile aujourd’hui, impossible demain, pour peu que les foyers de contestation - même minimes - ne se réduisent pas : sur la longueur, la machine policière fatigue plus vite que nous.

Ainsi, un paradoxe : à force de répression préventive, d’agitation ubuesque et de ridicules déploiements, le régime perd par avance le contrôle d’événements qui ne se sont pas (encore ?) produits. Il ne se passe presque rien à Paris, la ville est calme et se tient, mais les forces de l’ordre sont déjà à leur maximum. S’il advenait réellement quelque chose, que feraient-elles ?



1 « Monochrone bleu », d’Yves Klein. Ce qui tombe bien, puisque Bartleby parle (joliment) de la Fiac ICI.

2 Une trentaine de camionnettes de CRS se sont ainsi garées tout près du Sénat, hier à 19 h, après qu’un très vague rendez-vous ait été évoqué lors d’une manifestation dispersée à Denfert-Rochereau. Les forces de l’ordre étaient présentes en très grand nombre pour huit manifestants... Rien à dire : le risque de débordements est pris au sérieux. Très.

3 Certains feignent encore de s’interroger, dans les médias ou sur le net, sur la nature de ce prétendu manifestant qui, lors de la manifestation sauvage du 16 octobre dernier, attaquait un passant d’un coup de pied dans le dos avant de sortir sa matraque et de l’exhiber en tous sens.

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Les mêmes ne s’étonnent pas plus que ça que l’homme ayant, quelques secondes avant, attaqué la devanture de la banque avec un poteau de métal n’ait pas été interpellé, mais exfiltré et protégé par les policiers en civil. À ceux-là, sceptiques se refusant à voir la main policière dans le prolongement de la tonfa, on ne peut que conseiller la lecture d’untrès bon article d’Arrêt-sur-Image sur le sujet. De quoi déciller quelques yeux. Pour le reste, une évidence : il va falloir faire le ménage dans nos manifs. Ou alors, rester chez nous...

4 Quelques dizaines de manifestants, les plus jeunes, ont été arrêtés et transportés en fourgon dans un commissariat parisien. Avant d’être relâchés après contrôle d’identité.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 22 octobre 2010 à 17h19, par JC

    D’ailleurs sur la vidéo de Nation avec les supposés flics-casseurs, je copie-colle un très bon commentaire trouvé sur Rue89 et qui détaille un peu des choses qui passent inaperçues :

    "petits indices troublants...vous connaissez beaucoup de casseurs équipés de gilet pare-balle ???
    indiscutable pour qui est habitué à voir, porter et manipuler cet équipement...regardez bien les cassures aux niveaux des épaules, et la coupe singulière que cela donne aux vêtements quand la matière textile se plaque contre !!!
    exemple bien visible :l’homme à la matraque à 2.01min ! l’homme dont la capuche est redescendue mais qui exfiltre très clairement le « casseurs » à 2.07, idem pour l’homme à la capuche blanche qui vient par après.

    Contrairement à ce qui a été annoncé par d’autres, le comportement de l’homme à la matraque est professionnel, aussi bien dans l’aisance du maniement que dans sont habilité à garder seul un grand périmètre...très habile...

    en bonus « cherchez Charlie » !!!
    Il y a un autre fait troublant, le grand bonhomme au chapeau, écharpe rouge et appareil photos...(et bien sur aussi le fameux sac à dos)
    Noter bien qu’il n’est absolument pas repoussé, et cela à plusieurs reprise, par l’homme à la matraque !! voir à 2.13 ; Et pourtant il est sur son chemin, l’homme l’évite même !!

    Et ou retrouve t’on cet individu ??? plus loin au milieu des policiers officiels, qui portent brassards 2.32min !
    Il est très clairement au milieu des policiers, derrière le cordons de CRS où aucun civil avec une touche comme la sienne ne pourrait être !! DCRG ?

    pas de polémique, des observations... rien que des observations..."

    En version illustrée :

    http://www.rue89.com/2010/10/21/mai...

    • vendredi 22 octobre 2010 à 17h34, par ZeroS

      « Flux et reflux » c’est du AHB. Plagiaire ! Persée à jour... il aime la poésie.

    • vendredi 22 octobre 2010 à 22h18, par A.S.Kerbadou

      « Cette vidéo n’est plus disponible car l’utilisateur qui l’a mise en ligne a fermé son compte You Tube » !?!

      Espérons que son compte n’a pas été réglé pour cause de menace au Sous-Ordre de la Sécurité... Non Publique.

      • samedi 23 octobre 2010 à 19h06, par JBB

        @ JC : encore des éléments (très) probants, pour ceux qui prétendraient toujours douter. Merci pour les infos.

        @ Zéro S : je m’incline.

        (Mais quelle culture, compadre !)

        @ A.S.Kerbadou : oui, étrange. Mais la vidéo a désormais tourné partout, elle ne peut plus disparaître.



  • vendredi 22 octobre 2010 à 19h03, par un-e anonyme
    • vendredi 22 octobre 2010 à 20h40, par ubifaciunt

      ce truc de cinglé !!!

      Stupéfait, putain, c’est incroyable l’effet que juste 6 gars peuvent produire...

      • samedi 23 octobre 2010 à 18h31, par JBB

        @ anonyme : ça calme....

        @ Ubi : clair.

        En même temps, on est purement là-dedans : l’effet produit, l’image de la force. Il ne s’agit que de fournir de beaux clichés, aux photographes et à la population, de jouer des muscles et de l’affichage de testostérone.



  • vendredi 22 octobre 2010 à 19h49, par wuwei

    Même du fond de ma province profonde je sens l’exaspération monter. Des gens qui en d’autres occasions n’auraient jamais émis la moindre critique sur le pouvoir quel qu’il soit, expriment leur ras le bol de cette camarilla grotesque qui nous tient lieu de gouvernement. Avec bien entendu le pitre en chef comme exutoire principal. Je crois très sincèrement qu’ils ont la trouille et que la seule alternative qu’ils leur restent c’est de sonner la cavalerie.

    • samedi 23 octobre 2010 à 19h02, par JBB

      Exactement, ils ont perdu le contrôle, à force de pousser les gens à bout. Rien ne dit que l’exaspération que tu évoques finisse par les emporter ; mais rien ne garantit - bien au contraire - qu’elle les laisse indemne. Ça se joue à très peu de chose, et ils n’ont pas d’influence sur cette marge.

      Attendons. :-)

      • dimanche 24 octobre 2010 à 18h39, par fnh

        Oserai-je citer Guy Debord ? Je crois que le lectorat de ce site, autant que ses tenanciers, non seulement me le permet, mais m’y incite...

        "XXX
        La surveillance pourrait être beaucoup plus dangereuse si elle n’avait été poussée, sur le chemin du contrôle absolu de tous, jusqu’à un point où elle rencontre des difficultés venues de ses propres progrès. Il y a contradiction entre la masse des informations relevées sur un nombre croissant d’individus, et le temps et l’intelligence disponibles pour les analyser ; ou tout simplement leur intérêt possible. L’abondance de la matière oblige à la résumer à chaque étage : beaucoup en disparaît, et le restant est encore trop long pour être lu. La conduite de la surveillance et de la manipulation n’est pas unifiée. Partout en effet, on lutte pour le partage des profits ; et donc aussi pour le développement prioritaire de telle ou telle virtualité de la société existante, au détriment de toutes ses autres virtualités qui cependant, et pourvu qu’elles soient de la même farine, sont tenues pour également respectables.
        On lutte aussi par jeu. Chaque officier traitant est porté à survaloriser ses agents, et aussi les adversaires dont il s’occupe. Chaque pays, sans faire mention des nombreuses alliances supranationales, possède à présent un nombre indéterminé de services de police ou contre-espionnage, et de services secrets, étatiques ou para-étatiques. Il existe aussi beaucoup de compagnies privées qui s’occupent de surveillance, protection, renseignement. Les grandes firmes multinationales ont naturellement leurs propres services ; mais également des entreprises nationalisées, même de dimension modeste, qui n’en mènent pas moins leur politique indépendante, sur le plan national et quelquefois international. On peut voir un groupement industriel nucléaire s’opposer à un groupement pétrolier, bien qu’ils soient l’un et l’autre la propriété du même État et, ce qui est plus, qu’ils soient dialectiquement unis l’un à l’autre par leur attachement à maintenir élevé le cours du pétrole sur le marché mondial. Chaque service de sécurité d’une industrie particulière combat le sabotage chez lui, et au besoin l’organise chez le rival : qui place de grands intérêts dans un tunnel sous-marin est favorable à l’insécurité des ferry-boats et peut soudoyer des journaux en difficulté pour la leur faire sentir à la première occasion, et sans trop longue réflexion ; et qui concurrence Sandoz est indifférent aux nappes phréatiques de la vallée du Rhin. On surveille secrètement ce qui est secret. De sorte que chacun de ces organismes, confédérés avec beaucoup de souplesse autour de ceux qui sont en charge de la raison d’État, aspire pour son propre compte à une espèce d’hégémonie privée de sens. Car le sens s’est perdu avec le centre connaissable.
        La société moderne qui, jusqu’en 1968, allait de succès en succès, et s’était persuadée qu’elle était aimée, a dû renoncer depuis lors à ces rêves ; elle préfère être redoutée. Elle sait bien que « son air d’innocence ne reviendra plus ».
        Ainsi, mille complots en faveur de l’ordre établi s’enchevêtrent et se combattent un peu partout, avec l’imbrication toujours plus poussée des réseaux et des questions ou actions secrètes ; et leur processus d’intégration rapide à chaque branche de l’économie, la politique, la culture. La teneur du mélange en observateurs, en désinformateurs, en affaires spéciales, augmente continuellement dans toutes les zones de la vie sociale. Le complot général étant devenu si dense qu’il s’étale presque au grand jour, chacune de ses branches peut commencer à gêner ou inquiéter l’autre, car tous ces conspirateurs professionnels en arrivent à s’observer sans savoir exactement pourquoi, ou se rencontrent par hasard, sans pouvoir se reconnaître avec assurance. Qui veut observer qui ? Pour le compte de qui, apparemment ? Mais en réalité ? Les véritables influences restent cachées, et les intentions ultimes ne peuvent qu’être assez difficilement soupçonnées, presque jamais comprises. De sorte que personne ne peut dire qu’il n’est pas leurré ou manipulé, mais ce n’est qu’à de rares instants que le manipulateur lui-même peut savoir s’il a été gagnant. Et d’ailleurs, se trouver du côté gagnant de la manipulation ne veut pas dire que l’on avait choisi avec justesse la perspective stratégique. C’est ainsi que des succès tactiques peuvent enliser de grandes forces sur de mauvaises voies.
        Dans un même réseau, poursuivant apparemment une même fin, ceux qui ne constituent qu’une partie du réseau sont obligés d’ignorer toutes les hypothèses et conclusions des autres parties, et surtout de leur noyau dirigeant. Le fait assez notoire que tous les renseignements sur n’importe quel sujet observé peuvent aussi bien être complètement imaginaires, ou gravement faussés, ou interprétés très inadéquatement, complique et rend peu sûrs, dans une vaste mesure, les calculs des inquisiteurs ; car ce qui est suffisant pour faire condamner quelqu’un n’est pas aussi sûr quand il s’agit de le connaître ou de l’utiliser. Puisque les sources d’information sont rivales, les falsifications le sont aussi.
        C’est à partir de telles conditions de son exercice que l’on peut parler d’une tendance à la rentabilité décroissante du contrôle, à mesure qu’il s’approche de la totalité de l’espace social, et qu’il augmente conséquemment son personnel et ses moyens. Car ici chaque moyen aspire, et travaille, à devenir une fin. La surveillance se surveille elle-même et complote contre elle-même.
        Enfin sa principale contradiction actuelle, c’est qu’elle surveille, infiltre, influence, un parti absent : celui qui est censé vouloir la subversion de l’ordre social. Mais où le voit-on à l’œuvre ? Car, certes, jamais les conditions n’ont été partout si gravement révolutionnaires, mais il n’y a que les gouvernements qui le pensent. La négation a été si parfaitement privée de sa pensée, qu’elle est depuis longtemps dispersée. De ce fait, elle n’est plus que menace vague, mais pourtant très inquiétante, et la surveillance a été à son tour privée du meilleur champ de son activité. Cette force de surveillance et d’intervention est justement conduite par les nécessités présentes qui commandent les conditions de son engagement, à se porter sur le terrain même de la menace pour la combattre par avance. C’est pourquoi la surveillance aura intérêt à organiser elle-même des pôles de négation qu’elle informera en dehors des moyens discrédités du spectacle, afin d’influencer, non plus cette fois des terroristes, mais des théories."

        Est-ce décalé ?



  • samedi 23 octobre 2010 à 00h24, par un-e anonyme
    • samedi 23 octobre 2010 à 18h33, par JBB

      Je ne suis pas fan de Collon.

      Par contre, le livre en question, Opération banlieues, est aussi percutant qu’effrayant. On en reparlera ici dans quelques jours, d’ailleurs.

      • samedi 23 octobre 2010 à 19h10, par un-e anonyme

        c’est en fouillant des poubelles qu’on trouve des objets de valeur, parfois.

        • samedi 23 octobre 2010 à 19h22, par S.A. Kerbadou

          Désolée pour l’odeur du colon dans le forum, merci pour le coucou !



  • samedi 23 octobre 2010 à 01h17, par Les infiltrés

    Qu’est-ce qu’il faut comprendre ? Que des meneurs, parmi les « casseurs », sont en réalité des agents provocateurs ?

    En même temps, ça serait logique, si le but est de montrer des images de violences. Si les manifestants n’en viennent pas à la violence, c’est la violence qui viendra à eux. L’agent provocateur, ou l’histoire du pompier-pyromane, qui vient éteindre le feu qu’il a lui-même allumé !

    Et dire que, tout ça, c’est juste pour l’image ! Dire que tout ça, c’est juste pour donner une image négative de ceux qui manifestent. Quand certains en sont réduits à ce niveau... on n’est pas loin de penser qu’ils sont malades. Et, en même temps, c’est du même niveau que quand c’est des « combats d’idées » : quand il s’agit d’expliquer, de défendre, de donner des arguments pour défendre leurs idées, leurs projets... ça vole guère plus haut !

    • samedi 23 octobre 2010 à 18h52, par JBB

      « Que des meneurs, parmi les « casseurs », sont en réalité des agents provocateurs ? »

      Tout-à-fait.

      « on n’est pas loin de penser qu’ils sont malades. »

      Tout-à-fait, derechef.



  • samedi 23 octobre 2010 à 09h08, par Gilles Delouse

    Tout à fait d’accord sur le dernier paragraphe : hier, nous étions une vingtaine d’étudiants s’étant donné rendez-vous pour un comité de mobilisation en Sorbonne. Une simple réunion d’information donc. A notre arrivée devant l’entrée, on nous fait comprendre qu’on ne pourra pas rentrer, malgré nos cartes d’étudiants. On a décidé d’insister un peu et de rester devant la porte tant qu’on ne rentrerait pas (ce qui est quand même la moindre des choses). Résultat ? Moins d’une heure après, les gendarmes mobiles bloquaient toutes les issues de la Sorbonne et l’administration faisait évacuer les locaux. La situation n’était même pas tendue pourtant, aucun renfort n’est venu, il n’y a eu aucune confrontation physique ni rien...

    La Sorbonne évacuée pour une dizaine de gauchistes même pas énervés, dont l’unique « action » (on ne peut même pas dire qu’on était actifs) a été de stationner devant une porte : si ça c’est pas de la bonne grosse trouille je sais pas ce que c’est.

    Voir en ligne : Poisson Rouge

    • samedi 23 octobre 2010 à 18h49, par JBB

      Clair, l’illustration est frappante (enfin... façon de parler).

      En même temps, c’est de bon augure : vous avez réussi à faire fermer la Sorbonne à vingt. Imagine ce qu’on pourrait faire à 2 000... le gouvernement saute, Sarko se suicide au flash-ball et l’Assemblée nationale se saborde. Minimum...



  • samedi 23 octobre 2010 à 09h59, par fred

    hello

    Les viellestechniques de Marcellin ?

    En juin 1971, il annonce en effet la création d’un nouvel organisme antigauchiste : un bureau spécialisé dans la lutte contre les extrémistes violents est créé au sein de la 4e section de la police judiciaire, qui a traditionnellement pour tâche d’enquêter sur les atteintes à la sûreté de l’Etat et qui a combattu dix ans plus tôt le F.L.N. et l’O.A.S.

    21 juin 1973 :

    « Cette affaire est très grave, dit Gérard Monate. D’autant plus que le syndicat policier d’extrême droite, le S.I.P.N., sorte de C.F.T. policière, en profite pour taire de la surenchère. » Bénéficiant de la sympathie active des autorités, le S.I.P.N., qui a son siège à la préfecture, intensifie en effet depuis quelques mois sa propagande pour une police plus dure.
    Son « score » aux dernières élections professionnelles à Paris – 19,8 % – ainsi que certaines manifestations de jeunes policiers en colère ont montré que ses slogans portaient.
    Ceux qui pensent que la soirée du 21 juin a été l’occasion d’une machination policière estiment que certains responsables policiers (lesquels ?) ont voulu rassembler dans la même colère et la même inquiétude les policiers affolés par la violence des manifestants et par la gravité des blessures de leurs camarades. Tout cela n’a pourtant pas permis à Marcellin de reprendre en main ses 115 000 policiers. Au contraire. C’est bien ce qui inquiète ses collègues du gouvernement.

    http://membres.multimania.fr/edipro...

    • samedi 23 octobre 2010 à 18h45, par JBB

      La comparaison est bienvenue - hors le rapport de force, il y bien des points communs entre 1973 et aujourd’hui. Dans l’érection d’un ennemi intérieur, le gauchiste. Dans la promotion de techniques policières agressives et manipulatrices. Et dans la législation : il y a peu de différence entre la loi dite anti-casseurs de 1973 et la loi sur les bandes de Sarkozy.



  • samedi 23 octobre 2010 à 12h33, par damien

    « S’il advenait réellement quelque chose, que feraient-elles ? »

    heu... elles changent de camp ? :-))



    • samedi 23 octobre 2010 à 18h40, par JBB

      Rien à ajouter, c’est juste et vrai.

       :-)



  • samedi 23 octobre 2010 à 13h53, par wuwei

    Du bleu, mais pas que !

    http://www.boston.com/bigpicture/20...

    • samedi 23 octobre 2010 à 14h57, par un-e anonyme
    • samedi 23 octobre 2010 à 15h22, par A.S.Kerbadou

      Extrait significatif. post n°:170 du forum afférent.

      http://www.youtube.com/watch?v=GAkD...

      Pour le partage de ce panoramique, MERCI !

      • samedi 23 octobre 2010 à 15h44, par A.S.Kerbadou

        puisqu’apparemment, le lien ci-dessus, m’ envoie à l’Erreur 104, un cop.collé du forum / « France on strike » c/o Boston.com :

        " ... And please, if you think ths might be sci-fi, just have a look a this one, from canada :
        http://www.youtube.com/watch?v=GAkD...
        Posted by Martin Granger October 22, 10 06:16 PM "

        • samedi 23 octobre 2010 à 15h47, par un-e anonyme
          • samedi 23 octobre 2010 à 18h38, par JBB

            @ wuwei : elles ont méchamment la classe, ces photos.

            @ A.S.Kerbadou : merci pour la vidéo. C’est agréable de voir des circonstances où ils font (beaucoup) moins les malins. Il nous reste à les traiter de même, ici.

            (Et : coucou)



  • dimanche 24 octobre 2010 à 15h30, par Brousse

    Bien qu’il paraît évident que la situation actuelle fasse correctement flipper les tenants de l’ordre (pour exemple : ma boulangère poujadiste est prête à créer un nouvel Action directe, c’est peu dire), l’omniprésence de la bleusaille est surtout un symbole, une image.

    Il sont au taquet effectivement ; et à en croire l’occupation par les cametards de tous les boulevards de France, on va finir par se demander qui est présent à l’intérieur du comico pour prendre les dépositions...

    Cela dit, je nuance l’élan positif de ce billet, tout de même, en insistant sur un ressenti personnel : pour l’instant, ils gèrent tout, essentielement de manière préventive. Qu’il faille qu’une étincelle pour que tout crâme, je partage ; que les condés flippent que quelqu’un allume la mèche, idem ; seulement, l’appareil préventif est assez fort pour couper l’herbe sous les pieds, un sécateur dans une main, l’extincteur dans l’autre, à qui est déterminé.
    Je me déteste un peu en pensant ça, mais j’en suis parfois à espérer un martyr...



  • dimanche 24 octobre 2010 à 22h16, par loloster

    1- un exemple d’omnipotence fate http://goo.gl/mzF8

    à 1mn40 : « y aura un rapport sur vous » genre on a les moyen de contacter ta hiérarchie mon p’tit journaleux et tu vas morfler. car ta hiérarchie, tout en haut, tu sais devant qui ils tremblent ?

    à 1mn50 la menace d’un outrage facile.

    2 - une déconstruction du « Spectacle de la violence » pour le 20 heures lors d’une manif devant le siège de l’UMP rue la boétie http://goo.gl/z1cr



  • dimanche 7 novembre 2010 à 22h43, par skalpa

    See ya !

    Voir en ligne : Kprodukt, revrivra-t-il ?

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