ARTICLE11
 
 

samedi 22 octobre 2011

Textes et traductions

posté à 16h46, par Infoaut — traduction Serge Quadruppani
19 commentaires

Roma’s burning !

À l’heure où la vengeance d’État s’exerce sous forme de perquisitions à travers toute l’Italie, à la recherche de présumés « casseurs », voici une réflexion à chaud sur les événements du 15 octobre à Rome, publiée sur le site Infoaut. On peut lire aussi sur mon blog le texte que j’ai rédigé avec mon ami Sergio Bianchi et diffusé en italien sur divers supports.

« Tandis que nous écrivons, les hélicoptères de la police bourdonnent encore dans le ciel de Rome et on aperçoit la fumée des barricades entre les immeubles du centre. Roma’s burning ! La journée de l’indignation en Italie semble ne pas vouloir finir, parmi les foyers de révolte encore éparpillés dans la ville, tandis que le système des partis remis en cause par la rue romaine indignée se dépêche, avec l’immense majorité des médias toujours empressés à lui laisser la parole, de criminaliser une journée de lutte extraordinaire. On ramène encore une fois la sempiternelle litanie sur les Black Blocs, comme s’il s’agissait désormais d’un rite pour exorciser un conflit social qui, ces derniers mois, a gagné en puissance et en soutien sur les places, dans les rues, dans les vallées et dans les universités de toute l’Italie.

Black Blocs, tu parles ! Place San Giovanni, pour résister aux charges et aux carrousels forcenés et mortels des fourgons de la police, il y avait non seulement « l’indignation » italienne, mais aussi l’expression d’un mouvement global pour le changement de notre péninsule, réunissant diverses générations d’étudiants, de précaires et de travailleurs dans une lutte commune contre la crise et la dette. En plus de monter des tentes de protestation sur les places, ceux-ci refusent également que leur manifestation soit bridée par les interdictions du ministère de l’Intérieur et revendiquent leur liberté à exprimer leur désaccord en s’en prenant aussi aux palais de la crise et de la politique. Il n’y a pas d’opposition entre ces tentes et la résistance violente place San Giovanni, c’est l’expression du même mouvement ! En Tunisie ou en Égypte, là où tout a commencé, les dictatures ont répandu le sang et réprimé jusqu’au dernier moment, avant de céder devant la force du mouvement et avant que la place Tahrir et la Kasbah de Tunis ne deviennent des espaces de lutte, d’indignation, de colère et de construction d’alternative, d’une vraie alternative, en dehors et contre les palais de la politique.

Mais peut-être une part du problème est-elle justement là : en Italie, la manifestation [du samedi 15 octobre] a été préventivement l’objet d’une compétition entre les directions de milieux politiques vieux et fatigués, expressions de luttes passées et de défaites, qui ont tous fait semblant d’écouter ce que le mouvement crie depuis des année - «  Personne ne nous représente !  » - mais se sont surtout donnés beaucoup de mal, difficile exercice d’équilibrisme, pour se garantir (à quel prix ?) un espace de représentation au sein du cortège. Il nous a même fallu supporter la présence du secrétaire général des jeunes du Parti Démocratique, qui prétend parler au nom de la manifestation de Rome. Alors que le monde entier, Italie comprise, s’est justement lancé dans ce mouvement pour protester contre la manière de faire de la politique que son parti représente aussi.

Il est encore trop tôt pour agencer les innombrables images que nous a apporté cette grande journée de lutte ; mais s’il fallait en retenir une, ce serait celle d’une place San Giovani remplie de manifestants décidés à ne pas céder la place à l’adversaire et affrontant une police n’ayant pas hésiter à renverser avec ses véhicules ceux qui ne voulaient pas s’en aller. Une belle image, que les bavardages des partis et la litanie du black bloc ne réussiront pas à distordre ou à modifier aux yeux du jeune prolétariat et des couches les plus exposées ou déjà frappées par la crise.

À partir d’aujourd’hui, le système des partis et des banques en Italie, s’il regarde vers le bas, ne trouve déjà plus personne parce que, de la place du 14 décembre 2010 à aujourd’hui, des gens de plus en plus nombreux se sont hissés assez haut pour regarder l’adversaire dans les yeux… »

*
La version originelle de ce texte, publiée sur le site Infoaut, est à lire ICI.

COMMENTAIRES

 


  • lundi 24 octobre 2011 à 16h00, par ZeroS

    Notons le traitement assez partial... des événements réalisés par La Repubblica, le journal d’avenir du centre gauche qui capitule. Notamment la proposition d’un portrait type du « black bloc » (évidemment incarnant le futur grand méchant brigadiste).

    • lundi 24 octobre 2011 à 16h00, par 2G2M

      C’est malheureux mais pour répondre au traitement partial de La Repubblica, il aurait fallu qu’Article 11 que j’apprécie beaucoup, réalise un article au traitement plus impartial. On sait très bien qu’en Italie ou ailleurs les groupes de Black Block sont infiltrés par les flics ou les fachos. Vu la situation il est même probable qu’il y ai des petites frappes payés par la mafia. Bref, si on peut comprendre l’utilisation de la violence contre les symboles du capitalisme sauvage et ne pas condamner a tout va cette forme de contestation, il faut prendre des précautions également et admettre qu’elle peut être détourné. En France l’Etat a déjà inséré ce genre de contestation dans sa gestion du maintien de l’ordre. Les flics peuvent offrir des quartiers entiers aux Black Bloc pour qu’ils puissent se défouler sans trop deranger les grands évenements, tout en fournissant des images effrayantes aux petits français qui regardent la télévision. Le temps de l’émeute viendra, mais la contestation pacifiste semble être plus populaire actuellement...

      • lundi 24 octobre 2011 à 16h01, par Quadru

        Je ne partage absolument pas ta vision paranoïaque des « black blocks ». Déjà, ce terme est désormais purement et simplement, un « élément de langage » médiatique, c’est-à-dire, un terme de propagande des médias dominants. Ensuite, il faut avoir, comme disent les italiens, du jambon sur les yeux, pour ne pas voir que les gens qui sont allés à la baston samedi n’étaient pas « des petites frappes payées par la mafia ». Je te signale que sur les huit personnes interpellées et poursuivies, il y avait six mineurs, et quatre filles. Tu insultes gravement la révolte d’une jeunesse, une part certes très minoritaire de cette jeunesse, mais qui exprime à sa manière la colère d’une part beaucoup plus importante. Et qu’est-ce que la mafia viendrait faire à Rome ? Documente-toi un peu, Rome n’est pas Naples ou Palerme. Dans la capitale, elle n’intervient que dans les palais du pouvoir, pas dans la rue ! Et ce que tu racontes sur les « quartiers entiers laissés aux black blocks » est aussi et toujours dans cette vision parano d’un pouvoir qui contrôle tout : à mon avis, outre qu’elle est complètement fausse, elle contribue à désarmer la lutte. A part ça, comme il était dit en introduction, il ne s’agit pas d’un article « réalisé » par Article 11, mais d’un texte traduit par mes soins et publié sur Article 11.

        • lundi 24 octobre 2011 à 16h01, par 2G2M

          Si tu limites le territoire de la mafia a Naples et à Palerme c’est que tu es sous documenté. La mafia possède plusieurs hotels et restaurants de luxe à Rome et a des liens avéré avec l’entourage de Silvio Berlusconi, et très certainement directement avec lui. Si tu suivais un peu l’actualité de l’Italie tu comprendrais l’intérêt de la mafia (donc du gouvernement italien) d’axer médiatiquement la révolte anticapitaliste sur le chaos et la destruction.

          "Ce gouvernement en difficulté cherchera à tout prix à délégitimer ceux qui manifestent, il cherchera à terroriser les adolescents et leurs familles avec un message clair : “Envoyez-les manifester et ils rentreront couverts de sang.” [...]

          A présent, la chasse aux sorcière est ouverte ; il y aura la volonté de montrer que ceux qui défilent sont violents. Il y aura la stratégie d’éviter que l’on se réunisse et que l’on exprime librement ses opinions. »

          Ces mots sont de Roberto Saviano (un journaliste qui devrait t’interesser vu qu’il est trés documenté sur la mafia). C’est une lettre qu’il a adressé aux jeunes qui s’étaient déjà révoltés en decembre 2010. Il n’évoque pas la mafia, ni d’élément infiltré, mais pense clairement que cela fait le jeu du gouvernement.

          Et il n’a pas tord, sur un mouvement international, les médias du monde entier n’ont retenu cette fois ci que ces violences et la présence de Julian Assange à Londres.

          Chaque groupe autonome, dans chaque pays a ces particularités, je n’insulte pas la rage de tous. Je m’interroge seulement sur le fait de dresser un portrait élogieux de personnes que l’auteur ne connait pas forcement.

          Le fait qu’il y ai des mineurs n’éclaircie en rien sur la possibilité d’une infiltration mafieuse de groupes autonomes en Italie. Tu es choqué que j’évoque la mafia, mais sans même la mafia, les flics et les fachos infiltrent ces groupes violents. Il faut donc les traiter au cas par cas selon moi. Je n’étais pas présent, je m’interroge, mais si tu étais présent et que tu m’affirmes que tu connais assez bien ces gens là pour m’assurer qu’il n’y avait pas infiltration de toute sorte. Ok je suis pret a te croire.

          C’est juste que lorsqu’ on revient sur l’histoire de l’Italie ; l’utilisation de la violence a toujours permis a la mafia, aux fascistes ainsi qu’a la police et aux services secrets d’infiltrer des groupes anticapitalistes (sans parler de l’aide de la CIA). Voir l’histoire des brigades rouges. Et comme tu le sais, c’est les capitalistes qui ont gagnés.

          • lundi 24 octobre 2011 à 16h02, par un-e anonyme

            écoute ce que Quadru te dit quand il parle d’éléments de langage

            exemple : élément de langage à la Copé : il y a eu 2,5 millions de votants aux primaires sur 44 millions d’électeurs inscrits donc c’est peu.

            Ben non, c’est pas mal quand même. et c’est pas gagné pour le patronat.

          • lundi 24 octobre 2011 à 16h02, par Quadru

            Je suis parfaitement documenté, notamment par mon ami Francesco La Licata, journaliste reconnu comme un des tous premiers spécialistes de la mafia depuis 40 ans et qui a écrit plusieurs livres sur le sujet, dont certains en collaboration avec des magistrats. Je t’assure que c’est toi qui est sous documenté : par exemple, prendre Saviano pour une source sûre et intéressante manifeste une grande ignorance, renseigne-toi un peu.Et lis ce que dit l’étudiant participant à la manif du 14 décembre de l’année dernière, dans le texte dont je fournis le lien dans ma traduction. Saviano a écrit un grand livre, Gomorra, mais depuis longtemps il s’est coupé de la réalité et déconsidéré aux yeux de quiconque formule un minimum de critique sociale : il vit dans une caserne en raison des dangers qu’il court et il pense désormais comme un carabinier. J’ai vu justement Francesco La Licata lundi soir, nous avons parlé des événements de samedi et s’il y avait eu le moindre soupçon de présence de la mafia, il me l’aurait dit. Je suis en voyage en Italie, où je me trouve une partie de l’année depuis vingt ans, et personne ici n’a avancé ton originale hypothèse. La mafia sicilienne, la ’ndranghetta calabraise et la camorra napolitaine peuvent manipuler des manifs sur leurs territories d’origine, pas à Rome. La ’ndranghetta, par exemple, est très présente dans certains secteurs de l’économie à Milan mais personne n’a jamais osé prétendre qu’elle y pouvait manipuler les manifs des centres sociaux ou toutes autres. Et dire que le gouvernement italien, c’est purement et simplement la mafia, c’est une caricature idiote : les points de contact entre le berlusconisme et les mafias sont nombreux et à divers niveaux, mais ça ne veut pas dire que c’est la mafia qui commande. Les rapports de connivence compétitive entre l’Etat italien et des mafias existent depuis toujours mais personne n’a jamais osé établir comme tu le fais un signe d’égalité pur et simple entre l’un et les autres. Les gens comme toi qui piaillent à la manip’ berlusconienne participent d’un climat de répression qui permet à cette ordure de Di Pietro de proposer de relancer les lois spéciales (loi Reale) et à ce fasciste d’Alemanno d’interdire les manifs à Rome. Pourquoi n’êtes-vous pas capable de voir qu’il y a eu des milliers de jeunes énervés qui ont participé à la manfi, et qu’il y a de quoi l’être, vraiment, énervé ? La question de la traduction politique de cet énervement est autre chose. Mais ne pas reconnaître la colère qui monte dans une part de la jeunesse est une faute historique qui se paiera chef.

            • lundi 24 octobre 2011 à 16h02, par un-e anonyme

              « qui se paiera cher », et non « chef » : cette faute de frappe et les autres est à imputer à l’heure à laquelle ça a été écrit.

            • lundi 24 octobre 2011 à 16h03, par un-e anonyme

              Ecoute, pas la peine de s’énerver concernant mes doutes. J’exprimais un doute et mon opinion sur l’utilisation de la violence alors même que cette violence est recherché par nos ennemis. Je comprend tout à fait l’énervement et la tentation est grande d’utiliser la violence chez moi, ce que je m’efforce de ne pas faire car il n’y a même pas assez de colère ici pour que cela ai un sens. J’ai effectivement relevé que tu étais sous documenté lorsque tu limitais le territoire de la mafia à Naples et à Palerme. Tu ne me semble plus sous documenté, tu as été juste un peu rapide dans ton commentaire au départ. Oui effectivement Saviano est coupé du monde, il n’aurait jamais du écrire Gomorra, il aurait pu décrire aujourd’hui encore le « social ». Sauf qu’il ne le peut plus, même si il le voulait. Ce n’est pas non plus un militant, pas un anarchiste, pas un communiste. Probablement même qu’il n’est pas fondamentalement anticapitaliste mais qu’il sait ou mene la violence et qu’il en a peur. Et je l’ai également écrit : il ne sous entendait pas que les éléments violents avaient été infiltrés par la mafia (c’est moi qui me posais la question). Je le citais parce qu’il jugeait que l’utilisation de la violence jouait en faveur du gouvernement. Mon commentaire est que les intérêts de la mafia et du gouvernement italien (je n’ai pas dit que c’était la même chose, mais j’ai été peut être pas assez clair) peuvent se rejoindre (finalement ils ont tous les deux la même idéologie : le capitalisme) et qu’ils ont été parfois mêlés ensemble a des histoires d’infiltrations de mouvements anticapitaliste violents. Pour moi il n’est pas paranoïaque par exemple de penser que la mafia profite de la situation pour bousiller des restaurants pour récupérer des aides de l’état, des assurances. Comme je te l’ai écris lors de mon précédent commentaire, si tu connais bien tout ces gens là pour me certifier qu’il n’y a pas eu d’infiltration, je te fais confiance. Ensuite une fois encore, je comprend l’utilisation de la violence, mais elle s’est montrée ici tout a fait contre-productive. Encore une fois parce que la violence des manifestants est depuis un certain temps comprise par ceux là même qui s’occupent du processus du maintien de l’ordre et qu’ils l’utilisent dans leur stratégie. En France, en donnant des quartiers VIP pour les casseurs et permettre aux télévisions de filmer pour faire peur a ceux qui sont en colère, qui chercheraient a se révolter mais qui ont peur de se retrouver avec le crane fracassé.

              D’un autre côté, le mouvement international qui est en train de naître, largement pacifiste déconcerte les flics qui ne savent plus comment réagir. Ils cherchent a transformer le mouvement en un mouvement violent comme en France ou ils se retrouvent a exercer la violence comme a New York ayant plus l’habitude d’être face à des comportements violents. Visiblement ce mouvement exprime bien mieux sa colère en n’allant pas là ou le pouvoir l’attend.

              J’aime beaucoup cet article de DeDefensa.org ou l’on trouve cet extrait :

              « Mais encore plus, cette situation, cette extraordinaire passivité et confusion “organisée” des “Occupants” (absence de revendications), conduisent les moyens habituels de répression à se trouver eux-mêmes enfermés dans leur masse, sans savoir vers où et comment intervenir. Il leur reste la violence gratuite, qui amène en général le sentiment public à se ranger du coté des “Occupants”. Ainsi Engelhardt a-t-il raison : la police (NYPD) se trouve dans sa “bulle” massive, disposant d’une impressionnante puissance qui s’avère finalement rien moins qu’impuissante face à une contestation conceptuellement insaisissable. Cela vaut toutes les manœuvres de harcèlement d’une émeute de rue, en beaucoup mieux et plus efficace. NYPD figure finalement la force sans but ni perspective de réduire les “Occupants” d’un pouvoir policier, position à cause de laquelle les psychologies (y compris celles des policiers) se trouveront de plus en plus affaiblies. »

              http://www.dedefensa.org/article-no...

              Ps : Bien qu’il soit vrai que d’autres journalistes ou intellectuels italiens peuvent avoir une vision plus proche de la réalité sociale italienne aujourd’hui, Saviano reste tout de même un excellent écrivain. Le seul boulot qu’il peut encore exercer puisque Gommora l’empêche d’être un véritable journaliste.

              Bon mes doutes sont levés car je préfère te croire et m’imaginer que ceux qui on eu recours à la violence à Rome sont des gens sincères et révoltés, mais je continue a être persuadé que le temps de l’émeute (en Europe) n’est pas d’actualité et que celle ci est du pain béni pour les capitalistes.

              Même si nous n’avons pas le même point de vue au final, on va pas se foutre sur la gueule pour si peu ? hein ?

              • lundi 24 octobre 2011 à 16h04, par Quadru

                Bien sûr qu’on va pas se foutre sur la gueule. Mais on reste en désaccord sur le fait que le grand problème de la manif de Rome, ce serait la violence, qui l’aurait desservie. Je te renvois au texte que nous avons écrit à chaud, Sergio Bianchi et moi, que tu peux lire sur mon blog. Je pense que les lamentations sur la violence servent surtout, chez beaucoup d’indignés, à se masquer leur incapacité, peut-être provisoire, mais en tout cas évidente dans cette manif, à avancer des projets et des pratiques qui sortent de l’impuissance de l’indignation. Tant qu’on n’aura pas d’autre perspective que de marcher d’un point à un autre, ou de camper, pour exprimer sa colère, la colère prendra des formes violentes. Moi, je ne me pose pas la question violence/non violence mais quel type d’action, quelles cibles, quelles pratiques qui puissent déborder hors du temps des manifs ou des lieux de campement. En Espagne, ils occupent des maisons : ce n’est pas très original, mais il faut voir les pratiques qui se noueront autour de ces occupations. De toute façon, nous entrons dans une époque de tumultes qui n’a pas fini de produire du nouveau, magnifique ou monstrueux. C’est pourquoi le genre de discussion comme celle que nous avons est plus que jamais nécessaire.

                Voir en ligne : Jours de colère, jours de tendresse

                • lundi 24 octobre 2011 à 16h04, par un-e anonyme

                  J’ai vécu ce #15o à Bruxelles - où il n’y a pas eu d’incident et où la manif fût qualifiée de « sympa » et de réussite par tout les médias (mainstream). On était quelques-uns à avoir un oeil sur ce qui se passait à Rome (dans un groupe où sa causait plus que pas mal l’italien). Et je trouve que étonnement (ou pas, après tout), ce manque de pratique hors manif, cette absence d’une prise direct dans le quotidien dont tu parles, ça se sentait beaucoup à Bruxelles aussi. Et je me demande ce qu’il en était ailleurs - enfin hors d’Espagne où on sait que c’est particulier ?

                  Qu’il soit masquer par un succès quantitatif (parfois tout relatif, y avait 10 000 personnes à Bruxelles, une ville de plus d’1 millions d’habitant - les râleurs diront que ça ne fait pas 99%) ou par la question foireuse de la violence des Blaques Bloques, j’ai l’impression que ce problème-là peine à arriver sur le devant du mouvement des indignés. Or si nous (après tout moi aussi, j’étais là) n’arrivons pas à le penser, alors ce #15o mondial n’aura pas été un évènement. tout juste un superbe carnaval - et les carnaval, parfois ça dégénère (comme à rome).

              • lundi 24 octobre 2011 à 16h04, par sabre au clair

                A Gênes ,en 2001, la présence de groupes de flics déguisés en blacks blocks a été prouvée. Il suffisait de voir le comportement de la police par rapport à ces groupes.

                Mais ça ne disqualifie pas tous les manifestants qui utilisent la violence : c’est le résultat d’un rapport de forces qui est imposé par le pouvoir en place.

                Ce n’est pas une raison pour charger sabre au clair, cela dit, c’est le meilleur moyen de se faire descendre. Il faut essayer d’être plus malin qu’eux, ce qui n’est pas très difficile.



  • lundi 24 octobre 2011 à 16h05, par fred

    La Francia si prepara al G20. La prefettura delle Alpi Marittime lavorerà in collaborazione con la prefettura di Imperia per prevenire eventuali « atti isolati » nel corso della manifestazione organizzata dai movimenti per il 1 novembre a Nizza e per il 3 novembre a Cap d’Ail. I manifestanti non potranno in alcun modo avvicinarsi alla Croisette di Cannes, che durante il summit verrà chiusa ermeticamente.

    Les préfectures (it. et fr.) collaborent : pas de manifestants sur la Kroisette !

    http://www.repubblica.it/politica/2...

    La chasse aux BB et délations :

    http://www.repubblica.it/politica/2... i_violenti_i_blogger_denunciano-23365188/1/ ?ref=HREA-1



  • lundi 24 octobre 2011 à 16h06, par un-e anonyme

    À regarder, par exemple, le Jura libertaire sur cette journée romaine, on retrouve ce bégaiement où la présentation de multiples images d’une même Mercédes brulée vient titiller un imaginaire appauvri... L’insurrection devient une idée, n’est plus un fait, juste le jeu à jouer pour qui refuse cette société sans chercher à la foutre en l’air autrement que par un seul et unique geste, l’affrontement à l’état, mimé jusqu’à l’absurde. Mais derrière les images, il existe en Italie, contrairement à la France, des formes de continuité d’une existence politique suffisamment affranchie de l’urgence (des centres sociaux, dont on a vu aussi en Espagne le rôle qu’ils ont pu jouer dans le mvt baptisé par la presse « indignés »).

    Si l’affrontement à l’état ne peut se vivre comme une réalité séparée, ce qui le menace toujours, il faut bien tisser quelque chose... Il serait temps qu’ici aussi, un peu d’exigence contrebatte la folklorisation, le goût du beau geste. La politique est l’affaire de tous.

    En Grèce au fil du temps les « insurrectionalistes » en viennent à chercher à sortir de leur cage, de leurs stéréotypes. On voit dans des assemblées des gens qui expliquent avoir voté à droite et qui aujourd’hui participent à des piquets contre des patrons. C’est affaire de décentrement, de ne pas être obligé d’adopter l’uniforme et la prose du warrior sous peine d’extranéité, de savoir proposer un cadre collectif ouvert à n’importe qui plutôt que les fourches caudines de l’« affinitaire » (et de lui seul).

    Une grève générale démarre ce 19 octobre en Grèce... Un papier raconte ce paysage :

    Retour à la base - Méditation sur le renouveau du syndicalisme grec

    • lundi 24 octobre 2011 à 16h06, par Quadru

      Je pense que tu as raison de parler d’« imaginaire appauvri », mais l’imaginaire de la manif-défilé avec ses écriteaux et ses masques me paraît aussi bloqué. Sans doute faut-il sortir de l’opposition baston-traîne savates, pour trouver de nouveaux modes d’intervention, et le papier que tu invites à lire sur le site de la CIP indique certainement des pistes.

      • lundi 24 octobre 2011 à 16h07, par fred

        salut

        l’affrontement à l’état

        Effectivement, faire le jeu des gouvernements lors des manifestations pour subir la répression des manifestants violents, le tout couverts par la presse à papa en attendant les élections n’a jamais été « l’unique » moyen de faire avancer les choses.

        De plus, les revenus socialisés bien qu’insuffisants, permettent à beaucoup de gens de se soustraire régulièrement à l’impératif de devoir « passer sa vie à la gagner ». Ne devrions-nous pas penser les collectifs de chômeurs comme des espaces de liaison articulant 1. l’affirmation d’un droit à des revenus d’existence pour tous (Sécu, RSA, assurance chômage, mutuelles) ; 2. l’activation de réseaux syndicaux de lutte, lorsque les chômeurs se trouvent dans la nécessité de se salarier, par le placement ; 3. le soutien aux initiatives de travail coopératif égalitaire et écologique ?

        Cela me paraît être, mais je peux me tromper, du réformisme par rapport au système en place. Pourquoi continuer de demander une aumône sous couvert de : 1. du droit à l’existence 2. d’un organisme de représentation 3. d’un soutien à « l’économie durable »

        La politique est l’affaire de tous.

        Oui, mais cela n’implique pas forcément une adhésion à une orga ou syndicat. Il faut trouver les moyens ou les moments pour se rendre disponible « à pouvoir penser politiquement ». Il faudrait peut-être aussi arrêter de chercher à tout prix à « conscientiser les masses » et plutôt trouver une « communauté » de liens où faire vivre cette « pensée politique ».

        amitiés

        • lundi 24 octobre 2011 à 16h09, par un-e anonyme

          En réponse à 17h32... Il a déjà été répondu au refrain « les manifestants violents font le jeu du gouvernement ».

          Le débat réformisme/révolution connait un de ses début, magistral, avec la critique du programme de Gotha, quelques belles prolongations (Lénine, Rosa Luxembourg) et une foule consécutive de... propos stéréotypés qui ne touchent à rien, destinés à meubler (lançons des anathèmes, la foi reste sauve, et indiscutée)

          Le texte cité à propos de l’évolution d’une partie des insurrectionalistes grecs ne fait pas du syndicat un organe de représentation mais une instance d’auto-organisation et de lutte (et oui, par ailleurs, ce texte pose bien des problèmes qui mériteraient controverses et éclaircissements). S’agit pas d’adhérer, s’agit d’exister collectivement dans et contre l’exploitation, faudrait pas confondre.

          Considérer sans argument l’enjeu dune garantie de revenu comme du réformisme, c’est en rester à une vision totalement idéologique : grosso merdo, aujourd’hui nous ne sommes rien, surtout restons le pour pouvoir, un jour, être tout. Ça marche pas comme ça.

          La question quoi produire et comment ne peut être résumé à un développement « économique » durable, sauf à oublier que le capitalisme, quelque soit la surconsommation et l’exploitation qu’il gère et suppose, est fondamentalement antiproduction.

          Je ne sais rien des masses si ce n’est qu’elles inspirent la crainte, mais beaucoup d’individus il y a, et souvent assez massifs dans leurs lectures et raisonnements (les individus, eux, ont une conscience).

          • lundi 24 octobre 2011 à 16h10, par fred

            à 23:32

            Tu as une façon cavalière de présenter la chose :

            Il a déjà été répondu au refrain

            propos stéréotypés qui ne touchent à rien, destinés à meubler (lançons des anathèmes, la foi reste sauve, et indiscutée)

            c’est en rester à une vision totalement idéologique

            Je suis surpris de cette notion : capitaliste/antiproduction.

            Après quelques recherches je là trouve ici :http://www.ac.eu.org/spip.php?artic...

            Espérer remplir les « conditions d’attributions » et amener les « pièces à fournir » me paraissent bien loin d’une quelconque instance d’auto-organisation.



  • lundi 24 octobre 2011 à 16h11, par Benjo

    Bonjour à tous, désolé de ne voir que maintenant cet article trop court vu le nombre de choses à dire... J’étais présent sur la place lorsque la police a chargé le cortège antifasciste (qu’ils harcelaient depuis un bon bout de temps...) et le moins que je puis dire, c’est que la réaction violente était non seulement prévue mais voulue par le pouvoir... les flics ont réalisé la charge la plus dangereuse qu’il m’ait jamais été donnée de voir et la défense de la place semblait ainsi naturelle afin de se protéger de la police... Très peu de casseurs gratos, même politisés, comme on bien voulu le faire croire les médias, mais bien des manifestants n’ayant pas peur des coups et protégeant le reste des « indignés » et défendant leur droit à prendre la rue, à décider par eux-mêmes !

    Et puisque je suis étudiant en sociologie, j’ai consigné mon ressentit par écrit après la manifestation, dont voici un extrait (un peu long, je vous l’accorde, mais rien ne vaut probablement plus qu’un témoignage à chaud d’une expérience vécue...) :

    "Nous quittons le cortège antifasciste avec Pedro afin de remonter en tête de manifestation. Les gens sont très dispersés, peu de slogans, la manif devient une promenade pour badots → après le cortège antifasciste très politisé, le peu d’entrain et de volonté de la majorité des « indignés » devient prégnant. On remonte donc le cortège jusqu’à la Piazza San Giovanni, où doit se finir la manifestation : les vendeurs de tee-shirts ont pris possession de la place, un groupe de maracatu donne une ambiance musicale, l’humeur est à faire la fête, des gens sont déguisés, mais l’indignation et la politique ont disparus : ce n’est plus qu’un rassemblement de personnes dont les opinions convergent plus ou moins...

    Nous remontons alors le courant avec Pedro pour retrouver le cortège antifasciste. Alors que nous le rencontrons Via Manzoni, des gens commencent à courir, il y aurait eu une charge policière mais on ne voit rien. Avec quelques personnes je me poste face au mouvement, demandant aux gens (une grande majorité d’adolescentes un peu perdues) de ne pas courir, de ne pas paniquer, car ce sont les mouvements de foule les plus dangereux dans ces cas là. Pour éviter tout risque inutile nous marchons sur le bord de la route avec Pedro pour se mettre à l’abri. Les attaques policières sont semble-t-il de plus en plus fréquentes à l’arrière du cortège, quelques tirs de gaz lacrymogènes se font sentir à l’approche de San Giovanni, des manifestants nous indiquent que les policiers chargeraient depuis les rues adjacentes.

    Alors que nous rejoignons à nouveau Piazza San Giovanni dans un climat de panique générale, la police lance sa plus grosse charge. La place est alors encore pleine de gens de tous âges, des enfants, des personnes âgées, vendeurs de rue, manifestants pacifistes, fêtards, indignés non-violents... Mais la charge ne vise pas les casseurs, ni même le cortège antifasciste : le but est clairement de nettoyer la place, disperser les manifestants, violents ou non. Après quelques salves de gaz lacrymo, c’est donc en blindés que les policiers chargent la foule ! Camionnettes lancées à pleine vitesse et canon à eau en action, la charge est très impressionnante, personne ne sait où les policiers vont s’arrêter ou tourner. Si la manœuvre est déjà dangereuse en soi, je suis bien plus préoccupé par la réaction des gens sur place, sûrement pas habitués à ce genre d’attaque. Pour eux il n’y a qu’une possibilité d’action : fuir ! La débandade est impressionnante, périlleuse, quelques personnes sont bousculées, je vois une petite fille d’environ huit ans apeurée courir derrière sa mère. Certains aident les plus vieux à s’échapper tandis que je crie « Non correre », ne courez pas, ne paniquez pas ! et en emmenant Pedro sur le côté de la place. Il ne connaît pas la ville, je ne veux donc surtout pas que nous soyons séparés...

    Afin de protéger la foule de l’attaque policière, les antifas, ou black blocs, ou étudiants, quelque soit leur façon de se définir, organisent une barricade et répondent à la police. Afin de semer le désordre et la division chez les manifestants, le pouvoir ne s’y serait pas pris autrement... quelques indignés pacifistes se sont dressés autour d’une statue, un peu en hauteur, lèvent les mains en criant « No alla violenza ! » Ces cons n’ont pas compris que la barricade les protégeaient, leur promontoire traduit leur culture de l’image, de la mise en scène, leur volonté de spectacle et de martyr. Leur sacrifice inutile est une façon de faire leur révolution, mais peu de monde y prête attention, tous les regards sont tournés vers la réaction policière.

    Les flics, eux, ont bien choisi leur endroit : le vent joue pour eux, et ils harcèlent les émeutiers de gaz lacrymogènes, dispersés sur la place, vulnérables de tous les côtés. Avec Pedro nous restons quelques minutes à observer la situation, et profitant d’une charge des manifestant faisant reculer la police, nous passons sur le côté afin d’avoir une issue de secours. J’y prend quelques photos, les gaz ne parviennent pas jusqu’ici et nous nous mêlons à de nombreux curieux, outrés de la violence policière, outrés aussi de la réaction des émeutiers. Les spectateurs sont ainsi assez indécis et ne savent trop quoi penser des événements, beaucoup prennent leur téléphone pour avertir les manifestants qui suivent qu’il ne faut pas aller à San Giovanni... Ou alors qu’il faudrait y aller afin de surpasser la violence policière ? Petit à petit la situation se régularise, charge policière à coup de blindés sur les manifestants, réaction des manifestants qui projettent une pluie de pavés sur les forces armées... juste ce qu’il faut à la police pour investir les rues parallèles et préparer le guet-apens. Les émeutiers le savent, et se retranche progressivement sur un côté de la place, afin de se préparer une sortie de secours.

    Mes pronostics étaient justes, et alors que nous nous en allons après avoir vérifié que la voie est libre, nous croisons plusieurs brigades de policiers se préparant pour attaquer sur le côté. Nous repartons sans aucun problème, après avoir déclenché le chaos et dévoilé les émeutiers, les manifestants lambda n’intéressent plus la police, de ce côté leur mission est remplie : la manif est complètement disloquée ! Leur énergie sera donc mise à l’œuvre dans l’alimentation du feu qui sévit Piazza San Giovanni afin de donner une image du pouvoir victime des dangereux anarchistes et ainsi décrédibiliser une contestation ayant réuni plus de 300.000 personnes.

    Ce chiffre je ne le verrai d’ailleurs nulle part aux informations, et j’entendrai même par deux fois le soir du 15/10 que la manifestation n’a pas eu lieu à cause des casseurs... Pour ce qui est de la manipulation les médias italiens sont d’un haut niveau, et des députés en rajoutent des couches sur les blacks blocs, ces « animaux », « imbéciles », « adolescents », « malades mentaux » et « fous dangereux » pour qui il faudrait créer des « lois d’exception » afin de leur donner « des peines exemplaires » et les « mettre en galère » ! Ceux-là même qui applaudissent aux révolutions tunisienne ou égyptienne, CQFD. L’unanimité est donc faite dans la condamnation des violences, mais de façon unilatérale : aucun témoignage de la charge policière, aucune question, ces pauvres policiers qui ont tenté comme il se doit d’arrêter les « violents » et qui auraient dû frapper plus fort, être plus nombreux, arrêter quiconque avait un casque ou une capuche dès le début de la manifestation...

    Le seul témoignage quelque peu censé que j’entendrai sera le 18/10 à l’occasion d’un débat sur TG3 Campania (chaîne régionale) vers 10h (heure de faible audience) où un turinois présent dans les émeutier témoignera de la violence policière, et expliquera ce qu’il peut y avoir de politique dans ces actes. Mais sont témoignage n’est pas en direct, et il ne peut répondre au journaliste qui intervient tout de suite après : ce n’est qu’un imbécile, lancer des pavés était utile en 1968 mais plus maintenant, la police est beaucoup moins violente et la démocratie est rétablie, les problèmes sociaux sont moins grave... Il indique en outre que son témoignage diverge de ce que tout le monde raconte depuis trois jours, et préfère ainsi croire des journalistes qui n’étaient pas présents sur place (je n’en ai vu aucun lors de la charge policière, pourtant ils étaient tous agglutinés pour photographier les voitures en train de brûler...) plutôt qu’un jeune présent sur les lieux, sous prétexte que celui-ci faisait partie des émeutiers et est donc un imbécile [sic]. Rhétorique implacable !

    Le mardi 18 je parlerai un peu de la manifestation du 15 à une classe de III°, faisant le parallèle avec le 17 octobre 1961 qui est connu mais toujours pas reconnu comme massacre par l’état français après 50 ans de silence dans les livres d’histoire... Et de parler du mensonge d’état et de la corruption des médias : aucun n’avait entendu parler ni même s’était interrogé sur le déclenchement des émeutes à San Giovanni et la charge policière..."

    les deux derniers paragraphes ont été ajoutés après mon compte-rendu, et montre bien le traitement médiatique infâme qui a été fait de cette manifestation, les gens n’ont aucun moyen de se forger une opinion sur cette manif, si ce n’est grâce à leur incrédulité face aux médias. Pourtant tout le monde devrait savoir ce qu’il s’est passé Bien sûr j’ai modifié les noms... à bon entendeur, salutations libertaires !

    • lundi 24 octobre 2011 à 16h11, par un-e anonyme

      Pour le capitalisme comme antiproduction, voir Deleuze et Guatarri, Capitalisme et Schizophrénie, L’AntiOedipe, Minuit 1972 ; Mille Plateaux, Minuit 1980 (et pour les impatients, un usage sommaire du concept, mais accessible sur le net, Ècosophie ou barbarie) plutôt qu’une prime aux chômeurs (lorsquils ont assez travaillé) de Sarkozy et qui n’existe plus.

      Pour les cavaliers, on peut toujours lire Isaac Babel.

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