ARTICLE11
 
 

dimanche 5 avril 2009

Sur le terrain

posté à 11h43, par Lémi, Herr Grimaud & JBB
25 commentaires

Strasbourg : OTAN dire que ça a balancé du steak...
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S’il s’agissait de défiler dans la paix et l’amour, c’est raté. L’espace d’un après-midi, le contre-sommet de l’OTAN s’est transformé en guérilla urbaine, avec son cortège de destruction et d’affrontements. Les pisse-froids n’y verront que vandalisme et stupidité. Les autres mettront l’accent sur la légitimité d’une contestation radicale face à l’omniprésence policière. Récit et images.

« Les révolutions ne sont pas un jeu d’enfants, ni un débat académique où les seules vanités s’entretuent, ni une joute littéraire où l’on ne verse que de l’encre. La révolution, c’est la guerre, et qui dit guerre dit destruction des hommes et des choses. Il est sans doute fâcheux pour l’humanité qu’elle n’ait pas encore inventé un moyen plus pacifique de progrès, mais jusqu’à présent tout pas nouveau dans l’histoire n’a été réellement accompli qu’après avoir reçu le baptême du sang. D’ailleurs, la réaction n’a rien à reprocher sous ce rapport à la révolution. Elle a versé toujours plus de sang que cette dernière. »
Bakounine.
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Les médias sont unanimes, les politiques aussi1. Un hôtel qui flambe, des militants chargeant la police, quelques bâtiments dévastés, des wagons déplacés pour servir de barricades... largement de quoi faire les gros titres. Les mêmes parleront sans doute beaucoup moins des tirs de lacrymos à hauteur d’homme - grenades partant à l’horizontal - , des flash-balls en action, des provocations policières, de l’envie de cogner tellement frénétique des CRS qu’ils finirent par s’arroser eux-mêmes de lacrymos - jouissif - et surtout de l’incroyable disproportion des forces en présence. A l’aune de cette dernière, et de l’avantage tactique de forces de l’ordre qui ont en grande partie cantonné la manifestation sur une île du Rhin, l’activisme brutal des black blocks2 tient davantage du baroud d’honneur très cher payé que de la violence gratuite. Ceux qui n’ont pas réussi à passer entre les mailles de ce filet mis en place par les CRS à la fin de la journée (avec tant de barrages filtrant qu’on en a perdu le compte...) ont eu droit à une chasse à l’homme parmi les bâtiments industriels de l’île qu’on imagine - sans guère de risque de se tromper - sans pitié3. Coups de matraque et mois de prison : l’activisme radical se paye comptant.

Reprenons. Au matin déjà, quelques groupes épars avaient réalisé des coups d’éclats en petits comités, ingénieux activistes parvenant habilement à éviter le gargantuesque déploiement de force de l’ordre enserrant Strasbourg depuis un semaine. Des précurseurs, en quelque sorte, dont une quarantaine finiront au poste.

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Pour les autres, rendez-vous avait été donné en fin de matinée sur le Pont de l’Europe. Il s’agissait, pour ceux qui se définissent d’abord comme anti-capitalistes radicaux, de défiler en direction de la frontière allemande, pour rejoindre vers 14 h la manifestation unitaire. Et puis – qui sait ? – de tenter de forcer le blocus et de louvoyer hors de cet itinéraire imposé qui brillait par son absurdité, promenade dans une zone industrielle sous contrôle permanent des forces de l’ordre.

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Kurdes du PKK, délégation grecque auréolée de ses récents exploits, black blocks allemands, anglais et français, anarchistes et électrons libres sont les premiers au rendez-vous. Face à eux, un premier barrage de CRS, bloquant un pont que la manifestation était autorisée à emprunter. 11 heures du matin et les pierres volent déjà par centaines, les lacrymos aussi, pluie de projectiles de part en part, ponctuée de quelques ruées militantes vers l’avant et de replis désordonné, les yeux larmoyants. Le ton est donné : on ne fera dans la dentelle, ni d’un côté ni de l’autre. C’est parti pour la journée.

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Une petite heure d’affrontement et le cortège poursuit sa route jusqu’à la frontière. De l’autre côté, à Kehl - on l’apprendra plus tard - , 7 000 manifestants allemands trépignent pour rejoindre le cortège. Entre les deux, un pont, occupé par une police allemande toute disposée à faire joujou avec ses canons à eaux4. La jonction avec l’Allemagne ne se fera pas, les bâtiments désaffectés de l’ancienne douane servent d’exutoire, détruits avant que d’être incendiés.

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Là, c’est presque un quartier que tiennent les manifestants, petit périmètre comme concédé par des forces de l’ordre devenues - pour un temps - invisibles. Quelques bâtiments en font les frais, dont l’hôtel Ibis, des caméras de surveillance et des panneaux publicitaires aussi, mis à bas par les radicaux tandis que les sympathisants communistes et trotskistes tiennent meeting un peu plus loin.

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Quand les CRS repointent le bout de leur nez, les choses se précipitent : en un grand mouvement de foule, réformistes et activistes prennent la tangente ensemble, passant là où les autorités ne les attendaient pas. Surprise : les manifestants trouvent sur leur chemin une dizaine de cars de CRS, gardés par leurs seuls chauffeurs. Pour certains, l’occasion est trop belle : c’est sous une pluie de pierres que les engins prennent la fuite. Une vraie débandade.

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On ne va pas tenir le compte de toutes les escarmouches, de tous les accrochages : ils furent incessants. Logique, les escouades bleu horizon étant déployées à chaque carrefour ou croisement, avec leurs canons à eau parés à tirés derrière d’imposantes grilles de fer5. Des rangées de CRS qui ont fini par se refermer sur le cortège, le prenant en tenaille alors qu’il traversait une île du Rhin. Policiers d’un côté, policiers de l’autre, le piège est parfait. Ceux des manifestants qui pensaient pouvoir résister derrière deux wagons à céréale déplacés et mis en travers de la route ne tiendront pas longtemps. Et ceux des black blocks qui ont pris d’assaut un remblais de voie ferrée de l’autre côté pour charger les CRS, parvenant à les faire reculer un temps sous une pluie de pierres, n’ont pas non plus réussi à briser l’encerclement ; tout juste ont-ils attiré en retour sur la manifestation des tirs de flash-balls et de lacrymos. Bref : les indiens ont encore perdu.

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Le reste n’est plus que débandade. Séparés du gros de la troupe, une partie des radicaux tentent de se cacher dans les bâtiments industriels voisins, en pure perte tant il n’est pas d’échappatoire et tant les CRS semblent décidé à les traquer jusqu’au dernier. Les autres, regroupés autour du cortège du NPA, finiront par sortir de la nasse, après quelques tractations. Notons que la présence d’Olivier Besancenot, seul responsable politique national à avoir essuyé le tir de lacrymos et à ne pas s’être déballonné6, a sans doute permis de mettre un peu d’huile dans les rouages : ces mêmes CRS qui braquaient leurs flash-balls de partout donnaient du « monsieur-dame » à tout le monde en sa présence. Magique.

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7

Reste que les forces de l’ordre ont méthodiquement filtré la sortie de la manifestation, scrutant et cherchant sans relâche tout ce qui pouvait s’apparenter à un black block. Certains auront eu l’intelligence de brûler leurs cagoules, gants et sweet-shirts avant de passer devant les CRS. Les autres...


Edit, dimanche 17 h 30 : contrairement à ce qui est sous-entendu dans ce billet, il semble que la chasse à l’homme contre les plus motivés des activistes ait été assez modérée. Par contre, de très nombreux contrôles d’identité et des interpellations étaient en cours cet après-midi autour du camp des anti. Billet à suivre, d’ici deux ou trois heures.



1 Certains s’amuseront de voir Frédéric Lefebvre et Marie-Georges Buffet sur la même ligne. D’autres, moins. L’empressement de la secrétaire nationale du PCF à condamner ceux qu’elle appelle des « imbéciles » prouve au moins que la notion de « camarade » doit être entendue en son sens le plus restrictif. Pas une nouveauté...

2 La rage a ses raisons que la raison n’ignore pas...

3 Finalement : pas tant que ça. Voir l’édit de bas de page.

4 Un émissaire des manifestants dépêchés auprès des autorités allemandes en rapportera cette sibylline déclaration : «  Si nous intervenons, il y aura des jambes brisées. »

5 A noter, entre autres joyeusetés, ce photographe délicatement cueilli de dos par le jet surpuissant d’un canon à eau alors qu’il prenait benoîtement, isolé, quelques clichés des affrontements.

6 On n’est pas spécialement pro-NPA, mais la tentative (modeste, mais tentative quand même...) d’Olivier Besancenot de s’interposer quand les CRS filtrant le passage ont foncé sur un black block encagoulé nous rend le bonhomme plutôt sympathique.

7 Magie des manifs : quand l’anti-capitalisme mou rencontre l’anti-capitalisme à crête...


COMMENTAIRES

 


  • dimanche 5 avril 2009 à 17h03, par Guy M.

    Bien content de vous lire, et bien content de voir que si vous avez eu les yeux pour pleurer, ça ne vous a pas trop atteint le cerveau par derrière...

    Vos récits de Fabrice(s) dans le Waterloo de Strasbourg sont parmi les plus justes que j’ai pu lire.

    (Mais ça ne m’étonne pas trop)

    Rentrez bien.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • lundi 6 avril 2009 à 00h43, par Gaspar

      Vidéo Strasbourg des crs jettent des pierres sur des manifestants

      Répression Strasbourg on voit nettement des crs qui jettent des pierres sur des manifestants pacifistes

      Les faits sont suffisamment graves pour êtres diffusés le plus largement possible

      Voir en ligne : VIDEO :

      • lundi 6 avril 2009 à 01h39, par Lémi

        @ Guy M :
        Merci. Le trio Del Dongo a tenté de faire au mieux, on ne vit pas Waterloo tous les jours (mais on n’a pas vu l’Empereur, damned !), après tout. Et si nos yeux sont définitivement sauvés, se posent encore quelques questions sur les cerveaux de certains collaborateurs, déjà en sursis auparavant... A suivre sur A.11.

        @ Gaspar :
        Marrant, je venais de dénicher la vidéo et de la placer sur mon dernier article. C’est une chose qu’on a vécue en direct, vraiment choquant.
        « Les faits sont suffisamment graves pour êtres diffusés le plus largement possible. » : reste à espérer que nous ne serons pas les seuls à la mentionner et que des médias de masse rebondiront sur la question (je doute).

        • lundi 6 avril 2009 à 21h05, par JBB

          « quelques questions sur les cerveaux de certains collaborateurs, déjà en sursis auparavant... »

          Rhôôôô…

          « Mais ça ne m’étonne pas trop »

          Rhôôôô…

          (C’est cool)



  • dimanche 5 avril 2009 à 19h12, par Naunaunawak

    C’est étrange, vraiment étrange...

    Le gouvernement dit qu’il va y avoir des violences, donc il envoie des CRS...

    Le gouvernement envoie les CRS, [donc] il y a des violences...

    S’il n’y avait pas tant de violence, le gouvernement perdrait beaucoup de crédibilité...

    Étrange, vraiment, étrange...

    Tiens, je vais aller mettre des mouchoirs dans mon salon pour faire fuir les girafes.

    • dimanche 5 avril 2009 à 21h34, par Fabien

      Il n’y avait pas tant de forces de répression que cela… 9 000 étaient annoncées (tout confondu, entre CRS et GM). Tout au plus devaient-ils être dix mille. Or, selon eux, il y avait dix mille manifestants. Ce doit être pour cela que, selon Sarko, ça s’est bien passé.

      Dans cette vidéo de lundi dernier, MAM avait tout prévu.

      Des violences ? Selon MAM, il n’y a pas eu de mort (France 3, samedi soir), ce qui semblait être l’essentiel.

      Voir en ligne : Ménilmontant, mais oui madame…

      • lundi 6 avril 2009 à 01h51, par Lémi

        @ Naunaunawak :
        Oui, heureusement qu’on est pas suspicieux. Ou alors on pourrait insinuer que la violence sert de prétexte - ou de paravent - au pouvoir en place, voire qu’il la provoque pour mieux se poser en protecteur. Ce serait malhonnête. Et Dieu sait que nos politiques ne jouent pas de cet air là...
        Pour les girafes, je fais pareil : on est jamais trop prudents...

        @ Fabien :
        Cette MAM, quelle devine ! (Intéressante vidéo : la voir déblatérer comme elle le fait légitime tout. Même Gandhi lâcherait la désobéissance civile face à ça...)



  • lundi 6 avril 2009 à 03h47, par anonyme

    A ce sujet, voici en liens quelques textes écrits par des participant-e-s à divers black blocs, à Seattle en 1999, Nice en 2000, Gênes en 2001 et Evian/Lausanne en 2003.

    Voir en ligne : http://infokiosques.net/



  • lundi 6 avril 2009 à 11h26, par Gonzo

    J’ai quand même du mal à voir le potentiel révolutionnaire du cramage d’hotel, de station essence, de pharmarcie et d’église [1]...

    Alors la « légitimité d’une contestation radicale face à l’omniprésence policière » (ou l’otan ou le capitalisme), je veux bien mais j’ai du mal à y voir un rapport avec les cibles sus-cités de cette violence.

    [1] en passant je vous dit pas les hurlements de certains à gauche si ça avait été une synagogue ou une mosquée.

    • lundi 6 avril 2009 à 20h59, par lémi

      Quelques remarques : L’église n’a pas cramée, de loin, elle a seulement été recouverte de quelques tags, dont une très belle citation de victor Hugo.
      Pour le reste, cet article n’encense absolument pas les destructions, il relate une situation. En l’occurrence, l’itinéraire imposé de la manif ne laissait pas d’autre cible à la volonté de cassage de certains (qu’on la considère comme légitime ou pas, là n’est pas la question), attisée par le comportement policier, que ces quelques bâtiments plutôt anodins (au sens de vides de toute symbolique). Je te suis dans le constat : si des banques ou des commissariats avaient été brûlés, j’y verrais une action politique. Là, j’y vois juste l’expression d’une frustration explosive qui ne sélectionne même plus ses cibles. Mais je me garde bien de la juger, je trouve juste ça contre-productif (cet avis n’engage que moi).

      « En passant je vous dit pas les hurlements de certains à gauche si ça avait été une synagogue ou une mosquée. » : mh, pas convaincu.

      • mardi 7 avril 2009 à 16h21, par gonzo

        Quelques remarques : L’église n’a pas cramée

        Otan pour moi, il me semblait avoir vu une photo d’église en flamme mais je ne la retrouve pas. Peut être que c’était autre chose et que j’ai été influencé par les bilans de merdias qui sont pas super clair (voir)

        Pour le reste, cet article n’encense absolument pas les destructions,

        Je dis pas ça, je critique des destructions matérielles inconsidérés et le comportement stupide de certains (tel que rapporté par différents médias).

    • jeudi 3 décembre 2009 à 12h38, par un-e anonyme

      ...
      t’étais vraiment sur place pour dire des âneries pareilles ?
      cramage d’hotel, de station essence, de pharmarcie et d’église c’était pas lers manifestants, j’étais en face...
      Sinon, sans rapport avec les incendis, je viens de recevoir une « lettre d’excuses » du procureur vu que les faits qu’on m’a reproché ne sont pas justifiés (lol)
      j’ai quand même pris 6 mois fermes



  • lundi 6 avril 2009 à 12h02, par un-e anonyme

    Et parfois ce sont eux qui prennent :

    Incidents de Bastia : le bilan officiel fait état de 70 blessés (Aujourd’hui 10h44)

    (Frédéric Bertocchini - Alta Frequenza) - Le bilan officiel est tombé : 70 CRS ont été commotionnés ou blessés samedi à Bastia. Aujourd’hui (lundi), huit sont toujours hospitalisés et trois se trouvent dans un état grave. Trois syndicats de police ont parlé de « lourd tribut » payé par les forces de police ce week-end à Bastia, mais aussi à Strasbourg, dans le cadre de diverses manifestations. Les syndicats dénoncent un « déchaînement de violences perpétrées à l’encontre des forces de l’ordre qui se banalise ». Soulignant « la difficulté d’exercer le métier de policier dans un climat de plus en plus tendu », l’UNSA Police par exemple réclame « l’abandon des suppressions d’effectifs prévues jusqu’en 2012 ». Le Syndicat général de la police parle quant à lui d’un « niveau de violence rarement atteint ». « Ce bilan catastrophique n’est pas seulement la résultante des risques du métier, il est aussi la conséquence objective d’une situation de crise où les rapports sociaux et humains se tendent à l’extrême ».

    Source http://www.alta-frequenza.com/index...

    S’ils continuent à chercher, ça va se finir à coup de flingues avec les CRS.

    • lundi 6 avril 2009 à 21h01, par lémi

      En fait, ces black blocks tant décriés pour leur « ultra-violence » sont vraiment des petits joueurs en comparaison... Une seule solution : se débrouiller pour que le prochain sommet de l’OTAN soit organisé à Bastia.



  • lundi 6 avril 2009 à 15h21, par un-e anonyme

    De retour hier de Strasbourg, j’ai beaucoup apprécié votre article. Merci pour ce texte intelligent, qui donne sens aux événements de samedi.

    Mais si je peux me permettre 2 remarques. Aujourd’hui lundi, il apparaît que les forces policières n’auraient effectué qu’une trentaine d’arrestations samedi. Si nous avons tous ressentis cette crainte d’une chasse à l’homme et d’une répression violente suite aux destructions, il semble qu’elles n’aient pas eu lieu.

    Deuxième chose, la plupart de nos connaissances ont quitté le camp en matinée sans aucun problème. Nous avons essayé de le quitter vers midi et ça nous a pris 2h. Nous avons effectivement été fouillé mais sans subir de contrôle d’identité, d’autres personnes en subissaient et certaines étaient filmées méthodiquement avec leurs affaires. Les lunettes de piscine et masques (de même que les douilles/souvenirs de flashball et lacrymo) étaient confisqués pour ceux qui ne s’en étaient pas débarrassés ou ne les avaient pas suffisamment bien cachés (jusque peut-être 13h, une partie des fouilles étaient sommaires). Humiliations ordinaires, mais en tout cas, nous n’avons assistés à aucune interpellation sur les 2h où nous étions bloqués à ce barrage policier (celui de la rue Ganzau à 100m de l’entrée principale du camp).

    « It ain’t a crime if u don’t get caught »

    • lundi 6 avril 2009 à 21h08, par lémi

      Merci du compliment.
      Pour le reste, on a un peu modéré ce qu’on disait au niveau de la répression du samedi dans un article écrit dimanche, ici. C’est vrai qu’on était persuadés que les CRS allaient se déchaîner sur ceux qui auraient le malheur de se faire prendre. Et, oui, il semble que tout le monde n’aie pas eu le droit au même traitement niveau fouille. En tout cas, ravi de voir qu’on a pêché par excès de pessimisme, c’est finalement une bonne nouvelle...



  • lundi 6 avril 2009 à 16h19, par Crapaud Rouge

    Avant la crise, les bagarres de cette sorte me laissaient dubitatif. A quoi bon se battre contre le système, puisqu’il en tire profit pour se renforcer ? En effet, ces coups d’éclat paraissant vains, « le système » n’en paraît que plus « réaliste » et incontournable, et « l’intelligence » ne semble pas du côté des contestataires.

    Mais la crise change tout. Face au « virtualisme », cad aux illusions et mensonges tous azimuts que la classe des dirigeants transnationaux a instaurés en méthode de « gouvernance », (Cf. http://www.dedefensa.org/article-es...), le « réalisme » est désormais dans le camp des lanceurs de pierres. Chaque « bataille rangée » est certes d’une puissance minuscule par rapport aux pouvoirs en place, mais « minuscule » n’a jamais voulu dire « irréaliste ». Les fourmis aussi sont minuscules, mais elles vous bouffent un bœuf en quelques heures.

    • lundi 6 avril 2009 à 21h11, par lémi

      Je ne suis pas forcément d’accord avec ton analyse. La Crise n’est pour moi qu’un révélateur, mais elle ne change rien au fond du problème. Il y avait autant de légitimité à remettre radicalement en cause le système avant qu’après la crise, à mes yeux en tout cas. Par contre, il semble qu’elle ait permis à beaucoup de gens de saisir la véritable nature du système capitaliste mondial, c’est positif.
      « Les fourmis aussi sont minuscules, mais elles vous bouffent un bœuf en quelques heures. » : j’aime bien l’image...

      • mardi 7 avril 2009 à 09h40, par Crapaud Rouge

        Libé nous apprend que la cote de Sarko a remonté suite au G20 : c’est la preuve que l’intox marche bien. Ceux qui n’ont que la télé et la presse officielle pour s’informer n’ont pas changé leur point de vue sur le système, mais bcp d’autres, dont je fais partie, ne pensent plus du tout pareil. Objectivement, la crise n’est qu’un symptôme qui ne change rien, (sinon dans la vie des gens), mais, subjectivement, elle change tout de la perception et de l’interprétation qu’on peut avoir de la marche des événements.

      • mardi 7 avril 2009 à 11h56, par Crapaud Rouge

        Mais surtout, quand je disais « la crise change tout », je pensais comme Paul Jorion aujourd’hui dans ContreInfo : « Les dirigeants affirment que tout peut encore s’arranger alors que les peuples ont compris que plus rien ne sera comme avant. C’est une très mauvaise chose quand le courant ne passe plus entre les peuples et leurs représentants. Qui pourra leur faire comprendre que le moment n’est plus aux « kolossal » coups de pouce : qu’il faut trouver autre chose, que le moment est venu pour la réflexion de sortir des sentiers battus ? » Cela veut dire que, à défaut de « trouver autre chose », ils feraient bien d’y aller mollo avec la matraque et les provocations policières, parce que l’opinion pourrait basculer en faveur des « casseurs ».



  • lundi 6 avril 2009 à 18h04, par mask

    « Il est sans doute fâcheux pour l’humanité qu’elle n’ait pas encore inventé un moyen plus pacifique de progrès, mais jusqu’à présent tout pas nouveau dans l’histoire n’a été réellement accompli qu’après avoir reçu le baptême du sang. »

    Merci Gandhi, tu voulais servir d’exemple, espérons que ta réincarnation ait plus de chance !

    • lundi 6 avril 2009 à 21h15, par lémi

      Bakounine ayant précédé Gandhi dans l’histoire, on peut imaginer qu’il aurait tempéré ses propos face aux réussites indéniables de la désobéissance civile en Inde.
      Et puis, qui sait, Gandhi s’est peut être réincarné en black block...



  • mardi 7 avril 2009 à 01h17, par un-e anonyme

    Ami, floute les visages !

    Toute image peut être retourné contre les auteurs des actes illégaux. Qui te dit qu’aucun de ceux qu’on voit avec des bâtons ne sont pas en garde-à-vue ce soir ?

    • mardi 7 avril 2009 à 08h21, par Lémi

      Ouaip, le seul visage visible étant celui d’Olivier Besancenot, il me semble que ta mise en garde n’est pas vraiment adaptée. Ceci dit, comme je suis soluble dans la parano aux petites heures du matin, ai flouté une photo, celle qui me semblait la plus discutable à ce niveau.

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