samedi 9 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 17h10, par
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Joie, joie, joie… Fiers supporteurs de l’équipe nationale, nous l’attendions tous avec impatience. Ça y est : la première médaille olympique française, sans doute prélude à une jolie moisson de titres et de breloques, est arrivée, annoncée par Nicolas Sarkozy lui-même ! Qu’importe si la discipline est un peu spéciale, l’essentiel est d’être champion. Allez France !
Je ne sais pas pour vous.
Mais les Jeux Olympiques me font un effet boeuf.
Me filent plein de petits frissons partout.
Et me mettent des étoiles dans les yeux.
Tant j’apprécie les valeurs qu’ils mettent en jeu.
Et tant je goûte ce re-tricotage de la cohésion nationale auquel ils sont prétexte, rapprochement de tout un peuple pour mieux soutenir les plus illustres de ses sportifs.
Quoi ?
J’exagère ?
Même pas…
Pour vous dire : je ne quitte plus ma télé des yeux, suspendu aux gestes et exploits des champions tricolores.
Et je ne condescends à abandonner mon fauteuil et à lâcher mon petit drapeau (Allez France !) que pour consulter sur le net le tableau des médailles.
Histoire de vérifier que la France tient son rang.
Et ne se fait pas coiffer, au grand jeu de la plus belle moisson, par ses concurrents directs.
Le Lichtenstein, la Moldavie et l’Etat du Vatican…
Pour être honnête, je ne nous trouvais pas très bien parti jusqu’à présent.
Et je craignais déjà de nous voir revenir bredouille de Pékin.
Quand j’ai appris la bonne nouvelle de la bouche même de notre glorieux guide suprême, envoyé spécial en Chine pour trois ronds de jambe, deux courbettes et une interview télévisée, accordé peu avant la cérémonie d’inauguration à ce grand journaliste politique qu’est Gérard Holtz (Allez Gégé !)… quand j’ai appris la bonne nouvelle, donc, j’en suis resté tout ébahi.
Un sourire heureux collé sur les lèvres.
Oui : nous avons déjà décroché une médaille.
Jugez donc :
Champion du monde !
Et d’un « sport extraordinaire », en plus.
La classe…
Je commence à bien les sentir, ces Jeux olympiques.
Et les Moldaves n’ont qu’à bien se tenir.
D’ailleurs… je retourne de ce pas devant la télé.
Allez France !
Ps : si vous aimez vraiment le sport, vous avez tout intérêt à visionner la totalité de l’interview, visible en première page du site de l’Elysée.
Outre cet anecdotique bottage en touche de Nicolas Sarkozy, pour qui les critiques apportées à son déplacement chinois ne sont rien d’autre que la preuve d’une mauvaise foi à toute épreuve (olympique…), vous aurez la chance d’y assister à maints échanges de haut niveau.
Dont un dialogue pulvérisant tous les records, que je vous reproduis ici :
NS, président en goguette : « Il faut y aller, il faut faire avancer la cause des droits de l’homme en discutant, en se rencontrant. C’est exactement ce que j’ai fait. »
(Tant il est est clair que la visite expresse de Nicolas Sarkozy, quelques heures à faire le zouave devant les caméras, aura beaucoup fait pour les libertés chinoises…)
Gégé, faire-valoir télévisuel en mal de poncifs : « En fait, vous êtes très coubertinien, l’important, c’est de participer, quoi. »
NS, l’évidence en étendart : « L’important, c’est de dire un certain nombre de choses. Mais si on n’est pas là (…) comment faire avancer ses thèses ? Souvenez-vous, on a déjà eu l’expérience. Moscou, les jeux de Moscou… »
Gégé, candidat de jeu télévisé pressé de prouver l’étendue de sa culture : « Boycott ! »
NS, prof d’histoire-géo salement au point dans sa matière : « Boycott, parce que l’Union soviétique était rentrée en Afghanistan, ce qui n’est pas le cas naturellement pour la Chine… »
(Naturellement…)
NS, grand homme parmi les combattants de la liberté : « Ça avance à quoi ? Ce n’est pas ça qui a fait tomber le mur de Berlin. Ce qui a fait tomber le mur de Berlin, c’est Jean-Paul 2, c’est Lech Walesa, c’est Vaclav Havel, c’est un certain nombre de gens qui se sont battus. Voilà ce que je fais. »
(Sic…)