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vendredi 18 septembre 2009

Littérature

posté à 12h25, par Raoul Fromberg
17 commentaires

L’antisémitisme à gauche, incursion historique dans un débat piégé
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Antisémite ! Le mot a été souvent galvaudé ces derniers temps, utilisé par des individus faibles en argument pour disqualifier des adversaires de gauche. Une réalité qui ne doit pas cacher qu’il a existé - et qu’il existe toujours - un antisémitisme à gauche. Ce que rappelle l’historien Michel Dreyfus, avec une plongée en eaux troubles, en évitant les écueils d’un débat piégé. Compte-rendu.

Le livre dont je souhaite vous parler s’intitule L’antisémitisme à gauche et non « l’antisémitisme de gauche ». La nuance est de taille. Il ne s’agit pas ici de l’essai d’un pseudo-intellectuel façon Finkielkraut fustigeant le péril représenté par une hypothétique alliance islamo-gauchisme, mais d’un ouvrage retraçant sur deux siècles l’histoire des positions de la gauche française vis-à-vis de l’antisémitisme. Son auteur est le chercheur en histoire Michel Dreyfus. Il a contribué à écrire l’histoire ouvrière, notamment avec les ouvrages suivants : Histoire de la CGT (1895-1995) (Complexe, 1995), Liberté, égalité, mutualité. Mutualisme et syndicalisme en France (1852-1967) (L’Atelier, 2001).

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A droite ou à gauche, souvent les mêmes préjugés

Dans L’antisémitisme à gauche, histoire d’un paradoxe, Michel Dreyfus montre que, de 1830 à nos jours, toutes les composantes de la gauche ont tenu des propos - ou mené des actions - antisémites. Il réfute en revanche l’idée selon laquelle la gauche serait responsable de la recrudescence récente d’actes antisémites en lien avec le conflit entre l’État d’Israël et les Palestiniens. Dreyfus soutient que ceux qui invoquent une alliance islamo-gauchiste génératrice de judéophobie tendent à minorer le rôle de l’extrême droite dans la diffusion de l’antisémitisme. Dans une mise au point introductive, l’auteur indique d’où il parle, comme Bourdieu a encouragé les chercheurs à le faire : il se présente comme un citoyen juif et laïc, qui se réclame des valeurs de gauche, et affirme que son étude historique ne s’inscrit ni dans le « devoir de mémoire », ni dans un courant de repentance.

Le choix de parler d’un antisémitisme à gauche et non « de gauche » est lié à l’idée que cette dernière n’a fait le plus souvent que ressasser les préjugés du moment. Une exception de taille, cependant, lorsque l’auteur affirme que la gauche a innové en associant les juifs au capitalisme naissant. Le découpage chronologique et thématique montre que chaque époque se caractérise par de nouvelles façons de manifester sa haine des Juifs, sans pour autant remplacer les anciennes : d’abord fantasmés comme des riches et des privilégiés, les juifs sont ensuite assimilés aux Prussiens, les ennemis étrangers. Après l’affaire Dreyfus, on ne se revendique plus antisémite à gauche. Mais des manifestations judéophobes continuent sporadiquement, du PCF à la SFIO en passant par les pacifistes et les différents courants de la gauche révolutionnaire.

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Des intellectuels aux itinéraires déviants

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La partie du livre qui, à mon avis, est la plus intéressante, traite des négationnistes de gauche. Elle raconte comment les membres de ce courant de pensée se sont peu à peu rapprochés de l’extrême-droite sans pour autant rompre nettement avec leur famille d’origine. L’auteur ne sombre absolument pas dans un propos inexact, mais éculé, qui répèterait à l’envie que « bien évidemment, les extrêmes se rejoignent »…

Michel Dreyfus retrace l’histoire de ces intellectuels, qui ont défendu l’idée que les chiffres des assassinats dans les chambres à gaz nazies ont été beaucoup exagérés, puis tout simplement que le génocide n’était qu’une pure invention des puissants vainqueurs de la guerre et/ou de riches juifs. C’était à une époque, où l’on ne s’intéressait pas au témoignage des survivants des camps d’extermination. On leur préférait peut-être ceux des résistants de la dernière heure ou des prisonniers politiques plus ou moins éminents. Robert Paxton n’avait pas encore publié ses travaux historiques sur les archives allemandes. Le champ était plus libre pour ceux qui souhaitaient semer le doute sur la véracité de l’histoire telle qu’elle avait été écrite à la libération.

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Le marécage révisionniste

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Le père-fondateur du révisionnisme, qui se transformera plus tard en négationnisme, est Paul Rassinier. Il a forgé ses convictions révisionnistes à son retour de déportation. Dans les années 1960, Rassinier écrivait à la fois - mais sous pseudonyme - dans Rivarol, journal d’extrême-droite, et dans La Voie de la Paix, une gazette liée à l’Union Pacifiste française. La Fédération Anarchiste, où il était militant, a mis plusieurs année à l’exclure de ses rangs, après avoir été avertie par des camarades allemands qu’il publiait chez un éditeur néo-nazi.

Une autre personnalité centrale de cette lignée de négationnistes de gauche est celle de Pierre Guillaume. Antistalinien et tiers-mondiste, il a créé en 1965 La Vieille Taupe, une librairie près du Panthéon qui, glissant peu à peu, a servi de lieu de diffusion des idées négationnistes et de rencontre entre leurs partisans et certains militants d’ultra-gauche. Ces derniers rejettent l’antifascisme, qui «  masque les crimes des vainqueurs de la seconde guerre mondiale  ». Selon eux, « le capitalisme s’est servi du souvenir du génocide pour annihiler l’élan révolutionnaire à la libération ».
L’auteur raconte qu’après l’attentat contre la Synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, des tracts de groupes se réclamant de l’anarchisme et du communisme libertaire, dénoncent l’antifascisme, qui sert à «  noyer les perspectives du prolétariat dans la confusion et à l’intégrer dans la défense du monde capitaliste  ». Depuis la fin des années 1990, bien heureusement, la gauche rejette le discours négationniste.

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Un livre pour déminer le débat

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Avant d’entamer le bouquin, je pensais que je serais probablement en désaccord avec l’auteur. J’avais choisi de le lire parce que connaître les écrits de nos adversaires sert à mieux combattre leurs arguments et aussi à ne pas s’enfermer dans la lecture de textes qui s’adressent aux convaincus (en un seul mot). Je n’avais pas perçu que le titre promettait un contenu engagé et documenté. Dreyfus nous parle d’une histoire qui suscite le malaise. Je ne vous cache pas que débuter la lecture a été pénible, tant la brutalité des propagateurs de haine au sein même de mouvements que j’estime, me dégoûtait. Je crois qu’un peuple qui ignore son passé est condamné à le revivre, donc je conseille vigoureusement de se plonger dans cette histoire bien peu ragoûtante. Sa connaissance m’arme pour réagir à temps face à un retour toujours possible de relents haineux et excluant dans le discours de la gauche dont je me réclame.



1 Toile de Gérard Garouste, L’Apiculteur et les Indiens.

2 Œuvre de Conrad Felixmüller, L’Agitateur.

3 Toile d’August Strindberg, Wave IX.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 18 septembre 2009 à 15h17, par Dominique

    Au sujet de Rassinier, il faut dire qu’il était d’abord un simple instituteur, membre de la SFIO avant d’adhérer vers le milieu des années cinquante à la Fédération anarchiste, il me semble qu’il appartenait au courant pacifiste du parti socialiste qui a fourni quelques solides éléments ensuite à la collaboration. Il a été de nombreuses fois candidat à la mairie ou à la députation de Belfort, mais le maire de l’époque qui se nommait d’ailleurs Dreyfus-Schmidt était bourgeois, radical-socialiste, juif et pis ! franc-maçon. Ce dernier était soutenu par une partie des socialistes, je crois même par les instances nationales de la SFIO. Rassinier qui vivait déjà fort mal cette rivalité locale auparavant a encore plus mal vécu le retour de Dreyfus-Schmidt comme combattant et officier parmi les troupes de la libération et pas rapatrié en convoi comme lui. Le cas Rassinier est complexe, il illustre les divisions socialistes autour de la période de guerre, une ambition locale désavouée par les urnes mais aussi par Paris (et supposait-il des forces plus occultes), une frustration de ne pas voir son propre sacrifice en tant que prisonnier de guerre être reconnu à sa juste valeur alors qu’un juif pouvait être porté en triomphe de nouveau à la mairie tout en ayant échappé à son sort de prisonnier. On a un mélange de choses diverses, l’idéologie bien sûr, les luttes d’influence locales, et puis une personne qui se sentait niée dans son histoire personnelle, celle qui lui aurait permis de gravir les échelons de la société, enfin des rencontres de plus en plus hasardeuses (Rassinier n’existait plus comme notable, il était parti de Belfort et il avait besoin d’être encore reconnu). Il n’y a pas une cause, mais une foule de facteurs qui finissent par former un écheveau. Son histoire n’est pas exemplaire d’un courant, mais elle montre l’origine d’une des premières formes de négationnisme puisque ce courant ne commencera à se constituer comme tel que fort tard après les événements.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • samedi 19 septembre 2009 à 12h49, par luc nemeth

      Bonjour. Il me semble que tu n’insistes pas suffisamment, comme d’ailleurs les précédents biographes de Rassinier (F. Brayard, N. Fresco), sur le point précis qui l’amena à péter les plombs, dans ces années d’après la guerre : il avait été déporté. Il avait donc été témoin du phénomène que l’on désigne vulgairement sous le nom de « mafias communistes » c’est-à-dire le fait que les kapos étaient parfois choisis parmi les apparatchiks du PC, supposés avoir le sens de la discipline ; lesquels ensuite disposaient d’un pouvoir, si limité fût-il, de sauver des vies humaines ; et sauvaient plus volontiers, ceux de leur propre parti. Ce fut surtout cela, qui s’ajoutant bien sûr à toutes les réalités que tu décris, et au souvenir du honteux pacte germano-soviétique, fit que Rassinier ne supporta pas, au lendemain de la guerre, de voir le PC tirer les marrons du feu (au motif de sa participation à la Résistance), se présenter comme le parti des soixante-quinze mille fusillés, etc. etc.
      En fait il y en eut plus d’un qui eut un comportement pitoyable, dans ces années d’après-guerre, au vu de ce quitus accordé à l’URSS et aux différents PC. En général ce comportement consistait à rejoindre « banalement » le camp des anticommunistes primaires. Mais dans le cas de Rassinier, et à moins de faire de lui un antisémite obsessionnel, son parcours personnel explique sans doute le dérapage plus loin poussé.

      PS. en ce qui concerne ce livre très médiocre qui vient de paraître c’est jusqu’au titre, qui sent bon l’imposture. Il y est question de « la gauche » mais la lecture fait rapidement apparaître que l’auteur, connu de longue date pour avoir peu à refuser à la CGT, tente ici en réalité de refiler le bébé à... l’extrême-gauche.

      • lundi 21 septembre 2009 à 12h35, par un-e anonyme

        Bonjour.
        Je pense que ton avis devrait plutôt être adressé à Michel Dreyfus. Cependant, merci de partager avec nous ces ces informations sur Rassinier. Il me semble que ce que tu écris dans ton PS est inexact, à moins de considérer que le PCF, la SFIO ou les verts, soient des organisations d’extrême-gauche.
        A titre personnel, j’évite cette dernière expression autant que possible, car je ne vois pas bien ce qu’il y a d’extrême à exiger plus de justice sociale pour la majorité des gens.

        Raoul

        • lundi 21 septembre 2009 à 15h43, par luc n.

          (j’ignore qui est Raoul Fromberg mais s’il s’intéresse à ces réalités il devrait savoir que les historiens n’ont pas attendu... 2009, pour étudier ces questions. Quant à cet ouvrage les bras m’en sont tombés devant le niveau de confusion délibérée, et de menterie. J’en ai donné un exemple sur www.nonfiction.fr, ci-dessous)

          Proudhon n’était pas seulement un antisémite invétéré : c’était aussi un misogyne indécrottable ! Reste à savoir si pour autant les anarchistes battaient leur femme le soir en rentrant chez eux... Mais restons-en, à l’antisémitisme. L’un des faits marquants, à l’occasion du tournant que constitua l’affaire Dreyfus, fut la montée au créneau du mouvement anarchiste (et de la minorité dite allemaniste du Parti socialiste). Même des auteurs mal disposés à l’égard de ce mouvement n’ont pu que le reconnaître. Et lorsque vingt-cinq ans plus tard au début de l’année 1923, on craignit une extension à d’autres pays européens du fascisme qui venait d’arriver au pouvoir en Italie, ce fut précisément l’affaire Dreyfus que Sébastien Faure donna en exemple, dans Le Libertaire, pour rappeler que l’Histoire est ce que nous en faisons, et que le pire n’est jamais une certitude :

          Nous avons vu, il y a quelques vingt-cinq ans, les bandes nationalistes et antisémites se ruer sur les passants, saccager les brasseries, les salles de réunion et les journaux, attaquer et assommer ceux qui ne criaient pas « Mort aux Juifs ! Et vive l’Armée ! » Il a suffi que les anarchistes se dressent face à ces décerveleurs -nous n’étions, pourtant, que quelques centaines dans Paris, à cette époque- pour que ces fiers à bras rengainent leurs matraques et remisent leurs casse-têtes et leurs nerfs de boeuf.

          Cette entrée en scène du mouvement anarchiste dès janvier 1898, et qui n’était pas vraiment attendue, est d’autant plus remarquable que jusqu’aux élections législatives du mois de mai, quoi qu’aient pu dire à ce propos les historiens stalino-mal-blanchis (Maitron, Rebérioux, etc.), le Parti socialiste eut pour préoccupation essentielle de ne pas se couper de la frange antisémite de l’électorat. Quant à la CGT elle en était encore lors de son congrès annuel, à la fin du mois de septembre 1898, à présenter cette affaire comme un conflit entre Juifs et Chrétiens dans lequel « Nous, Travailleurs, (...), nous n’avons pas à prendre parti ». Mais c’est là ce que se garde bien de dire à ses malheureux lecteurs le nommé Michel Dreyfus, pion avancé de la CGT sur le terrain de la recherche, et déjà connu pour avoir commis une particulièrement servile Histoire de la CGT.

      • mercredi 28 octobre 2009 à 20h20, par Colas BREUGNON

        Il est clair que les communistes allemands faisaient partie des premiers « pensionnaires » des camps de concentration en Allemagne (en particulier Buchenwald que je connais bien).

        Il parlaient la même langue que les SS : c’est essentiellement grâce à cet « avantage » que certains d’entre eux ont pu progressivement prendre des postes clés dans l’administration interne du camp, lorsque les droits communs ne furent plus assez nombreux pour répondre aux besoins d’encadrement de la grande foule des nouveaux arrivants. Cela n’a rien à voir avec leur « sens de la discipline » et la plupart d’entre eux n’étaient pas des « apparatchicks du PC » .

        De même, leur pratique de l’organisation clandestine et leur internationalisme structurel les a conduit naturellement à constituer l’ossature des organisations de résistance qui ont pu se mettre en place dans certains camps.
        A Buchenwald, par exemple, cette organisation a permis, entre autres, le maintien en vie d’un certain Marcel DASSAULT, qui n’avait rien d’un communiste, mais qui a su s’exprimer publiquement au côté du Colonel MANHÈS lorsqu’il fallut défendre l’honneur de Marcel PAUL, ex représentant de la France au comité clandestin de résistance de Buchenwald, et victime d’une campagne de presse anticommuniste dans les années soixante dix.

        Le roman de Bruno APITZ « Nackt unter Wölfen » raconte l’histoire d’un enfant juif âgé de trois ans à son arrivée au camp, qui a survécu trois années durant, caché dans une valise, dans le monde concentrationnaire. L’auteur lui même a été interné à Buchenwald de 1937 à 1945. En 1963, Frank BEYER a réalisé un film tiré de ce témoignage.

        Le comité clandestin international de Buchenwald avait organisé et armé des groupes militaires nationaux qui le 11 avril 1945 ont libéré le camp quelques heures avant l’arrivée des troupes américaines.

        On voit donc qu’on est bien loin de la notion de « mafias communistes ». ... Ce qui de toutes façon ne saurait en aucun cas justifier les prises de position de Rassinier.
        « Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes »

        Pour compléter votre information sur le sujet, je vous indique trois sites parmi d’autres :
        http://www.corpusetampois.com/che-2...
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Buchen...
        http://www.buchenwald-dora.fr/

        • lundi 2 novembre 2009 à 14h55, par un-e anonyme

          Colas BREUGNON oublie que ce ne sont pas les communistes allemands, qui étaient ici en cause, mais le seul phénomène des « mafias communistes », dont il est bien seul à ignorer l’existence (tout particulièrement en ce qui concerne Buchenwald). Par ailleurs son argumentation selon laquelle les kapos parlaient la même langue que les SS est non seulement irrecevable moralement, mais techniquement : bon nombre de victimes parlaient également un parfait allemand...

    • lundi 21 septembre 2009 à 12h06, par un-e anonyme

      Merci pour ces infos très précises. Rassinier était effectivement socialiste avant de rejoindre la FA. je prends la fin de ta phrase « le maire de l’époque qui se nommait d’ailleurs Dreyfus-Schmidt était bourgeois, radical-socialiste, juif et pis ! franc-maçon. » comme un trait d’humour.

      Raoul



  • vendredi 18 septembre 2009 à 15h22, par joshuadu34

    Comme tu le dis, la nuance, dans le titre est importante ! Parler d’antisémitisme À gauche, c’est reconnaitre que certains peuvent porter, sous le couvert d’une couverture gauchisante, une parole franchement nauséabonde...

    Maintenant, une énorme distinction est à faire... Rejeter quelqu’un pour ses préférences religieuses est une chose, rejeter LA religion (quelle que soit son étiquette) pour ce qu’elle est, un moyen de contrôle des masses, en est une autre !!! Et l’amalgamme fait actuellement auquel, indirectement je te l’accorde, participe ce livre n’est rien d’autre qu’immonde ! Parce que tu rejette la politique du gouvernement israelien, tu es forcément antisémite... la belle affaire (et tu en deviens, dès lors, complice des crimes commis par le passé)...

    Commençons, déjà, par rétablir la réalité historique, en totalité, sans oublier l’officielle tronquée, mais sans oublier non plus celle occultée qui démontre que Churchill où Roosevelt étaient antisémites, dans le vrai sens du terme, arrétons de nous justifier face à des actes dont nous ne sommes pas responsables (dois-je rappeler que, dans les camps, se trouvaient aussi des communistes et des anars ???), arrétons de nous justifier face aux tartuffes qui prétendent que nous sommes antisémites, de balancer du « je suis pas antisémite, la preuve j’ai un ami juif » à tout bout de champ, justifiant ainsi les conneries proférées (pas de fumée sans feu, hein ?), arrétons de tomber dans le piège qui consiste à ne pas vouloir taper sur telle où telle religion parce que d’autres, avant, ont commis des actes inhumains, favorisant ainsi le sentiment politiquement correct que, à cause de la Shoah, le peuple juif est intouchable...

    Pour ma part, sur ce que je peux écrire, je n’hésite pas une seconde à vilipender un gouvernement qui oppresse un peuple (d’ailleurs, j’en ai, en fait, contre toute forme actuelle de gouvernance). Et si ceux qui me lisent sont trop cons pour comprendre, grand bien leur fasse ! Si déjà ils ne comprennent pas l’inhumanité de la démarche Israèlienne, sont pas près de comprendre le reste...

    Voir en ligne : http://taz-network.ning.com/

    • lundi 21 septembre 2009 à 12h16, par un-e anonyme

      Certes cette distinction est nécessaire. Mais je crois que ce livre ne contribue pas à faire l’amalgame entre le rejet de la religion comme moyen de contrôle des masses et le rejet de personnes qui ont une religion. En effet, l’auteur se présente comme juif et laïc et la laïcité permet de faire cette distinction en repoussant la croyance religieuse dans la sphère privée. Je parle de la vraie laïcité, pas celle que nous servent les politiciens à propos du voile islamique, que beaucoup agitent régulièrement comme un chiffon rouge pendant qu’ils détruisent nos vies avec leur deuxième main qu’on ne regarde pas.

      Raoul



  • samedi 19 septembre 2009 à 12h37, par Alunk

    Juste une question ( ou un voeu) : existe-t-il un historien du mouvement ouvrier qui relate l’histoire de cette (d’abord) excellente revue liée à La Vieille Taupe que fut La Guerre Sociale, et qui sombra dans un négationnisme imbécile et criminel qui la coupa de son lectorat ?

    • samedi 19 septembre 2009 à 12h44, par un-e anonyme

      Je ne sais pas Alunk. Mais je me fais un point d’honneur de rechercher çà.

      • samedi 19 septembre 2009 à 12h57, par luc

        j’essayerai aussi de rechercher ça mais je me garderais bien d’en faire... un point d’honneur, et ce pour la raison que vient d’indiquer Alunk : à ce que j’ai entendu dire ces dangereux crétins ont fait le vide autour d’eux, non seulement auprès de leur lectorat, mais jusque dans leur entourage personnel.

        • dimanche 20 septembre 2009 à 18h47, par karib

          Luc a raison, les abrutis de la Guerre sociale ont disparu après avoir fait le vide autour d’eux (encore heureux !) un peu à la façon de la revue La Banquise, qui s’est rattrapée de justesse de ses sympathies faurissoniennes. Ces malheureux ultra-gauche qui faisaient la leçon à l’ensemble du mouvement révolutionnaire, avec une morgue qu’on pouvait juger soit insupportable soit comique, ont donné dans cette affaire la mesure de leur aveuglement.

          • lundi 21 septembre 2009 à 12h26, par un-e anonyme

            La guerre sociale a été publié à Lyon à partir d’avril 1977 er a soutenu Faurisson deux ans plus tard avant de s’en dissocier vers 1985 en même temps que d’autres revues de gauche comme la banquise, le lutteur de classe et la jeune taupe liées à la mouvance négationniste.

            Raoul



  • dimanche 20 septembre 2009 à 15h47, par vince

    bouquin visiblement salutaire, il est toujours bon de balayer devant sa porte.
    de plus le sujet me semble pertinent en des temps ou l’extrême droite antisémite se teinte de couleurs gauchisantes et soi disant antisionniste pour se refaire un virginité (je pense tout particulièrement à A. Soral et son pantin médiatique Dieudonné qui essaient de taper à gauche toute et de laver leur sales pognes)

    • lundi 21 septembre 2009 à 14h22, par karib

      A côté d’un courant passionnant, le courant communiste de conseils, opposant aux léninistes au sein de la IIIe Internationale, avec tous ses sous-courants et sous-tendances, il s’est constitué en France une sorte de secte (c’est ainsi que la qualifiait Pierre Vidal-Naquet) d’ultra-gauche (appellation qu’ils rejetaient) aux diverses ramifications, publiant revues, bulletins, voire livres indigestes. Ces gens-là se haïssaient (et se haïssent toujours) avec une férocité qui laisse pantois. Ces divers sous-groupes ne réunissent en général que quatre ou cinq personnes, voire une seule, mais ils sont tellement pénétrés de leur propre importance qu’ils ont l’impression que le monde entier à les yeux fixés sur eux. Si, sous la houlette de Pierre Guillaume, propriétaire de la Librairie La Vieille Taupe à une époque où elle rassemblait autour d’elle d’authentiques révolutionnaires, certains de ces illuminés n’avaient pas choisi de soutenir le dénommé Faurisson, personne n’aurait jamais entendu parler d’eux ni de leurs fumeuses spéculations idéologiques.
      Se lançant au départ sur un constat assez juste, à savoir la connivence entre staliniens et gaullistes au lendemain de la Libération pour reconstruire le capitalisme en France, ils en sont venus à ne voir dans l’extermination des juifs qu’un simple ciment idéologique de cette alliance antifasciste. Et ce ciment idéologique, pour eux, ne pouvait être que mensonge. Le prolétariat, farouchement révolutionnaire par nature, avait été berné par le mensonge du siècle, et cela afin de participer à l’effort de reconstruction nationale.
      S’il est incontestable que l’antifascisme a servi de ciment aux intérêts parfois divergents du Capital et du Travail, s’il est exact que le mouvement ouvrier, par l’entremise du PCF et de la CGT a volontairement contribué au redressement du capitalisme français, il est évidemment ridicule de prétendre que c’est sous le seul effet du mensonge, et particulièrement ignoble d’affirmer que ce mensonge-là était l’extermination des juifs par les nazis.
      Mais nos « ultra-gauche », grands producteurs d’une prose pâteuse et marxeuse qui se voudrait différente du marxisme officiel, sont en réalité les tenants d’une idéologie simpliste et moraliste qui ignore les méandres de la réalité ; faisant fi de toute dialectique et avec une morgue stupéfiante, ils faisaient la leçon à la terre entière tout en ajoutant foi aux boniments nazis d’un Faurisson.
      Comment, dès lors, écouter sans rire leurs nouvelles trouvailles sur la « communisation » ?

      • lundi 21 septembre 2009 à 15h51, par luc n.

        merci à karib d’avoir rappelé cette évidence, qui ne concerne pas seulement le génocide nazi, et peut à tout instant revêtir un caractère actuel : le négationnisme (à moins qu’il n’exprime une pathologie qui n’attendait que de pouvoir s’exprimer) est aussi, un négativisme. Bref, dans le cas précis : il aura suffi que les gaullistes et le PC disent blanc, pour que ces gens disent noir, et même très noir...

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