samedi 2 mai 2009
Sur le terrain
posté à 19h35, par
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Ce qui est bien, avec la manif du premier mai, c’est que c’est un peu comme la fête de l’Huma : t’es sûr-e de retrouver tou-te-s les pote-sse-s et de boire des coups gratos. Boire gratos, c’est important, surtout que c’est la grosse crise - les syndicats sont unanimes. Maintenant, le premier mai à Paris en 2009, c’est pas non plus la manif ultra-violente du siècle, la preuve, c’est qu’il y avait le PS.
Ci-dessous : plongée dans le millésime 2009 de la fête du travail. Un reportage sonore pas piqué des hannetons, réalisé par Antimollusques. Idéal en fond-sonore pour la lecture de ce billet. :
« Il paraît que ça pète à Hôtel de Ville… »
Fin de manif à Bastille. Ça sent tout sauf l’émeute. Accès à la place über verrouillés par les keufs, bataillons de civils qui interpellent à la sauvage,l’appel à venir masqué n’a pas été trop suivi, pas grand chose à se mettre sous la dent l’après-midi sinon un blocage de Mac Do par les Interluttant-e-s et une action éclair par les Robins des bois d’EDF.
Du coup, ça attend beaucoup en buvant des coups. Les keufs y vont pourtant bien de leur provoc habituelle en contrôlant une quinzaine de gamins qui ont le malheur d’avoir une crête et des cheveux verts mais là encore, l’alanguissement général n’y trouve même pas prétexte à insurrection. Et puis, cette info qui tourne :
« Hôtel de Ville occupé par cent personnes, deux cents à l’extérieur, besoin de renforts… »
Ho ho… de mémoire, l’Hôtel de Ville n’avait pas été occupé depuis le 28 mars 1871, le drapeau rouge était institué et on pensait déjà à détruire la colonne Vendôme.
Sur place,la ronde infinie des obstinés n’en finit pas de tourner. Les keufs n’en finissent pas de courir. On voit vaguement des ombres derrière les fenêtres, des bouteilles tournent à défaut de voler ; les ombres derrière la façade ayant des casques et des matraques, à moins que les camarades n’aient réussi à détourner et dépoiler une ligne de bleus, ça sent bon la fin de l’occupation.
Plus qu’une centaine de personnes (un peu) motivées. La ronde continue à tourner et les keufs à courir. L’un d’eux hurle à son oreillette : « La mission, c’est d’empêcher que les manifestants aillent sur Rivoli ». Non, mais franchement, ils croient quoi, on a des boutanches, des chansons, des slogans à la con, des potes dont on ne sait pas s’ils sont encore à l’intérieur, et ils croient qu’on va aller se faire chier à bouger chez les bourges ? Ouais, trop forts, à cent en manif sauvage sous les arcades de Rivoli.
Ça se finit tranquillou sur les coups de 22 h 30. Encore une fois, plus de civils que de manifestants. On se marre, on s’en fout, et on se barre. On a pris l’Hôtel de Ville et le PS était à la manif.
Le PS d’ailleurs, c’était plutôt rigolo dans l’après-midi. A croire qu’ils protégeaient le Panthéon et la rue Soufflot. Et que la nuée de journalistes protégeait le PS. Une putain de première ligne de stars, Huchon, Aubry, Delanoë, Désir, Hamon. Que du lourd. Royal était à Niort et Dray à Zurich (pas là où ça a pété mais chez son horloger).
Bon, c’est pas qu’on les a vu manifester par la suite dans le cortège, mais l’intention révolutionnaire était là, évidente, furieuse, manifeste, le muguet à la boutonnière.
La preuve, c’est qu’apprenant l’occupation de l’Hôtel de Ville, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a « condamné fermement ces comportements aussi absurdes qu’agressifs, qui loin de toute rationalité, ont visé la maison commune des Parisiens ». Cette occupation a provoqué « quelques dégâts matériels », a déploré l’élu socialiste, dans un communiqué, précisant que « la Ville de Paris sera évidemment conduite à déposer plainte ». Il a salué « l’efficacité des policiers qui, de façon maîtrisée, ont su rapidement rétablir la situation ».
Tremblez Delescluze et Varlin, Courbet, Vallès, Rigault et Ferré, tremblez, Bertrand et Martine sont dans la place…
Rab de photos :
Si le titre de ce billet t’est obscur, vil ignare, on t’incite à aller rafraichir tes oreilles ici.
Texte et Photos : Ubifaciunt.
Reportage sonore : Antimollusques1.