ARTICLE11
 
 

mercredi 15 avril 2015

Sur le terrain

posté à 12h14, par Simone Michel
14 commentaires

SNCF – On n’est pas sortis des ronces

Ah, la SNCF, son univers merveilleux, ses trains toujours plus chaleureux, ses grilles tarifaires absconses, ses techniques marketing affutées... Rarement entreprise publique aura tant cristallisé les maux du monde moderne. Témoignage.

Je suis très énervée par mes voyages en train. Je suis très énervée parce que c’est de pire en pire : toujours plus cher et de moins en moins satisfaisant. Il faut jouer de ruses et perdre un temps fou sur le net pour s’en sortir financièrement, sinon c’est inabordable : aujourd’hui, un Paris/Milan plein-pot c’est 150 euros. En toute simplicité.
C’est le système libéral. Faut faire jouer la concurrence. Il y a bien quelques failles dans ce système marchand - je ne m’étalerai pas, je ne veux pas le renseigner. Mais en gros, oui, je trouve que la SNCF fonctionnait mieux par le passé : plus de trains, partout, au même tarif du kilomètre et à l’heure. Par contre, est-ce que la SNCF, si elle était encore réellement nationalisée1, refuserait le flicage à outrance de ses voyageurs ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, aujourd’hui, telle qu’elle est administrée, elle ne le refuse pas.

Fin février. Je pars à Milan, train de 6 h 28. Trente minutes plus tard, le train est toujours à quai, on nous annonce un problème de freinage. On change de train. Retard prévu d’une heure et demie. Soupir.
Arrivés à Modane, nouveau changement de train. Je me dis qu’il ne faudra pas oublier de récupérer l’enveloppe dès mon arrivée à Milan, celle qui t’indique où t’adresser pour être (en partie) remboursé, et je repense à mon voyage d’août dernier, où j’ai reçu onze euros de dédommagement pour le même problème, onze euros quatre mois plus tard et uniquement parce que je suis une grosse relou tenace.
Départ de Modane. Il est dans les onze heures et demie. Je sors mon casse-croûte, je mange, je me détends. C’est alors qu’un jeune homme à la coule me propose enthousiaste « une belle enquête à remplir », un questionnaire de satisfaction intitulé : « Mieux vous connaître pour mieux vous servir »2. « Mais comment donc », lui réponds-je, bien décidée à m’exprimer en toute franchise et en vieille acariâtre ronchon n’ayant pas su s’adapter aux « progrès » de son époque.

L’enquête fait douze pages. Sur la première, on t’informe de tes droits : tu n’es pas obligé de répondre, tu peux t’interrompre dès que tu le souhaites et tes réponses seront analysées de manière rigoureusement anonyme. L’autre moitié de cette première page est réservée au jeune homme à la coule : numéro de référence, code interne, numéro du train. Je tourne la page, l’enquête commence.
Les sept pages suivantes sont de facture assez classique et concernent tout d’abord le voyage en tant que tel : à quelle fréquence tu prends cette ligne, comment tu achètes ton billet, où tu vas exactement, pour quelles raisons, qu’est-ce que tu fais pendant ton voyage, pourquoi tu aimes le train, tu lis ou tu mates des films ? tu téléphones ou tu discutes ? tu regardes le paysage ou tu tablettes ? presse ou livres ? qu’aimerais-tu trouver à bord : un wagon spécial tranquillité, de la presse gratuite, des cours de langue, des dégustations, des jeux pour les enfants etc. ?
On en vient ensuite aux questions qui concernent le personnel : ménage, bar et contrôle. Très satisfait, assez satisfait, peu satisfait, pas du tout satisfait. En bonne moutonne que je sais être si je n’y prends garde, je coche, ajoute parfois quelques commentaires que je juge percutants, agacée par leurs questions commerciales. Mais peu à peu une sensation désagréable s’empare de moi. D’un seul coup, je me sens ridicule de participer à cette enquête : je n’ai aucune envie de me sentir complice de la hiérarchie, de participer aux prochaines prises de tête que subiront les mecs (ou meufs) du bar ou du ménage de la part de leurs managers (je suis sûre qu’ils disent comme ça chez TGV France-Italie). Je pose mon bic et lis la suite.

Les quatre dernières pages te concernent, toi. Voici ce que ça donne :

5e partie - Quelques questions vous concernant

« Voici quelques questions afin de mieux vous connaître : quels sont vos loisirs ? Qu’est-ce qui vous définit le mieux ? Quelle est votre personnalité... Vos réponses nous permettront de développer des services et des offres adaptés à chacun de nos clients et à leurs exigences. »

Suit un tableau intitulé « Pour chaque activité, indiquez à quelle fréquence vous la pratiquez » et comprenant vingt-et-une propositions, avec pour chacune cinq réponses possibles : « au moins une fois par semaine », « par mois », « tous les six mois », « moins souvent », « jamais ». Parmi ces propositions, qui vont de « Rester en famille » en passant par « Aller à des concerts » ou encore « Faire du jardinage » sans oublier « Acheter des articles sur Internet, par correspondance ou par téléphone », se trouve l’intitulé N : «  Militer, manifester, parler politique  ».

Je tourne la page. Trois nouveaux tableaux, précédés de cette mention « Pour chacune de ces affirmations, indiquez si vous êtes d’accord ou pas ». Quatre possibilités : « tout à fait d’accord », « plutôt d’accord », « pas tellement d’accord », « pas du tout d’accord ». Cinquante-deux affirmations. En vrac : « je suis impatient », « je suis tolérant », « j’aime prendre le temps de réfléchir », « je sais m’imposer », « je ne m’ennuie jamais », «  j’ai dans la vie des convictions profondes », « je suis anxieux de nature », « j’ai la sensation que mes actions ne feront pas évoluer la société », « je recherche l’action », « je suis d’accord avec tout le monde », « je suis méfiant » etc. D’autres propositions concernent ton niveau de vie : « êtes-vous disposé à payer plus pour avoir un produit ou un service plus élaboré ? » ou bien : « est-ce que vous achetez tous vos produits en soldes ou en promotion ? » Elles concernent aussi ton intérêt pour les nouvelles technologies (marché juteux) et pour l’environnement (marché juteux). Exemple : « je suis toujours parmi les premiers à acheter les dernières nouveautés technologiques » ou bien : « pour moi il est important de protéger l’environnement et les ressources naturelles ».

Dernière page. Il faut se souvenir de la première pour bien rigoler. Vous vous souvenez : de manière rigoureusement anonyme ? Bien. Dernière page :

6e partie - Données personnelles

1/ Sexe
2/ Année de naissance
3/ Nationalité
4/ Pays de résidence
5/ Activité professionnelle
6/ Seriez-vous intéressé de recevoir des informations concernant les nouveautés et promotions de TGV France-Italie ?
7/ Pouvez-vous nous communiquer vos coordonnées ? : nom, prénom, ville, pays, adresse e-mail.

Puis : « La SNCF vous remercie de votre collaboration et vous souhaite un agréable voyage. »

Et enfin : un tout petit encadré en bas de page te rappelle que, selon la loi machin, tu peux à tout moment demander de consulter tes réponses, les modifier ou t’opposer à leur traitement en écrivant à une adresse postale à Rome...

*

Épilogue : la gare de Milano Centrale est blindée de flics comme jamais. Les voix enregistrées des billetteries automatiques répètent à chaque nouveau client de se garder des revendeurs à la sauvette. Les haut-parleurs de la gare en rajoutent, précisant qu’il ne faut pas hésiter à les dénoncer à la police. L’accès à l’ensemble des quais est protégé par des barrières gardées par des agents, des vigiles et des contrôleurs. Il faut encore montrer son billet. Mais une fois les obstacles franchis, tu peux respirer. Mieux : si tu es de sexe féminin, tu peux carrément te perdre dans de luxueuses effluves : une jeune fille, toute vêtue de noir et tenant à la main une petite bouteille, te propose quelques vaporisations du dernier parfum Lancôme. Derrière elle trône un flacon géant de verre massif au contenu jaune orangé, refermé par un bouchon de carafe. Le flacon est posé sur un piédestal cubique, gris clair métallisé, d’environ un mètre de haut. L’installation se détache sur un grand panneau brillant de la même couleur que le cube, d’environ quatre mètres de haut et cinq mètres de large et dans lequel se reflète la gare. Sur le panneau, en grosses lettres noires, on peut lire le nom du parfum en question. Il s’appelle La vie est belle.

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1 Le Réseau Ferré de France loue désormais ses voies à des sociétés de trains étrangères privées tout en ayant de plus en plus recours à la sous-traitance.

2 Je vous traduis, parce que j’ai pris le formulaire en italien, mais il était distribué dans les deux langues.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 15 avril 2015 à 21h48, par Antisocial

    Ben moi aussi je suis trés énervé de vivre dans cette société ,ou le sport national est l’hypocrisie. Les faux culs de tous bords me filent la gerbe et c’est peut être fait par hasard ?
    En l’occurence,dans le genre sabordons les services publiques ou plutôt ce qui en reste. Oui,je sais, je vois le mal partout mais si je faisais le bof je te dirais pourquoi s’emmerder à prendre le train quand on voit les tarif chez Ryanair : 60€ voir 56 euros pour début mai....Alors vive l’avion et sa pollution !!! Hein !
    Et puis en oûature par l’autoroute avec du covoiturage organisé par la sncf (blabla), t’aurais peut être été plus vite à moins cher aussi ?
    Quand on a un banquier de ministre ou un sinistre de banquier qui dit qu’il faut faire rouler des cars (privés bien sur) pour les pauvres ...Un vrai socialiste le mec ça devrait déclencher au moins des réflexions à défaut de réactions .
    Mais que nenni le troupeau rampe en affirmant : Nous sommes tous Charlie !

    • jeudi 16 avril 2015 à 16h54, par Blaise Lapoisse

      Salut, sur ce coup je ne viens pas en défense de la SNCF, c’est juste pour préciser que blablatruc c’est pas eux, la leur fait du covoit’ à usage des entreprises qui veulent mutualiser les trajets domicile/travail de leurs employés . J’ai posé la question à un cadre SNCF .



  • jeudi 16 avril 2015 à 20h52, par B

    d’où l’expression :
    en voiture Simone !

    • vendredi 17 avril 2015 à 13h17, par Voyage voyage

      Mais Simone s’ignorait !

      C’était quoi déjà leur slogan ? Ha oui, à eux de nous faire préférer le train... ben ils ont encore du boulot !

      • mardi 31 mars 2020 à 16h15, par Xavier

        La SNCF c’est on peut dire une grande famille qui snob l’extérieur. Ils regardent uniquement leur privilège. Et ici, ils ne s’intéresse guerre qu’a leurs avantages.



  • dimanche 19 avril 2015 à 20h26, par B

    woué, j’aime bien la fin de l’article, finalement, on est comme des chiens, on connaît notre pedigree et tout et tout
    c’est Damasio qui dit ça, il paraît même qu’il va se réfugier dans un monastère et il va probablement découvrir la recette de la bière car c’est les moines qui ont inventé toutes les boissons alcoolisées ce qui explique pas mal d’ « illusions ».

    • mardi 21 avril 2015 à 22h52, par Scarfanti

      Oui la fin de l’article est particulièrement bien réussie, mais ce qui précède n’est pas inintéressant. Merci pour ce texte

      • mercredi 22 avril 2015 à 08h48, par B

        « C’est alors qu’un jeune homme à la coule me propose enthousiaste « une belle enquête à remplir », un questionnaire de satisfaction intitulé : « Mieux vous connaître pour mieux vous servir » »

        woué mais je peux pas comprendre, j’ai pas d’esclaves.



  • dimanche 19 avril 2015 à 21h25, par le papa de Sémiramis

    Un service public est une épine dans le pied du capitalisme
    Donc il faut détruire les services publics pour faire fleurir le monde merveilleux du capitalisme fleufleurisrsant !
    Luttons contre le capitalisme et repartons à la conquête de nos services publics.
    Bravo Simone pour ce constat si finiment développé



  • mardi 21 avril 2015 à 08h49, par B

    Simone se trouvait prise au piège entre un questionnaire SNCF et les conneries que la droite patriotique racontait dans le journal L’Humanité.
    Heureusement, il y avait Renato.



  • mardi 21 avril 2015 à 08h51, par B

    ( notre bon maître)



  • jeudi 30 avril 2015 à 18h59, par Noelle Joly

    Ah la SNCF... typique le truc qu’il est difficile de descendre en flamme chez les gauchistes, parce que tu passes direct pour un complice du grand capital !

    Non, la SNCF n’est pas un service public, je sais pas où vous avez vu ça, c’est une boite capitaliste et le fait que son proprio soit l’État change rien à l’affaire. Ah oui bien sur elle tient un discours vaguement « on est un service public », et sans doute que c’est vaguement écrit sur des papelards de ci de là, mais ça c’est du bla bla, la politique, c’est basé sur le principe : « dire une chose et en faire une autre », c’est comme ça qu’on a écrit la devise nationale, je vous le rappelle.

    Le jour où la SNCF sera gérée par les cheminots et les voyageurs en mode coopératif, je verrai pour la défendre. Jusque là, elle vaut pas mieux que IBM ou l’EDF... quand il s’agit de collaborer avec le pouvoir, on trouve rarement mieux !

    Et quant à son inventivité sans limite pour escroquer les gens (prix en fonction de la demande, billets valables uniquement un jour, carte magnétique pour te fliquer - et qui se désactivent toutes seules, etc. etc.), je l’expérimente chaque jour.

    Le cas du formulaire c’est du réel, franchement, ils auraient pas mieux à faire à réparer le matériel au lieu de savoir si on aime jardiner ?

    • mardi 11 août 2015 à 16h24, par Geeeeorges

      Et on aurait pas mieux à faire que de parler d’un questionnaire non rempli et jeté aux ordures ?
      Y’a pourtant intéressant de connaitre le fonctionnement des algorithmes qui permettent de déterminer le prix des billets en fonction de ton nombre de connections à leur site internet, ou au regard du délai entre ton paiement et le jour du départ. Je suppose que c’est moins cher 6 mois avant parce que pendant 6 mois, ils peuvent placer ta thune (et celle des millions d’autres contributeurs de leurs produits financiers) et faire des petits. Et moi qui pensais bêtement que la SNCF préférerait remplir ses trains plutôt que ses poches... Par contre le parfum « la vie est belle » est un lien pertinent au film du même nom qui décrit une époque ou cette compagnie faisait déjà beaucoup d’argent.



  • vendredi 15 mai 2015 à 19h06, par Albert

    La SNCF, quel déclin pour les usagers, quels bénéfices quand tout sera privatisé. Toute cette évolution était en germe dans le Traité de Rome du 25 mars 1957. Mais les oligarques n’avaient pas prévu de demander leurs avis aux électeurs allemands, belges, italiens, néerlandais, luxembourgeois et français de l’époque sur le texte.

    http://mjp.univ-perp.fr/europe/1957rome.htm

    Extraits :

    Section première : Les règles applicables aux entreprises
    Article 85.

    1. Sont incompatibles avec le marché commun et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre États membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du Marché commun, et notamment ceux qui consistent à :
    a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction ;
    b) limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement technique ou les investissements ;
    c) répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement ;
    d) appliquer, à l’égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales à des prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence ;
    e) subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.
    2. Les accords ou décisions interdits en vertu du présent article sont nuls de plein droit.
    3. Toutefois, les dispositions du paragraphe 1 peuvent être déclarées inapplicables :
     × à tout accord ou catégorie d’accords entre entreprises,
     × à toute décision ou catégorie de décisions d’associations d’entreprises et
     × à toute pratique concertée ou catégorie de pratiques concertées
    qui contribuent à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, et sans :
    a) imposer aux entreprises intéressées des restrictions qui ne sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs ;
    b) donner à ces entreprises la possibilité, pour une partie substantielle des produits en cause. d’éliminer la concurrence.

    Article 86.
    Est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre États membres est susceptible d’en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci.
    Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à :
    a) imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction non équitables ;
    b) limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des consommateurs ;
    c) appliquer à l’égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence ;
    d) subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires de prestations supplémentaires, qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.

    Article 87.
    1. Dans un délai de trois ans à compter de l’entrée en vigueur du présent traité, le Conseil, statuant à I’unanimité sur proposition de la Commission et après consultation de l’Assemblée, arrête tous règlements ou directives utiles en vue de l’application des principes figurant aux articles 85 et 86.
    Si de telles dispositions n’ont pas été adoptées dans le délai précité, elles sont établies par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée sur proposition de la Commission et après consultation de l’Assemblée.
    2. Les dispositions visées au paragraphe 1 ont pour but notamment :
    a) d’assurer le respect des interdictions visées à l’article 85, paragraphe 1, et à l’article 86, par l’institution d’amendes et d’astreintes ;
    b) de déterminer les modalités d’application de l’article 85, paragraphe 3, en tenant compte de la nécessité, d’une part d’assurer une surveillance efficace, et d’autre part de simplifier dans toute la mesure du possible le contrôle administratif ;
    c) de préciser, le cas échéant, dans les diverses branches économiques, le champ d’application des dispositions des articles 85 et 86 ;
    d) de définir le rôle respectif de la Commission et de la Cour de justice dans l’application des dispositions visées dans le présent paragraphe ;
    e) de définir les rapports entre les législations nationales d’une part, et d’autre part, les dispositions de la présente section ainsi que celles adoptées en application du présent article.

    Article 88.
    Jusqu’au moment de l’entrée en vigueur des dispositions prises en application de l’article 87, les autorités des États membres statuent sur l’admissibilité d’ententes et sur l’exploitation abusive d’une position dominante sur le marché commun, en conformité du droit de leur pays et des dispositions des articles 85 notamment paragraphe 3, et 86.

    Article 89.
    1. Sans préjudice de l’article 88, la Commission veille, dès son entrée en fonctions, à l’application des principes fixés par les articles 85 et 86. Elle instruit, sur demande d’un État membre ou d’office, et en liaison avec les autorités compétentes des États membres qui lui prêtent leur assistance, les cas d’infraction présumée aux principes précités. Si elle constate qu’il y a eu infraction, elle propose les moyens propres à y mettre fin.
    2. S’il n’est pas mis fin aux infractions, la Commission constate l’infraction aux principes par une décision motivée. Elle peut publier sa décision et autoriser les États membres à prendre les mesures nécessaires, dont elle définit les conditions et les modalités pour remédier à la situation.

    Article 90.
    1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire aux règles du présent traité, notamment à celles prévues aux articles 7 et 85 à 94 inclus.
    2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles du présent traité, notamment aux règles de concurrence, dans les limites où l’application de ces règles ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de la Communauté.
    3. La Commission veille à l’application des dispositions du présent article et adresse, en tant que de besoin, les directives ou décisions appropriées aux États membres.

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