ARTICLE11
 
 

vendredi 30 décembre 2011

Textes et traductions

posté à 22h58, par Jean-Pierre Garnier
49 commentaires

De qui Badiou est-il le nom ?

Écorner le mythe Badiou ? Le mettre face à ses contradictions, questionner sa position de classe, pointer ce que son culte peut avoir de délétère, décrypter de fort contestables positions politiques ? Allons donc, vous n’y pensez pas... L’ami Jean-Pierre Garnier n’hésite pas, lui. Et se livre ici à une percutante critique de la prestation radiophonique que le philosophe de la rue d’Ulm a livrée voici trois semaines.

On trouvera peut-être réducteur, sinon arbitraire, pour répondre à la question ci-dessus – De qui Badiou est-il le nom ? - de ne s’appuyer que sur des propos recueillis lors d’un entretien radiophonique mené avec un penseur dont l’œuvre théorique monumentale, à défaut d’être magistrale, se situe à cent coudées au-dessus de cet exercice médiatique1. Mais ce qu’il a exprimé au cours de cette émission devrait d’autant plus suffire à résumer sa pensée politique qu’il s’adressait à un public, l’auditorat sélect de France Culture, dont l’identité de classe constitue justement une réponse possible à la question posée.

***

« Soleil noir de la pensée  », « philosophe le plus lu, le plus traduit, le plus commenté dans monde  ». Donnant « des conférences dans toute l’Europe, en Amérique, au Japon ou en Australie », il serait « l’un des derniers à avoir élaboré un système philosophique complet ». Bref, intrépide « défenseur de l’hypothèse communiste et pourfendeur du capitalisme », il serait tout simplement « un révolutionnaire » comme on n’en fait plus. N’en jetez plus, la cour est pleine… de courtisans. Le culte de la personnalité, unanimement répudié depuis plusieurs décennies, y compris par ceux qui s’y adonnaient avec le plus de zèle à la belle époque de la « contestation », se porte apparemment bien en France. La personne qui en est l’objet, et qui ne répugne d’ailleurs pas à aider ses adulateurs à la hisser plus haut sur son piédestal, serait-elle hors du commun ? Sans doute, à la voir régulièrement sortir gagnante avec brio du petit jeu de « plus radical que moi, tu meurs », redevenu en vogue dans une partie de l’intelligentsia à nouveau en proie aux vieux démons de la « contestation » de l’ordre établi. Sauf que, parce que c’est précisément un jeu des plus répandus dans ce milieu, Alain Badiou ne fait qu’ajouter son nom à la liste déjà longue des héros de la pensée critique morts au champ des honneurs officiels qui leur ont été rendus de leur vivant même.

Pourtant, ce serait avoir la vue un peu courte que de ne discerner dans ce personnage haut en couleurs (rouges) qu’un gourou narcissique alors que les penseurs de haute volée partageant peu ou prou ce profil se pressent en assez grand nombre au portillon de la rue d’Ulm, pour ne rien dire d’autres hauts lieux de la pensée incarnée. À cet égard, Alain Badiou ne dépare pas du lot. Ce qui le distingue néanmoins est, d’une certaine façon, ce qui le rend semblable à ses pareils, mais porté à un paroxysme qui fait de lui un représentant emblématique — on n’ose dire symptomatique — de la classe qui se reconnaît en lui tout en se méconnaissant elle-même comme telle : la petite bourgeoisie intellectuelle. Ou, du moins, une partie d’entre elle, celle qui, repartie en guerre contre l’ennemi de classe supposé, a résolument choisi de mener un combat aussi acharné que sans risques dans les amphithéâtres universitaires et les salles de séminaires.

À la différence des néo-petits bourgeois « degôche » qui ont l’habitude de s’avancer déguisés sous des oripeaux divers, dont celui du « citoyen », ectoplasme impalpable mais omniprésent revenu à la mode depuis quelque temps déjà, Badiou rappelle au détour d’un entretien qu’il appartient à la « tranche supérieure des classes moyennes ». En se gardant bien toutefois de poser la question — ce qui supposerait qu’il se la soit posée au préalable lui-même — d’un lien éventuel entre cette appartenance, la Weltanschauung qu’il professe, et son succès auprès d’un public qui voit à juste titre en lui un miroir flatteur lui renvoyant l’image avantageuse qu’il se fait de lui-même. Bien sûr, une telle mise en relation ne manquerait pas de renvoyer, aux yeux de l’intéressé et de ses groupies, à un « sociologisme » qui, pour être d’inspiration bourdivine, ne lui apparaîtra pas moins éminemment primaire voire vulgaire. Et pourtant…

Unanimes par définition à considérer comme une évidence le fait que « nos démocraties » sont des sociétés de classes, les marxistes de la chaire et assimilés répugnent pourtant paradoxalement à parler de celle à laquelle ils appartiennent, en particulier de la place et du rôle dévolus à celle-ci dans ces sociétés. Classe médiane et médiatrice, la petite bourgeoisie intellectuelle est préposée par la division capitaliste du travail aux tâches de médiation destinées à assurer le relais entre dirigeants et exécutants, publics ou privés : conception, organisation, contrôle et inculcation. Une position et une fonction délicates, pour ne pas dire difficiles, à « gérer », notamment lorsque la conjoncture socio-historique conduit cette fraction dominante des classes dominées à passer au statut de fraction dominée des classes dominantes. De fait, le paradoxe évoqué plus haut n’est qu’apparent : le néo-petit bourgeois ne peut faire ce qu’il est structurellement amené à faire qu’à la condition d’ignorer, de manière volontaire ou inconsciente, ce qu’il est : un agent subalterne mais indispensable de la reproduction des rapports de production capitalistes. En d’autres termes, il ne peut « assurer », comme on dit, qu’à la condition ne pas assumer. Ce qui l’amène à vivre dans le déni et la mauvaise foi, l’« inauthenticité » aurait dit Sartre, les contradictions qui résultent de sa situation de go between assis le cerveau entre deux classes, la bourgeoisie et le prolétariat.

Dans la plupart des cas, c’est en faisant l’impasse sur son identité de classe et tout ce qu’elle implique sur les plans idéologiques et politiques que l’intellectuel néo-petit bourgeois — si tant est que l’on puisse recourir à ce pléonasme — résout le problème qu’il se refuse à poser. Il en va en revanche autrement pour celui qui se proclame progressiste ou, à plus forte raison, révolutionnaire, confronté dès lors à l’ambiguïté et à l’ambivalence de son engagement. Il usera alors des aptitudes quasi illimitées à la rationalisation acquises grâce à un cursus scolaire enviable pour tourner autour du pot aux roses. Ainsi mettra t-il sur orbite de nouveaux « concepts » tels, par exemple, ceux de « multitude » ou de « classe créative » pour, dans un cas, que s’estompent les différences et les antagonismes de classes dans une nuit opaque mais rassurante où tous les chats, néo-petits bourgeois ou prolétaires, seront gris ou plutôt rouges, ladite multitude étant censée s’opposer de manière irréductible à un « empire » aux contours tout aussi indistincts, et, dans l’autre cas, pour regrouper bourgeois modernistes et bobos branchés dans une même catégorie de happy few urbains et cultivés dont la « création » serait la vocation, en omettant de signaler que celle-ci a partie liée avec la production de plus-value et l’exploitation.

Alain Badiou, cependant, qu’une approche sociologique du monde social insupporte, préfère renouer, tout matérialiste qu’il prétend être, avec la tradition philosophique la plus classique : l’idéalisme. Foin d’« analyse concrète de situation concrète », comme le recommandait Lénine, auquel il aime de temps à autre à se référer ! Pour lui comme pour ses semblables, la petite bourgeoisie intellectuelle n’existe pas puisqu’il ne l’a jamais rencontrée dans les écrits à partir desquels il a l’habitude de gloser, ou qu’il feint de ne pas la voir quand certains auteurs, Marx en tête, pourraient aider à déceler son existence. Mais, comme dit le proverbe, chassez le naturel — encore que l’on ait affaire, avec Badiou et consorts, à un ensemble de traits socialement déterminés —, et il revient au galop.

Interrogé par un faire valoir médiatique sur l’implication des classes populaires françaises dans la lutte anticapitaliste, Badiou leur dénie sans autre forme de procès toute capacité et toute volonté d’en être partie prenante et agissante. En effet, être intégré à une société du capitalisme avancé en ferait un groupe social relativement privilégié et ne la prédisposerait donc guère à avoir des visées révolutionnaires. On retrouve ici l’argument éculé de l’« embourgeoisement » des ouvriers des pays développés, bien que le mot ne soit tout de même pas prononcé. Comme nombre d’anciens gauchistes néo-petits bourgeois qui s’étaient réclamés jadis du prolétariat pour donner une allure démocratique à leurs ambitions et leurs aspirations, Badiou ne s’est visiblement pas encore remis du rendez-vous manqué qu’ils lui avaient imprudemment et impudemment fixé.

Certes, il admet que les conditions d’existence des ouvriers et des employés sous nos cieux n’ont cessé de se dégrader au cours des dernières décennies, et plus encore les perspectives d’avenir de leur progéniture. « Les classes populaires ne sont plus en état de penser que leurs enfants vont poursuivre leur ascension sociale  », note cet observateur au regard acéré qui semble découvrir la Lune, comme si pareil souci n’était pas aussi, jusqu’à l’obsession, celui de la petite bourgeoisie intellectuelle qui envoie ses héritiers boire les paroles de Badiou et ses pareils dans les établissements d’enseignement de choix réservées à la future élite de la nation. Bien plus, non seulement les prolos français et des contrées voisines ne sont pas mûrs pour la révolution, avertit Badiou, mais, taraudés par la « peur de perdre ce qu’ils ont  », ils sont prêts, pour beaucoup d’entre eux, quand ils ne s’abstiennent pas lors des élections, à se jeter dans les bras de Marine Le Pen, c’est-à-dire de la réaction. Le diagnostic du philosophe de la rue d’Ulm est sans appel : ils sont « réactifs  » pour ne pas dire réactionnaires. Le mépris de classe typiquement néo-petit bourgeois a en tout cas de beaux jours devant lui.

Heureusement, tout n’est pas perdu dès lors que l’on tourne les regards vers la classe ouvrière des économies capitaliste « émergentes », émergente elle aussi, où l’exploitation la plus féroce aide celles-ci à émerger. Là résideraient les forces sociales qui vont balayer le vieux monde pour peu qu’une « nouvelle internationale » soit mise en chantier. Par qui ? Devinez ! À l’échelle mondiale, qui est celle à prendre désormais en considération, « notre tâche est de saisir toute occasion pour organiser les milieux populaires », proclame Badiou qui ne doute de rien et surtout pas de lui-même. Et l’on ne s’étonnera guère de le voir entonner une fois de plus le vieux refrain avant-gardiste d’une intelligentsia toujours prompte à « s’appuyer sur les masses » pour prendre le pouvoir avant de les écraser une fois parvenue aux sommets. En attendant, le prolétariat hexagonal ayant failli à la mission que Marx lui avait assignée, on pourra toujours réimporter le tiers-mondisme à domicile en misant par exemple, comme le préconise Badiou, sur les travailleurs africain immigrés, avec ou sans papiers, pour qu’ils se laissent convertir par leurs nouveaux bergers marxistes. Comme si le slogan « une seule solution, la révolution », qui avait autrefois retenti aussi dans leurs pays d’origine, n’avait pas été remplacé depuis belle lurette dans leurs esprits par un autre, plus implicite mais aussi plus effectif : « Un seule solution, l’émigration ». Non pour y poursuivre en exil la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste, mais pour survivre tant bien que mal, avec pour horizon l’accès au paradis consumériste.

Peu importe : « Nous entrons dans une période inventive et merveilleuse », s’exclame Badiou. « Je sens des signes d’une réapparition d’idées hostiles au capitalisme  » prophétise-t-il, signes annonciateurs d’« une atmosphère idéologique et politique profondément modifiée dans les années qui viennent  ». Le « système philosophique complet  » qu’il serait le seul à avoir réussi à élaborer depuis Jean-Paul Sartre, si l’on en croit la rumeur, a trouvé son pendant politique : le communisme auto-sugestionnaire.

Vénéré plus que jamais par Badiou avec une persévérance coquette qui a le don de faire sortir de leurs gonds pourtant bien huilés les renégats gourmés du maoïsme, le président Mao, à qui l’on peut imputer bien des choses sauf d’avoir manqué de réalisme, se plaisait à rappeler aux bonnes âmes rêvant de l’accouchement sans douleur d’un monde nouveau que « la révolution n’est pas un dîner de gala ». Une vérité difficilement contestable. Mais, ce que Alain Badiou laisse transparaître, avec un contentement évident, d’un agenda mondain surbooké, donne plutôt l’impression qu’elle constitue surtout pour lui un thème de discussion très prisé dans les dîners en ville.

Il lui arrive aussi quand même de déchoir en tenant des propos que l’on pourrait qualifier de comptoir, fût-ce celui de La Coupole ou du Balzar. Ainsi à propos du terrorisme, expédié à l’aide d’arguments à l’emporte-pièce. Il ne serait que « l’envers du parlementarisme  », une « calamité  », une « niaiserie  ». Sans que l’on sache exactement si Badiou se réfère aux dérives du gauchisme européen, à la résistance palestinienne ou aux attentats islamistes. Pour ne pas parler du terrorisme d’État qui tend à devenir une composante de l’action des « États de droit », que Badiou n’évoque d’ailleurs pas, à la différence d’un Noam Chomsky, plus « connu dans le monde entier » que Badiou, n’en déplaise à celui-ci, et plus modeste aussi, qui s’emploie à en disséquer patiemment les ressorts2.

Et voilà qu’après avoir, comme tant d’autres, à son tour relu et surtout et révisé Marx, sous couvert d’«  actualiser sa pensée  », Badiou s’attaque à Platon, dont « on a besoin aujourd’hui  », et dont il reconnaît pour s’en vanter avoir fait un « usage personnel  ». Comme si ce n’était pas la règle pour toutes les relectures autorisées ! Qu’il ait jugé bon de « réécrire  » La République est somme toute dans l’ordre des choses : le philosophe-roi ne pouvait être remis au goût du jour que par le roi des philosophes. « Je l’ai rendu théâtral  », précise Badiou, avouant à qui veut bien l’entendre, pour en faire un titre de gloire supplémentaire, qu’« en tant que conférencier  », il sent « acteur  », et qu’il avait été tenté dans sa jeunesse de faire carrière sur les planches avant de décider de battre l’estrade en faveur de la révolution.

On évitera donc, en guise de conclusion, tout rapprochement, en dépit leur origine de classe commune et des déterminations qui en résultent, entre ce maître à penser de l’« hypothèse communiste » et les transfuges diplômés passés dans le camp de la contre-révolution. À la différence d’un BHL ou d’un Gluckmann dont le pouvoir de nuisance ne saurait être négligé, le seul reproche qu’Alain Badiou pourrait finalement encourir, pour peu que l’on se refuse à se gargariser de mots pour s’intéresser plutôt aux choses, est d’être, contrairement à ce qu’il imagine — il se dit « dangereux  », mais « pas assez » — totalement inoffensif. Encore que cette innocuité pourrait être considérée comme une qualité majeure si l’on adopte le point de vue des dominants que Badiou se fait fort d’affronter. «  Je ne suis pas dans la tradition communiste. J’y vais », proclame-t-il. Sans s’apercevoir, pas plus que ceux qui le suivent, qu’il ne fait — avec un talent certain, reconnaissons-le — que du surplace.



1 Tête à tête, émission sur France Culture de Dominique Taddei, dimanche 11 décembre 2011.

2 Noam Chomsky, Autopsie des terrorismes Les attentats du 11-septembre & l’ordre mondial, Agone, 2011


COMMENTAIRES

 


  • samedi 31 décembre 2011 à 11h24, par passant

    C’est ce genre d’article qui fait que Article 11 est si nécessaire. Analyser la pensée de Alain Badiou à partir des conditions matérielles de sa production et de sa diffusion, ainsi que de son « public » c’est forcément une très bonne idée : la preuve. Finalement c’est vrai qu’il est inoffensif, et les raisons sont convaincantes, comme le portrait de la petite bourgeoisie intellectuelle, toujours aussi comique.
    Il reprend évidemment le thème de la classe ouvrière qui ne mérite pas de telles lumières, ainsi que celui des couches populaires qui votent FN.
    Personne ne s’intéresse au vote FN dans les quartiers bourgeois, cathos qui votent pour la droite « classique » d’habitude. Comme c’est curieux...



  • samedi 31 décembre 2011 à 11h25, par Fiume

    « Ecornons, écornons les pompeux cornichons », comme dirait l’autre.
    Ouf ! Enfin, un peu d’esprit critique dans le béni-oui-ouisme gauchiste. Merci camarade Garnier.
    Et que dire d’un penseur de l’histoire qui dans son dernier opus « Le Réveil de l’histoire » compare dans une équivalence sans nuance la « révolution culturelle chinoise » à la « Commune de Paris » ?
    On ne lui pardonnera donc pas son maoïsme ? Eh ben non, pourquoi faudrait-il fermer les yeux sur ce fourvoiement criminel qu’il continue à assumer complètement malgré son désaveu tardif du modèle du Parti-Etat.
    Pour Badiou « organiser les classes populaires » cela signifie effectivement les rendre disciplinés (autre mot qu’il affectionne) aux sirènes d’une caste intellectuelle soi-disant consciente. Vieux schéma pourri !
    Il ne faut pas laisser les donneurs de leçons devenir des donneurs d’ordre.



  • samedi 31 décembre 2011 à 11h30, par un-e anonyme

    bon, d’abord, j’écoute l’émission :
    radio



  • samedi 31 décembre 2011 à 11h52, par un-e anonyme

    j’interromps l’écoute.

    a été un très bon élève à l’école normale.
    l’assume.

    très bien
    car aujourd’hui, on dirait qu’il n’y a rien de pire pour un mec que de se faire traiter d’intellectuel.

    • samedi 31 décembre 2011 à 12h02, par un-e anonyme

      C’est pas tant d’être intellectuel en soi que de prétendre de dominer les autres grâce au statut que cela confère.
      Si Badiou appliquait à lui-même les consignes de la Grande Révolution culturelle, il irait travailler (ce que je ne lui souhaite pas) sous une serre en Andalousie ou sur un chantier à Dubaï avec le prolétariat du Tiers-Monde.

      • samedi 31 décembre 2011 à 12h06, par un-e anonyme

        pour passer pour un huluberlu ?

        • samedi 31 décembre 2011 à 12h23, par Fiume

          Effectivement. Donc pourquoi continuer à vanter idéologiquement la Révolution culturelle (rappelons au passage qu’elle fit entre 400 000 et un million de morts) si on n’en assume pas soi-même les plus extrêmes conséquences ? C’est bien là la posture d’un mandarin.
          Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais.

          • samedi 31 décembre 2011 à 13h05, par un-e anonyme

            as-tu écouté l’émission jusqu’au bout ?

            quelle patience il a pour supporter l’imbécile Taddeï !

            mépris de classe dit JPG :
            je n’ai pas ce ressenti en écoutant l’émission

            maintenant que la petite bourgeoisie soit là pour désorganiser, c’est vrai
            et ça commence à l’école : les emplois du temps de merde.



  • samedi 31 décembre 2011 à 15h18, par faya

    Sans nier l’intérêt de ce texte, je trouve que la critique de Badiou réalisée par JC Michéa tout au long de son dernier bouquin (le complexe d’orphée) plus intéressante et pertinente. Elle est en tous cas au moins complémentaire de ce texte.



  • samedi 31 décembre 2011 à 15h37, par un-e anonyme

    D’accord pour écorner l’icone de ce philosophe roi, il suffit de voir comment il a tenté de capter les analyses de Deleuze pour étayer sa position platonicienne pour ne pas oublier son culte de Mao (et l’amour des grands hommes n’est pas sage...) mais en quoi est-il utile de verser dans ce qui est effectivement un sociologisme (détermination unilatérale par la position sociale) pour ce faire ?

    À cette manière de dénonciation qui fait mine de révéler un « secret » inaperçu par d’autres, je préférerais un point de vue critique, apte à établir des distinctions nécessaires, par exemple : Dans l’ordre démocratique-policier qui est le nôtre, les communautés humaines sont rassemblées sous le commandement de ceux qui ont des titres à commander, titres prouvés par le fait qu’ils commandent. La politique est précisément la rupture de cet ordre-là. L’Instant d’après survient sur les traces immédiates de cette rupture. C’est l’instant décisif où se décide si, une fois de plus, elle va aboutir au désaccord entre le dire et le faire, à l’élargissement de la distance entre le fantasme et le réel, ou si au contraire elle va permettre l’émergence de nouvelles formes de vie.

    Il ne s’agit pas de proposer de nouvelles théories politiques, encore moins des systèmes d’organisation. Il s’agit plutôt de montrer comment sortir des oasis, de ces refuges dans notre fuite, que sont aussi bien la création d’une œuvre, la « réalisation de soi », l’action militante ou la vie d’une collectivité autonome.

    Extrait de la présentation de L’instant d’après. Projectiles pour une politique à l’état naissant, de Bernard Aspe.

    • samedi 31 décembre 2011 à 15h49, par un-e anonyme

      chier, merde

      je préfère l’article de JP Garnier dans Article 11 :
      Ces messieurs du Bois de Boulogne

      là, on la voit la propriété oligarchique dont parle Badiou à la fin de l’émission.



  • samedi 31 décembre 2011 à 16h49, par un-e anonyme

    L’oligarchie, avec ou sans Garnier, c’est documenté, voir par exemple Bienvenue chez les riches, publié par leur journal, Le Monde, ou la sociologie des Pinçon/Charlot (Les ghettos du gotha).

    Mais Badiou prétend causer du communisme... et là non plus, c’est pas garnier.

    • dimanche 1er janvier 2012 à 19h27, par Garnier Jean-Pierre

      Sur le retour en vogue à gauche de la notion d’oligarchie et les limites des analyses qui s’appuient sur elle, dont celle des Pinçon-Charlot ou de François Ruffin — que j’apprécie par ailleurs beaucoup —, je m’en suis expliqué sur un autre site, le blog des éditions Agone.
      Pour en savoir plus, cliquer sur : Agone garnier oligarchie. Après, on pourra discuter.

      JPG

      • dimanche 1er janvier 2012 à 20h46, par cinéphile

        D’accord sur le fait qu’il y a du mal à prendre au sérieux le côté révolutionnaire d’Alain Badiou.
        Par contre il est intéressant quand il parle du cinéma comme ici.
        Cela nous éloigne de l’oligarchie ? Non : Orson Welles a dit que dans ses premiers films (Citizen Kane, La splendeur des Amberson, la dame de Shangaï)il critiquait la ploutocratie Etats Unienne puis ensuite les états policiers (la soif du mal, le procès), tandis que le film M.Arkadin représente tous les affairistes sans scrupules parvenus (par aventure) de la planète.
        Ces 6 films suffisent largement à faire comprendre tous les aspects de ce qu’on vit aujourd’hui, non ?
        Pas sûr pourtant que cette dimension du cinéma intéresse beaucoup Alain Badiou.

        • lundi 2 janvier 2012 à 16h39, par Garnier Jean-Pierre

          Dire que les films cités d’Orson Welles « suffisent largement à faire comprendre tous les aspects de ce qu’on vit aujourd’hui », c’est aller un peu vite en besogne. Disons qu’ils illustrent bien certains de ces aspects — le capitalisme de son époque n’est plus tout à fait celui d’aujourd’hui — et peuvent inciter à essayer d’en comprendre les fondements et la logique de classe. Ce qui n’est déjà pas si mal. Quant à ce que dit Badiou sur le cinéma, je pense qu’il y a à prendre et à laisser. Mais je ne vais pas squatter le site d’Article 11 pour m’étendre sur le sujet.
          Cela dit, bien que le terme ait été archi galvaudé à force d’être appliqué à des individus qui ne le méritaient pas, il ne fait pas de doute, aux yeux du cinéphile que je suis, qu’Orson Welles fut et reste un authentique génie dans son domaine, ce que Badiou n’est certainement pas dans le sien. Même en matière d’imposture.
          JPG

      • lundi 2 janvier 2012 à 09h45, par un-e anonyme

        en effet, c’est à à lire sur Agone.
        Instructif avec ça,
        surtout pour l’après mélenchon, quand il ne restera plus que le papandréou ou le zapatero français.
        Merci JPG
        à bientôt

        la chronique



  • samedi 31 décembre 2011 à 17h17, par Saint-Caprais

    Alain Badiou élude en effet toujours la question de sa position réelle. Or, son goût évident pour le spectacle, à lui seul, l’accuse et le condamne : De longue date, rien de « dangereux » n’a pignon sur rue.
    Seules les révolutions manquées peuvent laisser subsister des icônes. Par suite, croire qu’une icône puisse contribuer utilement à engendrer quoi que ce soit de dangereux pour l’ordre établi revient à lui prêter une vocation suicidaire. Les bureaucraties du troisième âge nous ont cependant déjà bien montré que ces types-là adorent durer.

    Merci, en somme, de ces égratignures sur le veau d’or de la révolution en chambre.

    • samedi 31 décembre 2011 à 17h46, par un-e anonyme

      il s’agit d’un titulaire de chaire, d’ un philosophé éminent.

      De mon point de vue, c’est la manière dont Taddeï l’andouille s’adresse à lui qui pose problème.



  • samedi 31 décembre 2011 à 17h55, par Fiume

    « Tous les collectifs produisent de la souffrance, et figurez-vous que c’est là un problème essentiel qui me préoccupe depuis longtemps : la question du charisme, ou de ce que certains appellent le culte de la personnalité, qu’il faut mettre au bilan de la séquence d’émancipation antérieure. Mais je ne suis pas sûr que l’on puisse s’en passer : l’idée doit avoir un minimum de visibilité et, depuis le christianisme, cela est toujours passé par un corps. Problème symétrique de celui de la terreur puisque celui qui incarne l’idée a toujours peur qu’un autre se lève pour mettre en cause la représentation. » a dit le maître Badiou.



  • samedi 31 décembre 2011 à 19h13, par Garnier Jean-Pierre

    Pour éviter tout malentendu, au cas où mon propos pourrait en susciter parmi certains lecteurs, je ne parle pas de la petite bourgeoisie intellectuelle en position de surplomb, comme si je n’en faisais pas partie. Mais, comme disait Sartre qui, lui, était issu de la bourgeoisie, il faut savoir, si l’on se veut véritablement « de gauche », être « traitre à sa classe ». Ce qu’était Marx également. Avec des implications très différentes : Marx s’est retrouvé exilé et a vécu le plus souvent dans la misère, tandis que Sartre a confortablement vécu non loin de Saint-Germain des Prés grâce aux revenus procurés par ses droits d’auteur.
    « Intellectuel » n’est pas un qualificatif disqualifiant comme il l’a pu l’être à une époque où la droite poujadiste et surtout l’extrême droite fasciste l’utilisait pour discréditer de manière démagogique l’intelligentsia progressiste. Accolé à « petite bourgeoisie », il désigne simplement une fraction des classes dites moyennes parce qu’on ne sait pas où les classer— ou qu’« on » ne veut pas le savoir —, préposée par la division sociale du travail à faire fructifier son capital intellectuel au profit des capitalistes.
    Pour rompre autrement qu’en paroles avec cette fonction objective de relais de la domination bourgeoise, un membre de cette fraction de classe doit 1/ prendre conscience de cette fonction au lieu de l’ignorer ou de la dénier 2/ prendre quelque distance avec cette fonction au lieu de s’y identifier 3/ se désolidariser de sa propre classe quand celle-ci accomplit la fonction qui lui est structurellement assignée, ce que la plupart de ses membres, y compris les plus « radicaux », se refusent à faire en temps « normal ». Pour quelle raison ?
    Un philosophe, François Georges, avait osé « cracher le morceau » au début des années 70, alors que la « contestation » néo-petite bourgeose battait son plein, en écrivant ceci :
    « Les intellectuels se sont définis comme propriétaires de l’intelligence, du savoir, de la culture. L’appropriation collective de la pensée dans une société émancipée ferait d’eux des chômeurs ». Ce qui, concernant le deuxième partie de ce jugement, est à la fois vrai et faux. Vrai parce que l’idée d’être dépossédés du monopole de l’intelligibilité du monde ne peut que déplaire à ceux qui en jouissent. Faux, parce que dans une société émancipée, le chômage, inhérent au règne de la valeur-travail qui est au fondement des rapports sociaux capitalistes, aurait disparu avec la fin de ce règne. Faux aussi, parce que, avec « la crise » qui sévit depuis déjà plusieurs décennies, une partie d’entre eux se retrouvent au chômage sans que les sociétés qu’elle affecte aient fait un pas en avant sur la voie de l’émancipation.
    Pour en savoir plus sur le « déclassement » en cours des franges inférieures de la petite bourgeoisie intellectuelle et ses implications politico-idéologiques, on se reportera utilement à ce qu’en dit le sociologue Alain Accado, sur le blog des éditions Agone, notamment à propos du mouvement des « Indignés », ainsi qu’à son ouvrage, réédité et actualisé, « Le petit bourgeois gentilhomme ». À défaut de relever, en ce début d’année, le moral des gens concernés, ce sociologue bourdivin les incitera peut-être à la lucidité.

    Jean-Pierre Garnier

    • samedi 31 décembre 2011 à 19h48, par un-e anonyme

      c’est bien mon garçon.
      Tu fais pas partie des petits cons qui ont tous les droits parce que leurs parents ont de l’argent.

      • dimanche 1er janvier 2012 à 07h47, par Garnier Jean-Pierre

        Ce qu’il y a de fatiguant avec l’anonymat des e-mails, c’est que n’importe qui peut dire n’importe quoi.
        Sans devoir raconter ma vie, je signale que mes parents étaient effectivement fauchés comme les blés. Mais je connais aussi des « petits cons » dont les parents étaient friqués, sans pour être devenus de gros cons pour autant. Et d’autres qui, à l’inverse, le sont devenus bien qu’issus de familles « défavorisées ». Paraphrasant Simone de Beauvoir, je dirais : « On ne nait pas con. On le deviens ».

        JPG

        • dimanche 1er janvier 2012 à 07h50, par un-e anonyme

          « l’important n’est pas ce qu’on a fait de nous mais ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous »

          Jean Paul Saoûl.



  • samedi 31 décembre 2011 à 22h18, par user.von

    il y a aussi le « Après Badiou » de Mehdi Belhaj Kacem, presque étonné de ne pas le voir cité.

    • dimanche 1er janvier 2012 à 07h34, par Garnier Jean-Pierre

      Si je n’ai pas cité l’ouvrage de Mehdi Belhaj Kacem, c’est qu’il est le fruit d’un règlement de comptes d’un ancien disciple, qui, non contente de faire assaut de cuistrerie livresque avec son ex-maître-à-penser, trouve le moyen, comme nombre de renégats de son acabit, de basculer dans le marécage puant de la « nouvelle philosophie » pour y patauger sous la houlette de son nouvel ami et éditeur : Bernard-Henri Lévy.

      JPG



  • samedi 7 janvier 2012 à 10h23, par un-e anonyme

    Golem test

    • samedi 7 janvier 2012 à 10h39, par un-e anonyme

      « Monsieur » J-P Garnier,
      Camarade citoyen,

      La redondance que voici « En se gardant bien toutefois de poser la question — ce qui supposerait qu’il se la soit posée au préalable lui-même — »

      ne symbolise-t-elle pas une hyper-réflexivité, une hyper-possessivité, trahissant ainsi une volonté manifestée d’auto-critique implicite ?

      Vous semblez vous posséder par là-même. Magnifique golem.
      Cette analyse approfondie ne trouverait-elle pas son aboutissement dans son application appropriée, à vous-même et donc à nous toutse, « intellectuels néo-petits bourgeois » que nous sommes glosant ici-même sur ce forum finement achalandé, bref une petite bande de feignants quoi ? Tentative d’intellectualisation immédiatement déboulonnée par le principe de réalité de classe. Embryon d’horizontalité. Révolution permanente. Tout prolétaire conscientisé s’éduquant par cette méthode, serait irrésistiblement attiré et s’inclurait dans ce nouveau magma révolutionnaire anarchique, cette nouvelle masse égalitaire et libertaire, base fondamentale de la vraie société humaine s’accomplissant enfin ?

      Rire généralisé.. sur les miettes de tout piédestal... fleurit Emancipation



  • dimanche 8 janvier 2012 à 17h39, par Kiosquenet

    Je me contrefous de M. Badiou, mais la lecture de cet article révélée que M. Jean-Pierre Garnier est un fieffé réactionnaire doublé d’une “précieuse ridicule”, très proche, dans un autre registre, d’un vulgaire BHL.

    • dimanche 8 janvier 2012 à 20h47, par un-e anonyme

      Il faut lire La Chronique de Jean Pierre Garnier sur Agone avant de ramener sa fraise.

      Cela a déjà été dit.



  • mardi 10 janvier 2012 à 13h50, par L’autochtone

    Ecorner le mythe, oui, pourquoi pas, mais ce serait bien aussi de voir qu’au-delà de l’immigré c’est le problème des sans-droits qui se pose, qu’au-delà (ou en deçà) de l’ENS il y a Paris 8, que la médiatisation de Badiou est récente (la preuve, cet article, plus parisien ou mondain que tout autre) et qu’effectivement il y a une oeuvre et un engagement (un quoi ?!) ; et enfin, difficile de ne pas le percevoir à l’oral, Badiou sait faire preuve d’humour (et pas seulement d’ironie). You see ?

    • mardi 10 janvier 2012 à 16h02, par un-e anonyme

      Tu parles de l’engagement humoristique de Badiou en faveur de la Révolution culturelle ?



  • mardi 10 janvier 2012 à 18h12, par guillaume

    Et bien je voudrais juste dire une chose à JPG : ne vous laissez pas décourager par les réactions idiotes de certains. J’aime vous lire sauf que cet article me laisse quelque peu froid car il ne m’intéresse pas ce badiou.

    Bonne continuation.

    Un narcissique (guillaume)

    • mercredi 11 janvier 2012 à 12h09, par Garnier Jean-Pierre

      Le problème est que Badiou fait encore illusion auprès de gens sincèrement anticapitalistes.
      Quant à me « laisser décourager par les réactions idiotes de certains », je suis blindé. Je savais par expérience qu’il n’est pas recommandé d’agiter le chiffon rouge devant le nez des vaches sacrées en train de paître dans les verts pâturages du marxisme de la chaire et de la radicalité de campus.

      JPG



  • mercredi 11 janvier 2012 à 00h35, par H2

    « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

    • mercredi 11 janvier 2012 à 12h31, par Garnier Jean-Pierre

      « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », écrivait effectivenent Marx empruntant d’ailleurs la formule à Flora Tristan. C’est précisément une telle perspective qui est insupportable aux yeux des intellectuels professionnels, y compris, à de rares exceptions près, ceux qui passent leur temps à relire Marx pour le réviser sous couvert de pallier ses manques et d’actualiser sa pensée.
      Les franges supérieurs de la petite bourgeoisie intellectuelle se sont définies comme propriétaires privées de la culture et du savoir, seule aptes à rendre le cours du monde intelligible. L’appropriation collective de la pensée à l’issue d’une révolution vouerait cette caste à l’inutilité. Perspective impensable pour elle.

      JPG



  • jeudi 12 janvier 2012 à 14h28, par PBNIG

    PBNIG : petit bourgeois néo intellectuel de gôche

    Sans vouloir jouer les impudents, mais rien que le fait de trouver dans le texte un concept comme « Weltanschauung » et la manière assez laborieuse je dois dire dont ce texte est écrit m’amène à me dire que le reproche qui est fait à Badiou d’être un PBNIC peut s’applique aussi à l’auteur, qui s’adresse pour le coup vraiment à un public initié.

    C’est un peu le kolkhoze qui se fout du plan quinquennal quoi ...

    Nan, ne nous énervons pas, c’était juste une boutade. Au demeurant de la haute tenue du verbe, je trouve l’article passionnant et pertinent. Même si Badiou le reste aussi par ailleurs.

    Un sentiment général en fait, j’ai l’impression que la cible n’est pas assez ciblée, et qu’il y a suffisamment à reprocher à « l’hypothèse communiste » new-generation de Badiou pour en rester à ses errements médiatiques auprès de la petite bourgeoisie intellectuelle.

    Ou alors à ce compte là, autant faire une recension de la domination intellectuelle de l’avant garde de gauche de la gauche qui confisquerait (mais le fait elle vraiment) la parole à la seule vraie classe prolétaire. Mermet, Le Diplo, Acrimed, Attac, ... Une classe dominante des défenseurs (auto)proclamés des dominés ?
    ET là, on peut aussi ajouter JP Garnier et Article 11 dans la foulée.
    (mais ses commentateurs aussi du coup et là je vais surtout pas faire d’auto-critique, ce serait purement mao-stalinien)

    En espérant que sera discernée la boutade sarcastique de la moquerie rigolarde.

    • vendredi 2 mars 2012 à 02h42, par Barjeon Marcel, de Greville

      (...) le reproche qui est fait à Badiou d’être un PBNIC peut s’appliquer aussi à l’auteur.PBNIG : petit bourgeois néo intellectuel de gôche.(...)
      Nan, ne nous énervons pas, c’était juste une boutade.

      Bien vu PBNIG ! Mais pourquoi t’excuser mon gars ? Cette critique monomaniaque (exclusivement sociologisante) anti-Badiou rate de ce fait sa cible, mais suinte la haine ad hominem et la rancoeur. C’est son droit remarquez, mais rien que pour celà je tiens à dire à ce JPG une bonne fois pour toutes que question terrorisme intellectuel, il n’a pas d’autre choix que d’ attendre encore un peu pour prendre la place du Maître (après la mort de celui-ci) ...Si Dieu lui prête vie, car le bougre (Badiou) est un coriace !



  • lundi 16 janvier 2012 à 21h34, par JK

    Entièrement d’accord avec votre article mais si on exclut le succès médiatique et le culte qui lui est voué et qu’il alimente volontiers, en quoi êtes votre positionnement d’intellectuel diffère-t-il de celui de Badiou ? (c’est une vraie question, pas une provocation)

    • mercredi 18 janvier 2012 à 19h33, par Votre nom (ou pseudonyme)

      JK, je crois que JPG a déjà répondu à cette question un peu plus haut.

      • mercredi 18 janvier 2012 à 22h02, par JK

        Certes mais certains points énoncés ne semblent pas clair ou juste énoncé :

        1/ prendre conscience de cette fonction au lieu de l’ignorer ou de la dénier 2/ prendre quelque distance avec cette fonction au lieu de s’y identifier 3/ se désolidariser de sa propre classe quand celle-ci accomplit la fonction qui lui est structurellement assignée, ce que la plupart de ses membres, y compris les plus « radicaux », se refusent à faire en temps « normal ».

        Entièrement d’accord pour 1 et 2, quand à 3 je ne vois pas comment ce point s’incarne ou peut tout simplement s’incarner donc j’aimerais juste qu’on m’explique à quel niveau peut se jouer ce point, qui plus est pour un intellectuel ou quelqu’un qui écrit et diffuse son savoir critique et qui j’imagine en vit.

        Et quand vous vous référez Mr Garnier au texte de Mr Acado sur les indignés, je vais le lire, je le trouve aussi fort intéressant mais pas autant que le bel article sur le 15 M paru dans l’édition papier d’article 11. Dans les positions du collectif 15 M se trouve il me semble, des tentatives allant dans le sens de ce troisième point, notamment sur le partage du savoir. Même s’ils réfutent eux aussi l’étiquette « indignés » et prennent de la distance avec la « puerta del sol » ils ont été les acteurs de ce mouvement.

        Un exemple positif aurait été moins percutant qu’un exemple négatif ?

        Ou les gens qui tentent dans l’action et les faits de faire émerger des idées ne valent ils pas la peine qu’on les cite ?

      • vendredi 20 janvier 2012 à 22h09, par Garnier Jean-Pierre

        Vous avez raison. Je crois avoir m’être bien fait comprendre :je ne positionne pas en tant qu’intellectuel, c’est-à-dire en détenteur du monopole institué par la division capitaliste du travail de l’usage légitime de l’intelligence.



  • vendredi 20 janvier 2012 à 01h40, par Télémax

     × Je suis surpris par votre critique de Badiou. On peut dénier le potentiel révolutionnaire aux classes populaires françaises sans mépriser personne. D’ailleurs Marx n’a pas l’amour du peuple, mais il méprise plutôt l’élite, universitaire et intellectuelle, nécessairement au service de l’Etat.
     × En revanche, ce qu’on peut reprocher à Badiou comme à tous les universitaires communistes depuis la Libération, c’est d’avoir occulté la critique marxiste fondamentale du système républicain, poursuivant ainsi le travail de censure du régime soviétique. Critique d’un système dont la propriété est le coeur, et qui fournit ainsi au capitalisme les meilleures garanties, sans oublier la perspective utopique d’égalité, aussi abstraite que le paradis ou le purgatoire des bons chrétiens dans l’ancien régime de droit paysan.

    • vendredi 20 janvier 2012 à 22h23, par Garnier Jean-Pierre

      1°/ Ce n’est pas aux fonctionnaires de l’intelligence, critique ou non, de dénier aux classe populaires, française ou non, un potentiel révolutionnaire, tant qu’ils ne seront pas elles-mêmes décidés à remettre en cause leur fonction, inhérente à une société de classes.
      2°/ Marx avait écrit : « la classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est rien. » Ce qui signifiait que les ouvriers ne constituent une classe que dans la lutte et par la lutte contre la capitalisme. Et pas seulement pour améliorer leur situation au sein des rapports de production capitalises. Dans cas, ils ne seraient serait rien d’autre que ce que la capitalissme fait d’eux : des exploités qui réclament tout au plus de l’être moins



  • lundi 6 février 2012 à 12h24, par Télémax

     × En effet Marx n’est pas fonctionnaire et se situe délibérément en dehors de l’université. L’esprit critique est incompatible avec la fonction publique. Selon Marx, la pléthore de fonctionnaires en France amoindrit d’ailleurs le potentiel révolutionnaire de cette nation. Je crois qu’après Singapour, la France est le pays qui compte le plus de flic/habitant (sans compter Hadopi).

     × Mais Marx tient compte du contexte historique, et de la mondialisation. La lutte des classes prend fin en France en 1850, date à laquelle les paysans français ont élu au suffrage universel le factotum (Louis-Napoléon B.) d’une classe aux intérêts divergents : la bourgeoisie industrielle. Le sentiment d’appartenance à une classe sociale remplace alors l’appartenance à une classe en lutte pour le pouvoir. De la même manière, Sarkozy a bluffé les chômeurs qui votent pour Le Pen, en leur faisant croire qu’il serait le meilleur représentant de leurs intérêts.
    Autrement dit, affirmer qu’il n’y a plus de classe ouvrière en France mais des assurés sociaux, c’est faire le constat d’un fait historique, sans mépriser quiconque. Les ouvriers dont Marx constate et encourage le potentiel révolutionnaire NE SONT PAS DES ASSURES SOCIAUX : ils sont de la chair à pâté pour les industriels.
     × Marx n’aurait pas cautionné les mensonges syndicalistes de Mélenchon ou Le Pen, soi-disant « anticapitalistes » : l’assurance-chômage n’est pas le fruit de la lutte des classes, mais d’abord un moyen pour le patronat de lâcher du lest. Quand Xavier Matthieu a récemment franchi la ligne jaune, un nombre invraisemblable de curés républicains - les mêmes qui cautionnent l’esclavage en Chine - se sont précipités à la télé pour agiter les symboles religieux de la République française sous les yeux de Matthieu et tâcher de l’impressionner ainsi, comme on agitait des amulettes religieuses au XVIIe siècle pour tenter d’endiguer les révoltes paysannes.

     × Sarkozy lui-même et la caste qu’il représente, s’ils voulaient céder les rênes aux derniers ouvriers et chômeurs qui restent, ne le pourraient pas. Ils n’ont eux-mêmes plus de prise sur cette réalité, et le racket financier international qu’ils ont mis en place se heurte à une résistance de plus en plus grande. Très largement, les ouvriers syndiqués des grands cartels contribuent à l’oppression de ceux qui travaillent dans de plus petites unités, les sous-traitants et détaillants d’où les syndicats sont souvent exclus.
     × Que gagneraient les ouvriers et les chômeurs français à hériter d’une entreprise - la France - en faillite ? Ce sont Mélenchon et Le Pen qui se foutent de la gueule du peuple français et le méprisent en lui faisant croire qu’il peut changer les choses, alors que la pourriture politique est un phénomène irréversible.
     × Le nazisme participe d’ailleurs d’un coup de génie de ce type : en période de crise économique, c’est l’idée du patronat allemand de s’appuyer sur le prolétariat pour se rétablir, en finançant et favorisant un type assez charismatique et crédible aux yeux du prolétariat allemand pour rétablir le lien entre l’élite bourgeoise industrielle et ce prolétariat.



  • vendredi 24 février 2012 à 19h07, par TeddyBear

    Je partage l’essentiel de cet article sur le sieur Badiou. Pour exemple, j’ai suivi ses cours à Paris 8 il y a de nombreuses années et il méprisait ses étudiants (surtout de première année). Absence non annoncée une fois sur deux etc. Plus profondément, je rejette ces philosophies systématiques (jamais loin du système ou du moins d’un système) et le fait de s’adresser à l’histoire de la philosophie plutôt qu’à son actualité (malgré le pamphlet de circonstance) etc.
    MAIS, le ton de l’article est tout à fait insupportable et, surtout, cette « sociologie » groupusculaire de bas-étage. Comme si le peuple (la plèbe) ne pouvait pas être constitué d’artistes, de philosophes, d’écrivains, et/ou de glandeurs. Comme si, encore et toujours il fallait présenter son passeport prolétaire, qui stipule qu’il faut être ouvrier, manoeuvre ou en galère d’une manière générale pour pouvoir participer au mouvement libertaire anti-capitaliste. Et si par hasard ta situation s’arrange temporairement, tu dois fermer ta gueule en attendant à nouveau d’être méchamment exploité ? Ce genre de discours paralyse et paralysera toute action collective.
    Heureusement, A11 propose des analyses plus généreuses, ainsi l’article sur le mouvement occupy aux E-U, dans lequel un libertaire précise à un syndicaliste borné « il n’y a pas de copyright de la lutte ouvrière ».



  • jeudi 27 août 2015 à 17h36, par chris

    cet article surf comme un planchiste sur une vague, toujours se mouvoir à la surface des choses, je n ai lu aucune critique interne de sa métaphysique, ni chez l auteur ni chez les réactionnaires (ceux qui ne font que réagir sans établir)



  • dimanche 17 janvier 2016 à 16h21, par mark

    On s’étonnera de l’enthousiasme que provoque cet article dans quelques commentaires. Valses d’étiquettes, bribes de citations à tout-va, flagrantes postures de l’auteur... mais où est la pensée ?

    Où voulais-tu en venir Jean-Pierre ?

    Que le parcours de Badiou ne soit pas aussi neutre qu’un bébé à son premier jour, que sa pensée soit parfois contradictoire, oui, et alors ? T’espérais quoi ? Que Badiou ne soit pas homme, tu l’aurais espéré simple vecteur d’une pensée immanente et transcendante venue du ciel ?

    Une expression me vient à l’esprit en te lisant Jean-Pierre : « un déluge de mots dans un désert d’idées ». Et, vois-tu, je n’ai jamais ressenti ça en lisant Badiou.

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