ARTICLE11
 
 

samedi 4 janvier 2014

Inactualités

posté à 15h11, par Serge Quadruppani
58 commentaires

Préparatifs pour la prochaine fois

En un livre récemment publié par les éditions La Fabrique, Premières mesures révolutionnaires, Eric Hazan et Kamo interrogent les dispositions à prendre pour qu’une insurrection ne flanche pas une fois les premiers foyers allumés. En clair : comment « créer l’irréversible », éviter le « retour à la normale » ? Pistes de réflexion.

Ce texte a été publié dans le numéro 14 de la version papier d’Article11

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C’est une expérience qu’ont connue beaucoup d’entre nous, souvent à plusieurs reprises : contre une nouvelle offensive néo-libérale, un mouvement social massif affirme sa puissance, dépasse la revendication initiale qui lui a servi de déclencheur, semble sur le point de remettre en cause l’ordre existant. Les dirigeants politiques hésitent, la fragilité des institutions apparaît. Puis tout s’effiloche, et les conditions de la reddition sont laissées à ceux qui seront toujours là pour gérer nos défaites, les syndicats et les politiciens. L’ordinaire de la soumission reprenant ses droits, on dirait qu’il ne s’est jamais rien passé…

Quel sens donner aux étranges échecs des dernières décennies ? Le personnel politique rivalisant de servilité au service du discours néo-libéral et le camp des derniers réformistes n’ayant à proposer que des utopies régressives (protectionnisme et ré-industrialisation), il est patent qu’il n’y a plus de place aujourd’hui pour aucune sorte de réforme du capitalisme tardif. La seule autre option étant de se battre pour une autre société, on se heurte à l’impossibilité de l’envisager sérieusement. L’inexistence d’un imaginaire de la révolution à venir est l’un des principaux obstacles à son retour dans l’histoire.

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Un livre intempestif

Saluons donc la parution de Premières mesures révolutionnaires (PMR), exercice d’audace bienvenu dans une période où, grâce notamment à la racaille politicienne et à ses éditorialistes, l’espace public est occupé par le racisme rurbain, les exactions des ligues fascistes et celles de la police démocratique. Hazan et Kamo vont peut-être un peu vite en besogne quand ils soutiennent qu’en France « les conditions sont aujourd’hui réunies pour une évaporation du pouvoir sous l’effet d’un soulèvement et d’un blocage général du système comme décrit dans L’insurrection qui vient  » (p. 31). Pour l’heure, en Europe, face aux écrasantes politiques d’appauvrissement des pauvres, les manifestations massives et les émeutes restent sporadiques, et la résignation et la peur entretenues par la propagande de la « crise » semblent dominer. Mais la réapparition du peuple destituant sur les places du monde, de Sidi-Bouzid à Taksim et de Tahrir à la Puerta del Sol, incite à ne pas considérer la passivité comme éternelle. « Un sujet de Louis XVI à qui l’on aurait parlé de révolution en mars 1789 aurait sans doute été bien sceptique […]. Il aurait admis que la situation était préoccupante […]. Il aurait gémi devant tant d’inégalité et d’oppression. Mais le trône […] lui paraissait sans doute plus éternel qu’aujourd’hui l’économie de marché. » (p. 26)

PMR se confronte à la question centrale des insurrections : comment « créer l’irréversible » ? Le livre refuse à juste titre la notion de « période de transition ». Depuis 1917, elle a permis, à de nombreuses reprises, le retour sous un masque nouveau (« prolétarien » ou « populaire ») des anciennes formes de domination. Contre les discours léninistes prônant une soi-disant « efficacité » qui passerait par la prise du pouvoir étatique, PMR montre de manière concrète comment la transformation sociale serait notre arme principale. Retirer aux dirigeants les instruments de leur puissance (dossiers, locaux, transmissions, etc.), les voir dépouillés des attributs de leur pouvoir, serait en effet bien plus efficace que de les fusiller.

La technique n’est jamais neutre, elle est toujours le produit d’une société particulière et de ses besoins. PMR montre ainsi que le démantèlement de l’ordre existant passe par le détournement de dispositifs concrets. Pour prolonger cette réflexion, on observera qu’il ne s’agirait pas seulement de détourner, mais aussi, beaucoup, de détruire. Par exemple, les fichiers et les systèmes de vidéosurveillance. Il ne manquera pas de bons esprits pragmatiques pour suggérer qu’on pourrait conserver les bases de données de la DCRI pour savoir qui était indic, celles des banques pour connaître le détail des infamies bourgeoises, et qu’on pourrait utiliser les caméras pour surveiller les agissements contre-révolutionnaires. Comme le montre l’utilisation des archives de la Stasi après la chute du mur de Berlin, l’emploi d’un tel matériel signale simplement qu’on reste dans la continuité d’une conception juridico-policière des relations humaines. On reconnaîtra la profondeur du bouleversement en cours au désintérêt que suscitera un passé ignominieux.

Des systèmes de surveillance proliférant, on peut dire la même chose que de l’énergie nucléaire ou des OGM, des nanotechnologies, de bien d’autres monstruosités dont le développement échappe de plus en plus à tout contrôle : il n’y en a pas d’usage humain possible, il faut seulement trouver la manière la plus rapide et la moins dangereuse de les anéantir. Créer l’irréversible signifierait entre autres détruire de grandes quantités de données, des plus anciennes (cadastre et archives notariales) aux plus modernes (enquêtes d’opinion et informations individuelles stockées par les services étatiques, les réseaux sociaux et les moteurs de recherche). Avec la fin du totalitarisme numérique, les humains récupèreraient, entre tant d’autres capacités, celles de rêvasser, d’oublier, de se perdre, d’être injoignables.

Nous savons que nos difficultés à imaginer une autre société tiennent aux limites du vieux monde et qu’elles reculeront au fur et à mesure qu’un autre naîtra, mais certaines questions abordées par PMR auraient mérité davantage d’efforts d’imagination. Notamment sur l’exercice de la force, les échelles de souveraineté, l’effacement de l’argent.

L’exercice de la force

Même s’il ne manque pas d’exemples d’offensives des puissances d’émancipation ayant eu des effets durables pratiquement sans effusion de sang (comme 1968 ou la chute du Mur), il est difficile de concevoir que s’amorce une sortie du capitalisme sans que l’Empire1 ne réagisse, à un moment ou à un autre, avec ses énormes réserves de violence. Des tirs ciblés des drones aux bombes à neutron qui éliminent les vivants en conservant le capital fixe, les Versaillais du XXIe siècle disposeront d’une puissance de feu sans comparaison avec leurs ancêtres du XIXe. Et leurs capacités de diabolisation médiatique seront infiniment supérieures à celles des journaux lus par les bourgeoises qui crevaient les yeux des prisonniers communards. On l’a maintes fois répété : la révolution n’est pas la guerre, qui reste toujours l’apanage des États. Le sort de la Syrie montre que la dégénérescence en guerre civile signifie toujours la fin de la révolution.

Comment désamorcer la violence militaire-étatique sans l’affronter directement ? On peut présumer que parmi les mercenaires du capitalisme, il y aura des défections et qu’un effet d’attirance fonctionnera au fur et à mesure qu’une vie nouvelle s’affirmera. Mais cela suffira-t-il ? Ne pas avoir de réponse n’interdit pas de mesurer l’ampleur de la question.

L’effacement de l’État n’entraîne pas automatiquement le règne de la liberté, comme le montre une partie de l’Afrique, de la Somalie au Congo en passant par la Centrafrique. La société nouvelle n’ayant de chance de s’imposer qu’à l’échelle mondiale, et vu l’immense variété des situations et des rapports de force sur la planète, il faudra au moins des décennies pour que la radicale nouveauté s’impose. Des formes d’émancipation surgiront sous des masques inattendus2. Mais il est également probable que dans ces marmites de l’avenir que Marx refusait de fournir mais que l’histoire fera forcément mijoter, bouillonneront aussi des mélanges étranges et parfois méphitiques. Quand une cité, après avoir instauré le règne de la gratuité et de la liberté entre ses membres, décidera de se lancer dans un pogrom anti-roms, ou que la Commune victorieuse dans telle région pratiquera la razzia dans les pays environnants comme les hussites depuis leur utopique Tabor du XVe siècle, il faudra bien que les autres Communes exercent dans l’urgence une contre-violence. On n’a pas ici de recette à proposer, seulement cette certitude : la révolution ne pourra se faire que sur le fil, à deux doigts de la barbarie.

Échelles de souveraineté

À côté d’une très utile critique du formalisme démocratique et du vote comme « échec à s’entendre », PMR prend position pour une relocalisation de la souveraineté populaire : « C’est à l’échelle des villages et des quartiers, du moins à une échelle localisée, que peut émerger une nouvelle façon collective de mettre en adéquation les besoins et les moyens de les satisfaire. » (p. 61) L’échelle locale semble en effet la plus propice à la réappropriation collective de nos vies, à travers l’acquisition de l’autonomie individuelle et collective, et l’expérimentation de comportements étrangers au démocratisme parlementaire. Mais l’adéquation des besoins et des moyens ne peut s’opérer seulement à cette échelle. Sans la réappropriation-transformation des réseaux trans-locaux et trans-nationaux, le local serait condamné à une autarcie mortifère, aussi bien matériellement (quelle que soit l’ampleur de la relocalisation possible de la production et de l’énergie, des flux venus d’ailleurs demeureront indispensables) que spirituellement (que seraient nos vies sans le contact avec les rêves, les chants, les œuvres de nos amis togolais, papous, nord-américains ou chinois ? De tout petits trucs rabougris). Comment faire fonctionner ces réseaux sans recréer une structure étatique ? « La ligne de partage, dit PMR, entre ce qui peut se régler ici et maintenant et ce qui relève d’un échelon plus élevé est facile à tracer. » Admettons, même si le problème choisi, celui des dispensaires, ne trouve, pour illustrer la solution exposée, que l’exemple cubain, révolution menée par un parti dictatorial. Mais demeure entière la question du rapport entre les différents échelons de décision. C’est une bonne chose de laisser au local la tâche de créer les dispensaires, mais comment se décidera la répartition du matériel nécessaire, presque toujours produit ailleurs ? En fonction de quels critères ? Comment éviter que les intérêts particuliers l’emportent sur la supposée bonne volonté générale ? Comment empêcher les indispensables réseaux nationaux et internationaux de redevenir une structure étatique ? Encore une fois, l’ampleur de la question ne doit pas empêcher de la poser.

L’argent

« Renvoyer l’argent aux marges de la vie » : tel est le programme avancé par PMR. Mais si l’on conserve l’argent, comment éviter que certains l’accumulent et acquièrent du pouvoir sur ceux qui n’en ont pas ? Comment rompre avec l’un des affects essentiels du capitalisme, le sentiment du manque, puisque « tant qu’il y aura de l’argent, il n’y en aura pas assez pour tout le monde » ?

Après une bonne critique de la raison économique, on regrette que l’analyse des points d’appui d’un dépassement de la « dictature de la mesure » s’arrête sur le plateau de Millevaches et la commune andalouse de Marinaleda. Les réseaux sur lesquels se sont appuyés le groupe de Tarnac et ses amis pour, par exemple, construire et transporter gratuitement une maison à Notre-Dame-des-Landes, n’étaient pas seulement constitués de nouveaux arrivants. À côté de détestables comportements de petits propriétaires, il subsiste dans ce qui reste de civilisation paysanne de solides habitudes d’entraide. De même, dans les quartiers que ne domine pas totalement le business : on y échange gratis des bons procédés, depuis les recettes de cuisine jusqu’à l’alerte anti-flics. L’espace de la gratuité et de la liberté développé sur Internet mérite toujours d’être défendu contre les tentatives de contrôle étatique et de mise au travail par les multinationales du numérique. Socialité des campagnes, des quartiers, d’Internet : autant de points d’appui possibles pour inventer des rapports sociaux permettant de faire circuler les productions sans la mesure de l’argent.

L’humanité a vécu beaucoup plus longtemps sans argent qu’avec, et il subsiste encore bien des espaces, réels ou virtuels, dans lesquels il n’intervient pas. Mais vérifier qu’une vie sans argent a été possible et l’est encore dans certains interstices ne saurait suffire à la restituer dans sa plénitude. Qu’est-ce qui nous poussera à envoyer nos tomates ou nos panneaux solaires ailleurs, à des gens que nous ne connaissons pas, lorsqu’aura disparu le vil attrait de l’or ? Le prestige, comme chez tant de nos ancêtres ? Peut-on en finir avec la notion même d’échange ? En tout cas, on ne voit pas comment on pourrait sortir du capitalisme sans en finir avec l’équivalent général.

Avancer sur les questions ici soulevées ne pourra être qu’une œuvre collective. Comme le dit la quatrième de couverture de PMR : « Quant à la force, nous la constituerons en discutant, en amendant ce plan, en en formant un meilleur. »

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Dessin d’Henry Darger (1892-1973)


1 Rappel. Empire : réseau planétaire des pouvoirs ultimes incarné par l’hyperbourgeoisie mondiale et son personnel, à la tête des multinationales et des grandes structures étatiques et para-étatiques (mafias). Ce réseau est caractérisé par l’instabilité chronique des rapports de force internes et sa défense unanime et féroce de l’existant.

2 Voir le beau roman de Yannick Haenel Les renards pâles (Gallimard), où une insurrection parisienne est déclenchée par des sans-papiers porteurs de masques dogons.


COMMENTAIRES

 


  • samedi 4 janvier 2014 à 10h54, par B

    Article11 est un joli mélange mais, je dois dire que l’écriture de Quadruppani ne me convient pas.

    • mardi 7 janvier 2014 à 11h27, par Quadruppani

      Faut pas te forcer, mon BB, ne me lis pas. Ça t’évitera d’avoir à donner un commentaire aussi passionnant que celui-là.



  • dimanche 5 janvier 2014 à 11h36, par Jean-Pierre Garnier

    La révolution aux calendes grecques

    On pourrait s’étonner, si l’on ne connaissait pas la propension de Serge Quadruppani à jouer les augures, qu’un ouvrage aussi indigent que les Premières mesures révolutionnaires lui soit apparu comme « un exercice d’audace bienvenu » . Passons sur le fait que l’un des deux co-auteurs ait trouvé le moyen de voter aux deux tours en faveur de François Hollande lors des dernières présidentielles, encore que l’on pourrait peut-être y trouver la marque d’une audace stratégique inédite.

    Une fois de plus, S.Q. nous annonce à nouveau la bonne nouvelle de la « réapparition du peuple destituant sur les places du monde », rétrospectivement démentie à peine annoncée par ce qui s’en suivit. Visiblement, l’évolution de la situation tout au long des deux dernières années en Tunisie, en Égypte, en Espagne et en Turquie a échappé au BHL de la scène « radicale ». À moins qu’il ne l’ait jugée inintéressante dès lors qu’elle contredisait ses prédictions.

    S. Q. ne craint d’ailleurs pas de se contredire lui-même en jugeant « bien plus efficace » que de « fusiller les dirigeants », de leur « ôter les instruments de leur puissance (dossiers, locaux, transmissions, etc. ), les voir dépouillés des attributs de leur pouvoir ». Et de prôner non pas le détournement mais la destruction pure et simple de ces « dispositifs concrets ». Comme si ces opérations pouvaient s’effectuer sous le signe de la non violence ! Elle ne manqueraient pas de donner, plutôt, lieu à des fusillades, non pas de la part des subversifs qui en prendraient l’initiative, mais des « forces de l’ordre » depuis longtemps équipées et entraînées pour protéger par les moyens les plus brutaux « dossiers, locaux, transmissions, etc. », autrement dit les « sites sensibles » qui garantissent à l’État le contrôle de ses sujets. Certes, S. Q. ne fait pas l’impasse sur d’autres dispositifs, tout aussi « concrets », à finalité contre insurrectionnelle, sans cesse accumulés et perfectionnées, mis au point et en place par les stratèges de la « guerre urbaine de basse intensité ». Il admet même qu’« il est difficile de concevoir que s’amorce une sortie du capitalisme sans que l’Empire — notion mise sur orbite par des « radicaux » de campus pour ne pas avoir à parler d’impérialisme et de capitalisme — ne réagisse à un moment ou un autre avec ses énormes réserves de violence ». Mais c’est pour botter en touche en dissociant la révolution de la guerre civile à partir de deux exemples témoignant d’une ignorance crasse — à moins que l’on ait affaire à une dénégation concertée — des réalités correspondantes.

    Ainsi Mai 68 et la chute du Mur de Berlin serait-ils la preuve de la possibilité d’« offensives émancipatrices ayant eu des effets durables pratiquement sans effusion de sang ». Des effets durables ?Assurément. Émancipateurs ? Qu’il soit permis d’en douter. L’insurrection de la petite bourgeoisie intellectuelle française a permis avant tout le renouvellement idéologique — le « sociétal » remplace le « social » — et politique — alliance de classes entre dominants et agents dominés de la domination — d’une hégémonie bourgeoise en France dont nous ne sommes pas encore sortis aujourd’hui. Quant à la chute du mur, elle était déjà virtuellement programmée dès les années de la perestroïka et la glanost gorbatcheviennes par les fractions éclairées de la nomenklatura « communiste » pour assurer sa mutation en oligarchie capitaliste, parachevant ainsi l’« occidentalisation » de l’Europe, en attendant que son homologue chinoise fasse de même en Asie. Dans les deux cas, il est permis de se demander ce que signifie le concept d’émancipation dans l’esprit de S. Q.
    Autre preuve, selon lui, de l’incompatibilité entre la révolution et la guerre : l’évolution de la situation en Syrie. « Le sort de la Syrie, assène t-il, montre que la dégénérescence en guerre civile signifie toujours la fin de la révolution ». Une assertion qui montre surtout que S. Q., prend pour argent comptant la désinformation systématique dont le « conflit syrien » fait l’objet de la part de la valetaille médiatique hexagonale, à l’instar de ceux qui ont précédé depuis la chute du fameux mur (Première guerre du Golfe, Yougoslavie, Irak, Libye, Mali…). Pour ce qui est de la Syrie, S. Q. pourrait au moins faire l’effort de lire la presse étrangère où l’on trouve encore des journalistes non inféodés aux artisans et aux partisans de l’avènement d’un « Grand proche orient ».

    « Certaines questions abordées par PMR auraient mérité davantage d’efforts d’imagination », relève plus loin S. Q. C’est le moins que l’on puisse en dire. Encore faudrait-il toutefois que ladite imagination ne cède pas aux délires habituels. « Préparatifs pour la prochaine fois », tel est l’intitulé choisi par S.Q. pour exposer les réflexions que ont inspiré les « premières mesures révolutionnaires » concoctées par les éditions de La Fabrique. À en juger par les unes et les autres, cette « prochaine fois » a tout l’air de se confonde avec les calendes grecques.

    Jean-Pierre Garnier

    • lundi 6 janvier 2014 à 14h03, par un-e anonyme

      « Pour ce qui est de la Syrie, S. Q. pourrait au moins faire l’effort de lire la presse étrangère où l’on trouve encore des journalistes non inféodés aux artisans et aux partisans de l’avènement d’un « Grand proche orient » » : de quelle « presse étrangère » s’agit-il ? Il faut sûrement comprendre celle de Poutine, celle des mollahs d’Iran, celle du Hezbollah, et celle du PC chinois. Ou bien ?

    • mardi 7 janvier 2014 à 11h21, par Quadruppani

      Deux points, en passant :
      Réduire Mai 68 à l’insurrection de la petite bourgeoisie intellectuelle française, (ne nous attardons pas sur l’insuffisance archéomarxiste de cette définition des milieux étudiants largement prolétarisés), c’est faire l’impasse sur les millions d’ouvriers en grève, dont ceux qui ont occupé spontanément les usines, donnant au mouvement une autre dimension, et participé aux batailles de rue malgré l’encadrement cégétiste, c’est aussi faire l’impasse sur le fait que je signale dans mon texte même que par 68, j’entends (et je ne suis pas le seul) un moment international qui a duré une décennie, du mouvement antiguerre étasunien au mai rampant italien.
      Voir dans l’écroulement du rideau de fer le seul résultat de stratégies bureaucratiques, c’est traiter des masses de gens en mouvement comme des millions de pauvres cons manipulés par les Chefs du monde, ce qui est une grille de lecture qu’on peut appliquer à l’histoire entière, aux dépens de toute perspective révolutionnaire présente et à venir. Evidemment, ça donne l’air tout de suite plus malin que ma position qui consiste à dire qu’il y a eu des espoirs émancipateurs et que leur expression a changé la face du monde et ouvert d’autres possibilités, malgré toutes les récupérations et évolutions contre-révolutionnaires, pour la suite… (par exemple, la disparition de l’URSS comme pseudo-incarnation d’une société meilleure, ça nous a débarrassé définitivement de la tenaille est-ouest qui écrasait toute perspective révolutionnaire).
      Pour le reste, je n’ai pas trop envie de répondre dans le détail, l’hystérie internétienne qui règne dans les commentaires d’Article 11 online ne me semble pas propice à un débat digne de ce nom, c’est-à-dire rigoureux et respectueux à la fois.
      Ton texte, J.P., a un ton décidément trop hargneux pour que j’aie envie de continuer à discuter avec toi, et quant à me traiter de B.H.L., c’est étonnamment con de ta part.
      Cette différence de traitement entre sphère publique où tu me traînes dans la boue et sphère privée où tu te montres parfaitement amical, c’est pas pour moi. Dans l’une et l’autre sphère, je choisis, te concernant, le retrait.

      • mercredi 8 janvier 2014 à 22h42, par Jean-Pierre Garnier

        Notre désaccord est effectivement total. Mais « l’hystérie internétienne qui règne dans les commentaires d’Article 11 on line » n’y est pour rien, même si effectivement elle n’est pas propice à une discussion argumentée. C’est la raison pour laquelle je m’étais gardé jusque-là d’entrer dans la danse, à l’exception, au tout début, de 2 réponses aux porte-voix de la municipalité de Grenoble rendus furieux par un article assez ce critique sur la « technopole » de l’Isère, devenue métropole depuis.
        C’est ton article, que j’avais déjà lu dans la version papier de Article 11 qui m’a fait sortir de mes gonds, « perdre mon sang froid, comme dirait « l’anonyme » sérieusement atteint qui me voit — ou feint de me voir — pour des raisons ou une déraison qui lui sont propres en agent des régimes syriens et iraniens. On n’arrête pas la régression.
        Je n’ai pas bien compris ton allusion à la cordialité de nos relations dans la sphère privée, alors que nous ne nous sommes pas revus depuis des lustres. Peu importe. Tu a choisi le « retrait ». Cela tombe bien : j’avais pris la même décision. Voilà au moins un point d’accord.

        • jeudi 9 janvier 2014 à 10h24, par Quadruppani

          Comme je ne voudrais pas que tu réussisses à me faire passer pour un menteur, je reviens un dernier tour dans le non-échange entre nous : concernant la sphère privée, je tiens à rendre public que si, de fait, cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, nous nous sommes téléphonés à la fin de l’année dernière, que tu as été très amical au point que j’avais le sentiment que les désaccords entre nous étaient vraiment sur des détails. Et voilà que tu me traites de BHL de la radicalité, ça, mon cher Zemmour de l’archéo-marxisme, ça passe pas !
          Alles, ciao, je te laisse ta cour de récré.

          • samedi 11 janvier 2014 à 10h01, par Jean-Pierre Garnier

            Tu m’obliges à encombrer encore une fois le site de Article 11. Le fait que j’aie été cordial avec toi au téléphone n’impliquait pas que nos désaccords fussent mineurs. Sauf s’ils te l’ont pas dit — ce qui m’étonnerait — Jean-Ba et Lémi savent parfaitement que je me gaussais depuis longtemps de tes prophéties dans Article 11, que ne saurais qualifier d’autoréalisatrices puisque la réalité s’est chargé de les anéantir tour à tour. Mais je ne vois pas en quoi cela aurait dû m’empêcher d’être a cordial au téléphone. Je trouvais et continue de trouver plutôt rigolote ta posture de chantre des pseudo-révolutions passées et d’augure de celles à venir, tout aussi fantasmées. En outre j’aime beaucoup des traductions de polars siciliens et tes propres polars. Donc, je ne vois pourquoi j’aurais dû t’injurier par téléphone.
            « BHL de la radicalité » ? Tu a échappé de peu au « Soral de la radicalité » car tu partages avec ce personnage qui se veut aussi sulfureux que toi, sur une autre scène évidemment — celle parée du rideau « rouge brun »— une même prétention narcissique et egocentrique à statuer de manière péremptoire et définitive sur l’état du monde et la manière de le dépasser en rejetant les vieilles théorisations critiques elles-mêmes, « archéo-marxistes » en tête.
            « Zemmour de l’archéo-marxisme » ? Quitte à apporter de l’eau à ton moulin idéologique post-moderne, j’avoue préférer de loin à tes vaticinations et celles de nos petits insurrectionnels autoproclamés, l’« analyse concrète d’une situation concrète » préconisée par le camarade Lénine. Il est vrai qu’il se préoccupait concrètement de transformer le monde au lieu de gloser sans fin sur sa probable fin.

            • samedi 11 janvier 2014 à 15h47, par toujours le-la même persécuteur-trice anonyme de M. Garnier

              M. Garnier, vous êtes très mal placé pour traiter quiconque de soralien, vous qui parlez comme lui de « sionistes invétérés » pour (dis)qualifier vos contradicteurs. La vieillesse est un naufrage.



  • dimanche 5 janvier 2014 à 14h32, par Hug

    Difficile de voir au delà des murs que l’on a pas encore démoli.
    Difficile aussi donc, de ne pas être indigent en la matière.

    Pour ma part je reconnais une audace bienvenue à livrer en pâture à la réflexion collective une amorce de prospection. JP vous êtes un peu dure, à essentialiser les manques de l’auteur, le faisant passer pour un malveillant.

    Cela dit je trouve que la référence systématique à des expériences passées qui tendent à s’ériger en leçons péremptoires type « Le sort de la Syrie montre que la dégénérescence en guerre civile signifie toujours la fin de la révolution. » est sur le principe pourri (et en l’occurrence absurde).

    Je trouve assez inconcevable de dissocier l’ aspiration émancipatrice, de la nécessité d’une guerre civile, lorsqu’on mesure l’ampleur de l’arsenal sécuritaire qui n’est autre qu’un arsenal contre-insurrectionnel.

    • mardi 7 janvier 2014 à 13h49, par Quadruppani

      Sur le plan de l’affrontement des armées, les Etats seront toujours mieux équipés que les ennemis de tous les Etats. Cela ne signifie pas que la révolution sera un dîner de gala, les épisodes violents seront inévitables (je ne dis rien d’autre dans mon texte) mais la dégénérescence en guerre civile, comme l’a montré la Guerre d’Espagne, se fait toujours aux dépens de la transformation sociale, qui demeure l’arme principale de la révolution. Il n’y a, par définition, pas d’autre expérience que passée, même si ce passé est vieux de dix minutes.S’appuyer sur l’expérience est la base de toute pratique humaine, non ? Cela n’empêche pas, évidemment, d’être capable de percevoir ce qui est dépassé de l’expérience précédente, mais surtout en le dépassant dans la pratique.

      • mardi 7 janvier 2014 à 21h20, par Hug

        « Non seulement le retour en arrière, mais la poursuite des objectifs culturels »actuels« , parce qu’ils dépendent en réalité des formations idéologiques d’une société passée qui a prolongé son agonie jusqu’à ce jour, ne peuvent avoir d’efficacité que réactionnaire. L’innovation extrémiste a seule une justification historique. »

        a dit l’autre déglingo situ.
        L’ innovation extrémiste c’est intéressant ça.
        Me semble que les faits historiques dépassent l’individu et lorsqu il se les approprie, le fait toujours de manière partielle et partiale.
        S’appuyer sur l’expérience individuelle est à la base de toute pratique individuelle je dirais plutôt. La collectivité doit investir le champ des virtualités plutôt que de cuisiner avec le champ des possibles, sinon
        le passé comme objet de réflexion peut vite devenir une prison.
        M Enfin bref, c’est une digression un peu relou ça de discuter de comment discuter.

        Sinon j’ adhère complètement à l’ esthétique exaltée de l’insurrection. Je vois que ça énerve pas mal de gens, je pense que ces gens doivent être un peu chiants dans la vie. Un peu étonné de trouver autant de commentateurs arrogants, pas sceptiques pour un sous qui viennent asséner leurs certitudes carcérales, on sait pas trop pour quelles raisons d’ailleurs, de toute évidence pas pour discuter.

        Par contre je conçois pas l’idée d’un lendemain de l’insurrection. Ni celle de créer l’irréversible. En deçà de tout finalisme pour moi l’insurrection a vocation à être éternelle à combattre perpétuellement toute forme de coalition, toute forme de pensées qui tendent ( et qui tendront toujours ?) dangereusement à se partager par un grand nombre. En ce sens je partage pas l’idéalisme de certains, et je trouve plutôt de la poésie à considérer nos moyens de lutte comme des fins.



  • dimanche 5 janvier 2014 à 23h13, par un-e anonyme

    Délire total les enfants. Et encore, le délire, c’est pas mal. Là c’est une absence de pensée sérieuse. C’en est presque humiliant pour ceux qui travaillent vraiment au changement.

    • mardi 7 janvier 2014 à 11h29, par Quadruppani

      Mélenchon, sors de ce corps !

      • mardi 7 janvier 2014 à 11h33, par Quadruppani

        Pardon, c’était Soral, pas Mélenchon

        • mardi 7 janvier 2014 à 17h52, par votrenom

          Non, pas du tout.

          Je me réfère plutôt (et j’aurais dû le dire dès le début) à Miguel Benasayag (que j’ai découvert ici) entre autres, qui critique la notion de grand soir. Cf « Abécédaire de l’engagement », « Résister c’est créer ». Le grand soir comme mythe paralysant et qui laisse les militants frustrés. Une attente destructrice. Il met plutôt l’accent sur la foultitude de situations modestes où on peut agir dès à présent, ce qui nous faire apprendre, se développer.

          http://www.article11.info/?Miguel-B...
          http://www.article11.info/?Miguel-B...

          • mardi 7 janvier 2014 à 19h10, par Quadruppani

            Je pense qu’une révolution mondiale anticapitaliste est possible et nécessaire. Je n’ai jamais dit que ça se fera en un jour, tout au contraire, il me semble avoir écrit que ça prendrait des décennies, peut-être des siècles et que ça pourrait dériver parfois vers des formes monstrueuses. Mais ça n’enlève rien ni à la possibilité, ni à la nécessité de la révolution. Il est imporant de lutter ici et maintenant dans des luttes modestes, certes, pour ne pas se payer éternellement de mots. Mais s’il s’agit de s’aménager une petite niche à l’abri de l’histoire, l’histoire risque de venir parfois t’en dénicher à coups de pied au cul. Ton charmant quartier écologique solidaire,il aura bonne mine quand il sera irradié ou quand la misère poussera à des conduites barbares (juste pour donner un exemple). S’il s’agit au contraire de mener des luttes qui apprennent à s’affronter au concret et à tisser des liens, ces combats-là ont tout à gagner à s’orienter par rapport à une ambition plus vaste, seule à même d’empêcher les réalisations modestes de devenir des variantes des restos du coeur.
            Cela dit avec le plus grand respect pour le gentil Benassayag (et je ne cède pas à langmol moderne qui identifie la gentillesse avec un défaut d’intelligence, pour moi c’est une qualité humaine), même si je trouve que parfois, il enfonce des portes ouvertes.

            • dimanche 12 janvier 2014 à 11h09, par B

              Sergio,
              Les « Ici et maintenant » en pratique, ils savent tout, y vont refaire le monde. Y prennent pas d’antibiotiques, y vont pas au supermarché, y votent pas, y sont anti-fonctionnaires même quand ça a été privatisé, anti-ouvriers etc etc etc...
              C’est des casse-couilles passés rois de la convivialité.
              Le monde à l’envers.
              et quand je vois écrit « Ici et maintenant » en général,les témoins de Jehovah sont pas loins.

              • dimanche 12 janvier 2014 à 14h54, par CHOUQUETTE

                C’est bizarre quand même que ce mec n’arrive pas à comprendre sa propre inanité. En tout cas il est bien le seul.



  • dimanche 5 janvier 2014 à 23h17, par guillaume

    Je suis un peu sur le cul de lire cet article. Jean Pierre Garnier, comme d’hab, n’y va pas avec le dos de la cuillère et il n’a pas tort mais pour ma part ce qui m’étonne le plus c’est qu’on puisse encore croire à ce type de grand soir suivi de petits matins qui chantent...

    Désolé pour Quaddru mais c’est vrai que son article sent la naïveté et les ceusses qui nous annoncent la révolution qui vient dans quelques jours en imaginant des soluces toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres me font doucement rigoler...

    Ceci dit ça ne nous éclaire pas trop sur le bouquin mais ne donne pas forcément envie de le lire non plus...



  • lundi 6 janvier 2014 à 11h30, par T

    Salut,

    Une critique du bouquin, ici.
    ++



  • lundi 6 janvier 2014 à 21h53, par CHOUQUETTE

    Je suis assez d’accord avec JP : le problème du dépassement « pacifique » du capitalisme reste entier, étant donné qu’il semble plus qu’improbable que les forces armées colossales qui le soutiennent renoncent d’elles-mêmes à leur pouvoir. Et d’un autre côté, l’idée de « faire la guerre pour faire la paix » semble également pour la moins risquée, et on voit mal comment une société débarrassée de la domination pourrait naitre d’une domination vicotrieuse, fut-elle celle de la révolution et du prolétariat...
    Du coup ce qui pose vraiment problème dans ce genre de positions « pacifistes », c’est qu’elles refusent de penser l’expérience du passé et de se positionner clairement par rapport à celle-ci - comme si la pensée révolutionnaire d’aujourd’hui pouvait faire l’économie de l’étude de l’Histoire et notamment de l’analyse du fameux différant anarchistes/marxistes sur la question de ce qu’on a appelé la « dictature du prolétariat » opposée au « socialisme libertaire », en interrogeant les choses aussi bien à leur niveau le plus théorique que les raisons profondes qui ont fait échouées toutes les révolutions du siècle dernier. Personnellement, autant les analyses marxistes de cet échec en termes de « rapports de force objectifs » et de niveau de développement des forces productives que les jérémiades (pseudo)-anarchistes du genre : « on vous l’avez bien dit, le vers était dans le fruit dès l’origine » me laissent plutôt sceptiques.
    J’attends toujours une analyse vraiment novatrice en la matière (tout en y travaillant plus modestement de mon côté).

    • mardi 7 janvier 2014 à 06h52, par Jean-Pierre Garnier

      Un anonyme se demande — sur le mode affirmatif comme en atteste l’usage de l’adverbe « sûrement » — si la « presse étrangère » à laquelle je me réfère pour échapper au matraquage auquel se livre la nôtre à propos de la guerre « civile » — alimentée par des États étrangers — en Syrie ne serait pas « celle de Poutine, celle des mollahs d’Iran, celle du Hezbollah, et celle du PC chinois ». Outre que je ne parle pas les langues des journalistes des pays cités ni ne lit leur propagande, je conseillerai au petit malin anonyme de lire simplement la presse étausnienne, anglaise ou espagnole. Ou, à défaut, Le Monde diplomatique, seul canard français à essayer de faire un peu contrepoids à la désinformation de règle en France — y compris dans la presse dite alternative qui se contente de faire du copier-coller de la presse officielle sur le sujet — concernant la Syrie (et bien d’autres sujets). d’actualité).

      Jean-Pierre Garnier

      • mardi 7 janvier 2014 à 10h33, par CHOUQUETTE

        Pour information : sous le pseudo d’e-anonyme, se cache un certain abderahim, soralien convaincu avec lequel nous avons déjà eu le bonheur ô combien subtil d’échanger sur une autre ligne...

      • mardi 7 janvier 2014 à 16h08, par le-la même anonyme

        M. Garnier, vous ne faites que vous dérober en évoquant « la presse étasunienne, anglaise ou espagnole », qui n’est évidemment pas plus unanime à dire la vérité sur la Syrie que « la nôtre » à proférer des mensonges. De quels titres, de quels articles, de quelles sources d’information fiables parlez-vous ? (Mais à vrai dire, on s’en fout : vous avez suffisamment montré, par votre style pseudo-« anti-impérialiste » calqué sur celui de l’agence Sana dont les communiqués sont repris, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, jusque dans la presse anglophone et espagnole, et par le flou artistique que vous entretenez sur la nature de cette « désinformation » sur la Syrie dont seul le chaviste Monde diplomatique serait exempt, que vous avez choisi votre camp : celui des massacreurs de la Révolution syrienne.)

    • mardi 7 janvier 2014 à 11h32, par Quadruppani

      A bientôt de te lire, alors

      • mercredi 8 janvier 2014 à 17h21, par Jean-Pierre Garnier

        Chouquette me semble mal inform(é) car si c’est un « soralien convaincu » qui se cache derrière « l’anonyme », moi, je suis évêque.
        Ceux qui, en effet, traitent le Diplo de « chaviste » sont soit d’ex-gauchos passés à droite, soit des sionistes invétérés… ou les deux à la fois. Quant à Soral, il n’est que de regarder la video qu’il a concoctée pour rendre
        « hommage » à Chavez lors de sa mort, où il en profite pour fustiger précisément au passage les deux sortes d’anti-chavistes auxquelles je viens de fare allusion, on ne peut pas faire plus « chaviste » que lui.
        Inutile donc de discuter avec ce (ou cette) triste « anonyme » et encore moins de perdre mon temps à lui
        fournir une bibliographie des articles de la presse étrangère — dont je n’ai pas dit qu’elle était « unanime » à ne pas se livrer à la déisinformation.D’autant qu’il n’aurait qu’à faire comme moi : se donner la peine de piocher avec internet au lieu de déversezdes invectives trop grossières pour être prises au sérieux. En matière de désinformratun, en toute cas cet(te) « anonyme » — qui ne l’est peut-être pas pour moi — est champion(ne).



  • mardi 7 janvier 2014 à 21h09, par pièce détachée

    Sur Les Renards pâles de Y. Haenel, un très bon compte rendu ici, troisième partie.

    • jeudi 9 janvier 2014 à 12h02, par Quadruppani

      Le Moine dans toute sa splendeur : plein de talent et de mauvaise foi polémiques. Je ne suis pas d’accord avec lui, mais c’est pas grave, et les conditions d’une vraie discussion sur ce sujet comme sur tant d’autres, avec lui ou avec toi, ne me semblent pas réunies. C’est ainsi que fonctionne ce Tout Communicationnel en lequel nous baignons : on y communique en réalité très peu.



  • mercredi 8 janvier 2014 à 01h15, par jediraismemeplus

    D’accord sur le fait que si les interets vitaux de la classe dominante avaient ete attaques en 68 ou au moment de la chute du mur la reaction aurait ete beaucoup plus violente. Par ailleurs c’est interessant de se poser la question de ce qui se passerait apres une revolution, mais cette question semble indissociable de savoir pourquoi cette revolution a ete faite et par qui. Comme on fait son lit on se couche et si c’est une bonne revolution apres on peut imaginer une democratie directissime un peu a l’exemple des premiers soviets. Ne pas perdre de vue que des dizaines de millions d’individus auront des besoins de survie ensuite.



  • jeudi 9 janvier 2014 à 22h09, par K’awo

    Bonjour,
    Quelque chose me met grave mal à l’aise dans ce truc. Dans la prose incantatoire, dans le fait que j’imagine une pose. J’imagine l’esthétisme révolutionnaire. Une marchandise de plus. Le sweat Anarchie (c) du quarantenaire en mal de radicalité, c’est se payer ce bouquin d’Hazan qui coûte grave cher. C’est sûr que les prolos ne le liront pas. Je vois pas l’intérêt, vraiment. Quelque chose me chagrine profondément, la sensation que le fossé se creuse de plus en plus entre les intellectuels, les artistes et tout la clique bohème révolutionnaire et le prolo honnis, raciste, qui tape sa meuf qui tombe enceinte à 19 ans, condamné(e)s à des vies de merde et à l’aigreur (que disséqueront des sociologues, militants et journaleux en quête de reconnaissance), pendant que des gens bien-comme-il-faut rêve d’un monde encore mieux. La critique révolutionnaire me paraît désormais décontextualisée, comme une projection d’un milieu social à haute teneur en capital culturel. Ca me fait grave flippé.

    • jeudi 9 janvier 2014 à 23h48, par CHOUQUETTE

      Personnellement, je partage ton constat et ton inquiétude -même si je ne l’appliquerais pas vraiment au bouquin de Hazan, parce qu’il me semble quand même qu’on a fait mieux en terme de capitaux culturels mdr.
      Cela me permet de rebondir et de souligner tout de même une chose qui me parait importante : alors qu’on a longtemps expliqué l’abrutissement des masses par des conditions de vie d’une dureté inouïe, on constate aujourd’hui que l’amélioration des conditions de vie en question ne s’est pas traduite par une élévation du niveau culturel - bien au contraire : quand on sait qu’à l’époque de Marx, Das Capital était distribué en petits fascicules à destination des ouvriers les plus politisés qui le lisaient -oui oui - après des journées de huit heures, dix heures, voire plus - on se dit que vraiment, les temps ont bien changés.
      Donc si je suis d’accord avec le contenu explicite du message précédent, je le suis déjà beaucoup moins avec ce qu’il semble sous-entendre : que si cet écart se creuse, ce serait d’une manière ou d’une autre de la « faute » de ces méchants intellos bobos qui accumuleraient tous les capitaux, financiers comme culturels. Et bien je me permet de faire remarquer qu’à part déboucher sur l’apologie de la débilité mentale parce que soit-disant démocratique, je vois mal où peuvent aller les discours qui fustigent sans cesse ce fameux « élitisme ». L’équation « pauvreté implique inculture » est fausse, et tout le monde voit bien que l’état d’abrutissement politique et culturel dans lequel patauge une bonne partie de la population dans les pays riches n’est sûrement pas imputable à des conditions matérielles objectives, mais bien plutôt à tout un ensemble de facteurs qui tiennent plus des formes de sociabilité actuelles et du mimétisme social que d’un quelconque pouvoir coercitif particulièrement abject.
      Ce qui je crois implique un certain nombre de choses :
       × que nous n’avons pas à accepter la tyrannie d’un nivellement par le bas incessant.
       × que même simplifié et édulcoré au possible, il existe certains milieux qui, dans l’état actuel des choses, seront de toute manière extrêmement peu réceptif à tout discours véritablement émancipateur.
       × qu’il faut à tout prix rester vigilant face au populisme qui associe systématiquement « niveau culturel élevé » et domination de classe - non pas comme le faisait Bourdieu, c’est à dire pour le dénoncer non seulement au nom d’un dépassement de la domination mais aussi au nom d’une nouvelle culture, révolutionnaire - et à ne pas sombrer dans la condamnation a priori et tout azimut de tout ce qui présente un minimum de rigueur et d’élaboration, sous peine de finir par tenir un discours qualitativement d’un niveau égal à celui d’un Soral par exemple.
      Nous ne sommes pas responsable de la prolétarisation des esprits, et ce n’est sûrement pas en se proposant de s’y fondre nous aussi que nous permettrons aux autres d’en sortir.

    • vendredi 10 janvier 2014 à 01h46, par Hug

      La réalité que tu décris existe mais je ne la perçois pas dans cet article.
      Je comprend pas comment tu passes de l’esthétique à la marchandise.
      Perso, l’esthétique c’est mon moteur, c’est elle qui me poussera l’occasion venue à participer à l’insurrection prophétisée plus haut. Si j’exècre ce monde c’est bien parce que je le trouve moche et parce que c’est pas le mien, il ne correspond pas à l’idée que je me fait du beau.

      Tu semble dire que le prolo est un abruti de par son appartenance de classe laisse moi en douter. Quand bien même, détenir les moyens intellectuels de te masturber sur la révolution ne fait pas de toi un coupable et ne te donne aucune responsabilité vis à vis des illettrés.
      C’est déjà difficile de débarquer dans ce monde, si en plus on a pas le droit d’y chercher quelques raisons poétiques de se révolter...merde

      Je n’aurai jamais le courage d’ affronter la violence d’état si je ne me trouve pas des raisons autres que celle de la défense des « dits » opprimés.
      Je dis « dits opprimés » car tu fais un portrait assez glauque des prolos qui selon toi seraient ceux pour qui nous devrions nous battre ?
      Ca n’est pas du tout ma conception.

      Prolo ou bourgeois c’est la même merde, il s’agit de refuser le quotidien stérile qui s’offre à nous. Il faut arrêter de se sentir investit d’une mission christiano-marxiste visant à libérer les exploités. L’avenir est le même pour tous, le triomphe du faux, de la télé-réalité, des villes aménagées pour les bagnoles et la pub - il est ou l’espace de liberté des bourgeois la dedans ?
      Pour finir on est tous des dépossédés riche ou pauvre.
      Ta révolte est politique, pas la mienne..
      Tiens j arrête de me masturber sur mon ordi d’ailleurs et men vais vivre un peu pour de vrai des conneries ca de se branler sur de la branlette et moi jme fais niquer a tous les coups



  • vendredi 10 janvier 2014 à 02h07, par Aftea

    J’ai aussi la nausée à force de retourner le problème dans tous les sens. Le problème, est-ce vraiment seulement le capitalisme ? Seulement un problème de révolution et de contre-révolution ? Tous ces mots, ces concepts, si présents dans nos vies mais pourtant si difficilement palpables.
    En plus, j’ai à peine 20 ans, et je suis déjà dégoûté de tous ces mécanismes de dominations que j’ai constaté dans tous les groupes militants que j’ai pu observé. (Et mes amis aussi.) De la gauche à l’anarchisme en passant par l’antifascisme, j’ai la gerbe. Toutes ces étiquettes, tout ces dogmes, ces postures... J’ai surtout l’impression de me frustrer en m’enfermant dans la rhétorique militante, de tourner en rond. Je crois que le problème va bien au-delà du capitalisme, parce que l’oppression, je la sens pas que chez le patron voyou. Et ça m’arrive aussi d’être oppresseur si je fais pas gaffe. Le pouvoir est maudit, ça oui. Seule certitude.
    J’aimerai bien déclencher un mouvement social libérateur à moi tout seul et que tout se passe pour le mieux après, bien sûr...
    En attendant, la chose qui me met du baume au coeur, c’est que j’ai jamais autant eu l’impression de vivre une lutte collective qu’en agissant à ma petite échelle : débattre avec des gens, amener de la joie autour de moi, être solidaire au quotidien quand je le peux, savoir me remettre en question, déconstruire... C’est devenu quelque chose qui rayonne autour de ma vie, qui me fait avancer. Et pourtant je ne milite pas, je ne vote pas.
    Elle commencerait pas déjà par là, la grande révolution ? C’est sans doute romantique, mais cette révolution du quotidien me semble quelque chose de bien concret et inséparable du reste. Ce genre d’attitude ça donne du sens aux choses, c’est créateur, en attendant qu’advienne la destruction du « grand Mal capitaliste ».
    J’ai peu l’occasion de parler avec des gens qui maîtrisent le jargon sociologique et militant, et pourtant avec des mots simples et des actes, créer des liens « anarchistes » avec ses proches ou des inconnus est pas si compliqué. Repartir à la base, remettre en cause ce qui paraît évident, repenser son rapport à la vie et aux relations humaines, c’est vraiment vivifiant. Je me sens plus utile comme ça que de marcher théâtralement derrière des drapeaux auxquels je suis devenu allergique. De toute façon, « lutter » en moi et hors de moi est devenu une évidence, peu importe la fin, je peux pas m’en empêcher, c’est devenu une façon de m’épanouir et de tendre vers le bonheur sans fatalisme. Et, modestement, c’est déjà une petite révolution pour moi d’avoir intérioriser ça !

    • dimanche 12 janvier 2014 à 18h07, par Isatis

      Continue comme ça mon bonhomme, t’es pas sur une mauvaise voie :-) J’en connais un paquet de gamins entre 20 et 30 ans qui reluquent le même bout de lorgnette que toi… tu verras bien à quoi ça mène ^^
      Isatis, vieille goupil qui n’y sera plus mais qu’est contente d’avance pour les ceusses qui y seront

    • lundi 13 janvier 2014 à 23h20, par votrenom

      Salut Aftea,
      J’ai eu le même type de réaction que toi (cf commentaire 7 janvier 17h52) et je cite Michel Benasayag (en liens dans le com) que j’aime bien. Par exemple, j’ai trouvé que le mouvement des Indignés était intéressant et pas du tout inutile.
      Toutefois, la réponse que m’a faite Quadrupani est juste : on doit aussi penser - et si possible agir - à un niveau général, sinon on sera foutus à un moment ou un autre. L’Histoire, ça existe, et ça tape fort.

      • mardi 14 janvier 2014 à 19h16, par Aftea

        Salut !
        Mon commentaire se voulait plus subtile que ça.

        Tout d’abord, vouloir la révolution c’est bien, mais qu’est-ce qu’on sous-entend par « révolution » ?
        Je crois que c’est insuffisant de s’arrêter au mot.
        Détruire le capitalisme, reconstruire. Certes. Mais il y a autant de perceptions de la révolution que d’êtres humains, et je crois que ces conceptions plurielles peuvent entrer en conflit les unes avec les autres et nous enfermer égocentriquement sur nous-mêmes, nous aveugler.
        On a pas tous la même vision de l’émancipation. Notre milieu social, notre éducation, nos connaissances, notre vision du monde nous séparent. Et donc, je crois qu’on peut parfois penser lutter pour le bien commun alors qu’on lutte plutôt en faveur de nos propres interêts avec nos oeillères, plus ou moins fortement. Ca se traduit par l’ignorance ou une indifférence égocentrique envers des luttes menées par d’autres groupes ou individus, pourtant tout aussi légitimes.
        (Dans cette perspective, je pense à la différence de genre, au sexe, à la couleur de peau, au milieu social...)
        A ce titre, se prétendre révolutionnaire ne veut donc pas dire forcément ne pas être oppresseur. Pour moi, la perspective révolutionnaire doit donc être plurielle.
        Je pense au cas cliché mais bien réel du mec anarchiste qui opprime avec plus ou moins de mauvaise foi les femmes. Et que dire des gens qui se voient en prophète de la lutte et qui t’écrasent et deviennent autoritaires, noyautent les décisions dans les groupes militants. (Jusque dans les groupes qui se prétendent « libertaire » et « anti-autoritaire ».)
        En Europe, je trouve aussi qu’on centre en général la rhétorique révolutionnaire beaucoup trop sur l’occident, en ignorant ou méprisant avec plus ou moins de mauvaise foi la légitimé des luttes des régions post-coloniales, car elles n’ont pas les mêmes objectifs et codes « révolutionnaires » que nous. (Pas besoin d’avoir un drapeau rouge ou noir et de gueuler « no pasaran » pour être légitime.)

        Pour paraphraser : « Si tu veux bâtir des cités idéales, détruit d’abord les monstruosités ». Eh bien je pense que cette petite ritournelle anarchiste devrait s’appliquer non seulement à une démarche révolutionnaire collective de « niveau général », mais aussi à nous-même. Elle appelle à définir la révolution, ses acteurs, sa géographie, la multiplicités des oppressions, et le rôle potentiel de chacun comme oppresseur d’un autre dans la société. Ce regard critique évite de s’arrêter à une théologie révolutionnaire manichéenne qui nous empêche d’être créatif, et nous rend aussi parfois complice, voir acteur de formes d’oppression.
        Et je trouve donc limitatif de dénoncer le seul capitalisme et « eux » (les méchants.) comme source de tous les maux et de se croire exclusivement du « bon » côté parce qu’on revendique l’insurrection. Les rapports de dominations sont partout, personne n’y échappe, y compris chez les révoltés.

        C’est pour ça que je crois que le problème est plus large que le capitalisme, il s’agit du problème des rapports humains en général. Bien que le système capitaliste et la société de classe en soit un rouage majeur.
        Les étiquettes et le jargon révolutionnaire peuvent devenir une prison réductrice, voir un instrument d’oppression si on fait pas attention aux racines des concepts qu’on emploie. (Qui peuvent être ethnocentrés, hétérocentrés...)

        Je place donc la critique et la créativité au centre de ma démarche émancipatrice.
        Le combat est double, il se passe autant en moi qu’à l’extérieur. Essayer de devenir meilleur et être un peu désabusé ne m’empêche pas de penser à une lutte plus générale et d’agir avec les moyens du bord quand il le faut et quand il le faudra, mais je me garde bien de tout triomphalisme et de certitudes.
        C’est pour ça que j’ai dis que je me sentais jamais autant au lutte collective qu’au quotidien, car ces petits actes sont d’une efficacité très concrète, et ça me connecte aux gens. J’apprends à me connaître comme j’apprends à connaître les autres, j’apprends à être heureux aussi malgrè les difficultés, ça me soulage, ça donne un sens à ma vie quoi.
        Ca sert à rien de faire la révolution si on change pas tous et si on se respecte pas, et je vais pas attendre la révolution pour le faire et m’améliorer. Mais effectivement ça sert à rien de changer en soi si l’Etat et les multi-nationales nous aliènent à ce point qu’il finissent par éradiquer la liberté jusque dans nos esprits, et la souffrance n’attend pas, il faut faire son maximum quand on le peut, réfléchir à tout ça.
        Voilà pourquoi je crois à ce double aspect : la révolution c’est demain et aujourd’hui, en moi et hors de moi, c’est un même mouvement, c’est lié.
        Et comme je l’ai dis avant, la révolte s’impose à moi, c’est aussi une quête du bonheur qui donne de l’énérgie. Je n’ai pas besoin d’avoir une perspective de Grand Soir pour y croire, je vis c’est tout, quelque soit le résultat.



  • vendredi 10 janvier 2014 à 09h42, par K’awo

    Chouquette ;
    Suis contre l’idée de hiérarchiser la représentation du monde social parce que dans celui-ci tout est relatif. On domine que dans un secteur, lui-même dominé/dominant par rapport à ainsi de suite.. Donc difficile de souscrire à une idée essentialiste de débilisation des esprits pour ma part ou de la sociologiser un peu simplement (mimétisme, faillite de la pensée politique), et aussi joue le fait que y’a parfois plus d’intelligence dans les yeux d’un chien que d’un humain.

    AMHA, l’élitisme mis en accusation ne nivelle pas et ce n’est pas pour ça qu’il faut le dénoncer. Mais il faut montrer son inanité, expliquer en quoi le monopole de la pensée gauchiste et sa revendication à travers écrits/conférences/artistiques etc, se révèle vain. Le sentiment qu’il s’agit d’une supercherie totale. Un discours libertaire/anarchisant/autonome/communiste doit libérer, suivre des pratiques concrètes et non pas servir de notice révolutionnaire fantasmatique prépensée, prémastiqué comme peut paraître le texte d’Hazan. Comme le sentiment que j’ai à chaque fois que j’écoute France Inter (le délire de l’Altergouvernement par ex, une translation de pouvoir passant pour révolutionnaire, encore cette idée de r&cupération étiquetée « alter » de la pensée comme seul horizon).

    Tout à l’heure tu parlais des mineurs, des sidérurgistes d’antan etc et leur de politisation, leur luttes n’étaient pas glamour (et d’ailleurs respect à A11 qui en rappelle quelques unes sans basculer dans la commémoration gluante et insultante). Elle n’était pas confisquée par des petit-bourgeois de la culture, de journalistes, de penseurs, d’universitaires, d’artistes etc. Non, il n’y avait qu’un intérêt restreint à s’y intéresser, sans ce glamour pas de biens symboliques à récupérer pour la carrière, reconnaissance etc. Il y avait des petites-mains, de la croyance en un idéal, aujourd’hui tout ça a disparu, les gens ne sont pas plus cons, mais l’Histoire (la grande celle qu’on apprend à l’école et tout) les a désenchanté, il faut faire avec..
    Quand tu écris à propos des milieux peu réceptifs au discours « libérateurs » (ici encore relation horizontale, de celui qui sait à celui qui ne sait pas, mais passons), c’est justement eux qui sont le plus intéressant à aller voir, qu’elle est l’utilité de discourir avec des convertis, renforcer sa situation afin de pouvoir stabiliser son asso, son syndicat, sa micro-entreprise pour quoi ? Pour qu’elle idée puisque l’essence d’une pensée subversive et de subvertir, et non de basculer dans un conservatisme cherchant sa propre rentabilité avant tout.

    Tu m’excuseras mais je suis populiste, un populiste atomisé qui ne voit pas de « peuple », la rigueur intellectuelle n’est pas intéressante quand elle est mobilisée dans un sens visant à faire en sorte que certains puissent se donner le temps de penser pour uniquement pouvoir penser et puis rien d’autre, pendant que d’autres restent comme ils sont, càd pauvre et dans un état de dénuement, peut importe qu’ils aient fait un crédit à la conso pour avoir un écran plasma ou non..

    Pour finir, j’espère que tu pardonneras la faiblesse de mon point de vue, sa débilité intrinsèque, je cherche seulement à articuler et expliquer pourquoi il y a un cri intérieur parfois qui me remue, bien que je sois-même devenu un petit-bourgeois car partiellement dans le monde des études supérieures, je n’arrive toujours pas très bien à formaliser cette violence symbolique qui s’exercent sur le milieux populaires et que je ressens agiter mes tripes puisque récent transfuge de classe.


    Hug ;
    Je comprends ton point de vue, enfin je crois. Mais la violence c’est un truc sale, je ne veux pas à voir la folie d’une période guerrière parce qu’on peut louer la beauté du vocable insurrectionnel mais il s’agira d’une guerre, la frénésie sanguinaire, la tension dans le regard des gens, avoir les jambes qui tremblent et te chier dessus quand on frappe à ta porte. Perso cet esthétique ne m’excite pas et je remercie le hasard de ne pas m’avoir fait connaître ce genre de période jusqu’ici. Et si je prends les armes un jour ce sera uniquement pour me défendre et protéger les miens.

    Et il ne s’agit pas de branlette intellectuel mais d’un échanger. Il ne faut pas complexer de notre pauvreté au niveau de la réflexion, ce n’est pas parce qu’on n’est pas destiné à réfléchir du fait de notre parcours, de notre milieu, de notre nom, du fait de ce qu’on est que lorsqu’on s’essaie à le faire c’est de la branlette parce d’autres le font mieux que nous. C’est l’illustration même de ce que je veux dire, de cette censure de la parole dirigée de façon explicite et directe ou implicite et s’exerçant de façon autonome sur soi-même.

    Et non, je ne fais pas peser la responsabilité sur ceux qui se branlent sur la révolution, seulement je relève la dichotomie entre la prôner et faire en sorte de poursuivre une entreprise de distinction sociale participant à creuser encore un peu plus l’inégalité. Voilà tout... Après, libre à chacun d’apprécier et de faire en fonction de ce genre de constats (qui peut être faux si ça se trouve, mais c’comme ça que je le ressens).


    Aftea ; +1 tout simplement. Avant les mots, les actes.

    • samedi 11 janvier 2014 à 16h44, par ZeroS

      Aftea et K’awo, je vous suis, vous relevez un peu le niveau, c’est cool.

    • samedi 11 janvier 2014 à 19h59, par Hug

      Je me suis mal fait comprendre, c’est pas la violence que je trouve belle. Je serai le premier à me chier dessus.
      Je me cherche des couilles en ce moment les miennes sont toutes rabougris. Putain de fléau que d’être terrorisé. Et l’optimisme béat de certaines personnes peut parfois me donner des forces que je ne suis pas capable de me donner moi meme en plus de me faire bien marrer.

      Qu’un bouquin soit un peu déconnecté de la réalité ça m’empêche pas de l’apprécier pour d’autres raisons.
      Les gens toujours hyper-critiques se déshumanisent un peu à faire jouer leur rigueur intellectuelle sans jamais juger avec les tripes. M’intéressent pas moi les esthètes et élitistes en tout genre. Il y a un fossé entre trouver un bouquin inintéressant ou débile et y voir l’oeuvre machiavélique d’un bhl.

      A propos de branlette je parlais avant tout de moi pas de toi kawo. Juste que je suis terré dans ma piaule pour un ptit moment et que je me fais chier sinon j’aurai pas commenté. Non pas que vous nêtes pas intéressant au contraire, seulement discuter sur le net c’est un peu chiant c’est mieux de causer devant un verre



  • samedi 11 janvier 2014 à 14h50, par tartempion

    juste ce qui semble être la seule coquille dans un nuage de confusion :
    « Renvoyer l’argent aux marges de la vie » : tel est le programme avancé par PMR. Mais si l’on conserve l’argent, comment éviter que certains l’accumulent et acquièrent du pouvoir sur ceux qui n’en ont pas ? Comment rompre avec l’un des affects essentiels du capitalisme, le sentiment du manque, puisque « tant qu’il y aura de l’argent, il n’y en aura pas assez pour tout le monde » ?

    il faut lire aspects à la place d’« affects » et rien à la place de « sentiment du ».

    deleuze n’a pas inventé la pierre philosophale qui transforme la faim en sentiment

    mon avis ici, histoire de finir les préparatifs pour ceulles qui veulent partir :
    http://nons.stops.over-blog.com/art...



  • dimanche 12 janvier 2014 à 18h25, par Isatis

    Tiens en causant pognon, je ne sais pas s’il y a coquille ou pas mais quand je lis :
    .
    « Mais si l’on conserve l’argent, comment éviter que certains l’accumulent et acquièrent du pouvoir sur ceux qui n’en ont pas ? » ça me fait tout bizarre.
    Il y a quelques moyens assez simples pour utiliser l’argent, qu’est rien qu’un outil, en bloquant les risques de capitalisation, il suffit de rendre la ou les monnaies fondantes par esemple…
    .
    Le premier qui répond que c’est pas simple, il s’en prend une :-))



  • lundi 13 janvier 2014 à 13h39, par fantomas

    À propos :
    Ce monde particulièrement lugubre l’est surtout parce qu’il montre bien l’une des menaces fondamentales que l’ennemi essaye de nous inculquer : il n’y a pas d’issue, il n’y a pas d’au-delà possible, il n’y a pas de but. L’insurrection est son propre but, une façon de vivre suffisamment durable pour qu’on oublie comment elle commence, tout comme le Comité invisible a aujourd’hui oublié comment commence une insurrection. Alors que le projet anthropocentrique de l’humanité est un projet de maîtrise de l’humain par l’humain, de la totalité, le Comité invisible est sans cesse résigné à des pertes de contrôle définitives, comme même la notion du temps. Même les maoïstes du PCMLM, qui au moins pensent sortir de cet univers par la dialectique et la lutte de classes, visent un dépassement. Mais ici, on reste dans ce monde, il est seulement ravagé par la guerre, en deux camps sans fin, dans une sorte d’apocalypse pauvre et tenace, qui ressemble à certains films de politique fiction de série B.

    Devant un projet aussi médiocre, qui incite plutôt à la soumission actuelle – qui au moins ne trouve pas ses joies dans des ateliers mécaniques et des mairies envahies par des expulsés –, il ne sera ici commenté qu’un seul des désaccords plus fondamentaux que ce texte fait aussi surgir : ce que les auteurs disent de l’« assemblée générale ».

    « Un autre réflexe est, au moindre mouvement, de faire une assemblée générale et de voter. C’est une erreur. Le simple enjeu du vote, de la décision à remporter, suffit à changer l’assemblée en cauchemar, à en faire le théâtre où s’affrontent toutes les prétentions au pouvoir. Nous subissons là le mauvais exemple des parlements bourgeois. L’assemblée n’est pas faite pour la décision, mais pour la palabre, pour la parole libre s’exerçant sans but. »

    Dire que voter transforme une assemblée en cauchemar est une vision qui ne correspond pas, en tout cas, à celles qui ont eu lieu en Argentine en 2002. Le but était la palabre plus qu’ailleurs – ce but n’était pas avoué mais but quand même –, et l’on votait beaucoup : voter faisait partie de la palabre. Le vote y a aussi été utilisé pour le pouvoir, mais surtout contre tout pouvoir, pour brouiller toutes les cartes. Bref, voter était parfaitement réjouissant.

    Les parlements « bourgeois », quant à eux, votent justement sans décider quoi que ce soit : les décisions sont prises avant le vote, par les centrales des partis. Le vote ne donne lieu, dans ces assemblées, à aucunes prétentions au pouvoir : le pouvoir, comme la décision, a son siège dans des antichambres moins exposées au public. Enfin, prétendre que la palabre, la parole libre, est celle qui s’exerce sans but, est bien le témoin de ce désarroi de gens sans buts, qui n’en veulent pas. Parler sans but n’intéresse pas particulièrement les assemblées qui jouissent des urgences dont l’histoire est l’accélérateur, et dont l’insurrection est la preuve. Les assemblées qui sont aujourd’hui les plus proches de cette définition – pas faite pour la décision, mais pour la palabre – sont les pseudo-débats télévisés, où il n’y a pas non plus de vote, et qui se veulent, non sans raison, les lieux privilégiés de la parole libre s’exerçant sans but.

    Le Comité invisible trouve qu’il y a fort peu de décisions à prendre, si peu qu’il ne faut pas les prendre, mais que les décisions doivent s’emparer de nous. Je prends plusieurs milliers de décision par jour, et je cherche par ailleurs à prendre la décision qui contient toutes les autres. Il s’agit d’acquérir une maîtrise de ce qui est. Cette décision nécessite plusieurs assemblées générales de l’humanité, qui décident, pas nécessairement d’ailleurs par le vote, mais même de cela ce sont ces assemblées qui décideront. Une décision qui s’emparerait de moi est aux antipodes d’une décision qui me réalise, qui m’accomplit. Celle-là se projette, et se prépare. Voilà tout ce qui sépare la téléologie moderne de cette « insurrection qui vient », que je combattrai avec férocité si elle avait lieu dans le vaste monde que nous traversons en insatisfaits plutôt que dans l’imagination pauvre de quelques pauvres.

    4. Le phénomène de ce petit ouvrage est étrange, parce qu’il est à la fois familier et étranger à chacun. C’est une flèche qui ne se trompe pas de direction. Elle est tirée avec force, mais sans portée. Elle se termine à nos pieds ou dans un nuage, dans le trop court et dans le trop vague, tant l’insurrection finale paraît absurde et peu souhaitable, à nous-mêmes qui souhaitons des insurrections.

    La faiblesse de la méthode, l’ignorance très inquiétante de l’histoire, la perte de recul et de vue d’ensemble, sont les autres étrangetés d’un ouvrage qui mesure quelle est la distance entre les particuliers éparpillés d’aujourd’hui et leur propre insatisfaction, entre les moyens d’un constat qui n’a plus les moyens d’une analyse, et le dérisoire d’un projet qui a perdu son but.

    C’est sans doute par cette infirmité qui s’est généralisée que ‘L’insurrection qui vient’ nous est suffisamment familier pour que nous examinions ce curieux objet si hostile au même ennemi que nous et où, pourtant, nous reconnaissons son influence à chaque pas.

    • lundi 13 janvier 2014 à 16h14, par Hug

      fantomas,
      tu me fais chanceler dans mes opinions.
      J’ai été transporté par cette absence de finalité,
      paradoxalement ça m’apparaissait comme très pragmatique. L’idéologie m’a toujours fait peur et la téléologie m’a toujours semblé être la raison d’être de l’idéologie. En plus de ça la finalité met en suspend l’instant présent, relègue sa raison d’être à quelque chose qui n’existe pas, pas encore en tout cas, ce qui a tendance à générer chez moi une perte de sens qui me fout le vertige.
      Sans compter que ça m’a pas mal ravigoté de penser la fin de notre état comme inéluctable, comme un évènement qu’on aurait même pas à choisir.
      Peut-être est-ce de la lâcheté finalement qui m’a amené à apprécier l’insurrection qui vient.

    • lundi 13 janvier 2014 à 19h36, par CHOUQUETTE

      Je me réjouis de te lire, Fantomas, et me retrouve totalement dans ton propos.

      • mardi 14 janvier 2014 à 10h16, par B

        Vaysset a parlé.

        • mardi 14 janvier 2014 à 16h05, par Karim

          oui !! en tout cas voilà pour une fois un point de vue qui tranche ....
          merde...
          ca fait du bien après ce livre et ces commentaires tristes et chiant à l eau tiède des blogs....
          t as raison fantomas !! Finissons en !!!!

    • mercredi 13 avril 2016 à 00h22, par Cyclimse

      Engels répondait bien à Dühring, faudrait-il donc répondre aux
      téléologues ? À l’aune de leur influence, qui fut peu ou prou, le motif
      d’Engels, certes pas, mais l’ombre d’une théorie devient rare de nos jours,
      laissons la fine bouche aux temps meilleurs.

      Qu’est-ce donc que cet « Observatoire de Téléologie », anciennement
      « Bibliothèque des Émeutes » ? Ne faisant en aucun cas partie du petit
      milieu des néo-situs parisiens oni des consommateurs de radicalisme pas cher
      de la rive gauche, je n’ai aucun repère sociologique, historique ou
      personel en la matière, je ne puis donc que me limiter au contenu de
      leurs interventions, à la nature du projet théorique qu’ils avancent,
      sans pour autant prétendre à l’exhaustivité.

      Voilà un bien joli nom il faut en convenir, "Observatoire de
      Téléologie", de nature à susciter une fascination d’esthète de
      la terminologie...

      Du titre d’observatoire ou de bibliothèque, les membres de l’OT peuvent
      y prétendre sans doute. L’accumulation de faits, le catalogue d’émeutes,
      d’« assauts contre le mensonge dominant » qu’ils ont réalisé est, au moins
      quantitativement, plutôt impressionant. On a pu leur reprocher, ça et là,
      une bête accumulation de faits, sans analyse, sans théorie, c’est un
      peu injuste, de plus une telle démarche d’accumulation de donnée peut
      arguer d’une analogie avec la méthode scientifique.

      Puisque nous ne reviendrons pas sur cet aspect (jugeant comme Marx que
      le péché originel est, ici encore, dans la théorie), disons tout de même
      que leur catalogation manque singulièrement de discernement. Toute forme
      de violence de groupe marque pour eux un « assaut », dès lors il n’est guére
      étonnant qu’ils observent tant de défaites ! Ils ont vis-à-vis de la
      violence spontanée, collective (du « germe d’insurrection ») le même fétichisme
      fasciné que les anarchistes vis-à-vis de la violence individuelle. Un certain
      systématisme qui mettait dans le même sac Jacob et Landru, fait ici de
      n’importe quelle Albanie une Espagne. L’analogie avec les anarchistes n’est
      pas innocente, nous y reviendrons.

      Puisque, comme disent les téléologues, la théorie est primordiale, ne
      serait-ce qu’en tant que citadelle des fausses consciences, nous allons y
      entrer d’un pas gaillard et féroce. Sur les quelques points qui suivent, je
      prierais mes contradicteurs de ne pas s’arrêter aux quelques obus qui
      tomberaient à côté parce que je n’aurais pas entendu ce qu’ils disent (par ma
      faute ou par la leur), d’autant que ce ne pourrait être que quelques éclats
      épars, cette fois je vise le coeur !

      1. Une métaphysique nominaliste de la finitude (défense de l’infini)

      Il est selon l’OT une question centrale, qu’ils auraient le mérite d’avoir
      posée toute nue : « Tout à-t-il un fin ? ou non ? ». Ne pas ce poser cette
      question, ne pas en voir l’importance - qui reviendrait à y répondre
      implicitement « non », mais sans admettre les conséquences d’une telle position,
      serait alors l’aveuglement commun à la pensée bourgeoise et à la fausse
      pensée révolutionnaire.

      Sans accorder à la question l’importance qu’ils y mettent, on peut leur
      accorder une certain mérite : il est courant de refuser la question, même
      d’y répondre franchement « non », tout en rejetant l’infini, il n’est pas
      jusqu’à Engels qui ne le fasse.

      Notre thèse en est le contrepoint : "Non, tout n’a pas une fin, il est dans
      la nature de bien des choses de ne pas en avoir, et OUI l’infini existe,
      matériellement, sans paradoxe, sans mysticisme, c’est le fini qui est
      paradoxal, contradictoire, idéaliste".

      « Et bien, merde alors ! » se dit le lecteur attentif. Je le prie à ce stade,
      d’essayer d’oublier le reflexe conditionné de la pensée post-chrétienne de
      refus positiviste de l’infini. Et s’il s’en souvient, de repenser aux
      oscillations de Leibniz, tantôt défendant l’infini actuel, "réalisé en toute
      chose de la nature", construisant une analyse mathématique des quantités
      infinitésimales (première analyse « non standard »), tantôt le rejetant avec
      force, horreur paradoxale, contradictoire, attribut Divin. C’est bien le
      Divin qui impose le fétichisme du fini, c’est une question de prérogative.

      Avant d’aller plus avant, liquidons le paradoxe. Toutes les prétendues
      contradiction de l’infini sont logiquement équivalente à celle-ci :

      « Une partie est aussi grande que le tout. »

      Il revient à la hardiesse de Cantor, Bolzano et d’autres, d’avoir sans crainte
      inversé les faux semblants en posant que ce n’est pas une contradiction, que
      c’est la propriété essentielle de(s) infini(s), que le fini par contre ne
      peut prétendre à une caractéristique aussi simple, aussi homogène ou alors
      négativement : « est fini ce qui est toujours plus grand que ses parties ».

      Enfonçons le clou : l’infini est premier, matériel et réel, il est la base
      de la rationalité. Pas de physique sans infini (continuité), pas de
      mathématique sans infini, pas de théorie sans infini. C’est l’infini qui
      fonde la possibilité de toute généralisation théorique, sans lui il n’est que
      des situations particulières vaguement reliées par des analogies bancales.

      En voulant réaliser une téléologie positive (finie), en opposition avec la
      téléologie classique (métaphysique), l’OT subit pourtant les séquelles à
      rebours du mysticisme : dans la vision mystique la finalité est dans l’infini
      du projet divin. Éjectant ce divin, l’infini suit - bébé avec l’eau du bain.
      Dans la finitude on ne peut qu’assimiler finalité et fin, au sens courant du
      terme, que reste-t-il à faire alors ? Et bien, réaliser la fin du monde selon
      son concept, positivement « la fin de tous les petits humains », on ne dit pas
      d’où vient ce concept, mais bon, c’est bel et bien le positivisme du docteur
      Folamour, ou celui des non-O de Philip K. Dick. En tout cas, hors ce "selon
      son concept", la logique est impeccable.

      Mais la faute est le rejet de l’infini, qui force à tomber un nominalisme
      grossier, curieusement en fait c’est une étape vers l’idéalisme, c’est
      en celà que je vois dans l’OT tout en place pour donner une « petite religion ».

      La nature de l’homme se pensant comme espèce est dans l’infini, la nature de
      la vie est la dialectique du fini de la mort et de l’infini de l’espèce. La
      dialectique de l’histoire est cette même dialectique un niveau plus haut, entre
      civilisation et humanité.

      2. Une théorie du complot, vision polière en creux de l’histoire

      Ils y a beaucoup de forces en présence chez les téléologues, un certain
      machiavélisme stratégique, comme chez Debord, imprègne leur glose.
      L’« information dominante » (personnalisée) subit des « assauts » auquels
      manquerait cette même constance... Si Voyer a, à mon sens, raison de
      personnaliser les « maîtres du mondes », il ne tombe pas dans une telle paranoïa
      du complot, là encore il revient à Marx, d’avoir pointé que pour la caste
      dominante, il n’est nul besoin d’unité d’organisation : la simple communauté
      d’intérêt avec la mainmise sur les moyens d’action suffit à donner un
      caractère rationnel à l’ensemble des actions individuelles, "tous contre
      tous, tous avec tous" est bien la devise des marchands. Il faut bien
      reconnaître qu’il y a une totale absence de compréhension dialectique
      chez les télésectateurs !

      Si l’on suit une telle vision, « organisationiste » du monde, on voit des
      policiers partout, on voit d’ailleurs toujours partout ailleurs ce qu’on croit
      avoir le mérite d’être les seuls à rejeter, tous les ennemis sont donc des
      flics : bolcheviques, jacobins, Debord, Voyer, moi aussi je suppose...

      Les anarchistes arrivent en général au même point un peu plus directement :
      comme toute organisation de pouvoir est policière, les communistes sont des
      flics, cqfd. C’est curieusement aussi le point de vue du livre noir, de feu
      les soviétologues, sauf bien sûr, dans ce cas, pour le "moins mauvais des
      systèmes" du flic Churchill. C’est de l’idéalisme historique on ne peut plus
      grossier, la théorie contient le crime originel des bourreaux qui se réclament
      d’elle, même si c’est de la manière la plus grossièrement idéologique qui
      soit.

      3. Un utilitarisme théorique

      Car, comme encore le disait Guytounet (on se demande vraiment ou sont
      les neo-pro-situs !), la valeur de la théorie s’évalue à sa réalisation...
      Dans la finitude des téléos, celà ferme le verrou sur le communisme, le régime
      policier qu’est devenu la république des conseils entache les bolchéviques,
      et leurs parents, leurs chiens et leur chats, et ceci jusqu’à 10 générations en
      arrière (au moins), du sceau d’infamie, (c’est bel et bien le point de vue
      téléologique - classiques et modernes réunis), c’est aussi le point de vue de
      roquet des journalistes.

      C’est très typique, surtout dans un monde fini, d’enterrer les attaques
      passées sous un uniforme de policier, confectionné sur mesure. C’est comme
      celà qu’on fabrique de bien belles farces historiques.

      4. L’idéalisme du fini

      Pour conclure, revenons sur le point, que comme l’OT, je pense central dans ce
      semblant de débat, de l’infini.

      Les mystiques rejetent l’infini, attribut réservé à Dieu, les matérialistes
      vulgaires le rejettent pour la même raison. Le fini et l’infini sont des
      idées, des modèles, en vertu du principe de correspondance on peut en montrer
      des expressions dans le monde. N’admettre que le fini, qui est paradoxalement
      la plus bancales des deux notions, c’est enfermer le monde dans une contrainte
      idéale. La différence entre le cheval et l’esprit à cheval c’est cette
      conscience aigüe de l’infini de l’humanité. L’infini potentiel de l’humanité
      est l’infini actuel de la praxis individuelle. La préhistoire à une fin, pas
      l’histoire, nous sommes encore dans la préhistoire.

      La fin du monde c’est de ne pas en avoir.



  • mercredi 15 janvier 2014 à 15h06, par Cuneo

    Quadru n’est pas allé écrire pour cette merde du monde diplo et ne fait pas la promotion du stalinien Clouscard !
    au moins. Icône stal et soralienne.

    Amitiés A SQ



  • vendredi 17 janvier 2014 à 09h42, par B

    Conclusion :

    Petits flics qui arpentent les rues de Casablanca en confrontation avec père dominant et supérieur qui les humilie, tourner la page. Merci.

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