lundi 16 mars 2009
Le Charançon Libéré
posté à 11h25, par
22 commentaires
Je le savais ! Confronté à la montée du désespoir, ému par la détresse des licenciés, dégoûté de l’attitude indigne des multinationales, il se trouverait bien un membre du gouvernement pour virer casaque et dénoncer « la violence » que ces entreprises sans scrupules exercent contre leurs salariés. Et ? Ben… c’est Eric Woerth qui s’y colle. Chouette, n’est-ce pas ? Oui. A moins que…
Regardez :
Vous ne remarquez rien ?
Vraiment ?
Etrange…
On va réessayer encore une fois :
Vous ne notez rien de particulier ?
Bizarre…
Ça me semblait pourtant évident.
Et j’étais sûr que ça ne pouvait que vous sauter aux yeux.
Tant pis.
Puisque c’est ainsi, je vais vous faire un petit décryptage d’image.
Vous dire que c’est du désarroi qu’on lit dans les yeux espiègles du ministre du Budget.
Vous confier que c’est de la détresse que donnent à voir les sourcils si joliment froncés du trésorier national de l’UMP.
Vous indiquer que c’est l’appréhension qui imprime cet aspect tragique à la souriante face de clown.
Et vous assurer qu’Eric Woerth est inquiet !
Grave.
Si le ministre du Budget se ronge ainsi les sangs, c’est pour une bonne raison : « Ce qui nous inquiète, c’est la montée de la brutalité dans les entreprises », confie t-il au Parisien.
Et on se dit qu’il est heureux qu’il y ait au moins un gus au gouvernement pour avoir pris la température de la situation.
Pour avoir saisi combien le comportement de ces boîtes se comportant pis qu’une catin de bas-étage pouvait mettre le feu aux poudres.
Pour dénoncer « la brutalité » de Total, cette firme qui annonce 555 suppressions de poste quand elle a dégagé pour 2008 un pactole de 14 milliards d’euros en 2008 et décidé d’augmenter de 10 % la part des dividendes dévolue aux actionnaires.
Pour fustiger « la brutalité » de Continental, multinationale qui prend tellement ses 1 200 salariés de Clairoix pour des abrutis que ses dirigeants devraient être fusillés séance tenante, ou bien pendus en l’usine même avec comme corde les concessions et sacrifices qu’ils ont arrachés à leur employés.
Pour pointer, enfin, « la brutalité » des centaines de plans sociaux qui s’annoncent, chômage qui monte en flèche et désespérance sociale qui grimpe itou.
Hein…
Comment ?
Vous dites que je n’y suis pas du tout ?
Que je me plante dans les grandes largeurs ?
Qu’Eric Woerth ne s’alarme pas de « la brutalité » des patrons, non plus qu’il ne s’en prend à celle du système libéral ?
Qu’il joue juste la vierge effarouchée devant la montée de la grogne sociale, inquiet de voir des salariés si désespérés qu’ils usent de méthodes radicales, séquestrant leurs patrons ou occupant leurs usines ?
Qu’il tremble que ces mouvements de contestation s’étendent et que fleurissent mille Cellatex, Daewoo ou Duralex ?
Rhhhôôôôô…
Je ne peux pas y croire.
Eric Woerth n’est pas comme ça.
Quand même…