ARTICLE11
 
 

vendredi 21 mai 2010

Entretiens

posté à 16h31, par Lémi
25 commentaires

Alain Charlemoine : « Rappeler aux gens qu’ils ont le droit de s’insurger »
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Depuis celui de Gènes, il est de chaque sommet (anti-Otan, anti G8…) ; en première ligne dans les manifs, bataillant dans la Legal Team et figure de l’organisation des camps. Alain Charlemoine, militant allemand de No Border, était présent lors de la manifestation parisienne du 15 mai. On en a profité pour réaliser cet entretien, tour d’horizon de la répression made in Europe.

La manif No Border du 15 mai dernier à paris a soulevé quelques questions - nourrissant d’ailleurs un large et passionnant débat en commentaires de l’article que nous lui avions consacré. Pourquoi si peu de présents ? Comment expliquer un tel déploiement policier ? Faut-il s’en réjouir, estimer que le pouvoir a les chocottes ? Ou bien y voir la dernière mouture, acceptée, d’un État policier désormais sans complexe ? Vaste débat.

Ce qui n’est pas en débat, par contre, c’est l’augmentation de la répression policière dans toute l’Europe. Du procès inique des insurgés de Villiers-Le-Bel (très bien résumé par Allessi Dell Umbria, ici) à la grande mascarade policière de Copenhague, de la récente manif anticarcérale parisienne (110 personnes interpellées, soit la quasi totalité du cortège) au camp No Border de Calais littéralement assiégé par les forces de l’ordre, des sans-papiers de Calais à ceux de Berlin, les signaux se multiplient, s’accumulent à l’horizon. Ciel lourd. D’autant que l’indifférence générale - voire l’apathie - progresse.

Pour parler de cette situation sans tomber dans les clichés, l’allemand Alain Charlemoine1, militant No Border de la première heure, figure des sommets anti-capitalistes européens et très actif dans le milieu militant berlinois (notamment au sein de l’Association pour la mémoire d’Oury Jalloh, cf. ci-dessous), était tout indiqué. Article11 l’avait déjà rencontré à Strasbourg, alors qu’il était l’un des animateurs de la Legal Team, bataillant pour que les manifestants embarqués ne soient pas abandonnés à leur sort (entretien ici). On l’a retrouvé - avec plaisir - lors de la manif du 15 mai. Toujours aussi motivé, sympathique et souriant, ravi des liens tissés avec le mouvement No Border français, il s’est gentiment prêté à l’entretien, revenant notamment sur l’aggravation de la répression policière dans l’Europe forteresse et sur certaines impasses du mouvement militant français. Ni grande gueule ni dogmatique, simplement pragmatique.

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A Berlin, le milieu militant s’est notamment mobilisé autour du cas d’Oury Jalloh…

Oui, c’est une de nos batailles depuis longtemps, avec - entre autres - l’Association pour la Mémoire d’Oury Jalloh. Oury Jalloh était un demandeur d’asile en provenance de Sierra Leone. En janvier 2005, il a été retrouvé brûlé vif dans sa cellule de prison de Dessau, alors qu’il avait été attaché et menotté sur un matelas inflammable. Les flics ont éteint l’alarme incendie et les haut-parleurs quand ils se sont déclenchés. Plus tard, ils ont affirmé avoir retrouvé un briquet dans la cellule, qui aurait échappé à la fouille intégrale. Menotté, Oury Jalloh se serait lui-même immolé par le feu. Bref, rien n’est crédible dans cette affaire2. D’autant que la deuxième autopsie a mis à jour diverses fractures sur son corps.

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Nous nous battons depuis cinq ans pour élucider les circonstances de sa mort. Le cas est passé par trois juridictions différentes, dont la cour suprême fédérale, qui nous a forcé à recommencer la procédure depuis le début. Mais nous avançons. Il faut que ces policiers soient condamnés, qu’ils ne restent pas impunis. Récemment, nous avons gagné le droit d’intervenir dans le procès et d’avoir accès aux pièces du dossier. C’est déjà une victoire. Par exemple, dans le cas de Carlos Giuliani, assassiné par la police de Gènes en juillet 2001, personne n’a pu intervenir dans l’acquittement des policiers impliqués.

En parallèle, j’imagine qu’un travail de fond contre la répression policière est indispensable ?

Bien sûr. Le cas d’Oury Jalloh est particulièrement horrible, mais il est symbolique. Nous tentons de sensibiliser tout le monde – sans papiers, militants, jeunes de banlieue – à ces questions de répression policière. Par exemple, à Berlin, nous avons lancé une campagne d’information intitulée « qui nous protège de la violence policière ? » C’est une question fondamentale. Parmi nos revendications, nous demandons qu’il y ait des vidéos dans les bagnoles des flics, que nous puissions assister aux formations des CRS et nous poser en observateurs.

Il est difficile de résister à cette répression, de s’insurger ; ça demande que tout le monde s’unisse, dise non ensemble. C’est un bon dénominateur commun des militants, tout le monde est concerné. Pour avancer, il faut dépasser les dissensions entre groupes d’extrême-gauche.

En France, on entend finalement peu de critiques sur cette répression qui gagne du terrain.

C’est évident que cela demande un travail de sensibilisation. Le pouvoir utilise toujours le même moteur auprès de l’opinion : la peur. La peur de l’étranger, des banlieues… Pour casser cette peur, il faut dialoguer, tout le temps, rappeler aux gens qu’ils ont le droit de s’insurger, de résister. En fait, ce serait bien de reprendre le modèle grec : tous ensemble dans la grève, les grands-pères avec les jeunes.

En Europe, personne n’est à l’abri. Et surtout pas la France. Hier, en arrivant à la Gare de l’Est, je suis tombé sur des militaires armés de mitraillettes ; et on m’a dit qu’ici c’était banal, ce que je trouve effarant. Partout, la libre-circulation est mise à mal, la démocratie bafouée. Il faut ouvrir les yeux : on vit dans des États policiers. En France, vous avez un grand nombre de cas de jeunes maghrébins assassinés par la police. Il faut politiser ces cas, les mettre en avant, expliquer ce qui se passe.

Je n’aime pas le discours tendant à faire de chaque pays un cas particulier, cette rengaine militante du « oui mais chez nous »… Toute l’Europe est concernée par la hausse de la répression. L’Europe de la forteresse, l’Europe des flics, est désormais bien en place. Quand les flics encadrent une manifestation comme celle du 15 mai à Paris, ils le font à la manière allemande, en encerclant les manifestants. De même à Copenhague, pour le sommet climatique de décembre 2009 : les Danois ont opéré selon un modèle qui risque de se généraliser, l’arrestation massive. On a vu ça en France récemment, avec une manif anticarcérale déclarée où tout le monde s’est fait embarquer. Bref, c’est un mouvement global, nous sommes tous concernés : il est devenu impossible de manifester librement.

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On a l’impression qu’il y a un gouffre entre le tissu militant français et ce qui se passe en Allemagne, à Berlin en particulier. Hier (samedi 15 mai), nous n’étions qu’une centaine à la manifestation organisée par No Border. Le même jour, trois cent personnes se réunissaient à Berlin pour soutenir cette action devant le consulat français. Ils étaient trois fois plus alors que la manifestation principale était à Paris. Comment l’expliques-tu ?

Je pense qu’en France, les groupes de gauche libertaire, qu’ils soient anarchistes ou antifascistes, restent trop habités par l’idée de pouvoir, d’influence. On a déjà souvent eu cette expérience avec vous : il y a un gros problème de verticalité, de volonté de diriger. Tant qu’il reste cette volonté de prise de pouvoir, il n’y a pas de collectif.
C’est dommage, parce que ce collectif a en réalité toutes les raisons d’exister. Tous ces groupes sont concernés par la répression policière, qu’ils soient anarchistes ou communistes, punks ou antinucléaires. Ce qui est vraiment étonnant, c’est que cette gauche libertaire a aussi tendance à croire ce que disent les médias. Les médias mettent No Border et Legal Team au même niveau que le Black Block, qu’ils caricaturent allégrement (le Black Block n’est pas né à Seatle, il vient d’Allemagne, et il s’est exprimé pour la première fois à Cologne, pour le premier G8 ; c’était une fraction d’une grande manifestation, qui menait des actions précises), et tout le monde reprend ça, nous considère comme ultraviolents.

En Allemagne, vous avez dépassé ces querelles de chapelles ?

Oui, on est à un autre niveau. On a utilisé ce dénominateur commun dont je parlais, à savoir la répression et la violence policière, pour unir tous les groupes. Tout le monde est dans le même bateau, c’est ce qui construit le collectif. Grâce à ça, nous nous sommes réunis dans une coordination, nous organisons des manifestations ensemble.

C’est ce qui explique la réussite de manifestations comme le premier mai à Berlin ?

En partie, oui. Cette année, nous avons réussi à bloquer les fachos qui voulaient manifester ; ça a été un vrai plaisir. Toute la journée, nous avons organisé des blocages.
Mais le SPD et les verts ont aussi participé à la chose, nous laissant les points les plus chauds. Résultat, les fascistes ne sont pas passés. Il y a eu des affrontements avec la police – une autre forme de fascistes – mais ils ne sont pas passés.

Comment fonctionne No Border ?

Tu ne peux pas mettre No Border dans une structure, parce que ce mouvement est constitué de réseaux. No Border est né en Allemagne, et s’est beaucoup développé dans certains pays, en Angleterre par exemple. À Paris, No Border n’existe que depuis quatre mois, ils se construisent encore, c’est encourageant. Mais à Berlin, par exemple, on a un champ d’action très large. Nous soutenons aussi bien les sans-papiers que les précaires et les chômeurs. Même chose pour la Legal Team, née de No Border, qui ne se focalise pas sur les militants ou les demandeurs d’asile, mais apporte aussi - par exemple - une aide au clochard confronté à la violence policière. La violence policière fait aussi partie d’une violence sociale, il ne faut pas l’oublier. C’est une structure capitaliste globale.

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No Border appelle à un regroupement des luttes. Par exemple, les occupations de Pôles Emploi, en France, sont des actions qui devraient fédérer tout le monde. La gauche alternative ne soutient pas assez ce genre d’actions. C’est une erreur. Nous on dit « No Border », mais ça ne désigne pas que les frontières entre pays : soutenir les mouvements sociaux, c’est aussi très important.

No Border – comme le black block, d’ailleurs – accouche de pas mal de fantasmes, jusque dans les rangs de la gauche militante…

Tu as raison. Le truc inadmissible, quand tu essayes de penser à tout ça à tête reposée, c’est que la gauche libertaire joue le jeu des médias et du pouvoir sur le sujet. Pourquoi avoir besoin d’un responsable ? Les No Border et les black blocks n’ont pas de responsables, et ça ne plaît pas aux autres collectifs. Alors que c’est fondamental. Tu n’as pas besoin d’un responsable, tu es responsable de toi-même. On est dans un réseau qu’on coordonne de manière collective, il n’est pas question que quelqu’un prenne l’ascendant. C’est quelque chose qui emmerde souvent les Français, ils ont besoin d’un leader. Nous, on démontre par nos actions et par nos camps que nous pouvons gérer sans nous encombrer de leaders.

Le tissu militant français aurait du mal avec toute forme d’organisation horizontale ?

Oui, c’est dommage. Il faut changer de mentalité. Nos camps fonctionnent beaucoup par les cuisines, par exemple, sur le modèle des barios (quartiers). Nous organisons des assemblées collectives dans lesquelles tout le monde peut prendre la parole. Et dans les barios, il y a des délégués élus, avec une rotation. Tout le monde est engagé. Il ne faut pas que les gens viennent comme consommateurs, mais qu’ils participent, chacun à leur manière.

C’est très important de dire que tout le monde est au même niveau. Dans beaucoup de sommets anti-G8 - ou à Strasbourg contre l’OTAN - on rencontre des militants activistes qui se pensent supérieurs, méprisent ceux qui font la cuisine ou restent au camp pour s’occuper de logistique. C’est stupide. Celui qui fait la popote a la même importance que celui qui est dans la rue. Il faut arrêter de juger ceux qui fonctionnent différemment. Certains se sentent mal à l’aise s’il y a des affrontements, s’esquivent quand ça pète, et c’est normal, ils ont la même importance que ceux qui sont en première ligne.
Personnellement, j’ai souvent fait la cuisine, je suis resté dans les camps pendant les manifs, et c’est un boulot monstre. C’est la même chose pour le Medical Center ou les structures d’aide juridique : c’est tout sauf secondaire.

Adopter cette mentalité, ça demande un gros boulot, non ? Il y a un travail à mener sur le long terme…

Bien sûr. Il faut saisir chaque occasion de diffuser le message, en parler lors des réunions. Reproduire les structures hiérarchiques de la société capitaliste dans les mouvements de contestation est totalement contre-productif. Il faut casser tout ça. Nous sommes tous logés à la même enseigne. D’ailleurs, si les flics viennent dans le camp, on se défend tous : c’est un lieu de vie autogéré, symbolique et pratique.

Pourquoi est-ce que les militants allemands se coulent plus facilement dans ce moule ?

D’abord, il y a l’héritage des squats, qui ont été très importants dans la vie alternative. Et puis, l’Allemagne fonctionne sur un modèle fédéral, ça joue beaucoup dans la mentalité. En France, vous fonctionnez depuis des siècles sur un modèle centralisé. Et ça se répercute aussi sur les mouvements de gauche radicale, tous centrés à Paris.

D’ailleurs, si j’ai un message, c’est celui-là : il faut arrêter de se tirer dans les pattes, construire quelque chose collectivement. Et puis, il y a une certaine forme d’ascétisme dont il faut se débarrasser. Ce n’est pas parce qu’on est militants qu’il faut s’empêcher de vivre. Il ne faut jamais s’interdire de danser ou écrire. Décompressez ! Faîtes la fête, rigolez ! Chez les anticapitalistes, il y a finalement beaucoup de gens qui tirent la gueule, je trouve ça triste. S’ils prenaient le pouvoir, il faudrait sûrement les combattre. C’est sans fin…

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Vous êtes en train de mettre en place un grand sommet No Border à Bruxelles, du 25 septembre au 3 octobre. Vous ne craignez pas que se reproduise ce qui s’est passé à Copenhague, une répression systématique ?

À Copenhague, on s’est retrouvés à 600 personnes assis par terre pendant des heures, attachés, c’était très désagréable. C’est une nouvelle technique de répression qu’ils vont sûrement généraliser. D’autant que pas grand monde n’a protesté : c’est au fond un scandale qui ne scandalise pas grand monde.

Je pense qu’ils vont réutiliser cette technique bientôt, au prochain sommet du G8 à Cannes, en juin 2011, et peut-être à Bruxelles avant. Mais il ne faut pas se laisser impressionner, au risque de ne plus rien faire. Il faut se battre. Ils ont déjà réussi à dénaturer certaines manifestations, en France comme en Allemagne : plus personne ne veut les déclarer en raison des risques encourus.

Par contre, il y avait un problème d’organisation à Copenhague : il n’y avait pas de village alternatif, de camp. Dès qu’il y a un sommet, il faut prévoir un camp, c’est essentiel. Ça permet de sécuriser et de décompresser. À Strasbourg, par exemple, les flics ont essayé de rentrer dans le camp, mais ils se sont fait refouler. Ce type de lieu crée un sentiment d’appartenance, de collectif. Dans le cadre d’un camp, les gens sont davantage prêts à se défendre, à se battre pendant trois-quatre jours pour ce lieu qu’ils partagent tous ensemble. Ça rejoint ce que je disais sur l’importance de la fête : à Annemasse (juin 2003, contre le G8), on ne faisait pas que manifester, on vivait ensemble. Pareil pour Strasbourg. Cette mentalité est précieuse, car elle crée du lien, permet de dépasser le niveau primaire de la lutte.



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2 Plus d’information sur le cas d’Oury Jalloh ici.


COMMENTAIRES

 


  • Distance
    je veux bien considérer « l’aménité charmante » des Allemands

    mais ça doit pas nous distraire d’une chose :

    état des lieux :
    L’Etat français est centralisé, c’est son originalité. C’est comme ça.
    c’est pas d’aujourd’hui que c’est un pays de flics au sens propre et surtout au sens figuré.
    c’est inhérent à la société.
    Numéro un en Europe, sûrement.
    et par conséquent qui se rebiffe est catalogué vite fait ultra-violent.
    c’est l’image qui est donnée. c’est vrai.

    mais , c’est peut-être parce qu’en France il y a trop de conventions
    que ça pète.
    ça se situe au niveau des conventions , des mentalités, il a raison.
    mais ce qu’il désigne à sa façon par « niveau primaire de la lutte ».
    je préférerais dire que c’est parce qu’en France règne un anticommunisme primaire officiel et historiquement, les Allemands n’y sont pas étrangers...

    en tout cas, je crois pas que ce qu’ils font en Allemagne puisse servir de modèle absolu
    mais faire évoluer les mentalités réciproquement, si.



  • S’insurger ! Arrêtes, le pays est devenu un monde tarlouzes, il est bien loin de s’insurger ! Tu crois quoi, chaque jour qui passe, sarko mesure le seuil de tolérance et il a encore de la marge devant lui...

    • Les articles du Jura libertaire sont encore plus explicites :

      il ne s’agit pas, bien sûr, de commandos mais de militants qui, en conduisant leur mouvement, réorganisent les services pour permettre à la population de surmonter ses difficultés. Ils en sont à l’initiative.

      Donc ils agissent dans le respect de la DÉMOCRATIE OUVRIÈRE et c’est bien ça qui est jugé comme interférant avec les autorités policières officielles.

      Les autorités policières sont là pour rabaisser les gens, pour leur filer encore plus la honte, pour les humilier chaque jour davantage et les empêcher de réagir, pour les brutaliser.

      Les gens sont pas forcément tous des tarlouzes.

      les tarlouzes, faut donc considérer que c’est un épiphénomène et pas l’inverse.
      d’ailleurs Lémi , il doit pas avoir le même look que Lemmy Kilmister à mon avis.

      Faut pas oublier que, même si on a le droit de s’insurger, on est pas tous à égalité face à un même problème ( c’est un des fondamentaux aussi ).

      autrement peut toujours y avoir des surprises !

    • Comment ça ? c’est quoi le problème avec les tarlouzes ?
      Ce site n’est pas modéré, une remarque homophobe passe comme ça sans réaction ?
      Voilà peut être une des raisons pour laquelle il est difficile d’avoir une entente entre les militant-e-s.
      Y aurait les vrais, les couillus, et les autres, les tarlouzes ?
      En tout cas, le seuil de tolérane des militant-e-s est bien bas aussi.
      Pour finir, j’ai juste envie de te traiter de sale connard homophobe.
      A bon entendeur.

      • @ Fuel_injected

        Niveau primaire de l’intervention... Ceci dit, il est certain que le seuil de tolérance semble loin d’être atteint, ils auraient tort de se gêner.

        @ Big brother

        Ouaip, le Jura Libertaire est sûrement le meilleur endroit pour qui veut suivre au jour le jour l’avancée de la répression. Un boulot de dingue (gloire au jura).

        @ Miguel

        D’accord dans le principe, pas très malin. Après, de là à faire appel à Docteur Modération et à crier à l’homophobie, mouaip, il y a un pas que je ne franchirais pas. D’autres chats à fouetter.

        Ps : ceci dit, ce que tu dis (Y aurait les vrais, les couillus, et les autres, les tarlouzes ?) rejoint les propos d’Alain Charlemoine : faire une hiérarchie entre les militants qui se la jouent warrior et ceux qui sont plus dans la logistique, c’est juste stupide.

        • « Après, de là à faire appel à Docteur Modération et à crier à l’homophobie, mouaip, il y a un pas que je ne franchirais pas. D’autres chats à fouetter. »

          Eh bien moi, je le franchis le pas. J’en ai marre que des orientations ou pratiques sexuelles soient utilisées comme des insultes. Et quand quelqu’unE en fait la remarque, elle/il a toujours le droit à des réponses du genre « mais non, c’est pas homophobe, c’est juste une expression » et parfois c’est la totale, on a même le droit à un « en plus j’ai un ami pédé ». C’est vraiment se foutre de la gueule du monde.

          Dans cette article, il est entre autre question de dépasser les querelles de chapelles, et c’est pas en minimisant des propos homophobes ou en hiérarchisant les luttes (« d’autres chats à fouetter ») qu’on va y arriver.

          • @ Dendrobate

            Bon, je me doutais que ça allait revenir sur le tapis (d’ailleurs, bordel, j’aurais mieux fait de le virer, pour ce que j’en ai à foutre). Entendons-nous bien, le premier salopard qui vient faire une remarque clairement homophobe sur le site se verra immédiatement dégagé. Sans discussion. Mais, je vire pas un commentaire simplement parce qu’il est con.

            Le « d’autres chats à fouetter » ne s’adresse pas à cette question particulière (la cause homosexuelle), de loin (d’ailleurs, je déplore (et vais tenter de réparer, à plus ou moins long terme) le fait que ce sujet soit absent d’Article11), mais aux sempiternels débats centrés sur des mots passés dans le domaine courant. C’est une question de perception, mais il me semble que « tarlouze » n’a plus grand potentiel destructeur et insultant pour la communauté gay qui ne se prive pas pour l’utiliser (Didier Lestrade, ici : On prend ses mains de petite tarlouze (moi j’ai le droit de le dire, j’étais pédé BIEN AVANT Delanoë) et on prend le problème...) En clair : tout est question de contexte. Que la remarque plus haut (qui n’est pas de mon fait, rappelons-le) soit débile et quasi loulounicollinesque, je l’admets. Pour le reste, je ne suis pas commissaire des mots, j’ai déjà bien assez de mal à me débrouiller avec les miens. Démission ? Que dalle. Simplement, il est parfois réducteur de sortir tout de suite les grands mots sans connaitre le contexte d’énonciation.

            Tiens, sur le sujet du basculement de certains mots, il y a un très bon épisode de South Park, ici : où comment le terme « tapette » se retrouve finalement beaucoup plus adapté pour désigner les conducteurs de harley (bikers) que les gays.



  • Merci beaucoup pour cette interview : c’est rare et ça fait plaisir de lire quelqu’un qui ne raconte pas que des conneries. Pour la france, il est en effet frappant de voir que même la répression n’a pas (encore ?) permis d’obtenir plus d’unité.

    Le point positif à cette situation c’est que ça permet de savoir où sont les ennemis.



  • Ils en ont non seulement le droit mais aussi le devoir ! Mais bon comme depuis déjà pas mal de temps il est de bon ton d’être « ouiouiste » ....



  • Merci pour l’entretien et le compte-rendu.

    Deux-trois choses (parmi toutes celles qui méritent débat ) :

    « Tous ensemble dans la grève, les grands-pères avec les jeunes »

    Tout est fait et tout sera mis en œuvre par l’État pour qu’aucun lien ne se fasse entre les différentes générations et mouvements de contestation.

    Tu n’as pas besoin d’un responsable, tu es responsable de toi-même...C’est quelque chose qui emmerde souvent les Français, ils ont besoin d’un leader...

    C’est le plus gros souci ici, en France, les gens ont peur de se lancer dans quelque chose... d’assumer une responsabilité. C’est pour ça qu’ils préfèrent se fondre dans des assos-orgas « classiques et reconnues » subventionnées et d’utilités publiques...

    Le fait de suivre un leader empêche toute prise de conscience nécessaire (peur - doute - réflexion - résilience ) à assumer sa propre implication, à différent niveau, dans une lutte. Tout le monde a sa place dans la lutte, mais surtout tout le monde doit se sentir à sa place dans la lutte.

    c’est au fond un scandale qui ne scandalise pas grand monde

     × Notre « pire ennemi » n’est pas forcément le « gardien de la paix » mais l’indifférence de la base. C’est une guerre de communication.

    on ne faisait pas que manifester, on vivait ensemble. Pareil pour Strasbourg. Cette mentalité est précieuse, car elle crée du lien, permet de dépasser le niveau primaire de la lutte.

     × C’est exactement ce que je me tue à dire chez nous ... organiser un petit repas, boire un coup (ou plus) tout en discutant en petits comités.
    La réu mensuelle (forcée) avec points du jour plus ou moins préparé qui s’étire en blabla jusqu’à la prochaine réu mensuelle accouche généralement de pas grand chose ou bien généralement se sont toujours les mêmes qui font.

    Créons du lien, rencontrons nous, aussi, en-dehors des terrains de luttes aseptisés...



  • « D’ailleurs, si j’ai un message, c’est celui-là : il faut arrêter de se tirer dans les pattes, construire quelque chose collectivement. »

    Il a mille fois raison ! Mais bon, en France, on est plus prompte à se coller une étiquette rouge/noir, et à gloser sur la subtilité des différentes teintes à l’intérieur d’une couleur.
    Et si rien ne permet de faire la différence entre deux chapelles ? On porte bien en évidence le drapeau qui permet de se reconnaitre entre nous.

    Et bien entendu, on place immédiatement ses actions vers l’Idéal sur une échelle allant des principes au pragmatisme, et à partir de cette position on passe notre temps à mesurer le degré de pureté de ceux qui sont au dessus ou en dessous : les faits, la réalité, la progression des idées, qui s’en préoccupe ?

    Et je terminerai par une autre de ses paroles :
    « Tout le monde est dans le même bateau, c’est ce qui construit le collectif. »

    Merci pour cet article.
    Bien à vous,

    • Et si rien ne permet de faire la différence entre deux chapelles ? On porte bien en évidence le drapeau qui permet de se reconnaitre entre nous. C’est l’évidence. Si on se tapait pas les uns sur les autres en permanence, de quoi parlerait-on ? Il faudrait se coltiner la triste réalité contemporaine. Autant continuer à se foutre sur la gueule avec ceux qui partagent les mêmes idées...

      Dans ces conditions, oui, le discours de M. Charlemoine est un grand bol d’air frais (et d’espoir). D’ailleurs, c’est lui qu’il faut remercier.



  • La difficulté de faire naître et prospérer en France ce type d’organisation est la même que celle qui explique l’absence de succès de tout véritable milieu culturel alternatif. Il en va des dissidences politiques comme des marges culturelles : vérolées par des querelles d’egos et un dogmatisme prononcé. Je passe sous silence le jacobinisme étatique et l’idéologie répressive qui ont toujours étranglé les mouvements alternatifs d’où qu’ils viennent, soit en les criminalisant, soit en les spectacularisant (cf. les mouvements culturels hip-hop et techno). En France, on ne doit pas sortir des schémas préexistants, et puis surtout, il y a toujours un leader pour expliquer que lui a tout compris et que l’on doit lui emboîter le pas - tout autre leader étant plus ou moins rapidement taxé de « socio-traître ». A titre d’exemple, les querelles entre les types de « Multitudes » et la bande des « Tiqqun », qui pondent des textes longs comme mon bras pour se tirer dans les jambes.

    On a souvent dit que la tactique des gouvernants était de « diviser pour mieux régner ». On l’a dit de Mitterrand comme de Sarkozy (à ceci près que la stratégie du Mini Me procède d’une vraie idéologie de destruction des équilibres sociaux). Mais qu’est-il encore besoin de « diviser » en France ?

    • mardi 15 juin 2010 à 21h14, par a(r)gent MACDOllars (clown army)

      dans tous les cas rdv au no border de Bruxelles... et pour info ce weekend des 19 et 20 juin ya un weekend de préparation pour ce même camp...

      et bonne nouvelle : en plus de Paris qui construit son antenne No Border, Calais qui a la sienne et qui est sans doute la plus active en France... celle de Lyon émerge doucement !!!

      d’ailleurs si ya des motivéEs vers Lyon (j’ai aussi des contacts à Marseille de gens chaud !) contactez la smala du Ramassis (leramassis@gmail.com ou voyez le site leramassis.free.fr)

      entre autres idées de ce Ramassis (ni collectif, ni groupe, mouvement ou parti mais Ramassis d’individuEs), expérimentez l’autogestion et donc l’horizontalité... pis aussi la non spécialisation (comment et pourquoi se spécialiser dans une lutte particulière quand toutes nous concernent : NO BORDER !!!) ou encore la participation au Collectif Friche Autogérée Artistique : Usine en friche de 35 000 m2 en plein cœur de Lyon menacée d’expulsion ce 31 juillet 2010 !

      en gros appel à mobilisation (voir le site http://www.friche-rvi.org/V3/index.php ) pour sauver ce lieu unique et de plus antenne locale No border, Camp Action Climat, Vélorution et tant d’autres merveilles...

      merci à notre ami allemand et à très vite pour en finir avec les chefs !!!

      quelques idées, remarques, questions en guise d’ouvertures :

      suis-je fou si je dis ne pas avoir d’ennemi humain ? c’est à dire que si je souhaite profondément le bonheur de touTEs puis je considérer ne serait ce qu’une personne comme ennemie ?

      la bienveillance a-t-elle des ennemis ?

      le fait d’avoir des ennemis n’empêche-t-il pas automatiquement l’unité, la convergence, le dialogue ?

      je pense pour ma part qu’il est possible et même nécessaire de différencier le mal du malade... je veux dire par là combattre comme un ennemi la haine, la violence, la torture, la prison ; etc oui mille fois oui mais pas celui ou celles qui est violentE, haineux, etc...

      est ce possible ?

      suis je compréhensible ?

      s’attaquer au mal et pas aux malades ?

      et enfin une phrase qui me trotte dans la tête : « ce n’est pas la fin qui justifie les moyens mais les moyens qui justifient la fin... »

      à plouf !



  • J’ai rencontré Alain à Anemasse, je sais qu’il y a un certain nombre de point ou je ne suis pas d’accord avec lui (l’ouverture avec des structures plus réformistes par exemple). Et puis il a toujours un côté « moi je sais » qui m’énervent, et la question du pouvoir a pas toujours été une discussion facile avec lui, au delà des poncifs. :)

    Je pense que le regard qu’il porte sur la gauche radicale française date un peu de ce camps là, où de fait la plus grande partie était gérée par les orgas, et où le pouvoir (conséquence de l’affirmation précédente ?) était très présent au réunions de préparation.

    Il faudrait clarifier de quelles gauches radicales il parle... A quel panel représentatif de ces gauches a-t-il été confronté. Parce qu’il décrit me parle dans un milieux, le plus organisé, mais il est bien loin de ce que je vois dans la rue ou chez les plus jeunes.

    En plus, je ne suis pas sûr qu’il comprennes vraiment la situation française. En Allemagne, il existe encore une sorte de « front de gauche », les alliances sont bien plus possibles. Ici Miterrand a fait son office, l’idée d’un front de gauche est morte et peu de gens l’espèrent. Ca aura servi de leçon, j’espère qu’Alain ne l’apprendra pas de cette façon (ca a pas l’air partie pour).

    Et puis un ou deux truc me font tiquer dans son intervention :

     × « En France, vous avez un grand nombre de cas de jeunes maghrébins assassinés par la police. Il faut politiser ces cas, les mettre en avant, expliquer ce qui se passe. » Ca me parait assez en opposition de avec ce que peu dire Alessi Dell Umbria. C’est vraiment une posture militante de dire ça.

     × « Parmi nos revendications, nous demandons qu’il y ait des vidéos dans les bagnoles des flics, [..] » Ca me fait flipper de l’entendre revendiquer plus de caméras. On peut lui dire qu’en France c’est déjà le cas, et que jusqu’ici elle permette juste aux flics de filmer les gens qu’ils aiment pas pour avoir leur tronche. Qu’on me montres un cas ou ca a servi a quelque chose ?



  • mercredi 6 octobre 2010 à 22h35, par un-e anonyme

    wow vu tous les commentaires c’est une goutte d’eau
    rapide donc :
    2 choses me genent vraiment. mais vraiment
    1. la discussion sur les differences allemandes francaises, elle se base sur le fait que le rassemblement no border paris en mai dernier a mobilise peu de monde...hey, la france et paris c’est heureusement different, il y a de nombreuses personnes impliquees en france pour la liberte de circulation, un camp no border s’est deroule a calais lan passe, on ne peut pas dire quil n’y a pas de mobilisation meme si elle sest faite ailleurs qua paris jusquici. Wakeup, sort de ton arrondissement et sa frontiere !!!!!
    2. depuis quand il y a des « dignitaires no border » dont on donne les louanges pour leur implication dans « lorganisation » (laquelle ?, je vous rappelle quon parle d’autogestion !!) comme on le fait de cette personne qui, a mon sens, devrait etre un anonyme parmi tant dautre dans le reseau nb ?

    mais merci pour l’initiative , juste faire gaffe, la on seloigne un peu des faits quoi...



  • Article intéressant et commentaires encore plus intéressants !
    Merci à vous tous pour ces éclairages et ces points de vue.... bien qu’un final je ne sais plus quoi en penser
    Avocat franco allemand

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