ARTICLE11
 
 

lundi 11 janvier 2010

Le Charançon Libéré

posté à 10h23, par JBB
42 commentaires

Copé vs Ben (burqa) Laden : Allah est pas si akbar que ça, Jean-François lui a mis sa race…
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Pour faire barrage à ces hordes mahométanes cachant leur figure et leur soif de mettre à bas le monde libre sous d’opaques tissus, un homme, un seul : Jean-François Copé. Courageux, téméraire voire intrépide, vive incarnation de l’esprit des Lumières aussi, l’homme n’a pas hésité à affronter une porteuse de burqa sous l’œil des caméras. Un combat épique, comme l’époque.

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D’ordinaire (déjà), les voies de la communication politique sont très pénétrables.

Mais en nos temps de trouble médiocrité, lesdites voies se muent carrément en autoroutes.

Et il faut voir les ténors de la majorité emprunter gaillardement ces vastes rubans d’asphalte, accélérateur en coin et sur fond de grossiers roulements de tambour, pour comprendre combien le culot des hommes de pouvoir a désormais atteint des hauteurs stratosphériques, tout autant que leur mépris pour ceux dont ils se prétendent les représentants.

Je te l’accorde, rien de très neuf en cela - la communication n’a jamais été autre chose que la capacité à prendre (plus ou moins subtilement) ses interlocuteurs pour des cons.

Mais le phénomène a pris de telles proportions que le défunt Joseph Goebbels, publicitaire prospère s’il en fut, en resterait muet, transi d’admiration et même un peu jaloux.

Et il faut rendre gré à l’époque d’avoir donné de nouvelles lettres de noblesse au terme « propagande ».

C’est déjà ça.

-

Au petit jeu du « je-prends-les-gens-pour-des-cons-en-leur-montrant-qu’ils-le-sont », plusieurs participants se haussent du col pour s’attirer les faveurs des crétins.

Et cette âpre et rude compétition les voit se passer le relais, défilant à la tribune en un ballet parfaitement déréglé et ne se reconnaissant qu’une seule loi, sinon celle des egos : pas de temps mort.

En sorte que si le spectacle ne cesse jamais, il varie en qualité et intensité, au gré des coups d’éclat et inspirations personnelles, des baisses de rythme et inégalités de talent.

Pis que la météo…

Au baromètre du jour, le très ambitieux Jean-François Copé se trouve ces temps-ci en pleine grâce, voire carrément en lévitation.

Multipliant les prises de position et coups médiatiques gagnants.

Et surfant sur un contexte très favorable, entre l’usure de ceux au pouvoir (camarades de parti et pourtant adversaires), la sortie d’un livre consacré à sa présidentielle ambition, Copé, l’homme pressé, et les justes bénéfices d’une brillante stratégie politique mêlant surenchère et contre-feux, tactique consistant à souffler dans le sens du vent tout en se l’appropriant à son profit.

C’est un art.

-

Cette tactique qu’il maîtrise à la perfection, Jean-François l’a mise en branle à propos de la burqa.

Et le Rastignac de l’UMP - Élysée, à nous deux ! - n’a jamais été aussi bon que depuis qu’il a repris à son compte l’hystérie identitaire sur le sujet, feignant de poser les questions dans les médias pour mieux donner les réponses à l’Assemblée nationale, super VRP d’une loi qui sera examinée en avril et de laquelle il compte bien tirer de très durables et savoureux marrons.

Copé est partout, donc.

Agite sans cesse le rouge chiffon de l’habit noir, jusqu’à dire sa crainte que « la burqa devienne du dernier chic », comme si les boutiques de l’avenue Montaigne attendaient la première occasion pour inonder la mode occidentale de prêt-à-porter salafisto-compatible…

Et s’ingénie à apparaître comme le dernier rempart législatif face au déferlement islamiste, ultime sauveur apte « à apporter une réponse très rapide à une situation extrêmement grave ».

Il est notre Charles Martel parlementaire, enfin.

Après lui, le déluge, les ténèbres et l’obscurantisme, pour les siècles des siècles.

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En cette médiatique guerre, sécuritaire autant que fratricide, le bouillant Jean-François, épée au côté et cor prêt à sonner, vient de marquer un point décisif, réussissant l’un de ces coup de communication indécents dont Nicolas Sarkozy s’était fait le spécialiste.

La chose s’est - comme de juste - jouée à la télévision, samedi soir, dans Salut les terriens !, sur Canal +.

Et il n’est sûrement pas anodin que ce soit dans une émission de Thierry Ardisson, qui se pique de faire parler les acteurs de la supposée grande histoire de leurs petites affaires.

Lequel animateur n’a pas dû se poser trop de questions quand s’est faite jour l’idée de personnifier l’affrontement entre les lumières et l’obscurantisme.

De mettre en scène l’ultime combat entre le bien (occidental) et le mal (mahométan).

De symboliser, enfin, le sanglant corps-à-corps que le monde libre livre aux musulmanes forces du Mordor.

-

Adonques : à ma droite (forcément…), Jean-François Copé ; à ma gauche, Dalila, jeune femme de 22 ans venue revendiquer le port de la burqa.

Entre les deux, une autoroute.

Celle des plans serrés de la caméra sur le regard enserré en la burqa de la jeune femme et sur celui faussement désolé - visage qui n’a jamais eu autant d’aisance à se faire passer pour franc et honnête - de son interlocuteur.

Celle d’un faux débat où l’homme politique se voit offrir sur un plateau cette image de preux combattant de la République qu’il a tant besoin d’incarner.

Celle d’un prétendu antagonisme où une question faussement polémique1 se donne l’allure d’un conflit de civilisation.

Juge donc :

Ardisson a offert un très joli cadeau à Copé.

Tout autant qu’il se l’est donné à lui-même : « Salut les terriens ! a obtenu lors de cette émission sa plus forte audience depuis son lancement, voilà trois ans. Plus de 1,3 million de téléspectateurs, soit 6,5 % de part de marché, ont suivi ce face-à-face. Preuve que ce débat passionne les Français », écrit France Soir.

Bingo !

-

L’animateur-publicitaire et le politique-publicitaire ont tout à gagner - évidemment - d’une telle mise en scène.

Et ce n’est qu’une maigre consolation que de savoir qu’un jour, peut-être, ces incendiaires de l’esprit public seront punis comme ils le méritent.

« C’est très difficile de parler avec quelqu’un dont on ne voit pas le visage », déclare Jean-François Copé à la fin de la vidéo.

Il faut avouer que le meneur des députés UMP a cet avantage sur Dalila : il avance à visage découvert.



1 La burqa, combien de divisions ?


COMMENTAIRES

 


  • J’avoue avoir pathétiquement fait partie de ces 1,3 millions de spectateurs... J’pense qu’ils auraient dû faire payer l’entrée du spectacle. Genre 5 euros la PAF, avec un sachet de fraises tagada offert.

    Putain, c’était marrant (je m’entends) de voir comment Copé défend sa came. Si j’ai bien compris, le problème du voile intégral, ce n’est pas un problème religieux, ni de rapport homme/femme... C’est juste que, hein, tu comprends, c’est pour pouvoir « vivre ensemble »... pathétique... Comme si on ne vivait pas dans un monde nauséeux où, que tu portes la burqa ou non, que tu sois un homme ou une femme, les gens de toutes façons ne te regardent pas, en ont rien à foutre de ta pauvre gueule, si tant est qu’une belle vitrine commerciale s’illumine sur leur route... avec ce genre d’indications : - 50% ; - 30%... En fait le problème, c’est ça, c’est que quand les gens voient une femme voilée intégralement, ils sont obligés de détourner leur regard des dites vitrines, et ça, ça les emmerde franchement.

    Et c’est quoi ces quelques voiles islamiques face à ces troupes de fidèles se rendant à la messe - catholique, religion présidentielle - le dimanche ? Messe où l’on entend régulièrement des saloperies du style :

    « Toute femme qui prie ou parle sous l’inspiration de Dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée. Si donc une femme ne porte pas de voile, qu’elle se tonde ; ou plutôt, qu’elle mette un voile puisque c’est une faute pour une femme d’avoir les cheveux tondus ou rasés »

    Ou ce cher Paul, très bon pote de J.C. :

    "Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ;
    car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur.
    Or, de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses.« Ou encore cette saloperie de Pie XII qui se devait de rappeler, quand même, hein : »La curiosité d’Ève à regar­der le beau fruit du paradis terrestre et son entretien avec le serpent, oh ! quel dommage n’ont-ils pas causé à Adam, à Ève, à tous leurs enfants et à nous ! Or à Ève Dieu imposa, outre de multiples peines et souf­frances, d’être assujettie à son mari« Et moi je commence à douter que »un jour, peut-être, ces incendiaires de l’esprit public seront punis comme ils le méritent". Pourrait-on tout au moins voter une loi pour les baillonner une fois de temps en temps ?

    • « Comme si on ne vivait pas dans un monde nauséeux où, que tu portes la burqa ou non, que tu sois un homme ou une femme, les gens de toutes façons ne te regardent pas, en ont rien à foutre de ta pauvre gueule, si tant est qu’une belle vitrine commerciale s’illumine sur leur route... »

      Oh que Oui... « 1m_Térence Lacroix » Ca se passe en Belgique, mais en France, les gens ne s’arrêteraient peut-être même pas quand il est à la sortie de l’escalator et lui marcheraient sans doute dessus.

      • Vidéo très significative en effet. Moins il gêne leur passage, plus il les laisse indifférents... Une nonne dont la religion lui impose de couvrir son corps ne dérange personne, non pas parce qu’on lui impute un libre arbitre mais parce qu’elle est cachée au fond d’un couvent, à l’abri des regards indiscrets.

        Voir en ligne : http://www.lille43000.com

        • @ J. de l’E. : comparer la fière religion catholique et la très sainte consommation ? Rhâââ… vil mécréant ! Chien d’hérétique ! Salopard de cathare !

          Tu as de la chance que l’inquisition n’ait plus cours. Parce que sinon :

          Bon, tu seras puni. Mais j’avoue quand même que j’ai bien kiffé tes citations. A tel point que je ne les croyais pas véridiques, tant elles paraissent grosses. Mais : si. Il ne faut jamais désespérer de la connerie religieuse, d’où qu’elle vienne…

          « Pourrait-on tout au moins voter une loi pour les baillonner une fois de temps en temps ? »

          Ça serait peut-être ça, la solution : rendre la burqa obligatoire, pour tous ceux qui habitent sur le territoire. Ça devrait ramener un peu de calme, non ?

          @ Dr Maboul : clair qu’en France, ce ne serait pas mieux. Voire bien pis…
          Merci pour la vidéo, c’est efficace et révélateur.



  • C’est si difficile de parler à quelqu’un dont on ne voit pas le visage ??

    Il doit pas communiquer des masses en lignes, ni passer beaucoup de coups de téléphones le Copé, n’envoie-t-il jamais de lettres ?

    Ses arguments sont quand même plus que limités, dommage qu’il n’ait pas quelqu’un ayant du répondant en face. Je le sens bien s’énerver facilement sur le sujet et brandir sa croix de Lorraine pour exorciser le malin enfoui sous la bruqa à coups d’euros bénits et d’Ave Nicolas.
    (En plus c’était assez facile de reprendre sa vision de la laïcité : « chacun pratique sa religion dans son coin » pour lui dire : « Je considère ma burqa comme un élément religieux si je veux coco. C’est ça la laïcité, tu viens de le dire ! ».)

    JBB, t’enfile une burqa, tu parles avec une petite voix fluette et tu t’incrustes dans les débats ?

    Au fait, Vendredi dernier, le « débat » sur l’identité nationale se passait à Vichy, apparemment pas de dérive, et même pas d’info du tout (je chercherai un peu plus dans la journée). Et aujourd’hui il sort de la France de l’intérieure pour venir chez nous à Mulhouse... Je m’avoue un peu déçu du casting du débat en Alsace : Strasbourg(x2), communes limitrophes de Strasbourg(x2), Mulhouse(x1) et c’est tout... Que des grandes villes avec une forte immigration et des quartiers chauds, donc des gens pas très racistes voire pas du tout et plutôt de gauche. Alors qu’il existe quantité de petits villages bien reculés n’ayant jamais vu un tchador ou une kippa et dont les propos des habitants feraient leur petit « buzz » j’en suis sûr. Je m’avoue déçu par le manque de démagogie des Bessons et autres Hortefeux sur ce point là.

    C’est toujours un plaisir de te lire JBB, continue.

    • Ces débats étant publics par définition (ouvert à tout public, enfin je ne me suis pas renseigné, manquerait plus que je m’incruste là dedans sans préparation mentale tiens), y a-t-il quelque part diffusion de ces débats par voies directes ? (j’entends radio pour les vieux, ou flux mms pour les newbies) ?

      C’est juste qu’il fait trop froid, que je manque de gniaque... Un p’tit moyen de me tenir chaud sans péter le compteur électrique ;)

      Rha le Copé n’empêche, ça serait bien de lui mettre un jour en face des contradicteurs un tant soit peu répondants, le minimum “syndical” (tendance LKP, pas les gros mous du zlip).
      On l’invite quand à un débat citoyen télévisé, qu’il se mange une bonne tranche de conviction dans la face ?

      J’aurais bien voulu Besson, mais lui est tellement fort dans l’art de se tourner et se retourner qu’il va bientôt être employé comme éolienne en Normandie...

      • Pour la diffusion des débats sur l’identité nationale, j’ai rien trouvé, sur le site officiel y’a quelques discours et micro-trottoirs (avec des militants UMP pour changer ?). Mais même pas de compte-rendu des débats locaux, contrairement à ce qui avait été annoncé, alors une diffusion en direct, vous n’y pensez pas mon bon monsieur.

        Un débat avec Besson ?
        Oh y’a sûrement moyen de le pousser à te faire un doigt d’honneur quand même ;-) ... les politesses de monsieur le ministre en vidéo

        Le mieux serait quand même un débat avec Sarkozy. Je ne l’ai jamais vu débattre, même dans l’émission à la con de TF1 pendant l’entre deux tours de la présidentielle aux côtés de Ségolène (et non face à face). M’est avis qu’il s’énerve beaucoup trop facilement à la moindre contradiction, donc il évite un maximum les débats et ses amis journalistes, toujours très conciliants, n’y trouvent rien à redire (déjà qu’ils sont incapables de trouver des questions et que c’est l’Elysée qui les leur écrit, ne leur en demandons pas trop).

        Je leur aurait bien envoyé un Georges Marchais de retour d’entre les morts tiens...

        • @ Dr Maboul : « Il doit pas communiquer des masses en lignes »

          Rhâââ… malheureux ! Mais tu ne sais pas qu’internet, c’est le mâââl ?

          « Ses arguments sont quand même plus que limités »

          C’est le moins qu’on puisse dire. Le pire, c’est qu’il a un boulevard en face, tant la femme qui lui fait face ne lui répond que très peu, et qu’on sent qu’il est enchanté de la situation et se sent très à l’aise : bref, pour un mec qui se pense très percutant, il l’est diablement peu.

          « JBB, t’enfile une burqa, tu parles avec une petite voix fluette et tu t’incrustes dans les débats ? »

           :-)
          (On dit que je réfléchis encore un peu et que je te donne ma réponse incessamment sous peu ?)

          « Je m’avoue déçu par le manque de démagogie des Bessons et autres Hortefeux sur ce point là. »

          Oui mais quand même : grandes villes ou pas, ça se passe en Alsace…
          (Fais pas gaffe, ce sont mes origines vosgiennes qui parlent)
          ((Tant que j’y suis : merci pour le « plaisir »))

          @ Captp : « y a-t-il quelque part diffusion de ces débats par voies directes ? »

          Je ne crois pas non plus. Et pour le côté public des débats, méfie-toi : certains sont réservés à une guest-list d’invités (généralement UMP), censément triés sur le volet.

          « qu’il se mange une bonne tranche de conviction dans la face ? »

           :-)
          (Oui, ça serait bien)

          « il va bientôt être employé comme éolienne en Normandie... »

           :-) (bis)

          @ Dr Maboul :



  • Mouais, bien vaseux tout ça.

    Pourquoi personne ne se lève pour dire que dans le tas de lois qui nous régit, l’une interdit le déguisement qui empêche de reconnaitre quelqu’un hors les périodes de carnaval ?

    Pourquoi, les feignasses de bonnes sœurs d’une secte à côté de chez moi ont le droit de se muer en sac à patate sans que personne ne bouge ? Pourraient-elles être sous le coup d’une nouvelle loi ? C’est vrai qu’on voit un peu leurs chaussettes dans leurs sandales en ce moment, ça suffit peut-être à les exempter ! Il gèle velu et dieu veut pas leur filer le chauffage intégré dans les panards :-)

    Après tout ça, j’ai bien du mal à comprendre qu’une femme s’atiffe en triste fantome mais, en admettant du bout de la pince à crotte qu’il faille s’en préoccuper, c’est complètement imbécile de vouloir gérer un problème de société par la loi. Ils n’ont décidément pas d’esprit ces foutriquets.

    • « j’ai bien du mal à comprendre qu’une femme s’atiffe en triste fantome »

      Là, totalement d’accord.
      (Enfin, peut-être qu’en hiver ça tient chaud…)

      « Pourquoi les feignasses de bonnes sœurs d’une secte à côté de chez moi ont le droit de se muer en sac à patate sans que personne ne bouge ? »

      Vibrantes racines chrétiennes de l’Europe, vive mémoire de la sainte et belle Inquisition, rôle salvateur et si éclairé de l’église dans l’histoire, toussa-toussa… _ :-)

      « Ils n’ont décidément pas d’esprit ces foutriquets. »

      Pas mieux.



  • lundi 11 janvier 2010 à 16h47, par pièce détachée

    Mais où ont-ils trouvé cette femme qui se « prête » (est-ce le mot ?) à une telle séance de torture ? Qui est-elle ? Un cadeau offert à Copé par le gouvernement libanais en échange de son expertise « culturelle et identitaire » ?

    Le site de Canal + (je n’ai pas vu l’émission) donne leurs nom-et-prénom entiers à tous les intervenants. Sauf elle. C’est Dalila, point barre. La séance d’humiliation y est classée dans la rubrique « Divertissement ».

    Oui, divertissement.

    • « en échange de son expertise « culturelle et identitaire » »

      J’avais raté ça. Comme si le Liban n’avait pas déjà suffisamment de problèmes, voilà que Copé se radine pour accroître la confusion…

      « Mais où ont-ils trouvé cette femme qui se »prête« (est-ce le mot ?) à une telle séance de torture ? »

      C’est une bonne question. Y a un (petit) élément de réponse dans unVite dit d’Arrêt sur Image : « Frisson des grands jours chez Ardisson : le présentateur annonce la venue de Dalila, jeune musulmane en burqa, « pour la première fois sur un plateau de télévision ». Cité par Le Point.fr, Stéphane Simon, le producteur de l’émission, affirme même : « Nous cherchons un témoignage depuis la rentrée de septembre. [...] Toutes les jeunes femmes que nous avons contactées ont refusé ». Pour Emmanuel Berratta, auteur de l’article, Dalila est donc « la première femme entièrement voilée à accepter de témoigner sur un plateau de télévision ». »
      Donc, ils ont galéré pour la trouver. Ce qui paraît logique : doit y avoir - à tout casser - quelques milliers de femmes en burqa en France ; en trouver une qui soit prête à servir d’épouvantail télévisé ne doit pas être une mince affaire…

      « Oui, divertissement. »

      Tout est dit.



  • lundi 11 janvier 2010 à 17h12, par Sinan Karamustafaoglu

    Et qu’elle est bien mise, cette petite justification à l’emporte pièce du savoureux « mais vous savez, les musulmans, il vont voler vos enfants [à la maternelle], et les emmener dans leur casbah, et puis les vendre, etc. » : qui cache son visage a évidemment quelque chose d’autre à cacher !

    Cet argumentaire est visionnaire, il parait qu’un jour des sociétés ANONYMES, gérées par des gens dont on ne voit pas le visage, proposeront s’occuper de vos enfants dans des camps de vacance ! Peut-être même, mais là on passe vraiment dans la série Z, que nous discuterons tous un jour sur des forums virtuels, ce sans visage et sans identité ! Non, non, et trois fois non, ce n’est pas ça la société moderne, la société organisée, la société du respect et du vivre-ensemble.
    ... par contre, les autorités mecquoises ont compris, ce que c’est que la démocratie.

    • « et puis les vendre, etc. »« Non, mais ça, c’est la prochaine étape. D’ici quelques semaines. et ensuite, hop : l’UMP resort la traite des blanches ! »que nous discuterons tous un jour sur des forums virtuels, ce sans visage et sans identité ! "

       :-)
      (Quelle horreur ! Ne manquerait plus qu’on lise des blogs, écrive sur d’autres, et nos racines judéo-chrétiennes seront définitivement perdues… )

      • mardi 12 janvier 2010 à 15h35, par pièce détachée

        Tiens, c’est marrant... Souvent, les blogs et forums me font penser qu’il y a eu dans les siècles passés, dans le monde entier, des gens qui ne se sont jamais rencontrés « en vrai », qui ont eu des relations exclusivement épistolaires. Ils / elles n’ont jamais su vraiment à qui ils avaient affaire. On en frémit rétrospectivement.



  • Peut-être serai-je un peu seul, mais je compatis...

    C’est vraiment très dur pour un grand séducteur public comme Mr Copé de ne pas être accueilli par un sourire quand on rencontre quelqu’un, et c’est encore plus dur de s’exprimer à cœur ouvert en ne regardant que les yeux de son interlocuteur/trice.

    Il est préférable de ne jamais regarder quelqu’un dans les yeux quand on veut lui refiler sa camelote, c’est connu.

    Ardisson est impardonnable : il aurait dû équiper l’interlocutrice de Copé (désolé, je n’ai pas vu l’émission, donc je ne connais pas son nom), non seulement d’un micro réglé à la même hauteur de sortie que celui de Copé, mais aussi d’un ensemble d’émoticones ou smileys lui permettant d’exprimer ses sentiment, du genre « sourire », « éclat de rire », « pas drôle », « cause toujours », « tu me prends pour qui », « tu te prends pour qui », « et ta sœur, elle se prend pour qui », sans oublier l’indispensable « et mon cul, c’est du poulet » (qui peut aussi se faire uniquement avec les yeux, il est vrai)...

    Avec tout ça, Copé, très à l’aise, l’aurait convaincue, elle aurait quitté le voile et on aurait pu voir (au moins) sa tête.

    A cause d’Ardisson, tout est à refaire.

    Pfff... Ça devient nul la télé, non ?

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • « un grand séducteur public comme Mr Copé »

      Tout pareil pour moi : à chaque fois que je le vois, j’ai le coeur qui flagelle et le cerveau qui s’emballe. Ça te fait ça aussi ?

      Pour les émoticones, je trouve ça plutôt bien vu. Mais je me demande : est-ce que tu ne traînerais pas un peu trop sur le net, ces derniers temps ? _ :-)

      « Ça devient nul la télé, non ? »

      Comment oses-tu ? Tu devrais savoir que :



  • Je suis pour la burqa et je voudrais même qu’ils ajoutent une casserole sur leurs têtes, comme ça on reconnaîtra les cons ! (Rachid Taha)

    •  :-)

      Ça marche d’ailleurs avec tous les signes religieux qui ne font pas dans la discrétion. A commencer par les soutanes des prêtres.

      • les soutanes des prêtres ? Bein ça ne court pas les rues. Démodé. Même au Vatican où c’est juste bon pour les cérémonies. Dans le civil, on les voit surtout en costard et col clergyman. C’est comme le discours des cornettes, qu’on nous remet sur le tapis comme les perruques des juives, histoire de dire qu’il n’y a pas que les musulmanes-stigmatisées-les-pauvres. Les cornettes ne se portent plus depuis des lustres, à la place les bonnes-soeurs ont des foulards attachés sur la nuque. Et des juives en perruque, jamais vu. Des musulmanes enfoulardées par contre, j’en vois tous les jours. Et une voilée intégrale, j’en ai vu une une fois dans une bibliothèque communale en Seine-Saint-Denis, outre à en voir de plus en plus au marché, dans le 9-3 aussi.

        • Moi aussi, j’en vois, de temps en temps. Et c’est le cas de tous les citadins, à mon avis.

          J’admets qu’il n’est pas si courant de croiser des soutanes (soit : ça n’arrive plus), par contre ce n’est pas le cas des sœurs en habits : c’est encore relativement fréquent, pour peu - cette fois - de ne pas habiter en ville.

          Sur le fond du problème, je n’ai aucune sympathie pour les femmes voilées. Mais présenter leur très faible présence comme un danger pour le vivre-ensemble me semble un énorme foutage de gueule.

          • Mouais... Il y a 20 ans, il n’y avait pas de femmes en hidjab, maintenant ça courre les rues. Si vous autorisez le port du niqab, demain vous ferez comment quand vous en aurez qui demanderont à participer aux sorties scolaires, mieux, à les encadrer en tant qu’appartenant à l’association de parents d’élèves machin chose du quartier ? (Je ne parle pas du niqab transparent brodé or et coquin là hein), vous direz aux parents d’envoyer leur mômes se faire encadrer par des belphégors pa’ce que sinon c’est de la discrimination ? Qu’il faudrait qu’on s’intéresse aux lumières coraniques pour mieux aimer le prochain et accepter l’Autre ?
            Bein si c’est tout ce que vous avez à me proposer, c’est sans prendre de gants que je vous écraserais une tomate pourrie sur la figure. Ou une orange, en ce moment, c’est de saison.



  • moi c’est bien simple je rève d’un combat homérique en 2017 entre deux géants de la politique et de l’histoire du monde, un choc de titans et de fortes convictions : Copé contre Valls ; un grand débat d’idées audacieuses et de visions planétaires -

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/



  • Dites donc, bravo pour la synchronicité : un article titré « Allah n’est pas si akbar que ça », référencé en URL au numéro 666...!

    Petit diablotin, va !

    Sinon, question pratique : pourquoi Article 11 n’a pas de page « contact » comme tous le sites dignes de ce nom, afin de pouvoir vous adresser exclus, bons plans, bisous, injures et autres pass vip ?
    Faut acheter le who’s who pour avoir le mail de JBB et des autres scribes, hein ? :-))

    • « au numéro 666... »

      Bien vu :-)

      « pourquoi Article 11 n’a pas de page »contact« comme tous le sites dignes de ce nom »

      Là, je m’insurge : A11 n’est pas un « site digne de ce nom » !

      Mais quand même (parce qu’on est pas des branques non plus…) : si tu cliques sur les signatures, tu trouves (à droite) un petit formulaire de contact. Par exemple, pour bibi et ici pour Lémi. C’est pas génial, ça ?



  • Pourtant la burqa c’est quand même pratique pour cacher la ceinture d’explosifs...



  • @joker

    Psychose, feuille de choux, jité et café du commerce...

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    « C’est très difficile de parler avec quelqu’un dont on ne voit pas le visage », déclare Jean-François Copé à la fin de la vidéo.

    Enfin une bonne définition de la langue de bois. C’est vrai qu’on a là affaire à un spécialiste !

    • Hum... désolé de troubler un aussi touchant consensus.
      Evidemment, JBB, tu t’offres de façon savoureuse la fiole du dénommé Copé, et si j’apprécie à sa juste valeur le style de l’assassin, et si tout aussi évidemment je partage l’analyse et la détestation, je ne peux m’empêcher de me dire qu’à vaincre sans péril....
      C’est entendu, le marchand de politique sécuritaire en gros a fait son marché et il est revenu le cabas plein. Mais je songe aussi à ce qui se dit en face, dans le camp de la bien pensance multiculturelle, dans le camp du trotskisme de salon, sauce NPA, où l’on ne semble pas dégoûté de fréquenter la canaille intégriste musulmane, et où l’on prend le fasciste Tariq Ramadan pour un théologien de la libération. Et où ce qui révulserait tout le monde s’agissant d’une Française « de souche » (comme dit le Borgne) semble tout à fait acceptable pour une fille « issue de l’immigration » euh, pardon... « issue de la diversité. » Autant de crachats au visage des femmes, qui, dans le monde musulman, se battent pour leur émancipation. Et ne rêvent que de jeter le voile aux orties.
      J’en profite donc pour vous mettre ci-dessous un beau texte de Nadia Amiri. Et qu’on ne vienne pas lui reprocher son allusion finale à la « République », que de toute évidence elle imagine « sociale » : cette petite naïveté est bien pardonnable au regard du cri de colère qu’elle a poussé.


      Sans voile mon corps m’appartient ! par Nadia Amiri

      À ceux qui par leur silence complice ou leur soutien au voile dans les services publics utilisent leur bonne conscience et leur » tolérance » comme cache-sexe de leurs erreurs et de leurs abdications passées.

      Ils connaissent et reconnaissent si peu nos combats de femmes issues des migrations, de celles qui depuis leur enfance ont eu à subir ce qu’ils ne veulent pas savoir, parce qu’il est plus simple de tricoter de l’idéologie et des concepts à la tribune des conférences que d’être confronté aux cris et au sang des tribunaux pour enfants, aux mots qui défilent dans nos gorges en colliers de sanglots.

      Dans le passé, ils disaient et soutenaient le mot d’ordre : » Mon corps m’appartient « . Certains n’ont pas vu le temps passer et l’utilisent encore (si, si !) comme justifications de leurs petites pulsions.

      Quand je dis que mon corps m’appartient, c’est que je sais dans mon corps et dans ma mémoire ce que cela signifie ! De générations en générations, les femmes de nos familles nous ont transmis leur aliénation derrière leurs silences et leurs paupières baissées, dans leurs pudeurs de femmes battues et polygamisées, contrôlées dans leurs déplacements, faits et gestes disséqués par le regard patriarcal. Tous les hommes sont nos pères quand il s’agit d’oppresser, de dénoncer cette jupe trop courte, ces longs cheveux au vent, les vibrations de nos corps et les marches rythmées de nos hanches dans les rues de Paris.

      Vous défendez les droits de celles qui se soumettent librement à des pratiques archaïques et rétrogrades. Vous êtes même soutenus par les pays musulmans les plus antidémocratiques, ceux qui instituent la charia et la sunna comme pratique législative.

      Et si nos combats contre le voile dérangeaient ces pays, si nos combats étaient soutenus par les femmes à qui on impose le voile là-bas ? Vous n’en reviendriez pas, encore une fois, comme ce fut le cas le 21 avril.
      Vous avez, sous prétexte d’antiracisme et d’anti-néocolonialisme, apporté un soutien aux plus obscurantistes des musulmans, alors que la majorité non voilée, athée, agnostique, voire croyante, pensait pouvoir compter sur vous pour une société de progrès. Vous retournez vos gants pour défendre le contraire de ce que vous défendiez dans le passé. Votre nouveau mot d’ordre est : » Liberté Égalité Fraternité pour les voilées ! « .

      Que chacun reste à sa place et les idéologies seront bien gardées ! C’est épuisant, ces féministes qui veulent à tout prix préserver leur dignité et affirmer la constance de leur libération !

      Notre parole serait moins audible que la parole de celles qui se soumettent aux dogmes religieux et cachent leurs cheveux et leur corps ? C’est tellement émouvant et rafraîchissant pour vous d’avoir un nouveau combat à soutenir, et qui plus est celui de » jeunes filles » voilées !

      Notre féminité affirmée et visible est aussi le résultat de vos combats passés : planning familial, droit à l’avortement, à la contraception, à la protection judiciaire.

      Vos mémoires seraient-elles défectueuses ? Pourquoi ne faites-vous pas le lien entre vos revendications passées et ce que la majorité d’entre nous sommes devenues ? Vous nous trahissez encore une fois sous prétexte que la loi exclut et serait raciste et colonialiste. Je suis arabo-berbère et mon père a été torturé par les militaires français !

      Que savez-vous de l’islam ? Que savez-vous de pratiques qui ne trouvent leurs sources dans aucun texte et qui datent des temps préislamiques.

      Depuis les années 1970, vous disiez vouloir des femmes libres, vous vouliez changer le monde. Nous sommes des femmes libres et souhaitons encore, nous, enfants des deux rives, changer le monde et tout particulièrement celui de nos s¦urs qu’on insulte tous les jours en France si elles n’intègrent pas les codes de l’oppression. Et parce qu’il n’y a pas de frontière, nous combattons le code de la famille en Algérie qui institue depuis vingt ans un statut de mineures à vie pour les femmes.

      Je ne doute pas que vous serez pour ce combat- là. Mais il y a la Méditerranée pour vous protéger de la confrontation possible et directe entre les principes et les actes.

      Nous voulons tisser l’avenir avec le politique et non avec le culte. Vos comités de vigilance contre les partis d’extrême-droite et les intégrismes religieux sont bien silencieux devant les manipulations dogmatiques.

      Vous pensez que les filles voilées sont des boucs émissaires, mais que savez-vous des fausses victimes qui sont de vrais bourreaux, ou tout au moins qui contribuent à soutenir les dictateurs qui appliquent les codes religieux jusque sur nos terres ? Derrière le voile, il y a le refus de la mixité, le mépris des femmes.

      Vous pensez que l’école laïque offre des chances d’égalité alors que pendant des dizaines d’années vous n’avez jamais transmis dans vos classes la beauté, le savoir, la culture arabo-berbère. Si ces jeunes femmes fréquentaient Saint-Nicolas-du-Chardonnet, vous seriez déjà des milliers dans la rue à défendre la laïcité, alors que nous qui pratiquons la liberté absolue de conscience sommes à vos yeux les intégristes d’une République qui serait raciste et néo-colonisatrice.

      Alors, comme l’ont fait dans le passé les » salopes » qui déclaraient avoir avorté, j’affirme que, moi et mes amies, nous sommes les » nouvelles salopes » non voilées qui fréquentons tous les lieux mixtes sans que cela pèse sur nos consciences. Je me battrai encore et toujours avec la majorité des enfants de migrants qui refusent d’être désignés par une appartenance cultuelle, réelle, présumée ou reconstruite au gré de vos lâchetés. Nous, les » nouvelles salopes « , heurtons vos habitudes et vos convictions parce nous déclarons que nos corps nous appartiennent.

      L’avenir sera celui de la réaffirmation de l’égalité des droits pour une République démocratique, laïque et sociale, et nous en serons les Mariannes à la peau mate, celles qui sont la cible du FN, enfants de la guerre de Libération, de toutes les libérations.

      • Ah, enfin ...!

        Mais par Allah ! La Burqa est aux femmes ce que la chemise brune a été pour certains garçons : le tissus de leur linceul !!!

        • mardi 12 janvier 2010 à 15h18, par pièce détachée

          L’ennui, c’est qu’une fois éteinte la télé, il y des filles voilées qui parlent, et que le « choix » qui leur est « offert » — objet sexuel tabou / objet sexuel exhibé, ce qui est en fait la même chose — ne leur plaît pas ; les manipulations et contre-manipulations non plus.

          Nadia Amiri : « Tous les hommes sont nos pères quand il s’agit d’oppresser, de dénoncer cette jupe trop courte, ces longs cheveux au vent, les vibrations de nos corps et les marches rythmées de nos hanches dans les rues de Paris. » Ceux qui ne sont pas nos pères, ils aiment bien, par contre (et même des fois c’est nos propres papas les premiers).

          Bon, assez persiflé. Les contre-arguments de haut niveau, c’est ici, c’est , et là aussi ; il suffit de piocher.

          (oui, je sais, je suis Mona-maniaque)

          • Le « haut niveau » de Mona viendrait donc en contrepoint du « bas de gamme » Nadia Amiri ? Guère convaincu. Si je suis souvent d’accord avec Mona Chollet et si j’apprécie sa rigueur, je la trouve, dans ces articles, par exemple, un peu trop complaisante avec Alain Gresh, celui qui trouve tant de qualités à Tariq Ramadan, le petit Goebbels genevois. En revanche, j’aime l’emportement de Nadia Amiri et le rappel qu’elle fait des luttes féministes dans les pays musulmans. Comme j’aime les paires de claques qu’elle distribue aux relativistes occidentaux qui ont remplacé la lutte des classes par le « multiculturel ». Comme Mustapha Khayati, je me plais à penser que chaque femme voilée que nous croisons est une insulte faite aux femmes et à leur liberté. Lui qui vit au Caire sait de quoi il parle.

            • mardi 12 janvier 2010 à 18h10, par pièce détachée

              Karib :

              « Le « haut niveau » de Mona viendrait donc en contrepoint du « bas de gamme » Nadia Amiri ? »

              Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. J’ai écrit « haut niveau » par opposition à mon propre commentaire pas très argumenté (comme en témoigne le « Bon. Assez persiflé »).

              Désolée du malentendu.

              • mardi 12 janvier 2010 à 18h50, par pièce détachée

                @ Karib encore :

                « Comme Mustapha Khayati, je me plais à penser que chaque femme voilée que nous croisons est une insulte faite aux femmes et à leur liberté. »

                Oui. Mais, voilées ou pas voilées, on dirait qu’en l’occurrence, la « liberté » des femmes est représentée comme exclusivement réactive, négative : si tu te dévoiles, c’est « contre » ; si tu te voiles, c’est « contre » aussi — le voile étant un élément que la République française n’accepte pas dans son propre code (pourtant bien étoffé par ailleurs) de la soumission. Chacune sa garde-robe, entraves pour toutes...

                Est-ce qu’on peut imaginer une liberté qui serait autre chose que des injonctions, sommations, contre-injonctions, soumissions et contre-soumissions ? Dans le cas des femmes, on dirait que le problème remonte à la plus haute Antiquité.

                Font chier celles-là !

          • @ namless : bien vu

            @ Karib : il est toujours salutaire de troubler le consensus, surtout quand il est vibrant. :-)

            Et puis, pour ne rien te cacher, je suis en partie d’accord avec toi. Je pense que tu t’en doutes, mais je fais évidemment une distinction entre un débat public faussé - où la question du voile ne sert qu’au « marchand de soupe sécuritaire » à faire « son marché » - et des positions politiques et religieuses que je ne peux pas encadrer. Oui, il faut dénoncer tous les chantres identitaires, et il en est des musulmans comme des juifs, catholiques, umpistes ou tout ce qu’il te plaira. Il n’est pas question de se montrer plus indulgent avec ces gens-là, quand ils se revendiquent musulmans, au prétexte d’une question de l’identité française montée en épingle par des simili-racistes et autres excités des racines chrétiennes.

            Ceci posé, je ne crois pas céder à ce travers. En ce billet, j’essaie de dénoncer ce qui me semble être une manipulation médiatique. Mais je ne songe pas à défendre la dénommée Dalila, pour laquelle je n’ai honnêtement qu’une sympathie très réduite ; ou plutôt : pas de sympathie du tout. Ça ne sert à rien de se revendiquer anar, si c’est pour trouver des excuses aux bigots et aux crétins, quelle que soit leur confession.

            Le texte que tu copie-colles est en effet très classe. Mais encore une fois (et même si c’est facile pour quelqu’un n’ayant jamais eu à subir un climat familial très porté sur la religion), ce ne saurait être le seul angle d’attaque du problème : ça me semble impossible de le détacher des manipulations actuellement pratiquées par ceux du parti majoritaire.
            En outre, ce que Nadia Amiri explique est valable pour toutes les religions, du moment qu’elles cèdent à l’intégrisme. En la situation française, elle l’est donc pour les islamistes radicaux (une minorité), pour les juifs intégristes (une minorité) et pour les cathos traditionnalistes (une minorité) ; il ne m’étonnerait d’ailleurs pas que ces minorités soient sur notre territoire en nombre plus ou moins équivalent. Alors : pourquoi ne s’attaquer qu’au voile ?
            C’est ça qui me dérange. Le jour où on aura une loi qui s’attaque à tous les intégrismes religieux, avec pour excellente raison de protéger toutes les personnes en situation de faiblesse - femmes et enfants - qui ont à en souffrir, je signe des deux mains et des deux pieds.

            @ remugle : respect, la phrase pète.

            @ pièce détachée : j’approuve avec force.
            Et goûte particulièrement ce passage, dans le premier lien que tu as donné : A un journaliste qui lui demandait, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, quel effet cela lui faisait de partager sa religion avec Ben Laden, Mohammed Ali avait rétorqué : « Et vous, quel effet cela vous fait-il de partager la vôtre avec Hitler ? »

            « oui, je sais, je suis Mona-maniaque »

            Un peu, quand même :-)
            (Mais il est des monomanies tellement plus mal choisies/subies…)



  • « C’est très difficile de parler avec quelqu’un dont on ne voit pas le visage », certes, mais qu’en pense Gilbert Montagné ?

    • Pièce détachée a écrit, joliment : « Oui. Mais, voilées ou pas voilées, on dirait qu’en l’occurrence, la « liberté » des femmes est représentée comme exclusivement réactive, négative : si tu te dévoiles, c’est « contre » ; si tu te voiles, c’est « contre » aussi — »

      Ce n’est pas ce que je pense, et je n’ai pas non plus le sentiment que c’est ce qu’exprimait Nadia Amiri. A vrai dire, je ne sais pas très exactement ce qu’est la liberté, mais je sais les entraves qu’on y met, et le voile est le paradigme de toutes les entraves qu’opposent aux femmes la religion musulmane et les Etats qui en font la source de leur droit. Mais même si je ne saurais définir, comme ça, au débotté, ce qu’est la liberté, éternel sujet de dissertation de philosophie à l’épreuve du baccalauréat, je sais que c’est un mouvement, une lutte perpétuelle, et qu’elle me semble encore plus difficile à conquérir pour les femmes du fait de l’universelle domination masculine.

      « le voile étant un élément que la République française n’accepte pas dans son propre code (pourtant bien étoffé par ailleurs) de la soumission. Chacune sa garde-robe, entraves pour toutes... »

      Il y a incontestablement un code de la soumission dans nos sociétés, et il me semble aller bien au-delà de la forme « républicaine » de l’Etat, somme toute préférable à la monarchie de droit divin ou à la théocratie, mais je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse avant tout de vêtement. En revanche, même si je ne suis nullement un adepte du « progrès » à tout va, je ne peux m’empêcher de me dire que la laïcité c’est quand même un sacré progrès. Et pas un progrès du sacré. Un refoulement de ce machin dans les pratiques religieuses obsessionnelles de tout un chacun : se tourner vers la Mecque pour prier, s’agenouiller au moment de la consécration à l’église, se balancer d’avant en arrière en marmonnant des passages de la Torah, etc. En tout cas, la laïcité nous a débarrassé de l’obligatoire soumission au religieux, et ce n’est pas parce qu’il y en a d’autres que je vais regretter celle-là !

      "Est-ce qu’on peut imaginer une liberté qui serait autre chose que des injonctions, sommations, contre-injonctions, soumissions et contre-soumissions ? Dans le cas des femmes, on dirait que le problème remonte à la plus haute Antiquité.

      Font chier celles-là !"

      Je suis bien d’accord avec toi, une liberté qui ne serait pas injonctions et contre-injonctions reste à inventer. Mais en attendant, commençons par nous débarrasser du fardeau religieux, de la pudibonderie bondieusarde, de l’oppression masculine. Et de ce côté-là, je peux comprendre la colère de certains Arabes ou de certains Iraniens, hommes et femmes, qui voient les héritiers des combats contre l’obscurantisme chrétien, ceux qui bénéficient somme toute des avantages de la laïcité, emportés de haute lutte, se retrouver tout à coup pleins d’indulgence pour le retour de l’abrutissement religieux du moment qu’il est repeint aux couleurs de l’islam (ou du judaïsme, pour certains autres.) Le beau texte de Nadia Amiri, publié il y a déjà un certain temps, au plus fort de la « querelle du voile » n’exprimait pas autre chose.

      • mercredi 13 janvier 2010 à 14h09, par pièce détachée

        @ Karib :

        Non, bien sûr, il n’est pas question de « se retrouver tout à coup pleins d’indulgence pour le retour de l’abrutissement religieux », ni de nier qu’on se sent beaucoup mieux là où n’ont pas cours l’excision, l’infanticide des filles, le viol légal suivi de lapidation de la victime, la claustration portative (burqa) ou non, l’incendie du sari-nylon pour cause de dot insuffisante, etc.

        Mais si les deux camps laissaient aux « voilées » — en les prenant comme elles sont — le temps de parler, avec leurs mots et leurs silences, on pourrait espérer avancer un peu.

        Comme le montre amplement, entre mille autres, l’extrait vidéo donné ci-dessus par JBB, ce n’est pas le but. Le but, c’est que, dans l’imposture meurtrière du « choc des civilisations », les égorgeurs de chaque camp puissent faire de grands moulinets et cavalcades guerrières aux dépens de ces femmes, dont le corps est à la fois le champ de bataille, la victime balbutiante et le trophée. Je le ressens comme un supplice — symbolique, certes, mais supplice quand même.

        Je ne sais pas si je m’exprime clairement (c’est comme les chaînes de vélo ou les rouleaux de barbelés : pendant qu’on essaie d’en écarter un bout, ça se resserre de l’autre côté).

        Un peu en marge et après c’est promis je sors : les manifestations extérieures d’appartenance à une religion (dandinements, psalmodies, râm-nâma-shivâya et génuflexions en tous genres) n’ont peut-être pas tellement à voir avec le sens du sacré. Celui-ci n’a peut-être même rien à voir avec une quelconque croyance religieuse — genre : « le silence de ces espaces infinis m’effraie » (Pascal), ou, plus près de nous, « être seul avec soi face à l’infini qui s’en fout » (Albert Jacquard, généticien). Mais là comme ailleurs et plus encore, libre à chacun...

    • Burqa ou niqab, le débat ne devrait pas se situer à un niveau religieux.

      Le regard et le visage tiennent un rôle primordial dans la communication verbale et non-verbale. Ils sont à l’origine de facultés développées chez l’être humain (et autres animaux) qui consistent :

      - à pouvoir découvrir un être dans son environnement
      - à être capable d’en connaître ou reconnaître l’identité
      - à choisir l’attitude relationnelle à adopter avec cet être
      (éventuellement à s’en méfier ou s’en défendre en cas de danger)

      Notons au passage que ces facultés de communication, de reconnaissance et de réaction face à l’environnement, sont déjà présentes chez les nourrissons, quelque soit leur sexe, race et croyance.

      De plus, le refus unilatéral de ces facultés de la part d’une minorité qui dissimule son visage, peut être interprétée comme une négation du genre humain dans ses droits naturels. (découvrir son environnement, le reconnaître, communiquer et assurer son intégrité)

      Personnellement, je ne suis donc opposé à tout vêtement, accessoire vestimentaire, accoutrement (religieux ou pas) porté en permanence en lieux publics, et dont le but et/ou les effets sont de dissimuler l’identité, la physionomie et l’expression du visage vis-à-vis d’autrui.

      http://www.la-convergence-ethique.org/

      Voir en ligne : Aucun

      • Pour le coup, je suis d’accord avec Pièce détachée, car au fond il ne s’agit ni de sacré ni de facultés cognitives mais de politique. Toutes ces histoires de niqab, mosquées, pèlerinage, prières et cie ne sont que de la roupie de sansonnet pour faire passer un racket communautariste permettant aux maquereaux d’engranger du bénéfice en termes de pouvoir. Le dénommé Tariq Ramadan en est le meilleur exemple, car loin de l’image de théologien de la libération qu’il cherche à faire passer et que certains imbéciles prennent pour argent comptant, c’est avant tout un bigot réactionnaire qui vise à devenir un chef de bande. Et le voile, intégral ou pas, n’est que l’étendard brandi pour rallier tous les paumés de religion musulmane raccrochés à l’identité communautaire comme à une bouée. Et je ne peux qu’approuver une fois encore Pièce détachée lorsqu’elle souligne que ce sont toujours les femmes qui font les frais de l’opération. En tout cas de ce côté-là, car si parmi les opposants au voile il y a bien sûr les Coppé, Le Pen et consorts, qui se soucient à peu près autant de l’émancipation des femmes que de leur première chemise, il y en a d’autres pour qui la vie des femmes n’est pas un simple argument électoral.

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