ARTICLE11
 
 

mercredi 25 novembre 2009

Sur le terrain

posté à 11h20, par Benjamin
16 commentaires

Nauru : l’île de la tentation devenue enfer sur terre
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En un livre qui fait froid dans le dos, « Nauru, l’île dévastée », Luc Folliet raconte l’histoire triste et absurde d’un peuple du Pacifique qui a eu accès à des ressources incroyables, a plongé sans réfléchir dans la société de consommation et en meurt aujourd’hui à petit feu. Il y a deux semaines, il donnait une conférence à Paris. Retranscription des débats agrémentée d’extraits du livre.

L’histoire des Nauruans, les habitants de cette toute petite île d’une vingtaine de kilomètres carrés située au beau milieu de l’Océan Pacifique, loin de tout, ne peut laisser indifférent. Parce qu’en filigrane, et malgré la distance, les absurdités et les différences de culture, on perçoit bien que c’est en fait la nôtre, d’histoire, qui est contée. Un récit surréaliste, que Luc Folliet développait la semaine dernière lors d’une conférence-débat au CICP1 retranscrite ci-dessous.
Pour plus de clarté, la retranscription a été complétée et agrémentée d’informations provenant directement du livre2, en italique dans le texte.

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D’une exploitation l’autre

L’histoire de Nauru est avant tout celle d’une île gorgée de phosphate. Le meilleur au monde. Le phosphate est un des composants de base des engrais agricoles, dont les Anglo-Saxons – et particulièrement l’Australie à cause de l’aridité de ses terres – ont toujours énormément besoin, comme tous les pays développés au modèle agricole intensif.
Cette toute petite île est donc devenue une immense carrière à ciel ouvert dès le début des années 1920, représentant rapidement un enjeu majeur à cause de la qualité et de la quantité de son phosphate. D’où un lien très fort, tout au long du XXe siècle, entre l’île de Nauru et le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon.

Nauru a été touchée par un moment historique particulier lié au développement de nos sociétés contemporaines, « par hasard » en quelques sortes. Un « hasard » qui a transformé cette île en une énorme mine, un gigantesque gruyère. Le phosphate aggloméré entre les récifs de corail vient des fientes d’oiseaux migrateur faisant une pause sur l’île, depuis des milliers d’années, ce qui a progressivement provoqué l’élévation du plateau terrestre. A force de surexploitation phosphatique, 80% de la surface de l’île se présente aujourd’hui sous la forme d’une ancienne carrière, dont il ne reste plus que de grandes étendues arides et désolées parsemées de centaines de tours de corail de quatre à cinq mètres de haut.

« A force de surexploitation phosphatique, 80% de la surface de l’île se présente aujourd’hui sous la forme d’une ancienne carrière, dont il ne reste plus que de grandes étendues arides et désolées parsemées de centaines de tours de corail de quatre à cinq mètres de haut. »

Longtemps, les Nauruans ne se sont pas inquiétés de voir leur île ainsi exploitée. Littéralement creusée. Jusqu’à ce que certains d’entre eux se rendent compte que l’Angleterre était en train de dilapider leur poule aux œufs d’or, ce « don de Dieu », comme ils l’appellent. Une poule qui représentait tout de même 40 à 50 millions de dollars par an dans les années 1950-1960. Ces millions qui leur passaient sous le nez représentaient une immense fortune ramenée aux 5 000 habitants que comptait l’île à l’époque.

Les habitants de l’île (et tout particulièrement l’un d’entre eux, « Hummer » Deroburt, artisan de la lutte pour l’indépendance de l’île puis président de cette minuscule République durant quelques décennies) ont finalement compris que l’indépendance leur permettrait de regagner le contrôle de l’industrie du phosphate. Ce s’est produit après une vingtaine d’années de luttes, menées de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1960.

« L’âge d’or », les années fastes et l’ultraconsumérisme galopant

On peut considérer 1968, l’année de l’indépendance, comme le début de la fin pour l’île. Les 50 à 100 millions de dollars qui affluent chaque année grâce à l’exploitation du phosphate font de Nauru, au cours des années 1970, l’un des pays les plus riches du monde. Avec le contrôle des ressources et la manne financière vertigineuse qui en découle s’ouvre une période d’extravagance absolue caractérisée par une véritable fascination pour la société de consommation, repoussant toujours plus loin les limites de l’absurde.

Le pays pratiquant une petite forme de « collectivisme », les Nauruans n’ont pratiquement plus rien à payer à compter de l’Indépendance, ni l’électricité, ni l’eau, ni les soins de santé. Ils ne travaillent pas non plus, peuple de pêcheurs qui n’a quasiment jamais œuvré à l’extraction du phosphate : ce sont des coolies chinois qui s’en chargeaient du temps de la colonisation anglaise, puis des « Islanders » (des habitants des îles environnantes, Tuvalu ou Kiribati par exemple) par la suite.
Le système foncier de l’île est assez particulier : la terre n’appartient pas à l’État, mais aux habitants de l’île eux-mêmes. Leurs parcelles sont exploitées par la Nauru Phosphate Corporation, qui leur verse une rente annuelle, des royalties en fonction de ce qui a été extrait de leur sol. Dans les années 70, cela représentait aux alentours de 30 à 40 000 dollars par an pour un petit propriétaire. En 1974, l’exploitation rapporte près de 450 millions de dollars australiens à l’État et aux citoyens nauruans. Quant aux gros propriétaires, ils deviennent millionnaires en quelques années.

Las, la population n’était pas « prête » pour l’argent, sa culture ne l’avait pas préparée à une telle manne financière. Quand, dans les années 1970, la machine s’emballe, Nauru devient l’île de l’ultra-consommation. Les habitants plongent dans une société du loisir constant, où l’argent a perdu toute valeur. Chaque famille possède six ou sept voitures, parfois abandonnées sur le bord de la route en cas de simple crevaison. On trouve aussi une télévision dans chaque chambre de la maison et des magnétoscopes VHS pour tout le monde, alors qu’ils coûtent une véritable fortune à l’époque. « Oh ! Et puis j’ai vu… Vous n’allez pas le croire. Mais je l’ai vu de mes propres yeux. A une fête, certains habitants utilisaient des dollars australiens comme papier toilette. Comme papier toilette… Où allions-nous ? », se rappelle une habitante de l’île qui a connu cette période « fastueuse ».

Comme il n’y a pas grand chose à faire à Nauru, le passe-temps le plus courant à cette époque est de prendre son 4X4, et de tourner autour de l’île, sans arrêt ; sur la seule route, dont on fait le tour en une demi-heure. Par ailleurs, tout est gratuit, même les femmes de ménage chinoises ou Islanders, payées par le gouvernement.
Devenue ambitieuse, Nauru se veut en outre centre névralgique du Pacifique. Un aéroport international y ouvre et, dans les années 80, Air Nauru dispose d’une flotte de sept Boeings 747 desservant tout le Pacifique.

« Comme il n’y a pas grand chose à faire à Nauru, le passe-temps le plus courant à cette époque est de prendre son 4X4, et de tourner autour de l’île, sans arrêt. »

Une partie de l’argent provenant de l’extraction de ce phosphate est donc « redistribuée », tandis que le reste va au gouvernement qui vit une existence de nouveau riche, des centaines de millions d’euros lui tombant du ciel. Il investit, peu importe dans quoi. Dans l’aéroport international, au Japon, au Texas, à Melbourne (un quartier entier de la ville, renommé « Petit Nauru », appartient à l’époque au gouvernement), l’apogée de ces dépenses grandiloquentes s’incarnant dans une immense tour, la plus grande d’Australie, construite avec l’argent du phosphate, d’où le gouvernement nauruan pensait pouvoir veiller sur son empire comme une poule sur ses œufs d’or.

Sur le long terme, ce sont ces investissements inconsidérés, inutiles et souvent gérés de manière catastrophique, ne rapportant rien la plupart du temps, qui ont causé la perte de Nauru. Le gouvernement a à l’époque l’illusion du contrôle, mais tous les projets financés perdent énormément d’argent. Air Nauru est ainsi un véritable gouffre financier (prévisible, vu l’absurdité de construire un aéroport international sur une minuscule île de 5 000 habitants…). Ce sont la moitié des revenus annuels de Nauru, soit environ 40 millions de dollars, qui « s’envolent » chaque année avec la compagnie, dont le taux de remplissage dépasse rarement les 20%. Sur toute la période, on chiffre aux alentours de 500 à 600 millions de dollars les pertes engendrées par Air Nauru. Abyssal.

À cette époque, les Nauruans vivent dans un monde à part, où l’argent ne représente rien de tangible, si ce n’est la rente touchée à la fin de l’année. « Plus rien ne poussait sur l’île, Nauru importait alors tous les produits dont les habitants avaient besoin, issus d’une agriculture australienne dopée au phosphate : pain, œufs, viande, salades, produits congelés par containers entiers. Les cargos apportaient aussi voitures, bateaux, motos, magnétoscopes, autoradios, chaînes hi-fi. Tout cela coûtait extrêmement cher – 7 dollars pour une salade – mais les nauruans pouvaient se le permettre. On ne fabriquait plus. On jetait. On ne réparait plus. On remplaçait. On ne produisait plus, on ne cuisinait plus. On consommait. »

La décadence, ou comment on peut toujours tomber plus profond que le fond…

La période de décadence débute dans les années 1980. A ce moment-là le gouvernement et la population arrivent encore à peu près à faire illusion. La mine commence à se tarir, mais on persiste à faire semblant3.
Mais voilà : en une vingtaine d’années, l’île perd tout. Jusqu’à devenir, au début des années 2000, l’un des pays les plus assistés au monde. Jusqu’à frôler la banqueroute en 2004. Et à voir sa population décimée par un des taux de diabète les plus importants du monde.

L’avidité insatiable et les envies d’achat compulsifs ont mis les habitants au fond du trou. Les businessmen et les politiciens véreux y ont largement contribué. En 2004, l’État est à l’abandon. Il n’y a plus d’essence, plus d’électricité, plus d’eau, plus d’argent. La seule banque de l’île fait faillite et, du jour au lendemain, les Nauruans – qui pour certains détenaient encore plusieurs millions de dollars – n’ont plus rien. Les gens ont tout perdu, l’île se retrouve à nouveau livrée à elle-même.

La population essaye de survivre comme elle peut, et les gouvernements successifs (l’instabilité politique est très forte à partir du début des troubles économiques) ne font qu’empirer les choses par leur gestion désastreuse de la crise, leur corruption effrayante et leur hallucinante capacité à se voiler la face.
Des emprunts de plus en plus importants sont contractés afin d’éviter de réduire les dépenses faramineuses de l’État (le gouvernement, qui n’a jamais compté plus de six ministres, arrive régulièrement à atteindre un budget de fonctionnement totalement disproportionné de 50 millions de dollars par an…). Ce sont plusieurs centaines de millions de dollars qui sont empruntés, dont les intérêts commencent à peser sur les finances publiques.

« Tout est lié à Nauru. Un événement en entraîne un autre comme un domino fait tomber le suivant. Le phosphate a apporté l’argent qui a provoqué l’oisiveté et la déculturation d’une population. Celles-ci ont engendré l’abandon de soi puis le laisser-aller dans le « laisser-faire » ; l’épuisement de la ressource nourricière dans cette marche forcée vers la richesse couplée à une politique d’investissements folle et erratique. Ce qui donnera la destruction physique d’une terre natale et la quasi-faillite d’un Etat obligé de monnayer son sol quand son peuple meurt dans le même temps de sa propre négligence. »

Comme quelqu’un qui voit sa chute se rapprocher, l’île est alors prête à tout pour ne pas tomber. Ou pas trop. Elle se transforme donc en paradis fiscal. Une simple cahute sur la plage, cabanon en bois qui ne paye pas de mine, devient adresse unique pour les 400 « banques-coquilles » qui servent uniquement à blanchir ou détourner des fonds. Jusqu’à divers scandales et aux réactions de la communauté internationale, apprenant entre autres que la mafia russe y avait blanchi la bagatelle de 70 milliards de dollars en quelques années…

« Jusqu’à divers scandales et aux réactions de la communauté internationale, apprenant entre autres que la mafia russe avait blanchi la bagatelle de 70 Milliards de dollars dans ces banques en quelques années. »

L’île vend également sa nationalité, et procure des passeports nauruans à qui veut bien payer (pour 10 à 35 000 dollars). Jusqu’à ce que deux terroristes d’Al Qaeda se fassent arrêter avec lesdits passeports…

Une fois cette phase « illégaliste » passée, Nauru n’a d’autre choix que d’accepter le deal qui lui est proposé par l’Australie : la « Pacific Solution ». Il s’agit de parquer sur l’île des boat people tentant de rejoindre l’Australie, contre 30 millions de dollars par an : l’île trouve ses revenus dans la rétention humaine. Ce sont jusqu’à 1 000 à 1 500 Afghans, Irakiens, Pakistanais, Indiens, Indonésiens qui restent ainsi bloqués à Nauru. Une « solution pacifique » qui dure cinq ans.

«  Une fois le phosphate épuisé, l’île trouve ses revenus dans la rétention humaine.  »

Quant aux Nauruans eux-mêmes… Si un début de prise de conscience semble avoir eu lieu, il ne s’est opéré qu’il y a peu de temps et semble bien tardif, voire superficiel. Reste qu’une nouvelle génération est arrivée au pouvoir depuis quelques années, avec la volonté de clarifier les comptes et de relancer le pays sur des bases correctes. Dans les faits, l’île monnaye ses prises de positions pro-chinoises ou taiwanaises contre monnaie sonnante et trébuchante, ou accepte l’aide financière japonaise contre son soutien à la politique baleinière…

Le poisson abonde pourtant dans les eaux de l’île, et quelques tentatives de relance des cultures ont aussi été menées. Un habitant témoigne : « Le plus étrange, c’est que notre fragilité économique actuelle est ce qui peut nous sauver. Nauru n’a plus un sou. On a dû revenir un siècle en arrière, quand les chefs de famille allaient pêcher tous les matins et soirs et récolter des noix de coco. Si on regarde de plus près, la crise a permis d’enrayer les mauvaises habitudes alimentaires. On mange plus de poisson fraîchement pêché. Plus de fruits également. Et en pêchant, on fait plus d’activité physique aussi. »
Le réflexe de survie comme geste salvateur, l’idée prête à sourire. « C’est tout le paradoxe de l’île. Le paradoxe de notre pauvreté actuelle. On est en meilleure santé à cet instant que lorsque nous avions des liasses de billets plein les poches. »

Reste que la population, bouffée par la société de consommation, détient le triste record du taux d’obésité le plus important au monde (78,5 % selon une enquête de l’OMS parue en 2008). Le diabète fait de terribles ravages dans des populations polynésiennes qui y sont déjà génétiquement prédisposées. À un point tel que c’est ce qui risque réellement de faire définitivement disparaître la population de l’île. Victime de la malbouffe, de sa passivité et du manque d’exercice.
Les habitants ont également failli mourir de soif il y a peu de temps, à cause d’une grande sécheresse. C’est que la source d’eau douce de l’île n’est pas vraiment potable et que l’usine désalinisant l’eau de mer ne fonctionne plus car le processus coutait trop cher. Du coup, chaque maison a installé des cuves de récupération de l’eau de pluie, insuffisantes en cas de sécheresse prolongée.

Enfin, quasiment toute la culture s’est perdue en à peine une génération. Les danses, les chants, les cérémonies et habits traditionnels… même les gestes de base doivent être réappris. « Il y a quelques semaines, on est arrivé à envoyer plusieurs jeunes femmes nauruans aux îles Fidji en stage de « reconditionnement ». Leur apprendre à passer le balai, nettoyer la cuisine, changer des couches. Tenir une maison propre en somme. Eh oui, on en est là. Envoyer des filles à l’étranger pour leur apprendre à passer le balai. »

Malgré quelques pas dans une meilleure direction (les habitants se sont remis à pêcher et à faire du sport), le seul espoir restant aux Nauruans est de la creuser plus profond encore afin d’exploiter une éventuelle deuxième couche de phosphate. Pour retrouver son « âge d’or ». Sous peine de mourir de faim, de diabète ou de soif.

« Nauru n’est pas qu’un pays ruiné. Nauru parle de nous-mêmes confrontés à la richesse et à l’abondance […]. Nauru, c’est surtout l’histoire de l’homme qui, une fois son confort matériel assuré, néglige sa culture, oublie son passé et se fout de son environnement. Nauruans, Occidentaux ou Chinois. Sur ce point je pense qu’on se vaut tous. »



1 Centre International de Culture Populaire, où la librairie voisine Quilombo organise un débat une fois par mois.

2 Nauru, l’île dévastée ; Comment la civilisation capitaliste a anéanti le pays le plus riche du monde, par Luc Folliet Editions La Decouverte, 154 pages.

3 Alors qu’il « faut pas jouer les riche, quand on n’a pas le sou… »


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 25 novembre 2009 à 12h48, par klarib

    On croirait lire un conte de Swift ou de Voltaire. Il y a peu, on parlait de « finlandisation » pour évoquer un protectorat menaçant, dira-t-on désormais « nauruisation » pour « fin du monde » ?



  • mercredi 25 novembre 2009 à 14h17, par De Guello

    On peut faire un rapprochement avec l’histoire de l’Ile de Pâques et par extension à notre futur.

    • mercredi 25 novembre 2009 à 17h19, par captainObvious

      D’après Daniel Tanuro, la destruction du peuple pascuan viens plus du colonialisme que de la surexploitation des ressources.

      • mercredi 25 novembre 2009 à 18h27, par De Guello

        Exact:maladies,rats etc...Mais,la 1er hypothèse c’est la bétise de ses habitants : déforestation due au transport et à l’érection des statues.
         × ( + pénurie de bois et de cordes, sous alimentation, famine, conflits internes)

      • dimanche 13 décembre 2009 à 14h13, par Jaik

        Ce n’est pas l’hypothèse avancée par Jared Diamond, qui dans le 3e chimpanzé, fait porter la responsabilité du désastre écologique de l’île de Pâques, à surexploitation de bois, nécessaire sous forme de rondin au transport des statues. Opinion que je partage.



  • mercredi 25 novembre 2009 à 20h15, par un-e anonyme

    « les gestes de base doivent être réappris. Il y a quelques semaines, plusieurs jeunes femmes nauruans ont même été envoyées aux îles Fidji en stage de »reconditionnement« . Il s’agit de leur apprendre à passer le balai, à nettoyer la cuisine, à changer des couches… L’île en est là : envoyer des filles à l’étranger pour leur apprendre à passer le balai… »

    Dommage qu’ils n’aient pas aussi envoyé des mecs. Là, pour le coup, c’aurait vraiment été un nouveau départ...



  • mercredi 25 novembre 2009 à 21h46, par un-e anonyme

    C’est curieux la naissance des mythes, quand même...

    Notamment le mythe de l’Île de Pâques, puisque certains en parle...

    On a comme ça une histoire que presque tout le monde prend, comme ça, sans chercher à vraiment savoir, pour argent comptant quoi... Des fois, il y a du vrai, mais ce n’est même presque plus ça qui est important : ce que les gens finissent par vouloir retenir, c’est la morale ou la vision de l’histoire, du conte, du mythe ou de la légende...

    C’est curieux, ça, le désir que la vérité n’a plus d’importance, en fin de compte !



  • jeudi 26 novembre 2009 à 14h40, par Prisss

    « plusieurs jeunes femmes nauruans ont même été envoyées aux îles Fidji en stage de »reconditionnement« . Il s’agit de leur apprendre à passer le balai, à nettoyer la cuisine, à changer des couches… L’île en est là : envoyer des filles à l’étranger pour leur apprendre à passer le balai… »

    Quitte à « reconditionner », et à « apprendre à passer le balai », les nauruans feraient bien de s’y mettre tous, et pas seulement les femmes... Moi je dis ça...



  • vendredi 27 novembre 2009 à 17h34, par Benjamin

    Salut à tous,

    et déjà désolé pour la réponse un peu tardive.

    @ Karib

    On y avait pensé aussi, pour essayer de décrire un processus de « tatouisation » de l’humain : une fois que ces derniers ont été régulièrement nourris par des humains ils cessent de chasser et meurent de faim (cf cet article de Lémi...).

    Ceci dit c’est vrai que l’histoire se goupille tellement « bien » qu’on a tendance à se demander si c’est pas un peu romancé.

    Mais c’est pas plus incroyable, finalement, que nos propres conneries au niveau de l’ensemble de la planète...

    @ De Guello, Captain Obvious et anonyme de 21h46

    Suis pas un expert de l’histoire pascuane mais j’avais entendu parler de la même version que De Guello concernant la destruction de l’île.

    D’accord sur l’autodestruction de l’homme par le biais des dégâts environnementaux. Ceci dit il y a quand même une différence fondamentale entre les pascuans et les nauruans, qui tient à la « mondialisation » et son corollaire consumériste.

    C’est assez vrai pour la question du mythe également, il émerge grâce à l’absence de connaissances précises sur la situation et on s’en sert pour se construire les représentations qui nous « conviennent ». Là-dessus on peut se replonger dans Mythologies, de Roland Barthes.

    @ anonyme de 20h15, JBB et Prisss

    J’avoue, tant qu’on y était, autant faire d’une pierre deux coups. « Profiter » de la table rase économique et sociale pour instaurer une société sans discriminations, inégalités ou exploitation de l’homme (ou de la femme) par l’homme.

    Mais vu la difficulté qu’ils avaient à trouver de quoi manger, même en restant dans leurs rôles traditionnels, c’eût également été les condamner à crever de faim à coup sûr...



  • samedi 28 novembre 2009 à 11h02, par miha

    Edifiant !

    Autre constat : le sexisme survit à tout.

    C’est vrai quoi, à la fin, reprendre une vie normale, retrouver sa culture, c’est bel et bien réapprendre aux femmes à balayer, n’est-ce-pas ?



  • mardi 1er décembre 2009 à 20h12, par un-e anonyme

    Pas froid dans le dos mais une illustration de plus de la bêtise humaine et ou de la justification d’être un escroc. - ceci-dit mon jugement hâtif est entaché d’ignorance totale du sujet ...

    Car de 2 choses l’une (l’autre le soleil) ou bien les dirigeants étaient des escrocs qui ont assuré leur descendance de tous soucis pour quelques décennies ou bien ce sont des débiles profonds qui ne savent pas que toute ressource est limitée.
    Dans l’un comme l’autre cas et sans faire d’analogie facile on se demande bien à quoi servent notre merveilleuse conscience et autres capacités cérébrales qui nous rendraient ’supérieur’ aux animaux.
    La puissance de l’acculturation du désœuvrement mérite quelques études. On peut penser au contraire aux remarques de Lévi-Strauss sur les loisirs dans les tribus amérindiennes qui développaient une cultures très riche.
    Cela confirme ma conviction que l’humanité - les civilisations - les populations - les individus devant certains problèmes qui nous paraissent surmontables - à postériori et-ou de loin - ne sont pas toujours capables de s’adapter autrement que par le désastre.

    Actuellement les propagandes des salauds nous rendent incapables de comprendre et ou de changer ce système féodal des richesses privatisées qui nous mène au suicide collectif - comme annoncé depuis des dizaines d’années.



  • lundi 24 octobre 2011 à 18h42, par Vince

    Ah les français,

    A qui en sait le plus et le tartine à souhait !!! Faites gaffe ça va finir par vous tuer comme les nauruans



  • mardi 8 mai 2012 à 04h01, par Anne Aunime

    Dépenser sans compter sur la base de l’exploitation d’une ressource par définition limitée, sans rien investir dans un projet qui leur aurait permis de prendre le relais une fois la manne épuisée, je pense que leur problème n’a rien à voir avec la mondialisation, la colonisation, le capitalisme ou je ne sais quelle autre foutaise. C’est tout simplement leur stupidité qui les a tué.

    • mardi 9 juillet 2013 à 17h31, par un-e anonyme

      Exactement, j’imagine très bien la même situation dans l’URSS d’autrefois.

      Beaucoup l’ont déjà oublié mais les Soviétiques sacrifiaient l’environnement à tout va, pour produire davantage.

      Si la vision à court terme, l’avidité et la stupidité étaient des monopoles capitalistes, cela se saurait... et je serais bien plus serein...

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