vendredi 14 novembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 12h35, par
25 commentaires
On ne le répétera jamais assez : Nicolas Sarkozy est un être d’exception, un brave parmi les braves, un homme politique héroïque, un trompe-la-mort d’élite, un… Bref : c’est un mec aussi cool que courageux. Rien d’étonnant, donc, à ce que notre glorieux président ait reçu hier, à l’Elysée, le prix du courage politique. Au contraire, même : c’est un juste hommage et une distinction méritée. Si, si…
A force, on dirait un ancien combattant.
Et son torse large et musclé sera bientôt si bardé de médailles, décorations et distinctions qu’il lui deviendra impossible de toutes les porter.
Sauf à payer quelqu’un pour les arborer pour lui.
Notre glorieux bateleur en chef était déjà « homme politique de l’année », distinction remise fin septembre par la très religieuse fondation Appeal of Conscience.
Ainsi que récipiendaire du tout aussi classe Humanitarian Award de la Fondation Elie Wiesel, laquelle se pique d’attribuer son prix à « des êtres exceptionnels qui ont consacré leur vie à combattre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice » et qui s’était notamment distinguée en le remettant à Georges Bush père en 1991 pour sa lutte en faveur des idéaux démocratiques pendant la guerre du Golfe…
La gloire, n’est-ce pas ?
Oui.
Mais il y a mieux : Nicolas Sarkozy vient de recevoir le prix du courage politique, décerné par la revue Politique Internationale.
Une distinction méritée, remise en grandes pompes par le directeur de cette publication.
Lequel Patrick Wajsman se trouve être aussi, par le plus grand des hasards, conseiller spécial de l’UMP en matière de politique internationale.
(Le monde est petit…)
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Les plus médisants d’entre vous (j’ai des noms !) ne manqueront pas de se gausser de ce prix de pacotille, remis par un éminent membre du parti présidentiel à un autre membre éminent du parti présidentiel.
Les mêmes moqueront un récipiendaire au rabais, le prix devant, selon le Canard Enchaîné, normalement échoir au dalaï-lama, qui a finalement fait faux-bond.
Et ils remarqueront sans doute que Politique Internationale n’en est pas à son coup d’essai en matière d’usurpation, la revue s’étant déjà faite remarquer en publiant l’an passé (à son corps défendant) un faux entretien avec Obama, oeuvre d’un intervieweur faussaire démasqué par Rue 89.
Mais : non !
Je ne hurlerai pas avec les loups.
Ni ne pointerai le ridicule de ce prix.
Tant je suis convaincu que le décoré présidentiel est homme courageux.
Brave.
Et même héroïque.
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Du courage ?
Il en faut pour se dresser vaillamment contre les irrespectueux de tous poils et les traîner audacieusement devant les tribunaux, en une multiplication des procédures présidentielles qui donne le tournis et finit par inquiéter même les partisans de Sarkozy.
De la bravoure ?
Il en faut aussi pour surfer sur l’émotion et pondre une nouvelle loi à chaque nouveau faits divers sordide, le dernier - l’usage immodéré d’un couteau par un schizophrène - donnant prétexte à une promesse de réforme de l’hospitalisation psychiatrique et à la création d’un énième fichier.
De l’héroïsme ?
Il en faut, enfin, pour s’attaquer aux derniers tabous sociaux et remettre la France-qui-ne-se-lève-pas-assez-tôt au boulot, une tâche de longue haleine et un combat de toujours contre les conservatismes syndicaux qui passe par le développement du travail le dimanche, « jour de croissance en plus, (…) pouvoir d’achat en plus ».
Non…
Décidément, Nicolas Sarkozy est un homme courageux.
Et on ne le répétera jamais assez.