samedi 16 octobre 2010
Vers le papier ?
posté à 11h30, par
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Fini de rire. Avec deux petits mois de retard sur les prévisions originelles, notre canard sortira finalement le samedi 13 novembre. Un premier numéro dans lequel toute l’équipe est présentement plongée jusqu’au cou, suant sang & rosé pour tenir les délais tout en peaufinant textes et maquette. Rush. Transparence oblige, on vous propose un dernier point d’étape.
Ce devait être début septembre. Ensuite mi-septembre, dernier délai. Puis début octobre, croix de bois, croix de fer. Et ainsi de suite... Finalement, ce sera mi-novembre, le 13 pour être précis1. Un peu plus de deux mois de retard, une bagatelle, non ? C’est accessoire, on est d’accord. D’autant que là, c’est certain : nous ne reculerons plus.
D’ailleurs... il ne s’agissait pas tant de reculs. Disons plutôt : des ajustements, réflexions, évolutions. Il est loin d’un projet à sa concrétisation ; au fil des semaines et des mois, la découverte des contraintes techniques et financières autant que les nombreuses et passionnantes discussion internes - avec tous ceusses qui se retrouvent embarqués dans cette joyeuse galère - ont conduit à maintes fois changer le fusil A11 d’épaule. Au final, le canard ne sera pas tel qu’on se l’était imaginé dans nos petites têtes (chacun des participants en avait d’ailleurs une vision différente) ; mais il fera feu, c’est le principal. Balles de papier ou de plomb, c’est à voir.
Tenez... le papier. Il avait été amoureusement sélectionné par l’équipe des graphistes - soit les deux membres de l’atelier Formes Vives et Thibaud Meltz - et chaudement plébiscité par la rédaction au complet. Bref, il en jetait. Sauf que... ledit Munken Lynx 70g ne se commande - sort funeste, on l’a découvert tardivement - que par bobines de trois tonnes, une quantité de papier suffisante pour imprimer cinq numéros. Soit une facture de près de 5 000 euros, 50 % de notre budget total. En clair, on mettait la moitié de notre cagnotte dans le papier et on avait toutes les chances de ne pouvoir l’utiliser ensuite, faute d’argent pour payer l’impression des numéros deux et trois. Pas moyen. Il a donc fallu en rabattre, choisir un papier beaucoup plus classique, plus courant et moins cher. Rien de dramatique, évidemment, on avait juste les yeux plus gros que le ventre ; il a fallu les rapetisser jusqu’à l’équilibre.
Autre exemple : le format. Là, c’est simple, on les a tous fait2. Du plus classique au plus tarabiscoté, du plus passe-partout au plus excentrique. L’embarras du choix nous paralysait presque. Et quand - enfin - nous pensions avoir trouvé le bon, décidés à retenir un format proche de celui des revues, bing, la (tardive) révélation : si nous souhaitions pouvoir exister en kiosques, ne pas être perdus au milieu de myriades de magazines3, il fallait opter pour un format se rapprochant du « tabloïd »4 . Rebelote & retour à la case hésitation. Au final, nous avons fini par trouver chaussure à notre pied, sous l’impulsion de ceusses de Formes Vives & T : le format d’A11 sera plutôt allongé, 24 centimètres de large sur 44 de haut. Atypique sans l’être trop.
Dans toutes ces décisions, nos camarades graphistes - ceux de Formes Vives et Thibaud, donc - ont joué un rôle de poids. Dès le départ, ça nous semblait évident : le graphisme devait faire partie intégrante de la démarche. Logique, migrer du net implique d’accorder de l’importance à l’objet journal en tant que tel. Il nous fallait donc le concours de jeunes gens - doués et motivés5 - dont c’est la partie. Eux portent la responsabilité graphique du projet, nous nous chargeons du rédactionnel. Séparation des pouvoirs. En toute fraternité.
Dernière illustration, la périodicité. Là-aussi, on a d’abord voulu se la jouer grands seigneurs, façon rendez-vous très régulier : c’était dit, on allait paraître tous les mois. Et puis, finalement, non. Parce qu’assurer la sortie d’un mensuel empiéterait trop sur nos vies déjà bien remplies et que nous tenons dur comme fer à ce que le site Internet continue à exister sans être une resucée du journal6. A11 sera donc bimestriel - au moins au début, après nous verrons. Oui : une fois tous les deux mois. Qui a dit « feignasses » ? Euh... soit. Mais quand même : en échange, nous avons augmenté la pagination : le canard fera vingt pages. Tout rond.
Périodicité confortable, donc. Nous faisons même carrément petits bras par rapport à l’ex-Tigre - bimensuel7 - ou à CQFD - mensuel. Qu’importe, nous commencerons doucement. C’est aussi un calcul financier : un canard restant en vente pendant deux mois a d’autant plus de chances8 de retomber sur ses pattes, l’équilibre coûts (impression et distribution) / recettes (ventes) par numéro étant un chouïa plus facile à trouver. Et puis, avec cette périodicité, nous sommes en mesure de proposer un abonnement annuel à un tarif qui ferait rougir n’importe quel éditocrate barbichu (© S. Fontenelle) : 13 euros pour six numéros9. Le prix de cinq bonnes bouteilles de rosé, quoi. À ceux qui sont prêts à ainsi sacrifier le confort éthylique de quelques jours, nous donnerons d’ici peu (la semaine prochaine) l’adresse où envoyer les chèques. Money, money...
Et pour ce qui est du contenu, de la substantifique moelle, nous vous laissons la surprise, en espérant qu’elle soit bonne. Rien ne dit que nous allons y arriver, mais... l’idée est évidemment de rester dans l’esprit du site, avec une exigence de fond et de forme accrue - chaque contributeur le voit ainsi. Le 13 novembre, date officielle de sortie en kiosques, vous nous direz si on a réussi ou si nous nous sommes plantés10.
Dans les épisodes précédents :
Article11 papier : Une histoire de gros sous.
Une ligne éditoriale ? Peuh...
Entretiens avec la « concurrence »
Premier épisode : Le Tigre, à lire ici.
Deuxième épisode : Revue Z, à lire ici.
Troisième épisode : Le Postillon, à lire ici.
Quatrième épisode : CQFD, à lire ici.
Cinquième épisode : Le Jouet Enragé, à lire ici.
1 L’idée de sortir un 11 novembre nous bottait bien (11/11 pour Article11), mais il paraît que c’est difficile d’être distribué un jour férié... Qui l’eut cru ?
2 Enfin : presque. Des fois, on exagère un brin...
3 La France est le pays qui compte, proportionnellement, le plus grand nombre de magazines par habitant. Un motif de fierté ? Pas sûr.
4 Le choix que vient de faire Fakir, passé du format magazine au format tabloïd. Un changement essentiellement motivé par le désir d’être davantage visible en kiosques.
5 Comme tous ceux qui participent au projet, ils bossent bénévolement.
6 Au rythme désormais adopté d’un article tous les deux jours.
7 Énième (et belle) mouture, Le Tigre était bimensuel depuis un peu plus de six mois. Mais le treizième numéro de la dernière formule, paru en septembre, donnait à lire un unique article, long et surprenant, diversement apprécié - certains (dont nous) l’ont trouvé touchant et classieux, d’autres ont moins aimé. En celui-ci, titré Pourquoi faire un journal, l’un des deux fondateurs du journal, Raphaël Meltz (avec Laetitia Bianchi), disait sa lassitude et - en filigrane - son envie de de donner une nouvelle peau au Tigre.
Le journal, actuellement en stand-by, devrait donc renaître, sous une nouvelle forme.
8 Elles restent minimes, ces chances...
9 C’est vrai, vous ne gagnez que deux euros par rapport au coût de la vente au numéro (2,5 € l’exemplaire). Mais dîtes-vous que, rapporté au coût de Libération, c’est une affaire en or : pour le prix de dix numéros du quotidien déchu, vous gagnez un an de lecture d’un canard qui ne vous a pas encore déçu. Et on vous promet que vous ne recevrez pas de montre ou de mini-télé en prime... Surtout, pour être franc, nous avons méchamment besoin de l’avance de trésorerie représentée par les éventuels abonnements.
10 Ne vous fiez pas, en tout cas, à l’image ci-dessous. Lémi - qui l’a réalisée - tenait absolument à la placer en ce billet. C’est une position pour le moins... euh... discutable, esthétiquement parlant.