ARTICLE11
 
 

vendredi 12 mars 2010

Le Charançon Libéré

posté à 20h21, par JBB
16 commentaires

Ah mais ! Joffrin ne parle pas de « LaRumeur » ! Pour Libération, c’est autre chose…
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Quand l’honneur de la presse est en jeu, on peut toujours compter sur quelques chevaliers blancs pour valeureusement monter au créneau. Ainsi du boss de Libération qui, dans un récent édito, annonce sa ferme intention de rester à l’écart de LaRumeur. Parole de barbichu. Des mots très dignes… que contredit aussitôt l’irruption de ladite Rumeur sur Libération.fr. Grand écart.

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Je ne suis pas comme toi, ricaneur perpétuel n’ayant de cesse de mettre en doute tous les pouvoirs établis, de soupçonner tous les hommes arrivés, de critiquer ceux qui font la pluie et la pluie.

Je ne suis pas comme toi, disais-je, et j’apprécie Laurent Joffrin.

Beaucoup.

C’est ainsi, je ne goûte rien tant que ses éditoriaux, courageuses prises de position autant que fines analyses.

Et j’aime à nourrir ma compréhension du monde et mes engagements de ses envolées à l’élégance littéraire proverbiale.

Je me suis donc précipité sur la dernière livraison - tu vas être surpris, mais Laurent écrit un édito par jour ; si, si… - du pontifiant apôtre de Libération.

Et j’ai lu avec enthousiasme ce texte titré Pourquoi Libération ne reproduit pas les rumeurs sur la vie privée de Nicolas Sarkozy.

J’ai pris acte de cette position franche et claire.

Et j’ai apprécié ce refus d’énoncer de quoi LaRumeur est le nom, engagement audacieux faisant honneur à la presse française et prouvant combien la déontologie journalistique n’est pas un vain mot.

Ainsi, écrit Laurent Joffrin :

Libération a refusé de reproduire la rumeur en question. La vie privée des hommes politiques n’est pas pour nous un objet d’investigation, sauf si elle est dévoilée par les intéressés ou si elle a des conséquences claires sur le jeu politique ou sur la symbolique des institutions (ce qui était le cas, par exemple, pour le divorce et le remariage de Nicolas Sarkozy).

Bravo !

-

Je ne doute pas qu’il s’en trouvera - toi, peut-être - pour pointer ce que cette position peut avoir de ridicule ; produire un édito pour annoncer solennellement que LaRumeur ne sera pas mentionnée n’est qu’un moyen de l’évoquer tout en se parant hypocritement des habits du père-la-vertu.

Et je suis sûr qu’il y en aura - toi, sans doute - pour s’esbaudir des précautions pathétiques de Laurent Joffrin, lui qui débarque toujours après la bataille et ne craint pas de prendre position sur le sujet alors que LaRumeur a déjà fait trois fois le tour de la planète ; à tel point qu’un journaliste du Monde vient d’interroger LePrésident sur le sujet.

Mais je préfère te prévenir : je ne mange pas de ce pain-là.

Et je ne tolérerai pas que quiconque - même toi ! - manque de respect en ces lieux au boss barbichu du quotidien de la rue Béranger.

Ne serait-ce que parce que (moi aussi) je porte (haut) le poil capillaire…

-

Ceci posé, tu ne t’étonneras pas que je ne mentionne pas céans cet article de 20Minutes.fr, titré Chantal Jouanno dénonce une « une rumeur ignoble » sur sa vie privée.

Tu comprendras que je me refuse à relayer le contenu de ce papier, qui fait état de la réaction de la secrétaire d’État à l’Écologie à LaRumeur lui prêtant quelques crapuleuses galipettes avec Leprésident.

Et tu me sauras gré de ne pas reproduire ici cette phrase plutôt instructive : « La secrétaire d’Etat à l’Ecologie a déploré ce vendredi les bruits ayant circulé ces derniers jours sur Internet et dans la presse britannique concernant sa vie privée, au cours d’un chat avec des internautes sur le site liberation.fr. »

C’est cela : « Au cours d’un chat avec des internautes sur le site liberation.fr. ».

Précisément :

« Coccinelle. Quels commentaires pouvez-vous faire sur les rumeurs qui circulent dans la presse anglaise concernant votre vie privée ? »

« C’est une rumeur absurde qui vient encore de twitter, c’est même d’ailleurs une rumeur ignoble parce qu’elle porte atteinte, non seulement à mon honneur, mais aussi à celui de ma famille. »

Comment disait Laurent, déjà ?

Ah oui : « Libération a refusé de reproduire la rumeur en question. La vie privée des hommes politiques n’est pas pour nous un objet d’investigation. »

Sans déconner…

-

À celui qui s’étonnerait de ce que Libération aborde (plutôt frontalement) LaRumeur que - déontologie oblige - le quotidien n’évoquera pas, je suis sûr que Joffrin ne manquerait pas de répondre avec un juste mélange de candeur et d’indignation.

Expliquant notamment que cette mention n’est pas le fait de journalistes, mais qu’elle émane d’un internaute.

Ce n’est - bien entendu - rien d’autre qu’un foutage de gueule d’ampleur cosmique.

Tant nul n’imagine que les questions posées en chat à une secrétaire d’État ne sont pas visées et validées auparavant par la rédaction.

Personne ne sera dupe, donc : Libération, en l’espèce, fait exactement le contraire de ce dont se gargarise Laurent Joffrin.

-

Ce n’est là qu’un amusant point de détail.

Mais je crois bien que c’est une parfaite illustration du comportement des médias officiels quant à LaRumeur.

En prétendant ne pas y toucher et en se bouchant le nez, ils l’ont enfantée1, entretenue et cultivée.

Et ils en font aujourd’hui leurs choux gras, tout heureux de pouvoir en faire porter la responsabilité sur ce net irresponsable où les nazis-pédophiles se ramassent à la pelle.

Tu sais quoi ?

Ça m’énerve.

Grave…



1 À commencer par Johan Hufnagel, rédacteur en chef de ce site sans intérêt qu’est Slate : par un twitt plein de sous-entendus, « Benjamin Biolay c’est bien le mec qui… », l’homme a beaucoup fait pour l’essor de LaRumeur ; nul doute, pourtant, qu’il s’en défendrait avec conviction.


COMMENTAIRES

 


  • Plus besoin de talonnettes,maintenant il fait 1,80 mètres avec les cornes.



  • Je ne sais pas du tout comment est venue La Rumeur. Personnellement, je préfère le groupe de rap qui se nomme ainsi. Il rappelle des faits qui sont bien plus graves que des scènes de Labiche ou Feydau. S’indigner pour une plaisanterie de journalistes politiques qui se retrouve prise au sérieux par d’autres journalistes et accuser les amateurs (les non journalistes) ensuite, c’est la tâche de Joffrin, mais aussi de Barbier ou d’Apathie (voir leurs déclarations ridicules pour en parler sans en parler). Ils n’ont rien de plus important à dire alors que des centaines de milliers vont se trouver en fin de droit pour le chômage, que le 21 mars des centaines de milliers de personnes seront en situation de se retrouver à la rue pour surendettement et défaut de paiement de loyer, qu’Yves Jégo (ancien responsable de la communication internet lors de la présidentielle) livre une adresse IP et une adresse de courrier d’un commentateur opposant en déclarant « profitez-en » (voir Bug Brother), que l’on se suicide toujours autant à France Télécom, que l’Éducation nationale est à moitié en grève parce que 39 élèves par classe pour des élèves en difficulté ce n’est plus possible, que l’on voit comment la mairie de La Faute est un aptonyme, et j’en passe. Il y a des choses plus importantes à éditorialiser qu’une idiotie ne concernant que les journalistes politiques.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com

    • « Personnellement, je préfère le groupe de rap »

      Tu as très bon goût.

      « c’est la tâche de Joffrin, mais aussi de Barbier ou d’Apathie »

      C’est vrai qu’ils jouent ce rôle à la perfection. D’ailleurs, le billet d’Apathie était lui-aussi un joli monument, façon « j’en parle, mais ne comptez pas sur moi pour dire de quoi il s’agit réellement ».
      Birenbaum n’a pas tort, qui écrit : « Nous (nous tous sur le net) allons subir collectivement une nouvelle insupportable levée de bouclier supplémentaire de la part des beaux esprits qui considèrent internet comme une poubelle, un tout-à-l’égout, un dépotoir, etc… »

      100 % d’accord avec la liste de priorités que tu dresses. D’ailleurs, c’est rigolo : il y a un petit côté oeil du cyclone en ce moment, tout semble mort, étrange calme avant la tempête. Une fois expédié le deuxième tour des régionales, je crains que le réveil ne soit des plus brutaux.



  • je me suis permis de compléter ton excellent énervement à ma manière. Nul doute que l’exemplaire Joffrin-Mouchard n’en prendra pas ombrage

    Voir en ligne : http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/





  • Je ne perdrai pas mon temps à commenter ce qui n’est rien d’autre qu’une figure de style, la prétérition, dont on se doit d’user et abuser en cette période qu’il serait judicieux de qualifier de « troublée et nauséabonde » ; Ce que je ne ferai pourtant pas. Je n’oserai pas plus appeler cette crise morale par son nom, même si elle dure depuis ma naissance (Ne comptez pas sur moi pour dire que je vais sur mes cinquante ans).

    Mais il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je livre mes considérations sur la duplicité de la presse de connivence, qui devient insupportable, surtout avec l’individu que vous citez d’abondance...

    • « prétérition »

      Mince, je ne connaissais pas, j’ai dû chercher la définition (« (Rhétorique) Figure par le moyen de laquelle on parle d’une chose en feignant de n’en vouloir pas parler. »). Et j’ai découvert que ça correspondait exactement au comportement du sieur barbichu. Merci.

      « il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je livre mes considérations sur la duplicité de la presse de connivence »

      N’hésite pas, ça serait un plaisir.

      • En fait, usant du procédé décrié, j’ai livré un condensé de mes considérations en parlant de la duplicité insupportable de la presse qui ment, en particulier de son avatar barbichu. Et je me suis aussi amusé dans ce commentaire à m’immerger dans la prétérition pour la mieux illustrer, dans la mesure de mes moyens. De toutes façons, une fois que l’on a identifié et nommé cette figure de style, on la voit plus souvent à l’oeuvre, comme le chercheur de champignons remplit soudain son panier quand il a bien en tête le mycélium recherché. Mais je galèje encore...



  • « Je ne suis pas comme toi, ricaneur perpétuel n’ayant de cesse de mettre en doute tous les pouvoirs établis »

    Merde je suis repéré ! Mais bon le Navrant Barbichu Déontologue est toujours à l’affut d’un avis à émettre sur tout et surtout sur rien du moment que cela lui permet de mettre en avant un système pileux qu’il a certes plus fourni que ses neurones, ce qui n’est bien évidemment pas ton cas. Une petite journée « brosse à reluire » juste avant les élections, et hop !



  • N’était-ce pas le même qui, ayant osé une question au roi, s’était pris un coup sur le museau devant ses camarades parterre de presse et caméra ?
    Et puis, depuis quand Libé ne s’occupe plus de qui fait quoi avec le cul ou le cerveau de qui ?

    Je me souviens qu’il n’y a pas longtemps, Libé se faisait le relais d’une parole puante. Laquelle, sous couvert de libre expression d’une pseudo intelligentsia, tentait de fourguer le crédo selon lequel prendre son pied en se servant du cul des mômes est une certaine forme d’art de vivre !

    Libération des plumes sans burnes !



  • Ouais c’est certainement pas dans les priorités sauf qu’on ne dira jamais assez combien faux culs sont les « chiens de garde » .Ces saloperies de « cireurs de pompe » tel que Duhamel , chabot et compagnie . Celles et ceux qui fabriquent l’actualité en faveur de leurs maîtres.
    Quant à la rumeur en l’occurrence c’est fou comme les médias français évitent le sujet pour cause de campagne électorale qui se présente mal pour la bande de nazes au pouvoir,bien entendu .
    Ouais on « Fuck Joffrin » et toutes les engeances de laquais qui se disent journalistes .



  • lundi 15 mars 2010 à 11h58, par un-e anonyme

    Et si on s’en foutait comme d’une guigne des appétits sexuels de Sarko ?
    Si on s’interessait plutôt à ses coucheries financières, mafieuses et politiques occultes ? :
    La fillière Rothschild représentée par Bollorée et François Pérol (associé-gérant), « l’union Corse » représentée par le patron du fouquets et casinotier Dominique Desseigne et l’inévitable Pasqua (à ce titre les relations d’enfance de sarko et Yvan Colona prennent une autre saveur) et bien sûr la filière américaine avec Alain Bauer, l’homme de l’ombre, chargé des services de renseignement et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe.
    Le reste, « la rumeur », est là pour distraire les couillons.

    Voir en ligne : http://www.article11.info/spip/spip...

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