mardi 9 décembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 10h57, par
23 commentaires
Il suffit ! C’est assez de le présenter en vil exécutant des basses besognes sarkozystes, homme sans conscience prêt à toutes les turpitudes… Un portrait mensonger : Brice Hortefeux est au fond un être délicat, tenaillé par le doute et soucieux de servir au mieux la république. Un frère humain, en somme, d’abord sympathique et proche de ceux qui souffrent. Vous doutez ? Allons donc…
Sa vie est réglée comme du papier à musique.
Et il n’aime rien tant que voir ses journées se dérouler selon un ordre bien précis.
Homme qui goûte la rassurante répétition de certaines choses.
Comme une habile façon de conjurer la frénétique activité de son quotidien ministériel.
Ainsi…
Chaque matin, Brice Hortefeux se lève à la même heure, travailleur debout aux aurores et s’extirpant avec enthousiasme de ses draps siglés République Française.
Chaque matin, aussi, il empoigne de la main gauche le paquet de céréales, en verse une même quantité dans un grand bol tandis que la main droite fait couler le lait avec mesure.
Chaque matin, encore, il fait un petit sourire à ses enfants avant que de se plonger dans les journaux quotidiens, cherchant avec plus d’indifférence que d’intérêt si son nom y figure.
Chaque matin, toujours, il se gratouille l’entrejambe d’un air distrait, parcourant d’un oeil les statistiques de son ministère tandis que l’autre s’attarde sur l’envers du paquet de céréales, dans les deux cas mêmes mots qu’il a lus mille fois et qu’il pourrait réciter les yeux fermés.
Chaque matin, enfin, il interrompt ce cérémonial, lève les yeux au ciel, se prend la tête entre les mains, hoche douloureusement la figure, sent quelques gouttes de sueur lui monter au front, déglutit difficilement, comme une boule dans la gorge qui l’empêcherait d’avaler, réprime un ou deux sanglots, se tourne vers le crucifix installé au dessus de la cafetière, et s’interroge douloureusement : « Ô seigneur, dis-moi, sans fards et faux-semblant : mon action au ministère de l’Identité nationale est-elle juste ? »
Il patiente quelques secondes, comme s’il attendait une réponse, puis reprend sur le même ton : « Suis-je utile à la société ? »
Puis Brice Hortefeux s’effondre, homme fragile et tenaillé par le doute, frère humain qui tente péniblement de vivre en accord avec sa conscience.
N’est-ce pas touchant ?
Quand même…
C’est qu’avec le remaniement ministériel qui vient, Brice Hortefeux est partout.
Et s’ingénie en tous lieux à faire oublier ce qu’il est, l’exécutant sans scrupules d’une politique piétinant les hommes et brisant les destins.
Jusqu’à oser, dimanche sur le plateau de Canal +, cette saillie incroyable, reprise par Le Nouvel Observateur : « Aujourd’hui, j’ai un ministère passionnant, aussi passionnant que difficile (...) parce que ça touche à la personne humaine », a t-il expliqué, affirmant se poser chaque matin « la question de savoir si ce que je fais est juste, si ce que je fais est utile à la société ».
Mignon ?
Sans aucun doute.
Comme l’est cette stature d’homme de devoir, modeste travailleur au service du régime, que l’expulseur en chef se donne à bon compte : « Moi, c’est très simple, je ne suis candidat à aucune fonction, aucune responsabilité, aucun titre. Ma seule ambition, c’est d’aider le président de la République et, en aidant le président de la République, servir mon pays. (…) Ce sont des principes simples, honnêtes et clairs. (…) Moi, c’est ma marque de fabrique et ma philosophie d’action. »
Une touchante présentation, qu’on rapprochera à juste titre du papier servile que vient de lui offrir Le Figaro.
Article évoquant l’arrivée de Brice Hortefeux au ministère des Affaires sociales et qui se termine par des mots aussi mesurés que bien choisis : « Son entourage renchérit : après les dossiers par nature polémiques traités au ministère de l’Immigration, Hortefeux pourra enfin montrer ’l’homme de dialogue et de consensus qu’il est vraiment’. »
Gggnnniihhhh…
Mais tous les communicants du monde auront beau se donner la main pour faire la courte échelle à Brice Hortefeux.
Remuer ciel et terre pour le peindre en homme en proie au doute.
S’ingénier sans relâche à la décrire en parfait serviteur de l’Etat.
Et travailler d’arrache-pied pour le faire passer pour un homme de dialogue.
Le ministre de l’Identité nationale restera à vie ce vil exécutant sarkozyste qui n’a eu de cesse d’effectuer avec zèle la basse besogne du régime.
Et qui aura notamment réussi cet exploit de réduire de moitié la part du budget de son ministère consacrée à l’intégration :
« La part de son budget consacré aux retours aux frontières est un peu plus importante en 2009 qu’en 2008 », souligne un article de Bakchich. « Au détriment des crédits consacrés à l’intégration, qui chutent de plus de 50%. (…) Le programme ’Intégration et accès à la nationalité française’ – qui comprend les formations linguistique et civique des immigrés, la lutte contre les exclusions et les discriminations, etc. – est, lui, largement réévalué à la baisse. Au total, les crédits chutent de 56,6 %. On passe d’environ 180 millions d’euros pour 2008 à environ 78 millions d’euros pour 2009. »
C’est ça, sans doute, une vraie « philosophie d’action », servie par « un homme de dialogue et de consensus » soucieux de « servir (son) pays » et de se montrer « utile à la société ».
On ne rit pas…