dimanche 17 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 12h02, par
22 commentaires
C’est le produit marketing surprise de l’été, celui que les médias plébiscitent et que les politiques s’arrachent (ou l’inverse…). Loin d’être ignoré ou reçu dans la discrétion, le dalaï-lama n’en finit plus de faire les gros titres. A force, le mogul céleste, que les socialistes s’arrachent, en devient même plus fatiguant que les Jeux olympiques… Pas très zen, tout ça.
Dites…
J’ai juste une toute petite question.
Il ne commence pas à vous courir sérieusement sur les haricots, le mogul céleste ?
Si ?
Un peu ?
Ouf… je commençais à me dire que seuls mon mauvais esprit et mon caractère de cochon étaient responsables de l’irritation croissante que j’éprouve à voir un peu partout la trombine de l’illustre lévitateur.
Et qu’il ne fallait m’en prendre qu’à moi si les envolées pleines de compoction, de compréhension et d’amour pour le genre humain du guide suprême du cool me font l’effet inverse qu’elles devraient : loin de me rendre zen, elles m’énervent, m’énervent, m’énervent…
Argghhh…
Ce n’est pas que j’ai quoi que ce soit contre la cause tibétaine, hein.
Même si (pour être honnête) je m’en fiche un brin que ce petit bout de territoire reste dans le giron autocratique chinois ou passe sous le contrôle de la peu démocratique théocratie boudhiste.1
Non : c’est juste que je n’en peux plus de voir combien le dalaï-lama est devenu le sujet médiatique ultime de cet fin d’été.
Produit marketing parfait trustant les grands titres et squattant tous les écrans.
A tel point que je commence à me dire que le zen personnifié, le tube des vacances ou un quelconque barril de lessive, c’est du pareil au même.
Du vent…
Il y autre chose (aussi) qui me les brise menu-menu.
C’est de voir combien la visite du dalaï-lama est devenu un enjeu politique et un cheval de bataille pour l’opposition.
Qu’il s’agisse de Ségolène Royal, autre produit marketing venu rendre hommage à un alter-ego d’insignifiance et de vacuité.
De Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l’égalité du Parti socialiste qui n’hésite pas à sortir la grosse artillerie pour dénoncer l’annulation de la rencontre de Bernard Kouchner avec le dalaï-lama :« Cette annulation ajoute un peu plus à la valse-hésitation irresponsable du gouvernement sur la question du Tibet. »
Ou de Manuel Valls qui, dans une pagode d’Evry, a fait de la présence de casaque jaune et zen un motif de critique contre Sarkozy.
Car enfin…
Ce n’est pas comme s’il y avait de réels sujets d’indignation politique dont le PS pouvait s’emparer, hein ?
Ni comme si les socialistes avaient de vrais combats à mener, sur la politique économique, sur le traitement des sans-papiers ou sur les restrictions des libertés publiques et individuelles ?
Ni comme si les Français, qui en ont ras-le-pompon de voir les socialistes s’enfoncer de discours creux en petits combats de basses ambitions, souhaitaient voir émerger une vraie opposition ?2
Non, les socialistes ont raison : mieux vaut enfourner un cheval de bataille gadget et se pousser à qui mieux-mieux pour se montrer devant les caméras en présence de sa sainteté.
Voilà un vrai combat !
1 Voir cet article de Patrick Hutin sur Rue 89, Pekin et le Dalaï-lama ne peuvent se passer l’un de l’autre Instructif.
2 Deux sondages, publiés par Marianne et par Ouest-France viennent de rappeler aux dirigeants du PS l’image désastreuse de leur parti. Il en ressort qu’une majorité de Français estime que les socialistes ne s’opposent pas assez au gouvernement. Quelle surprise…