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lundi 28 septembre 2009

Le Charançon Libéré

posté à 11h05, par JBB
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À l’Élysée, c’est la teuf ! Carla roule les oinjs et Nico aboule la thune…
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Depuis peu, il écoute NTM en boucle, porte sa casquette à l’envers et - chaque soir - se roule de bons gros cônes dans les salons de l’Élysée. La meilleure des preuves que Nicolas Sarkozy est désormais bien décidé à prendre à bras-le-corps les problèmes de la jeunesse. Par altruisme ? Oh que non ! Juste parce qu’il cauchemarde chaque nuit sur l’exemple des émeutes grecques…

C’était au mitan des années 80, une émission de TF1, un président rusé, retors et se la jouant cool face à un animateur qui l’était naturellement.

- « Monsieur Mitterrand, êtes-vous un président chébran ? », demande Yves Mourousi.

- « Chébran, c’est dépassé, vous auriez dû dire câblé… », rétorque l’auguste, avec le petit sourire matois de celui qui sait avoir réussi son coup.

Petit dialogue amené à rester à la postérité, bonheur du conseiller en communication du fossoyeur du socialisme - Jacques Pilhan, convaincu après l’émission d’avoir, grâce à celle-ci, « fait passer [Mitterrand] de Gutenberg à MacLuhan » - , et technique de bidonnage désormais classique, celle de faire accroire qu’on est proche des jeunes et sensible à leurs problèmes parce qu’on expectore vaguement quelques mots de leur vocabulaire.

Emballez, c’était pesé : Mitterrand était dans le vent !

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Tu l’ignores sans doute, camarade.

Mais Sarkozy est - lui-même - tellement dans le vent que c’est fort surprenant qu’il ne soit surnommé frère-blizzard ou camarade-rafale.

À l’Élysée, ça décoiffe un max.

Et ce n’est pas le moindre des mérites d’un très instructif article du Figaro, « Sarkozy veut renouer avec la jeunesse », que de nous rappeler cette évidence : en matière de « chébranitude » et depuis qu’il s’est trouvée douce mie caracolant à l’occasion dans le Top 50, le royal meneur de revue n’a de leçons à recevoir de personne.

« Interrogé avant son élection sur les ondes de SkyRock, Nicolas Sarkozy avait avoué qu’il ne savait pas ce que « oinj » voulait dire en « verlan », raconte ainsi l’auteur du papier. « Joint », avait traduit l’animateur Difool, surpris d’une telle ignorance du « parler jeune ». « Depuis, Carla lui a fait rattraper son retard », sourit un proche du chef de l’État. »

De ces cannabinesques cours du soir dispensés par l’évaporée première dame, celle-là même qui chantait voilà un an à son tendre pygmalion « Tu es ma came / Tu es mon genre de délice, de programme / Je t’aspire, je t’expire et je me pâme / Je t’attends comme on attend la manne », je crois que je préfère ne rien savoir.

Tant soupçonner qu’il puisse y avoir quelque chose à comprendre derrière ce « rattraper (le) retard » présidentiel en matière de « oinjs » suffit à me donner envie de passer mon odorante plantation au défoliant et de ne plus jamais tirer sur un spliff.

Je préfère - donc - m’esbaudir des mérites de dame Bruni, multi-usage en matière de communication, aussi utile pour adoucir l’image de l’excité présidentiel, lui faire lire la Pléïade ou les classiques dans le texte, mettre en avant les mérites d’un périnée sarkozyste au top de sa forme que pour l’initier au vocable « djeunes » en matière de drogue.

Bref : Sarko se met aux oinjs, merci Carla !

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S’il n’est pas encore certain que le royal meneur de revue emportera demain, pour son escapade à Avignon, de quoi rouler quelques cônes odorants, tu noteras qu’il aura par contre en ses valises quelques annonces en direction de la jeunesse, au juste prétexte que là-aussi « y’a du monde sur la corde à linge ».

Et l’agité présidentiel, conscient de n’avoir été élu que par les vieux et de se trouver honni du parti de la jeunesse, pourrait notamment profiter de son excursion pour annoncer une extension du RSA aux moins de 25 ans.

Une mesure n’ayant d’autre but, explique benoîtement l’auteur de l’article du Figaro, que d’éviter cette « insurrection des jeunes tant redoutée » depuis que les Grecs ont joyeusement rappelé que les barricades - qui « ferment la route, mais ouvrent la voie » - et les cocktails Molotov étaient une très bonne manière de faire de la politique.

Exemple qui suscite une grande angoisse chez un locataire de l’Élysée redoutant « que les insurrections de jeunes en Grèce donnent des idées aux lycéens et étudiants français ».

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À la prose du Figaro, je ne doute pas que tu préféreras celle d’Éric Hazan qui, en ces lieux et il y a quelques mois, constatait :

En fait, je crois que le pouvoir pète de trouille… Regardez ce qui se passe en Grèce : c’est de ça dont ils ont peur. Il se trouve que ça a explosé en Grèce, mais la police aurait aussi bien pu tuer un adolescent ici. Ce ne serait pas si exceptionnel…

Et tu ne manqueras pas de te réjouir que le régime ne se sente guère rassuré par le calme de ces derniers mois, preuve que lui - à ta différence, peut-être - pense toujours que la situation est explosive et qu’il suffirait d’un rien pour mettre le feu aux poudres.

Tu éviteras aussi - bien entendu - d’attacher grande importance aux annonces faites par Sarkozy demain, tant ses éventuels clin d’œil vers la jeunesse ne sauraient rattraper - ne serait-ce que d’un pour cent - l’ensemble de son œuvre jusqu’à maintenant.

Mais tu noteras - par contre et pour finir - qu’il n’est sans doute pas anodin que la référence aux « oinjs » et une éventuelle mesure financière vers les moins de 25 ans figurent en un même article : certains aimeraient beaucoup que cet argent agisse sur ceux qui le toucheront (peut-être) comme un bon gros pétard sur la conscience, assommant la colère et annihilant la rébellion.

S’agit juste de ne pas se laisser enfumer.

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