vendredi 2 octobre 2009
Le Charançon Libéré
posté à 11h26, par
33 commentaires
Un faits divers sanglant ? Une occasion en or ! Le cadavre était encore chaud que les ténors de l’UMP se précipitaient dessus, en arrachant de larges bouchées et se régalant de cette énième récupération. Rien ne sert de t’indigner, pourtant : l’affaire est déjà réglée. Ce qu’il te reste à faire ? Bof… Pourquoi pas exiger que la castration s’opère à la hache, qu’on rigole ?
Ça te choque ?
Ben alors, on se la pète droits-de-l’hommiste ?
On se la joue sensible et délicat ?
Faut te reprendre, camarade…
C’est vrai : moi aussi, un temps, j’aurais réagi ainsi, vent debout contre cette hypothèse de la castration chimique.
J’aurais - comme toi - crié à la mesure fasciste, extension de ce contrôle total qui, des chaussettes au slip, prétend maintenant tout surveiller et tout diriger au fallacieux prétexte qu’il y a des crimes à éviter et qu’il y en aura toujours, le monde est ainsi.
J’aurais - comme toi, encore - dénoncé cet emballement législatif, société malade qui n’entrevoit plus d’autre réponse aux faits divers qu’une nouvelle loi, une nouvelle loi, encore une nouvelle loi, arsenal répressif gonflant jusqu’à la démesure et dictature absurde de l’émotion.
J’aurais - comme toi, toujours - éprouvé les pires difficultés à me contenir face à un Lefèbvre en rajoutant dans l’opportunisme, homme-tronc prêt à faire son beurre sur les pires dégueulasseries, à une Alliot-Marie surjouant son rôle d’exécutante zélée, prouvant si besoin est qu’elle est bien l’une des plus dangereuses figures de ce régime à défaut d’être la plus médiatique, à un député de peu (Yves Nicollin, donc) se servant du faits divers pour accéder à une éphémère gloire médiatique, premier d’entre les élus à se précipiter pour déposer la proposition de loi qui vaudra à son patronyme d’être repris quelques jours ou quelques semaines.
J’aurais - comme toi, enfin - eu envie de vomir, tant ces gens me dégoûtent profondément.
Mais voilà, camarade : ça ne fonctionne pas.
Et cette même saynète déprimante ne manque jamais de se reproduire, la récupération émotionnelle et le bâton répressif l’emportant aisément sur nos protestations effarouchées et notre indignation sincère.
On proteste ?
Dans le vent.
On s’insurge ?
Dans le vide.
On gueule comme des putois ?
En pure perte.
Nous sommes toujours en retard d’une guerre, gens qui brandissons encore nos bons sentiments quand eux sont déjà passés à autre chose, naïfs qui pensons bêtement que la raison et l’humanité pourraient faire obstacle au cynisme et à l’opportunisme, braves citoyens qui n’avons que nos banderoles indignées et nos forces dispersées à opposer à la puissance de l’État et à la machine de guerre médiatique.
Ça a foiré pour toutes leurs mesures les plus abjectes - de la rétention de sûreté aux peines planchers, du paquet-cadeau fiscal à la rétention de Julien Coupat, de l’incrimination des mineurs à la traque aux clandestins - , ça foire aujourd’hui aussi, ça foirera encore dans deux ans et ça foirera toujours quand le royal meneur de revue se sera confortablement fait réélire.
On sert à rien.
Alors quoi ?
On veut passer notre temps à nous cantonner au rôle qui nous a été dévolu ?
Agiter nos petits poings rageurs, nos bras maigrelets, et répéter « Ils ne passeront pas ! » alors qu’ils enfoncent chaque fois nos défenses et les pulvérisent aussi aisément que les chars allemands la ligne Maginot ?
Ne faire rien d’autre, finalement, que le PS, pseudo-opposition seulement là pour faire jolie et permettre à un régime dévoyé de conserver une apparence démocratique ?
Que dalle, c’est marre.
Vraiment.
Il va bien falloir trouver une autre façon de nous organiser et de mener nos combats, sauf à vouloir continuer à accumuler défaite sur défaite.
En attendant, j’ai décidé de rentrer dans leur jeu, jouer avec leurs règles, hurler avec les loups.
D’ailleurs : je commence séance tenante.
Et plutôt que la castration chimique, j’exige que tous les délinquants sexuels soient désormais condamnés à l’ablation des testicules et de la verge, opération qui sera réalisée - sur décision d’un jury populaire composé de journalistes de TF1, de militants de l’UMP et d’un panel représentatif des ménagères de plus de de 70 ans - sans anesthésie et à la hache.
Au boulot !