lundi 1er mars 2010
Le Cri du Gonze
posté à 16h21, par
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Alerte Rouge : avis de vents xénophobes sur l’ensemble du territoire, avec possibilité de pluies réactionnaires acides et d’inondations rhétoriques nauséabondes… Quand la météo s’accorde à l’air du temps, les répercussions ne se font pas attendre. Et ce n’est pas Ali Soumaré, dernière victime du dérèglement politique, qui démentira. Retour sur les dernières intempéries.
« J’ai juste eu le temps de me barricader chez moi. Ensuite, ça a été l’enfer. Tout volait autour de moi, dans un fracas monstrueux : injures racistes, délits de sale gueule, délires sur mon casier judiciaire… Ces quatre derniers jours ont été très difficiles. Je dirais même qu’ils ont été les pires de ma vie. Le dérèglement politique, c’est l’horreur. » Le témoignage d’Ali Soumaré, rescapé provisoire de la catastrophe, fait froid dans le dos. C’est chez lui, dans la petite commune de Villiers-Le-Bel, une habituée des baromètres en chute libre, que la tempête médiatique des derniers jours s’est d’abord déchaînée. Avant de se propager à l’ensemble de l’Hexagone.
A l’origine cantonnée au Val d’Oise où elle a provoqué de nombreuses inondations rhétoriques et quelques phénomènes localisés de pollution verbale made in Lefebvre, la tempête Soumaré a ensuite gagné en intensité. Propulsée par le Besson Stream, courant d’air froid stationnant sur la France depuis plusieurs mois, elle devrait se généraliser dans les jours à venir. Pour Martine Aubry, météorologue lilloise, tout cela était prévisible : « Le climat qu’on installe depuis plusieurs mois avec le débat sur l’identité nationale, les discours sur les jeunes ou les étrangers conduisent à ces dérapages météorologiques. Cela crée une atmosphère propice aux grands chambardements. » Un phénomène inquiétant, que d’aucuns attribuent à l’Union des Météorologistes Populaire (UMP), officine obscure accusée de manipuler l’opinion en instrumentalisant les prévisions météo. You don’t need a weathermen to know which way the wind blows, chantait Dylan en son temps. Époque révolue. Désormais, ce sont les wheathermen qui soufflent l’air du temps.
Chez les professionnels du climat, on s’interroge : pourquoi cette escalade ? Et surtout, comment la juguler ? « Un vent nauséabond souffle sur la France kozyste, explique Évelyne Dhéliat, sommité contactée pour l’occasion. Et il suffit d’une petite perturbation saisonnière pour que ce vent mauvais se transforme en ouragan. On vient de le voir dans le Val d’Oise ; on l’a également vérifié, il y a peu avec l’apparition de ce “voile” nuageux sur le ciel du NPA (Nouveau Parti Anticyclonique) : la broutille météo (un léger voile) s’est vite transformée en bourrasque médiatique incontrôlable. »
La sémillante présentatrice post-Alain Gillot-Pétré (paix à son âme) n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme. Ainsi du climatologue Vincent Peillon, qui a tenté d’alerter l’opinion, rappelant les précédents en la matière, notamment le cyclone Occident qui avait dévasté La Croix-Valmer en 1965, avec bris de Simca 1 000 et bateaux envoyés par le fond. « Il s’agissait des prémices de cette dépression nous frappant désormais de plein fouet. Le phénomène El Sarko a réactivé des courants d’air xénophobes qui ont tendance à se généraliser à toute la société. On n’a pas connu une telle période glaciaire depuis Vichy, c’est dire. »
De leurs côtés, les professionnels de la reconstruction post-cyclonique se frottent les mains. Il faudra des années pour réparer les dégâts matériels, des digues anti-racistes éventrées aux pylônes républicains arrachés. Dans le Val d’Oise, l’entreprise FN (Faire du Neuf) escompte ainsi récolter un certains nombre de contrats. « On attend que tout pète et puis on se présente, simple comme bonjour. Pas difficile de passer pour des sauveurs dans ces conditions. De toute manière, depuis l’ouragan Kozy, on roule sur du velours, la casse se généralise », témoigne Martine le Pen (à sa demande, le prénom a été modifié), charcutière reconvertie dans le nettoyage en gros. « Tout le monde ressort les “karchers” à la moindre occasion, c’est tout bénéf pour nous », continue-t-elle, enthousiaste. Avant de tempérer un brin ses propos : « En même temps, on a de plus en plus de concurrents. Ils sont beaucoup à s’être reconvertis dans le secteur et on se fait piquer de plus en plus de contrats, notamment par des entreprises nationalisées. Un comble : si ça continue, c’est le service public qui va nous foutre sur la paille. »
Alors que des répliques médiatiques de la catastrophe sont attendues dans les jours à venir, la vigilance reste de mise. Les nuages de propos inconséquents risquent de voler très bas pendant quelques jours, avec un baromètre bloqué sur « Temps pourri ». L’atmosphère restera pesante, voire Frêche, avec des saillies médiatiques en-dessous (de la ceinture) des normales saisonnières. En cas de déplacement, munissez-vous de votre casier judiciaire. Par ailleurs, les joueurs de l’équipe de réserve du PSG sont invités à rester chez eux, tout comme leurs frères blackos, de manière à ne pas troubler l’ordre météorologique. Enfin, l’État d’Urgence sécuritaire décrété par la présidence devrait perdurer un certain temps : « De mon point de vue, la sécurité est prioritaire ! C’est pas un pov’ con de phénomène climatique qui va me dicter sa loi », a déclaré président Kozy, droit dans ses talonnettes. Par décret spécial, l’arrivée du printemps est donc repoussée à la St Glinglin, jusqu’à nouvel ordre1.
1 Comme de juste, ce billet est dédié à Jean-Pierre Martin, mentor entre les mentors, honteusement plagié...