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vendredi 13 mars 2009

Entretiens

posté à 09h12, par Lémi
3 commentaires

Boris Rios : « La leçon tirée de la Guerre de l’Eau, c’est qu’il est indispensable de faire passer le collectif avant l’individu »
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C’est une révolte oubliée que celle qui a agité la ville de Cochabamba en 2000. Il y a pourtant beaucoup à retenir de cette première victoire de la population bolivienne contre l’ordre néolibéral. On revient donc sur cette insurrection, refus de la privatisation d’un bien commun et de la mainmise d’une multinationale, avec l’éclairage éclairé d’un protagoniste de l’affaire, Boris Rios. Entretien.

Il y a neuf ans, à Cochabamba, se déroulait une guerre à la saveur toute particulière, celle opposant une population ulcérée par la vente de « son » eau à une transnationale américaine, Bechtel, et à un gouvernement déterminé à user de la force pour imposer ses réformes néolibérales. Il y a peu, on avait évoqué le sujet, et notamment la victoire pleine de promesses remportée par la population, ici. On y revient en compagnie de Boris Rios, un des protagonistes de la Coordination de Défense de l’Eau et de la Vie - l’organisation à la tête de la révolte populaire - toujours très impliqué dans la gestion de l’eau à Cochabamba, rencontré dans les locaux de la Coordination.
Entre regard critique sur les suites de la guerre de l’eau et retour sur les événements insurrectionnels de 2000, plongée détaillée dans une lutte passionnante.

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Comment est née la Coordination de Défense de l’Eau et de la Vie ?

Il y a eu un rapprochement entre deux organisations relativement importantes, la Federacion de Trabadojes Fabriles, regroupant les ouvriers travaillant en usine, et la Fédéracion de Campesinos Regantes de Cochabamba, rassemblant tous les paysans et agriculteurs qui utilisent l’eau pour leur production de manière traditionnelle. Ils se sont alliés sous la menace de cette nouvelle génération de réformes néolibérales qui se développaient en Bolivie et visaient à la privatisation de l’eau.
Considérant cette évolution comme très préoccupante, ils ont voulu construire un espace pluriel pour que la population puisse participer au débat, sachant que les organisations traditionnelles boliviennes étaient déconsidérées. Je veux parler de la Confederation Obrera Boliviano (Confédération ouvrière bolivienne) et de la Confederation Obrera Departemental (Confédération ouvrière départementale), qui étaient auparavant les principaux ennemies du modèle néolibéral. A travers la flexibilisation du travail, cette dernière a pu détruire les centres d’agrégation populaire, les portes-voix. Et donc il n’y avait plus d’espace pour la population de base, n’appartenant pas à un parti ou à syndicat. Avec un nouvelle Coordination, ils ont pu venir discuter de problème qui affectait tout le monde, qu’ils soient ouvriers ou membres de la classe moyenne.
L’organisation est née vers la fin 1999, et très vite il y a eu l’organisation d’un référendum populaire1 financé par les organisations sociales qui étaient dans cette Coordination. Les critiques contre les intentions du gouvernement de l’époque, celui d’Hugo Bánzer Suarez, se sont alors multipliées.

Pourquoi la population s’est-elle tant impliquée dans ce conflit ?

L’énorme riposte populaire fut en grande partie le résultat de la répression militaire du gouvernement, qui plutôt que s’assoir à un table pour dialoguer avec les personnes concernées a préféré tromper les dirigeants de la coordination, les mettre en prison, les confiner dans d’autres lieux en violation des droits humains fondamentaux. Avec la mise en place de l’état de siège, il y a eu de nombreuses mesures d’exception qui allaient à l’encontre des droits constitutionnels.

Quelle a été l’ampleur de la répression ?

Un jeune a été assassiné, un autre est mort des suites de ses blessures, et de nombreux autres ont gardé des séquelles graves : il y a par exemple un jeune qui va rester dans un état de débilité profonde, avec un très important retard mental (une balle lui a traversé le crâne). La répression a été d’une ampleur impressionnante, que ne reflètent pas les chiffres, il y a eu un recours systématique à des pratiques de guerre, avec des militaires infiltrés déguisés en civils, des armes de guerre et des snipers : c’était une répression sélective. Il s’agissait de faire peur à la population tout en privant le mouvement de ses leaders, mais cela a seulement mené à des morts, des blessés graves... La population dans la rue ne s’en est levée qu’avec plus de force.

« La répression a été d’une ampleur impressionnante, que ne reflètent pas les chiffres, il y a eu un recours systématique à des pratiques de guerre, avec des militaires infiltrés déguisés en civils, des armes de guerre et des snipers. »

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Comment cette mobilisation spontanée s’est-elle manifestée ?

Une forte mobilisation s’est levée dans toutes les parties de la ville, avec de grandes barricades et des gens ordinaires qui participaient. A un moment, il n’y avait plus ni police ni armée dans les rues, c’est à dire qu’il n’y avait plus de loi ni d’état. En a découlé un fort recours à l’auto-gestion dans toutes les rues de Cochabamba. Et il apparaissait de plus en plus clair que la population voulait continuer.
D’un côté, les gens avaient des revendications locales : « Nous ne voulons pas du modèle libéral, nous ne voulons pas que tout soit privatisé dans notre ville, nous voulons des manières de participer, de discuter et de faire de la politique différentes de celles dont nous disposons ici ». Mais à un niveau plus large, il y avait l’idée d’entretenir un état d’esprit de rébellion, la Guerre de l’Eau ouvrant la porte à un cycle de mobilisations sociales sans précédent ayant pour résultat l’accession d’Evo Morales à la présidence de la république.

Quels sont été les moments clés de l’insurrection ?

Il y a eu une semaine très importante du 4 au 9 avril, parce que c’était un moment vers lequel la mobilisation de la population avait un peu baissé. Le gouvernement a alors décidé d’avoir recours à une répression encore plus forte. Ça a joué un grand rôle, car au lieu de rentrer à la maison terrorisée par ceux qui tuaient, blessaient et arrêtaient en masse, la population est sorti avec encore plus de rage et de détermination dans la rue. Le 9 avril a été très spécial, car c’est le jour où la victoire du mouvement social a enfin été certaine.

« Au lieu de rentrer à la maison terrorisée par ceux qui tuaient, blessaient et arrêtaient en masse, la population est sorti avec encore plus de rage et de détermination dans la rue. »

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Quel a été le comportement des médias pendant la révolte ?

Dans un premier temps, les médias appuyaient la version officielle du gouvernement, selon laquelle il y avait à Cochabamba quelques fous qui s’étaient mobilisés, des ultra-radicaux qui détruisaient tout. C’est une version que le gouvernement et la plupart des médias ont maintenu pendant très longtemps. Mais ensuite, quand la force populaire a commencé à envahir la rue, il a été impossible de nier ce qui se passait réellement, parce que quasiment toutes les rues de la ville étaient bloquées, il y avait des barricades partout, des affrontements quotidiens et une omniprésence des policiers et des militaires. A partir de là, les médias ont été forcé de dire la vérité.

Il y a eu des mobilisation ailleurs qu’à Cochabamba pendant la Guerre de l’Eau ?

Il y a eu une mobilisation depuis l’Altiplano, les paysans ont commencé à bloquer les routes, mais elle est restée plutôt invisible en comparaison des luttes de Cochabamba. Par contre, elle a joué un rôle dans la diffusion du conflit et de ses revendications dans d’autres lieux, notamment en ce qui concerne la confiscation des ressources naturelles.

Qu’est-ce qui explique ce résultat inespéré, le départ de Bechtel ?

On a pu gagner pour deux raisons fondamentales, une locale et l’autre internationale. Au niveau local, après toutes ces années de réformes néo-libérales, il y a avait comme un désenchantement de la population en ce qui concerne l’idée de lute populaire, de lutte révolutionnaire. Il y avait une sorte de silence, de stupidité, suite à 15 ans d’immobilisme pendant lesquels la population ne pouvait pas se plaindre, ne pouvait rien dire. Ceux qui donnaient des ordres dans ce pays étaient les entreprises, les capitalistes, les corrompus de la politique… La Guerre de l’Eau a enseigné aux gens qu’ils pouvaient se plaindre, qu’ils pouvaient parler, que pour cela ils n’avaient pas besoin d’un parti politique, et que la force collective qu’ils possédaient était destructive autant que terriblement constructive. C’est pour cela que s’est ouverte une porte en Bolivie, qui a permis de découvrir que la forme des mouvements sociaux est une forme adaptée pour faire de la politique.

Au niveau international, également, il s’est passé des choses importantes. Parce que c’était une des premières victoires, voire, si je ne me trompe, la première victoire du peuple contre une grande transnationale. Tous ceux qui étaient consternés par le fait que le néolibéralisme s’était imposé partout y ont vu un message d’espoir. Ils ont découvert qu’il y avait d’autres formes de lutte, qu’on pouvait gagner, même s’il y avait des morts et des blessés, des gens en prison. Tout cela a crée un puissant mouvement international de soutien, contre la globalisation et les réformes néolibérales. Bechtel n’est pas resté les bras croisés suite à la guerre de l’eau : l’entreprise a lancé une action devant la CIRDI, un centre de concertation soit-disant indépendant de la Banque Mondiale, même si ce sont les mêmes qui impulsent les réformes et sont juges et parties. Le soutien de nombreux activistes partout dans le monde a mis une telle pression sur le dos de Bechtel que l’entreprise a finalement décidé d’abandonner la partie et de quitter la Bolivie. En 2006, il y a eu un accord offrant 2 bolivianos (l’équivalent d’environ 0.20 €) à Bechtel en dédommagement.

« Le soutien de nombreux activistes partout dans le monde a mis une telle pression sur le dos de Bechtel que l’entreprise a finalement décidé d’abandonner la partie et de quitter la Bolivie. En 2006, il y a eu un accord accordant 2 bolivianos (l’équivalent d’environ 0.20 €) à Bechtel en dédommagement. »

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Trois ans après la Guerre de l’Eau, il y a eu la Guerre du Gaz, qui mena à la démission du président Sanchez de Lozada. Est-ce que le conflit de 2000 à Cochabamba a préfiguré celui qui allait se déclencher trois ans plus tard à El Alto ?

Cette expérience de démocratie populaire, qui s’est enrichie énormément pendant la Guerre de l’Eau, a beaucoup marqué les gens. Et il y avait aussi cette vision andine selon laquelle l’eau n’est pas une marchandise, mais une part de la vie, une part de notre vie, et que nous mêmes sommes une part d’elle et qu’elle ne se vend pas. C’est bien sûr resté dans toutes les têtes en 2003.
La leçon tirée de la Guerre de l’Eau, c’est qu’il est indispensable de faire passer le collectif avant l’individu. Et qu’il est normal que les décisions soient prises par les gens d’en bas. Tout cela a été très important. Mais la révolte de 2003 a été encore plus loin que la Guerre de l’Eau. Cette dernière disait non au néolibéralisme, c’est vrai, mais la Guerre du Gaz a multiplié les revendications. Les gens se sont demandés : « Et maintenant qu’est ce qu’on peut faire ? ».
Suite aux événements d’El Alto (bien résumés dans cet article), il y a eu la création de ce qu’on a appelé le Programme d’Octobre, qui parlait essentiellement de nationalisation des hydrocarbures et d’une assemblée constituante comme principale alternative au modèle néo-libéral.

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Que s’est-il passé après la victoire dans la gestion de l’eau ?

Il y a eu une discussion très forte quand il s’est agi de savoir ce qu’on ferait de l’entreprise récupérée des mains de la transnationale, la SEMACA2. Il y avait un cadre institutionnel qui était le cadre de l’État et imposait certaines normes, certaines lois, et au final comprenait aussi les lois du capital, et il y avait un autre cadre qui s’était ouvert avec l’insubordination populaire et qui n’était pas étatique, né de la pratique collective. Il y a donc eu une grande discussion pour savoir quel camp l’emporterait.

La Guerre de l’Eau a été une étape très importante pour la Bolivie car elle a annulé des années de néolibéralisme. Et pourtant, ce qui a été décidé finalement, c’est de rester dans une situation intermédiaire, entre l’institutionnalisation étatique et l’utilisation de cette force populaire et du contrôle social, les directeurs citoyens étant élus par le peuple. Le problème est qu’il y a eu très vite des dérives dans la gestion de l’eau, les prévisions de production n’ont pas été remplies.

D’un côté, il y a eu la reproduction de cette logique étatique de corruption, d’inefficacité. Et d’un autre côté la participation populaire a dégénéré, via le suffrage universel qui a confisqué la « vraie » participation. Une fois élus, les candidats se sont réellement éloignés des souhaits de la population. Du coup, personne n’a réglé les problèmes de gestion, d’administration et de qualité des infrastructures. Encore maintenant, la SEMAPA a beaucoup de problèmes avec ces gens qui m’avaient pas accès à l’eau courante en 2000 et ne l’ont toujours pas. Dans la zone sud, celle qui est plus proche de l’auto-gestion, qui a construit ses puits, il y a beaucoup de gens qui restent sans accès. C’est une vraie préoccupation.
Finalement, la guerre de l’eau a surtout été une victoire symbolique contre une transnationale, contre le néo-libéralisme. Mais il reste toujours ce problème amer dans la gestion de l’eau.

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Ceci dit, il y a eu des progrès. La majorité de la distribution de l’eau à Cochabamba est gérée par des comités ou des coopératives, plus de 57 %. Quand on compare la gestion de ces comités avec celle - étatique - de la SEMAPA, on se rend compte qu’ils ont des tarifs plus bas et des services de meilleure qualité.

Quelle est votre position sur la politique de Morales ?

Il y a un changement symbolique avec Morales à la tête du pays, parce qu’il y avait et qu’il reste une forte discrimination en Bolivie, sur des critères ethniques. Dans ce contexte, la victoire de Morales, indien Aymara, a été un fort encouragement aux secteurs paysans, indigènes et populaires de ce pays. Mais d’un autre côté, c’est un gouvernement qui parle de révolutions à l’étranger mais qui, à l’intérieur, passe des contrats avec des transnationales, des grandes entreprises, et qui conserve encore cette vision que nous nommons « développementiste » (desarollista), préférant impulser des méga-projets plutôt que de construire des formes alternatives de concevoir l’économie.
Sans aller bien loin, il suffit de considérer la Mine de San Cristobal, près du désert d’Uyuni, dans la région de Potosi, qui exploite zinc et argent. C’est une entreprise multi-millionaire qu’a acheté Mitshubishi et la troisième plus importante mondiale. Elle fait des dégâts environnementaux terribles. C’est un héritage du néo-libéralisme : l’état favorise les grandes entreprises transnationales qui sont les premières a dégrader l’environnement, qui payent très peu d’impôt - comparativement - et qui ne sont pas embêtées sur les questions d’environnement. Et Evo Morales a donné son accord à cela seulement parce qu’ils représentaient 200 000 dollars d’impôt par jour…

Et la nationalisation des hydrocarbures, le premier mai 2006 ? Ça ne va pas trop en ce sens, non ?

Ce qu’a fait l’État bolivien dans cette affaire, c’est seulement négocier de meilleures conditions de redistribution avec les entreprises transnationales, par le biais d’achat d’actions de ces entreprises. Mais ce n’est pas vraiment nouveau, ils sont restés dans les normes du droit commercial international, je n’appelle pas ça à proprement parler une nationalisation.
De toute manière, ce dont nous nous discutons nous, opposants de gauche, c’est des formes d’économie de subsistance qui ne saccagent pas l’environnement, qui ne passent pas nécessairement par l’exploitation des hydrocarbures, dans lesquelles l’argent irait ailleurs. Ou alors, si l’argent va dans les mêmes circuits, comme YPFB3, ce serait sans corruption, de manière totalement transparente.
Nous avons essayé l’année dernière de mettre en place une Coordination pour l’autodétermination sociale avec l’idée que les mouvements sociaux perdent leur capacité créatrice quand ils ont pour vocation d’appuyer uniquement et exclusivement le gouvernement.

« Les mouvements sociaux perdent leur capacité créatrice quand ils ont pour vocation d’appuyer uniquement et exclusivement le gouvernement. »

Quelles sont les questions qui se posent actuellement au niveau des mouvements sociaux ?

Il y a eu une expérience de lutte et d’insurrection très intéressante et novatrice dans le processus qui a mené Morales au pouvoir. Mais la question désormais est de savoir quel est le rôle à jouer, car il y a une position vraiment difficile pour le mouvement social. Comme le gouvernent est celui du « camarade » Evo, il y a beaucoup de choses que les mouvements sociaux ne dénoncent pas, ne combattent pas. C’est grave, c’est comme un retour en arrière après toutes ces avancées. De même, il y a de nombreux moments durant lesquels il y a une grande intrusion du gouvernement dans les décisions des mouvements sociaux, surtout des gens qui se sentent proches de lui, par exemples les cocaleros ou les paysans.

En 2006, on a essayé de faire tomber le préfet de Cochabamba, un horrible politicard de droite, qui obéissait aux intérêts des régions autonomistes (Santa Cruz, Tajira, Pando, Beni…). De nombreux secteurs se sont révoltés. Mais le gouvernement a finalement instrumentalisé le conflit et mis en avant des dirigeants qui n’était pas à la hauteur de l’enjeu. Il y a eu plusieurs morts dans les affrontements entre la police et les mouvements sociaux, dans les affrontements entre l’armée et les mouvements sociaux, sans que jamais il n’y ait d’affrontement avec la droite qui pourtant était la vraie cible. Le dernier jour du conflit, après que la droite se soit alliée aux forces de l’ordre (qui utilisaient des armes à feu et des stratégies militaires) le gouvernement a décidé de passer un accord avec le préfet.

Dans les révoltes populaires, il y a une tradition qui normalement surpasse tout : si nous avons des morts, il n’y a pas de négociation possible. « La victoire ou la mort », c’est un aspect très présent dans les luttes sociales boliviennes. Un accord comme celui-là a affaibli la lutte populaire et fortifié la droite, c’est évident. Dans ce cas précis, à cause du gouvernement, il y a eu beaucoup de luttes et d’efforts menés en vain.


Ps. Merci à Sergio Caceres pour m’avoir ouvert son carnet d’adresse, et à Leticia pour l’aide apportée dans la retranscription et la traduction de cet entretien.



1 Plus de 50 000 personne ont participé au scrutin, avec une immense majorité de voix opposées à la privatisation.

2 Servicio Municipal de Agua Potable Y Alcantarillado.

3 Plus grande entreprise pétrolière d’hydrocarbures du pays au centre d’un scandale de corruption dans laquelle seraient impliqués des membres du gouvernement et… la CIA.


COMMENTAIRES

 


  • Vraiment intéressant de voir à quel point quand le « collectif » se rend compte qu’il n’a pas besoin de l’individu, ce dernier est complètement démuni car il ne peut vivre sans le « collectif »...



  • samedi 21 mars 2009 à 20h53, par pièce détachée

    Très, très instructif, même pour les ignares qui ne connaissent pas trop l’histoire de l’Amérique latine, et même pour nous tous, il me semble.

    Une élection gagnée sur une révolte en partie corporatiste à l’origine (les paysans ont absolument besoin d’eau pour bosser). De l’eau dans le gaz (trop fastoche celle-là, j’aime bien). À la fin du billet, une impression de récupération soft, avec quelques poches d’eau (57% quand même, si j’ai bien lu) qui ne font pas ombrage, c’est le principal, à l’exploitation transnationale multi-séculaire des mines d’argent. Ce président doté d’un grand capital symbolique (il est indien, les révoltés de l’eau l’ont élu) qui caresse la chèvre et encule le chou. Morales ne ferait-il que se conformer à une nouvelle « manière douce » des États-Unis, qui n’auraient plus, pour l’instant (bourbier d’Irak, mélasse afghane, patouille interne), les moyens d’installer du jour au lendemain des dictateurs dans le sang à leur flanc sud ?

    Une eau auto-gérée qui coule mal avec un goût de rouille corrompue. Qui joue le rôle de l’eau, qui le rôle de la rouille ? Des puits ? Des robinets ?

    Autres mailles, même tricot : « La leçon tirée de la Guerre de l’Eau*, c’est qu’il est indispensable de faire passer le collectif avant l’individu ». — Pendant ce temps-là, en Argentine : « comment répartir les choses [matérielles] entre nous » ? « Souvent, en assemblée, certains veulent discuter un texte, mais la discussion finit sur qui emporte plus de riz que l’autre. » (c’est moi qui souligne ; à lire ici, haha). — Le lendemain en France, aux Restaus du Cœur d’un patelin sinistré : « Ho ben non, l’huile de tournesol ça me retourne, là... Mais l’huile d’olive qu’est là, oui je la veux bien ».

    Est-ce que vraiment, où qu’on soit, en toutes circonstances et n’importe quelle position, chacun(e) ne songe qu’à faire ses courses ?

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    * Ah que les majuscules sont belles.

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