vendredi 10 décembre 2010
Sur le terrain
posté à 18h19, par
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Ils sont deux cents répartis dans le centre de Calais, contre plus de mille avant la destruction de la « Jungle ». Des Soudanais, des Afghans, des Kurdes... Tous rêvent de rejoindre l’Angleterre, tâche ardue. En attendant, ils errent dans Calais, à la merci d’une police zélée et de politiques migratoires criminelles. Avant le reportage papier, plongée graphique dans leur univers.
On en revient juste. Deux jours à Calais, pour un reportage sur la situation des migrants depuis la destruction de la « jungle », le 22 septembre 2009 - 800 Afghans s’étaient vu privés de toit lors d’une opération à grand spectacle, bulldozers et membres des forces de l’ordre se démenant sous les objectifs des caméras pour donner corps aux rodomontades sarko-bessonistes.
L’article sera publié dans Article11 papier n°2 (en kiosques le 13 janvier). Mais on a pensé que certaines photographies prises à cette occasion méritaient d’être publiées sur le site. Parce qu’elles disent beaucoup sur la vie quotidienne de ceux qui doivent désormais se terrer loin des regards afin de ne plus offenser la vue des Calaisiens et de ce qui nous tient lieu de gouvernement. Et parce qu’elles témoignent d’une touchante dignité au milieu de l’infamie.
Les migrants (surtout soudanais et afghans, les autres populations étant réparties dans le Calaisis, près des aires d’autoroute et loin des regards1) ont d’abord refusé d’être photographiés, de crainte que ces images ne soient utilisées contre leur intérêt. Normal, tant ils sont quotidiennement harcelés (le mot est faible) par la police et par des journalistes indélicats2.
Plus tard, après deux jours en leur compagnie, la plupart se sont prêtés au jeu. Malgré tout, il n’est pas question de diffuser ces photos-là, ces visages souriants et avenants ; question de respect. C’est pourquoi les photographies choisies ne montrent que des lieux, des silhouettes, des signes ; eux en disent déjà beaucoup. La suite sur le papier, à la mi-janvier.
1 Evidemment, quand Besson ou Sarkozy expliquent qu’ils ont réglé le problème de Calais, ils omettent de dire qu’ils l’ont seulement déplacé, aggravant encore les conditions de vie des migrants.
2 Lors de notre passage, deux « journalistes » de M6 s’étaient ainsi affublés de vestes « Secours catholique » pour rassurer (tromper ?) les migrants. Raté...
3 D’où le caractère un tantinet abscons du message taggé.