mercredi 19 novembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 10h01, par
46 commentaires
Ça y est : c’est la chienlit ! Le bordel ! L’anarchie ! Non contents d’empêcher les trains d’arriver à l’heure, voilà que les anarcho-autonomes se piquent de piétiner la démocratie locale, allant jusqu’à perturber la tenue du conseil de Levallois. Soucieuse de soutenir ce républicain exemplaire qu’est Patrick Balkany, courageuse face au danger, la police est intervenue. Heureusement.
Je vais vous dire : franchement, j’aime bien les policiers.
Et je les trouve respectables.
Admirables.
Sympathiques.
Utiles.
Et nécessaires.
Bref : je ne nourris pour les éminents membres de la Police nationale (avec un P majuscule, s’il vous plaît !) que des sentiments positifs.
Et je trouverais même leur corps de métier absolument idéal.
Si ses représentants ne se montraient, à l’occasion, un peu trop fragiles…
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Dans un article intitulé « Deux mineurs irritent Balkany : 36 heures de garde à vue », Rue89 rend compte du déroulement d’une séance municipal de la ville de Levallois, lundi soir.
Et raconte comment le maître des lieux a fait arrêter 17 jeunes gens, membres d’une association nommé Mouvement solidaire pour le logement, par une cinquantaine de policiers, au prétexte de « quelques gloussements et d’applaudissements » ayant troublé la sérénité des débats.
Pardon ?
Oui, c’est un étonnant retournement de circonstances.
Et je suis sur ce point aussi surpris que vous : j’avais toujours été convaincu que c’était l’existence même de Patrick Balkany et de son épouse qui « troublait la sérénité »’ de la démocratie.
Comme quoi…
Bref, je reprends : les policiers évacuent donc les dangereux activistes du glou-glou un temps (voire deux… ) pestifs.
Et les emmènent avec eux pour quelques heures de garde à vue bien senties.
Histoire de leur faire comprendre qu’un conseil municipal n’est pas un lieu où les mineurs sont les bienvenus et qu’ils feraient bien de regarder la télé, de manger des chips ou de fumer des pétards plutôt que de s’intéresser à la conduite des affaires locales.
Je dis : jusque-ici, rien d’anormal.
Hein…
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Ces braves pandores finissent par relâcher tout le monde, à l’exception des deux dangereux meneurs dont la garde-à-vue est prolongée pendant 36 heures.
Pourquoi ?
« L’avocate parlait, (…) mardi en début de soirée, d’une autre plainte pour coups et blessures. Le parquet soupçonnerait en fait les deux adolescents d’avoir blessé ’légèrement’ deux policiers, l’une à la cheville et l’autre aux côtes », explique la journaliste Chloé Leprince, qui poursuit : « A l’issue des 24 premières heures de garde à vue, le parquet de Nanterre a demandé une prolongation ’pour les besoins de l’enquête’. Selon l’avocate, des certificats médicaux de policiers ’mais pas seulement’ devaient encore arriver. »
Oui : « Le parquet soupçonnerait en fait les deux adolescents d’avoir blessé ’légèrement’ deux policiers, l’une à la cheville et l’autre aux côtes. »
Là, je dis : attention !
Tant, quand deux fiers représentants de l’ordre se comportent comme les dernières des chochotes et pleurnichent pour des petits bobos, c’est l’honneur même de la Police nationale (avec un P majuscule, s’il vous plaît !) qui est mis en cause.
Et par-là même : celui de la France.
(Si, si…)
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Il me semble donc qu’il serait préférable (sauf à vouloir faire passer les policiers pour de maniérées danseuses de ballet en tutu rose…) qu’on n’exhibe pas de fausses blessures pour justifier ces deux longues gardes-à-vue.
Et qu’on dise franchement la vérité : ces deux jeunes gens ont eu l’audace de s’opposer à Patrick Balkany, ils méritent amplement d’être punis.
Il me semble aussi préférable (tant qu’on y est…) que personne ne redise combien la mandat de Patrick Balkany est une vivace insulte à tous ceux qui croient encore à l’idée dévoyée de représentation populaire.
Lui qui a été condamné pour avoir, de 1985 à 1995, rémunéré aux frais du contribuable levalloisien trois personnes pour s’occuper de son appartement et de sa résidence secondaire.
Qui aurait ainsi au final détourné des comptes publics la bagatelle d’environ 1 000 000 euros, selon sa notice Wikipedia.
Et qui exhibe à nouveau, depuis que Nicolas Sarkozy l’a ramené dans ses bagages présidentiels, sa morgue et sa vulgarité en ces lieux républicains pour lesquels nous sommes supposés nourrir un essentiel respect.
Il me semble enfin nécessaire, pour terminer, qu’on mène d’actives investigations.
Tant l’agitation soulevée par ces dangereux activistes du logement évoque les us et coutumes de l’ennemi public numéro un, « la mouvance anarcho-autonome de l’ultra-gauche ».
A tel point qu’il ne m’étonnerait pas qu’on découvre dans les chambres de ces gardés à vue un ou deux exemplaire de L’Insurrection qui vient.
Et peut-être même - qui sait ? - un horaire des lignes de RER…
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Bref : devant ces fichus agitateurs, ni les représentants du peuple ni les bras armés du pouvoir ne doivent flancher.
Il en va de l’avenir de la démocratie !
Et c’est ainsi que la Police nationale (avec un P majuscule, s’il vous plaît !) comme la France en sortiront grandies.
Hop !