ARTICLE11
 
 

jeudi 9 juillet 2009

Le Cri du Gonze

posté à 18h19, par Lémi
15 commentaires

De l’art de bourrer les urnes par la bande : l’enfumage électoral pour les nuls
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D’humeur lugubre aujourd’hui, il me fallait un défouloir, de quoi extérioriser mes envies de meurtre. Alors, je me suis lancé sur un sujet qui me tient à (contre)cœur : la grande messe médiatique et ses effets anesthésiants sur nos concitoyens, particulièrement en période d’élection. Entre émeutes gare du Nord et Papy Voise lacrymal, retour sur quelques faits de gloire démocratique. Propagande, quand tu nous tiens...

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Nous ne parlons pas pour dire quelque chose
mais pour obtenir un effet.
(Goebbels)

Le démocrate français convaincu est un être fier et hautain. Héritier des Lumières et de la Révolution Française, il a pour lui le bagage de l’histoire et il ne se prive pas de le rappeler. Lourdement. Quand tu avoues, voire – imp(r)udent ! –, revendique l’abstention ou le dédain électoral, il te regarde avec une morgue pleine de suffisance, genre BHL interrompu dans une tirade par une remarque jugée indigne, et tu es censé te recroqueviller de honte devant ce coup d’œil revolver. Les mots ne tardent pas à emboiter le chemin balisé de son mépris sans fond : « Va donc dire ça aux Iraniens/Nord-coréens/Tunisiens/Cubains (barrer selon actualité), tu verras ce qu’ils répondront à tes attitudes de petit-bourgeois effarouché. Tiens, on devrait t’envoyer là bas, pour que tu leur explique pourquoi tu chipotes sur tes droits électoraux… »

Le démocrate français convaincu, outre qu’il est souvent casse-burnes, n’aime donc pas trop qu’on « chipote » sur la question, ça le rend aigri. Par contre, il aime bien se gausser des autres démocraties occidentales, forcément imparfaites. Les ricains en 2000 et la pantalonnade Bush/Gore, ça les a fait glousser d’aise. Avoir un président minoritaire en voix, hin hin, sont trop forts, ces yankees.

Las. Je ne voudrais pas faire de rapprochements foireux (je t’entends déjà hurler), mais j’estime que – quitte à se foutre de la gueule des Américains ou à descendre en flamme les Iraniens – on devrait s’autoriser un minimum de regard critique vis-à-vis du jeu électoral français tel qu’il a fonctionné ces derniers temps. Non pas qu’on ait beaucoup pratiqué le bourrage d’urne (techniquement parlant), je te le concède volontiers. Mais pour ce qui est du bourrage de crâne et de la manipulation médiatique…

Je pensais à ça récemment en lisant le livre-référence d’Emmanuel Todd, Après la démocratie(2008, Gallimard, une merveille de balistique). À ces ficelles tellement grossière qu’on ne les relève plus vraiment. Ainsi, de ces « émeutes » gare du Nord en mars 2009 qui – il faut bien l’avouer – arrangeaient bien celui qui quittait alors son poste de ministre de l’Intérieur pour la dernière ligne droite présidentielle. Un banal incident, un contrôle qui part en vrille et puis les choses s’étaient enflammées. Bizarrement. Sans tomber dans la théorie du complot à la réseau Voltaire, on notera comme Emmanuel Todd que tout ça tombait à point et sentait sa barbouzaderie à plein nez :

Le 26 mars, Nicolas Sarkozy quittait le ministère de l’Intérieur. Le lendemain, à la gare du Nord, des affrontements spectaculaires opposaient bandes de casseurs et forces de police. Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, le sondage TNT Sofres dit de « sortie des urnes » indiquait que ce qui avait le plus influencé le vote des électeurs de Sarkozy était, mentionné par 43% d’entre eux, le choc de la Gare du Nord. (…)

L’enchaînement des faits, leur importance obligent à s’interroger (ce que la presse n’a pas fait) sur la spontanéité de ces affrontements. L’agent provocateur, après tout, est une figure familière dans l’histoire. Faute d’information crédible, il est évidemment impossible d’avoir la même certitude. (…) Mais nous devons au moins poser la question tant l’épisode de la Gare du Nord a joué un rôle central dans la campagne présidentielle. Jamais Nicolas Sarkozy n’aurait atteint 31 % des suffrages au premier tour sans le climat de fièvre qu’engendra cet événement, pas seulement en lui-même mais aussi et surtout parce qu’il rappelait la grande flambée des banlieues survenue dix-sept mois auparavant.

Tout cela est dit avec des pincettes, c’est respectable, Emmanuel Todd n’est pas intellectuel à s’aventurer dans des terrains trop mouvants et à s’exposer sans précaution sous le feu de la critique. Reste qu’on sent, derrière la nécessaire retenue, la quasi certitude de l’enfumage. Pour être franc, je partage plutôt (euphémisme force 9) son point de vue.

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Revenons deux minutes sur les faits en question : des vidéos qui tournent en boucle, des images floues qui ne montrent pas grand-chose (surtout des mouvements de police), des journalistes présents dès le commencement de la chose, des jeunes « casseurs » qui ravagent deux trois vitrines mais ne blessent personne, des chiffres plus qu’exagérés (il semblerait que le nombre de 300 jeunes excités avancé par la police ne coincide pas exactement avec la réalité du terrain), des casseurs plus que louches, comme le montre la chouette photo ci-dessus (ah, le jeune des banlieues traînant gare du Nord avec sa matraque télescopique, son 1,90 mètre pâlichon, sa coupe Légion et ses airs bovins de RG mal maquillé, ça nous rappelle une récente fin de premier mai]. Décidément, ces gens-là maîtrisent à la perfection l’art délicat du camouflage…) et un timing parfait pour le président en devenir, qui pouvait se poser en berger idéal pour moutons égarés1. Pas de preuve, pas de certitudes, mais une méchante impression de s’être fait salement manipuler.

D’autant plus que – c’est là le nerf de la guerre – l’importance de l’événement a surtout été le fait d’une sphère médiatique qui, sur le sujet de l’insécurité, n’hésite jamais à remettre couche sur couche, à empiler les appels à l’hystérie généralisée, jusqu’à l’écœurement. De TF1 à Marianne, de M6 au Point, tous unis pour faire frissonner les glands téléphages. Philippe de Villiers résumait alors très bien le sentiment partagé par le TF1phile moyen : « La société a tourné du côté des malfrats. Des bandes ethniques sont installées sur notre territoire et considèrent que même la gare du Nord, c’est leur territoire (…). Voilà le résultat de l’immigration incontrôlée. » Bien vu, Philippe.

Rien de nouveau sous le soleil, tu me diras. Tu auras bien raison : depuis ce jour sacré où, tout auréolé de la possession d’une carte électorale flambant neuve, je votais Escroc en croyant voter Anti-facho, les élections semblent inéluctablement destinée à sombrer dans cette dérive médiatique manipulée. Je ne te parle même pas de l’abrutissement habituel, quotidien, du Spectacle qu’on se prend tous (plus ou moins, il est vrai) en intraveineuse médiatique (si je m’embarque sur les Situs, on est pas sorti de l’auberge, et j’ai Yoga à 19h pétante…). Mais plutôt des petites recettes pré-électorales qui ne manquent jamais de payer. Une élection se pointe, et hop : le grand jeu !

Puisque tu n’es pas convaincu par mon exemple précédent (ne mens pas, je te sens réticent), il suffit de remonter aux élections précédentes. 2002, le grand « choc », le Pen au second tour. Souviens toi, quelques jours – trois exactement, soit le 18 avril – avant le premier tour, ces images tournant en boucle, un papy nounours aux yeux tristes, tellement gentil qu’on aurait voulu le serrer sur son cœur, le consoler : les larmes aux yeux qu’on avait. Papy Voise, l’aïeul aux yeux de biche, s’était fait méchamment dérouiller pour des clopinettes. La racaille (on ne l’appelait pas encore officiellement comme ça à l’époque, mais le cœur y était) avait frappé, deux jeunes non identifiés. Devant son pavillon brûlé, il pleurait sur nos tubes cathodiques – « Ils ont mis le feu à ma maison. Ils voulaient des sous. Moi j’en ai pas. » Et la journaliste de TF1 d’oser le geste charognard de base, serrant le vieil homme d’une main pleine de compassion – et en une des journaux. Insupportable : il fallait que ça change. Comme un seul homme, comme en 40, la France s’était levée, direction l’isoloir, la rancœur nationale dans le cœur, on connaît la suite.

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Dans Le Cauchemar Médiatique (2003, Denoël), Daniel Schneidermann revenait sur le phénomène :

Le visage tuméfié du gentil vieillard tombait à pic. Comme si la fresque apocalyptique brossée, toute l’année précédente, sur les écrans de télévision2, avait besoin de l’image de la victime absolue, faible d’entre les faibles, un vieillard sans ressources, et naturellement dépourvu de toute méfiance, triplement faible, triplement victime, victime idéale.

Emballement médiatique, donc, différant largement des émeutes de la Gare du Nord car ne baignant pas sous les mêmes soupçons (on voit mal Papy Voise s’auto-agresser tout seul pour servir Le Pen et l’UMP…), mais pervertissant tout autant le principe démocratique. L’agenda médiatique jouait ici le rôle qu’on lui connaît bien, celui de prescripteur politique (c’est de cette époque que le PS a conclu son grand virage sécuritaire, embrayant sans retenue sur le thème de l’insécurité, il paraît qu’il y avait des voix à récolter, ils attendent encore...).

Je sais : tu vas me dire, au vu des deux exemples cités, que la chose relève seulement de l’insécurité, thème irrationnel s’il en est car jouant sur la peur, soit le meilleur des outils politiques. Je te répondrai que j’attends toujours de voir une élection récente sur laquelle ne baignerait pas cette vapeur viciée alliant désinformation et manipulation à grande échelle. Souviens toi, par exemple, de ce référendum de 2005 sur la constitution européenne : ils ont tout fait, les bougres, pour te faire « bien voter », multipliant les unes biaisées, te traitant de xénophobe et d’ethnocentré, de pote à De Villiers et à Dupont-Aignan. Ils ont même réinventé la figure du maghrébin (tu sais, celui qui vient jusque dans nos campagnes pour lutiner nos femmes et abreuver leurs sillons) à l’échelle européenne, avec ce plombier polonais plus menaçant que Conan. Je te l’accorde : cette fois-là, ça n’a pas marché. Mais ça n’a pas changé grand chose. Et tu diras ce que tu voudras, sur ce coup-là, la démocratie en a pris un sacré coup…

Je pourrais empiler les exemples. La diffusion d’Home, du bouffon financier Yann Arthus Bertrand, à l’occasion des récentes élections européennes, par exemple. Je sais bien, c’est surtout le FN qui a dénoncé la chose, mais je dirais quand même que sa diffusion n’était pas des plus honnêtes. Que l’envoi par l’Elysée de consignes aux préfets pour favoriser sa diffusion préélectorale n’est pas exactement l’idée que je me fais de la démocratie parfaite. Et que, à vrai dire, il est difficile de trouver meilleur exemple de Spectacle abrutissant et électoralement prescripteur que le film de l’huître photographe3. Tu me répliqueras que, blablabla, le film a été programmé avant que soient fixées les élection, je te rétorquerai qu’il y a des coïncidences qui font bien les choses et que, bizarre bizarre, elles se multiplient en approche d’élections.

Sur ce, je stoppe là. Juste pour te dire, ami des urnes, ami casse-burnes, je n’y crois plus vraiment, à la grande pantalonnade électorale. Qu’elle soit techniquement biaisée ou pas, elle relève en premier lieu d’un jeu médiatique qui prend le dessus sur tout le reste, dicte les programmes et sait sentir d’où vient le vent. Comme l’indépendance des médias de masse n’est plus vraiment à l’ordre du jour (RIP déontologie) et que je reste sceptique quand aux capacités de résistance au matraquage médiatique de nos cerveaux contemporains, je dirais que le nerf de la guerre s’est déplacé. Un certain Laswell, spécialiste des sciences de la communication, le notait déjà en 1927 : les médias fonctionnent comme une « seringue hypodermique », une gigantesque piqouze infusant la peur et le conformisme à une population tétanisée. De Jacques Ellul à l’école de Francfort en passant par les Situationnistes, ils sont nombreux à avoir renchéri, démontrant largement le caractère anesthésié de notre pseudo-démocratie, propagandisée jusqu’à la moelle sous des atours débonnaires. Il se peut que je voie un peu les choses en noir. Tu m’excuseras, j’espère. Mais, vois-tu, il suffit que j’y réfléchisse un tantinet pour que la rage ne me lâche plus : un système politico/médiatique qui est parvenu à me faire voter Chirac ne peut être autre chose qu’une vaste et lugubre blague.

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1 Le loup étant évidemment joué ici par l’immigré casseur, avec ses grands crocs basanés voire blackos, en tout cas rarement blancos ou white – © fondation Manuel Valls pour une immigration maîtrisée sur nos marchés.

2 Parlant du 11 septembre.

3 Qui n’en finit pas de me débecter. Outre qu’il cachetonne désormais pour l’infâme Direct Soir, il est quasi à lui seul (par le succès ahurissant de ses multiples déclinaisons de La Terre vue du ciel) responsable de l’effondrement de la maison d’édition Le Seuil et de son rachat par La Martinière il y a un an ou deux. J’y reviendrai.


COMMENTAIRES

 


  • Bah oui hein ! Tu vas voter, tu te fais flouer (et je reste polie) c’est recta (encore une politesse).
    J’ai évité de voter chirac mais c’était moins une, ouf.........

    Justement puisqu’on en cause, il y a Mme Le Pen fille qui râle parce que, parait-il, un acteur célèbre aurait appelé à faire front (c’est malin pfffff...) contre elle et ses charmants camarades juste avant le scrutin ; selon comment le vent de l’image tourne, les candidats en profitent ou bien ils portent plainte.

    • Oui, j’ai été très choqué par ce qu’il convient désormais d’appeler l’Affaire Marine Le Pen (comme on parlait d’Affaire Dreyfuss, par exemple). Je trouve ça dégueulasse d’avoir utilisé notre pire acteur disponible pour essayer de la faire gagner. Encore une fois, on fait le jeu de l’extrême droite avec des stratagèmes pour le moins transparents. Une honte ! Un peu plus et elle gagnait (si Christophe Lambert s’était mis de la partie, c’était definitely rapé)



  • Très bon article :) !

    « Tu m’excuseras, j’espère. Mais, vois-tu, il suffit que j’y réfléchisse un tantinet pour que la rage ne me lâche plus : un système politico/médiatique qui est parvenu à me faire voter Chirac ne peut être autre chose qu’une vaste et lugubre blague. »

    Bien vrai, et il ne manque plus que masse de gens s’en rendent compte



  • Oui, belle prise de conscience, sans aucun doute, mais on fait quoi ?
    Je veux dire concrètement ...

    On fout le feu a TF1 ?
    On encule Pujadas ?
    On tape sur Bolloré ?

    J’ai jeté ma télé, démonté mon antenne, et tout ce que je peux faire, c’est protéger mes mômes des effets pervers de la boite à caca...

    Voir en ligne : http://jide.romandie.com

    • « On fout le feu a TF1 ? On encule Pujadas ? On tape sur Bolloré ? » : combiner les trois un jour de motive serait un bon début, il me semble.
      Et pour le reste, je suis un peu comme toi : si je vois bien dans quel sens je dois oeuvrer pour peu à peu me débarasser de tout ça, tirer la chasse sur l’immondice spectaculaire, je vois mal comment envisager la chose à grande échelle, comment penser ça autrement que pour ma petite personne (ou mon petit entourage)...

      • Bon, pour la 2e option je vous laisse commencer... Sinon, le reste du programme me semble assez sympa.

        Sinon, reconstitution bien complète et documentée de quelques phénomènes médiatiques bien construits, et en peu de mois (Je me rappelle, en 2000, les premières fois où les médias avaient commencé à décréter unilatéralement que l’insécurité serait le thème de la prochaine élection. Je ne pensais pas que ça marcherait.)

        Après, ce qu’il y a de fascinant et effrayant, c’est la façon dont le système médiatique remâche en boucle ces infos manipulées. Les maladies ne se développent que si elles ont un terrain favorable et les médias sont un nid douillet pour toutes ses manipulations (sans parler de la petite musique du bon sens libéral qu’on nous ressert depuis 30 ans...). Ce qui me rappelle des propos que j’avais lu dans « Les nouveaux chiens de garde » ou ailleurs et qui retraçait la trajectoire sociale des journalistes en Occident : globalement, dans les années 50, c’était des professions intellectuelles dominées, un peu comme les instit’. Aujourd’hui, ce sont des stars qui dînent avec les PDG et les politiques.

        C’est peut-être un peu simpliste, mais je pense que ça explique pas mal de choses...

        Voir en ligne : http://www.etiamrides.blogspot.com/

        • Hem, il se peut que je me sois un peu avancé imprudemment sur la deuxième option. Ce n’est pas que Pujadas ne m’attire pas, mais, heu, disons que je me laisse le temps de la réflexion...

          Sinon, oui, le virus est bel et bien dans la place médiatique, je suis chaque jour plus convaincu qu’il n’est rien de bon à tirer des médias de masse, même de ceux dits progressistes. La lecture des Nouveaux Chiens de Garde m’avaient itou pas mal marqué, mais je ne suis pas sûr que tout se situe dans une position sociale. C’est plus un ensemble d’évolutions et de concessions, de copinages et trahisons sur le long terme qui, tous ensembles, ont mis à bas la quasi totalité de la profession. C’est vrai que désormais ce sont des « stars » (même les journalistes du Canard dinent chez Carla Bruni, cf. Le dernier Plan B), mais ça n’a pas été le déclencheur je pense. Reste que le constat est le même : de journaliste dans les grands médias, il n’y en a plus, ou si peu (en tout cas pour ceux qui traitent de politique intérieure). C’est pour ça que les « niches » sont plus que jamais nécessaires, de CQFD à Rue 89 en passant par le Plan B ou Direct Soir (un intrus s’est glissé dans ce commentaire, sauras-tu le reconnaitre)



  • C’est vrai que tu as voté Chirac ? Ou bien tu blagues ?

    Je me souviens bien l’avoir fait (j’étais à jeun), en me disant que ça ferait bien rigoler mes petits-enfants (que j’imagine historiens précoces) quand je leur raconterai cette affaire.

    Mais, comme je n’ai toujours pas de petits-enfants, ça m’est resté coincé et ça me gêne un peu pour avaler n’importe quoi...

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • A l’époque, j’étais jeune, j’étais chaud, je sentais bon le sable chaud, et je croyais ainsi sauver la République des nazis...
      Je comprends pour tes troubles mentaux, moi aussi, souvent, je fais des trucs stupides en me disant, « Ce qu’on va se marrer au coin du feu quand je raconterais ça à mes petits enfants, ah ah, tu n’en manques pas une Papy qu’y m’diront... » Bordel, c’est long pour avoir des petits enfants si t’as pas encore de progéniture directe ?

    • vendredi 10 juillet 2009 à 15h24, par CaptainObvious

      Sur le coup, l’idée se défendait en fait. Pas assez pour me faire voter pour l’escroc, mais bon, écraser le pen dans les urnes tout en minorant l’importance du vote Chirac par l’ampleur même du résultat, ça se concevait .

      Bien sur c’était un peu naif et ça n’a pas marché, à cause de l’absence de vergogne normale de la droite, de l’absence de vergogne du PS (qui avait essayer de jouer sur les 80% entre la présidentielle et les législatives, usant ainsi l’argument pour de basses raisons électoralistes, plutot que de le conserver), des mouvement sociaux qui n’en ont pas profité et des journalistes qui ont bien fait leur travail (de chiens de garde).

      • « ça n’a pas marché » : Oui, le triomphe ordurier de Chirac n’a pas fini de me hanter, j’y ai apposé ma petite pierre... Et puis, fallait pas être grand sorcier pour comprendre que, dans cette situation, Le Pen ne ferait pas plus au second tour qu’au premier, il avait déjà atteint son quota maximum de connards électoraux. Par contre, quand quelqu’un (je cite personne, hein, pas le genre de la maison) se fait fort de reprendre les « idées » de Le Pen en les lissant pour qu’elles choquent moins, le quota s’élargit jusqu’à la déraison (53% aux dernières nouvelles. On peut faire mieux, vivement 2012...)



  • Il fallait que tout cela fut dit. Seulement je doute (mais j’aimerai tant !) que nos concitoyens soient prêts à abandonner la farce que constitue les élections et passer à d’autres formes d’expression plus efficaces. C’est comme les sondages ils aiment tellement donner leur avis en croyant que cela peut leur servir qu’ils en oublient l’essentiel : agir véritablement.



  • Je suis plutôt d’accord, mais comme toujours pas complètement (c’est congénital).

    Pour les européennes et l’abstention (encore..), je n’ai pas la même analyse, même si je comprends et partagerais ton point de vue, dans la mesure où, si effectivement l’articulation avait été celle-ci, alors ma position aurait été assez proche (ça n’engage que moi).

    Pas de bourrage physique en France… En vaillante anonyme-ou-presque que je suis, je reste convaincue du fait qu’être Ministre de la structure (M. de l’Int.) en charge de l’organisation des élections auxquelles on se présente, est une aporie démocratique. NS a organisé les élections et -ô miracle du participatif- a été élu. Par des morts, certes, mais démocratiquement.
    Comme je suis mesquine, j’y vois bien sûr le joker de JC pour éviter la case prison et surtout la volonté suprême de l’EU pour ne dialoguer qu’avec les interlocuteurs qu’elle se choisit. NS a été placé par cooptation, pas élu. Là encore, ça n’engage que moi. c’est le mariole qui attire l’attention pour que les éminences grises puissent bosser tranquille. Il est payé cher pour ça.

    Et donc ça me ramène à la politique européenne et fatalement, à l’élection des parlementaires du PE.
    Il se trouve que par vestige, l’élection du PE se fait par suffrage universel (ils ne sont pas nombreux les suffrages directs en matière d’EU). Une campagne médiatique à peu près démocratique et informative, en préparation des élections, aurait consisté à expliquer en long et en large le rôle du PE, ses fonctions, son fonctionnement, son poids, ses actions passées, ses enjeux actuels et ses questionnements à venir.
    J’ai été déçue, fatalement. Mon attente, loin d’être comblée, a été bourrée par l’évidence d’une abstention européenne massive et un débat sur le sujet. Emaillé ça et là de programmes nationaux et de querelles de clochers.

    J’y ai donc vu une campagne pour l’abstention. Renforcée (à base de psychologie inversée) par l’appel tardif et mou à voter, d’Abruti 1er (et ses potes, berlusconi & co). Et là, je me pose la question de savoir pourquoi il ne fallait pas aller voter aux européennes ?

     × Parce que l’enjeu était de taille (la politique européenne dicte les politiques nationales ; aka le droit européen prévaut sur le droit national, puisque l’ultime cours de cassation / d’annulation est européenne ; les lois et le droit européen prévalent sur le droit et les lois nationales). Les éminences grises de l’Europe n’ont pas l’intention de lâcher leur position.
     × Nous sommes en guerre, diversement engagés en Afghanistan et en Irak. Un brusque revirement politique (le PE passant du côté des pacifistes) aurait menacé de disloquer la politique guerrière expansionniste de l’UE, savamment conservée ‘cachée’ d’un point de vue informatif et visuel (d’aucuns diront que cette nouvelle forme de ‘non-propagande’ en matière de guerres sert à éviter une mobilisation populaire, à l’image de l’opposition à la guerre du Vietnam dans les 60/70s aux US).
     × Le dossier brûlant de l’UE (de droite extrême actuelle), est celui de la Défense Commune. Qui dit armement dit industrie, dit gros sous. Le dossier est en cours, lourdeurs administratives et protocoles obligent, c’est long et ce n’était pas le moment de changer de majorité en cours de route (enfin si, justement, c’était le moment).

    Donc une propagande massive pour l’abstention ne me semble pas aberrante du point de vue stratégique, en matière d’europe. Si le but du jeu, au hasard, était de conserver et renforcer la majorité du PPE, en dépit des oppositions nationales grandissantes, alors ça a fonctionné.

    Et là où effectivement je deviens cette démocrate moraliste que tu décris, c’est que je deviens blême de colère en pensant que certains gauchers ne sont pas aller voter, pour marquer leur mécontentement suite à leur vote bafoué (referendum 2005) et je m’insurge : « m’enfin ! C’était la seule occasion de virer la majorité qui a fait passer en force la constit. / traité de Lisbonne ; la seule occasion de les foutre au placard et de donner à l’EU une impulsion sociale, et au lieu d’aller voter, rien ? Vous préférez laisser le pouvoir aux abrutis qui vous ont entubés en 2005 ? »

    Mais bon… rien ne dit qu’en cas de vote massif il n’y aurait pas eu fraude massive. Alors l’un dans l’autre, j’imagine que ça se vaut.

    Gare du Nord j’y étais, les médias sont corrompus et à droite. Et pour les européennes ce que j’ai vu c’est une vaste campagne pour l’abstention. Je fais la différence entre être anarchiste et ne pas voter par conviction apolitique fondée (démarche active) et ne pas voter, en mouton, parce que la mode cette année est à l’abstention. C’est peut-être dur, mais.. le résultat de ce non-vote massif ne l’est pas moins (l’UE qui sombre, lentement mais sûrement, dans le fascisme).

    Un lien un peu mou du genou, mais qui pose clairement la notion de montée du fascisme en EU, en toute consensualité avec la majorité PPE (elle même un peu brunâtre), majorité que l’on vient de laisser largement, par non-vote, investir le ’nouveau’ PE :
    http://www.un.org/french/pubs/chronique/2007/numero3/0307p22.html

    ..ça me laisse pensive..

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