jeudi 28 janvier 2010
Le Charançon Libéré
posté à 16h34, par
29 commentaires
Dominique Paillé l’assure sur tous les tons : il ne fallait voir aucune volonté de « stigmatisation » dans la mise en ligne, sur le site de l’UMP, d’une photo de quatre adolescents noirs, assortie d’une invitation à « en finir avec l’angélisme » sur « la délinquance des mineurs ». Juré-craché ! Autant croire celui qui se révèle aussi drôle que Lefèbvre : les occasions de rigoler se font si rares…
Je fais chaque jeudi une petite chronique sur la radio libre FPP, à 12 h 15. Comme d’habitude, je te la copie-colle ici.
C’est un long cri indigné que je viens pousser ici.
Un mugissement de colère patriote.
Et un très nationaliste sursaut d’indignation.
J’apprends - ça n’a pu t’échapper à toi aussi, tant les médias se sont fait les très complaisants relais de la sortie de ce lecteur électronique portable, dernier joujou technologique dont la très sainte église de la consommation te recommande l’acquisition1 – j’apprends, disais-je, que Steve Jobs, le patron d’Apple, parle en tous lieux de l’Ipad.
Et je ne peux m’empêcher de m’insurger : pourquoi a-t-on empêché Jean Sarkozy d’en devenir président si c’est pour autoriser un fichu Yankee à s’en réclamer ?
Il n’est pas de raison : ni le fiston Sarkozy, ni le saint patron d’Apple ne doivent prendre la tête de l’Ipad.
Et puis : c’est tout !
Je pourrais arrêter là cette chronique.
Tant ce jeu de mot, l’un des meilleurs de ces dernières années, suffit à prouver combien le grandiose esprit français, mélange de finesse intellectuelle et de grivoiserie gauloise, n’est pas encore tout à fait mort.
Mais je refuse de m’en tenir là.
Parce que le comique français ne saurait se résumer à une seule vanne, fut-elle incroyablement géniale.
Et aussi parce qu’il me faut conjurer par un rire puissant ce mal de ventre qui m’étreint depuis que - une épidémie chassant l’autre - le virus de la gastro a remplacé H1N1 en mon organisme fatigué.
Rions, donc.
Rions, amis.
Pour ne pas songer que nous souffrons.
Un qui doit beaucoup souffrir, c’est Dominique Paillé.
Tant le trop méconnu porte-parole de l’UMP s’ingénie à faire rire.
Et prouve à lui seul combien sens comique et politique peuvent aller de pairs - c’est d’ailleurs une constante chez le parti majoritaire : on ne choisit que des clowns comme porte-parole, histoire de s’assurer que le PS ne saurait l’emporter dans la course au désolant ridicule que se livrent les deux formations politiques.
Dominique Paillé, donc, s’est récemment piqué de justifier le choix fait par l’UMP d’une très révélatrice photo sur la page d’accueil de son site officiel.
Cliché montrant – de dos - quatre adolescents noirs marchant dans la rue en compagnie d’un porteur de capuche, photo servie par un titre tout en mesure – je te le cite, attention ça tâche : « Délinquance des mineurs : en finir avec l’angélisme. »
L’association de ce titre et de cette photo n’ayant évidemment d’autre but que de sous-entendre que le parti majoritaire appelle un chat un chat, et qu’il ne saurait donc tomber dans cet angélisme béat propre aux gens de gauche où l’on se refuse à nommer les noirs sous leur vrai nom, soit « fauteurs de troubles et générateurs de délinquance ».
Jean-Marie Le Pen en a rêvé, l’UMP l’a fait…
Interrogé sur le choix de cette photo, Dominique Paillé - qui est (je te le rappelle) d’abord porte-parole du parti avant que de faire office de comique-troupier au gala du FN - a nié toute mauvaise intention.
A réfuté une quelconque volonté d’ostraciser une partie de la population française.
Et a déclaré, tout surpris et offusqué : « Mais ce n’est pas parce qu’il y a des Noirs sur la photo qu’il y a stigmatisation ! Je suis assez surpris par cette polémique. Et s’il n’y avait eu que des Blancs, il n’y aurait pas eu de drame. »
Puisque Dominique Paillé le dit, t’assurant de la pureté des intentions de son parti, je te prie de lui faire confiance.
Et je veux croire que le porte-parole de l’UMP réagira de même à la vue de cette photo assez confidentielle que je détiens en quelque arcane de mon ordinateur.
On y voit le locataire de l’Élysée en compagnie de quelques bas-du-front tenant de l’idéologie aryenne, avec en-dessous ce titre évocateur : « Racisme d’Etat : en finir avec l’UMP. »
Ce cliché stigmatise peut-être un brin les membres de l’UMP.
Mais qu’importe : seule compte l’assurance de ma bonne volonté.
Et cette remarque que je te fais, cher Dominique : « Mais ce n’est pas parce qu’il y a des nazis sur la photo qu’il y a stigmatisation ! Je suis assez surpris de cette polémique. Et s’il n’y avait eu que des socialistes sur la photo, il n’y aurait pas eu drame. »
Finalement - sais-tu ? - Dominique Paillé ne me fait pas tant rire que ça.
Et les autres clowns qui nous gouvernent non plus.
Je préfère revenir à cette vanne si excellente qui a ouvert ma chronique.
Et souligner à nouveau combien la sortie du nouveau joujou inutile d’Apple est une révolution essentielle.
Ipad-dis-donc, on n’arrête pas le progrès…