samedi 22 novembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 12h51, par
27 commentaires
Vous allez voir qu’on va avoir droit aux flonflons, déclarations satisfaites et autres célébrations complaisantes… Le 10 décembre, la Déclaration des droits de l’homme fêtera ses 60 ans. Joyeux anniversaire ? Bof… Le texte est si loin de la réalité que le fêter ne signifie rien. Ce que souligne un rapport, en forme de réquisitoire, du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
S’il vous plaît, levez les yeux.
Plus haut !
Euh… encore plus haut !
Vous l’apercevez ?
Oui : c’est la navette spatiale Endeavour.
Laquelle a décollé le 14 novembre pour effectuer une mission de quinze jours.
Peu vous chaut ?
Erreur.
Tant je suis sûr que la chose vous intéresserait davantage si vous saviez que la navette transporte un exemplaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Texte remis en grandes pompes par Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, avec pour objectif que la Déclaration fête dans l’espace ses soixante ans d’existence.
Un joyeux anniversaire qui tombe le 10 décembre.
Oui : chouette !
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Et maintenant…
S’il vous plaît, baissez les yeux.
Plus bas.
Euh… encore plus bas !
Vous les apercevez ?
Oui : ce sont vos pieds qui s’agitent dans la boue.
Peu vous importe ?
Erreur.
Tant je suis sûr que la chose vous intéresserait davantage si vous saviez que vos petits petons foulent et piétinent joyeusement la Déclaration des droits de l’homme.
Laquelle a trouvé sa vraie place, dans la boue et à ras de terre.
Engluée, salie et vidée de toute pertinence.
Oui : dommage…
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Bref, je ne vous apprends rien : il existe un gouffre entre les hauteurs stratosphériques et fantasmées où le gouvernement prétend placer la Déclaration, lui qui feint de toujours croire à cette mensongère identité de « la France, pays des droits de l’homme », et la boueuse, fétide et merdique réalité dans laquelle elle gît.
Un constat presque rabattu à force d’être répété.
Mais qui prend d’autant plus de force et de vigueur qu’il est énoncé par des autorités légitimes et des avis autorisés.
A l’exemple de ces deux très récents rapports, l’un émanant du Contrôleur général des lieux de privation de liberté et l’autre du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, deux hauts fonctionnaires qui ont en commun de tirer à boulets rouges sur l’étrange conception française des droits de l’homme.
Le premier s’intéressant au local de rétention d’étrangers sans-papiers de Choisy-le-Roi, où règne un manque d’intimité tel qu’il constitue une « atteinte à la dignité humaine »
Et le second conduisantun véritable réquisitoire contre la politique du gouvernement français en matière pénitentiaire, judiciaire et migratoire.
Un état des lieux si tranchant et catégorique qu’il devrait suffire à faire monter le rouge aux joues de Marianne, pour peu que celle-ci ait encore un quelconque sens de l’honneur.
Ce dont doute à l’évidence La Ligue des Droits de l’Homme, qui résume ainsi le sombre tableau dressé :
« Nos gouvernants se flattent de représenter le ‘pays des droits de l’Homme’. Derrière leurs discours angélistes, voici les faits. Toutes les personnes en situation de fragilité, de dépendance ou de marginalité, loin d’être protégées contre les risques d’atteintes aux droits induites par leur état, sont l’objet de discours, de politiques et de pratiques administratives qui augmentent ces risques et les placent dans des situations inadmissibles et parfois inhumaines.
C’est le traitement indigne réservé aux détenus dans les prisons françaises, aux étrangers ‘retenus’ dans les centres de rétention, aux demandeurs d’asile traqués autour de Calais avec hélicoptère, projecteurs et chiens policiers ; ce sont les conditions de vie honteuses et discriminatoires qui sont faites si souvent aux Rroms et aux Gens du voyage ; c’est la violation délibérée des normes internationales qui protègent les mineurs face à la justice ; ce sont les pressions et les menaces sur les personnes qui se plaignent de violences policières ; c’est aussi le mépris dans lequel est tenue la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, voix indépendante chargée de rappeler le gouvernement aux exigences du respect des droits."
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Mais après tout : qu’importe ?
Les associations peuvent bien s’indigner, les observateurs constater avec effroi et les citoyens s’arracher les cheveux, rien n’y changera.
Et Nicolas Sarkozy continuera à se congratuler régulièrement.
Comme il le fit voilà quelques jours, dressant un tableau idéal de son pseudo combat pour les droits de l’homme à l’occasion de ce ridicule prix du courage politique qu’un laquais de ses amis lui a remis.
Non sans avoir prévenu en introduction, comme un avertissement à tous ceux qui pourraient exprimer des doutes sur le bien fondé d’un tel satisfecit : « Je n’oublierai pas tous ceux qui ont écrit sur ma conception des droits de l’Homme. »
Compris ?