mercredi 27 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 18h18, par
16 commentaires
Ah ça ! Il ne sera pas dit que ce gouvernement ne respecte pas sa parole. Qu’il ne respecte pas ses engagements. Qu’il foule aux pieds ses serments solennels. Non ! Grâce à Roselyne, l’équipe gouvernementale de Sarkozy vient de découvrir tout le plaisir qu’il pouvait y avoir à tenir ses promesses. N’en reste plus qu’une petite centaine à réaliser, désormais…
Quand même.
Cela fait quelque chose.
A tel point que je me sens un brin étrange.
Un poil ému.
Et pas mal désarçonné.
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Que voulez-vous ?
Je suis comme l’immense masse des Français : pas habitué du tout à voir ce gouvernement tenir ses promesses.
Et je commençais même à soupçonner le président et ses ministres d’être incapables de respecter le moindre de leur engagement.
Tant les déceptions s’étaient multipliées jusqu’à maintenant.
× Que ce soit sur le pouvoir d’achat…
(Souvenez-vous, notre bateleur en chef avait affirmé pendant la campagne : « Je serai le président du pouvoir d’achat. Je demanderai aux entreprises de faire un effort sur les salaires, car l’État fait lui-même un effort sur les allègements de charges. » Nada !)
× Sur le plein emploi…
(Rappelez-vous, notre auguste meneur de revue avait promis qu’il serait le « président du plein emploi », tandis que François Fillon pronostiquait encore en mars 2008 que le plein emploi « résoudrait tous les problèmes ». Peau de balle !)
× Sur l’amélioration de notre système éducatif…
(Fouillez dans votre mémoire, notre bonimenteur d’élite s’était engagé à faire de l’école « un lieu de travail, d’autorité et de respect », avant d’affirmer : « L’enseignement supérieur est pour moi une priorité absolue. » Des nèfles !)
× Sur l’engagement français en Afghanistan…
(Bousculez vos neurones, notre belliciste d’opérette avait constaté : « La présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me paraît pas décisive. Le Président Chirac à décidé de rapatrier nos forces spéciales et un certain nombre de régiment. C’est une politique que je poursuivrai. » Du vent !)
× Sur la croissance…
(Repoussez votre Alzheimer, notre présidentiel chirurgien-dentiste avait juré qu’il irait chercher le point de croissance qui nous manquait, « avec les dents » s’il le fallait. Parole, parole !)
× Sur le logement…
(Plongez dans vos souvenirs, notre royal bâtisseur avait promis de « permettre à chaque ménage d’être propriétaire, parce que la propriété est le rêve de chacun d’entre nous ». Peau de zébi !)
× Sur le déficit…
(Réparez vos synapses, notre scrupuleux argentier avait assuré que « la maîtrise de nos finances publiques est un impératif moral autant que financier ». Des prunes !)
× Sur les droits de l’homme…
(Farfouillez dans ce qui vous tient lieu de cerveau, notre Zorro national avait claironné sur tous les tons qu’il ne serait « le complice d’aucune dictature à travers le monde ». Zob !)
× Sur la laïcité…
(Piochez dans vos souvenirs, notre laïcard en chef avait promis-juré-craché : « La laïcité, l’égalité entre la femme et l’homme, la liberté de conscience sont des principes avec lesquels je ne transigerai jamais. » Des clous !)
× Sur la politique familiale…
(Consultez votre aide-mémoire, notre procréateur d’exception avait clamé sur tous les toits et les tons : ’J’aiderai les familles à chacune des étapes de leur existence. En particulier, j’allouerai des allocations familiales dès le premier enfant." Nib !)
× Sur les banlieues…
(Souvenez-vous, notre présidentiel réparateur des injustices avait annoncé un « plan Marshall pour les banlieues », alors que Fadela Amara se piquait de « faire émerger une nouvelle élite des banlieues ». Que dalle !)
× Sur l’environnement…
(Faites un petit effort de mémoire, notre royal amoureux de la nature avait placé l’environnement a été au cœur de la campagne présidentielle, notamment en signant le Pacte écologique de Nicolas Hulot. Nichts !)
× Sur l’aide au développement…
(Mobilisez votre intelligence, notre si sensible chef de bataillon avait déclaré avec emphase : « Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse. » Per niente !)
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Ça en fait un paquet des promesses non tenues, n’est-ce pas ?
Oui.
C’est pour ça que je suis si ému quand ce gouvernement tient enfin un de ses engagements.
Que je ne mégote pas sur les félicitations.
Que j’applaudis des deux mains avec enthousiasme.
Et que je me fiche même comme d’une guigne que la promesse de Roselyne Bachelot, ministre de l’air de rien et de la vacuité médiatique qui s’était engagée à sortir du conseil des ministres en sandales roses si les sportifs français décrochaient 40 médailles aux JO, puisse paraître anecdotique.
Parce que (je vous le dis tel que je le pense), en respectant les clauses de son pari, Roselyne Bachelot a sauvé l’honneur de ce gouvernement et prouvé que celui-ci ne foulait pas aux pieds ses engagements.
Ce n’est pas rien…
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PS : toujours prêt à soutenir notre glorieux gouvernement dans ses efforts, je tiens à la disposition des ministres, secrétaires d’état et autres membres de la majorité présidentielle tout un stock de sandales multicolores.
Qu’ils n’hésitent pas à y piocher à chaque fois qu’il leur prendra l’envie d’amuser la galerie, de détourner les attentions médiatiques et de brasser du vent.
C’est fait pour ça.