ARTICLE11
 
 

jeudi 25 juillet 2013

Sur le terrain

posté à 14h42, par JBB
4 commentaires

Ferme de l’Oseraie – « Comme la mauvaise herbe »

Berville, Seine-Maritime. Un peu à l’écart du village, la ferme de l’Oseraie : quelques bâtiments, puis un verger, des champs et enfin la Seine qui coule paresseusement. Ici, sept jeunes gens goûtent depuis un an et demi aux joies et peines du travail agricole et de la vie en collectif. Carte postale.

Cet article a été publié dans le numéro 12 de la version papier.

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Illustration de Gala Vanson

Midi. De la salade sur la table, du vin, un grand plat de choux-fleurs, un peu de soleil, une dizaine d’assiettes, et des conversations qui commencent là pour finir ailleurs. Ils discutent entre eux, c’est vachement intéressant, et je me dis que je devrais peut-être sortir mon carnet de notes et mon stylo. Puis je me ravise. Pas question de casser la magie du moment, les sourires et les mots, d’endosser déjà ce costume de scribe tatillon qu’il me faudra de toute façon revêtir plus tard.

Est-ce bien important, d’ailleurs ? Eux-mêmes l’écrivent : « Vivre au vert, cela suppose de prendre le temps. Celui qu’on ne trouve jamais pour rendre visite à un ami, lire ce bouquin qu’on s’est juré d’ouvrir un jour mais dont l’ampleur nous décourage, réparer l’escalier, inventer une recette de tarte aux fruits, [...] marcher entre fleuves et forêts sans date de retour ou tout simplement ne rien faire et s’oublier dans la contemplation. »1 Ce temps pris, c’est aussi celui des conversations dont on ne garde pas trace.

Plus tard, je les ai suivis dans les champs, dans l’établi, dans la maison, dans les vergers. Un peu partout. J’étais comme une bête malhabile, planté là avec mon carnet et mon stylo. Je notais pendant qu’ils sarclaient, plantaient, arrachaient, je leur posais des questions idiotes et ils s’arrêtaient de travailler pour me répondre, ils me montraient la terre, cette terre grasse et riche des bords normands de la Seine, ils m’expliquaient pourquoi ces graines ici et ces autres là, pourquoi arracher cette mauvaise herbe et pas cette autre, pourquoi conserver telle distance entre les plants de pommes de terre et telle autre entre ceux de carottes. Je me sentais citadin en visite rurale et journaliste emprunté au milieu de travailleurs. Doublement maladroit, donc. Ils l’ont compris. M’ont mis à l’aise, en moquant gentiment ma manie de journaleux, ce stylo jamais au repos. Pour me rassurer, j’ai songé que nous essayions de faire avec les mots ce qu’eux faisaient avec les légumes - les choyer, les entretenir amoureusement, leur redonner de la légitimité. Et qu’il n’y avait pas si loin de notre démarche (ce journal) à la leur (la ferme) : sortir des sentiers marchands, refuser la rentabilité des choses, revendiquer l’artisanat, expérimenter en collectif. Produire, mais autrement. Et plutôt « vivre pour » que chercher à en vivre.

Eux le disent très bien dans un de leurs textes : « Lorsque des gens comme nous se disent ’’Cultivons la terre’’, lorsqu’ils se mettent à plusieurs pour retourner un terrain, acquérir des fermes, les faire fonctionner avec de la joie, c’est bien qu’ils donnent de l’importance à une curiosité fondamentale. À cela qui fait qu’il n’est pas seulement plaisant (qui a cru que se geler les mains pour récolter les betteraves prises sous la neige était plaisant ?), mais vital, de s’attacher, de découvrir, de connaître. À ce qui rend nécessaire le passage par l’acte de production lorsqu’on défend des idées d’autonomie et d’émancipation. Et tous ces nouveaux paysans savent […] que s’ils se lèvent pour aller faire ceci ou cela dans des jardins, des fermes, des squats, des manifestations, ce n’est pas ou plus mus par une conscience cosmique de la Cause. La Cause, cela peut marcher quelques mois, quelques années, on le sait bien. Mais ce qui nous tient là : les amis, la curiosité, la rage, c’est autre chose. »2

Y a-t-il des gens pour penser que « récolter les betteraves prises sous la neige [peut être] plaisant » ? Disons plutôt qu’il en est pour ne pas y songer, pour magnifier le travail de la terre sans y avoir été confrontés. Ceux de l’Oseraie n’ont pas fait cette erreur : avant d’initier leur projet, ils en avaient mené d’autres, essentiellement maraîchers. Mais même ainsi, même en sachant dans quoi on met les bottes, rien d’évident : « Planter des oignons pendant une semaine sous la pluie n’est pas exaltant. On le savait avant de nous lancer, on ne s’attendait pas un chemin pavé de roses, explique l’un d’eux. Mais tu as beau en avoir conscience tu es constamment obligé de le réinterpréter. La dureté de ce métier, nous en parlons très souvent : c’est un sujet de discussion qui nous accompagne en permanence. »

Elle a les mains noires, les ongles aussi ; tout à l’heure, elle ira les laver, parce que cette deuxième peau fait comme un peu de gêne sur les doigts - il y a ce lavabo où ils défilent tous, une fois la journée terminée. Mais pour l’instant elle parle, et ses mains sombres appuient ses phrases. « Nous partagions tous cette envie de vivre à la campagne. Pas seulement pour fonder un lieu-refuge à l’abri du monde, mais aussi pour construire quelque chose et inventer notre propre rapport au travail. Mais nous nous sommes justement rendus compte que le travail nous prenait beaucoup de temps. Et qu’il nous fallait lutter contre cette ’’idéologie’’ très répandue dans le monde agricole qui loue le mérite, l’effort, et qui nous contamine sans même qu’on en prenne conscience. Style : Chouette, on a fait une grosse récolte ! Ou bien : Rajoutons encore des rangées de carottes ! Et il me semble que notre positionnement par rapport au travail a changé. Nous assumons désormais cette part de labeur, mais nous accordons encore plus d’importance à ce qui n’en relève pas. »

Elle, c’est Juliette, 22 ans, la benjamine. Les autres s’appellent Denys, Camille, Thibaud, Nicolas, Raphaël et Charlotte. Aucun n’a plus de 32 ans. Trois couples, plus un homme3 ; les choses se sont faites ainsi. Leur collectif s’est fondé progressivement, fort de trajectoires biaisées, de refus d’emprunter un chemin tout tracé. Un est passé par Sciences-Po ; quand il en parle, cela semble comme il y a un siècle. Un autre a été journaliste dans la presse régionale - lui comprend le coup du carnet et du stylo, il a connu ça. Deux sortent de fac, un est ingénieur agronome, une quatrième a suivi un contrat de professionnalisation en agriculture, une était éducatrice spécialisée, et un dernier rédige encore sa thèse d’archéologie numismatique. Tous se sont constitués en rupture avec un monde – celui qui leur était promis. Mais ils ont surtout défini celui pour lequel ils allaient se battre ; ils en ont accouché peu à peu, définissant un terrain d’accord, des envies communes. Ils ont parlé, réfléchi, essayé. C’est ainsi qu’est née la ferme de l’Oseraie.

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Ainsi résumé, cela semble simple. Presque expéditif. Bien sûr, il n’en a rien été – les mots finissent souvent par mentir quand il s’agit de raconter comment les gens ont construit quelque chose, comment ils se sont battus, ont tergiversé ou hésité, combien cela fut à la fois évident et difficile. On se focalise sur le résultat, et c’est passer sous silence tout un cheminement lent et compliqué. On s’attache à l’instant agréable, par exemple à ces sourires et verres de vin partagés à l’heure du repas, et c’est aussi taire les engueulades, les coups de fatigue, même les renoncements, qui ont conduit à ce moment précieux. On veut de jolies cartes postales, vision bucolique et heureuse de jeunes gens travaillant la terre parce qu’ils l’ont décidé et qu’ils rêvent de changer la vie, la leur et celle des autres, et on finit par reproduire les classiques clichés qui rangent les gens dans des cases toutes faites.
J’écris « on », mais c’est bien « je » qu’il faut lire ici. Le « je » est un exercice délicat en écriture – il revient souvent à coucher sur le papier la boursouflure de l’ego ou le ridicule de la mise en scène. Et pourtant, il me semble devoir cette fois en user (avec retenue). Comme un écho à cette « Remarque préalable » ouvrant la brochure « Vivre au vert » : « Ce texte fait référence à un ’’Nous’’ renvoyant à une réalité physique : une bande de ’’Je’’. […] Disons qu’il est une émanation plus ou moins habile, et forcément réductrice, de nos envies ; elles-mêmes produits de milliers d’influences, évidentes ou mystérieuses, que nous chérissons comme des trésors cachés. »

Il y a ce moment où Camille et Nicolas ont évoqué l’un de ces « trésors cachés ». Ils remontaient lentement une rangée de blettes, creusant des doigts la terre si lourde, presque de la glaise, pour y déposer précautionneusement un semi très vert et fragile, ils prenaient leur temps, s’arrêtaient souvent pour me parler, et puis ont cessé tout à fait de planter pour mieux m’expliquer. Et Camille a évoqué ce livre qui avait tant compté pour elle : « Il y a quelques années, j’ai rencontré des gens qui tenaient une ferme près de Rouen ; ils y faisaient de la culture en espalier, notamment de plantes médicinales. C’est là que j’ai découvert que le monde des plantes était un truc de ouf. J’ai commencé à m’y intéresser vraiment, au travers des livres, et je suis tombée sur La Plante compagne4, un ouvrage de l’ethno-botaniste Pierre Lieutaghi. Ça a été un choc, j’ai compris que le végétal ne constituait pas seulement un accompagnement dans l’assiette ou un beau paysage, mais qu’il structurait profondément notre société. »

À trente mètres de là, un gros porte-conteneurs remonte nonchalamment la Seine. Le fleuve est caché par un fossé, l’imposant navire semble se tailler une route à même les champs, la terre pour écume. Cela fait un étrange arrière-fond à Camille ; elle n’en a cure et poursuit : « Pierre Lieutaghi travaille sur les plantes en milieu sauvage, il n’évoque pas leur usage agricole. Mais cela rejoint finalement ce que nous tentons de faire ici : cultiver en nous rapprochant le plus possible de l’état sauvage, d’une compréhension de la nature. » Il faudrait ici parler de permaculture5, mais les gens de l’Oseraie ne goûtent guère les étiquettes ; ils se refusent à agiter tel ou tel drapeau, en matière politique comme agricole. Ils ne sont ainsi pas labellisés « agriculture biologique », même s’ils travaillent souvent avec des contraintes plus fortes que celles imposées par le label. Comme ils aiment décidément écrire, ils ont expliqué ce refus dans un texte6. Entre autres (bonnes) raisons, ils soulignent : « Le label AB a pour ambition de surveiller la nature et la composition des produits, mais aucunement l’intégration d’une ferme au circuit mondialisé ni son accord avec les valeurs capitalistes. Ces absurdités apparentes sont les symptômes de ces lacunes dans l’idéologie du label. »

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Une certitude : leur ferme n’est pas intégrée « au circuit mondialisé ». Non parce qu’elle est située à Berville, commune de 540 habitants en Seine-Maritime - là autant qu’ailleurs, les exploitations agricoles se plient au modèle productiviste, qui place le rendement au-dessus de tout et ferme les yeux sur les moyens d’y parvenir (engrais, produits phytosanitaires, épuisement des sols, pollution...). Mais simplement parce qu’ils l’ont décidé ainsi. Dès l’élaboration du projet, ils avaient posé qu’il n’était pas question d’en vivre. « On a acté le fait qu’on ne tirerait jamais sept salaires de la ferme, résume Juliette. Et c’est à partir de ce moment que c’est devenu intéressant. » De ce choix originel découle tout le reste : le refus des produits chimiques, les expérimentations aux lisières de la permaculture, l’organisation collective qui laisse la part belle aux échanges et discussions, les erreurs assumées, la réflexion politique. « Nous n’avons jamais poursuivi ce but de l’autonomie économique et matérielle, qui guide nombre de gens gravitant dans le même milieu que nous, détaille Denys. Nous pensons qu’un tel objectif ne laisse le choix qu’entre l’austérité ou le productivisme. L’autonomie telle que nous la concevons est politique ; elle nous laisse le temps de penser, nous réunir, écrire des lettres d’infos, accueillir des gens... Ça implique de ne pas se laisser bouffer par les besoins matériels. »

Voilà : il faut manger, non « se laisser bouffer ». Mais encore ? Pour commencer, les sept de l’Oseraie peuvent cuisiner une partie de leur production. Un avantage conséquent comparé à ceux qui (par exemple) produisent un canard dissident.
Mais pas de quoi monter au plafond : la ferme n’aligne (pour l’instant) que quelques hectares de terres. « Quand nous nous sommes installés, les gens du coin se disaient que nous ne pouvions pas vivre à sept sur une telle surface. Ils avaient raison », rigole l’un. « Nous mangeons tout ce que nous ne pouvons pas vendre, poursuit une autre. Surtout les légumes un peu difformes, qui ne satisfont pas aux normes du commerce : les toutes petites patates, les énormes courgettes... » Mais cela ne suffit pas : « On ne peut pas se contenter de légumes. D’autant que nous ne faisons pas une religion du bio et de l’autonomie : nous aimons aussi le café, le chocolat ou les pâtes. Et nous voulons continuer à acheter des livres et de l’essence, pas vivre en ascètes. »

Ils n’en sont pas si loin, pourtant : les débuts n’ont pas été des plus faciles. Cette ferme reprise en décembre 2011 vivotait depuis un bail ; il a d’abord fallu préparer la terre, ordonner le verger, installer des serres, planter des semis. Bref, relancer « l’affaire ». Puis acheter du matériel, procéder aux premiers essais, faire des erreurs, se planter. Il faudrait ici évoquer des histoires d’argent, dresser une précise comptabilité. Leur mise de départ, leurs revenus mensuels, les échéances de l’emprunt, je retiens deux et j’ajoute mille : encore et toujours des chiffres. Seulement, les chiffres disent des choses autant qu’ils les camouflent. Simplifions. Quand ils ont décidé de s’installer ensemble, ils ont cherché un lieu. Quand ils ont déniché la ferme de l’Oseraie, ils se sont lancés dans la collecte des 130 000 euros nécessaires à son achat. Quand un large appel à dons et les apports des uns et des autres leur ont permis de réunir cette somme, leur association (le Jardin des 400 Goûts) est devenue propriétaire des lieux. Quand ils ont constaté qu’il leur faudrait davantage d’argent, pour acheter du matériel, l’association a contracté un emprunt de 40 000 euros. Et voilà.
Pour le reste, ils naviguent à vue : les revenus qu’ils tirent de la vente sur les marchés, des paniers écoulés auprès des particuliers et de la fourniture de légumes à un restaurant ami6 vont au remboursement de l’emprunt et à l’achat de matériel agricole et de semences. Et le RSA leur permet de (sur)vivre. « Nous mettons en commun toutes nos rentrées mensuelles d’argent, résume Nico. Chacun a ensuite droit à un petit peu d’argent de poche, histoire de ne pas devenir totalement dépendant du collectif. »

Il y a cela, encore : la vie en collectif. Ils sont cinq à habiter la même maison (les deux derniers logent à l’écart) : ils vivent les uns avec les autres. Mais pas les uns sur les autres. La nuance est d’importance : les gens de l’Oseraie ne mènent pas de ces expérimentations amoureuses qui ont coulé corps (surtout) et biens tant de communautés. « Il y a beaucoup de lieux où les expériences autour de l’amour et du sexe sont partis en quenouille, constate l’une d’eux. De ce côté-là, nous sommes plutôt traditionnels. » Autant pour les fantasmes d’un voisinage imaginant des choses plus ou moins sympathique sur ces jeunes agriculteurs vivant ensemble. Mais pour le reste, tout y est : les tours de cuisine et de vaisselle, la table accueillant une dizaine de convives près d’un âtre noirci, les longues discussions politiques, le tableau prévoyant les activités de la semaine, les toilettes sèches, la réunion du lundi pour mettre les choses à plat, les textes écrits collectivement, les engueulades et l’euphorie. Et puis, tout ce dont ils n’ont pas parlé – malgré quatre carnets de note bien remplis, il m’en manque sans doute beaucoup.

Ce sera pour la prochaine fois, il est temps de partir. Un coup de klaxon, la ferme de l’Oseraie disparaît dans le rétroviseur. Bientôt l’autoroute, les bagnoles, le bruit. La ville. De retour, il m’arrive de penser à eux. Parfois je me dis que je voudrais revoir leur Normandie – ça me fait marrer. D’autres fois, j’ai en tête ce que me disaient Juliette et Camille, ces derniers mots notés à la fin de leur journée de travail. Elles parlaient de ce que pourrait devenir l’Oseraie. « On a envie que des gens nous rejoignent, que l’endroit ne reste pas juste ’’notre ferme’’. Vivre une forme d’autarcie, où nos idées ne seraient mises en pratique que sur quelques hectares, ne nous intéresse pas. Nous ne voulons pas nous reclure mais essaimer partout, pousser comme la mauvaise herbe. On rêve de contaminer. » Avec moi, ça a marché[[Dans le cas où je ne serais pas le seul, voici le contact des gens de l’Oseraie : grata.asso(at)gmail.com.



1 Dans leur belle brochure « Vivre au vert, ou une communauté paysanne en devenir » ; disponible sur le site du Jardin des 400 Goûts (ICI), l’association qui chapeaute la ferme de l’Oseraie.

2 Extrait d’une autre de leur brochure, « Là où tout a été ’’géré’’, plus rien ne pousse », également disponible sur le site du Jardin des 400 Goûts, ICI.

3 Depuis la rédaction de cet article, les choses ont un brin évolué : les gens de l’Oseraie ne sont plus que cinq, un couple a plié bagage.

4 Actes Sud, 1999.

5 « La philosophie de la permaculture, explique Wikipedia, consiste à travailler avec la nature et non pas contre elle, et part de l’idée que les méthodes agricoles modernes bouleversent les équilibres écologiques et provoquent la dégradation et l’érosion des sols cultivables, à la fois par l’utilisation des adjuvants chimiques, mais également depuis des siècles, par l’utilisation du labour .... »

6 « Sur la question du label ’’Agriculture Biologique’’ », à lire ICI.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 26 juillet 2013 à 21h53, par kristof

    Le chemin prit par l’Oseraie semble intéressante.
    La réflexion de l’individu dans ce microcosme parait positive.
    Un seul bémol, l’impossibilité d’affranchissement des minima sociaux dans la création d’une autre réalité.
    Bénéficier du R.S.A. fausse ce cheminement d’indépendance.

    • dimanche 4 août 2013 à 17h54, par Karel

      Bonjour,

      En tant que bénéficiaire du RSA, je défie quiconque de parler d’indépendance. Certes, vous voulez sans doute parler d’indépendance vis-à-vis du « système » mais dans le même temps ces « courageux » jeunes gens ne parlent jamais de s’en retirer.

      Plus fort même, leur revendication de base :

      « Dès l’élaboration du projet, ils avaient posé qu’il n’était pas question d’en vivre. »

      En même temps, avec un apport de 130.000 euros et un prêt de 40.000 euros (quiconque a tenté de décrocher un financement -aussi minime soit il, et qu’il soit contracté auprès d’un organisme privé, mixte ou public- sait bien que les garanties doivent être en béton, autant en matière de solvabilité que de projection d’activité), on ne doit pas avoir affaire à des pauvres (désolé de ne pas employer la novlangue, j’ai la flemme). Ce que confirme les parcours des protagonistes :

      « Un est passé par Sciences-Po (...). Un autre a été journaliste dans la presse régionale (...). Deux sortent de fac, un est ingénieur agronome, une quatrième a suivi un contrat de professionnalisation en agriculture, une était éducatrice spécialisée, et un dernier rédige encore sa thèse d’archéologie numismatique. »

      Bien entendu, la pseudo-« classe moyenne instruite » va s’insurger en arguant que ces profils n’ont rien de privilégiés, ce qui confirmera une nouvelle fois sa déconnection du réel et sa croyance dans le fait qu’elle constitue « la base ».

      Pour finir j’aime aussi beaucoup leur appel au don financier trouvé sur leur site :

      « Il nous manque 25 000 euros pour pérenniser cette aventure. »

      Sans compter un autre -large- appel aux dons en nature, je résume cette « aventure » par : « Donner moi vos ressources, je vous montrerai comment je vis avec ».

      Salutations,
      Karel



  • vendredi 9 août 2013 à 16h12, par Domi

    Bonjour.
    Merci pour cet article vivifiant, mais...

    « les exploitations agricoles se plient au modèle productiviste, qui place le rendement au-dessus de tout et ferme les yeux sur les moyens d’y parvenir (engrais, produits phytosanitaires, épuisement des sols, pollution...) ».

    Faut pas exagérer ! La pollution et l’épuisement des sols n’ont jamais été des moyens de parvenir à des hauts rendements. Seulement des conséquences.



  • dimanche 18 août 2013 à 18h06, par Moa des bois

    Tout a fait Karel ! Sacré levée de fond bancaire.
    Peut-être le fameux QTC (Qui Tu Connais).

    On ressent la perdition en tout lieux et dans tout les

    esprits.

    Comment sortir de la rationalité économique et faire

    sens de nos vies ? Sans profiter de l’autre.

    Je vous invite à un auteur ANDRE GORZ

    « Métamorphose du travail, quête du sens »

    « L’Immatériel » ...

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