ARTICLE11
 
 

mercredi 17 février 2010

Invités

posté à 19h38, par Mathieu Colloghan
28 commentaires

Foulard et NPA : les mesures présidentielles pour endiguer l’islamophilie
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Alors que d’aucuns voudraient causer du bilan économique ou social du gouvernement, un sujet ô combien plus important mobilise Président Kapozy : le foulard islamique d’une candidate NPA. Si Al Qaida-Montreuil est en voie de démantèlement, le péril barbu reste constant. Retroussant ses manches, le président a prononcé une allocution télévisée des plus martiales sur le sujet. Retranscription.

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D’un coup, le visage de Will Smith se fige dans une mimique ridicule. De même sur les autres chaînes : le clébard Royal Canin reste suspendu en sa course folle dans les champs de blé vers une gamelle qu’il n’atteindra jamais ; Madame météo-marine laisse planer un doute définitif sur la force des vents dans la zone Ustern-norsten-doguer… Sur les cinq chaînes nationales, un court écran noir précède le panonceau « Allocution présidentielle », sur fond de palais de l’Élysée. Et les radios nationales balancent, elles aussi, la Marseillaise pré-allocutoire.

Et… Président Kapozy apparaît, traits tendus, menton en avant, dans un joli costume Smalto vert-de-gris sur une chemise Bexley kaki et une cravate Hugo Boss assortie. Ça lui va bien.

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D’emblée, la rapidité des petits mouvements du menton sur le côté ainsi que la fréquence de clignements d’yeux et de frémissements de la lèvre supérieure (côté gauche) annoncent que le moment est historique. Président Kapozy a posé ses deux mains à plat sur le bureau : « Française, Français, mes chers compatriotes, mes amis… »

Court mouvement des épaules, comme si le tronc du président sautillait sur lui-même. « L’heure est grave (haussement des sourcils soulignant la gravité). Nous avons décidé de combattre aux côtés du président Obama, mon ami, les forces des ténèbres partout où elles contraignent et asservissent des populations innocentes et où elles menacent le monde libre et la concurrence non-faussée. »
« Un monde libre, soit dit en passant, où, quand il y a une grève, on ne s’en n’aperçoit pas, où on peut aller s’acheter un canapé-lit le dimanche. »

Président Kapozy refait un mouvement d’épaule, accompagné d’une rotation de la tête. « Or, le camp de l’obscurantisme a ouvert un nouveau front que mes prédécesseurs socialistes, aveuglés par un angélisme irresponsable, n’ont pas voulu regarder en face : une 5e colonne. »

Redoublement de tics. Président Kapozy tripote sa montre Rollex verte assortie de discrets ornements finement dorés (trop la classe !). «  Depuis des années, les ennemis de la démocratie - qui agitaient le drapeau de l’Islam régressif et contraire aux valeurs non-faussée de la démocratie vraie dans des terres lointaines et néanmoins exotiques - ont aussi développé sournoisement sur le territoire national un véritable réseau souterrain, un poste avancé, qui menace aujourd’hui la démocratie. »

Président Kapozy se redresse : « Aujourd’hui, tel le virus utilisant l’organisme contre lui-même, les mahométans s’appuient sur la démocratie - notre démocratie ! - pour placer sous leur joug infâme notre beau pays. »

Il semble perdu un moment. Son regard cherche un point de repère dans le vide alors qu’il déglutit ostensiblement. « Ainsi, sous couvert d’une anodine liste de syndicalistes fonctionnaires en colère, les islamistes prétendent présenter aux prochaines échéances électorales une femme voilée. »

« Oui, mes chers concitoyens ! » (Mouvement complexe accompagnant un mouvement du buste vers l’avant d’un regard par en-dessous et d’une oscillation de la tête ; le tout dans une posture étrange, les deux mains liées dans un frottement nerveux, qui n’est pas sans rappeler la mimique systémique du traître dans les films de série B.) « Hé oui… » Le président marque un arrêt. Subtil effet oratoire.
« L’heure est grave. Mais, Monsieur Elkabbach, je n’ai pas été élu pour laisser des hordes barbares s’emparer de notre pays sans réagir ». Ici, le président s’adresse à une sorte d’ami imaginaire avec qui il singe un dialogue. « Et il ne faut pas compter sur moi pour rester inactif devant l’intolérable. »

Il continue :
« La valeur la plus sacrée de notre république, la Laïcité, ne saurait être mise à mal par l’intrusion dans le corps des élus de la République du visage sinistre d’une religion récessive sous la forme d’une élue voilée, fusse-t-elle en possession d’un chatoyant accent méridional si cher aux oreilles de ceux qui ont grandi dans les hauts-de-Seine. »

Nouvelle riche série de tics trop longs à décrire.
« Attention, personne ne pourrait m’accuser de défiance envers les valeurs de la spiritualité. J’ai, il n’y a pas si longtemps, exprimé au pape tout le respect que j’éprouvais pour les émissaires des vraies religions. Mais il y a spiritualité et spiritualité. Et remercier dignement mais avec retenue le fils de dieu pour son sacrifice en se rendant à la messe le dimanche matin, en famille et bien habillé, c’est autre chose que d’égorger un mouton dans sa baignoire en tenant des propos qu’on comprend même pas. »

À nouveau un temps. Président Kapozy articule maintenant avec application chacune des syllabes afin qu’aucun mot n’échappe à son auditoire :
« C’est pourquoi j’ai demandé dès ce matin à mon Ministre de la sécurité intérieure et au ministre des armées de déclencher l’opération Charles Martel.
Déjà, les troupes qui ont su porter la démocratie en Afghanistan ont, à l’heure ou je vous parle, pris position en périphérie des quartiers difficiles, potentielles bases arrières des ennemis de l’intérieur. Une ceinture de sécurité interdit (dans l’intérêt bien compris des habitants de ces lieux et des Français) jusqu’à normalisation de la situation toute entrée ou sortie du Val-Fourré, des quartiers nord et de l’ensemble de la Seine-Saint-Denis.
Dès demain, une opération de pédagogie à grande échelle, coordonnée avec l’épiscopat, nous permettra d’expliquer aux petits enfants les mesures simples pour lutter contre la prophylaxie islamiste (et cela dans toutes les classes de primaire).
Les fonctionnaires d’origine allogène devront prêter serment sur une tranche de jambon, rappelant ainsi leur fidélité aux valeurs de la République, en particulier concernant la dimension sacrée de la laïcité.
Bien entendu les partis et associations islamophiles (NPA, LO, Alternatifs, anarchistes, autonomes, Gisti, FASTI, RESF, épiceries de quartier) sont placés sous administration directe des préfectures. L’ensemble des têtes de liste NPA sont déjà mis hors d’état de nuire et retenus dans les locaux du Ministère de la justice en attendant d’être entendus par le pôle anti-terroriste du parquet.
L’autorisation du port de la Burqa, du Niqab, de la barbe, de la robe pour les hommes et du Keffieh sera conditionnée à l’obtention d’une dérogation spécifique, à retirer au commissariat.
Dans un souci d’apaisement en ces heures difficiles pour la démocratie et pour la laïcité (qu’elle soit bénie sur 5 générations), il est expressément demandé aux radios et télévisions de ne pas diffuser de musique africaine, maghrébine ou moyen-orientale jusqu’à nouvel ordre.
La ligne 2 du métro parisien est provisoirement fermée entre Ménilmontant et Barbès.
Enfin, j’ai confié à Bernard Henri Lévy et Michel Onfray une mission exploratoire afin de trancher sur l’épineuse question de savoir dans quelle mesure l’Islam est compatible avec nos valeurs. En particulier, ils devront déterminer quelles sourates sont tolérables dans la version française du Coran qu’éditera le gouvernement.
Pour finir, le droit de grève et le droit du travail sont suspendus à titre conservatoire. De toute façon, ça ne peut pas faire de mal.
 »

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Le président est maintenant debout :
« Mesdames, messieurs, Françaises, Français, l’heure est grave. Il est de la responsabilité de l’ensemble des corps intermédiaires de notre pays de prendre toute leur part dans ce grand combat démocratique. Ensemble, tout devient possible : Le fascisme vert ne passera pas. Vive la République. Vive la France. »

L’Élysée apparait de nouveau à l’écran sur fond de marseillaise, le tout agrémenté d’un message à caractère informatif : « C’était une allocution du président de la République. »

Les programmes reprennent. Ce n’est plus Will Smith à l’écran mais un film avec Louis de Funès et Galabru.



1 NB A.11 : N’oublie pas que Mathieu Colloghan ne se contente pas d’écrire avec style. Il peint et dessine, avec grande classe. Tu peux notamment retrouver ses dessins dans Fakir et Le Plan B, et admirer ses tableaux sur son blog.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 17 février 2010 à 19h56, par Dominique

    Ah bien ! Le premier photomontage témoigne d’un parfait mauvais goût en exhibant la galerie de badernes et de ganaches qui entouraient notre grand ami Augusto.

    Voir en ligne : http://champignac.hautetfort.com



  • Tu as simplement oublié que par décret présidentiel dans l’après-midi, la Marseillaise n’est plus hymne national.

    Elle est avantageusement remplacée par une musique correspondant bien mieux aux temps qui s’annoncent selon la volonté du président : Voici donc en exclusivité sur Article 11 le nouvel hymne : là

    Mwarf !

    Zgur

    Voir en ligne : http://zgur.20minutes-blogs.fr/arch...



  • mercredi 17 février 2010 à 22h42, par pièce détachée

    On trouve un très bon résumé de tout ça sur le site de l’Élysée (20 octobre 2009, visite d’une fonderie à Saint-Dizier) :

    « Ma façon d’agir, c’est d’agir. »

    Rhheu... pitié... il me reste juste un dernier neurone...



  • mercredi 17 février 2010 à 23h32, par A.S. Kerbadou

    Au prix de vous paraître stupide :
    est-ce que tout ce qui est entre guillemets est sorti de sa bouche ?
    Je ne me shoute plus aux infos directes (trop viciées) et ne suis au fait qu’en différé (distance et moyens de com).
    Please ! Une réponse ! Urgent !

    • jeudi 18 février 2010 à 00h57, par Chompitiarve

      « Au prix de vous paraître stupide ... »
      ...Meuh non, meuh non, allons !

      Pourquoi payer si cher ?

      TOUT est vraissemblable dans ce texte, cela n’est-il pas suffisant ?

      Voici, expliqué pour toi, le fonctionnement de la pochade redoutable :
      Les artificiers virtuels et logiciels de Article XI
      prennent une rondelle de réel, extrapolent un pico-chouïa,
      selon les lois -aussi bêtes que rigoureuses- d’un determinisme sans faille,
      et en déduisent la suite.

      C’est un peu affreux, certes, mais il le faut.

      Epicure lui-même paraît-il, ne voyait rien d’autre dans la prophétie qu’un brin de bon sens appliqué à des infos de premièr bourre.
      Nous sommes entré depuis un bon moment en Sarkonnerie non-faussée, cela est l’info.
      Le truc est qu’on arrive pas à s’habituer, cela est le bon sens

      Voilà le drame.

      Mais tu peux croire sans danger tout ce qui se promène ici, c’est juste un peu pire que l’original, histoire de pas être pris à revers, qaund ce sera vrai pour de vrai,
      ce qui semble n’être plus qu’une simple question de patience ...

      Voir en ligne : http://aldebaran.eu.org/index.php?2...

      • jeudi 18 février 2010 à 03h12, par A.S. Kerbadou

        Merci de me « rassurer ».
        Le pour-de-vrai, je l’ai vu se mettre en place, je l’ai vécu depuis 1990, dans le black-out total, il est vrai, et j’y survis.

        A lire cela, j’ai compris, ça y est, le rideau se lève à PaaAAARIS ! Enfin la vraie couleur bien visible. On peut sortir les fusils !
        Je voyais bien que ça débloquait mais... Ces sacrés guillemets !

        Epicure ou pas, les GUILLEMETS, c’est dixit !
        Et vu comme la chappe qui descend des cieux se présente, personne ne pourra invoquer l’esprit saint de la caricature pour justifier sa grande ouverture... d’esprit ou de gueule pour ne pas se faire aplatir !



  • « Val Fourré » ? C’est un vrai scoop, la sodomisation du patron de France-Inter serait donc une mesure propre à gêner la montée de l’islamophobie. ...Ouais je sais c’est con, pardon.

    • vendredi 19 février 2010 à 19h00, par Miguel Enfoiros

      S’il-vous-plaît, un peu de respect pour le plus grand journaliste français depuis... ben depuis l’invention du journalisme, au moins. Philippe Val est un exemple pour tous : chansonnier se faisant passer pour chroniqueur, caricature souhaitant devenir caricaturiste, islamophobe taxant d’antisémite quiconque lui déplaît, Emile Zola en formica, et à présent, passeur de plats distingué au rang de boss de France Inter, par la grâce du Naboléon et de Madame son épousée. Si c’est pas de la success story, c’est quoi ?



  • jeudi 18 février 2010 à 11h16, par Sainte Axe (patronne des grammairiens)

    Kapozy fait autant de fautes que l’original : « fusse-t-elle » au lieu de « fût-elle », « Iqab » au lieu de « Niqab ».

    C’est volontaire ?

    • jeudi 18 février 2010 à 11h35, par Dr Maboul

      « « fusse-t-elle » au lieu de « fût-elle » »
      Par définition c’est un subjonctif imparfait, donc y faire une faute c’est le respecter. Vous devriez prendre des cours de Nov’langue si vous voulez comprendre celle du « Sarcome de Kaposi ». (Et pas « Kapozy », âme sensible ou prête à déjeuner, ne regarde pas les photos.)

    • jeudi 18 février 2010 à 11h43, par un-e anonyme

      Chère Axe,
      Je vais citer notre président : « Ecoutez, Madame Axe, je n’ai pas été élu pour donner des leçons de Français, fusse-t-il à propos d’un usage totalement approximatif de la langue. Et permettez-moi de vous le dire, madame Axe, hein, si j’ai été élu, et bien, ça n’empêche que, en même temps, « Fusse-t-elle » fait partie des colifichets dont j’aime orner mes soliloques télévisés, fussent-ils mal-à-propos ».

      Par contre « Iqab », à la place de « Niqab », c’est ce que l’on appelle, en terme technique, une faute d’orthographe (mais on va pas non plus vous embêter avec ces trucs techniques super pointus, fusse-t-il … heu…).

      • futiles .... _ %%% _ :-))

        • Oui, oui, certes, j’entends bien, niqab, machin, sarkozizipetit qui sauve la France du péril vert qu’est même pas pour l’émancipation des mannequins, ah queue l’islam il est pas aussi bien que le Vatican quand c’est que c’est Bigard qui l’visite avec moi.
          Et caetera.
          Voui.
          Mais comment dire ? J’ai les doigts un peu gourds sur le clavier...
          Vais-je peiner Mathieu Colloghan en lui disant que décidément, je suis islamophobe ? Mais que je m’empresse de préciser, également christianophobe et judéophobe. Et que s’il y a des raisons racistes, politiciennes intéressées et vomitives de s’en prendre à l’islam en général et au voile des femmes en particulier, il y en a aussi d’excellentes, et que ce ne sont pas les mêmes. Et que la piteuse manoeuvre des trotskistes de salon du NPA présentant une femme voilée aux élections me donne envie de botter leur cul de démagogues. Pourquoi tolérer pour les femmes musulmanes ce voile islamique, double signe d’oppression masculine et de communautarisme, alors qu’une telle exhibition ferait hurler s’agissant de Françaises bien blanches ? Il y a dans une telle attitude soit un minable calcul politicard (c’est le cas du NPA), soit un racisme inconscient qui sous couvert de tolérance, assigne tout musulman (et surtout toute femme musulmane) à résidence forcée dans sa « communauté » d’origine. Finalement, n’insinue-t-on pas que la femme musulmane (même si elle ne croit plus) ou d’origine arabe est par essence soumise à l’homme et forcément « appartenante » à son éternelle communauté ?
          Alors que Sarko-Pinochet utilise cette question du voile comme dérivatif et dresse ainsi le portrait de l’ennemi intérieur, c’est évident, mais cela ne dit rien du fond de la question.
          Songeons simplement à ce qui se disait dans un passé récent : la bourgeoisie tapait à coups redoublés sur l’hydre communiste totalitaire, sur l’URSS comme incarnation du mal, etc. Cela rendait-il du même coup l’URSS admirable et le système soviétique digne d’admiration ? Ne tombons pas dans le travers de Sartre qui craignait de « désespérer Billancourt » en dénonçant les « crimes de Staline. »

          • jeudi 18 février 2010 à 19h43, par L’archevêque métropolite et semi-moufti Colloghan

            Bordel ! mais on me compare à Sartre ! Quel scandale !

            Nan, j’déconne.

            Y a une cause, et elle me plait bien, c’est celle de la Raison contre la pensée magique.
            Et c’est vrai que, sur ce terrain, porter un foulard pour empêcher les mâles d’être submergé par leur libido (et donc de perdre le fil avec Dieu) ou empêcher l’abée Pierre de porter le short de cycliste moule-bite, parce que si les curés sont pas en soutanes, c’est d’un érotisme torride... Effectivement, là, la pudibonderie religieuse, ça titille le bouffe-curé.

            M’enfin, l’air du temps, c’est pas trop l’offensive anti-cléricale tout azimut, il me semble.
            Et entendre Lefevre ou Morano en appeler à l’amour de la laïcité, ça fait mal à l’anticléricalisme ça, non ?
            Et les listes « contre l’islamisation de la France » présentée en Lorraine et en Franche-Comté, c’est pas des bouffeurs de curés qui les ont montées.

            Bref, aujourd’hui, le front principal, là où l’offensive ennemi est la plus rude, pour parler comme au Parti, c’est l’anti-racisme ou l’athéisme ? Hep ! pas le droit de m’répondre « les deux mon général ».

            Je pense qu’on est tout de même coincé par la façon dont le débat nous est imposé.
            En tout cas, c’est du pain béni (si j’ose dire) pour des cathos théocrates et racistes : quelque soit le côté où va tomber la tartine, ils vont être gagnants.

            • jeudi 18 février 2010 à 22h46, par La trappiste déchaussée

              Non seulement l’anti-cléricalisme à tous crins et en chaussures à clous est une cause mangée aux mites depuis longtemps, mais s’en réclamer en ce moment me semble justement ressortir de la pensée magique à goupillon. Je n’ai rien contre la pensée magique, qui peut ouvrir sur des merveilles, mais pas dans n’importe quel contexte, et pas en la rabaissant au niveau d’un hochet qu’on s’agite sous le nez en louchant pour qu’il fasse moins froid partout.

              Pour ce qui est de hochets qui réchauffent et qu’on brûle, La Femme en est un qu’on peut secouer à loisir. Le marché est juteux : sitôt joujou, sitôt cassé, sitôt en vente la nouvelle version qu’on s’arrache. Louchons sur La Femme ! Émancipons-la pour s’amuser ! Eh joujou, tu voudrais pas en plus avoir un nom, nan ? Tu t’émancipes ou je te remets un gauche-droite ? Tout le monde est bien d’accord. La Femme n’a même pas besoin de parler (et pour dire quoi, hein ?), c’est magique.

              Moi-même d’ailleurs, pauvre créaturesse vermicelle aux pieds nus, je me prosterne devant toi sur les dalles glacées de La Très Sainte Raison, ô Grand Semimoufti.

              • Tu dis, Mathieu, que le débat nous est « imposé ». Mais est imposé qui veut. Pourquoi accepter de « débattre » avec Sarkozy, Besson, Lefevre et cie ? Nous n’avons rien à débattre avec ces gens-là. Ils ont leur propre programme, leurs impératifs électoraux, leurs divergences, leurs problèmes. Ce ne sont pas les nôtres. En l’occurrence, il s’agit de bien autre chose que d’anticléricalisme. D’abord, l’anticléricalisme n’est en rien « désuet », on voit bien qu’à chaque occasion, les curés la ramènent. La laïcité, ils ne l’ont toujours pas digérée. Chafouins, mielleux, ils font mine, mais macache ! Ils attendent la première occasion pour pouvoir à nouveau modeler les consciences et tripoter les petits enfants. A l’arrivée au pouvoir du très maurassien Charles de Gaulle, son fidèle toutou Debré a pondu une petite merveille en ce sens : le contrat d’association avec l’Etat, qui a sauvé la mise d’une école « libre » (sic) que menaçait l’asphyxie financière. Requinquée avec l’argent public, l’école privée, arme essentielle de la religion, fonctionne désormais très bien. Après l’engeance catholique, ce fut au tour du rabbinat de nous édifier tout plein d’écoles juives, et maintenant la curaille musulmane lui emboîte le pas. Dans ces écoles, on pourra enfin porter le voile en toute liberté. Tariq Ramadan, le NPA et la Trappiste déchaussée seront satisfaits.
                Et à notre trappiste pas si déchaussée que ça puisqu’elle a enfilé ses gros sabots, je voudrais dire que oui, j’ai aussi entendu dire que La Femme n’existe pas. On trouve ça chez maître Jacques. C’est d’ailleurs un point de vue que je partage tout à fait, pour autant qu’on le remette dans le contexte qui était le sien, à savoir celui du jargon lacanien où il est question de l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel. Laissant cela aux spécialistes de la Chose freudienne, nous éviterons de nous enfoncer dans ces terres humides et traîtresses.
                Evidemment, chère Trappiste, que l’on peut saisir La Femme par les cheveux, la secouer en tout sens et la montrer aux foules crédules pour leur prouver qu’ainsi échevelée et exhibée toute nue sur les affiches publicitaires, elle est infiniment plus émancipée que la malheureuse sous son affreux voile taliban. Je m’en étais un peu aperçu. Il n’en reste pas moins que la prolifération du voile islamique chez les filles de femmes qui avaient tout fait pour le jeter à la poubelle n’a rien de réjouissant. L’enfermement communautaire, le racket politico-religieux non plus.

                • vendredi 19 février 2010 à 09h47, par Grand mamamouchi Colloghan

                  Tu écris, cher Karib, « Est imposé qui veut ».
                  Voila une vraie question !

                  Quand partout, on nous impose un débat, « que faire ? »

                  Est-ce qu’il faut résister, imposer son propre débat ? Créer son « espace public oppositionnel » cher à Oskar Negt. Ce qui est impératif pour développer son propre projet.
                  houai mais ... Est-ce que l’autisme, c’est pas le propre des sectes ?
                  C’est pas confortable de faire des débats complètement déconnectés du débat public dans l’entre-soi ?

                  Ou alors faut participer au brouhaha et essayer de le tirer dans le bon sens. Au risque d’être le dindon de la farce.

                  ça c’est pas une petite question !

                  • vendredi 19 février 2010 à 10h54, par Karib

                    Lorsque la canaille politicienne lance un « débat » pourri sur l’identité nationale ou la burqa, il faut être con comme Michel Onfray pour y participer. Je ne crois pas être autiste ni adepte d’une secte en pensant qu’il faut au contraire laisser ces gens-là brailler, quitte à dire haut et fort qu’on a compris leur petit jeu, et que, non merci, on ne « dialoguera » pas. Ce qui me chagrine, en revanche, c’est de voir qu’à partir du constat assez élémentaire, somme toute, du caractère biaisé, raciste et crapuleux de leurs débats, on en vienne à la conclusion que le voile des femmes c’est formidable et que ceux qui font la moue ne sont que des racistes islamophobes. Ce genre d’attitude me rappelle très exactement celle des sionistes : Dès qu’on critique l’Etat d’Israël, que ce soit modérément, ou alors de façon plus radicale en rappelant qu’il s’agit d’un Etat colonial né du nettoyage ethnique, on les entend hurler à l’antisémitisme. La ficelle a beau être grosse comme du cordage, elle sait encore étrangler la parole.
                    Faut-il absolument produire un certificat d’antiracisme, de bonne vie et moeurs politiques pour critiquer l’Etat d’Isrël, le communautarisme ou l’obscurantisme religieux ? Finalement, peut-être. Alors, la main droite sur le Capital de Karl Marx et la gauche sur les oeuvres complètes de Michel Bakounine, je jure par devant la révolution mondiale, l’abolition du salariat et du patronat que je ne nourris aucune haine ni contre les juifs ni contre les musulmans ni contre les adorateurs du nombril.
                    Bon, d’accord, j’exagère, j’imagine bien qu’aucun des lecteurs réguliers de ce site ne prend les commentateurs habituels, dont mézigue, pour des racistes ou des nationalistes déguisés, mais au dehors, on est parfois sommé de produire de telles justifications. Ce qui était jusqu’à présent une première victoire des sionistes, devient à présent une victoire de Tariq Ramadan, le petit Goebbels genevois.

              • samedi 20 février 2010 à 08h53, par Grand Babu Colloghan

                C’est bien mon petit. Plus souple, la génuflexion.

                • Hum... il t’est arrivé d’être plus convaincant.

                  • Cet entretien avec Chahdortt Djavann est paru il y a quelques années sur un site de merde sioniste. Peu importe, ce que dit Chahdortt Djavann est réjouissant :

                    Ilana Moryoussef
                    Chahdortt Djavann, vous êtes une femme en colère. Pourquoi ?
                    Chahdortt Djavann
                    Je suis en colère parce que nous sommes confrontés à la bêtise. Que signifie être « tolérant » quand on se trouve devant l’intolérable ? Face à un islamiste de l’UOIF, j’ai l’impression de revenir en arrière et de me retrouver en Iran. C’est ça qui me met hors de moi ! Aujourd’hui en France, il y a des hommes plus dangereux que les islamistes dans les pays musulmans. Et ils sont les interlocuteurs des pouvoirs publics !
                    I. Moryoussef
                    Que reprochez-vous au juste aux pouvoirs publics ?
                    C. Djavann
                    Ils se comportent comme s’ils découvraient aujourd’hui seulement qu’il y a des banlieues et des ghettos. Depuis plus de dix ans, on a donné une certaine autorité à des islamistes qui exercent leurs pressions dans les cités. C’est comme si on faisait de nos banlieues une sorte de protectorat ou de colonie. Au lieu de s’attaquer aux causes de la violence, on opte pour la répression. Les immigrés subissent une répression double : celle qui découle de la politique sécuritaire du gouvernement, et celle qui consiste à les placer sous une autorité religieuse pour avoir la paix. Pour l’instant, ça marche, mais ça ne tiendra pas. Je suis pessimiste. Cette politique démissionnaire fait le lit du Front national
                    I. Moryoussef
                    Comment expliquez-vous la frilosité des responsables politiques qui n’osent pas se prononcer en faveur d’une loi contre les signes religieux de peur « d’humilier » telle ou telle partie de la population ?
                    C. Djavann
                    On est en train de nous dire que les droits de l’homme seraient interprétés comme une humiliation par les musulmans ! C’est faux ! Les islamistes l’interprèteraient ainsi, mais ils représentent une infime minorité des musulmans. Il y a des dizaines d’associations de femmes d’origine maghrébine qui demandent au contraire qu’il y ait une loi. Elles disent : « Il ne faut pas accepter le voile à l’école, sinon on ne pourra plus ne pas le porter. » Je reviens de l’enregistrement d’une émission à laquelle participait une femme voilée. Elle a fait deux fois le même lapsus. Elle a dit : « Il faut lutter contre les filles qui ne veulent pas porter le voile ». C’est révélateur, non ?
                    Le drame aujourd’hui, c’est que les politiques laissent parler la peur au lieu de s’en tenir au droit. Que dit Monsieur Sarkozy ? Qu’il ne faut pas de loi parce que ça va chauffer dans les banlieues ! Mais si on ne fait pas de loi aujourd’hui, qu’est ce que ça va être dans quelques années ?
                    Moi, je propose qu’on fasse un référendum. On dit qu’il y aurait cinq millions de musulmans en France. Qu’on vote ! Je suis sûre que la majorité se prononcera contre le port du voile pour les mineures. Si le gouvernement a la trouille, qu’il demande l’avis des musulmans eux-mêmes.
                    I. Moryoussef
                    Vous avez néanmoins reçu un courrier abondant de diverses personnalités politiques
                    C. Djavann
                    Laurent Fabius m’a écrit qu’il était d’accord avec moi. Je remarque cependant que la gauche n’a pas agi contre les intégristes quand elle était au pouvoir. Le Président de la République m’a écrit que mon livre allait contribuer positivement au difficile débat sur la laïcité et le voile islamique. J’ai vu Madame de Villepin, qui aimerait que je rencontre son mari (Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, ndlr) pour lui exposer mes observations. Des femmes députées de gauche ont souhaité me rencontrer.
                    I. Moryoussef
                    Vous avez été auditionnée par la Commission Stasi pour la laïcité (mise en place par Jacques Chirac). Vous avez reçu un accueil assez mitigé.
                    C. Djavann
                    J’ai été agressée par Hanifa Chérifi (médiatrice dans les affaires de foulard au ministère de l’Education nationale, ndlr), qui prétend qu’il y a quatre cas de conflits liés au voile islamique dans les établissements scolaires du pays. Elle m’a également reproché de n’avoir rien fait pour les femmes de mon pays et de m’occuper de la France. Mais je suis française, et je m’occupe de ce qui se passe autour de moi. Figurez-vous que Madame Hanifa Chérifi soutient que les filles voilées sont des cas individuels n’ayant aucun rapport avec l’islamisme ! Et puis, qu’est-ce que c’est que cette Commission où on fait appel à un islamologue (Mohammed Arkoun, ndlr) incapable de répondre à la question de savoir pourquoi on voile les filles ? Si, après des dizaines d’années, on n’est pas capable de répondre à une question aussi simple, il est temps de changer de métier ! Je me suis également accrochée avec le sociologue Alain Touraine qui assure que les femmes iraniennes sont heureuses du sort qui leur est fait. Il se fonde sur des enquêtes bidon. Je lui ai dit : « Vous êtes sous l’influence des islamistes ». Il m’a répondu : « Attention à votre langage ». J’ai répété : « Vous êtes sous l’influence des islamistes ». J’ai aussi été attaquée par l’avocate Nicole Guedj qui m’a demandé comment on pouvait formuler juridiquement ma proposition selon laquelle le voile est une maltraitance à l’encontre des mineures. Je pense que les Français ont le droit de savoir qu’aujourd’hui en France, dans une commission sur la laïcité, on fait appel à des personnes qui prennent le parti des intégristes.
                    I. Moryoussef
                    Vous n’appréciez guère un certain un discours sociologique qui prône la tolérance du voile au nom du droit à la différence et du respect des cultures
                    C. Djavann
                    A ceux qui tiennent ce discours, je dis : « Portez le voile pendant un an et revenez discuter avec moi ». Que connaissent-ils du voile ? Que savent-ils de l’islam ? C’est cela aussi que je reproche à certains intellectuels français. Ils abusent de leur position d’intellectuels pour se prononcer sur tout et n’importe quoi. Même dans les pays musulmans, le fait de faire porter un voile aux mineures est un comportement intégriste. À un moment de son histoire, la France a su remettre à leur place les dogmes catholiques. Pourquoi n’en ferait-on pas autant avec les dogmes de l’islam ? Quand je dis cela, ces intellectuels me regardent d’un air gêné.
                    I. Moryoussef
                    Vous avez été obligée de porter le voile de 13 à 23 ans, à cause de la révolution islamiste de 1979 en Iran. Que ressentiez-vous ?
                    C. Djavann
                    Je ressentais l’humiliation d’être femme, d’habiter un corps féminin. Pourquoi la femme devrait-elle cacher sa chevelure au regard des hommes ? Cette question, je la pose à ces intellectuels « tolérants », aux midinettes voilées influencées par Tariq Ramadan, à Monsieur Tariq Ramadan lui-même ! Les femmes seraient-elles porteuses d’un gène coupable ? Je garde le souvenir de scènes terribles. Je me souviens d’une femme en couche implorant le médecin dans un hôpital iranien : « Si c’est une fille, jetez-la à la poubelle ! Si je rentre à la maison avec une fille, mon mari me tuera ». Une fille est considérée comme une honte et un danger. Pensez donc ! Elle peut porter atteinte à l’honneur des messieurs. J’aimerais qu’on m’explique pourquoi l’homme se sent déshonoré si la femme transgresse les règles de la pudeur. Pourquoi l’honneur des hommes musulmans s’inscrit-il sur le corps des femmes musulmanes ? Qu’ils assument leur honneur tout seuls !
                    I. Moryoussef
                    C’est cela qui vous a décidée à écrire ce pamphlet ?

                    C. Djavann
                    Je me suis décidée quand j’ai vu des gamines de 12 ans commencer à porter le voile et quand j’ai entendu certains intellectuels dire que renvoyer de l’école les élèves voilées ne fait qu’aggraver leur situation. Ces personnes bien intentionnées n’ont pas pensé que le fait de tolérer des jeunes filles voilées à l’école ne ferait qu’accroître la pression sur les adolescentes musulmanes.

                    I. Moryoussef
                    Certains défenseurs du voile expliquent que c’est une façon pour les filles des cités de se protéger des garçons
                    C. Djavann
                    C’est inadmissible. Cela revient à s’incliner devant la violence. D’ailleurs, permettez-moi de vous dire que c’est dans les pays où les femmes sont voilées qu’il y a le plus de prostitution et de pédophilie ! Moi, ce que je demande, c’est qu’on interdise le port du voile pour les mineures.
                    I. Moryoussef
                    Votre argumentation est nouvelle. Vous ne placez pas le débat sur le terrain de la laïcité, mais sur celui de la protection des mineures.
                    C. Djavann
                    Il faut savoir que, dans l’islam, une fille voilée est considérée comme nubile. Autrement dit, c’est une fille qu’on met sur le marché du mariage et, par conséquent, sur le marché du sexe. Quand on voit des fillettes de 9 ans porter le voile, on est quasiment dans la pédophilie ! Il y a des lois en France pour protéger les mineurs de toute forme d’abus sexuels. Voilà pourquoi je réclame l’interdiction de faire porter le voile aux mineures. Le voile est une violence physique et psycho-sexuelle infligée aux filles. Il équivaut à disposer de leur corps, à définir l’adolescente comme un objet sexuel destiné à satisfaire le désir des hommes. C’est de la barbarie !
                    Moryoussef
                    L’avocate iranienne Chirine Ebadi vient de recevoir le prix Nobel de la paix. 10 000 personnes l’attendaient à l’aéroport de Téhéran. Est-ce le signe que quelque chose change en Iran ?
                    C. Djavann
                    Je vais vous dire ce qui a changé. La compagnie Total a obtenu un contrat pour créer la raffinerie la plus importante du golfe persique à Bandar Abbas. Une plage a été créée pour les touristes occidentaux. Rien d’autre n’a bougé dans cette société. Il faut qu’il y ait des moments de détente et des moments de reprise en main. C’est le propre de tout système répressif. Si on tire trop sur une corde, elle risque de se casser.
                    I. Moryoussef
                    Est-ce que vous vous définissez comme musulmane ?

                    C. Djavann
                    Dans mon premier roman (ndlr :« Je viens d’ailleurs », éditions Autrement), j’écris : « Avant qu’on me décrétât musulmane, j’étais génétiquement athée ». Aujourd’hui, je dis : « Dieu merci, je ne suis même pas athée ». Je n’ai aucune indulgence pour les religions, quelles qu’elles soient. Alors Dieu, Allah, ou Yahvé, qu’ils me foutent la paix !
                    I. Moryoussef
                    Êtes-vous inquiète ?

                    C. Djavann
                    J’aimerais que ce livre serve à quelque chose. J’aimerais qu’on se réveille ici en France !

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